Etude – Accueillir un enfant allergique ou asthmatique à l’école ou en extrascolaire

Etude – Accueillir un enfant allergique ou asthmatique à l’école ou en extrascolaire

Les maladies allergiques augmentent rapidement à l’échelle mondiale, devenant les affections chroniques immunitaires les plus courantes, en grande partie à cause des facteurs liés au mode de vie moderne et aux influences environnementales. Au Luxembourg, le LIH[1] détecte des allergies chez près de la moitié de la population adulte luxembourgeoise.

En Europe, une personne sur 3 soit ± 33 % est allergique. Cela n’ira qu’en augmentant. L’OMS estime que l’allergie est devenue la première maladie chronique chez l’enfant dans l’Union Européenne. L’allergie regroupe diverses maladies : asthme, eczéma, rhinite, conjonctivite, réactions anaphylactiques… L’asthme est une des plus importantes causes d’absentéisme scolaire chez les enfants. Les enfants allergiques sont des enfants d’apparence normale : tant qu’ils ne sont pas en contact avec ce qui provoque leurs symptômes, ils ne sont pas malades. Ils doivent pouvoir mener la même vie et les mêmes activités que les autres enfants.

Les prévisions de l’Organisation Mondiale de la Santé prévoit que La moitié de la population sera allergique d’ici 2050.[2] Selon le docteur Olivier Michel, pneumo allergologue, professeur à l’ULB et auteur de plus de 165 publications sur la question, « la principale raison est notre mode de vie occidental avec son obsession hygiéniste. Dès la naissance, nous sommes hyper-protégés et cela ne favorise pas le développement de notre système immunitaire. Ce système doit apprendre à réagir, se façonner au gré des rencontres avec des microbes, des parasites ou des allergènes. Or, dans notre monde actuel surprotégé, on réduit l’exposition aux risques et on réduit du même coup nos défenses immunitaires.[3]« 

Il continue en précisant que « Un enfant qui serait confronté à des situations plus stressantes au niveau infectieux verrait son système immunitaire mieux se développer et il échapperait davantage aux maladies allergiques. « Cela s’est vérifié lorsqu’on a comparé l’Allemagne de l’Est et celle de l’Ouest au moment de la réunification. Les indices de pollution étaient pires à l’Est qu’à l’Ouest avant 1989 et pourtant, cela semble paradoxal, mais on trouvait davantage de personnes allergiques à l’Ouest, du côté le moins pollué. Cela démontre que c’est le mode vie occidental qui favorise les allergies. D’ailleurs, après la réunification, les villes se sont modernisées à l’Est, les sources de pollution ont été mieux maîtrisées et réduites, mais cela s’est accompagné d’une explosion des cas d’allergies.[4] « 

Mais qu’est-ce que sont l’allergie et l’asthme ?

Comprendre L’allergie et l’asthme

1. Qu’est-ce que l’allergie ?

Le mot « allergie » vient du grec et signifie « réaction différente ». En effet, les allergiques ne réagissent pas comme les autres… Grâce au système immunitaire, le corps peut se défendre contre les maladies provoquées par divers microbes, virus, bactéries… Dans l’allergie, l’organisme se trompe de cible. Au lieu de se défendre contre un danger réel, il réagit de manière exagérée à des substances qui pour la plupart des gens sont tout à fait inoffensives : pollen, poussière, animaux, aliments, etc.

L’allergie ne ressemble pas aux autres maladies car elle recouvre des symptômes très différents et peut avoir de multiples causes. C’est ce qui rend difficiles le diagnostic et le traitement.

En effet, l’allergie peut toucher divers tissus : la peau (eczéma, urticaire…) ; les yeux (conjonctivite…) ; le nez (éternuements, rhinite, nez bouché…) ; les bronches (toux, asthme…) ; les oreilles (otites…) ; le système digestif (diarrhée, vomissements, coliques…). Elle peut provoquer des maux de tête, des aphtes, des irritations diverses… Face à des problèmes aussi variés, il arrive que l’on consulte plusieurs médecins différents sans penser à une allergie.

De plus, il n’est pas toujours facile d’identifier les causes exactes car les allergènes à suspecter sont nombreux : ils peuvent aussi bien être recherchés dans ce que l’enfant absorbe (nourriture, boissons, médicaments, etc.), dans ce qu’il respire (pollens, acariens, parfums…), dans ce qu’il touche (tissus, pâte à modeler ou autre matériau de bricolage…), etc. S’y ajoutent encore des facteurs aggravants (tabac, pollution…) ou déclenchant (stress…).

La maladie peut aussi changer de visage au cours de la vie. C’est ce qu’on appelle « la marche allergique » (ou atopique[5]). La marche atopique est le développement progressif de maladies qui sont associées à l’allergie (dermatite atopique, rhinite allergique, asthme, allergies alimentaires) chez une personne prédisposée, surtout chez l’enfant. Les allergies alimentaires apparaissent les premières. Scénario habituel : le bébé souffre d’eczéma, avec par exemple une allergie aux protéines du lait de vache. En grandissant, il commence à tousser, puis à faire de l’asthme…

L’adulte aussi peut voir tout à coup disparaître une allergie parfois remplacée par une autre, très différente.

  • L’allergie est-elle héréditaire ?

L’allergie fait partie des maladies que les parents peuvent transmettre à leurs enfants. Souvent la prédisposition est d’origine génétique associée à des gènes en rapport avec l’inflammation, le système de défense ou en rapport avec les barrières (comme la peau). Les enfants qui développent ce système de défense ont souvent un ou deux parent(s) qui ont de l’asthme ou une rhinite allergique. En effet, le nouveau-né peut hériter d’un terrain qui le prédispose à développer des allergies : on dit alors qu’il est atopique (lire ci-dessous). Il ne souffrira pas forcément des mêmes troubles que ses parents ou grands-parents. Il arrive aussi, heureusement, que l’enfant n’ait aucune allergie.

Entre 50 et 70 % des enfants atteints ont un parent au premier degré qui l’est aussi. Si les deux parents sont atteints, le risque pour l’enfant de développer un eczéma allergique atteint 80 %.

On peut agir sur l’environnement dès la naissance en protégeant le bébé « à risque » des allergènes les plus courants : le lait de vache, les acariens de la poussière, les animaux…

Dans ce cas, il se peut que les symptômes de l’allergie n’apparaissent pas, même si l’enfant est atopique. C’est l’objectif poursuivi par la prévention, conseillée dans les familles d’allergiques.

  • Peut-on guérir d’une allergie ?

Certaines allergies peuvent disparaître spontanément au bout d’un certain temps. C’est le cas de l’allergie aux protéines du lait de vache, qui s’estompe entre 1 et 3 ans, et d’un certain nombre d’allergies alimentaires, qui disparaissent après quelques mois de régime strict.

En revanche l’atopie, qui prédispose à devenir allergique, est toujours présente. C’est ce qui explique la réapparition soudaine d’allergies après des années sans problèmes. Il faut donc rester prudent.

  • Autres définitions

L’asthme, l’eczéma, la rhinite, le choc anaphylactique… sont des facettes de la même maladie. Alors que l’eczéma apparaît souvent très tôt dans la vie, l’asthme survient généralement plus tard. Les facteurs de risque sont les mêmes pour les deux maladies (prédisposition génétique, environnement et mode de vie). Pour l’asthme, il existe deux facteurs de risque spécifiques : le tabagisme passif et la présence d’un asthmatique dans la famille.

  • Qu’est-ce que l’asthme ?

L’asthme résulte essentiellement d’une inflammation chronique des voies respiratoires, principalement des bronches. L’ouverture de la bronche est fortement réduite par la contraction des muscles entourant les bronches, par le gonflement et par la trop grande sécrétion de mucus. Ce rétrécissement rend la respiration difficile : l’air emprisonné à l’intérieur des poumons n’en ressort que difficilement, ce qui provoque une gêne respiratoire, un sifflement caractéristique et de la toux. Dans certains cas, on observe seulement une toux opiniâtre et épuisante.

La crise d’asthme provoque chez l’enfant une oppression, un essoufflement et une impression d’étouffement, ce qui le rend inquiet. La sensation de manquer d’air lui donne l’impression d’être en danger vital.

On évalue à 8 à 14 % le nombre d’enfants souffrant d’asthme. Des dépistages effectués dans certaines écoles bruxelloises ont montré que, chez un nombre important d’enfants, l’asthme n’avait pas été diagnostiqué.

L’asthme qui se déclare chez un enfant est, dans la plupart des cas, d’origine allergique. Dans le doute, les mesures d’éviction (acariens, animaux, tabac, produits chimiques…) ne peuvent qu’améliorer l’état de l’enfant.

Un cas particulier : l’asthme d’effort Il arrive, surtout chez l’enfant, que les signes d’asthme n’apparaissent qu’en cas d’effort physique. Il est cependant indispensable de consulter un médecin afin d’évaluer l’impact sur la capacité respiratoire de l’enfant, et de diagnostiquer d’éventuelles allergies.

L’asthme d’effort peut en effet apparaître en dehors de toute allergie, mais il peut également être le seul signe d’un asthme chronique asymptomatique. Il doit être diagnostiqué et traité afin d’éviter une aggravation progressive.

Pour les enfants asthmatiques, les activités physiques peuvent être un défi. L’effort physique intensifie souvent les symptômes de l’asthme, notamment dans la difficulté à respirer et l’apparition de toux. Ainsi, de nombreux enfants asthmatiques peut se sentiment exclus des activités sportives ou de logement à des jeux physiques avec leurs pairs. Cela peut entraîner un sentiment d’isolement chez les enfants asthmatiques.

  • Qu’est-ce que la dermatite atopique ?

La dermatite atopique, aussi appelée eczéma constitutionnel, est une affection de la peau rentrant dans le cadre de l’atopie au même titre que l’asthme et la rhinite allergique. On retrouve d’ailleurs des antécédents d’asthme, de rhinite allergique ou de dermatite atopique dans la famille ou chez la personne elle-même, dans 70 % des cas.

La dermatite atopique se manifeste par de l’eczéma évoluant par poussées successives : le système immunitaire réagit au niveau de la peau par des boutons, des rougeurs, des démangeaisons… La localisation des lésions varie selon l’âge. La peau sèche et se fragilise. Elle ne remplit plus son rôle de barrière ce qui favorise les irritations et les infections, notamment par des staphylocoques C’est ce que l’on appelle l’impétigo.

La dermatite atopique atteint environ 3 % à 10 % des enfants et sa fréquence est en augmentation. Les garçons sont deux fois plus touchés que les filles. Le plus souvent, cela démarre entre 2 et 6 mois. Heureusement, elle persiste rarement après la puberté, en tous cas sous forme étendue.

La dermatite atopique est liée à des allergies alimentaires, surtout chez le nourrisson et les jeunes enfants. Mais on retrouve également, chez l’adulte comme chez l’enfant, des allergies aux acariens, aux poils d’animaux, aux pollens et aux moisissures. L’environnement peut jouer un rôle (les pollutions des zones urbaines ou industrielles, les influences climatiques, voire le mauvais équilibre alimentaire) tout comme les facteurs psychologiques.

  • Les autres maladies allergiques

• La rhinite va souvent de pair avec la conjonctivite : éternuements en salve, nez qui coule, nez bouché, yeux rouges et larmoyants… Ces symptômes sont caractéristiques du « rhume des foins » lorsqu’ils sont saisonniers (= allergie aux pollens), d’une allergie aux acariens lorsqu’ils durent toute l’année, ou encore à d’autres substances (animaux, moisissures…). La rhinite annonce souvent l’asthme ou l’accompagne.

• Le plus grave sont les réactions anaphylactiques[6] : il s’agit de réactions allergiques dites systémiques parce qu’elles touchent l’ensemble de l’organisme et peuvent mettre la vie en danger : œdème laryngé (gonflement de la gorge qui peut conduire à l’étouffement), choc anaphylactique, crise d’asthme brutale… Les causes peuvent être diverses : piqûres d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons…), allergies alimentaires, réactions à des médicaments, etc.

L’allergie existe depuis toujours. On constate cependant que les personnes qui souffrent d’allergie sont de plus en plus nombreuses. La même chose se passe dans tous les pays industrialisés.

  • Comment expliquer l’augmentation des allergies ?

• L’allergie est mieux connue, plus vite repérée et paraît donc plus fréquente, mais il y a d’autres raisons à cette augmentation.

• Notre manière de vivre a multiplié les occasions de contact intense avec certains allergènes. Quelques exemples :

  • le lait de vache
  • l’alimentation industrielle
  • les animaux à l’intérieur de nombreux logements
  • le tabagisme passif
  • les acariens se développent avec les excès du confort (moquettes, rembourrages divers…) et de l’isolation. Comme on passe plus de temps qu’autrefois à l’intérieur des logements, on s’y sensibilise plus rapidement.

• On s’interroge également sur le rôle de la pollution de l’air d’une part, mais aussi sur un certain excès d’hygiène dans nos pays développés (voir en introduction).

  • Les acariens

Les acariens sont la principale cause des allergies respiratoires dans nos pays. Ceux-ci peuvent provoquer, notamment, de l’eczéma, des démangeaisons, voire de la conjonctivite… Ces minuscules bestioles, invisibles à l’œil nu, hantent nos logements, et surtout nos matelas.

La prévention consiste à empêcher la multiplication des acariens dans le logement, notamment en

  • éliminant ou isolant tous les endroits où se loge l’acarien
  • assurant une bonne ventilation afin de réduire l’humidité intérieure et donc d’empêcher le développement des acariens et des moisissures dans le logement.

L’allergie aux acariens est facile à combattre. Les mesures d’éviction sont assez efficaces et les résultats sont rapides, surtout chez les enfants, mais un traitement médicamenteux ou une désensibilisation doivent souvent y être associés.

L’allergie aux blattes (ou cafards) va souvent de pair avec l’allergie aux acariens. Les blattes colonisent les endroits où règnent une température et une humidité suffisantes et où la nourriture est abondante. On les trouvera dans les cuisines, dans les placards, derrière les meubles, dans les fentes des murs, les gaines de tuyauteries et aussi les vide-ordures.

Pour éviter l’allergie aux acariens, il a lieu :

  • de combattre l’humidité
  • d’assurer une bonne ventilation
  • d’éliminer les nids à poussière
  • de choisir un revêtement de sol lavable
  • de laver régulièrement les draps, oreillers, couvertures, à 60 °C.
  • d’envelopper complètement le matelas dans une housse anti-acariens, après avoir procédé au nettoyage complet de la chambre et de la literie
  • L’allergie aux pollens de graminées ou « rhume des foins »

Cette allergie est causée par les pollens diffusés par les graminées au moment de leur floraison. Rhinite et conjonctivite sont les symptômes les plus courants mais la réaction peut aller jusqu’à la crise d’asthme.

Certaines personnes réagissent aussi par l’apparition d’eczéma, des démangeaisons aux endroits découverts, de l’urticaire (lorsqu’elles se couchent dans l’herbe, tondent la pelouse, ou se promènent simplement dans les prés).

D’autres pollens peuvent causer des allergies saisonnières : par exemple, le bouleau au printemps, ou les herbacées en hiver

  • Les animaux

Les animaux de compagnie sont la troisième cause d’allergie respiratoire après les acariens et les pollens. Ils peuvent aussi avoir des effets sur la peau (notamment avec de l’eczéma, et des démangeaisons…), le nez (une rhinite, et ou des éternuements…), les yeux (rougeurs, conjonctivite…)… Leur rôle dans l’allergie est plus important que par le passé parce qu’on trouve de plus en plus d’animaux à l’intérieur des logements.

Les allergènes se trouvent non seulement dans les poils mais aussi dans la salive, la transpiration, les débris de peau, ou encore l’urine…

La présence permanente d’animaux à l’intérieur des classes ne devrait pas être autorisée : en effet certains enfants y sont allergiques et d’autres (un enfant sur 5 !) risquent de le devenir à force de les côtoyer.

  • Les moisissures

Les moisissures sont, en général, causées par trop d’humidité car elles ne peuvent que se développer dans des circonstances humides. Quand il y a des moisissures dans votre maison, voire dans une classe, vous pouvez être sûr que vous avez également un problème d’humidité. Avant d’affronter des moisissures, vous devez d’abord lutter contre le problème d’humidité. Des problèmes d’humidité très répandus sont l’humidité de condensation, l’infiltration d’eau et le remontée capillaire.

Les moisissures occupent une place relativement faible dans les causes d’allergie. Elles provoquent surtout des problèmes respiratoires, de l’asthme. Bien qu’invisibles à l’œil nu, elles abondent dans l’air que nous respirons, particulièrement en été. Leur multiplication à l’intérieur des logements ou des locaux est également favorisée par l’isolation excessive des habitations qui crée une atmosphère intérieure chaude et humide et entraîne l’apparition de condensation. IL existe des milliers d’espèces de moisissures mais toutes ne sont pas allergisantes. Les plus fréquemment rencontrées sont l’Aspergillus qui peut causer l’aspergilose[7], l’Alternaria[8] (août), Cladosporium[9] (juin, juillet).

  • L’allergie alimentaire

Les allergies alimentaires sont des réactions immunitaires anormales à certains aliments. Les symptômes sont variables. Un enfant (voire un.e adulte) peut développer de l’urticaire, avoir des gonflement de la bouche et des lèvres (œdème de Quincke[10]), de l’eczéma, de l’asthme, une rhinite, des diarrhées ou de la constipation. De même qu’elles peuvent provoquer des symptômes cutanés, gastro-intestinaux, respiratoires ou pire encore : une crise cardiaque (ce que l’on appelle le « choc anaphylactique »).

De nombreux aliments peuvent provoquer des réactions allergiques (voir la liste ci-dessous). Dans certains cas rares, l’allergie alimentaire peut être à l’origine d’accidents mortels (voir ci-dessus pour l’œdème de Quincke ou le choc anaphylactique).

IL arrive que les allergènes alimentaires les plus courants soient différents chez les enfants et chez les adultes. Chez l’enfant, c’est le lait de vache, les œufs, l’arachide, le poisson, le soja… Les aliments responsables d’allergies varient d’un pays à l’autre suivant les habitudes alimentaires. Aux États-Unis, où l’on consomme beaucoup de cacahuètes (peanuts, peanuts butter etc.), l’allergie à l’arachide vient en première place. Au Japon l’allergie au poisson vient en première place. Dans nos pays européens, on voit apparaître des allergies nouvelles, au kiwi, au sésame ou sarrasin…, des aliments qu’on mangeait rarement auparavant mais que l’on trouve désormais toute l’année dans les magasins.

En cas d’allergie alimentaire, il faut cesser de consommer l’aliment auquel on réagit. Pour certains aliments comme le lait, l’arachide, les œufs, le soja, ce n’est pas facile car ils se retrouvent comme ingrédients dans des aliments préparés. C’est ce qu’on appelle les allergènes masqués.

La réglementation européenne sur l’étiquetage des denrées alimentaires a été adoptée en 2005 puis en 2007, 14 allergènes sont actuellement à indiquer obligatoirement dans la liste des ingrédients (compte des risques que courent les allergiques.). Mais malheureusement, cela ne concerne que les aliments emballés. Il n’est est rien dans les restaurants, sandwicheries, boucheries et boulangeries indépendantes, voire friteries. Dans ces lieux, les parents d’un.e enfant allergique ne savent jamais ce qu’ils peuvent acheter ou non. D’autant plus que ces commerces achètent de plus en plus de nourriture industrielle qu’ils servent à leurs clients, sans se soucier de leur santé.

La liste des allergènes retenus par la Directive européenne

1. Les céréales contenant du gluten (à savoir le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre, le kamut[11] et leurs souches hybridées) et produits à base de ces céréales. Toutes ces céréales contiennent du gluten, une protéine qui entraîne une irritation de l’intestin grêle appelée maladie coeliaque chez les personnes allergiques.

2. Les crustacés et les produits à base de crustacés. Les allergies aux crustacés et aux mollusques sont un grand classique en période de fêtes. Elles concerneraient 3,5% des adultes et 6% des enfants. Les allergies aux crustacés et à tous les fruits de mer concerne donc beaucoup de personnes. Généralement, l’allergie va se manifester peu de temps après l’ingestion. Elle peut être cause de manifestations spectaculaires, et surtout mener à un choc dangereux pour l’organisme. Le crabe, les crevettes, les langoustines, ainsi que la langouste, ou le homard sont les crustacés les plus incriminés.

3. Les Œufs et les produits à base d’œufs. C’est l’allergie la plus fréquente des allergies alimentaires de l’enfant. Le blanc d’œuf est plus allergisant que le jaune car il contient les protéines responsables de la majorité des allergies à l’œuf. Attention aux produits industriels : même si l’étiquette indique qu’il n’a pas d’œuf, ils peuvent quand même contenir des protéines d’œuf.

4. Les poissons et les produits à base de poissons. Les allergènes du poisson sont volatils et peuvent provoquer une réaction par simple inhalation. Par conséquent, les allergiques ne devront pas entrer dans une poissonnerie voire encore dans une cuisine, le jour où il y a du poisson au menu. Les espèces allergisantes les plus fréquentes sont la morue, le thon, le saumon. C’est malheureusement une allergie qui persiste en général à l’âge adulte.

5. Les arachides et produits à base d’arachides. C’est l’allergie sur laquelle les scientifiques possèdent le plus de données. La prévalence de l’allergie à l’arachide (ou à la cacahuète) dans la population générale a été estimée entre 1 et 2,5 %: cette allergie est classée deuxième en terme de fréquence chez l’enfant (derrière le blanc d’œuf) et 6e chez l’adulte. L’allergie à l’arachide est associée une fois sur deux à une allergie aux fruits à coque (noix, noisette, amande, pistache, pignon, noix de cajou, noix du Brésil…).

6. Le soja et les produits à base de soja. L’allergie aux protéines de soja est rare, mais semble être un des principaux allergènes nouveaux à se manifester. Cela s’explique notamment par l’augmentation de sa consommation. Les produits qui en contiennent doivent l’indiquer en gras sur la liste des ingrédients. Aujourd’hui, la prévalence de l’allergie au soja en Europe serait de 1% de la population générale. La seule allergie au soja est rare. Elle est souvent combinée avec d’autres allergies alimentaires : arachide, lait de vache, pollen de bouleau, …

7. Le lait et les produits à base de lait. On parle plutôt d’allergie aux protéines du lait. Elle peut débuter dès les premières semaines de sevrage chez le nourrisson mais au-delà de 2 ans, seuls 25% d’entre eux seront encore allergiques. Les symptômes varient : urticaire, dermatite atopique, plaintes abdominales et plus rarement des signes respiratoires ou cardiovasculaires. Les deux types d‘aliments peuvent occasionnellement provoquer des réactions anaphylactiques. En cas d’allergie aux protéines du lait de vache, il faut supprimer de l’alimentation tous les produit comportant une des mentions suivantes : lait, protéines de lait, protéines de lactosérum de lait, caséine de lait, caséinate de lait, lactalbumine de lait, lactose de lait, margarine, crème, beurre. Le lait et les oeufs sont utilisés dans de nombreux produits alimentaires en tant qu‘agents liants, conservateurs, diluants, ou afi n d‘y ajouter de la saveur. Par conséquent, une allergie peut considérablement impacter sur les habitudes alimentaires et la qualité de vie.

8. Les fruits à coque, à savoir les amandes, les noisettes, les noix, les noix de cajou, les noix de pécan, les noix du Brésil, les pistaches, les noix de macadamia et noix de Queensland et les produits à base de ces fruits. L’allergie aux fruits à coque n’est pas anodine car on estime que 15% des chocs anaphylactiques sont dus aux fruits à coque, alors qu’il entre dans la composition de nombreux produits alimentaires industriels.

9. Le céleri et les produits à base de céleri. Le céleri se classe parmi les aliments qui provoquent le plus d’allergies alimentaires. L’allergie au cèleri se manifeste principalement chez l’adulte. Il serait responsable d’environ 30% des réactions anaphylactiques sévères. Pas moins de cinq protéines allergéniques sont présentes dans le céleri. Réduit en poudre, il entre dans les recettes de nombreux produits industriels (bouillons, chips, sel de céleri, cosmétiques, …). Il est donc essentiel de lire les étiquettes de chaque produit alimentaire ou cosmétique afin de s’assurer de ne pas ingurgiter d’allergènes.

10. La moutarde et les produits à base de moutarde. L’allergie à la moutarde est courante du fait qu’elle est considérée comme une épice très utilisées en cuisine. La plante toute entière peut provoquer des réactions allergiques. Elle est plus courante chez les adultes. Elle peut provoquer des réactions allergiques graves. Chez l’enfant, par contre, seule l’atteinte cutanée est la manifestation la plus fréquente de l’allergie à la moutarde.

11. Les graines de sésame et les produits à base de graines de sésame. Ici encore, l’allergie aux graines de sésame est plus courante chez l’adulte que chez l’enfant. Les personnes allergiques au sésame présentent souvent d’autres allergies alimentaires. Cette allergie (la dermatite de contact) peut également apparaître de manière retardée suite à un contact cutané avec un produit cosmétique contenant de l’huile de sésame.

12. L’anhydride sulfureux[12] et les sulfites en concentrations de plus de 10 mg/kg ou 10 mg/litre exprimées en SO2. L’allergie aux sulfites (ou anhydride sulfureux) est assez peu connue. Elle est souvent associée au vin. Cependant, il faut savoir que c’est un ingrédient fréquemment utilisé pour la conservation de denrées alimentaires. Ainsi, on peut retrouver des sulfites dans les légumes traités, dans les fruits secs, dans le poisson, dans les crustacés, dans les condiments, dans les médicaments, dans le vin, etc… Ils peuvent provoquer des douleurs abdominales, des difficultés respiratoires (rhinites, asthme, …), de l’urticaire et des démangeaisons, voire des maux de tête.

13. Le lupin et les produits à base de lupin, ainsi que l’allergie aux légumineuses. Dans ce groupe d’allergie, on trouve les allergies aux haricots, aux lentilles, aux fèves, aux pois et au soja. Mais depuis quelques d’années, un nouvel allergène a émergé : le lupin. Or, le lupin entre dans la composition de nombreux mélanges de farines servant à faire des viennoiseries. Il vaut mieux interroger le boulanger sur la composition de sa farine. Attention aussi aux potages industriels en boîtes car certains contiennent de la farine de lupin, ainsi qu’aux grandes surfaces vendant du pain et des viennoiseries et dont aucun travailleur ne connaît la composition des farines.

14. Les mollusques et les produits à base de mollusques, ainsi que les fruits de mer sont également source de réactions allergiques : les moules, les huîtres, Les coquilles Saint Jacques, les palourdes, les coques, les bulots, ainsi que les calamars, les poulpes, les seiches, etc…). A cette liste, il faut ajouter les escargots qui contiennent le même allergène. Contraiement à ce que l’in croit, les mollusques ne sont pas des fruits de mer, mais cette dernière catégorie est également fortement allergisante, il est donc essentiel de les tester séparément pour identifier les allergies d’une personne.

15. L’allergie aux fruits (est une allergie croisée aliment-aliment). Certaines personnes qui souffrent d’une allergie respiratoire aux pollens de bétulacées (bouleau, noisette, aulne) et de fagacées (charme, chêne, …) peuvent, sans trop le savoir, souffrir d’une allergie croisée avec les rosacées. Les rosacées sont la famille des fruits dont font partie les poires, les pêches, les abricots, les pommes, les prunes, les cerises ainsi que les fraises et les framboises, etc.

Des additifs alimentaires tels que les colorants, conservateurs, arômes, exhausteurs de goût… peuvent provoquer des réactions d’intolérance. En cause : les sulfites, les benzoates, la tartrazine, l’annatto, le glutamate de sodium, la vanilline… Pour les éviter, il est indispensable de lire attentivement les étiquettes des aliments achetés (biscuits, plats tout préparés, boissons etc.). Il existe des listes qui peuvent vous aider à les repérer.

  • Les insectes

Les piqûres de certains insectes peuvent provoquer des allergies graves et même mortelles. Le plus dangereux sont la guêpe, l’abeille et le frelon. Une personne sur 100 environ réagit à leurs piqûres. Les réactions vont de l’urticaire au choc anaphylactique (crise cardiaque).

Cette allergie n’est pas liée à l’atopie : vous ne courrez donc pas plus de risque si vous êtes déjà allergique à quelque chose. En revanche, certaines activités sont exposées et doivent se protéger avec des vêtements adéquats, en cas de fréquentation de nids ou de ruches : apiculteurs, boulangers pâtissiers, horticulteurs et jardiniers, agriculteurs, pompiers…

D’autres insectes peuvent provoquer des allergies cutanées tels que les moustiques, masi aussi les piqûres les fourmis, les punaises de lit.

Dans la grande majorité des cas, les symptômes peuvent être soulagés en appliquant de la glace sur la zone touchée et en massant avec une pommade antiallergique. Cependant chez certaines personnes, la réaction allergique peut être si importante qu’un traitement à l’aide de pommades à base de corticostéroïdes ou encore d’injections d’adrénaline peut être nécessaire si les symptômes mettent la vie en danger.

Comment reconnaître une allergie aux piqûres d’insectes ?

Un simple gonflement à l’endroit de la piqûre ou même sur l’ensemble du membre touché est sans danger. Par contre toute réaction survenant ailleurs sur le corps (par exemple si vous êtes piqué à la jambe et que votre cou se met à gonfler…) doit vous alerter. Les symptômes suivants sont particulièrement suspects : vertige, nausée, gonflement, urticaire, difficulté respiratoire, chute de tension, syncope… Il faudra alors consulter un médecin au plus vite. Une réaction qui survient dans les minutes qui suivent la piqûre est plus alarmante qu’une réaction tardive.

2. Diagnostic et Traitement

Si une allergie est suspectée chez un enfant, il est capital d’identifier au plus vite l’allergène coupable afin d’enrayer l’allergie et d’éviter que l’état de santé de l’enfant ne se dégrade.

Il ne faut pas attendre 2 ou 6 ans comme on le dit parfois. Au contraire ! Les tests ne comportent aucun risque pour l’enfant et peuvent être réalisés dès les premiers mois de vie. Leur désagrément est passager. Ils ne présentent aucune douleur, ni lors de la pose, ni lors du diagnostic. Chez certains enfants ou adultes, les tests positifs peuvent induire des démangeaisons dans les 24 heures après l’application des allergènes. Le choix des tests cutanés comprend en général les 15 substances les plus fréquemment impliquées dans les allergies. Ils peuvent être complétés en fonction des réactions de l’enfant ou du patient. Les tests sont des petites pastilles (patch-tests ou tests épicutanés) contenant l’allergène. Ils sont maintenus sur la peau pendant au moins 48 heures.

Une fois le coupable trouvé, il faudra avant tout éviter que l’enfant soit en contact avec ce à quoi il est allergique. Ce n’est pas toujours facile mais c’est indispensable pour éviter une aggravation progressive et c’est souvent un moyen de guérir sans avoir besoin de nombreux médicaments.

Si les mesures d’éviction ne suffisent pas, le médecin conseille un traitement en rapport avec les symptômes (asthme, eczéma…). Il s’agit souvent d’un traitement permanent : aérosols à prendre une ou plusieurs fois par jour, anti-histaminiques, gouttes nasales ou oculaires à prendre en fonction des symptômes et/ou des conditions extérieures (« rhume des foins »…), pommades à base de corticoïdes pour soigner les lésions d’eczéma, etc.

Ces traitements continus, largement basés sur les corticoïdes, entraînent souvent chez les parents méfiance et crainte. Il est important qu’ils puissent exprimer leurs réticences et obtenir toutes les informations nécessaires. Le médecin traitant peut certainement expliquer et apaiser les parents réticents aux corticoïdes.

Rappelons que nous fabriquons tous de la cortisone tous les jours, et que cette hormone est indispensable à la vie.

Certains médicaments préventifs pris occasionnellement permettent à l’enfant de supporter le contact avec un allergène qui, autrement, aurait provoqué une crise d’asthme ou d’eczéma.

Lorsqu’elles sont rapidement diagnostiquées et bien prises en charge, les allergies ne doivent pas empêcher l’enfant de mener une vie normale, de faire du sport et de participer à toutes les activités scolaires et parascolaires.

Malheureusement certains aspects du traitement ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale (consultations diététiques, aliments de régime, crèmes et soins dermatologiques hypoallergéniques, housses anti-acariens…) ou le sont insuffisamment (kinésithérapie, aérosols…).

  • Qu’est-ce que la désensibilisation ?

La désensibilisation (ou immunothérapie spécifique ou hypo-sensibilisation) vise à diminuer les réactions allergiques de l’organisme vis-à-vis d’un allergène (substance qui provoque ou favorise l’allergie). Cette méthode consiste à administrer au malade très progressivement des quantités croissantes d’allergènes auxquels il est sensible. Il s’agit d’un traitement long (3 à 5 ans) et astreignant, qui requiert de la part du malade une certaine discipline (il ne faut pas interrompre le traitement…) et qui n’est pas exempt de risque (choc anaphylactique) lorsqu’il est pratiqué sous forme sous-cutanée. Ils doivent être administrés sous surveillance médicale. Les premiers effets doivent normalement se manifester après quelques mois.

Le choix et l’application de ce traitement ne sont pas anodins. Il doit être prescrit par un médecin ayant une large expérience en allergologie et administré par un médecin disposant du matériel nécessaire en cas de choc.

3. Conséquences pour l’enfant dans sa vie quotidienne

Une maladie secrète, une maladie variable… L’enfant allergique souffre d’un handicap caché : s’il est bien pris en charge, s’il suit son régime et les mesures d’éviction, rien ne le distingue d’un autre enfant. Mais tout peut basculer très rapidement si les conditions se modifient… ou s’il oublie ses médicaments !

Il n’est donc pas facile pour les parents et pour les enfants de faire comprendre à leur entourage le pourquoi des précautions qu’ils doivent prendre ou les aléas de leur condition physique.

Tel enfant asthmatique, aujourd’hui prêt à se lancer dans la course à pied organisée par l’école, se retrouve le lendemain absolument sans souffle…

  • Les effets de la maladie

Pendant les crises d’asthme, l’enfant asthmatique est oppressé et inquiet. La sensation de manquer d’air lui donne l’impression d’être en danger vital. Cela peut provoquer une anxiété certaine, la peur de quitter le cocon familial…

Les démangeaisons dues à l’eczéma sont souvent insupportables : l’enfant se gratte, dort mal, devient nerveux… Si les lésions touchent le visage ou les mains, il a honte de son aspect physique. Parfois, il refuse d’aller à la piscine ou à la gymnastique pour ne pas devoir se montrer. De plus, certains enfants croient à tort que l’eczéma est contagieux et fuient leurs condisciples qui en sont atteints !

Vu de l’extérieur, la rhinite allergique peut apparaître comme une maladie bénigne. On sait cependant qu’elle annonce souvent l’asthme ou l’accompagne. De plus, elle entraîne éternuements en cascade, nez bouché, démangeaisons, yeux larmoyants, sommeil perturbé… L’allergie pollinique est un véritable handicap pour les écoliers et étudiants qui sont alors en période d’examens.

L’allergie rejaillit aussi sur la vie sociale : il est difficile d’aller chez un copain qui a un chat, si on y est allergique. Quand il part en vacances, ou en classes vertes, le jeune asthmatique doit s’assurer que les conditions de logement seront adaptées, etc.

En cas d’allergie alimentaire, il faut parfois mener une véritable enquête pour savoir de quoi sont faits les plats proposés !

L’adolescence est une période à haut risque pour les jeunes allergiques : rejet des contraintes, voyages, sorties, repas pris à l’extérieur, etc., augmentent les tentations et les risques d’accidents, notamment de chocs anaphylactiques.

  • Les effets du traitement

Éviter les allergènes et prendre les traitements prescrits : ces deux exigences imposent à l’enfant une discipline de vie et une vigilance peu commune. Certains s’y plient très tôt, d’autres le supportent plus difficilement. Dans certains cas, la prudence peut devenir excessive : l’enfant se méfie de tout ce qui est nouveau et refuse, par exemple, de goûter les aliments qui lui sont à nouveau permis.

Certains médicaments peuvent entraîner de la somnolence.

4. Conséquences pour l’enfant à l’école

A l’école, l’asthme concerne environ un enfant sur 10. L’asthme est une des principales causes d’absentéisme scolaire chez les enfants. Le contrôle de l’asthme est mauvais, d’autant que les écoles n’attaquent pas à la base les habituels facteurs favorisant ou aggravant l’asthme. Par exemple via le contact avec des animaux apportés par d’autres élèves ou plus simplement par les poils de leurs animaux, qu’ils véhiculent, disséminés sur leurs vêtements. De même, la pratique des cours d’éducation physique et sportive, sont autant de situations à risque pour l’enfant asthmatique. L’impact de la pollution de l’air dans les écoles sur l’asthme des enfants d’école primaire est une des causes de l’absentéisme des élèves asthmatiques. Plusieurs milliers de crises d’asthme chez les élèves seraient évitables chaque année si les écoles réduisaient les expositions au formaldéhyde[13] et aux moisissures dans les classes.

L’allergie et l’asthme ont un effet important sur les résultats scolaires.

  • Aménagements pratiques :

Beaucoup d’enfants allergiques se sentent plus mal à l’école qu’à la maison simplement parce qu’on n’y est pas attentif à lutter contre la multiplication des allergènes : coussins, tapis, animaux, dans les classes maternelles et primaires ; salle de gymnastique poussiéreuse, manque d’aération, moisissures… Il y aura lieu de renforcer les actions d’amélioration de la qualité de l’air au sein des classes, salles de gymnatique, et de tous local pouvant accueillir des élèves. Il est à noter qu’il y a également un nombre non négligeable d’enseignant.e.s qui sont allergiques et/ou asthmatiques. Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique.

La prise en compte de critères sanitaires et environnementaux dans le choix des meubles, fournitures scolaires ou matériaux divers utilisés dans les locaux scolaires peuvent limiter l’exposition au formaldéhyde ainsi qu’à d’autres composés organiques volatils. L’épidémie de COVID a démontré l’importance d’aérer les classes et autres locaux (notamment les réfectoires et salles de sports, les locaux de garderies extrascolaires, les salles de bricolages, …) pour diminuer l’exposition aux polluants intérieurs.

Le trafic urbain doit être limité à proximité des écoles notamment lorsque les cours de récréation donnent sur la rue. Les communes ont cette responsabilité. Il y a lieu de limiter, voire d’interdire le passage des véhicules les plus polluants (camions, camionnettes, SUV, motos, …) durant les heures scolaires. Les directions d’écoles se doivent d’interpeler les responsables politiques à cette donnée importante.

Si la plupart des enfants peuvent manger le repas chaud servi à la cantine scolaire moyennant information du personnel et précautions (l’enfant prend ses tartines le jour où on sert ce qu’il ne peut pas manger, voire chaque jour…), les plus gravement atteints doivent bénéficier d’une alimentation particulière en raison des risques de réactions graves à une simple contamination (repas tartines ou repas spéciaux fournis par la famille ou aménagés par le traiteur qui aura été informé de l’importance d’adapter ses repas en évitant les allergènes dont souffre l’enfant – voire les allergènes dont souffrent les enfants allergiques)

  • Activités sportives et physiques

Les allergies ne doivent pas empêcher l’enfant de mener une vie normale, de faire du sport et de participer à toutes les activités scolaires et parascolaires. Le sport est, pour l’asthmatique, beaucoup plus qu’une distraction ; il implique souvent une rééducation respiratoire qui fait partie intégrante du traitement.

Seules la plongée sous-marine et l’équitation (en cas d’allergie au crin de cheval) sont contre indiquées en cas d’asthme.

Certains enfants atteints d’eczéma fuient les activités sportives et la piscine par peur de se montrer. Il faut pouvoir en parler avec l’enfant et ses camarades afin de ne pas le mettre à l’écart car le sport est important pour son équilibre physique et psychologique.

L’enfant qui souffre d’asthme peut continuer à faire du sport à condition de prendre certaines précautions : choix de l’activité (jeux de ballon, natation…), échauffement préalable, efforts brefs (2 minutes) et progressifs entrecoupés de périodes de récupération de 1 à 2 minutes.

Il est important que les professeurs d’éducation physique soient correctement informés sur l’asthme (en leur fournissant cette étude, par exemple) et laissent l’enfant suivre son rythme et prendre si nécessaire les médicaments prescrits par le médecin. Ce n’est pas toujours le cas, ce qui pousse certains parents à demander d’emblée un certificat médical exemptant l’enfant du cours de gymnastique ou de natation. Cette situation est très préjudiciable à l’enfant, d’où l’importance d’une sensibilisation des professeurs et moniteurs d’éducation physique à ce problème.

  • Extrascolaire, Classes de plein air, de neige, de mer.

Participer à ces voyages est important pour l’enfant allergique tant pour son équilibre physique que psychologique. Mais plusieurs conseils sont importants à suivre : il serait souhaitable que les parents prennent contact avec la direction du lieu et éventuellement de le visiter au préalable. Il est indispensable d’expliquer aux encadrants les précautions à prendre, ne serait-ce que pour éviter à l’enfant allergique la literie en plumes ou le duvet, l’initiation à l’équitation ou les longues marches en terrain accidenté. La présence d’une infirmerie où l’enfant pourra suivre son traitement dans les meilleures conditions est un élément à prendre en compte.

Tout enfant allergique a des priorités dans le choix du lieu de vacances ; il est important de tenir compte des saisons polliniques, des changements climatiques mais également de l’entretien du lieu de séjour (voir aménagements pratiques).

  • Aide aux soins et Protocoles d’intervention d’urgence.

Si aucun document officiel n’existe, il appartient donc au médecin traitant de rédiger ce document en fonction des symptômes et des allergies de l’enfant. Celui-ci est habilité à prescrire des « aménagements raisonnables » que les écoles seront tenues de respecter.

En France, un projet d’accueil individualisé (P.A.I.) précise les conditions d’accueil et d’intervention des enfants allergiques dans les écoles. Il est rempli par le médecin en coordination avec la direction de l’école, le médecin scolaire et les parents. En Belgique, les Pôles territoriaux et les CPMS ont pour mission d’assister les écoles à la mise en place de ces aménagements raisonnables.

S’il existe un risque de réaction anaphylactique, les personnes qui s’occupent de l’enfant doivent être informées, initiées et autorisées à donner les soins. Il est possible de se procurer des kits de démonstration des stylos injectables d’adrénaline (traitement en cas de choc anaphylactique).

  • Composition de la trousse d’urgence

A déterminer par le médecin en fonction des symptômes et des allergies de l’enfant. Elle contient généralement une seringue d’adrénaline et des broncho-dilatateurs.

  • Orientation professionnelle

Elle doit se faire le plus précocement possible et tenir compte du fait que certains métiers sont absolument déconseillés soit en fonction des allergies dont souffre l’élève soit en raison de risques élevés d’allergies professionnelles. Il s’agit des métiers exposant quotidiennement à la farine (boulangerie pâtisserie), à des irritants et allergènes très répandus tels que latex, parfums, animaux (coiffure, élevage d’animaux…), à un travail dans une atmosphère chaude et empoussiérée. Dans certains métiers (matières plastiques, chimie…), des mesures de prévention efficaces permettent de diminuer le risque.

Celles-ci devraient être enseignées dès l’apprentissage ou l’école.

5. Signes cliniques à surveiller et conduite à tenir

L’enfant allergique apprend très vite à se prendre en charge et sait quand et comment il doit utiliser ses médicaments. Cependant, il est utile que les enseignants et le personnel scolaire puissent reconnaître les deux situations d’urgence (crise d’asthme grave et choc anaphylactique) et sachent comment réagir efficacement et sans panique.

Il est important d’apprendre à reconnaître très tôt les premiers signes de la crise afin d’intervenir le plus rapidement possible pour l’arrêter.

Dans la crise d’asthme grave, il y a une aggravation de l’état respiratoire malgré les médicaments pris. Si aucune amélioration n’intervient ou s’il y a aggravation (lèvres qui bleuissent, pouls rapide, épuisement, transpiration, difficultés à parler), il faut appeler immédiatement le service d’urgence. Dans l’attente, rester calme et rassurer l’enfant, déboutonner le col de sa chemise, lui proposer de s’asseoir, mais respecter la position que l’enfant adopte spontanément !

  • Le choc anaphylactique et l’œdème de Quincke

Il s’agit d’urgences médicales : il y a risque mortel si l’on n’intervient pas rapidement. Les causes peuvent être diverses : piqûres d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons…), allergies alimentaires, réactions à des médicaments, etc. Il est indispensable d’identifier l’allergène qui a provoqué la réaction afin d’éviter tout nouveau contact

Les enfants les plus exposés à ce type de réaction se voient généralement prescrire une trousse d’urgence contenant une seringue d’adrénaline auto-injectable.

A quels symptômes peut-on reconnaître une réaction anaphylactique (choc ou œdème) ?

  • démangeaisons des extrémités, du cuir chevelu ou goût métallique dans la bouche
  • gonflement de la gorge ou de la langue
  • urticaire importante sur le corps
  • rougeur subite de la peau
  • crampes abdominales et nausées
  • battements du cœur accélérés
  • transpiration ou faiblesse soudaine (dues à une baisse brutale de la tension artérielle)
  • impression de mourir
  • évanouissement ou coma
  • difficultés respiratoires dues à un asthme sévère ou au gonflement de la gorge
  • Conduite à tenir : appeler les secours d’urgence médicale au n° 100 ou 112 ; placer l’enfant en position couchée, jambes surélevées, administrer l’adrénaline, et des broncho-dilatateurs en cas de bronchospasme ou sifflements respiratoires.

6. Témoignages de parents

• Rechute d’asthme… à cause de l’école !

Maman de 3 enfants, dont l’un souffrant de dermatite atopique depuis l’âge de 4 mois et l’autre d’asthme depuis l’âge de 2 ans, il me semble indispensable de souligner l’importance de l’environnement scolaire de l’enfant dans le cadre de la prévention des allergies. Les tests sanguins nous ayant permis de mettre en évidence, outre des allergies alimentaires, une forte allergie aux acariens, de nombreuses mesures de prévention prises au niveau de notre maison ont permis de voir s’améliorer l’état de sa peau et disparaître son asthme : suppression de toute la moquette et remplacement par du parquet vitrifié, nettoyage fréquent des tentures, sols, édredons et oreillers.

Malgré cette très nette amélioration de son état, et l’absence de toute respiration sifflante pendant près de 2 ans, nous avons malheureusement dû constater qu’à son retour de classes de mer, où il était parti durant une semaine, son asthme a réapparu… Les grands dortoirs aux multiples lits chargés de matelas, couverture et oreiller n’étaient hélas pas “sans poussière”… Nous ne regrettons certainement pas cette expérience de vie en communauté avec ses camarades et son institutrice qui lui a certainement apporté beaucoup notamment sur le plan socio-affectif.

Ne voulant pas être “surprotecteurs”, comme on l’est parfois trop avec un enfant allergique, nous avions souhaité qu’il participe à ce séjour, mais le prochain départ se fera avec une housse anticarien, un sac de couchage, un oreiller « sans poussière » et une chambre individuelle, pas un dortoir…

Une deuxième rechute due à l’école a eu lieu en septembre : rentrée des classes… fin septembre : réapparition de l’asthme en parallèle avec la découverte du fait qu’un cours de psychomotricité est donné sur de vieux tapis de gymnastique en tissu qui s’effritent…

Heureusement, tant la psychomotricienne que la direction de l’école ont bien réagi face au problème que nous leur avons exposé : les vieux tapis ont été jetés et de nouveaux tapis sont mis au budget de l’Association des parents pour cette année scolaire.

Encore une petite bataille de gagnée pour la prévention des allergies… en attendant la suivante ? Le coin lecture fait de vieux coussins disposés sur un tapis qui l’est encore plus, le stage poney, le petit animal (lapin, hamster…) qu’on observe en classe et puis qu’on adopte en guise de mascotte…

F. L., maman de 3 enfants

• L’allergie est méconnue

Je voudrais mettre en lumière un aspect de l’état allergique que l’on néglige souvent de prendre en considération. C’est son caractère occulte.

Vous êtes en visite chez l’une ou l’autre de vos connaissances, vous êtes même entre amis, et vous voilà obligés de refuser de partager soit un verre de bon vin, soit l’une ou l’autre gâterie des plus appétissantes ou que sais-je encore.

« Mais si, prends-en un peu ! Un tout petit peu ! Allez pour me faire plaisir ! ». Comment faire alors pour expliquer que l’on est allergique à ceci ou cela et que, surtout, même le « tout petit peu » occasionne des effets identiques à ceux d’une portion normale ?

La condition de l’allergique n’est pas suffisamment connue du public en général et ne rencontre chez le « bien portant » que scepticisme voire dérision. Combien de gens par exemple savent qu’une miette de pain vagabonde étant absorbée par mégarde par un enfant peut entraîner pour celui-ci les plus graves conséquences ? Combien de gens connaissent l’épouvantable phénomène du choc anaphylactique ?

Pour qui n’a aucune idée de ce qu’est l’allergie, pareil fait est tout simplement incroyable. L’aspect caché des affections allergiques rend incommode le contact avec autrui au même titre que ce qui se passe lorsque l’on se trouve devant une personne sourde dont le handicap est loin d’être apparent. A. D (Mons)

• L’eczéma : un enfer pour les tout petits et leur famille

Je me permets de vous écrire cette lettre car je vis un enfer avec mon enfant de cinq ans qui a un eczéma atopique depuis l’âge de quatre mois.

Voici son vécu : à dix-huit mois, hospitalisation d’une semaine. Traitement à la cortisone. Le professeur du service m’autorise une heure de visite par jour. Mon enfant était en dermatologie, dans le service adulte. Qui s’en occupe la journée ? On lui prescrit une pommade à appliquer une fois par jour et un bain à donner tous les deux jours et, pour couronner le tout, le professeur me dit que tout ceci (l’eczéma) vient de la mère…

En sortant de l’hôpital, mon garçon a un régime d’éviction sans gluten, sans œuf, sans protéine de lait, sans poisson, sans chocolat, que je suis à la lettre. Mais ce régime ne donne aucun résultat. Il reçoit alors un nouveau traitement : des ampoules de cromoglycate de sodium trois fois par jour et un antihistaminique.

Vers deux ans et demi, on lui fait une prise de sang et on détecte une allergie au blanc d’œuf. Il a toujours de la pommade à la cortisone. Je vois régulièrement un dermatologue qui me dit « ça va passer ». On lui donne à nouveau un traitement aux corticoïdes administré par voie orale.

A ce jour, mon enfant est réveillé toutes les nuits. Il a le corps « en feu ». Il a toute l’année des crevasses sur les mains et se gratte jusqu’au sang. C’est un enfant calme qui ne semble pas anxieux. Il est content d’aller à l’école et pratique une activité sportive. Malgré son régime, il mange relativement bien mais ne prend pas de poids. A ce stade, j’ai peur des effets secondaires de la cortisone. Je ne sais pas si je peux tenir encore le coup en dormant quelques heures par nuit.

Mme N.Q. (F), une maman désespérée.

• Allergie au latex : hôpital = danger

Maman d’enfants allergiques sévères, je m’adresse à vous pour obtenir votre soutien et faire remonter avec plus de poids auprès du ministère de la Santé mes suggestions susceptibles de sauver des vies et d’intéresser d’autres familles, entre autres allergiques.

Ma fille a fait un œdème de Quincke au latex et risque le choc anaphylactique pour tout acte médical car la plupart des accessoires médicaux contiennent du latex.

Ne pourrait-on pas généraliser :

  • les médailles avec un sigle type Croix Rouge pour alerter tout secours si la personne concernée ou quelqu’un à ses côtés ne peut le faire,
  • les kits sans latex chez les pompiers et les urgentistes ;
  • réserver quelques chambres dans les hôpitaux d’une couleur différente de celle des autres pour mettre en garde le personnel d’un problème (cela se fait dans certaines maisons de retraite pour des personnes contagieuses) et, en plus,
  • placarder les consignes sur la porte et à côté du lit – pour mettre en garde le personnel hospitalier sur la particularité du patient, et éviter, comme nous l’avons vécu à nos dépens que le personnel ne tienne pas compte dudit problème par habitude (apparemment, il ne suffit pas de lire la consigne !)

Il en va de la vie de nos enfants. Je compte sur votre structure pour infléchir les décisions du ministre concerné, et aider à la généralisation de ces pratiques, pour la plupart peu coûteuses pour l’État

(N.D.L.R.) : actuellement la plupart des hôpitaux ont des salles d’opération « sans latex » et cette allergie est en recul.

Mme F. L. (F)

• Démarches effectuées pour sensibiliser l’école de notre fils

Mon mari et moi-même avons eu l’occasion de parler du problème de notre fils dans sa classe (de ses absences répétées, de ses infections pulmonaires, de lui permettre un suivi scolaire malgré tout à la maison…) ; tout le monde a compris l’importance de son handicap et les jeunes ne lui ont plus dit « tu es toujours malade ».

Même si en dehors des réactions allergiques notre enfant se porte bien, il est souvent inquiet des dangers et des réactions qu’il peut développer. Il est important que l’enfant ait confiance dans l’équipe éducative. Il est important aussi que les encadrants aient confiance en l’enfant. Nous insistons fort sur la qualité du climat de concertation qui doit régner entre tous les partenaires. (Parents direction, direction enseignants, direction personnel entretien, direction cuisine.). Le côté psychologique de l’enfant est très important – une classe bien informée (élèves) du problème de l’enfant sera plus compréhensive, plus attentive – sinon l’inverse se produit et l’enfant est rejeté, isolé… Nous avons également rencontré le directeur de l’établissement scolaire qui a compris l’importance des choses.

A la maison, toutes les mesures sont suivies : éviter les facteurs déclenchant tels que acariens, animaux, moisissures, les irritants, les polluants (tabac, climat froid et humide), l’effort et les facteurs émotifs.

Au point de vue de son traitement, les objectifs sont multiples : il faut contrôler les symptômes, prévenir les crises en mesurant sa capacité respiratoire à l’aide de son débitmètre de pointe. La qualité de vie de notre fils est ainsi satisfaisante et il peut le plus souvent avoir une vie scolaire, sportive, familiale normale.

N. D.

7. Revendications, requêtes, appels…

La fréquentation de l’école est obligatoire. Elle doit donc être conçue pour accueillir tous les enfants dans des conditions optimales pour leur santé et pour leur éducation. Des problèmes particuliers se posent pour les enfants allergiques qui constituent environ un élève sur six (15 %) et un élève asthmatique sur 10 (10 %).

Il faut éviter que ces enfants soient exposés en permanence à certains allergènes majeurs que sont les animaux, les acariens, les moisissures et qu’ils soient en contact avec la fumée de tabac et avec des irritants (produits chimiques). L’enfant allergique sait ce qui lui convient : il faut le croire lorsqu’il affirme ne pas pouvoir supporter tel ou tel aliment.

8. Aménagement des écoles et/ou locaux d’accueil des enfants

Des normes d’humidité de l’air intérieur et de ventilation en rapport avec le nombre d’élèves présents dans le local ou la classe devraient être imposées. Le personnel enseignant, mais aussi le personnel de cuisine et d’entretien, devraient recevoir une information sur l’allergie.

L’entretien des locaux, notamment de la salle de gymnastique, doit être régulier et se faire en l’absence des élèves. Il faut éviter l’usage de produits agressifs et d’aérosols et apprendre au personnel d’entretien comment et pourquoi éliminer les moisissures éventuelles.

A proscrire

  • La présence permanente d’animaux dans les classes maternelles ;
    • la présence occasionnelle (lorsqu’un enfant ou l’enseignant apporte un animal pour l’observation) peut être acceptée à condition que les parents en soient avertis à l’avance.
  • Les locaux équipés de moquettes, coussins, vieux matelas
  • Les vestiaires à l’intérieur des classes
  • Les matériaux contenant du formaldéhyde
  • Les surfaces poreuses qui retiennent les poussières
  • Les ficus (risque d’allergie et possibilité d’allergie croisée avec le latex)
  • Des rideaux non lavables

A traiter rapidement

  • Les dégâts des eaux
  • La présence d’humidité ou de moisissures
  • Les résidus de produits chimiques, dont les peintures qui ne sont pas faite à base d’eau et les désodorisants.

Suggestions

Dans les écoles maternelles :

  • Aérer régulièrement
  • Prévoir des tapis de mousse et des coussins lavables dans les coins lectures et les laver très régulièrement (une fois par mois)
  • Acheter une machine à laver et laver la literie utilisée pour la sieste toutes les 6 semaines à 60 degrés
  • Organiser des sorties pour aller observer les animaux dans leur environnement naturel ; installer des mangeoires pour les oiseaux dans la cour de récréation
  • Les poissons rouges peuvent remplacer les animaux à poil ou à plumes (attention à la nourriture pour poissons qui ne peut contenir d’allergènes comme du poisson séché) ;

Dans toutes les écoles et lieux d’accueil

  • Préférer les rangements dans des coffres ou armoires fermées
  • Laver les tableaux à l’eau pour ne pas faire voler la poussière
  • Laver les rideaux/tentures une fois par trimestre

Autres problèmes

Au niveau alimentaire, il faut en outre veiller à offrir des repas et des collations adaptées à leurs allergies (choix suffisant ; information précise et complète sur le contenu de ce qui est proposé).

L’école doit aussi être capable de réagir rapidement en cas de problème (asthme grave, choc anaphylactique) et doit permettre aux enfants de prendre les médicaments prescrits par le médecin, au besoin avec l’aide des enseignants. Une formation du personnel (enseignant, entretien, cantine) devrait être assurée.

Dans l’enseignement technique et professionnel

A l’heure actuelle, les enfants qui vont à l’école sont exclus de la protection dont bénéficient les adultes dans leur profession. Les normes de la médecine du travail devraient être appliquées dans l’enseignement technique et professionnel et des mesures de protection expliquées et imposées lors de la manipulation de produits irritants (produits chimiques) ou très allergisants (poussière de bois…)

Ne jamais orienter un élève vers un enseignement technique ou professionnel présentant des risques d’allergies pour l’élève. Tout élève a sa place dans l’enseignement ordinaire de transition, sans redoublement ou orientations, jusque 18 ans. Son choix d’orientation doit être personnel et réfléchi avec les responsables médicaux qui le prennent en charge.

9. Adresses utiles

Belgique

FPA (la Prévention des Allergies ASBL)

56, rue de la Concorde

1050 Bruxelles

Tel: 02/518.18.74

0476/09 06 45 (disponible tous les mardis de 9 à 12h)

E-mail : fpa@oasis-allergies.org

http://www.oasis-allergies.org

FARES (Fonds des Affections Respiratoires)

Rue Haute, entrée 290 – 807A

1000 Bruxelles Belgique

Tél. 02 512 29 36 – Fax 02 511 14 17 www.fares.be

Allergiekoepel vzw

Staatsbaan 165

3460 Bekkevoort

Tél. : 0800 84 321

E-mail : info@astma-en-allergiekoepel.be

Site : www.astma-en-allergiekoepel.be

Institut scientifique de la Santé publique Louis Pasteur

14 rue Wytsman

1050 Bruxelles

Allo Pollen 0900/100.73 et sur www.airallergy.be

Plusieurs hôpitaux belges ont mis sur pied une école de l’asthme.

Grand-Duché du Luxembourg

Luxembourg Institut of Healt

Contact :

Arnaud d’Agostini

Head of Marketing and Communication

Luxembourg Institute of Health

Tel: +352 26970-524

Email: arnaud.dagostini@lih.lu

France

AFPRAL (Association Française Pour la Prévention des Allergies)

4, place Louis Armand – La Tour de l’Horloge  – 75012 PARIS

Tel : 00-33-1 70232814

Fax : 00-33-1 70 23 28 15

E-mail : afpral@afpral.asso.fr

http://www.afpral.fr


[1] Luxembourg Institut of Health

[2] RTBF Actu, 5 janvier 2023, https://www.rtbf.be/article/la-moitie-de-la-population-allergique-d-ici-2050-comment-expliquer-cette-prevision-de-l-oms-11132091

[3] RTBF,  Ibid.

[4] RTBF, Ibid.

[5] L’atopie (ou terrain allergique) définit la prédisposition héréditaire qu’ont certaines personnes à développer une allergie. Le mot « atopie » vient du grec, « a »= sans et « topos » = lieu. De quoi décrire une affection difficile à comprendre.

[6] La cause du choc anaphylactique est une réaction à la mise en présence d’un allergène. Cette réaction allergique aiguë est provoquée par des aliments dans 60% des cas : les crustacés, les œufs, le sésame, les fruits à coque, le lait de vache ou le lait de chèvre, le poisson, les fruits exotiques font partie des aliments les plus allergènes. Le choc anaphylactique peut aussi être consécutif à la prise de médicaments (cela concerne 16 % des cas) comme l’iode utilisée pour les examens d’imagerie médicale, certains antibiotiques, des bêtabloquants, des anti-inflammatoires, certains vaccins ou anesthésiques (choc anaphylactique au bloc opératoire). Il est provoqué par le venin de certains insectes dans 16 % des cas : frelon, guêpe, abeille. Enfin, dans les 4 % des cas restants, le latex est l’allergène en cause, tout particulièrement pour les personnes dont la profession nécessite le port de gants médicaux. Par ailleurs, on a observé des facteurs aggravant le risque de faire un choc anaphylactique, comme l’existence de comorbidités (asthme sévère, problèmes cardiovasculaires, etc.), ou encore un effort physique après ingestion d’un aliment allergène (anaphylaxie d’effort).

[7] L’Aspergillose est un terme qui regroupe les infections causées par des champignons appartenant au genre Aspergillus. Bien que toute la population soit exposée à ces champignons, présents dans l’environnement sous forme de spores, ils ne deviennent pathogènes que dans certaines conditions, notamment en cas d’immunodépression ou de maladies pulmonaires chroniques. L’Aspergillose pulmonaire invasive est la troisième cause d’infection fongique invasive en France avec un taux de mortalité élevé, situé entre 50 et 80%.

[8] Courant au potager, Alternaria alternata est un champignon phytopathogène responsable d’une maladie bien connue des jardiniers et maraîchers : l’alternariose. S’il affecte souvent les plantes, Alternaria alternata peut également être responsable d’allergies et de maladies respiratoires chez les personnes qui y sont sensibles.

[9] Le Cladosporium cladosporioides est une moisissure dématiacée saprophyte largement répandue; ce mycète infecte parfois le poumon, la peau, les yeux et le cerveau des humains.

[10] L’œdème de Quincke est un gonflement de la peau et des muqueuses, souvent lié à une allergie ou une inflammation. Il peut être dangereux s’il touche la gorge ou l’abdomen. L’œdème de Quincke, ou angiœdème, correspond à un gonflement des couches profondes de la peau et des muqueuses, parfois accompagné d’une rougeur. D’origine allergique ou inflammatoire, il est souvent passager et localisé au niveau de la tête et du cou (les paupières, les lèvres, et le pharynx se mettent à gonfler). Mais l’œdème peut aussi atteindre le larynx, les mains, les pieds, les organes génitaux externes et le tube digestif. Sa survenue est brutale et peut causer une difficulté de déglutition, un gonflement de la langue et de la gorge pouvant aller jusqu’à l’étouffement.

[11] Le Kamut, aussi connu sous le nom de blé Khorasan, est une céréale ancienne, ancêtre du blé moderne, qui  trouve son origine en Mésopotamie, dans une région du Moyen-Orient qui s’étend de l’Égypte jusqu’aux vallées du Tigre et de l’Euphrate. Tout d’abord, comme indiqué ci-dessus, le kamut contient du gluten et ne convient pas aux personnes souffrant de la maladie cœliaque ou d’une sensibilité au gluten non cœliaque.

De plus, comme tout aliment, le kamut peut déclencher des allergies alimentaires chez certaines personnes.

[12] L’anhydride sulfureux ou E220 est un conservateur et antioxygène, minéral ou de synthèse. Les risques d’intolérance ou d’allergie sont importants, chez les individus sensibles (asthmatiques)En effet, les sulfites peuvent déclencher de l’asthme caractérisé par des difficultés à respirer, de l’essoufflement, des râles et de la toux.

[13] Le formaldéhyde est un composé organique volatil. Il s’agit d’un gaz irritant pour les yeux, le nez et la gorge. L’OMS le considère comme cancérigène certain. L’exposition prolongée à ce gaz volatil engendre des effets allergiques et a un impact sur l’appareil respiratoire. On le retrouve dans les produits de constructions et de décoration (colles, liants, bois agglomérés et contreplaqués, fumées de tabac, bâtons d’encens, foyers ouverts, produits d’entretien comme les laques, les vernis, les encres, les pesticides et autres produits ménagers, ainsi que les produits d’hygiène, de soins et cosmétiques.

Pour le remboursement de la logopédie

Pour le remboursement de la logopédie

Pour le remboursement de la logopédie, La Ligue des Droits de l’Enfant diffuse ce message :

Chères personnes exclues du remboursement logopédique à l’INAMI, Chers parents, Chers représentants d’associations,

L’heure de la mobilisation est venue pour obtenir le remboursement de la logopédie !

Ce mardi 6 février, en commission fédérale de la santé, la députée Catherine Fonck (Les Engagés) a proposé d’introduire un amendement dans un projet de loi portant des dispositions diverses en matière de santé. Cet amendement propose de supprimer la limitation de QI pour que tous les enfants puissent bénéficier d’un remboursement de la logopédie. Sans surprise, le ministre de la Santé, Franck Vandenbroucke, s’y est opposé en appelant les députés à ne pas voter cet amendement. Message qui semble malheureusement avoir été entendu par les députés de la majorité : Ecolo-Groen, PS, MR, OpenVld, CD&V, Vooruit. 

Ce texte, avec la proposition d’amendement, repassera cependant en commission le jeudi 22 février 2024. Le temps presse et nous devons donc nous mobiliser rapidement car le statu quo n’est plus acceptable. Ce critère d’admission au remboursement :

  • est discriminatoire et tout simplement indigne ;
  • n’a aucun fondement thérapeutique ;
  • est totalement incompatible avec les textes nationaux (article 22ter de la Constitution) et
    internationaux (art.7 et art.25 de la CRPD) que la Belgique a ratifié. 

Comment agir ?

Pour le remboursement de la logopédie, signez la lettre ouverte au Ministre >>> CLIQUEZ ICI POUR SIGNER EN LIGNE AVANT LE 16 FEVRIER

Nous vous tiendrons informés de la suite des actions, notamment : envoi de courriers aux députés de la Commission santé avant le vote du 22/02 & manifestation au Parlement fédéral le 22/02 (à confirmer).

En savoir plus sur la problématique du non-remboursement de la logopédie

  • Campagne vidéo « De la logopédie, peu importe le QI ! » sur notre page 
  • Recommandations conjointes Inclusion asbl – UNIA – Délégué général aux droits de l’enfant
  • Avis du CSNPH sur le remboursement des soins de logopédie 

Personne de contact

Thomas Dabeux – tda@inclusion-asbl.be  T 0496 84 29 78

 

N’hésitez pas à diffuser largement cet appel autour de vous !

Le déconventionnement massif des logopèdes n’est pas un acte dirigé contre les patients, mais contre l’INAMI.

Le déconventionnement massif des logopèdes n’est pas un acte dirigé contre les patients, mais contre l’INAMI.

En mai 2022 une nouvelle Convention INAMI 2022-2023 a été approuvée. Cette convention fixe, entre autres, les tarifs officiels des prestations logopédiques. Les mutuelles remboursent sur base de ces tarifs. Une augmentation des honoraires de plus ou moins 5 Euros pour une séance de logopédie de minimum 30 minutes avait été négociée au sein de l’INAMI (L’Institut national d’assurance maladie-invalidité, qui est l’Assurance soins de santé et indemnités) avec l’ensemble des différents partenaires en commission de convention. Cependant, cette hausse des tarifs n’a pas été reprise dans la convention 2022-23 (Message de l’UPLF à ses membres du 5.8.2022[1]). De plus, la nouvelle convention prévoit une indexation non proportionnelle à l’inflation. En conséquence, les associations professionnelles des logopèdes n’ont pu se décider à la signer, et la signature a été soumise aux logopèdes individuellement. Seulement 40% d’eux ont accepté la nouvelle convention, alors qu’auparavant 99% des logopèdes étaient conventionnés.

Les logopèdes qui suivent la convention acceptent un tarif de 29,28 Euros la séance de 30 minutes. La quote-part du patient est de 5,50 Euros. Les 23,78 Euros restants sont remboursés par l’assurance soins de santé obligatoire (tableau tarifs UPLF 2023[2]). Les logopèdes qui ne sont pas conventionnés sont libres à fixer leurs propres tarifs et peuvent facturer un supplément à la charge du patient.

Par conséquence, le cout de la logopédie a augmenté pour de nombreuses familles. C’est problématique à une époque où le budget familial est souvent serré en raison de l’augmentation massive du coût de la vie. Les familles précarisées en sont particulièrement touchées (même si les patients à bas revenus bénéficiaires de l’intervention majorée ne sont pas concernés par l‘augmentation des coûts de la logopédie). De nombreux parents risquent de ne plus consulter de logopèdes avec leurs enfants par manque des moyens (Le Floch, 2023[3]). Cela pose encore plus de problème dans les endroits où certaines logopèdes indépendantes facturent des suppléments disproportionnés.

Tout en comprenant la situation souvent très difficile des familles concernées, il faut aussi voir ce qui est difficile du côté des logopèdes. Il est bien sûr dans l’intérêt de tous les enfants que les logopèdes se portent bien et qu’ils puissent exercer leur profession dans des conditions dignes. Sans leur engagement professionnel, les troubles du langage, de la parole, de la communication, de l’alimentation, du calcul, de l’écriture et de la lecture, de nombreux enfants ne seraient pas traités, avec les conséquences dramatiques que cela impliquerait pour leur participation à la vie dans notre société, pour leur parcours scolaire et pour les possibilités de formation et d’exercice d’une profession plus tard dans leurs vies.

Il y a de plus en plus de logopèdes indépendantes qui rencontrent des difficultés financières. « On constate que nombre de logopèdes arrêtent leur pratique professionnelle, ne parvenant plus à en vivre. Par conséquent, les patients ne trouvent plus forcément de prestataires de soins pour leur traitement » (A. Duval, représentante de l’UPLF, dans un article dans La Libre en mai 2022[4]).

Cependant, le problème va bien au-delà de la « simple » question du niveau des tarifs pour les séances de thérapie individuelles. Il y a de nombreux soins pratiqués par les logopèdes justifiés dans la littérature scientifique, qui jusqu’à présent ne sont pas remboursés par les mutuelles. La nomenclature (= liste de tous les actes remboursés en logopédie) a été établie à la fin des années 1990. Depuis, elle n’a plus été revue. Toute une série de pathologies ne se retrouvent pas dedans, et les frais de traitement ne sont donc pas pris en charge par les mutuelles. Il s’agit par exemple des troubles du langage chez des personnes ayant de l’autisme, des troubles du langage chez des personnes ayant un QI inférieur à 86, des troubles de communication chez des enfants avec des handicaps lourds, des troubles en lien avec une démence ou encore des troubles alimentaires pédiatriques (Duval, 2022[5]). Les logopèdes demandent depuis des années que la nomenclature soit enfin révisée et que les frais de traitement de ces troubles soient également pris en charge par les mutuelles. Elles veulent mettre de la pression au politique pour faire bouger aussi ceci en refusant de se conventionner.

Le non-remboursement des frais logopédiques pour le traitement des troubles qui ne sont pas listés dans la nomenclature pose souvent de gros problèmes aux familles concernées. Elles doivent assumer l’ensemble des coûts (et non seulement le quote-part du patient), ce qui représente rapidement plusieurs centaines d’euros par mois.  Cependant, les problèmes ne concernent pas seulement les familles, qui doivent payer le traitement de leur poche. Lorsqu’un-e logopède traite un patient hors convention, cela signifie aussi qu’elle/il subit des inconvénients majeurs : Si elle/il prend en charge un enfant hors convention, cela ne sera pas non plus pris en compte pour son statut social INAMI, elle ne profitera donc pas d’un avantage social en vue de la constitution contractuelle d’une rente, d’une pension ou d’un capital en cas d’invalidité, de retraite et/ou de décès. Il en résulte chez beaucoup de logopèdes un manque de motivation de prendre en charge ces patients et de se former pour pouvoir leur proposer un suivi logopédique optimal. Il est donc encore plus difficile de trouver une logopède indépendante qui travaille avec des enfants ayant par exemple de l’autisme, une déficience intellectuelle ou des troubles de l’alimentation, et qui dispose de la formation nécessaire.

Les logopèdes investissent beaucoup au niveau du temps et de l’argent dans la préparation individuelle des séances de thérapie, dans les déplacements lors des visites à domicile ainsi que dans la formation continue. Tout cela n’est pas couvert par les tarifs fixés par l’INAMI. De plus, les associations professionnelles demandent depuis longtemps des simplifications administratives afin de pouvoir exercer leur profession dans des conditions dignes.

En se déconventionnant, les logopèdes s’opposent donc d’une part à trop d’insécurité financière et d’administration, et à un dénigrement de leur profession. De plus, elles montrent dans quelle mesure des groupes entiers de patients sont discriminés n’ayant pas accès à la thérapie dont ils ont besoin, en demandant une nomenclature révisée (UPLF 2022). La résistance n’est donc de loin pas seulement dans l’intérêt des logopèdes eux-mêmes, mais aussi dans celui de tous les patients touchés par des troubles de langage, de communication, d’alimentation etc. Une grande partie de ces patients sont effectivement des enfants. Il faut apporter des corrections importantes à un système de santé qui n’a pas été revu depuis trop longtemps et qui ne répond pas aux besoins de tous les citoyens.  L’association professionnelle des orthophonistes francophone UPLF n’apprécie pas qu’en fin de compte, tant qu’il n’y a pas de nouvelle convention acceptable que les logopèdes sont prêts à signer, ce soient les patients qui doivent supporter le coût des tarifs plus élevés. Ils espèrent, par leur déconventionnement massif, exercer une pression suffisante sur le monde politique pour que de nouvelles négociations soient entamées et que les améliorations souhaitées puissent être obtenues dans l’intérêt de tous (article dans la Libre du 2.5.2022).


[1] Message de l’UPLF à ses membres (5.8.2022) : Près de 60 % des logopèdes ont refusé d’adhérer à la nouvelle convention 2022-2023. https://www.uplf.be/pres-de-60-des-logopedes-ont-refuse-dadherer-a-la-nouvelle-convention-2022-2023/

[2] UPLF (2023) : Tableau de simulation des tarifs https://www.conventionlogopede.be/

[3] Le Floch, M. (24.3.2023) : Déconventionnement des logopèdes : Quels impacts sur les familles peu aisées ? https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/article/deconventionnement-des-logopedes-quels-impacts-sur-les-familles-peu-aisees

[4] Article dans La Libre (2.5.2022) : Les logopèdes manifesteront jeudi pour réclamer la revalorisation de leurs honoraires. https://www.lalibre.be/belgique/societe/2022/05/02/les-logopedes-manifesteront-jeudi-pour-reclamer-la-revalorisation-de-leurs-honoraires-L4JJKVBSLRBNNOF2EBSC2FJ5GY/

[5] Duval, A. (2022) : Déconventionnement massif des logopèdes : La révolution des fourmis en marche. https://pro.guidesocial.be/articles/carte-blanche/article/deconventionnement-massif-des-logopedes-la-revolution-des-fourmis-est-en-marche

La Ligue des Droits de l’Enfant recrute

La Ligue des Droits de l’Enfant recrute

Nous recherchons un.e candidat.e au poste de coordinatrice.teur dans le cadre d’un contrat ACS de remplacement pour cause de maladie de longue durée.

Temps plein 38 heures/semaine

Description de la fonction :

La fonction du/de la candidat·e retenu·e sera de :

–    Coordonner les actions de la Ligue des Droits de l’Enfant avec l’aide du CA

–    Mettre en œuvre les décisions prises par le CA et les différents groupes de travail et être l’intermédiaire entre le CA et les partenaires ;

–    Tenir à jour le dossier de reconnaissance en éducation permanente ;

–    Assurer la gestion journalière et financière de l’ASBL (gérer les appels téléphoniques, gérer les courriers et donner le suivi qui s’impose et tenir à jour une comptabilité (entrées et sorties) pour le comptable, gérer la liste des membres ;

–    Mettre à jour les pages de l’ASBL sur les réseaux sociaux et diffusion d’informations utiles via divers supports média ;

–    Rédiger des analyses et études dans des domaines touchant les Droits de l’Enfant ;

–    Accueillir, conseiller, orienter les familles dans les difficultés qu’elles rencontrent ;

–    Participer à l’organisation de divers évènements (séminaires, colloques, journées de formation). A noter que certaines prestations demanderont une disponibilité pour des réunions en soirée.

Description du profil recherché :

Bénéficier d’un statut ACS (indispensable)

Avoir un bachelor en lien avec les sciences sociales ou les sciences de l’éducation, ou juridique

Avoir de l’intérêt pour l’Ecole inclusive, de même que pour la personne en situation de handicap et de son inclusion à l’école et dans la société.

Adhérer à l’intégralité des positions de la Ligue des Droits de l’Enfant et avoir la volonté de les défendre. Voir : https://www.liguedroitsenfant.be/la-ligue/nos-missions/

Compétences

–    Etre capable, si nécessaire, d’être autonome, de savoir travailler seul·e par moments, être capable de prendre des initiatives, de gérer les relations humaines et de collaborer avec divers professionnels associatifs ;

–    Etre capable de gérer des aspects administratifs (capacité de rédiger, d’utiliser divers logiciels de bureautique, …) ;

–    Etre capable d’utiliser Internet ainsi que les réseaux sociaux ou s’engager dans l’apprentissage du maniement de ceux-ci.Une expérience de bénévolat dans le domaine de la défense des Droits fondamentaux, ainsi qu’une sensibilité aux droits de l’enfant et des personnes handicapées, vulnérables et/ou marginalisées ainsi qu’une connaissance de pratiques d’éducation inclusive et de l’éducation active constitue un plus. Le·la candidat·e s’appropriera progressivement le cadre conceptuel, le cadre législatif et le contexte international en lien avec les droits de l’enfant, en particulier dans le domaine de l’éducation. Une connaissance générale de la Convention internationale des droits de l’enfant et la Convention ONU relative aux droits des personnes handicapées sera nécessaire.

Compétences linguistiques :

Nos activités se déroulent dans la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il faut donc avoir une excellente maîtrise de la langue française écrite et une bonne capacité de rédaction.

Envoyer sa candidature par mail à contact@liguedroitsenfant.be (en précisant son ancienneté ACS)

Crèmes solaires et nanoparticules, DANGER !!!

Crèmes solaires et nanoparticules, DANGER !!!

  1. Introduction

La Convention des Droits de l’Enfant, en son article 24, traitant du Droit de tous les enfants à la santé, précise notamment que les Etats parties s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale de ce Droit et, en particulier, de prendre les mesures appropriées pour (…) :

  • Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l’enfant (…) et bénéficient d’une aide leur permettant de mettre à profit cette information ;
  • Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l’éducation et les services en matière de planification familiale.
  • Prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants[1].

La santé des enfants, la prévention des maladie et l’inclusion des enfants à besoins spécifiques dans tous les pans de la société sont une des missions de la Ligue des Droits de l’Enfant. Or, il se fait que les mesures efficaces en vue d’abolir les pratiques préjudiciables à la santé des enfants pèchent par leur absence. L’industrie a créé des substances nocives qu’elle intègre à la fois aux aliments mais également aux cosmétiques, aux objets du quotidien, aux produits sanitaires, etc. qu’il est devenu extrêmement impossible aux parents de faire la part des choses et d’éviter de mettre en contact leur.s enfant.s avec ces poisons.

Le nombre de cancer chez l’enfant a grimpé de 30 % ces 20 dernières années[2]. Plus exactement entre 1980 et 2000. Pire, cette augmentation du cancer s’aggrave de 1 à 3% en plus chaque année[3]. Aujourd’hui, nous parlerons une fois de plus des dangers des nanoparticules. Mais tous les problèmes de santé liés à l’environnement font parties de nos combats. Notre rôle, une fois de plus, est cette-fois-ci d’alerter les familles, mais également les associations qui organisent des plaines de jeux ou des séjours pendant les vacances quant à la dangerosité de certains crèmes solaires, afin qu’ils puissent avoir un jugement critique sur ces produits et donc une prise de conscience des dangers, afin de pouvoir les éviter au mieux.   

2. Les crèmes solaires – notre critique

C’est la saison du soleil. De nombreux vacanciers, tout en cherchant – fort justement – à se protéger et à protéger leurs enfants des dangers du soleil, sont confrontés sans le savoir à un autre danger, tout aussi important, l’exposition de leur peau aux nanoparticules contenues dans les crèmes solaires ! Ce danger est silencieux car l’industrie se garde bien d’avouer qu’elle utilise les nanotechnologies sans en connaître et en avoir étudié les risques sanitaires et environnementaux. Les dangers des nanoparticules commencent seulement à être connus. Elles mettent la santé des consommateurs en grand danger et risquent, à terme, de provoquer un désastre sanitaire et écologique sans précédent.

Depuis quelques années, les nanoparticules sont entrées dans notre vie quotidienne sans crier gare, notamment dans les cosmétiques et produits d’hygiène corporelle, les vêtements et même l’alimentation. Dès lors, que ce soit par voie cutanée, par inhalation ou par ingestion, des nanoparticules sont en mesure de pénétrer dans nos organes et nos cellules.

Les nanotechnologies exploitent les propriétés intimes de la matière à l’échelle du nanomètre (1 milliardième de mètre) pour réaliser de nouveaux dispositifs, objets et systèmes utilisant ces propriétés.

2.1. Pour comprendre ce que sont les nanoparticules

Les nanoparticules[4] appartiennent à la famille des « nanomatériaux ». Elles sont cinquante mille fois plus petites qu’un cheveu humain ! Elles ont ainsi été intégrées, depuis la fin des années 90, dans une grande variété de produits de la vie courante. Pour l’industrie, c’est un véritable succès. Hélas, celui-ci soulève aujourd’hui de nombreuses questions, à commencer par celle de leur éventuel impact sanitaire et leurs effets à long terme sur la santé humaine.

L’ensemble des techniques et des procédés permettant de fabriquer et manipuler les nanomatériaux s’appelle les nanotechnologies. Plus d’un quart des nanoparticules produites chaque année finissent dans nos cosmétiques et produits d’hygiène. Mais on en retrouve également dans les couches pour enfants ou les serviettes hygiéniques, dans les vêtements pour prévenir les mauvaises odeurs ou les rendre waterproof. De même, il faut savoir que les nanoparticules sont présentes en grande majorité dans les produits alimentaires.

  • Revenons aux nanoparticules présentes dans les cosmétiques et les crèmes solaires.

Il y a essentiellement 3 éléments qui sont présents sous forme de nanoparticules dans nos crèmes solaires :

  1. Le dioxyde de titane (TIO2) est un colorant blanc à l’état naturel qui devient transparent à l’état nanométrique. Il est largement utilisé comme agent protecteur anti- UV
  2. L’oxyde de Zinc (ZnO) est lui aussi un bon agent protecteur anti-UV ; il est présent dans certains produits de maquillage. Pour ses propriétés antiseptiques, il est aussi utilisé pour les soins de la peau.
  3. Les fullerènes, qui sont des molécules de carbone, sont utilisées dans certaines crèmes et produits hydratants, parce qu’elles ont des propriétés antibactériennes.
  • Ces nanoparticules posent de graves questions sur le plan de la santé.

Cette toxicité est réelle :

  1. Le Dioxyde de titane (TIO2) est considéré comme biologiquement inerte sous forme brute et est, d’ailleurs utilisé comme additif alimentaire (E172).

Cependant, des expériences en laboratoire montrent qu’à l’état de nanoparticule ou de particule de quelques centaines de nm, le dioxyde de titane endommage l’ADN[5], ce qui peut entraîner la mort de cellules. Si celui-ci est utilisées au-delà d’un certain seuil de concentration, il désorganise les fonctions cellulaires, interfère avec les activités de défense des cellules immunitaires et, en absorbant des fragments bactériens et en les faisant passer à travers le « tractus gastro intestinal », peut provoquer une inflammation[6]. Le tractus gastro-intestinal est la plus grande partie du tube digestif, composé de l’estomac et des intestins.

Des tests sur des souris dépourvues de poils, ont démontré que les nanoparticules de dioxyde de titane peuvent pénétrer à travers la peau, atteindre différents tissus et créer diverses lésions pathologiques au niveau de plusieurs organes majeurs. Les tests indiquent qu’après une « exposition subchronique » par voie cutanée, les nanoparticules de dioxyde de titane s’accumulent principalement dans la rate et le foie[7]. Une « exposition subchronique » est une exposition de durée intermédiaire entre une exposition aiguë et une exposition chronique (se rapporte à une période de vie comprise entre quelques jours et quelques années).

  • L’Oxyde de Zinc (Zn0) est un composé chimique d’oxygène et de zinc. Cet oxyde est quasiment insoluble dans l’eau

Depuis le début du XXe siècle, les fumées des fonderies (contenant de très fines particules – 60 nanomètres[8] – de ZnO) ont causé de graves inflammations pulmonaires chez les ouvriers qui y étaient exposés. Des expériences en laboratoire sur des rats, des coyotes, des lapins et des hommes ont confirmé les données empiriques.

Une exposition à de fortes concentrations à ce composé minéral est susceptible de provoquer une inflammation des voies respiratoires ainsi que des problèmes pulmonaires. L’oxyde de zinc peut servir de colorant. Toutefois, cette utilisation est limitée à un taux maximum de 5 % pour les lotions et les crèmes pour corps et à 25 % pour les poudres en raison de la toxicité de cet oligoélément. Un contact direct avec les muqueuses nasales, oculaires et vaginales peut être dangereux.

  • Les fullerènes de carbone, sont une famille de composés du carbone possédant au minimum 60 atomes de carbone

Les fullerènes de carbone ont des propriétés antibactériennes. Cependant, il a été montré qu’ils provoqueraient des lésions dans le cerveau des poissons ainsi que dans le foie humain. Une étude récente a d’ailleurs démontré que certains d’entre eux induisaient des effets similaires à ceux des fibres d’amiante et donc un risque de cancer.

Dans le cas des fullerènes, certaines études montrent que ces peuvent passer la barrière hémato-encéphalique, c‘est-à-dire la membrane qui sépare la circulation sanguine et le liquide céphalo-rachidien (le fluide dans lequel baigne le cerveau et la moelle épinière). Quand on sait que cette barrière évite le passage d’un certain nombre de bactéries ou de toxines dans le cerveau, on mesure les risques possibles de ces nanoparticules.

3. Mises en gardes ou « Comment se forger un jugement critique pour protéger les enfants ? »

3.1 Mises en gardes

L’EFSA (Autorité européenne pour la sécurité alimentaire) a publié un rapport[9] sur les risques potentiels liés à l’utilisation des nanotechnologies dans l’alimentation qui confirme largement le manque de connaissance actuel en ce qui concerne les effets potentiels et les impacts de matériaux nanodimensionnés (un milliardième de mètre) sur la santé humaine et l’environnement. Le Comité scientifique de l’EFSA insiste en conclusion sur le haut degré d’incertitude qui frappe toute évaluation du risque en la matière.

L’AFSSET (l’Agence Française de Sécurité Sanitaire, de l’Environnement et du Travail), dans un rapport sur l’exposition du consommateur aux nanomatériaux, affirmait en 2008[10] que « si certaines études in vitro et in vivo (en laboratoire NDLR), utilisant différents modèles de peau, montrent que les nanoparticules de dioxyde de titane ne pénètrent pas dans les tissus cutanés vivants et restent limités aux premières couches du ‘Stratum corneum’. A l’inverse, d’autres semblent indiquer que le passage cutané existe et que les nanoparticules de dioxyde de titane peuvent se retrouver dans la couche profonde de l’épiderme ».

Quatre ans plus tôt, le rapport de la Royal Society du Royaume Uni recommandait que « les composants sous forme de nanoparticules devraient être soumis à une étude de risque complète menée par le conseil scientifique adéquat, avant qu’elles ne soient autorisées à être utilisées dans des produits ». Malgré cet avertissement, les entreprises se précipitent pourincorporer des nanomatériaux dans leurs produits et cosmétiques, profitant de l’absenced’étude de risque indépendante.

Les Amis de la Terre / Friends of the Earth demandent un moratoire sur toute commercialisation de produits corporels qui contiennent des produits issus des nanotechnologies et que les produits actuellement sur le marché soient retirés jusqu’à ce que des études de risques, indépendantes, adaptées, soumises à la critique et accessibles au public n’aient été menées.

Le GRAPPE[11] rappelle qu’il plaide pour l’adoption d’un moratoire sur la mise sur le marché de produits manufacturés contenant des nanoparticules ou des nanomatériaux et susceptibles d’être inhalés, ingérés ou absorbés par voie cutanée. De toute manière, un étiquetage distinctif doit être apposé.

3.2. Les risques pour l’environnement

Selon l’usage qu’on en fait, les nanoparticules peuvent être diffusées en plus ou moins grande quantité dans les eaux, l’air et en fin de compte contaminer les sols et les eaux souterraines. Même lorsque les nanoparticules sont intégrées dans des produits manufacturés et durables (articles de sport, composants électroniques, …), elles se retrouveront en fin de vie de ces produits dans l’environnement et constitueront une nouvelle classe de polluants non biodégradables. Le GRAPPE précise que leur comportement à long terme et leurs effets sur les écosystèmes sont difficiles à prévoir, en l’absence d’expérience préalable. Au mieux, les nanoparticules formeront des conglomérats de taille classique et qui pourront être traités comme des déchets industriels familiers. Les études restent, à ce jour, peu nombreuses et insuffisamment approfondies pour qu’on puisse disposer de résultats concrets.

Concernant la pollution des sols, la réactivité très grande des nanoparticules implique que la probabilité de les voir se combiner avec des substances présentes dans les sols est grande. Il est donc parfaitement concevable, ajoute le GRAPPE, que de nouveaux composés toxiques apparaissent.

Enfin, en ce qui concerne la pollution des eaux[12], la recherche scientifique a démontré que l’on a retrouvé dans les glaces polaires les polluants organochlorés[13] produits dans les pays industrialisés. On peut donc imaginer que le cycle de l’eau transporte les nanopolluants sur l’ensemble de la planète.

4. Comment protéger les enfants des risques sanitaires liés aux nanoparticules contenues dans les crèmes solaires ?

Il est fondamental de protéger des nanoparticules les enfants, surtout les plus petits, en choisissant une crème solaire exempte de dioxyde de titane. Ces dernières années, la recherche biomédicale a clairement démontré que les premiers stades de la vie, de la conception aux deux premières années de l’enfance, sont des périodes de très grande vulnérabilité à la toxicité des substances chimiques.

Les femmes enceintes doivent éviter, également, d’utiliser des crèmes solaires contenant des nanoparticules afin de protéger leur enfant.

Ne jamais mettre de crème solaire contenant du dioxyde de titane sur un coup de soleil ou une peau abimée (blessure, eczéma, peau atopique, psoriasis, …). 30 à 50 % des individus sont atopiques (c’est-à-dire qu’ils ont une prédisposition aux allergies) et 2 à 3 % souffrent de psoriasis.

5. Conclusion

En général, il est toujours préférable de choisir une crème solaire sans Titane (dioxyde de titane, TiO2, E172). Il faut lire correctement la composition du produit avant d’acheter. Les crèmes solaires bio ne sont pas une garantie car elles ne sont nécessairement exemptes de dioxyde de titane. Dans le cas des crèmes solaires, comme de tous les produits cosmétiques en général, c’est le principe de précaution qui doit guider chaque consommateur, prioritairement à l’égard des enfants.


[1] Convention internationale relative aux Droits de l’Enfant (CIDE), ONU 1989.

[2] Le nombre de cancer chez l’enfant a grimpé de 30 % ces 20 dernières années, Sciences et Avenir, le 12.04.2017

[3] L’inquiétante augmentation du cancer chez l’enfant: 1 à 3% en plus chaque année, RTBF, 01 févr. 2013

[4] Le préfixe « nano » vient du grec « nanos » qui signifie nain. Un nanomètre équivaut à un milliardième de mètre soit approximativement 1/50 000 de l’épaisseur d’un cheveu humain.

[5] L’ADN est la molécule qui porte l’information génétique chez les vivants.

[6] Friends or Earth Australia, Europe and USA : « Out of the laboratory and on to our plates ; a report by G. Miller and Dr Rye Senjen, mars 2008. En ligne sur www.foeeurope.org/activities/nanotechnology/index.htm

[7] AFSSET « Nanomatériaux et exposition du consommateur » p 101 et 102

[8] 1 nanomètre (nm) correspond à un milliardième de mètre.

[9] Scientific opinion of the Scientific Comittee on a request from European Commission on the Potential Risks from Nanoscience ans Nanotechnologies on Food and Feed Safety ; the EFSA Journal (2009) 958, 1-39

[10] AFSSET Rapport « Nanomatériaux et exposition du consommateur » p107

[11] Les dossiers du Grappe : Nanotechnologies : les nanoparticules sont parmi nous.31 octobre 2009 http://www.grappebelgique.be/spip.php?article894

[12] Selon l’AFSSET, l’achat de crèmes solaires en France correspondrait à 2 300 tonnes et la part de TiO2 disséminé annuellement dans l’environnement en France serait de 230 tonnes par an !

[13] Les organochlorés ont la particularité d’être très persistants dans l’environnement (eau, air, sol) et de pouvoir s’accumuler dans les tissus graisseux animaux et humains.

4 février : journée mondiale contre le cancer

4 février : journée mondiale contre le cancer

Introduction

Depuis de nombreuses années, la Ligue des Droits de l’Enfant se soucie de la santé de ceux-ci. La Convention des Droits de l’Enfant, en son article 24, traitant du Droit de tous les enfants à la santé, précise notamment que les Etats parties s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale de ce Droit et, en particulier, de prendre les mesures appropriées pour (…) :

–           Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l’enfant (…) et bénéficient d’une aide leur permettant de mettre à profit cette information ;

–           Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l’éducation et les services en matière de planification familiale.

–           Prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants.

La santé des enfants, la prévention des maladie et l’inclusion des enfants à besoins spécifiques dans tous les pans de la société sont une des missions de la Ligue des Droits de l’Enfant. Or, il se fait que les mesures efficaces en vue d’abolir les pratiques préjudiciables à la santé des enfants pèchent par leur absence. L’industrie a créé des substances nocives qu’elle intègre à la fois aux aliments mais également aux cosmétiques, aux objets du quotidien, aux produits sanitaires, etc. qu’il est devenu extrêmement impossible aux parents de faire la part des choses et d’éviter de mettre en contact leurs enfants avec ces poisons.

Donner des conseils aux parents, afin que ceux-ci puissent se forger un jugement critique sur la question et protéger leurs enfants, fait partie de notre mission, comme tous les Droits de l’Enfant.

Selon l’OMS, le cancer est une cause majeure de décès dans le monde, à l’origine de 7,6 millions de décès en 2008, soit environ 13% de la mortalité mondiale. Pour commencer, tentons donc de comprendre ce phénomène. Ensuite, nous verrons comment tenter de limiter les risques au sein des familles, mais également dans les lieux d’accueil pour enfants (école, extrascolaire, classes vertes, camps de vacances, etc.)

Incidence des cancers chez l’enfant est en augmentation

Si les cancers de l’enfant sont rares (2 % de l’ensemble des cancers, soit 1 enfant de moins de 15 ans sur 10 000/an), ils sont en constante augmentation depuis les années 1970. Le nombre d’enfants de 0 à 14 ans, atteints de cancers, augmente en moyenne d’1% par an et les adolescents de 15 à 19 ans, d’1,5 % par an.

Pire, le phénomène s’aggrave d’une décennie à l’autre : pour les enfants, le taux augmentait de 0,9% entre les années 1970 et 1980, tandis qu’il a augmenté de 1,3% entre les années 1980 et 1990. Pour les adolescents, la hausse était de 1,3% entre 1970 et 1980 et de 1,8% entre 1980 et 1990. Selon une étude publiée par le Centre International de Recherche sur le Cancer, en Europe, le taux d’incidence du cancer infantile a augmenté de 1 à 3 % par an au cours des trois dernières décennies. Cela concerne principalement les leucémies et les tumeurs du cerveau[1].

Dans les pays industrialisés, environ 1 enfant sur 500 déclare un cancer avant l’âge de 15 ans.

Source: National Cancer Institute – 1997, repris dans « Ces maladies créées par l’Homme », Dominique BELPOMME, Albin Michel 2004

Le taux moyen de l’incidence du cancer par classe d’âge dans les années 1990, s’établissait à 140 cancers par million d’enfants, contre 124 dans les années 1980 et 118 dans les années 1970. Chez les adolescents, ce taux est de 193 par million au cours des années 1990, contre 165 dans les années 1980 et 147 dans les années 1970 []. Dans l’ensemble, le taux est de 157 cancers par million. La conclusion de l’étude est sans appel : « Nos résultats apportent une preuve évidente dune augmentation de lincidence du cancer de lenfant et de ladolescent durant les décennies passées et une accélération de cette tendance »[2].

La croissance du nombre de cancers chez l’enfant vient renforcer les hypothèses de cancers d’origine environnementale.

Cancers dont sont victimes les enfants de moins de 15 ans

Les cancers de l’enfant sont très différents de ceux de l’adulte : les principales localisations cancéreuses de ce dernier (poumon, sein, prostate, intestin) sont très rares chez l’enfant pour qui les leucémies et les tumeurs du système nerveux central constituent de loin les principales affections malignes.

Les hémopathies malignes représentent environ 40% des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans. Les leucémies représentent environ 30% des cancers de l’enfant. Les leucémies aiguës sont les plus fréquentes (environ 95% des cas de leucémies). En effet, 80% des cas de leucémie aiguë chez l’enfant sont des leucémies aiguës lymphoblastiques. Elles peuvent survenir à tout âge mais plus particulièrement entre 1 et 10 ans, le pic d’incidence se situant entre 2 et 3 ans. Leur pronostic est bon, avec un taux de survie à 5 cinq ans supérieur à 80%. Les leucémies aiguës myéloïdes sont plus rares et de moins bon pronostic (taux de survie à 5 ans de 61%).

Les lymphomes malins constituent également une part importante de la pathologie cancéreuse de l’enfant (12% des cas de cancer). Les lymphomes malins non Hodgkiniens (LNH) sont le type le plus fréquent (environ 65% des lymphomes) et surviennent principalement entre 1 et 15 ans. Les LNH sont de très bon pronostic, le taux de survie à 5 ans est supérieur à 80%.

Les tumeurs solides représentent environ 60% des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans

Les tumeurs du système nerveux central sont les tumeurs solides les plus fréquentes (près de 22% des cas de cancer) chez l’enfant. Elles peuvent toucher l’enfant à tout âge. Elles sont plutôt de pronostic péjoratif, le taux de survie à 5 ans étant légèrement inférieur à 65%. Ce taux varie en fonction du type histologique et de la localisation de la tumeur.

Les tumeurs dites embryonnaires ne se rencontrent pratiquement que chez le jeune enfant de moins de 5 ans. Elles siègent surtout dans le rein (néphroblastome ou tumeur de Wilms, 6% des cancers de l’enfant) et le système nerveux sympathique (neuroblastome, 9% des cancers de l’enfant), mais aussi l’oeil (rétinoblastome, 2% des cancers de l’enfant), le foie (hépatoblastome, 1% des cancers de l’enfant). Le pronostic de ce type de tumeur est variable, les neuroblastomes ayant un taux de survie à 5 ans plus faible (60%) que les néphroblastomes (84%).

Enfin, d’autres types de tumeurs solides, moins fréquentes, sont observées chez l’enfant : les tumeurs osseuses (6% des cancers), les sarcomes des tissus mous (5% des cancers), les tumeurs germinales (3% des cancers), les carcinomes et les épithéliales malignes (3% des cancers). L’incidence des tumeurs osseuses et des carcinomes augmente avec l’âge, les enfants de plus de 10 ans sont davantage touchés par ce type de tumeur. Le taux de survie à 5 ans pour les tumeurs osseuses est de 65% environ[3].

Les cancers sont des maladies créées par l’homme[4]

Contrairement à ce que l’industrie pharmaco-chimique prétend encore aujourd’hui, le tabac n’est plus la première cause de cancer.  Comme le rappelle cette résolution du Parlement européen du 6 mai 2010, intitulée « Agir contre le cancer », il ne s’agit pas uniquement de « la fumée de tabac dans l’air ambiant, le rayonnement et l’exposition excessive aux rayons UV », mais aussi de « l’exposition aux contaminants chimiques présents dans les aliments, l’air, le sol et l’eau en raison notamment des processus industriels, des pratiques agricoles ou du contenu de substances présentes dans les produits de construction et de consommation ».

Dans les pays industrialisés, comme la plupart[5] des autres maladies que nous subissons, le cancer n’est plus une maladie naturelle. Pour reprendre l’affirmation du professeur Dominique Belpomme, il est fabriqué par l’homme ! Les facteurs de cancérisation présents dans l’environnement sont multiples: radiations ionisantes, produits chimiques que nous ingérons ou respirons, virus ou microbes que notre environnement rend plus virulents.

Le 7 mai 2004, l’Appel de Paris[6] (signé par des centaines de scientifiques, médecins, juristes, humanistes, citoyens, et  d’associations, dont la Ligue des Droits de l’Enfant) déclarait que « Le développement de nombreuses maladies actuelles est consécutif à la dégradation de l’environnement »,  que « La pollution chimique constitue une menace grave pour l’enfant et pour la survie de l’Homme » et que « Notre santé, celle de nos enfants et celle des générations futures étant en péril, c’est l’espèce humaine qui est elle-même en danger » et appelait à interdire «  l’utilisation des produits dont le caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique (CMR) est certain ou probable chez l’Homme », et à « appliquer le principe de précaution vis à vis de tous produits chimiques pour lesquels, en raison de leur caractère toxique autre que celui défini dans la mesure 1 (voir §9 et 13), ou de leur caractère persistant, bioaccumulable et toxique, ou très persistant et très bioaccumulable,  il existe un danger présumé grave et/ou irréversible pour la santé animale et/ou humaine, et de façon générale pour l’environnement, sans attendre la preuve formelle d’un lien épidémiologique, afin de prévenir et d’éviter des dommages sanitaires ou écologiques graves et/ou irréversibles.»

Dix-neuf ans après l’appel de Paris, entre 30 000 et 50 000 produits chimiques sont toujours utilisés en Europe, dans les foyers et dans l’industrie. Pour une grande majorité, les effets sur la santé humaine et sur l’environnement ne sont pas connus. Or parmi ces molécules, seules 1 % d’entre elles ont été testées pour leurs effets toxiques. Certaines sont mutagènes, d’autres des perturbateurs hormonaux, et un certain nombre d’entre elles cancérigènes ou tératogènes[7]. À cela il y a lieu d’ajouter le fait que certains produits, bien que non directement cancérigènes, sont cocarcinogènes (ils peuvent potentialiser l’effet des cancérigènes), alors que d’autres encore peuvent être à la fois cancérigènes et cocarcinogènes.

S’il faut continuer à lutter de toutes ses forces contre le cancer, il est essentiel également, de se battre contre tous les facteurs qui le déclenchent, bien avant que la maladie n’apparaisse.

Les enfants sont les premières victimes

L’exposition aux poisons chimiques qui peuplent l’environnement, y compris le ventre de leur mère,  génère de nombreux troubles neurologiques chez des centaines de milliers enfants nés dans les pays développés : autisme, troubles de l’attention, hyperactivité, retard mental, …

Comme le rappelle une étude européenne[8], les « caractéristiques physiologiques et comportementales des nourrissons et des enfants augmentent leur vulnérabilité face aux impacts sanitaires négatifs des pesticides ». Cela est dû « au fait que leurs corps sont encore en train de se développer et que les systèmes de signaux chimiques utilisés pour diriger leur développement sont susceptibles d’être perturbés lorsqu’ils sont soumis à des toxines environnementales. »

  • Le cerveau des bébés est beaucoup moins protégé que celui des enfants et des adultes. La barrière hémato-encéphalique des bébés n’est complètement développée que vers l’âge de 6 mois ;
  • Ses voies de détoxification sont moins développées et, de ce fait, l’organisme de l’enfant est moins capable de métaboliser et d’éliminer les polluants ;
  • Les enfants boivent et mangent plus par kilogramme de poids corporel que les adultes, ce qui augmente l’effet des pesticides sur leur organisme » ;
  •  Les enfants jouent tout près du sol et ont l’habitude de porter leurs mains à leur bouche, ingérant les polluants qu’ils rencontrent au sol ;
  • L’alimentation des petits enfants est souvent plus riche en fruits et légumes, ce qui augmente leur exposition aux résidus de pesticides ;
  • Les nourrissons peuvent ingérer des résidus de pesticides à travers le lait maternel.

Et l’étude de conclure : «  Malgré les preuves de la vulnérabilité accrue des bébés et des enfants et la nature chronique et handicapante des effets sanitaires qui en résultent, on constate une absence de données spécifiques sur la toxicité postnatale de la majorité des pesticides actuellement utilisés. »

Une nourriture dangereuse pour la santé des enfants

Selon une étude publiée en 2010 par Générations futures[9], de nombreux produits chimiques dangereux  sont présents dans l’alimentation quotidienne d’un enfant d’une dizaine d’années. L’étude portait sur 3 repas types suivant les recommandations officielles –  5 fruits et légumes frais, 3 produits laitiers et 1,5 litre d’eau par jour – et un encas (avec des friandises). « Diverses substances  chimiques ont été recherchées par plusieurs laboratoires accrédités, spécialisés dans des analyses alimentaires : des plastifiants dont du Bisphénol A (BPA) et des phtalates, des retardateurs de flamme bromés (PBDE),des dioxines, furanes, PCB et autres Polluants Organiques Persistants (POPs), des pesticides ou encore des métaux lourds… […] Résultats ? Nos analyses montrent quen 24h, un enfant est susceptible dêtre exposé, uniquement par son alimentation, à des dizaines de molécules chimiques soupçonnées d’être cancérigènes ou encore soupçonnées dêtre des perturbateurs endocriniens par des instances sanitaires européennes ou américaines ! »

Dans un rapport de mars 2008, Greenpeace et les Amis de la Terre soulignaient que, « Pour les pommes, les poires et le raisin de table, 10% des taux limites fixés sont potentiellement dangereux pour les enfants qui sont de grands consommateurs de fruits ». Rappelons que les normes toxicologiques sont exprimées en quantité de substances par kilo de poids corporel. Dès lors, un enfant qui mange une pomme, une poire et une demi-grappe de raisin court plus de risques qu’un adulte de 75 kilos. Dans ce rapport, les organisations précisent qu’ « un enfant de 16,5 kg atteint les taux limites du procymidone en mangeant seulement 20 g de raison et ceux du méthomyl (un insecticide) avec 40 g de pommes ou 50 g de prunes. [10]». Quand on sait qu’une petite pomme pèse environ 120 grammes.

Substances chimiques et effets cocktails

Le 22 décembre 2009, Les ministres de l’environnement de l’U.E. se disaient « conscients que les êtres humains, les animaux et les plantes sont exposés à de nombreuses substances différentes provenant de sources et suivant des voies différentes, et que, selon des études récentes, les effets de la combinaison de ces produits chimiques, dont la toxicité reproductive et d’autres effets nocifs des perturbateurs endocriniens, peuvent avoir de graves répercussions sur la santé humaine et sur l’environnement« .

La réalité de l’effet cocktail a été mise en avant par plusieurs études. Une étude de 1996 a mis en évidence des effets de synergie entre des pesticides aux potentiels oestrogéniques faibles. Les effets des mélanges de pesticides étaient de 150 à 1600 fois plus importants que les effets des pesticides pris isolément[11]. Pour plus d’informations sur les cocktails chimiques, lire la plaquette réalisée par HEAL, WWF et Chem Trust (Sensibilisation du Grand Public aux enjeux des Perturbateurs endocriniens au niveau européen) http://reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2010/10/cocktailschimiques.pdf

Un cocktail de pesticides dans les cordons ombilicaux

En 2005, WWF et Greenpeace ont publié un rapport[12] concernant le sang de 47 femmes enceintes ou allaitantes et les cordons ombilicaux de 22 nouveau-nés. Des traces de phtalates, de BPA, de retardateur de flammes bromés, de PCB, de pesticides organochlorés, de musc synthétiques, le PFC et de triclosan (utilisé dans certains dentifrices) furent retrouvés dans la majorité des prélèvements.

Des mesures de précaution doivent être prises pour éviter toute exposition in utero. Il est urgent de protéger l’exposition de la mère et, donc, d’éliminant les substances dangereuses des produits quotidiens que nous utilisons et de l’environnement dans lequel nous vivons.

Nous demandons une politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants.

Il y a aujourd’hui quatre types de causes à l’origine des cancers et contre lesquelles il est nécessaire de lutter : les rayonnements, les produits chimiques, certains microorganismes, et certains médicaments.

Dans les pays industrialisés, les cancers d’origine physico-chimique prédominent. Les cancérologues estiment que, si on excepte le tabagisme et l’alcoolisme, les causes chimiques pourraient être responsables de 80 % de l’ensemble des cancers, tandis que les causes virales et les rayonnements ne représenteraient qu’environ 20 % des cancers. Dans les pays en voie de développement, c’est le contraire (bien qu’aujourd’hui la différence tende à s’atténuer du fait de leur industrialisation progressive). Dans ces pays, ce sont en effet les causes naturelles, qui prédominent, essentiellement microbiologiques.

Aujourd’hui, les politiques de prévention du cancer portent essentiellement sur le tabagisme, la sédentarité, les facteurs diététiques, l’obésité et le surpoids, la consommation d’alcool, les infections (hépatites virales, …), la pollution environnementale (air, eau, sol, air intérieur des habitations, …), les cancérogènes professionnels, et les rayonnements (radon, UV, …)[13].

Les facteurs alimentaires sont largement ignorés par les autorités (in)compétentes

On peut constater que les causes chimiques, autres que professionnelles, sont largement ignorées. Les pesticides présents dans la plupart des aliments, les additifs divers (colorants, modificateurs de goût et conservateurs alimentaires), les engrais nitratés, les dangers des plastiques, les dioxines[14], …, ne sont que peu pris en compte par les autorités sanitaires, au nom de la rentabilité économique et à l’encontre de la santé des consommateurs.

Il n’y a pas de réelle politique de prévention

Une véritable politique de prévention consisterait à éviter la maladie en supprimant les facteurs de risque qui sont à l’origine des cancers et autres maladies environnementales. Si on veut lutter contre le cancer il est indispensable d’avoir une politique de prévention beaucoup plus ambitieuse qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Il faut permettre au citoyen de se défendre

Nous demandons, de la part des responsables de la santé et de l’environnement, la mise en place rapide d’une véritable politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants (et le cancer en général) qui, par l’information des parents et des citoyens, leur permettra d’agir en connaissance de cause et de prendre en main la protection de la santé de leurs familles.

Il faut permettre aux parents de prendre en main la protection de leurs enfants. Ils ont la possibilité d’influer les industriels et lobbies agroalimentaires. En exigeant du bio à 100 %, en refusant les additifs alimentaires, ils ont en main les leviers du changement et de la santé de leurs enfants.

Prévenir les mères, afin qu’elles puissent se forger un jugement critique qui va aider leurs enfants

Donner une infirmation correcte et préventive

  1. Sur la dangerosité des produits phytopharmaceutiques

Selon l’EPA (Agence de protection de l’environnement aux Etats-Unis), les enfants sont particulièrement sensibles aux pesticides. Elle cite les maladies que peuvent développer les enfants à la suite d’une exposition aux produits chimiques : « La leucémie est le cancer le plus courant chez les enfants de moins de 15 ans et représente 30 % de tous les cancers infantiles, suivie du cancer du cerveau. » 

Une information correcte des mères, sur le rôle que jouent les pesticides, permettrait de réduire considérablement l’incidence de la leucémie infantile. Une série d’études épidémiologiques récentes ont démontré que l’usage des pesticides d’intérieur pendant la grossesse doublait au minimum la probabilité que l’enfant développe une leucémie ou un lymphome non hodgkinien. Il est démontré que l’exposition maternelle prénatale aux insecticides (d’intérieur ou agricoles) multiple par 2,7 le risque de leucémie chez l’enfant, et ce risque est multiplié par 3,7 lors d’une exposition maternelle professionnelle aux herbicides[15].

  • Sur les solutions que les parents doivent pouvoir mettre en place

Eviter les polluants intérieurs avant et durant la grossesse.

De très nombreux produits, issus de la chimie, polluent l’air intérieur de nos habitations. Les dangers qu’ils représentent sont important pour la santé des habitants mais surtout des enfants in utero ainsi que des jeunes enfants. Permettre aux familles de les éliminer, leur permettra d’influer positivement sur la santé future de leurs enfants.

De nombreux produits tels que le formaldéhyde (présent dans les peintures, les meubles, les colles, …), le cadnium (rideaux, chaussures), les PFC (Composés perfluorés – anti-adhésifs, vêtements, …), les retardateurs de flammes bromés (télévisions, ordinateurs, meubles), sont  des cancérigènes puissants.

Eviter les cosmétiques non naturels

Des chercheurs américains ont identifié 10 500 produits chimiques industriels utilisés comme ingrédients cosmétiques. La liste est inquiétante. On y retrouve, notamment, des agents carcinogènes, des pesticides, des éléments toxiques pour la santé reproductive, des perturbateurs endocriniens, des plastifiants, des solvants de dégraissage et des agents tensioactifs.

Par exemple, les BHA et BHT qui se retrouvent notamment dans les produits hydratants et le maquillage sont suspectés d’interférer avec les fonctions hormonales et d’être cancérigène.

Les parabènes, utilisés comme agents de conservation, sont considérés comme perturbateurs endocriniens et pourraient interférer avec les fonctions reproductrices mâles.

Les Parfums, mixtures de produits chimiques, peuvent déclencher des allergies et de l’asthme. Certains sont associés au cancer et à l’intoxication des neurones.

Les « Sodium laureth sulfate » se retrouvent dans les produits moussants tels que les shampoings et les produits pour le bain. Il peut contenir du 1,4-dioxane, potentiellement cancérigène.

Le Triclosan se retrouve dans les produits antibactériens tels que le dentifrice, les nettoyants et les

Anti-transpirants. Il est suspecté d’interférer avec la fonction hormonale et de contribuer à la résistance aux antibiotiques.

S’alimenter en bio.

On a vu que les pesticides passaient directement de la mère à l’enfant via le cordon ombilical. Il est donc essentiel qu’avant et pendant la grossesse (mais également durant la période d’allaitement) la maman s’aliment exclusivement avec des aliments issus de l’agriculture biologique.

Les aliments biologiques sont une réponse intéressante à la lutte contre le cancer dû aux produits chimiques « alimentaires ». Une étude[16] de l’université de Washington a comparé la concentration de métabolites des pesticides organophosphorés (OP) (classe d’insecticides qui perturbent le système nerveux) dans l’urine de 39 enfants de 2 à 4 ans vivant en ville et en banlieue, et a constaté que les enfants mangeant des fruits et des légumes biologiques présentaient des concentrations de métabolites de pesticides six fois plus faibles que des enfants mangeant des produits conventionnels. Cette étude conclut que manger des fruits et des légumes biologiques peut réduire de manière significative les charges de pesticides auxquelles sont exposées les enfants – et constitue une information que les parents peuvent utiliser afin d’agir pour réduire le danger que subissent leurs enfants.

Une autre étude publiée 3 ans plus tard a montré qu’un changement de régime faisait très disparaître rapidement les résidus de pesticides relevés dans les urines des enfants nourris avec des aliments issus de l’agriculture chimique. Une autre étude, conduite pendant 4 saisons consécutives et au cours de laquelle des enfants de 3 à 11 ans ont changé plusieurs fois de régime alimentaire, a confirmé ces résultats deux ans plus tard par. A chaque fois, le niveau de pesticides disparaissant moins de 10 jours après leur passage à une nourriture bio [17]».

Il y a lieu de passer le plus rapidement possible au tout bio. Pour cela, il est nécessaire de modifier la PAC au seul profit de la santé des consommateurs. En continuant à soutenir les méthodes « traditionnelles » ou « modérées », cette politique ne permet pas au « bio » de progresser suffisamment et d’être abordable par l’ensemble de la population, notamment par les familles modestes où la part de la nourriture, dans le budget du ménage, est limitée.


[1] Steliarova-Foucher E et al ; Geographical patterns and time trends of cancer incidence and survival among children and adolescents in Europe since the 1970s (the ACCISproject): an epidemiological study.Lancet. 2004

[2] Ibid.

[3] Source : Epidémiologie des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans en Ile-de-France, Judith Dulioust, Philippe Pépin, Isabelle Grémy – Observatoire régional de santé d’Ile-de-France – Juin 2007

[4] « Ces maladies créées par l’Homme », Dominique BELPOMME, Albin Michel 2004

[5] On peut citer les stérilités masculines, les malformations congénitales, la plupart des maladies cardiovasculaires, l’obésité, la très grande majorité des diabètes, les infections nosocomiales, les allergies, l’asthme …

[6] http://www.artac.info/fr/appel-de-paris/texte-en-six-langues/francais_000075.html

[7] Agents pharmacologiques qui lors de leur utilisation provoquent le développement de masses cellulaires anormales au cours de la croissance fœtale, provoquant des défauts physiques sur le fœtus.

[8] Mark Blainey et alii, « The benefits of strict cut-off criteria on human health in relation to the proposal for a regulation concerning plant protection products”, Comité de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen, octobre 2008

[9] « Enquête sur les substances chimiques présentes dans notre alimentation », Générations futures avec Health & Environnemental Alliance, le réseau environnement santé du WWF France – http://www.menustoxiques.fr/pdf/Rapport_assiette_toxique_281110.pdf

[10] Lars Neumeister, « Die unsicheren Pestizidhöchstmengen in der EU. Überprüfing es harmonisierten EU-Höchstmengen hinsichtich ihres potenziellen akuten und chronischen Gesundheitrisikos », Greenpeace et GLOBAL 2000, les Amis de la Terre/Autriche, mars 2008.

[11] Arnold et al. “Synergistic activation of estrogen receptor with combinations of environmental chemicals.” Science 272. 1489-14921

[12] WWF/Greenpeace, “ A present for life, hazardous chemicals in umbilical cord blood”, septembre 2005

[13] Voir le site de l’O.M.S. : http://www.who.int/cancer/prevention/fr/index.html

[14] Si les dioxines sont interdites, les composés dioxiniques apparaissent en grande quantité dans le voisinage des incinérateurs et dans celui des usines fabriquant des pesticides organochlorés, les papeteries ou encore certaines usines métallurgiques.

[15] Donald Wigle et alii, « A systemic review and meta-analysis of childhood leukemia and parental occupational pesticide exposure”, Environmental Health Perspectives, vol. 117, N°5, mai 2009, p. 1505-1513 – et – Claire Infante-Rivard et alii, « Risk of childhood leukemia associated with gene polymorphisms », Epidemiology, vol.10, septembre 2009, p 481-487 – Citées par Marie-Monique Robin dans “Notre poison quotidien – Arte Editions 2011.

[16] Cynthia Curl et alii, « Organophosphorus pesticide exposure of urban and suburban preschool children with organic and conventional diets », Environmental Health Perspectives, vol. 111, 2003 p 377-382.

[17] Chensheng Lu et alii, « Dietary intake and its contribution to longitudinal organophosphorus pesticide exposure in urban/suburban children », Environmental Health Perspectives, Vol. 116, N°4, avril 2008, p. 537-542.