La question de l’efficacité du redoublement est, depuis peu, redébattue au sein de la communauté scientifique. Hugues Draelants estimant que « les résultats des recherches sur les effets du redoublement sur les performances des élèves ne sont, pour l’heure, pas pleinement probants[1] », Benoit Galand[2], Dominique Lafontaine, Ariane Baye, Dylan Dachet, Christian Monseur estimant quant à eux qu’ « à une exception près, tous ces résultats concluent soit à une absence de bénéfice du redoublement sur les acquis scolaires des élèves à moyen terme, soit à des effets négatifs ». Hughes Draelants ne plaide pas, pour autant, pour une réhabilitation du redoublement. Il invite à aller plus loin dans les recherches sur les conditions qui feraient qu’un redoublement pourrait être bénéfique et a contrario non bénéfique. « Il s’agit autrement dit de penser les conditions de possibilité d’un « bon usage » du redoublement, qui devrait être envisagé comme une solution de dernier recours à utiliser de manière réflexive[3] ».
Nous ne les départagerons pas, étant loin d’être spécialistes des sciences de l’éducation. Nous sommes essentiellement des défenseurs des droits fondamentaux luttant contre toutes les discriminations qui touchent les enfants. C’est à ce titre que ce dossier est rédigé. Notre posture est pleinement engagée et nous assumons notre opposition à la compétition et la sélection par le redoublement, ainsi qu’à celles et ceux qui le soutiennent et/ou le pratiquent car c’est, selon nous, de la maltraitance, qu’il est profondément injuste car il permet à des adultes de jouer à la roulette russe avec des enfants et leur avenir[4].
Disons quand même un mot sur les recherches en question. La question de l’efficacité du redoublement revient à se demander s’il permet aux élèves de progresser dans leurs apprentissages, bref si leurs résultats scolaires s’améliorent. Chacun d’entre nous a pu constater que lorsque nous avons côtoyé un « redoublant » durant nos études ou, pour nous enseignants, chaque fois que nous avons eu un élève qui redoublait dans notre classe, en fin de seconde année, celui-ci avait fait des progrès. C’est encore heureux ! Lorsqu’on est confronté deux fois aux mêmes apprentissages, il est assez normal que nous les acquérions mieux ! Le contraire serait dramatique, tout enfant qui apprend quelque chose pour la seconde fois progresse au moins un petit peu. Dès lors, le redoublement peut apparaître aux professeurs comme positif et efficace en termes d’apprentissages.
Cependant, cette
impression ne suffit pas à déterminer si le redoublement est réellement
efficace. Est-elle objective ou est-elle basée sur des mirages tels que nous a
depuis longtemps habitué notre cerveau d’humain. De nombreux chercheurs se sont
penchés sur la question et ont suivi des cohortes d’élèves durant parfois de
nombreuses années. Leur constat va dans le même sens que celui des
professeurs : un élève qui redouble et qui réapprend pour la seconde fois
une même matière progresse. On s’y attendait, mais est-ce suffisant ? La
question subsidiaire que nous devons poser maintenant – la bonne question – est :
« A-t-il progressé plus, autant ou moins que s’il n’avait pas été
contraint de redoubler ? » Autrement dit, le redoublement a-t-il été
plus efficace (ou l’a-t-il été moins) que la promotion (le passage dans la
classe supérieure) ? Sous-sous-question : « Ai-je maltraité ou
non un élève en lui faisant perdre inutilement un an dans sa vie ? »
Pour répondre à
cette question on ne peut plus fondamentale, les chercheurs[5]
ont apparié sur base d’évaluations externes, au sein d’importants groupes
d’élèves ceux qui sont de niveau scolaire identique et très faible. On sait que
les exigences des professeurs varient fortement. Dès lors, selon que l’on soit
dans une classe plutôt que dans une autre, certains élèves sont contraints de
redoubler alors que d’autres sont promus.
Ils ont donc établi deux groupes d’élèves. Le premier étant constitué d’élèves redoublants, tandis que le second était quant à lui constitué d’élèves qui, bien qu’étant du même niveau que les enfants du premier groupe, ont été promus dans les classes supérieures. A l’entrée et à la sortie de chaque année ces jeunes ont été testés et cela parfois durant plusieurs années successives. Voici ce que cela donnait et les résultats obtenus. L’année de référence, celle du redoublement ou de la promotion ayant la valeur N. C’est donc sur les années suivantes N+1 et N+2, etc. que vont se baser les études comparatives.
On peut remarquer
qu’il n’y a pas de différence entre le test 3 des élèves ayant redoublé et le
test 2 des élèves ayant été promus. Malheureusement pour les premiers il aura
fallu un an de plus.
Les conclusions des
chercheurs sont instructives : l’élève qui redouble s’améliore mais celui
qui a été promu malgré qu’il avait les mêmes difficultés progresse plus encore.
Autrement dit, la promotion (le passage dans la classe supérieure) permet à un
élève de progresser plus que si on l’avait fait redoubler.
Ceci démontrerait
l’inefficacité du redoublement. Sur les diverses études sur les effets du
redoublement, nous vous renvoyons vers notre dossier disponible sur Internet
« L’échec scolaire est une maltraitance [6]».
Pour Benoit Galand
& al, La plupart de ces études sont
de bonne qualité méthodologique et observent soit une absence de bénéfice du
redoublement, soit des effets négatifs. L’année redoublée semble bien une année
inutile[7].
Par contre, selon Hugues Draelants, le
problème de ces recherches tient au fond à ce que l’on ne sait rien du
contexte, raison pour laquelle on ne peut jamais s’assurer que les groupes
comparés dans les études procédant par appariement (ou matching) sont
équivalents.Ce qui […] semble
particulièrement problématique est que les chercheurs qui recourent à ce type
d’étude sont susceptibles de comparer des élèves qui ne sont pas scolarisés
dans les mêmes classes, ni dans les mêmes établissements et zones scolaires[8].
Malgré que des
études plus actuelles aboutissent à des résultats quasiment opposés à ceux des
études antérieures, leurs auteurs ne révisent pas leur jugement sur le
redoublement. Dans l’ensemble, les résultats positifs sont des résultats de
court terme. Ils ne seraient donc que transitoires. Les effets à moyen et long
terme seraient quant à eux négatifs : risque accru de décrochage scolaire,
sortie du système scolaire sans diplôme, …
L’efficacité du redoublement
à la lumière des enquêtes internationales
Que penser des
effets du redoublement à la lumière des enquêtes internationales ? Selon
Benoit Galand[9], « Les enquêtes internationales menées à
l’initiative de l’OCDÉ (PISA[10]) et
de l’IEA[11]
(PIRLS et TIMSS) constituent une source précieuse pour étudier le lien entre
certains mécanismes structurels comme le redoublement, l’efficacité des
systèmes éducatifs, leur équité et les phénomènes de ségrégation. »
Le redoublement est-il une
pratique universelle ?
En Communauté française, les professeurs adhèrent au redoublement pensant que c’est une pratique universelle (hormis en Finlande, pays dont on leur bassine les oreilles… à juste titre, ce qui a tendance à les crisper). Il est vrai qu’on redouble aussi dans les pays limitrophes à la Belgique, ce qui les conforte dans leurs croyances. Mais qu’en est-il vraiment ?
Le tableau ci-dessous montre que notre système scolaire est celui où la proportion des jeunes en retard à l’âge de 15 ans est la plus élevée des pays industrialisés. Près de la moitié des jeunes de 15 ont redoublé au moins une fois dans leur jeune carrière d’élèves : 47,8% en 2012 contre une moyenne de 13% pour les pays de l’OCDE.
Les pays sont classés par ordre décroissant, en fonction
de leur taux de retard en 2009[12].
Dans 18 pays sur 34, le taux de retard est inférieur à 10%, ce qui chez nous correspond au nombre d’élèves en retard en début de…. 3e primaire (CE2). En recourant massivement au redoublement, nous sommes bien une exception dans les pays qui se disent civilisés.
Comme le rappellent
Baye, Chenu, Crahay, Lafontaine, & Monseur
: « Par ailleurs, ces résultats
permettent de réfuter l’idée selon laquelle une pratique intensive du
redoublement va de pair avec un haut niveau de performance (conséquence
d’exigences plus fortes liées au redoublement) : les pays qui apparaissent dans
la partie supérieure du classement en fonction du taux de redoublement ne sont
pas particulièrement réputés pour afficher des scores moyens élevés aux
épreuves PISA. D’ailleurs, la corrélation entre taux de retard et performances
en mathématiques à PISA 2012 n’est pas significative (0.06, p=.74). Il n’y a
pas de lien entre le taux d’élèves en retard et la performance enregistrée dans
PISA. Ces données battent en brèche l’idée selon laquelle une pratique
intensive du redoublement irait de pair avec un niveau d’exigence élevé. »
Le redoublement de masse
rend-il notre système scolaire particulièrement efficace ?
Si le redoublement était efficace, nous serions en tête des classements PISA, puisque nous sommes les champions toutes catégories de cette pratique. Pourtant, on peut constater qu’il n’en est rien. La Fédération Wallonie-Bruxelles se situe loin dans le classement, que ce soit en sciences, en lecture ou en mathématique (source PISA 2015).
Le redoublement n’a
donc servi à rien. Pire, selon Benoit Galand et al[13],
des indicateurs d’efficacité, de
dispersion, d’inégalités sociales, de ségrégation scolaire et sociale ont été
mis en relation avec les taux de retard respectifs des différents systèmes
éducatifs. Ils en ont donc dégagé un ensemble de forces, notamment
concernant les inégalités sociales.
C’est dans ce
domaine que les résultats sont les plus nets et les plus concordants. C’est
dans les systèmes qui pratiquent le redoublement que les inégalités liées aux
origines socioculturelles de élèves sont les plus importantes. « En d’autres termes, le déterminisme social y
est plus pesant. Il y est plus difficile de sortir de sa condition en
empruntant l’ascenseur social. » Et ils continuent en expliquant
comment le redoublement amplifie ces inégalités : « des
élèves qui ont la même performance dans PISA n’ont pas les mêmes risques
d’avoir connu le redoublement selon leur origine sociale ; ces risques sont
accrus pour un élève défavorisé. Il y a donc bien injustice, le redoublement
amplifie les écarts de performances en fonction de l’origine sociale. […] Le
niveau de performances d’une école à l’autre varie nettement plus quand les
taux de retard sont plus élevés. Si le redoublement ne crée pas les différences
entre écoles, il participe d’une logique de séparation ou de tri qui est à
l’origine des différences entre écoles. » Et
ils précisent qu’un « recours plus
fréquent au redoublement s’accompagne ainsi d’une exacerbation des différences
entre écoles et d’une homogénéisation des élèves à l’intérieurdes
écoles. Ce résultat n’a rien de surprenant : c’est précisément une logique fondée
sur des conceptions éducatives consistant à penser que l’enseignement sera plus
efficace si les élèves sont plus semblables, ou si les classes sont plus homogènes,
qui justifie le recours au redoublement et aux autres mécanismes de tri et de
sélection des élèves comme les filières précoces dans le secondaire. »
C’est le grand mythe de l’homogénéité des classes qui a conduit des écoles à regrouper les élèves par classe en fonction de leurs résultats scolaires, et donc de leurs origines socioculturelles. C’est en somme ce que font également les pratiques du redoublement et de l’orientation : regrouper progressivement les élèves selon leurs classes sociales, dans des écoles socialement ségrégées.
Au vu des enquêtes internationales, qu’en est-il sur le plan de
l’efficacité ?
Sur ce plan, les résultats
sont moins nets. Dans PISA, selon que les taux de retard sont importants, les
performances ont tendance à être moins élevées dans tous les cycles. PIRLS
n’est pas plus précis, les résultats variant selon les cycles. Galand et al. concluent en précisant que « Ce qui est par contre certain, c’est que des
taux de retard élevés ne « dopent » pas les performances des élèves. »
Ils concluent en affirmant
qu’ « il est possible d’affirmer
qu’en optant pour une politique visant à réduire les taux de redoublement, les
inégalités scolaires liées à l’origine sociale et la ségrégation scolaire et
sociale pourraient diminuer pour autant que ces réductions s’accompagnent d’un
véritable changement de logique ou de politique dans la gestion des difficultés
d’apprentissage et pas d’une réduction mécanique des taux de redoublement. »
Oui, mais… ne peut-on craindre un nivellement par le bas ?
Ah… le nivellement par le bas, le vieux mythe de tous ceux qui ne
connaissent rien en pédagogie, ainsi que des élitistes qui ont l’obsession de
la sélection sociale. Faire peur aux gens pour surtout ne rien changer du tout.
Leur discours est connu, jamais assorti d’études sérieuses (ou d’études tout
court).
Dans le tableau ci-dessous, et en se référant au tableau
précédent, on remarquera que de nombreux pays qui pratiquent peu ou pas le
redoublement atteignent un niveau de performance de loin supérieur aux
résultats obtenus par le système scolaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Nous
sommes, en tous points, en-deçà de la moyenne de l’OCDE, comme d’autres pays le
pratiquant également (quoique moins que nous) comme le Luxembourg, l’Espagne ou
le Portugal. La France a des résultats légèrement supérieurs à la moyenne de
l’OCDE, mais elle a changé sa politique en matière de redoublement.
Deux de nos plus proches voisins, le Luxembourg et la France ont diminué
de façon sensible le redoublement depuis 2000[14],
ils n’ont enregistré aucun effondrement de leur niveau, ce qui démontre qu’un
système scolaire qui diminue le redoublement, ne baisse en aucune manière de
niveau.
Ce qui fait la différence entre redoublement et non redoublement,
c’est la mise en place de pédagogies efficaces. L’enseignement frontal tel que
le pratiquent les professeurs en Fédération Wallonie-Bruxelles, n’est pas de
l’enseignement, mais de la sélection. Tant qu’on en restera à une pratique de
sélection, on continuera à faire redoubler et notre système scolaire sera
particulièrement inefficace.
Le tableau suivant montre les performances globales dans les trois
disciplines pour les pays de l’OCDÉ et les trois communautés belges (source PISA
2015) :
[1] Hugues
Draelants – Le redoublement est-il vraiment moins efficace que la promotion
automatique ? Une évidence à réinterroger & Le redoublement n’est pas un
médicament – Réponses et pistes pour une approche modérée et réflexive de son
usage – Les Cahiers de recherche du Girsef, N°113, juin 2018 & 115, Mai
2019
[2] Benoît Galand,
Dominique Lafontaine, Ariane Baye, Dylan Dachet, Christian Monseur – Le
redoublement est inefficace, socialement injuste, et favorise le décrochage
scolaire – Les Cahiers des Sciences de l’Éducation 38 – 2019
[3] Hugues
Draelants – Le redoublement n’est pas un médicament – Réponses et pistes pour
une approche modérée et réflexive de son usage – Les Cahiers de recherche du
Girsef 115, mai 2019.
[4] Selon
la CIDE (Convention Internationale des Droits de l’Enfant), est enfant tout
jeune de moins de 18 ans. Nous étendrons les droits de ceux-ci à tous ceux que
l’école a retardé par des redoublements en cours de scolarité. Si leurs droits
ont été bafoués et qu’ils ont perdu des années d’adultes en devant recommencer
un an, voire plus, leurs droits doivent être préservés tout au long de la
scolarité obligatoire.
[5] Marcel Crahay – Peut-on
lutter contre l’échec scolaire 1996 et 2003
[7] Benoît
Galand, Dominique Lafontaine, Ariane Baye, Dylan Dachet, Christian Monseur – Le
redoublement est inefficace, socialement injuste, et favorise le décrochage
scolaire – Les Cahiers des Sciences de l’Éducation 38 – 2019
[8] Hugues
Draelants – Le redoublement est-il vraiment moins efficace que la promotion
automatique ? Une évidence à réinterroger – Les Cahiers de recherche du Girsef,
N°113, juin 2018
[9] Benoît
Galand, Dominique Lafontaine, Ariane Baye, Dylan Dachet, Christian Monseur – Le
redoublement est inefficace, socialement injuste, et favorise le décrochage
scolaire – Les Cahiers des Sciences de l’Éducation 38 – 2019
[10] PISA
est une enquête menée tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les
pays membres de l’OCDE et dans de nombreux pays partenaires. Elle évalue
l’acquisition de savoirs et savoir-faire essentiels à la vie quotidienne au
terme de la scolarité obligatoire. Les tests portent sur la lecture, la culture
mathématique et la culture scientifique.
[11] l’International
Association for the Evaluation of Educational. Les enquêtes internationales sur
les acquis des élèves sont bien antérieures à l’arrivée de PISA dans les années
2000.
[12] Source :
Baye Ariane, Chenu Florent, Crahay Marcel, Lafontaine Dominique, Monseur
Christian – Le redoublement en Fédération Wallonie-Bruxelles 2014
[13] Benoît
Galand, Dominique Lafontaine, Ariane Baye, Dylan Dachet, Christian Monseur – Le
redoublement est inefficace, socialement injuste, et favorise le décrochage
scolaire – Les Cahiers des Sciences de l’Éducation 38 – 2019
[14] La France a diminué le redoublement de 16 %) et le Luxembourg de 9 %.
Prost[1]
a postulé que la menace de l’échec serait le moteur du travail des élèves. Et
pour que la menace soit crédible, il faut qu’elle soit appliquée sur un certain
nombre d’élèves. Bref, le redoublement ne sert pas tant aux élèves qui en sont
victimes mais à tous les autres et les professeurs auraient besoin de pouvoir
brandir cette menace pour les « faire travailler ».
Pour Prost, l’orientation
par l’échec ne constitue pas une anomalie, mais au contraire un trait
constitutif de notre système, celui-ci s’en accommode. Mieux, il en tire parti
pour faciliter son propre fonctionnement, et peut-être même cesserait-il de
fonctionner s’il cessait d’orienter par l’échec, c’est-à-dire s’il perdait le
droit de pouvoir refuser aux élèves les sanctions qu’ils demandent[2].
Cette crainte est présente chez les professeurs. L’enquête menée par Stegen[3] auprès de 263 professeurs et enseignants de la Communauté française Wallonie-Bruxelles (partie francophone de la Belgique), 62 % d’entre eux estiment que la suppression du redoublement en début de secondaire, préconisée par le Ministre de l’Education de l’époque, entraînera un nivellement vers le bas.
Selon Draelants[4]
l’attachement au redoublement en Belgique francophone satisfait des fonctions
latentes essentielles : gestion de l’hétérogénéité et tri des élèves au sein
des établissements ; positionnement stratégique et symbolique par rapport à des
établissements environnants ; régulation de l’ordre scolaire au sein des
classes ; maintien de l’autonomie professionnelle des professeurs.
Jean-Jacques Paul
et Thierry Troncin[5] se
demandant comment aseptiser, en profondeur et dans les meilleurs délais le
redoublement en France en ont conclu que les changements d’organisation, voire l’accroissement
des moyens, ne sont rien face au comportement de l’acteur essentiel à l’école qu’est
l’enseignant. Si le professeur n’adhère pas au changement, nos procédures sont
telles que peu de choses évolueront au sein de la classe.
Précisons à la décharge des professeurs adeptes du redoublement, qu’une large fraction des parents – en particulier ceux qui tirent parti de la sélectivité scolaire – manifeste un grand attachement au redoublement. Bourdieu et Passeron[6] précisent que pour certaines familles, généralement celles issues des milieux sociaux les plus privilégiées, l’échec scolaire d’une partie des élèves, l’inégalité des formations n’est pas l’échec du système d’enseignement mais au contraire le signe de sa réussite par rapport à ce qu’[ils] en attendent, c-à-d. maximiser leur position sociale au détriment des classes les plus modestes. Draelants précise que [cette] demande parentale de sélectivité, … , stimule l’offre et participe au maintien de pratiques élitistes dans certaines classes et établissements préoccupés d’attirer le public le plus ajusté aux attentes de l’école.
Pour François Dubet[7], le professeur aurait de « bonnes raisons » de croire dans les vertus du redoublement quand bien même les études démontrent largement le contraire. Dans le meilleur des cas (qui ne concerne qu’une minorité d’élèves redoublants), l’élève sera un peu « meilleur » dans son année de redoublement. Il s’agirait donc d’observation et de bon sens. En fait, le professeur compare le même élève dans la même classe alors que le chercheur procède tout autrement, en comparant deux élèves dont les niveaux ont été testés et qui sont considérés comme « identiques », dont l’un a redoublé et l’autre pas. Il démontre ainsi que le second réussit mieux. Le chercheur a incontestablement raison puisqu’il établit une comparaison scientifique mais le professeur n’a pas tout-à-fait tort de penser le contraire puisqu’il voit que « son » élève a progressé. Seulement, il ne peut le comparer à rien et de ce fait ne peut se rendre compte que le non-redoublement lui aurait été bénéfique.
Pour Dubet, il y
aurait une seconde famille de raisons qui fondent la croyance des professeurs. Ceux-ci
sauvent des croyances essentielles que l’expérience la plus banale ne confirme
pas, mais qu’il est indispensable de maintenir pour continuer à vivre dans l’école.
Ce sont des fictions nécessaires que la connaissance ne peut franchir
facilement. Le système des fictions nécessaires de l’école démocratique repose
sur deux piliers, sur deux principes considérés comme indiscutables et non
démontrables : un principe d’égalité, tous les élèves sont fondamentalement
égaux et peuvent prétendre aux mêmes choses ; un principe de mérite, fondant
des inégalités justes. Le problème tient évidemment au caractère contradictoire
de ces deux principes car, pratiquement, il convient de classer les élèves et d’affirmer
leur égalité, ce qui oblige à expliquer leurs inégalités de performances comme
les conséquences de leur liberté. Professeurs et élèves s’accordent sur cette
fiction grâce aux vertus du travail, considérant que les différences scolaires
tiennent à la quantité de travail que les élèves engagent librement dans les
exercices scolaires : tous les élèves sont égaux et les meilleurs sont ceux qui
travaillent le plus. »
Malheureusement, la
science a largement démontré l’inexactitude de cette fiction. Les élèves sont
loin d’être égaux et le travail n’est guère un gage de réussite. Dubet conclut
que les professeurs ont de « bonnes raisons » de croire dans les vertus du
redoublement mais qu’ils n’ont pas raison. Ceux-ci demeurent responsables.
Pour Hughes Draelants[8],
les grandes fonctions latentes du redoublement sont au nombre de quatre :
1. Fonction de gestion de
l’hétérogénéité et de tri des élèves au sein des établissements
Bernard Delvaux[9] a montré que dans le système éducatif belge francophone, le redoublement et l’orientation forment deux outils de gestion de la grande hétérogénéité des publics scolaires. Il contribue à l’homogénéité des classes. La suppression du redoublement en première secondaire a forcé les professeurs à devoir gérer des classes plus hétérogènes. Ce changement a compliqué le travail des professeurs qui étaient auparavant habitués à travailler avec des publics sélectionnés. La sélection des « meilleurs » élèves peut s’expliquer par une lutte contre les dégradations des conditions de travail des professeurs, au détriment de leurs collègues qui, se situant dans les enseignements techniques et professionnels, auront à gérer des élèves broyés, cassés par les ‘profs’ des « bonnes écoles ». En somme, ce que les uns ne veulent pas assumer, les autres n’auront qu’à faire avec.
2. Fonction de positionnement
stratégique et symbolique par rapport à des établissements environnants
Selon Hughes Draelants,
le redoublement peut servir de ressource stratégique à un établissement
scolaire pour se construire une place et une réputation dans le champ des
organisations scolaires locales. La production de hiérarchies d’excellence est recherchée
par certains établissements scolaires afin d’asseoir leur positionnement et leur
image au sein de l’espace d’interdépendance qui les relie aux établissements environnants.
(…) Lorsqu’un établissement utilise le mécanisme du redoublement afin de se
positionner dans un espace local, le recours (ou non) au redoublement s’inscrit
dans une double logique : instrumentale d’une part, lorsque l’établissement
vise « simplement » à occuper une place déterminée dans une hiérarchie
instituée, symbolique d’autre part, dans la mesure où se construire une place
passe aussi par le fait de se définir une image, une réputation, dans un
processus de construction d’une identité d’établissement. A cet égard, on peut
dire que le redoublement fonctionne comme un marqueur, un signal au sens des
économistes, qui en l’occurrence renvoie à l’idée de qualité.
3. Fonction de régulation de
l’ordre scolaire au sein de la classe
Nous avons vu que Prost a postulé que, selon les professeurs, la menace de l’échec serait le moteur du travail des élèves. Dans les faits, les professeurs se sont appuyés sur la pratique du redoublement afin d’asseoir leur autorité auprès des élèves. La croyance selon laquelle l’interdiction du redoublement en première secondaire allait niveler vers le bas et permettrait aux élèves de réussir sans travailler traduit une vraie tradition basée sur le principe de la menace. La remise en cause du redoublement bouleverse donc les rôles jusque-là établis et soutenus par ce dispositif, et redistribue les cartes du pouvoir. Les élèves contribuent à maintenir le système. Ceux-ci ont été formatés par les pratiques traditionnelles d’évaluation et de sélection, « un rapport essentiellement instrumental aux savoirs et à la scolarité[10] ». Bref, les élèves fonctionnent « à la note » et non aux apprentissages. Les notes sont la manière dont la plupart des professeurs évaluent – non les savoirs et les savoir-faire – mais le travail et le comportement de leurs élèves. Les élèves sont donc formatés pour ne pas apprendre mais pour « gagner des notes ». Hughes Draelants conclut qu’ « […] on peut dire que l’attachement au redoublement est d’ordre pragmatique : dans les conditions actuelles des rapports entre enseignants et élèves et dans un système qui valorise la note, il est difficile de s’en passer, de fonctionner autrement. »
Nous faisons le
pari que l’évaluation sans notations est plus performante et permet à plus
d’élèves d’acquérir les savoirs, les savoir-faire et les compétences[11].
4. Fonction de maintien de
l’autonomie professionnelle des enseignants
Pour Hughes
Draelants, si le professeur ressent une perte de pouvoir en classe dans sa relation
aux élèves, collectivement les professeurs se sentent également de plus en plus
dépossédés de leur métier compte tenu d’une pression plus forte que par le
passé émanant d’une part des autorités politiques[12]
et d’autre part des parents, des élèves et de la société en général[13].(…)
Face à (…) l’abolition des anciens repères, certains professeurs résistent afin de conserver la maîtrise de leur profession. Ainsi l’attachement manifesté par les professeurs vis-à-vis du redoublement peut aussi se comprendre comme l’expression d’un groupe professionnel qui revendique le maintien de son autonomie et une certaine vision de ce que l’Ecole doit être. Le redoublement apparaît comme un des instruments de la sélection méritocratique qui, elle-même, symbolise un certain pouvoir professoral et modèle de fonctionnement du système scolaire aujourd’hui en crise.
[1] Pierre
Prost – L’Enseignement s’est-il démocratisé? Les élèves des lycées et collèges
de l’agglomération d’Orléans de 1945 à 1980. Paris, PUF, « coll. Sociologies »,
1986, 2e éd. augmentée 1992
[2] L’orientation
par l’échec accroit la pression sélective sur les élèves, bref il ne faut pas
être orienté. Cette pression accrue permet au système scolaire de surmonter
deux obstacles majeurs de son fonctionnement : – l’écart grandissant entre
culture scolaire et son public (distance culture école/élève, usage utilitaire
qui a détruit les motivations, savoirs scolaires éloignés de l’expérience
commune…) – difficultés sociologiques (conduite de classe difficile, autorité
larguée, refus de l’univers des adultes). Donc la crainte de l’orientation est
une relation de pouvoir, de pression, sur les élèves.
[3] Pierre Stegen – Quelques éléments du contexte dans lequel s’est implantée la
réforme du premier cycle de l’enseignement secondaire. Rapport d’une recherche
commanditée par le Ministère de l’Education de la Communauté française de
Belgique. Liège : Service de pédagogie expérimentale de l’Université. 1994
[4] Hugues Draelants Le redoublement est moins un
problème qu’une solution – Comprendre l’attachement social au redoublement en
Belgique francophone Les Cahiers de Recherche en Education et Formation GIRSEF.
[5] Jean-Jacques
Paul et Thierry Troncin. Les apports de la recherche sur l’impact du
redoublement comme moyen de traité les difficultés scolaires au cours de la
scolarité obligatoire. Rapport 14, Haut conseil de l’évaluation de l’école
(HCéé), Décembre 2004.
[6] P. Bourdieu et J-C Passeron – La reproduction :
éléments pour une théorie du système d’enseignement. Paris : Les Editions
de Minuit 1970
[7] François Dubet –
Pourquoi ne croit-on pas les sociologues ? Education et société, 2002
[8] Hugues
Draelants Le redoublement est moins un problème qu’une solution – Comprendre
l’attachement social au redoublement en Belgique francophone Les Cahiers de
Recherche en Education et Formation GIRSEF.
[9] Bernard Delvaux, Orientation et redoublement : recomposition de deux outils de
gestion des trajectoires scolaires. In G. Bajoit (dir), Jeunesse et société :
la socialisation des jeunes dans un monde en mutation, De Boeck Université.
2000
[10] B. Charlot – Du rapport au savoir. Eléments pour une
théorie. Paris : Anthropos 2002
[11] Philippe
Perrenoud – La fabrication de l’excellence scolaire : du curriculum aux
pratiques d’évaluation. Vers une analyse de la réussite, de l’échec et des
inégalités comme réalités construites par le système scolaire Genève, Droz,
1984, 2e édition augmentée 1995.
[12] Christian
Maroy, Branka Cattonar – professionnalisation ou déprofessionnalisation des enseignants
? Le cas de la Communauté française de Belgique. Cahier de recherche du Girsef
18 – 2002
[13] N. Dauphin et M. Verhoeven – La mobilité scolaire au
cœur des transformations du système scolaire. Cahiers de recherche en éducation et formation – 2002
En Belgique comme
en France ou au Grand-duché de Luxembourg, penser à une école sans redoublement
est inimaginable. De nombreux professeurs sont convaincus que le redoublement aurait
une réelle utilité pédagogique : il permettrait de remédier aux difficultés
constatées. Puisque les rythmes de développement personnels et d’apprentissage
varient d’un élève à l’autre, le redoublement permettrait de corriger ces
rythmes en offrant un supplément d’apprentissage aux plus lents. Mieux encore,
il servirait aussi de thérapie puisqu’il permettrait aux élèves de gagner en
maturité et de repartir sur de meilleures bases.
Comme de nombreux
parents qui ne sont pas spécialistes de la pédagogie, les professeurs considèrent
encore le redoublement comme un moyen de remédiation efficace. Ils lui
attribuent par ailleurs un rôle instrumental. Un sondage[1]
d’OpinionWay révèle que 70 % des parents et 64 % des professeurs interrogés
sont d’accord avec la phrase « Le
redoublement permet réellement à l’élève de rattraper son retard et d’être
mieux préparé pour les classes supérieures » .
Le point de vue des parents n’a pas été fort étudié par la recherche scientifique. Jean-Jacques Paul et Thierry Troncin[2] citent plusieurs études anciennes qui révèlent une adhésion massive au redoublement, mais on manque d’enquêtes récentes. Thierry Troncin[3] a montré que très peu de parents s’opposent au redoublement de leur enfant en première primaire (ou CP). Selon l’auteur, ce serait le signe de la confiance des parents envers les enseignants à ces niveaux scolaires. Mais, rappelons-le, les parents – tout comme les professeurs adeptes du redoublement – ne sont pas experts en pédagogie, ne connaissent rien des études sur les effets psychologiques et le manque d’efficacité du redoublement et encore moins des alternatives que mettent en place les enseignants (contrairement aux professeurs) pour éviter l’échec scolaire et ses dérives.
Non, les professeurs ne sont pas les seuls responsables de l’échec de notre système scolaire. Des parents – principalement ceux issus des classes les plus favorisées et dont la classe sociale tire profit de la sélectivité – manifestent également un triste attachement au redoublement, donc à l’échec scolaire… des enfants des autres.
Tenir à sa classe sociale et refuser de la partager avec les moins nantis est profondément inique. Evidemment, si on veut des riches, il faut des pauvres. Supprimer les pauvres, reviendrait à rendre les gens égaux et donc, à partager les richesses de la société. Cela ne peut être acceptable par une partie minoritaire mais influente de la société. Quels sont les parents qui écrivent des cartes blanches dans la presse, sinon des gens instruits qui défendent leurs acquis sociaux pour leurs propres enfants ? Ce sont des gens qui refusent de partager ces acquis avec l’immense majorité paupérisée de la population. Ce sont ceux qui, en un mot, ne cherchent qu’à protéger leur progéniture et à veiller à leur succès au détriment des plus fragiles. Nous sommes loin du respect du Droit de tous les enfants, mais uniquement de celui d’une minorité de privilégiés prétendument « bien nés ».
L’attachement de ces parents au redoublement renforce celui des enseignants et des établissements élitistes. Il s’agit clairement d’une volonté de maintien de la ségrégation sociale. Il suffit qu’un seul enseignant se pose des questions sur l’inefficacité du redoublement pour, qu’immédiatement, des voix s’élèvent en lui demandant s’il ne vise pas plutôt le « nivellement par le bas » ? Le « nivellement par le bas », vieux fantasme des « élites » libérales qui craignent de partager avec les plus fragiles. Il suffirait simplement de lire la presse qui, en cette matière, fait bien son travail, pour voir que les systèmes scolaires les plus équitables sont aussi les plus performants et donc, qu’ils nivellent vers le haut. Le problème pour ces parents ou grands-parents élitistes belges, c’est que ces systèmes nivellent vers le haut TOUS les élèves, et cela leur est intolérable !
Quant aux familles
socialement défavorisées et mal informées des enjeux citoyens, elles imitent
ceux qui crient le plus fort sans comprendre les enjeux, en se rassurant que
les gens instruits (parents favorisés et enseignants) ont forcément raison. Il
est donc important que les médias auxquels ils ont (peu) accès s’engagent, sur
le plan citoyen, à expliquer les enjeux sociaux aux personnes les moins bien
informées. Nous pensons également aux associations de première ligne, celles
qui accueillent les familles et leurs enfants (maisons de quartier, écoles de
devoirs, aides en milieu ouvert, services d’accrochage scolaire, médiateurs, …)
qui peuvent avoir un rôle fondamental dans l’éducation des classes populaires.
Leur faire prendre consciences des enjeux pour l’avenir de leurs enfants leur
permettra de ne plus se laisser prendre pour des idiots par l’école qui, elle,
a tout intérêt à ce que les parents ne puissent pas contester ses messages.
Bref, qu’ils restent dans l’ignorance.
Cependant, les
choses sont en train de changer. Jean-Jacques Paul et Thierry Troncin notent
que les familles dites « favorisées » sont beaucoup plus critiques par rapport
au redoublement, en ce qui concerne leurs propres enfants. Elles seraient moins
disposées à en accepter la décision d’office. Il commence à y avoir un
scepticisme à l’égard du redoublement. Dans l’enseignement fondamental, de
nombreux parents contestent les décisions de redoublement[4].
Géry Marcoux et Marcel Crahay [5] (2008) expliquent aussi l’adhésion des professeurs au redoublement car ils s’appuient « sur une conception pédagogique selon laquelle l’apprentissage se fait de façon linéaire avec emboîtement des connaissances brique après brique, des professeurs expliquent que le redoublement permet de récupérer les lacunes et de consolider les bases non encore acquises ». En 3e maternelle et en 1ère primaire, 80 % à 90 % des enseignants doutent de l’effet négatif du redoublement sur la confiance en soi d’un élève. Selon eux, un élève qui répète une année le vit rarement comme un échec. Selon eux, on ne « fait pas redoubler une troisième maternelle, on permet à l’élève de mûrir ». Pourtant, aucun professeur n’est formé pour évaluer la maturité d’un enfant. Il s’agit donc bien d’une croyance infondée, telle que le démontrent les parcours d’élèves maintenus en 3e maternelle :
Parcours d’élèves non maintenus en M3 versus parcours d’élèves maintenus [6]
Comme on peut le voir sur ces graphiques, les élèves qui ont été promus en 1ère primaire (CP) sont 85 % à arriver en 4e année (CM1) sans passer par l’échec. Par contre, ceux qui ont été maintenus en 3e maternelle (grande section) sont un peu moins de la moitié à faire le même parcours. Pire, un quart d’entre eux connaît un second échec et un second quart est orienté vers l’enseignement spécialisé, alors qu’ils sont moins d’un pourcent chez les non maintenus.
Cette conception biaisée fait que le redoublement apparaît dès lors aux professeurs comme une solution adaptée pour solidifier les « bases » des élèves et leur faire gagner en « maturité » afin d’être plus aptes à comprendre les apprentissages et acquérir les compétences visées. « Reposant également sur cette conception cumulative des apprentissages scolaires, bon nombre de professeurs croient aux bienfaits du redoublement précoce[7]. » Comme si l’échec scolaire était un manque de maturité… des élèves ? Personne n’a, fort malheureusement, encore étudié la maturité des professeurs. Pourquoi ceux-ci pratiquent-ils l’échec scolaire alors que les enseignants, eux, ne le font pas. Et ces derniers[8] sont loin d’être des laxistes. Enseigner et transmettre les savoirs à tous les élèves nécessite un engagement professionnel et humain autrement plus important que ce que pratiquent les sélectionneurs. Tout le monde sait donner cours de quelque chose, par contre, enseigner est un art.
Pour Géry Marcoux et Marcel Crahay, « De multiples propos de professeurs traduisent la persistance de croyances sur les effets bénéfiques du redoublement. Celui-ci reste majoritairement vu comme une seconde chance. De manière synthétique, recommencer présenterait différents avantages liés au fait général de donner un supplément de temps. Ainsi, il serait bénéfique de donner du temps aux enfants pas assez mûrs, car on suppose que, durant l’année de redoublement, la maturité va s’acquérir. Il serait également bénéfique de donner du temps aux enfants qui ont des situations familiales difficiles à gérer: on protège ces enfants en ne rajoutant pas une difficulté supplémentaire à leurs problèmes. Le redoublement serait également une manière d’éviter une perte de confiance en soi (par rapport à une promotion qui l’affecterait nécessairement) ou d’aider à la restaurer par la répétition d’activités déjà connues, ce qui réduit la charge cognitive ou la « charge de travail » de l’élève et devrait contribuer à le rassurer sur ses capacités.[9]»
Le redoublement, c’est la roulette russe des professeurs, mais ils mettent le canon du revolver sur la tempe des élèves.
Depuis les années 80, les recherches ont démontré que les professeurs adaptent leurs exigences en fonction de l’établissement scolaire dans lequel ils travaillent, mais également en fonction du niveau moyen de leur classe. C’est une optique peu humaniste mais généralisée. Il leur faudrait, au contraire, se baser sur les plus « faibles » pour pouvoir s’assurer que tout le monde ait compris[10]. En effet, en visant l’élève « moyen », notion que personne au monde n’est capable de définir scientifiquement, il met la barre suffisamment haut pour pratiquer sa sélection, au détriment des plus « faibles ». C’est inéquitable. Non seulement parce que les élèves en difficulté ont été ignorés du début à la fin de l’apprentissage, mais selon la classe dans laquelle il se trouve et les exigences du professeur, l’élève sera placé en échec ou non. Deux élèves aux compétences et connaissances identiques, placés dans deux classes différentes seront pour l’un promu, pour l’autre mis en échec et contraint de redoubler.
Sur les exigences des professeurs en matière d’évaluation, Pierre Merle[11] rappelle que « les recherches sur la notation ont montré l’existence de biais sociaux de notation. Les professeurs sont inconsciemment influencés par le sexe de l’élève, un redoublement éventuel, son âge, son origine sociale, son niveau scolaire, ses notes précédentes, le niveau de la classe, de l’établissement » et, plus étonnant encore, son prénom, comme l’indique une étude intitulée « Name Stereotypes and Teachers’Expectations » dans laquelle deux chercheurs nord-américains ont démontré que les enfants étaient évalués différemment selon la manière dont leur prénom était perçu par leurs enseignants. Il est ainsi apparu qu’une même rédaction se voyait attribuer une note statistiquement supérieure lorsque son «rédacteur» portait un prénom «socialement désirable»[12].
De même on sait que les professeurs tiennent compte des exigences de leurs collègues suivants pour décider du sort d’un élève[13].
On rappellera toutefois que dans le cadre de l’étude menée par Chenu et al. (2011), deux tiers des institutrices de 3e maternelle (grande section) prenaient en compte les attentes plus ou moins explicites de l’enseignant de première primaire (CP) en termes de maintien. La prise en compte des attentes implicites des collègues de la classe supérieure n’est pas l’apanage exclusif des institutrices de 3e maternelle. Comme le précise Marcel Crahay, « pour un professeur, l’évaluation est aussi un élément crucial dans sa relation avec ses collègues. Au moment de décider de la réussite ou de l’échec des élèves, il est confronté à un dilemme […] : faire échouer un élève dont le niveau de performance est à la limite de ce qu’il croit devoir exiger, c’est courir le risque d’interrompre inutilement la scolarité d’un élève, mais cette erreur possible […], il est fort peu probable qu’on la lui reproche. En revanche, laisser réussir ce même élève, c’est prendre le risque qu’il se montre incapable de suivre l’enseignement du collègue de la classe supérieure ; et là, la probabilité des reproches venant de collègues est bien plus élevée. On touche ici au cœur même de ce qu’il faut bien appeler une culture de l’échec. Un professeur chez qui tous les élèves réussissent est suspect.[14] »
Au quotidien, ces attentes prennent probablement des formes implicites, tacites. On peut penser que c’est aussi par empathie avec le collègue de l’année suivante que certains professeurs décident de ne pas laisser passer un enfant dont la gestion des difficultés risque d’être très lourde pour son collègue[15]. Marcel Crahay cite ensuite différents travaux qui montrent que quand l’enseignant monte avec sa classe, le redoublement est quasi-nul[16].
En résumé, la décision d’un redoublement ne dépend pas des performances d’un élève, mais avant tout des « exigences » du ou des professeurs qui sont, comme on l’a vu, fortement influencées par le niveau de l’école, de la classe et les caractéristiques socioéconomiques et physique de celui -ci. Elle dépend aussi des attentes implicites ou explicite des collègues de la classe supérieure.
[1] OpinionWay. Le redoublement à l’école, quels
ressentis des enseignants et des parents. Sondage, Novembre 2012. URL
http://www.apel.fr/images/stories/apel-opinionway-redoublement.pdf.
[2] Jean-Jacques
Paul et Thierry Troncin. Les apports de la recherche sur l’impact du
redoublement comme moyen de traiter les difficultés scolaires au cours de la
scolarité obligatoire. Rapport 14, Haut conseil de l’évaluation de l’école
(HCéé), Décembre 2004.
[3] Thierry
Troncin. Le redoublement : radiographie d’une décision à la recherche de sa
légitimité. Dijon, Université de Bourgogne, 582 p., Thèse de doctorat, sous la
direction de Jean-Jacques Paul. 2005.
[4] Rappelons
qu’en Belgique, les parents ont le droit de s’opposer au redoublement tout au
long de l’enseignement fondamental. Le CEB (Certificat d’Etudes de Base) que
l’on passe à 12 ans est le seul moment de certification et donc de possibilité
de redoublement pour un élève.
[5] Géry Marcoux et Marcel Crahay. Mais pourquoi continuent-ils à faire redoubler ? essai de compréhension du jugement des enseignants concernant le redoublement. Revue suisse des sciences de l’éducation, 30 : 501–518, 2008.
[6] Baye Ariane, Chenu Florent, Crahay Marcel, Lafontaine Dominique, Monseur Christian – Le redoublement en Fédération Wallonie-Bruxelles 2014
[8] Nous rappelons que nous faisons une différence fondamentale entre professeur et enseignant. Le professeur, pratique la sélection dans une compétition mortifère, tandis que l’enseignant enseigne… donc vise l’acquisition de tous les savoirs chez tous les élèves. Bref, la « réussite » de tous, contrairement au premier qui, de son côté, n’est pas formé ou ne s’est pas auto-formé pour enseigner. Pour savoir dans quelle catégorie vous situer, demandez-vous si vous pratiquez ou non le redoublement.
[9] Géry Marcoux et Marcel Crahay, Mais pourquoi continuent-ils à faire redoubler? Essai de compréhension du jugement des enseignants concernant le redoublement – Université de Genève, Université de Genève, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’éducation, 2008
[10] L’idée étant bien de s’assurer que tous les élèves, les plus « faibles » compris, aient acquis un niveau de compétences élevé.
[11] Cité in Le temps, https://www.letemps.ch/economie/lecole-supprimons-notes
[12] Cité in Le temps, https://www.letemps.ch/economie/lecole-supprimons-notes
[13] Chenu, F., Dupont, V., Lejong, M., Staelens, V. Hindryckx, G., & Grisay, A. (2011). Analyse des causes et des conséquences du maintien en 3e maternelle. Rapport de recherche. Administration Générale de l’Enseignement et de la Recherche Scientifique.
[14] Crahay, M. (1996). Peut-on lutter contre l’échec scolaire ? (1re éd.). Bruxelles : De Boeck.
[15] Baye Ariane, Chenu Florent, Crahay Marcel, Lafontaine Dominique, Monseur Christian – Le redoublement en Fédération Wallonie-Bruxelles 2014
Le redoublement est, avec les orientations précoces, le signe le plus visible de l’échec scolaire. La Belgique, et plus spécifiquement la Fédération Wallonie-Bruxelles, est constamment sur le podium des pays de l’OCDE qui font redoubler massivement et cassent[1] le plus d’élèves. Chaque année un peu moins de 60 000 élèves sont contraints de perdre une année de leur vie à recommencer une classe, 17 000 sont orientés précocement vers des filières de relégation dont ils ne veulent pas (spécialisé, technique ou professionnel) et un peu moins de 20 000 étudiants abandonnent sans diplôme du secondaire supérieur, complètement cassés par des échecs successifs générés par un enseignement trop souvent inefficace. Ils sont 14,8% en Région de Bruxelles-Capitale et 10,3% en Région wallonne ( contre 6,8% en Région flamande, soit 8,8% au niveau belge) [2] .
Même si la communauté scientifique débat sur la pertinence de leurs conclusions, les recherches sur les effets du redoublement montrent qu’au mieux, celui-ci est inefficace, au pire, c’est de la maltraitance[3]. Non seulement, il ne permet pas à un élève de « repartir du bon pied », mais il a l’effet inverse : un redoublement décourage, démotive et induit le « sentiment d’incompétence acquis » qui va bloquer le jeune, non seulement tout au long de ses études, l’empêchant d’apprendre, mais sans doute aussi le bloquer psychologiquement tout au long de sa vie professionnelle.
Comment se fait-il
qu’au XXIe siècle (bien entamé) des professeurs considèrent encore que le
redoublement soit efficace pour remettre l’élève à « niveau » ? Les
résultats des pays en tête des enquêtes PISA ont largement démontré depuis des
décennies que c’est le non-redoublement et son remplacement par des pratiques
pédagogiques validées qui leur permettent d’afficher de tels taux de réussite.
Pour les enseignants de ces pays, le redoublement est comparé aux supplices
médiévaux et ils n’imaginent pas que des systèmes scolaires qui se disent
développés utilisent encore de telles pratiques barbares.
Mais comme ces valeureux gaulois, nous résistons encore et toujours aux pratiques pédagogiques efficaces. C’est moins fatigant ; il ne faut pas enseigner, il suffit de casser de l’élève…
Quelle est l’importance du redoublement en Fédération
Wallonie-Bruxelles ?
Comme le rappellent les indicateurs de l’enseignement, en Fédération Wallonie-Bruxelles, un enfant entre en première année primaire l’année civile durant laquelle il atteint 6 ans. Après un parcours de 12 ans, il devrait, en théorie, sortir de l’enseignement secondaire l’année de ses 18 ans. C’est loin d’être le cas le plus fréquent. Le pourcentage d’élèves à l’heure diminue de manière quasi linéaire dès la troisième maternelle[5] (M3). En cinquième et sixième années primaire (P5 et P6), près de 20 % des élèves sont en retard scolaire. En première secondaire (S1), le taux de retard s’élève à 29 %. Il est encore plus important en deuxième (36 %). En cinquième année, ce sont plus de 61 % des élèves qui ont dépassé l’âge légal de scolarisation.
L’abandon scolaire est un des effets du l’échec scolaire et par corrélation, du redoublement. En Fédération Wallonie-Bruxelles, parmi les élèves âgés de 15 à 22 ans en 2016‑2017 et qui fréquentaient une troisième, quatrième ou cinquième année de l’enseignement secondaire ordinaire de plein exercice en 2015‑2016, 5,1 % ne sont plus inscrits ni dans l’enseignement ordinaire de plein exercice ou en alternance (CÉFA), ni dans l’enseignement spécialisé en 2016‑2017[6].
Taux de redoublement, année après année, dans l’enseignement fondamental et dans l’enseignement secondaire, en 2016-2017[7]
[1] Même s’ils déplaisent – et tant mieux s’ils choquent – nous utilisons intentionnellement des mots forts car ce sont les seuls à exprimer combien le redoublement est une véritable maltraitance et a des effets dramatiques sur l’avenir de nombreux élèves. Pour rappel, nous défendons les droits humains et ne sommes donc pas dans le consensus, mais dans un combat contre l’obscurantisme A-pédagogique (notez l’ἄλφα privatif) qui règne dans de nombreuses écoles et chez de nombreux professionnels.
[3] « Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. » Le Tartuffe, III, 2 (v. 860-862)
[4] Source : Indicateurs de l’enseignement 2018 – En troisième maternelle, le taux de retard est le rapport (%) entre le nombre d’élèves de 6 ans et plus inscrits en maternel et le nombre d’élèves âgés de 5 ans et plus inscrits en maternel.
[7] La sixième primaire présente le taux de redoublants le plus bas. Cela peut s’expliquer par le fait que, sauf dérogation, les élèves de 13 ans ou ayant déjà redoublé en primaire passent directement en secondaire. Aussi, le taux d’obtention du CEB et l’entrée dans le premier degré différencié peuvent également expliquer les fluctuations du taux de redoublants observées en sixième primaire.
[8] Le faible taux de redoublants s’explique par la récente suppression de la première année complémentaire (1S). Parallèlement, le taux de redoublants est en nette augmentation pour les élèves qui fréquentent une deuxième.
Ligne Ecoute Autisme (LEA) en Wallonie : un numéro d’appel gratuit, un site internet et bientôt une chatbox
Autisme en Wallonie : Besoin d’être écouté, à la recherche d’informations, de ressources ? Depuis le 2 mai 2024, vous pouvez appeler, de 9h à 16h du lundi au vendredi (sauf les jours fériés) LEA (Ligne Ecoute Autisme)
au 0800 13 904 (numéro gratuit).
Répondant à l’appel à projets de la Région Wallonne, le consortium composé de :
la Fondation SUSA (Service Universitaire Spécialisé pour personnes avec Autisme),
l’ASBL APEPA (Association de Parents pour l’Epanouissement de Personnes Avec Autisme),
a créé LEA – ligne d’écoute – site internet de ressources (avec bientôt une chatbox).
En première ligne, une équipe de 20 volontaires se relaie pour répondre aux appelants. La plupart de ces volontaires sont des professionnels, des femmes et des hommes qui ont tous une expérience en autisme. En avril, ils ont suivi une formation à l’écoute active, et comment trouver son chemin rapidement sur les sites web du consortium + celui du réseau CRAN (Centre de Ressources Autisme de Namur) et bien d’autres ressources fiables.
Si la question est trop complexe, ils invitent l’appelant à adresser un mail @LEA. Deux coordinateurs LEA et l’APEPA répondront ou transmettront la demande au Comité de Ressources et de Réseau LEA, constitué d’une ASBL dans chaque province pour les informations plus locales et d’une dizaine d’experts en autisme, chacun dans son domaine tels l’enseignement, les pôles territoriaux, l’adolescence, le burn-out, l’EVRAS, l’aide juridique et bien plus.
Il y a donc 3 niveaux de compétences, l’appelant aura toujours une réponse correcte, mais malheureusement pas toujours une solution dans l’immédiat, car il manque encore beaucoup de solutions et de services pour l’autisme, reconnu en 2004 comme handicap spécifique.
Parmi l’équipe, il y a une vraie Léa, et il y a aussi Eleni, Mathilde, Nathalie, Doriane, Fatma, Sarah, Sophie, Julien, Charlie, Allan, etc., de jolis prénoms de volontaires motivés qui attendent vos appels, tous prêts à vous soutenir et vous informer.
Chaque écoutant sera bien là pour vous, appelez LEA.
Les maladies allergiques augmentent rapidement à l’échelle mondiale, devenant les affections chroniques immunitaires les plus courantes, en grande partie à cause des facteurs liés au mode de vie moderne et aux influences environnementales. Au Luxembourg, le LIH[1] détecte des allergies chez près de la moitié de la population adulte luxembourgeoise.
En Europe, une personne sur 3 soit ± 33 % est allergique. Cela n’ira qu’en augmentant. L’OMS estime que l’allergie est devenue la première maladie chronique chez l’enfant dans l’Union Européenne. L’allergie regroupe diverses maladies : asthme, eczéma, rhinite, conjonctivite, réactions anaphylactiques… L’asthme est une des plus importantes causes d’absentéisme scolaire chez les enfants. Les enfants allergiques sont des enfants d’apparence normale : tant qu’ils ne sont pas en contact avec ce qui provoque leurs symptômes, ils ne sont pas malades. Ils doivent pouvoir mener la même vie et les mêmes activités que les autres enfants.
Les prévisions de l’Organisation Mondiale de la Santé prévoit que La moitié de la population sera allergique d’ici 2050.[2] Selon le docteur Olivier Michel, pneumo allergologue, professeur à l’ULB et auteur de plus de 165 publications sur la question, « la principale raison est notre mode de vie occidental avec son obsession hygiéniste. Dès la naissance, nous sommes hyper-protégés et cela ne favorise pas le développement de notre système immunitaire. Ce système doit apprendre à réagir, se façonner au gré des rencontres avec des microbes, des parasites ou des allergènes. Or, dans notre monde actuel surprotégé, on réduit l’exposition aux risques et on réduit du même coup nos défenses immunitaires.[3]«
Il continue en précisant que « Un enfant qui serait confronté à des situations plus stressantes au niveau infectieux verrait son système immunitaire mieux se développer et il échapperait davantage aux maladies allergiques. « Cela s’est vérifié lorsqu’on a comparé l’Allemagne de l’Est et celle de l’Ouest au moment de la réunification. Les indices de pollution étaient pires à l’Est qu’à l’Ouest avant 1989 et pourtant, cela semble paradoxal, mais on trouvait davantage de personnes allergiques à l’Ouest, du côté le moins pollué. Cela démontre que c’est le mode vie occidental qui favorise les allergies. D’ailleurs, après la réunification, les villes se sont modernisées à l’Est, les sources de pollution ont été mieux maîtrisées et réduites, mais cela s’est accompagné d’une explosion des cas d’allergies.[4] «
Mais qu’est-ce que sont l’allergie et l’asthme ?
Comprendre L’allergie et l’asthme
1. Qu’est-ce que l’allergie ?
Le mot « allergie » vient du grec et signifie « réaction différente ». En effet, les allergiques ne réagissent pas comme les autres… Grâce au système immunitaire, le corps peut se défendre contre les maladies provoquées par divers microbes, virus, bactéries… Dans l’allergie, l’organisme se trompe de cible. Au lieu de se défendre contre un danger réel, il réagit de manière exagérée à des substances qui pour la plupart des gens sont tout à fait inoffensives : pollen, poussière, animaux, aliments, etc.
L’allergie ne ressemble pas aux autres maladies car elle recouvre des symptômes très différents et peut avoir de multiples causes. C’est ce qui rend difficiles le diagnostic et le traitement.
En effet, l’allergie peut toucher divers tissus : la peau (eczéma, urticaire…) ; les yeux (conjonctivite…) ; le nez (éternuements, rhinite, nez bouché…) ; les bronches (toux, asthme…) ; les oreilles (otites…) ; le système digestif (diarrhée, vomissements, coliques…). Elle peut provoquer des maux de tête, des aphtes, des irritations diverses… Face à des problèmes aussi variés, il arrive que l’on consulte plusieurs médecins différents sans penser à une allergie.
De plus, il n’est pas toujours facile d’identifier les causes exactes car les allergènes à suspecter sont nombreux : ils peuvent aussi bien être recherchés dans ce que l’enfant absorbe (nourriture, boissons, médicaments, etc.), dans ce qu’il respire (pollens, acariens, parfums…), dans ce qu’il touche (tissus, pâte à modeler ou autre matériau de bricolage…), etc. S’y ajoutent encore des facteurs aggravants (tabac, pollution…) ou déclenchant (stress…).
La maladie peut aussi changer de visage au cours de la vie. C’est ce qu’on appelle « la marche allergique » (ou atopique[5]). La marche atopique est le développement progressif de maladies qui sont associées à l’allergie (dermatite atopique, rhinite allergique, asthme, allergies alimentaires) chez une personne prédisposée, surtout chez l’enfant. Les allergies alimentaires apparaissent les premières. Scénario habituel : le bébé souffre d’eczéma, avec par exemple une allergie aux protéines du lait de vache. En grandissant, il commence à tousser, puis à faire de l’asthme…
L’adulte aussi peut voir tout à coup disparaître une allergie parfois remplacée par une autre, très différente.
L’allergie est-elle héréditaire ?
L’allergie fait partie des maladies que les parents peuvent transmettre à leurs enfants. Souvent la prédisposition est d’origine génétique associée à des gènes en rapport avec l’inflammation, le système de défense ou en rapport avec les barrières (comme la peau). Les enfants qui développent ce système de défense ont souvent un ou deux parent(s) qui ont de l’asthme ou une rhinite allergique. En effet, le nouveau-né peut hériter d’un terrain qui le prédispose à développer des allergies : on dit alors qu’il est atopique (lire ci-dessous). Il ne souffrira pas forcément des mêmes troubles que ses parents ou grands-parents. Il arrive aussi, heureusement, que l’enfant n’ait aucune allergie.
Entre 50 et 70 % des enfants atteints ont un parent au premier degré qui l’est aussi. Si les deux parents sont atteints, le risque pour l’enfant de développer un eczéma allergique atteint 80 %.
On peut agir sur l’environnement dès la naissance en protégeant le bébé « à risque » des allergènes les plus courants : le lait de vache, les acariens de la poussière, les animaux…
Dans ce cas, il se peut que les symptômes de l’allergie n’apparaissent pas, même si l’enfant est atopique. C’est l’objectif poursuivi par la prévention, conseillée dans les familles d’allergiques.
Peut-on guérir d’une allergie ?
Certaines allergies peuvent disparaître spontanément au bout d’un certain temps. C’est le cas de l’allergie aux protéines du lait de vache, qui s’estompe entre 1 et 3 ans, et d’un certain nombre d’allergies alimentaires, qui disparaissent après quelques mois de régime strict.
En revanche l’atopie, qui prédispose à devenir allergique, est toujours présente. C’est ce qui explique la réapparition soudaine d’allergies après des années sans problèmes. Il faut donc rester prudent.
Autres définitions
L’asthme, l’eczéma, la rhinite, le choc anaphylactique… sont des facettes de la même maladie. Alors que l’eczéma apparaît souvent très tôt dans la vie, l’asthme survient généralement plus tard. Les facteurs de risque sont les mêmes pour les deux maladies (prédisposition génétique, environnement et mode de vie). Pour l’asthme, il existe deux facteurs de risque spécifiques : le tabagisme passif et la présence d’un asthmatique dans la famille.
Qu’est-ce que l’asthme ?
L’asthme résulte essentiellement d’une inflammation chronique des voies respiratoires, principalement des bronches. L’ouverture de la bronche est fortement réduite par la contraction des muscles entourant les bronches, par le gonflement et par la trop grande sécrétion de mucus. Ce rétrécissement rend la respiration difficile : l’air emprisonné à l’intérieur des poumons n’en ressort que difficilement, ce qui provoque une gêne respiratoire, un sifflement caractéristique et de la toux. Dans certains cas, on observe seulement une toux opiniâtre et épuisante.
La crise d’asthme provoque chez l’enfant une oppression, un essoufflement et une impression d’étouffement, ce qui le rend inquiet. La sensation de manquer d’air lui donne l’impression d’être en danger vital.
On évalue à 8 à 14 % le nombre d’enfants souffrant d’asthme. Des dépistages effectués dans certaines écoles bruxelloises ont montré que, chez un nombre important d’enfants, l’asthme n’avait pas été diagnostiqué.
L’asthme qui se déclare chez un enfant est, dans la plupart des cas, d’origine allergique. Dans le doute, les mesures d’éviction (acariens, animaux, tabac, produits chimiques…) ne peuvent qu’améliorer l’état de l’enfant.
Un cas particulier : l’asthme d’effort Il arrive, surtout chez l’enfant, que les signes d’asthme n’apparaissent qu’en cas d’effort physique. Il est cependant indispensable de consulter un médecin afin d’évaluer l’impact sur la capacité respiratoire de l’enfant, et de diagnostiquer d’éventuelles allergies.
L’asthme d’effort peut en effet apparaître en dehors de toute allergie, mais il peut également être le seul signe d’un asthme chronique asymptomatique. Il doit être diagnostiqué et traité afin d’éviter une aggravation progressive.
Pour les enfants asthmatiques, les activités physiques peuvent être un défi. L’effort physique intensifie souvent les symptômes de l’asthme, notamment dans la difficulté à respirer et l’apparition de toux. Ainsi, de nombreux enfants asthmatiques peut se sentiment exclus des activités sportives ou de logement à des jeux physiques avec leurs pairs. Cela peut entraîner un sentiment d’isolement chez les enfants asthmatiques.
Qu’est-ce que la dermatite atopique ?
La dermatite atopique, aussi appelée eczéma constitutionnel, est une affection de la peau rentrant dans le cadre de l’atopie au même titre que l’asthme et la rhinite allergique. On retrouve d’ailleurs des antécédents d’asthme, de rhinite allergique ou de dermatite atopique dans la famille ou chez la personne elle-même, dans 70 % des cas.
La dermatite atopique se manifeste par de l’eczéma évoluant par poussées successives : le système immunitaire réagit au niveau de la peau par des boutons, des rougeurs, des démangeaisons… La localisation des lésions varie selon l’âge. La peau sèche et se fragilise. Elle ne remplit plus son rôle de barrière ce qui favorise les irritations et les infections, notamment par des staphylocoques C’est ce que l’on appelle l’impétigo.
La dermatite atopique atteint environ 3 % à 10 % des enfants et sa fréquence est en augmentation. Les garçons sont deux fois plus touchés que les filles. Le plus souvent, cela démarre entre 2 et 6 mois. Heureusement, elle persiste rarement après la puberté, en tous cas sous forme étendue.
La dermatite atopique est liée à des allergies alimentaires, surtout chez le nourrisson et les jeunes enfants. Mais on retrouve également, chez l’adulte comme chez l’enfant, des allergies aux acariens, aux poils d’animaux, aux pollens et aux moisissures. L’environnement peut jouer un rôle (les pollutions des zones urbaines ou industrielles, les influences climatiques, voire le mauvais équilibre alimentaire) tout comme les facteurs psychologiques.
Les autres maladies allergiques
• La rhinite va souvent de pair avec la conjonctivite : éternuements en salve, nez qui coule, nez bouché, yeux rouges et larmoyants… Ces symptômes sont caractéristiques du « rhume des foins » lorsqu’ils sont saisonniers (= allergie aux pollens), d’une allergie aux acariens lorsqu’ils durent toute l’année, ou encore à d’autres substances (animaux, moisissures…). La rhinite annonce souvent l’asthme ou l’accompagne.
• Le plus grave sont les réactions anaphylactiques[6] : il s’agit de réactions allergiques dites systémiques parce qu’elles touchent l’ensemble de l’organisme et peuvent mettre la vie en danger : œdème laryngé (gonflement de la gorge qui peut conduire à l’étouffement), choc anaphylactique, crise d’asthme brutale… Les causes peuvent être diverses : piqûres d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons…), allergies alimentaires, réactions à des médicaments, etc.
L’allergie existe depuis toujours. On constate cependant que les personnes qui souffrent d’allergie sont de plus en plus nombreuses. La même chose se passe dans tous les pays industrialisés.
Comment expliquer l’augmentation des allergies ?
• L’allergie est mieux connue, plus vite repérée et paraît donc plus fréquente, mais il y a d’autres raisons à cette augmentation.
• Notre manière de vivre a multiplié les occasions de contact intense avec certains allergènes. Quelques exemples :
le lait de vache
l’alimentation industrielle
les animaux à l’intérieur de nombreux logements
le tabagisme passif
les acariens se développent avec les excès du confort (moquettes, rembourrages divers…) et de l’isolation. Comme on passe plus de temps qu’autrefois à l’intérieur des logements, on s’y sensibilise plus rapidement.
• On s’interroge également sur le rôle de la pollution de l’air d’une part, mais aussi sur un certain excès d’hygiène dans nos pays développés (voir en introduction).
Les acariens
Les acariens sont la principale cause des allergies respiratoires dans nos pays. Ceux-ci peuvent provoquer, notamment, de l’eczéma, des démangeaisons, voire de la conjonctivite… Ces minuscules bestioles, invisibles à l’œil nu, hantent nos logements, et surtout nos matelas.
La prévention consiste à empêcher la multiplication des acariens dans le logement, notamment en
éliminant ou isolant tous les endroits où se loge l’acarien
assurant une bonne ventilation afin de réduire l’humidité intérieure et donc d’empêcher le développement des acariens et des moisissures dans le logement.
L’allergie aux acariens est facile à combattre. Les mesures d’éviction sont assez efficaces et les résultats sont rapides, surtout chez les enfants, mais un traitement médicamenteux ou une désensibilisation doivent souvent y être associés.
L’allergie aux blattes (ou cafards) va souvent de pair avec l’allergie aux acariens. Les blattes colonisent les endroits où règnent une température et une humidité suffisantes et où la nourriture est abondante. On les trouvera dans les cuisines, dans les placards, derrière les meubles, dans les fentes des murs, les gaines de tuyauteries et aussi les vide-ordures.
Pour éviter l’allergie aux acariens, il a lieu :
de combattre l’humidité
d’assurer une bonne ventilation
d’éliminer les nids à poussière
de choisir un revêtement de sol lavable
de laver régulièrement les draps, oreillers, couvertures, à 60 °C.
d’envelopper complètement le matelas dans une housse anti-acariens, après avoir procédé au nettoyage complet de la chambre et de la literie
L’allergie aux pollens de graminées ou « rhume des foins »
Cette allergie est causée par les pollens diffusés par les graminées au moment de leur floraison. Rhinite et conjonctivite sont les symptômes les plus courants mais la réaction peut aller jusqu’à la crise d’asthme.
Certaines personnes réagissent aussi par l’apparition d’eczéma, des démangeaisons aux endroits découverts, de l’urticaire (lorsqu’elles se couchent dans l’herbe, tondent la pelouse, ou se promènent simplement dans les prés).
D’autres pollens peuvent causer des allergies saisonnières : par exemple, le bouleau au printemps, ou les herbacées en hiver
Les animaux
Les animaux de compagnie sont la troisième cause d’allergie respiratoire après les acariens et les pollens. Ils peuvent aussi avoir des effets sur la peau (notamment avec de l’eczéma, et des démangeaisons…), le nez (une rhinite, et ou des éternuements…), les yeux (rougeurs, conjonctivite…)… Leur rôle dans l’allergie est plus important que par le passé parce qu’on trouve de plus en plus d’animaux à l’intérieur des logements.
Les allergènes se trouvent non seulement dans les poils mais aussi dans la salive, la transpiration, les débris de peau, ou encore l’urine…
La présence permanente d’animaux à l’intérieur des classes ne devrait pas être autorisée : en effet certains enfants y sont allergiques et d’autres (un enfant sur 5 !) risquent de le devenir à force de les côtoyer.
Les moisissures
Les moisissures sont, en général, causées par trop d’humidité car elles ne peuvent que se développer dans des circonstances humides. Quand il y a des moisissures dans votre maison, voire dans une classe, vous pouvez être sûr que vous avez également un problème d’humidité. Avant d’affronter des moisissures, vous devez d’abord lutter contre le problème d’humidité. Des problèmes d’humidité très répandus sont l’humidité de condensation, l’infiltration d’eau et le remontée capillaire.
Les moisissures occupent une place relativement faible dans les causes d’allergie. Elles provoquent surtout des problèmes respiratoires, de l’asthme. Bien qu’invisibles à l’œil nu, elles abondent dans l’air que nous respirons, particulièrement en été. Leur multiplication à l’intérieur des logements ou des locaux est également favorisée par l’isolation excessive des habitations qui crée une atmosphère intérieure chaude et humide et entraîne l’apparition de condensation. IL existe des milliers d’espèces de moisissures mais toutes ne sont pas allergisantes. Les plus fréquemment rencontrées sont l’Aspergillus qui peut causer l’aspergilose[7], l’Alternaria[8] (août), Cladosporium[9] (juin, juillet).
L’allergie alimentaire
Les allergies alimentaires sont des réactions immunitaires anormales à certains aliments. Les symptômes sont variables. Un enfant (voire un.e adulte) peut développer de l’urticaire, avoir des gonflement de la bouche et des lèvres (œdème de Quincke[10]), de l’eczéma, de l’asthme, une rhinite, des diarrhées ou de la constipation. De même qu’elles peuvent provoquer des symptômes cutanés, gastro-intestinaux, respiratoires ou pire encore : une crise cardiaque (ce que l’on appelle le « choc anaphylactique »).
De nombreux aliments peuvent provoquer des réactions allergiques (voir la liste ci-dessous). Dans certains cas rares, l’allergie alimentaire peut être à l’origine d’accidents mortels (voir ci-dessus pour l’œdème de Quincke ou le choc anaphylactique).
IL arrive que les allergènes alimentaires les plus courants soient différents chez les enfants et chez les adultes. Chez l’enfant, c’est le lait de vache, les œufs, l’arachide, le poisson, le soja… Les aliments responsables d’allergies varient d’un pays à l’autre suivant les habitudes alimentaires. Aux États-Unis, où l’on consomme beaucoup de cacahuètes (peanuts, peanuts butter etc.), l’allergie à l’arachide vient en première place. Au Japon l’allergie au poisson vient en première place. Dans nos pays européens, on voit apparaître des allergies nouvelles, au kiwi, au sésame ou sarrasin…, des aliments qu’on mangeait rarement auparavant mais que l’on trouve désormais toute l’année dans les magasins.
En cas d’allergie alimentaire, il faut cesser de consommer l’aliment auquel on réagit. Pour certains aliments comme le lait, l’arachide, les œufs, le soja, ce n’est pas facile car ils se retrouvent comme ingrédients dans des aliments préparés. C’est ce qu’on appelle les allergènes masqués.
La réglementation européenne sur l’étiquetage des denrées alimentaires a été adoptée en 2005 puis en 2007, 14 allergènes sont actuellement à indiquer obligatoirement dans la liste des ingrédients (compte des risques que courent les allergiques.). Mais malheureusement, cela ne concerne que les aliments emballés. Il n’est est rien dans les restaurants, sandwicheries, boucheries et boulangeries indépendantes, voire friteries. Dans ces lieux, les parents d’un.e enfant allergique ne savent jamais ce qu’ils peuvent acheter ou non. D’autant plus que ces commerces achètent de plus en plus de nourriture industrielle qu’ils servent à leurs clients, sans se soucier de leur santé.
– La liste des allergènes retenus par la Directive européenne
1. Les céréales contenant du gluten (à savoir le blé, le seigle, l’orge, l’avoine, l’épeautre, le kamut[11] et leurs souches hybridées) et produits à base de ces céréales. Toutes ces céréales contiennent du gluten, une protéine qui entraîne une irritation de l’intestin grêle appelée maladie coeliaque chez les personnes allergiques.
2. Les crustacés et les produits à base de crustacés. Les allergies aux crustacés et aux mollusques sont un grand classique en période de fêtes. Elles concerneraient 3,5% des adultes et 6% des enfants. Les allergies aux crustacés et à tous les fruits de mer concerne donc beaucoup de personnes. Généralement, l’allergie va se manifester peu de temps après l’ingestion. Elle peut être cause de manifestations spectaculaires, et surtout mener à un choc dangereux pour l’organisme. Le crabe, les crevettes, les langoustines, ainsi que la langouste, ou le homard sont les crustacés les plus incriminés.
3. Les Œufs et les produits à base d’œufs. C’est l’allergie la plus fréquente des allergies alimentaires de l’enfant. Le blanc d’œuf est plus allergisant que le jaune car il contient les protéines responsables de la majorité des allergies à l’œuf. Attention aux produits industriels : même si l’étiquette indique qu’il n’a pas d’œuf, ils peuvent quand même contenir des protéines d’œuf.
4. Les poissons et les produits à base de poissons. Les allergènes du poisson sont volatils et peuvent provoquer une réaction par simple inhalation. Par conséquent, les allergiques ne devront pas entrer dans une poissonnerie voire encore dans une cuisine, le jour où il y a du poisson au menu. Les espèces allergisantes les plus fréquentes sont la morue, le thon, le saumon. C’est malheureusement une allergie qui persiste en général à l’âge adulte.
5. Les arachides et produits à base d’arachides. C’est l’allergie sur laquelle les scientifiques possèdent le plus de données. La prévalence de l’allergie à l’arachide (ou à la cacahuète) dans la population générale a été estimée entre 1 et 2,5 %: cette allergie est classée deuxième en terme de fréquence chez l’enfant (derrière le blanc d’œuf) et 6e chez l’adulte. L’allergie à l’arachide est associée une fois sur deux à une allergie aux fruits à coque (noix, noisette, amande, pistache, pignon, noix de cajou, noix du Brésil…).
6. Le soja et les produits à base de soja. L’allergie aux protéines de soja est rare, mais semble être un des principaux allergènes nouveaux à se manifester. Cela s’explique notamment par l’augmentation de sa consommation. Les produits qui en contiennent doivent l’indiquer en gras sur la liste des ingrédients. Aujourd’hui, la prévalence de l’allergie au soja en Europe serait de 1% de la population générale. La seule allergie au soja est rare. Elle est souvent combinée avec d’autres allergies alimentaires : arachide, lait de vache, pollen de bouleau, …
7. Le lait et les produits à base de lait. On parle plutôt d’allergie aux protéines du lait. Elle peut débuter dès les premières semaines de sevrage chez le nourrisson mais au-delà de 2 ans, seuls 25% d’entre eux seront encore allergiques. Les symptômes varient : urticaire, dermatite atopique, plaintes abdominales et plus rarement des signes respiratoires ou cardiovasculaires. Les deux types d‘aliments peuvent occasionnellement provoquer des réactions anaphylactiques. En cas d’allergie aux protéines du lait de vache, il faut supprimer de l’alimentation tous les produit comportant une des mentions suivantes : lait, protéines de lait, protéines de lactosérum de lait, caséine de lait, caséinate de lait, lactalbumine de lait, lactose de lait, margarine, crème, beurre. Le lait et les oeufs sont utilisés dans de nombreux produits alimentaires en tant qu‘agents liants, conservateurs, diluants, ou afi n d‘y ajouter de la saveur. Par conséquent, une allergie peut considérablement impacter sur les habitudes alimentaires et la qualité de vie.
8. Les fruits à coque, à savoir les amandes, les noisettes, les noix, les noix de cajou, les noix de pécan, les noix du Brésil, les pistaches, les noix de macadamia et noix de Queensland et les produits à base de ces fruits. L’allergie aux fruits à coque n’est pas anodine car on estime que 15% des chocs anaphylactiques sont dus aux fruits à coque, alors qu’il entre dans la composition de nombreux produits alimentaires industriels.
9. Le céleri et les produits à base de céleri. Le céleri se classe parmi les aliments qui provoquent le plus d’allergies alimentaires. L’allergie au cèleri se manifeste principalement chez l’adulte. Il serait responsable d’environ 30% des réactions anaphylactiques sévères. Pas moins de cinq protéines allergéniques sont présentes dans le céleri. Réduit en poudre, il entre dans les recettes de nombreux produits industriels (bouillons, chips, sel de céleri, cosmétiques, …). Il est donc essentiel de lire les étiquettes de chaque produit alimentaire ou cosmétique afin de s’assurer de ne pas ingurgiter d’allergènes.
10. La moutarde et les produits à base de moutarde. L’allergie à la moutarde est courante du fait qu’elle est considérée comme une épice très utilisées en cuisine. La plante toute entière peut provoquer des réactions allergiques. Elle est plus courante chez les adultes. Elle peut provoquer des réactions allergiques graves. Chez l’enfant, par contre, seule l’atteinte cutanée est la manifestation la plus fréquente de l’allergie à la moutarde.
11. Les graines de sésame et les produits à base de graines de sésame. Ici encore, l’allergie aux graines de sésame est plus courante chez l’adulte que chez l’enfant. Les personnes allergiques au sésame présentent souvent d’autres allergies alimentaires. Cette allergie (la dermatite de contact) peut également apparaître de manière retardée suite à un contact cutané avec un produit cosmétique contenant de l’huile de sésame.
12. L’anhydride sulfureux[12] et les sulfites en concentrations de plus de 10 mg/kg ou 10 mg/litre exprimées en SO2. L’allergie aux sulfites (ou anhydride sulfureux) est assez peu connue. Elle est souvent associée au vin. Cependant, il faut savoir que c’est un ingrédient fréquemment utilisé pour la conservation de denrées alimentaires. Ainsi, on peut retrouver des sulfites dans les légumes traités, dans les fruits secs, dans le poisson, dans les crustacés, dans les condiments, dans les médicaments, dans le vin, etc… Ils peuvent provoquer des douleurs abdominales, des difficultés respiratoires (rhinites, asthme, …), de l’urticaire et des démangeaisons, voire des maux de tête.
13. Le lupin et les produits à base de lupin, ainsi que l’allergie aux légumineuses. Dans ce groupe d’allergie, on trouve les allergies aux haricots, aux lentilles, aux fèves, aux pois et au soja. Mais depuis quelques d’années, un nouvel allergène a émergé : le lupin. Or, le lupin entre dans la composition de nombreux mélanges de farines servant à faire des viennoiseries. Il vaut mieux interroger le boulanger sur la composition de sa farine. Attention aussi aux potages industriels en boîtes car certains contiennent de la farine de lupin, ainsi qu’aux grandes surfaces vendant du pain et des viennoiseries et dont aucun travailleur ne connaît la composition des farines.
14. Les mollusques et les produits à base de mollusques, ainsi que les fruits de mer sont également source de réactions allergiques : les moules, les huîtres, Les coquilles Saint Jacques, les palourdes, les coques, les bulots, ainsi que les calamars, les poulpes, les seiches, etc…). A cette liste, il faut ajouter les escargots qui contiennent le même allergène. Contraiement à ce que l’in croit, les mollusques ne sont pas des fruits de mer, mais cette dernière catégorie est également fortement allergisante, il est donc essentiel de les tester séparément pour identifier les allergies d’une personne.
15. L’allergie aux fruits (est une allergie croisée aliment-aliment). Certaines personnes qui souffrent d’une allergie respiratoire aux pollens de bétulacées (bouleau, noisette, aulne) et de fagacées (charme, chêne, …) peuvent, sans trop le savoir, souffrir d’une allergie croisée avec les rosacées. Les rosacées sont la famille des fruits dont font partie les poires, les pêches, les abricots, les pommes, les prunes, les cerises ainsi que les fraises et les framboises, etc.
Des additifs alimentaires tels que les colorants, conservateurs, arômes, exhausteurs de goût… peuvent provoquer des réactions d’intolérance. En cause : les sulfites, les benzoates, la tartrazine, l’annatto, le glutamate de sodium, la vanilline… Pour les éviter, il est indispensable de lire attentivement les étiquettes des aliments achetés (biscuits, plats tout préparés, boissons etc.). Il existe des listes qui peuvent vous aider à les repérer.
Les insectes
Les piqûres de certains insectes peuvent provoquer des allergies graves et même mortelles. Le plus dangereux sont la guêpe, l’abeille et le frelon. Une personne sur 100 environ réagit à leurs piqûres. Les réactions vont de l’urticaire au choc anaphylactique (crise cardiaque).
Cette allergie n’est pas liée à l’atopie : vous ne courrez donc pas plus de risque si vous êtes déjà allergique à quelque chose. En revanche, certaines activités sont exposées et doivent se protéger avec des vêtements adéquats, en cas de fréquentation de nids ou de ruches : apiculteurs, boulangers pâtissiers, horticulteurs et jardiniers, agriculteurs, pompiers…
D’autres insectes peuvent provoquer des allergies cutanées tels que les moustiques, masi aussi les piqûres les fourmis, les punaises de lit.
Dans la grande majorité des cas, les symptômes peuvent être soulagés en appliquant de la glace sur la zone touchée et en massant avec une pommade antiallergique. Cependant chez certaines personnes, la réaction allergique peut être si importante qu’un traitement à l’aide de pommades à base de corticostéroïdes ou encore d’injections d’adrénaline peut être nécessaire si les symptômes mettent la vie en danger.
Comment reconnaître une allergie aux piqûres d’insectes ?
Un simple gonflement à l’endroit de la piqûre ou même sur l’ensemble du membre touché est sans danger. Par contre toute réaction survenant ailleurs sur le corps (par exemple si vous êtes piqué à la jambe et que votre cou se met à gonfler…) doit vous alerter. Les symptômes suivants sont particulièrement suspects : vertige, nausée, gonflement, urticaire, difficulté respiratoire, chute de tension, syncope… Il faudra alors consulter un médecin au plus vite. Une réaction qui survient dans les minutes qui suivent la piqûre est plus alarmante qu’une réaction tardive.
2. Diagnostic et Traitement
Si une allergie est suspectée chez un enfant, il est capital d’identifier au plus vite l’allergène coupable afin d’enrayer l’allergie et d’éviter que l’état de santé de l’enfant ne se dégrade.
Il ne faut pas attendre 2 ou 6 ans comme on le dit parfois. Au contraire ! Les tests ne comportent aucun risque pour l’enfant et peuvent être réalisés dès les premiers mois de vie. Leur désagrément est passager. Ils ne présentent aucune douleur, ni lors de la pose, ni lors du diagnostic. Chez certains enfants ou adultes, les tests positifs peuvent induire des démangeaisons dans les 24 heures après l’application des allergènes. Le choix des tests cutanés comprend en général les 15 substances les plus fréquemment impliquées dans les allergies. Ils peuvent être complétés en fonction des réactions de l’enfant ou du patient. Les tests sont des petites pastilles (patch-tests ou tests épicutanés) contenant l’allergène. Ils sont maintenus sur la peau pendant au moins 48 heures.
Une fois le coupable trouvé, il faudra avant tout éviter que l’enfant soit en contact avec ce à quoi il est allergique. Ce n’est pas toujours facile mais c’est indispensable pour éviter une aggravation progressive et c’est souvent un moyen de guérir sans avoir besoin de nombreux médicaments.
Si les mesures d’éviction ne suffisent pas, le médecin conseille un traitement en rapport avec les symptômes (asthme, eczéma…). Il s’agit souvent d’un traitement permanent : aérosols à prendre une ou plusieurs fois par jour, anti-histaminiques, gouttes nasales ou oculaires à prendre en fonction des symptômes et/ou des conditions extérieures (« rhume des foins »…), pommades à base de corticoïdes pour soigner les lésions d’eczéma, etc.
Ces traitements continus, largement basés sur les corticoïdes, entraînent souvent chez les parents méfiance et crainte. Il est important qu’ils puissent exprimer leurs réticences et obtenir toutes les informations nécessaires. Le médecin traitant peut certainement expliquer et apaiser les parents réticents aux corticoïdes.
Rappelons que nous fabriquons tous de la cortisone tous les jours, et que cette hormone est indispensable à la vie.
Certains médicaments préventifs pris occasionnellement permettent à l’enfant de supporter le contact avec un allergène qui, autrement, aurait provoqué une crise d’asthme ou d’eczéma.
Lorsqu’elles sont rapidement diagnostiquées et bien prises en charge, les allergies ne doivent pas empêcher l’enfant de mener une vie normale, de faire du sport et de participer à toutes les activités scolaires et parascolaires.
Malheureusement certains aspects du traitement ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale (consultations diététiques, aliments de régime, crèmes et soins dermatologiques hypoallergéniques, housses anti-acariens…) ou le sont insuffisamment (kinésithérapie, aérosols…).
Qu’est-ce que la désensibilisation ?
La désensibilisation (ou immunothérapie spécifique ou hypo-sensibilisation) vise à diminuer les réactions allergiques de l’organisme vis-à-vis d’un allergène (substance qui provoque ou favorise l’allergie). Cette méthode consiste à administrer au malade très progressivement des quantités croissantes d’allergènes auxquels il est sensible. Il s’agit d’un traitement long (3 à 5 ans) et astreignant, qui requiert de la part du malade une certaine discipline (il ne faut pas interrompre le traitement…) et qui n’est pas exempt de risque (choc anaphylactique) lorsqu’il est pratiqué sous forme sous-cutanée. Ils doivent être administrés sous surveillance médicale. Les premiers effets doivent normalement se manifester après quelques mois.
Le choix et l’application de ce traitement ne sont pas anodins. Il doit être prescrit par un médecin ayant une large expérience en allergologie et administré par un médecin disposant du matériel nécessaire en cas de choc.
3. Conséquences pour l’enfant dans sa vie quotidienne
Une maladie secrète, une maladie variable… L’enfant allergique souffre d’un handicap caché : s’il est bien pris en charge, s’il suit son régime et les mesures d’éviction, rien ne le distingue d’un autre enfant. Mais tout peut basculer très rapidement si les conditions se modifient… ou s’il oublie ses médicaments !
Il n’est donc pas facile pour les parents et pour les enfants de faire comprendre à leur entourage le pourquoi des précautions qu’ils doivent prendre ou les aléas de leur condition physique.
Tel enfant asthmatique, aujourd’hui prêt à se lancer dans la course à pied organisée par l’école, se retrouve le lendemain absolument sans souffle…
Les effets de la maladie
Pendant les crises d’asthme, l’enfant asthmatique est oppressé et inquiet. La sensation de manquer d’air lui donne l’impression d’être en danger vital. Cela peut provoquer une anxiété certaine, la peur de quitter le cocon familial…
Les démangeaisons dues à l’eczéma sont souvent insupportables : l’enfant se gratte, dort mal, devient nerveux… Si les lésions touchent le visage ou les mains, il a honte de son aspect physique. Parfois, il refuse d’aller à la piscine ou à la gymnastique pour ne pas devoir se montrer. De plus, certains enfants croient à tort que l’eczéma est contagieux et fuient leurs condisciples qui en sont atteints !
Vu de l’extérieur, la rhinite allergique peut apparaître comme une maladie bénigne. On sait cependant qu’elle annonce souvent l’asthme ou l’accompagne. De plus, elle entraîne éternuements en cascade, nez bouché, démangeaisons, yeux larmoyants, sommeil perturbé… L’allergie pollinique est un véritable handicap pour les écoliers et étudiants qui sont alors en période d’examens.
L’allergie rejaillit aussi sur la vie sociale : il est difficile d’aller chez un copain qui a un chat, si on y est allergique. Quand il part en vacances, ou en classes vertes, le jeune asthmatique doit s’assurer que les conditions de logement seront adaptées, etc.
En cas d’allergie alimentaire, il faut parfois mener une véritable enquête pour savoir de quoi sont faits les plats proposés !
L’adolescence est une période à haut risque pour les jeunes allergiques : rejet des contraintes, voyages, sorties, repas pris à l’extérieur, etc., augmentent les tentations et les risques d’accidents, notamment de chocs anaphylactiques.
Les effets du traitement
Éviter les allergènes et prendre les traitements prescrits : ces deux exigences imposent à l’enfant une discipline de vie et une vigilance peu commune. Certains s’y plient très tôt, d’autres le supportent plus difficilement. Dans certains cas, la prudence peut devenir excessive : l’enfant se méfie de tout ce qui est nouveau et refuse, par exemple, de goûter les aliments qui lui sont à nouveau permis.
Certains médicaments peuvent entraîner de la somnolence.
4. Conséquences pour l’enfant à l’école
A l’école, l’asthme concerne environ un enfant sur 10. L’asthme est une des principales causes d’absentéisme scolaire chez les enfants. Le contrôle de l’asthme est mauvais, d’autant que les écoles n’attaquent pas à la base les habituels facteurs favorisant ou aggravant l’asthme. Par exemple via le contact avec des animaux apportés par d’autres élèves ou plus simplement par les poils de leurs animaux, qu’ils véhiculent, disséminés sur leurs vêtements. De même, la pratique des cours d’éducation physique et sportive, sont autant de situations à risque pour l’enfant asthmatique. L’impact de la pollution de l’air dans les écoles sur l’asthme des enfants d’école primaire est une des causes de l’absentéisme des élèves asthmatiques. Plusieurs milliers de crises d’asthme chez les élèves seraient évitables chaque année si les écoles réduisaient les expositions au formaldéhyde[13] et aux moisissures dans les classes.
L’allergie et l’asthme ont un effet important sur les résultats scolaires.
Aménagements pratiques :
Beaucoup d’enfants allergiques se sentent plus mal à l’école qu’à la maison simplement parce qu’on n’y est pas attentif à lutter contre la multiplication des allergènes : coussins, tapis, animaux, dans les classes maternelles et primaires ; salle de gymnastique poussiéreuse, manque d’aération, moisissures… Il y aura lieu de renforcer les actions d’amélioration de la qualité de l’air au sein des classes, salles de gymnatique, et de tous local pouvant accueillir des élèves. Il est à noter qu’il y a également un nombre non négligeable d’enseignant.e.s qui sont allergiques et/ou asthmatiques. Il s’agit d’un véritable enjeu de santé publique.
La prise en compte de critères sanitaires et environnementaux dans le choix des meubles, fournitures scolaires ou matériaux divers utilisés dans les locaux scolaires peuvent limiter l’exposition au formaldéhyde ainsi qu’à d’autres composés organiques volatils. L’épidémie de COVID a démontré l’importance d’aérer les classes et autres locaux (notamment les réfectoires et salles de sports, les locaux de garderies extrascolaires, les salles de bricolages, …) pour diminuer l’exposition aux polluants intérieurs.
Le trafic urbain doit être limité à proximité des écoles notamment lorsque les cours de récréation donnent sur la rue. Les communes ont cette responsabilité. Il y a lieu de limiter, voire d’interdire le passage des véhicules les plus polluants (camions, camionnettes, SUV, motos, …) durant les heures scolaires. Les directions d’écoles se doivent d’interpeler les responsables politiques à cette donnée importante.
Si la plupart des enfants peuvent manger le repas chaud servi à la cantine scolaire moyennant information du personnel et précautions (l’enfant prend ses tartines le jour où on sert ce qu’il ne peut pas manger, voire chaque jour…), les plus gravement atteints doivent bénéficier d’une alimentation particulière en raison des risques de réactions graves à une simple contamination (repas tartines ou repas spéciaux fournis par la famille ou aménagés par le traiteur qui aura été informé de l’importance d’adapter ses repas en évitant les allergènes dont souffre l’enfant – voire les allergènes dont souffrent les enfants allergiques)
Activités sportives et physiques
Les allergies ne doivent pas empêcher l’enfant de mener une vie normale, de faire du sport et de participer à toutes les activités scolaires et parascolaires. Le sport est, pour l’asthmatique, beaucoup plus qu’une distraction ; il implique souvent une rééducation respiratoire qui fait partie intégrante du traitement.
Seules la plongée sous-marine et l’équitation (en cas d’allergie au crin de cheval) sont contre indiquées en cas d’asthme.
Certains enfants atteints d’eczéma fuient les activités sportives et la piscine par peur de se montrer. Il faut pouvoir en parler avec l’enfant et ses camarades afin de ne pas le mettre à l’écart car le sport est important pour son équilibre physique et psychologique.
L’enfant qui souffre d’asthme peut continuer à faire du sport à condition de prendre certaines précautions : choix de l’activité (jeux de ballon, natation…), échauffement préalable, efforts brefs (2 minutes) et progressifs entrecoupés de périodes de récupération de 1 à 2 minutes.
Il est important que les professeurs d’éducation physique soient correctement informés sur l’asthme (en leur fournissant cette étude, par exemple) et laissent l’enfant suivre son rythme et prendre si nécessaire les médicaments prescrits par le médecin. Ce n’est pas toujours le cas, ce qui pousse certains parents à demander d’emblée un certificat médical exemptant l’enfant du cours de gymnastique ou de natation. Cette situation est très préjudiciable à l’enfant, d’où l’importance d’une sensibilisation des professeurs et moniteurs d’éducation physique à ce problème.
Extrascolaire, Classes de plein air, de neige, de mer.
Participer à ces voyages est important pour l’enfant allergique tant pour son équilibre physique que psychologique. Mais plusieurs conseils sont importants à suivre : il serait souhaitable que les parents prennent contact avec la direction du lieu et éventuellement de le visiter au préalable. Il est indispensable d’expliquer aux encadrants les précautions à prendre, ne serait-ce que pour éviter à l’enfant allergique la literie en plumes ou le duvet, l’initiation à l’équitation ou les longues marches en terrain accidenté. La présence d’une infirmerie où l’enfant pourra suivre son traitement dans les meilleures conditions est un élément à prendre en compte.
Tout enfant allergique a des priorités dans le choix du lieu de vacances ; il est important de tenir compte des saisons polliniques, des changements climatiques mais également de l’entretien du lieu de séjour (voir aménagements pratiques).
Aide aux soins et Protocoles d’intervention d’urgence.
Si aucun document officiel n’existe, il appartient donc au médecin traitant de rédiger ce document en fonction des symptômes et des allergies de l’enfant. Celui-ci est habilité à prescrire des « aménagements raisonnables » que les écoles seront tenues de respecter.
En France, un projet d’accueil individualisé (P.A.I.) précise les conditions d’accueil et d’intervention des enfants allergiques dans les écoles. Il est rempli par le médecin en coordination avec la direction de l’école, le médecin scolaire et les parents. En Belgique, les Pôles territoriaux et les CPMS ont pour mission d’assister les écoles à la mise en place de ces aménagements raisonnables.
S’il existe un risque de réaction anaphylactique, les personnes qui s’occupent de l’enfant doivent être informées, initiées et autorisées à donner les soins. Il est possible de se procurer des kits de démonstration des stylos injectables d’adrénaline (traitement en cas de choc anaphylactique).
Composition de la trousse d’urgence
A déterminer par le médecin en fonction des symptômes et des allergies de l’enfant. Elle contient généralement une seringue d’adrénaline et des broncho-dilatateurs.
Orientation professionnelle
Elle doit se faire le plus précocement possible et tenir compte du fait que certains métiers sont absolument déconseillés soit en fonction des allergies dont souffre l’élève soit en raison de risques élevés d’allergies professionnelles. Il s’agit des métiers exposant quotidiennement à la farine (boulangerie pâtisserie), à des irritants et allergènes très répandus tels que latex, parfums, animaux (coiffure, élevage d’animaux…), à un travail dans une atmosphère chaude et empoussiérée. Dans certains métiers (matières plastiques, chimie…), des mesures de prévention efficaces permettent de diminuer le risque.
Celles-ci devraient être enseignées dès l’apprentissage ou l’école.
5. Signes cliniques à surveiller et conduite à tenir
L’enfant allergique apprend très vite à se prendre en charge et sait quand et comment il doit utiliser ses médicaments. Cependant, il est utile que les enseignants et le personnel scolaire puissent reconnaître les deux situations d’urgence (crise d’asthme grave et choc anaphylactique) et sachent comment réagir efficacement et sans panique.
Il est important d’apprendre à reconnaître très tôt les premiers signes de la crise afin d’intervenir le plus rapidement possible pour l’arrêter.
Dans la crise d’asthme grave, il y a une aggravation de l’état respiratoire malgré les médicaments pris. Si aucune amélioration n’intervient ou s’il y a aggravation (lèvres qui bleuissent, pouls rapide, épuisement, transpiration, difficultés à parler), il faut appeler immédiatement le service d’urgence. Dans l’attente, rester calme et rassurer l’enfant, déboutonner le col de sa chemise, lui proposer de s’asseoir, mais respecter la position que l’enfant adopte spontanément !
Le choc anaphylactique et l’œdème de Quincke
Il s’agit d’urgences médicales : il y a risque mortel si l’on n’intervient pas rapidement. Les causes peuvent être diverses : piqûres d’hyménoptères (guêpes, abeilles, frelons…), allergies alimentaires, réactions à des médicaments, etc. Il est indispensable d’identifier l’allergène qui a provoqué la réaction afin d’éviter tout nouveau contact
Les enfants les plus exposés à ce type de réaction se voient généralement prescrire une trousse d’urgence contenant une seringue d’adrénaline auto-injectable.
A quels symptômes peut-on reconnaître une réaction anaphylactique (choc ou œdème) ?
démangeaisons des extrémités, du cuir chevelu ou goût métallique dans la bouche
gonflement de la gorge ou de la langue
urticaire importante sur le corps
rougeur subite de la peau
crampes abdominales et nausées
battements du cœur accélérés
transpiration ou faiblesse soudaine (dues à une baisse brutale de la tension artérielle)
impression de mourir
évanouissement ou coma
difficultés respiratoires dues à un asthme sévère ou au gonflement de la gorge
Conduite à tenir : appeler les secours d’urgence médicale au n° 100 ou 112 ; placer l’enfant en position couchée, jambes surélevées, administrer l’adrénaline, et des broncho-dilatateurs en cas de bronchospasme ou sifflements respiratoires.
6. Témoignages de parents
• Rechute d’asthme… à cause de l’école !
Maman de 3 enfants, dont l’un souffrant de dermatite atopique depuis l’âge de 4 mois et l’autre d’asthme depuis l’âge de 2 ans, il me semble indispensable de souligner l’importance de l’environnement scolaire de l’enfant dans le cadre de la prévention des allergies. Les tests sanguins nous ayant permis de mettre en évidence, outre des allergies alimentaires, une forte allergie aux acariens, de nombreuses mesures de prévention prises au niveau de notre maison ont permis de voir s’améliorer l’état de sa peau et disparaître son asthme : suppression de toute la moquette et remplacement par du parquet vitrifié, nettoyage fréquent des tentures, sols, édredons et oreillers.
Malgré cette très nette amélioration de son état, et l’absence de toute respiration sifflante pendant près de 2 ans, nous avons malheureusement dû constater qu’à son retour de classes de mer, où il était parti durant une semaine, son asthme a réapparu… Les grands dortoirs aux multiples lits chargés de matelas, couverture et oreiller n’étaient hélas pas “sans poussière”… Nous ne regrettons certainement pas cette expérience de vie en communauté avec ses camarades et son institutrice qui lui a certainement apporté beaucoup notamment sur le plan socio-affectif.
Ne voulant pas être “surprotecteurs”, comme on l’est parfois trop avec un enfant allergique, nous avions souhaité qu’il participe à ce séjour, mais le prochain départ se fera avec une housse anticarien, un sac de couchage, un oreiller « sans poussière » et une chambre individuelle, pas un dortoir…
Une deuxième rechute due à l’école a eu lieu en septembre : rentrée des classes… fin septembre : réapparition de l’asthme en parallèle avec la découverte du fait qu’un cours de psychomotricité est donné sur de vieux tapis de gymnastique en tissu qui s’effritent…
Heureusement, tant la psychomotricienne que la direction de l’école ont bien réagi face au problème que nous leur avons exposé : les vieux tapis ont été jetés et de nouveaux tapis sont mis au budget de l’Association des parents pour cette année scolaire.
Encore une petite bataille de gagnée pour la prévention des allergies… en attendant la suivante ? Le coin lecture fait de vieux coussins disposés sur un tapis qui l’est encore plus, le stage poney, le petit animal (lapin, hamster…) qu’on observe en classe et puis qu’on adopte en guise de mascotte…
F. L., maman de 3 enfants
• L’allergie est méconnue
Je voudrais mettre en lumière un aspect de l’état allergique que l’on néglige souvent de prendre en considération. C’est son caractère occulte.
Vous êtes en visite chez l’une ou l’autre de vos connaissances, vous êtes même entre amis, et vous voilà obligés de refuser de partager soit un verre de bon vin, soit l’une ou l’autre gâterie des plus appétissantes ou que sais-je encore.
« Mais si, prends-en un peu ! Un tout petit peu ! Allez pour me faire plaisir ! ». Comment faire alors pour expliquer que l’on est allergique à ceci ou cela et que, surtout, même le « tout petit peu » occasionne des effets identiques à ceux d’une portion normale ?
La condition de l’allergique n’est pas suffisamment connue du public en général et ne rencontre chez le « bien portant » que scepticisme voire dérision. Combien de gens par exemple savent qu’une miette de pain vagabonde étant absorbée par mégarde par un enfant peut entraîner pour celui-ci les plus graves conséquences ? Combien de gens connaissent l’épouvantable phénomène du choc anaphylactique ?
Pour qui n’a aucune idée de ce qu’est l’allergie, pareil fait est tout simplement incroyable. L’aspect caché des affections allergiques rend incommode le contact avec autrui au même titre que ce qui se passe lorsque l’on se trouve devant une personne sourde dont le handicap est loin d’être apparent. A. D (Mons)
• L’eczéma : un enfer pour les tout petits et leur famille
Je me permets de vous écrire cette lettre car je vis un enfer avec mon enfant de cinq ans qui a un eczéma atopique depuis l’âge de quatre mois.
Voici son vécu : à dix-huit mois, hospitalisation d’une semaine. Traitement à la cortisone. Le professeur du service m’autorise une heure de visite par jour. Mon enfant était en dermatologie, dans le service adulte. Qui s’en occupe la journée ? On lui prescrit une pommade à appliquer une fois par jour et un bain à donner tous les deux jours et, pour couronner le tout, le professeur me dit que tout ceci (l’eczéma) vient de la mère…
En sortant de l’hôpital, mon garçon a un régime d’éviction sans gluten, sans œuf, sans protéine de lait, sans poisson, sans chocolat, que je suis à la lettre. Mais ce régime ne donne aucun résultat. Il reçoit alors un nouveau traitement : des ampoules de cromoglycate de sodium trois fois par jour et un antihistaminique.
Vers deux ans et demi, on lui fait une prise de sang et on détecte une allergie au blanc d’œuf. Il a toujours de la pommade à la cortisone. Je vois régulièrement un dermatologue qui me dit « ça va passer ». On lui donne à nouveau un traitement aux corticoïdes administré par voie orale.
A ce jour, mon enfant est réveillé toutes les nuits. Il a le corps « en feu ». Il a toute l’année des crevasses sur les mains et se gratte jusqu’au sang. C’est un enfant calme qui ne semble pas anxieux. Il est content d’aller à l’école et pratique une activité sportive. Malgré son régime, il mange relativement bien mais ne prend pas de poids. A ce stade, j’ai peur des effets secondaires de la cortisone. Je ne sais pas si je peux tenir encore le coup en dormant quelques heures par nuit.
Mme N.Q. (F), une maman désespérée.
• Allergie au latex : hôpital = danger
Maman d’enfants allergiques sévères, je m’adresse à vous pour obtenir votre soutien et faire remonter avec plus de poids auprès du ministère de la Santé mes suggestions susceptibles de sauver des vies et d’intéresser d’autres familles, entre autres allergiques.
Ma fille a fait un œdème de Quincke au latex et risque le choc anaphylactique pour tout acte médical car la plupart des accessoires médicaux contiennent du latex.
Ne pourrait-on pas généraliser :
les médailles avec un sigle type Croix Rouge pour alerter tout secours si la personne concernée ou quelqu’un à ses côtés ne peut le faire,
les kits sans latex chez les pompiers et les urgentistes ;
réserver quelques chambres dans les hôpitaux d’une couleur différente de celle des autres pour mettre en garde le personnel d’un problème (cela se fait dans certaines maisons de retraite pour des personnes contagieuses) et, en plus,
placarder les consignes sur la porte et à côté du lit – pour mettre en garde le personnel hospitalier sur la particularité du patient, et éviter, comme nous l’avons vécu à nos dépens que le personnel ne tienne pas compte dudit problème par habitude (apparemment, il ne suffit pas de lire la consigne !)
Il en va de la vie de nos enfants. Je compte sur votre structure pour infléchir les décisions du ministre concerné, et aider à la généralisation de ces pratiques, pour la plupart peu coûteuses pour l’État
(N.D.L.R.) : actuellement la plupart des hôpitaux ont des salles d’opération « sans latex » et cette allergie est en recul.
Mme F. L. (F)
• Démarches effectuées pour sensibiliser l’école de notre fils
Mon mari et moi-même avons eu l’occasion de parler du problème de notre fils dans sa classe (de ses absences répétées, de ses infections pulmonaires, de lui permettre un suivi scolaire malgré tout à la maison…) ; tout le monde a compris l’importance de son handicap et les jeunes ne lui ont plus dit « tu es toujours malade ».
Même si en dehors des réactions allergiques notre enfant se porte bien, il est souvent inquiet des dangers et des réactions qu’il peut développer. Il est important que l’enfant ait confiance dans l’équipe éducative. Il est important aussi que les encadrants aient confiance en l’enfant. Nous insistons fort sur la qualité du climat de concertation qui doit régner entre tous les partenaires. (Parents direction, direction enseignants, direction personnel entretien, direction cuisine.). Le côté psychologique de l’enfant est très important – une classe bien informée (élèves) du problème de l’enfant sera plus compréhensive, plus attentive – sinon l’inverse se produit et l’enfant est rejeté, isolé… Nous avons également rencontré le directeur de l’établissement scolaire qui a compris l’importance des choses.
A la maison, toutes les mesures sont suivies : éviter les facteurs déclenchant tels que acariens, animaux, moisissures, les irritants, les polluants (tabac, climat froid et humide), l’effort et les facteurs émotifs.
Au point de vue de son traitement, les objectifs sont multiples : il faut contrôler les symptômes, prévenir les crises en mesurant sa capacité respiratoire à l’aide de son débitmètre de pointe. La qualité de vie de notre fils est ainsi satisfaisante et il peut le plus souvent avoir une vie scolaire, sportive, familiale normale.
N. D.
7. Revendications, requêtes, appels…
La fréquentation de l’école est obligatoire. Elle doit donc être conçue pour accueillir tous les enfants dans des conditions optimales pour leur santé et pour leur éducation. Des problèmes particuliers se posent pour les enfants allergiques qui constituent environ un élève sur six (15 %) et un élève asthmatique sur 10 (10 %).
Il faut éviter que ces enfants soient exposés en permanence à certains allergènes majeurs que sont les animaux, les acariens, les moisissures et qu’ils soient en contact avec la fumée de tabac et avec des irritants (produits chimiques). L’enfant allergique sait ce qui lui convient : il faut le croire lorsqu’il affirme ne pas pouvoir supporter tel ou tel aliment.
8. Aménagement des écoles et/ou locaux d’accueil des enfants
Des normes d’humidité de l’air intérieur et de ventilation en rapport avec le nombre d’élèves présents dans le local ou la classe devraient être imposées. Le personnel enseignant, mais aussi le personnel de cuisine et d’entretien, devraient recevoir une information sur l’allergie.
L’entretien des locaux, notamment de la salle de gymnastique, doit être régulier et se faire en l’absence des élèves. Il faut éviter l’usage de produits agressifs et d’aérosols et apprendre au personnel d’entretien comment et pourquoi éliminer les moisissures éventuelles.
A proscrire
La présence permanente d’animaux dans les classes maternelles ;
la présence occasionnelle (lorsqu’un enfant ou l’enseignant apporte un animal pour l’observation) peut être acceptée à condition que les parents en soient avertis à l’avance.
Les locaux équipés de moquettes, coussins, vieux matelas
Les vestiaires à l’intérieur des classes
Les matériaux contenant du formaldéhyde
Les surfaces poreuses qui retiennent les poussières
Les ficus (risque d’allergie et possibilité d’allergie croisée avec le latex)
Des rideaux non lavables
A traiter rapidement
Les dégâts des eaux
La présence d’humidité ou de moisissures
Les résidus de produits chimiques, dont les peintures qui ne sont pas faite à base d’eau et les désodorisants.
Suggestions
Dans les écoles maternelles :
Aérer régulièrement
Prévoir des tapis de mousse et des coussins lavables dans les coins lectures et les laver très régulièrement (une fois par mois)
Acheter une machine à laver et laver la literie utilisée pour la sieste toutes les 6 semaines à 60 degrés
Organiser des sorties pour aller observer les animaux dans leur environnement naturel ; installer des mangeoires pour les oiseaux dans la cour de récréation
Les poissons rouges peuvent remplacer les animaux à poil ou à plumes (attention à la nourriture pour poissons qui ne peut contenir d’allergènes comme du poisson séché) ;
Dans toutes les écoles et lieux d’accueil
Préférer les rangements dans des coffres ou armoires fermées
Laver les tableaux à l’eau pour ne pas faire voler la poussière
Laver les rideaux/tentures une fois par trimestre
Autres problèmes
Au niveau alimentaire, il faut en outre veiller à offrir des repas et des collations adaptées à leurs allergies (choix suffisant ; information précise et complète sur le contenu de ce qui est proposé).
L’école doit aussi être capable de réagir rapidement en cas de problème (asthme grave, choc anaphylactique) et doit permettre aux enfants de prendre les médicaments prescrits par le médecin, au besoin avec l’aide des enseignants. Une formation du personnel (enseignant, entretien, cantine) devrait être assurée.
Dans l’enseignement technique et professionnel
A l’heure actuelle, les enfants qui vont à l’école sont exclus de la protection dont bénéficient les adultes dans leur profession. Les normes de la médecine du travail devraient être appliquées dans l’enseignement technique et professionnel et des mesures de protection expliquées et imposées lors de la manipulation de produits irritants (produits chimiques) ou très allergisants (poussière de bois…)
Ne jamais orienter un élève vers un enseignement technique ou professionnel présentant des risques d’allergies pour l’élève. Tout élève a sa place dans l’enseignement ordinaire de transition, sans redoublement ou orientations, jusque 18 ans. Son choix d’orientation doit être personnel et réfléchi avec les responsables médicaux qui le prennent en charge.
9. Adresses utiles
Belgique
FPA (la Prévention des Allergies ASBL)
56, rue de la Concorde
1050 Bruxelles
Tel: 02/518.18.74
0476/09 06 45 (disponible tous les mardis de 9 à 12h)
E-mail : fpa@oasis-allergies.org
http://www.oasis-allergies.org
FARES (Fonds des Affections Respiratoires)
Rue Haute, entrée 290 – 807A
1000 Bruxelles Belgique
Tél. 02 512 29 36 – Fax 02 511 14 17 www.fares.be
Allergiekoepel vzw
Staatsbaan 165
3460 Bekkevoort
Tél. : 0800 84 321
E-mail : info@astma-en-allergiekoepel.be
Site : www.astma-en-allergiekoepel.be
Institut scientifique de la Santé publique Louis Pasteur
14 rue Wytsman
1050 Bruxelles
Allo Pollen 0900/100.73 et sur www.airallergy.be
Plusieurs hôpitaux belges ont mis sur pied une école de l’asthme.
Grand-Duché du Luxembourg
Luxembourg Institut of Healt
Contact :
Arnaud d’Agostini
Head of Marketing and Communication
Luxembourg Institute of Health
Tel: +352 26970-524
Email: arnaud.dagostini@lih.lu
France
AFPRAL (Association Française Pour la Prévention des Allergies)
4, place Louis Armand – La Tour de l’Horloge – 75012 PARIS
[5] L’atopie (ou terrain allergique) définit la prédisposition héréditaire qu’ont certaines personnes à développer une allergie. Le mot « atopie » vient du grec, « a »= sans et « topos » = lieu. De quoi décrire une affection difficile à comprendre.
[6] La cause du choc anaphylactique est une réaction à la mise en présence d’un allergène. Cette réaction allergique aiguë est provoquée par des aliments dans 60% des cas : les crustacés, les œufs, le sésame, les fruits à coque, le lait de vache ou le lait de chèvre, le poisson, les fruits exotiques font partie des aliments les plus allergènes. Le choc anaphylactique peut aussi être consécutif à la prise de médicaments (cela concerne 16 % des cas) comme l’iode utilisée pour les examens d’imagerie médicale, certains antibiotiques, des bêtabloquants, des anti-inflammatoires, certains vaccins ou anesthésiques (choc anaphylactique au bloc opératoire). Il est provoqué par le venin de certains insectes dans 16 % des cas : frelon, guêpe, abeille. Enfin, dans les 4 % des cas restants, le latex est l’allergène en cause, tout particulièrement pour les personnes dont la profession nécessite le port de gants médicaux. Par ailleurs, on a observé des facteurs aggravant le risque de faire un choc anaphylactique, comme l’existence de comorbidités (asthme sévère, problèmes cardiovasculaires, etc.), ou encore un effort physique après ingestion d’un aliment allergène (anaphylaxie d’effort).
[7] L’Aspergillose est un terme qui regroupe les infections causées par des champignons appartenant au genre Aspergillus. Bien que toute la population soit exposée à ces champignons, présents dans l’environnement sous forme de spores, ils ne deviennent pathogènes que dans certaines conditions, notamment en cas d’immunodépression ou de maladies pulmonaires chroniques. L’Aspergillose pulmonaire invasive est la troisième cause d’infection fongique invasive en France avec un taux de mortalité élevé, situé entre 50 et 80%.
[8] Courant au potager, Alternaria alternata est un champignon phytopathogène responsable d’une maladie bien connue des jardiniers et maraîchers : l’alternariose. S’il affecte souvent les plantes, Alternaria alternata peut également être responsable d’allergies et de maladies respiratoires chez les personnes qui y sont sensibles.
[9] Le Cladosporium cladosporioides est une moisissure dématiacée saprophyte largement répandue; ce mycète infecte parfois le poumon, la peau, les yeux et le cerveau des humains.
[10] L’œdème de Quincke est un gonflement de la peau et des muqueuses, souvent lié à une allergie ou une inflammation. Il peut être dangereux s’il touche la gorge ou l’abdomen. L’œdème de Quincke, ou angiœdème, correspond à un gonflement des couches profondes de la peau et des muqueuses, parfois accompagné d’une rougeur. D’origine allergique ou inflammatoire, il est souvent passager et localisé au niveau de la tête et du cou (les paupières, les lèvres, et le pharynx se mettent à gonfler). Mais l’œdème peut aussi atteindre le larynx, les mains, les pieds, les organes génitaux externes et le tube digestif. Sa survenue est brutale et peut causer une difficulté de déglutition, un gonflement de la langue et de la gorge pouvant aller jusqu’à l’étouffement.
[11] Le Kamut, aussi connu sous le nom de blé Khorasan, est une céréale ancienne, ancêtre du blé moderne, qui trouve son origine en Mésopotamie, dans une région du Moyen-Orient qui s’étend de l’Égypte jusqu’aux vallées du Tigre et de l’Euphrate. Tout d’abord, comme indiqué ci-dessus, le kamut contient du gluten et ne convient pas aux personnes souffrant de la maladie cœliaque ou d’une sensibilité au gluten non cœliaque.
De plus, comme tout aliment, le kamut peut déclencher des allergies alimentaires chez certaines personnes.
[12] L’anhydride sulfureux ou E220 est un conservateur et antioxygène, minéral ou de synthèse. Les risques d’intolérance ou d’allergie sont importants, chez les individus sensibles (asthmatiques)En effet, les sulfites peuvent déclencher de l’asthme caractérisé par des difficultés à respirer, de l’essoufflement, des râles et de la toux.
[13] Le formaldéhyde est un composé organique volatil. Il s’agit d’un gaz irritant pour les yeux, le nez et la gorge. L’OMS le considère comme cancérigène certain. L’exposition prolongée à ce gaz volatil engendre des effets allergiques et a un impact sur l’appareil respiratoire. On le retrouve dans les produits de constructions et de décoration (colles, liants, bois agglomérés et contreplaqués, fumées de tabac, bâtons d’encens, foyers ouverts, produits d’entretien comme les laques, les vernis, les encres, les pesticides et autres produits ménagers, ainsi que les produits d’hygiène, de soins et cosmétiques.
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