Mémorandum pour une École inclusive : Le soutien à l’élève

Mémorandum pour une École inclusive : Le soutien à l’élève

L’École ne peut pas être reproductrice des inégalités, qu’elles soient sociales, culturelles ou physiques et intellectuelles.

Une des conditions clé de l’École inclusive est la mise en place de mesures de soutien aux élèves à besoins spécifiques. Il s’agit d’aller au-delà des « simples » adaptations matérielles et de mettre à leur disposition les moyens qui vont leur permettre de participer pleinement à la vie de la classe, de l’école et aux apprentissages. Ces moyens ont également pour objectif d’assurer au mieux leur réussite scolaire et éducative.

Je m’engage à mettre toutes mes forces et toute ma compétence au service de l’éducation de chacun des élèves qui me sera confié .

(Serment de Socrate).

Les aménagements raisonnables sont formalisés dans un protocole dans l’enseignement ordinaire et dans un PIA pour les élèves dans l’enseignement spécialisé et en intégration, et dans le premier degré de l’enseignement ordinaire pour les élèves qui ont des difficultés d’apprentissage.

Plan individuel d’apprentissage (P.I.A.)[1] : Outil méthodologique élaboré pour chaque élève et ajusté durant toute sa scolarité par le Conseil de classe, sur la base des observations fournies par ses différents membres et des données communiquées par l’organisme de guidance des élèves. Il énumère des objectifs particuliers à atteindre durant une période déterminée. C’est à partir des données du P.I.A. que chaque membre de l’équipe pluridisciplinaire met en œuvre le travail d’éducation, de rééducation et de formation.

Ces soutiens sont planifiés entre tous les acteurs (enseignants, parents, Centre PMS, spécialistes, direction, etc.) et inscrits dans le dossier d’accompagnement à l’élève. Ce Plan Individuel d’Apprentissage (P.I.A.) consigne les forces de l’élève, les objectifs visés en fonction de sa spécificité, les interventions et les intervenants, ainsi que les modalités d’évaluation. Tremblay et Belley (2018), précisent ces fonctions :

  1. Identification des besoins de l’élève.
  2. Planification des interventions et élaboration des objectifs individualisés.
  3. Organisation de la collaboration entre professionnels et/ou les parents.
  4. Recommandation des adaptations/modifications relatives à l’élève.
  5. Communication constante autour de la situation de l’élève.
  6. Régulation et ajustement périodique des interventions et des objectifs.
  7. Transition vers un autre niveau scolaire ou la vie d’adulte (travail, famille, logement, etc.)

Dans un esprit de coopération active, l’élève est partie prenante de ce plan et son avis est pleinement pris en compte. De même, il doit marquer son accord sur les adaptations/modifications qui sont proposées.

Le P.I.A. est accessible et compréhensible par tous et est remis à jour périodiquement, l’idéal étant de le faire tous les trois mois, soit trois fois sur l’année scolaire. Lors des passages de classe, les enseignants le transmettent à leurs collègues suivants (même lors du passage de primaire en secondaire) et le leur expliquent en détail.

Contrairement à la situation actuelle où trop d’écoles limitent leur implication dans la prise en compte des différences, l’École inclusive garantit de fait que tous les élèves à besoins spécifiques jouissent et exercent tous leurs Droits, en mettant en place tous les aménagements nécessaires au respect de leurs objectifs. Ceux-ci sont mis en place en concertation avec tous les acteurs concernés. Les aménagements mis en place en classe sont, dans la mesure du possible, étendus à l’ensemble de la classe, afin de ne pas stigmatiser les élèves qui y ont droit[2].

Dans une École inclusive, les aménagements raisonnables bénéficient à tous les élèves, de manière à les rendre universels. Chaque élève en bénéficie en fonction de ses propres besoins, qu’ils soient temporaires ou permanents.

Les principes qui doivent guider la mise en place des Aménagements Raisonnables pour un élève à besoins spécifiques sont :

  • Favoriser l’autonomie de l’élève.
  • Se baser sur les besoins de l’enfant sur le plan des apprentissages et du vivre ensemble et non sur les caractéristiques d’un trouble ou d’une déficience.
  • Voir les adaptations comme temporaires, elles doivent être régulièrement évaluées et adaptées, voire retirées graduellement lorsque c’est possible, ou encore renforcées en fonction des besoins spécifiques de l’élève.
  • Eviter toute forme de stigmatisation ; ces adaptations doivent tendre vers l’ordinaire, la routine, tenter d’être les plus normales possibles.
  • Rendre ces adaptations disponibles pour tous. Il n’est pas judicieux qu’un professionnel supplémentaire en classe ne s’occupe que des élèves à besoins spécifiques.

Dans une École inclusive, l’apprentissage coopératif permet d’établir un climat bienveillant, un lieu de droits des élèves. Progressivement, cette pratique pédagogique va instaurer des relations sociales bienveillantes et conviviales entre tous les intervenants, adultes et élèves mais également, par corrélation, entre les familles.

Le tutorat est un levier d’inclusion. On n’apprend jamais seul dans une École inclusive. Si chaque élève est avant tout responsable de ses propres apprentissages, il est également responsable des apprentissages de ses pairs, avec qui il coopère. La réalisation d’objectifs communs ainsi que la pleine participation de chacun à toutes les activités, en fonction de ses possibilités, renforce la cohésion du groupe.

Il est indispensable d’organiser des classes hétérogènes afin que chaque élève puisse s’appuyer sur les talents de chacun et chacune et avoir des relations sociales harmonieuses et respectueuses avec ses pairs.


[1]                  Voir Décret de 2004 sur l’enseignement spécialisé, Code Article 4. – § 1er, 19° www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/28737_018.pdf  

[2]                  Par exemple, si un enfant avec un TDA/H a droit à avoir un casque anti-bruit, tous les autres élèves peuvent en bénéficier, en fonction de leurs besoins. De même, si le premier a droit à plus de temps pour terminer un exercice ou une évaluation formative ou certificative, tous les élèves bénéficient également de ce laps de temps complémentaire. Il en va ainsi de toutes les accommodations, ce qui permet à la classe d’être pleinement inclusive et non de ne l’être que pour une certaine catégorie d’élèves.

Mémorandum pour une École inclusive : Coopération avec les parents

Mémorandum pour une École inclusive : Coopération avec les parents

Les parents ne sont pas encore suffisamment considérés comme des partenaires de l’école et leur participation à la scolarité de leur enfant est encore trop souvent limitée à la réunion de début d’année, aux remises de bulletins et à l’organisation de fêtes au sein de l’association de parents de l’école.

  • Kozleski et Jackson (1993) ont identifié trois facteurs de réussite d’une collaboration entre les parents et l’École inclusive :
    • L’implication constante des parents
    • Les attitudes positives
    • La bonne communication entre les diverses personnes impliquées dans le processus.

La participation des parents à l’école est légitime[1]. Ils sont invités à représenter tous les parents de l’école au Conseil de participation.

Il est à rappeler que les projets d’établissement et pédagogique doivent être accessibles à tous les parents et aux élèves. Ils doivent être rédigés de manière à être compréhensibles par tous. Certains parents présentent, eux aussi, des besoins spécifiques que l’école doit pouvoir prendre en compte.

Dans une démocratie, l’École doit montrer l’exemple, tant à ses élèves pour en faire de véritables citoyens soucieux de se battre pour plus de droits pour tous, mais également aux parents qui attendent que l’École remplisse cette mission.

Le parent tient le rôle d’ambassadeur en assurant la communication régulière et informelle entre les différents intervenants. Il est impliqué dans l’élaboration et la rédaction du P.I.A. et jusqu’à la majorité de l’enfant il doit être associé à la réflexion et à la cohésion autour du projet éducatif de l’élève.

1.               Rôle des parents

L’École inclusive est l’école de toutes les proximités. Elle permet aux élèves de s’y rendre à pied ou en mobilité douce, éventuellement accompagnés de leurs parents ou d’un proche. Les élèves à besoins spécifiques ne prennent plus nécessairement les transports scolaires pour se rendre à l’École inclusive. Dans ce contexte, cela permet à l’école, comme aux familles, de créer des liens qui sont bénéfiques à l’inclusion de tous les enfants.

L’élève, soutenu par ses parents, orchestre son projet de vie. Les parents se situent à l’intersection des différents mondes qui gravitent autour de l’enfant. À ce titre, ils rencontrent les différents professionnels. Le lieu de vie en famille constitue en outre un milieu écologique d’apprentissages concrets, connus et insuffisamment exploités.

Les parents d’un élève à besoins spécifiques le connaissent mieux que quiconque et mettent souvent en place, à la maison, des pratiques adaptées aux spécificités de leur enfant, dont l’école pourrait s’inspirer. Et vice-versa.

L’École inclusive valorise la place et le rôle de tous les parents dans la construction de l’inclusion scolaire, que ceux-ci soient présents ou non, que leur situation familiale ou sociale leur permette de participer de près ou de loin au projet de leur enfant. Les réalités familiales ne peuvent en aucun cas constituer un obstacle à la mise en œuvre d’un cadre scolaire inclusif ; des facteurs socio-économiques, intellectuels ou linguistiques du milieu familial ne peuvent justifier l’orientation d’un enfant vers un enseignement ségréguant.

L’implication parentale, valorisée par l’école, est importante pour la réussite de l’inclusion scolaire de l’élève. La collaboration entre l’école et la famille s’inscrit dans une approche systémique où l’intervention est axée non seulement sur l’enfant, mais aussi sur la famille, l’école, la classe, l’enseignant et la communauté (Bronfenbrenner, 1979).

Dans l’École inclusive, les parents et leur enfant sont les principaux décideurs des choix scolaires. Si les professionnels de l’éducation sont les experts des apprentissages scolaires, ce sont les parents qui ont la responsabilité de faire les choix les plus appropriés en fonction des besoins et des projets de l’élève. Celui-ci doit être partie prenante car il identifie les aménagements qui lui conviennent, en lien avec ce qui a déjà été mis en place.

2.              Mise en place de partenariat parents-école

Un partenariat entre les parents et les enseignants mais également les autres membres du personnel de l’École inclusive se construira ainsi tout au long de la scolarité de l’élève.

La première étape de ce partenariat est d’établir à la fois les besoins des parents :

  • Être mieux informés ;
  • Avoir des contacts réguliers ;
  • Revendiquer des pratiques plus adaptées ;
  • S’entendre sur les objectifs ;
  • etc.

et les besoins de l’équipe éducative :

  • Mieux comprendre l’élève ;
  • Connaître son histoire ;
  • Ce qui a déjà été essayé avec succès ou non ;
  • S’entendre sur les objectifs ;
  • etc.

Parmi les moyens pour faciliter ce partenariat citons, par exemple :

  • La rencontre avec la famille ;
  • L’organisation d’activités qui favorisent les échanges participatifs et le partage des ressources ;
  • Les parrainages entre parents ;
  • etc.

La situation familiale ne permet pas toujours l’implication des parents. Dans ce cas, l’école veillera à trouver les relais indispensables pour assurer la participation de l’élève à la vie scolaire.

La seconde étape consiste à s’accorder sur les moyens pour atteindre les objectifs définis en commun, autrement dit, les actions à entreprendre.

La troisième étape est alors la coopération. Les parents sont associés à l’école, sur base égalitaire, et partagent à la fois les objectifs et les actions à mener. La participation des parents à l’École inclusive fait référence à l’implication des parents dans les instances décisionnelles de l’école notamment au sein du Conseil de participation, à la relation individuelle des parents avec les enseignants et à leur contribution indirecte au fonctionnement de l’école (Migeot-Alvarado, 2000). Les attentes vis-à-vis des parents doivent rester raisonnables et réalistes, afin que ceux-ci puissent avant tout rester parents.

Cette relation de confiance entre l’École et les parents doit se travailler à tout moment car elle est le gage de réussite de l’École inclusive.

Au sein de l’École inclusive tous les parents d’élèves, qu’ils aient des besoins spécifiques ou non, sont informés par la communauté éducative des bénéfices qu’apporte ce dispositif à tous les élèves tant au niveau pédagogique qu’au niveau humain.

L’École inclusive est un projet commun qui ne cesse d’évoluer au gré de la société, des familles, des élèves, de l’équipe éducative et de toute personne en interaction avec les élèves.


[1]                  www.fapeo.be/wp-content/uploads/2019/10/Brochure-CoPa1.pdf

Mémorandum pour une Ecole inclusive : Le travail avec la communauté locale

Mémorandum pour une Ecole inclusive : Le travail avec la communauté locale

L’École inclusive implique la communauté locale dans la scolarisation des élèves à besoins spécifiques, tels les employeurs locaux, les services publics, les associations locales tels les services d’accompagnement, les écoles de devoirs, les mouvements de jeunesse, les associations de loisirs, les fédérations sportives, les associations culturelles, les activités extrascolaires, etc., qui sont les outils d’une société plus inclusive. La communauté est ainsi définie : « un groupe qui a appris à transcender ses différences individuelles » (Peck, 1993, p.73) non pas en les éliminant, mais en les intégrant à son tissu social.  

Les loisirs artistiques sportifs et culturels doivent être également accessibles à tous sans restriction. Ces associations développent l’inclusion sur un plan social et permettent, tant aux enfants à besoins spécifiques qu’à leurs pairs, de tendre progressivement vers une citoyenneté responsable.

Il est indispensable que l’École inclusive associe ces services à la vie scolaire et, si nécessaire, à ses structures. Les enfants scolarisés ensemble se retrouvent dans les structures sociales extrascolaires. Ils ont ainsi une meilleure compréhension de la différence et du handicap. Ils sont les ferments d’une future société réellement inclusive.

L’inclusion s’étend par conséquent tant dans l’École que dans les milieux extrascolaires.

Mémorandum pour une Ecole inclusive en bref

Mémorandum pour une Ecole inclusive en bref

Analyse pour comprendre le Mémorandum remis ce

2 décembre 2022 sans devoir tout lire

  • L’introduction éclaire les raisons qui nous ont conduits à écrire nos revendications sous forme de mémorandum.

Le Droit international impose aux États à la fois un enseignement basé sur l’égalité des chances et une École inclusive. Ces deux exigences sont d’ailleurs indissociables. En effet, donner des chances égales d’émancipation sociale à tous les élèves ne peut se faire que dans une École qui accueille tout le monde, sans distinction d’origines, de genres, de capacités intellectuelles, physiques, sensorielles, etc.

Pourtant, nous sommes encore loin du compte. Notre système scolaire demeure profondément discriminant : il reproduit les inégalités sociales, mais en plus, il les amplifie ! Les écoles doivent devenir inclusives, mais le Pacte pour un enseignement d’excellence confond encore « intégration » et « inclusion ». Pourtant, nous sommes déjà bien engagés dans le XXIe siècle. Il y a un cap – pire, une péninsule – qu’ils n’ont pas dû voir passer.

Ces combats, les militants de la Ligue des Droits de l’Enfant et ses partenaires associatifs, les portent depuis plus de 20 ans et déplorent le manque d’ambition du Pacte pour un enseignement d’excellence. Comme la Fédération Wallonie-Bruxelles n’est pas capable de penser une Ecole inclusive, nous l’avons fait pour elle. Nous ne proposons rien de moins qu’une… révolution.

Fort heureusement, nous ne sommes pas seuls. Des écoles de plus en plus nombreuses deviennent inclusives ou tentent de l’être. Les Pôles territoriaux seront là pour les y aider. Mais où seront les accompagnements pour les plus faibles ? Ceux qui trouvent dans un enseignement ségrégué et devraient être assis avec leurs pairs au sein de classes ordinaires.

Ce mémorandum, fruit de 21 années de lutte pour que l’École accueille tous les élèves quelles que soient leurs particularités, a pour objectif de définir clairement ce que doit être l’École inclusive, non seulement pour les enfants et les familles d’enfants à besoins spécifiques, mais également pour tous les élèves, quelles que soient leurs réalités. Une École inclusive est, par définition, une École des Droits de l’Enfant, une École Pour Tous !

  1. L’Ecole inclusive, c’est quoi ?

L’École inclusive concerne tous les élèves avec leurs diversités, qu’elles soient intellectuelles, physiques, culturelles, sociales, de genre, de langue, d’orientation sexuelle, … tout au long de leur scolarité et non uniquement les élèves en situation de handicap, qualifiés actuellement « à besoins spécifiques ». Cette diversité fait la richesse de nos classes, de nos écoles et de notre société.

L’Ecole inclusive c’est aussi :

  • L’école de proximité, l’école du quartier, du village où les élèves avec handicap ne doivent pas passer des heures dans des bus chaque jour pour s’y rendre ;
  • Une Ecole où, on ne redouble pas, du préscolaire à la fin du secondaire ;
  • Une Ecole où les enseignants de l’ordinaire travaillent en co-enseignement, avec les enseignants de l’enseignement spécialisé, au sein des mêmes classes.
  • C’est une Ecole à pédagogie active, où chaque élève est acteur de ses apprentissages

2. Il faut adapter le cadre légal

L’Ecole inclusive concerne tous les niveaux de pouvoirs. Le Droit à l’inclusion doit modifier rapidement tous les textes qui contreviennent à l’instauration d’une Ecole inclusive en tenant compte des exigences et recommandations des textes internationaux.

Par exemple :

  • L’article 22 ter de la Constitution n’est pas pleinement contraignant : « Chaque personne en situation de handicap a le droit à une pleine inclusion dans la société, y compris le droit à des aménagements raisonnables ». Il y a lieu de le rendre pleinement contraignant.
  • Interdire aux écoles le refus d’inscription, l’orientation précoce et l’exclusion d’élèves en raison de troubles ou de déficiences ;
  • Faire disparaître les structures ségrégatives et, de ce fait, fusionner les classes et écoles spécialisées avec celles de l’enseignement ordinaire ;
  • Dans un souci d’accompagnement précoce, investir des moyens supplémentaires dès l’École maternelle afin de permettre aux enseignants et aux paramédicaux de détecter au plus tôt l’émergence de troubles ou de déficiences, de faciliter la collaboration entre équipe éducative, CPMS et services d’accompagnement ;
  • Etc.

3. Valeurs et attitudes

Il s’agit d’un changement de paradigme : construire une nouvelle culture scolaire inclusive et la mettre en œuvre concrètement sur le terrain en se basant sur des valeurs de solidarité, de coopération, d’égalité et d’entraide. L’École inclusive repose sur des valeurs humaines et sociales, comme le respect des enfants et des familles ainsi que l’ouverture à la différence et la valorisation de la diversité. 

4. Ecole inclusive = enseignement de qualité

Dans une école inclusive, on ne donne pas cours. On enseigne en s’aidant d’une pédagogie active basée notamment sur le Conception Universelle des Apprentissages, les aménagements non pas raisonnables, mais universalisés !

L’Ecole inclusive ou le chemin de l’inclusion rencontre tous les élèves dans leurs spécificités et leurs difficultés. Il est démontré que l’inclusion scolaire est plus efficace que la scolarisation en enseignement spécialisé.

Une École inclusive met en place des aménagements universels qui bénéficient à tous les élèves. Les pratiques visent la participation et la collaboration de chaque élève, afin de favoriser la réussite de tous. Il est démontré que les pratiques enseignantes efficaces pour les élèves à besoins spécifiques sont tout aussi pertinentes pour les élèves qui n’ont pas de besoins spécifiques.

5. Disparition des structures ségrégatives et la redistribution de leurs besoins humains, matériels et budgétaires

Une Ecole inclusive fusionne enseignement spécialisé et ordinaire, au sein d’ écoles et de classes inclusives.

Nous appelons à fusionner enseignement spécialisé et ordinaire et à rediriger des ressources allouées à la séparation institutionnelle des publics vers la différenciation pédagogique des pratiques : les moyens humains des écoles spécialisées peuvent alors être intégrés au sein des écoles inclusives de façon à mettre en place un co-enseignement structurel permanent.

Les écoles d’enseignement spécialisé seront transformées en centres de ressources et de soutien à l’inclusion : ces structures ne seront plus responsables de l’accueil de jour de ces enfants et ne participeront à leur scolarisation que comme partenaires dans un enseignement fusionné « ordinaire/spécialisé ».

La fusion de ces deux structures de l’enseignement spécialisé et de l’enseignement ordinaire passe par le développement de pôles territoriaux pleinement inclusifs.

6. Accessibilité et différenciation

L’Ecole inclusive, si elle est le lieu de travail d’adultes, elle est avant tout un droit de l’enfant. De tous les enfants et est construite pour eux tous.

L’Ecole inclusive met tout en œuvre pour que chaque élève à besoins spécifiques accède physiquement à tous les lieux de l’établissement scolaire qui lui sont dédiés, ainsi qu’à ses pairs : rampes d’accès et d’escaliers, d’ascenseurs, de toilettes adaptées et non-genrées, etc., locaux du rez-de-chaussée attribués aux classes accueillant des élèves avec troubles moteurs. Indications des couloirs, bâtiments, affichées sous formes de pictogrammes et en braille, protocoles élaborés pour accueillir les chiens d’accompagnement, …

L’accessibilité concerne aussi les contenus et processus d’apprentissage. Adaptation de l’enseignement à tous les élèves (traces, résumés, explications, plateformes en ligne, etc.).

7. Evaluation et certification externe

Dans une Ecole inclusive, on ne pratique pas la compétition entre élèves en faisant des évaluations cotées et sélectives.

Il ne peut y avoir que deux types d’évaluation dans une école inclusive : l’évaluation formative (sans « points ») et l’évaluation certificative (le diplôme).

L’évaluation formative fournit le meilleur compte-rendu possible des connaissances et compétences des élèves, et la description claire de ce qui est ou de ce qui n’est pas acquis, seule manière de guider la façon d’enseigner et de permettre de faire évoluer la démarche si besoin.

L’École inclusive adapte les contenus ou les critères de réussite. Pour les élèves qui ne peuvent poursuivre les mêmes objectifs – et donc obtenir les mêmes diplômes – que les autres, elle adapte la tâche ou l’épreuve, modifie le programme scolaire de l’élève à besoins spécifiques afin qu’il puisse poursuivre ses apprentissages à son rythme et participer pleinement à la vie de sa classe et de l’école.

À la fin de son cursus scolaire, chaque élève en situation de handicap est certifié en fonction de ses compétences. La FWB doit mettre en place une « Certification des acquis » : un passeport de compétences pour tous les élèves qui ne peuvent poursuivre les mêmes objectifs terminaux que les autres.

La Certification des acquis ou Passeport de compétences doit permettre à tous les élèves ne pouvant poursuivre les mêmes objectifs terminaux que les autres de poursuivre des études valorisantes en enseignement ordinaire inclusif, adaptées aux compétences qu’ils maîtrisent et à leurs projets personnels. Cela doit également leur permettre au terme de leurs études, s’ils le souhaitent, de trouver un travail ajusté à leurs compétences.

8. Rôle de la direction pédagogique

Dans une Ecole inclusive, il y a lieu d’avoir une direction bicéphale : Un ou une responsable de l’administratif et un ou une responsable du pédagogique. Ces gens sont élus par leurs pairs en fonction de leurs compétences.

Rôle primordial : garante du projet éducatif et du respect des valeurs de l’École inclusive et déchargée de l’administratif. Elle assure le partage des compétences au sein des écoles, met en contact l’école avec tous les intervenants extérieurs en lien direct avec l’école (familles) ou ayant des compétences qui peuvent aider l’école à devenir encore plus inclusive (formateurs, chercheurs, associations).

« Leadership partagé » : la direction élue par ses pairs en fonction de ses compétences pédagogiques et humaines. De manière à se ressourcer, une direction d’école ne peut dépasser deux mandats électifs successifs de 5 années. Il est essentiel qu’elle puisse revenir sur le terrain par la suite.

9. Formation des enseignants

Dans une Ecole inclusive, les enseignants sont avant tout des orthopédagogues. L’orthopédagogie doit être au programme de la formation initiale, étalée entre les 4 années du cursus.

Qui doit comprendre entre autres des formations :

  • à l’inclusion ; qui portent sur les pratiques qui favorisent la réussite, ainsi que la participation et la collaboration de tous.
  • à la communication avec les parents comme partenaires de l’éducation, et donc la co-éducation ;
  • aux nouvelles technologies afin de maîtriser les outils numériques dont ont besoin les élèves à besoins spécifiques pour réaliser leurs tâches et activités scolaires.
  • à l’évaluation : les évaluations-sanctions sont remplacées par des évaluations formatives. Les bulletins “chiffrés” seront remplacés par des bulletins formatifs basés sur les forces et les progrès de l’élève dans tous les apprentissages.
  • à éviter les travaux à domicile en apprenant à faire « sans », afin de soulager élèves, parents et enseignants.

10. Le soutien à l’élève

Dans une Ecole inclusive, les besoins de l’élève sont au cœur des préoccupations des professionnels.

Une des conditions clé de l’École inclusive est la mise en place de mesures de soutien aux élèves à besoins spécifiques. Aller au-delà des « simples » adaptations matérielles, mettre à leur disposition les moyens qui vont leur permettre de participer pleinement à la vie sociale et aux apprentissages. Ces moyens ont également pour objectif d’assurer au mieux leur réussite scolaire et éducative.

11. Coop&ration avec les parents

Dans une Ecole inclusive, la place des parents n’est plus sur le trottoir. Il est dans l’école et des temps sont spécialement prévus pour la collaboration école-familles.

L’École inclusive valorise la place et le rôle de tous les parents dans la construction de l’inclusion scolaire.

Les parents se situent à l’intersection des différents mondes qui gravitent autour de l’enfant. À ce titre, ils rencontrent les différents professionnels. Le lieu de vie en famille constitue en outre un milieu écologique d’apprentissages concrets, connus et insuffisamment exploités. Les parents d’un élève à besoins spécifiques le connaissent mieux que quiconque et mettent souvent en place, à la maison, des pratiques adaptées aux spécificités de leur enfant, dont l’école pourrait s’inspirer. Et vice-versa.

12. Le travail avec la communauté locale

Une Ecole inclusive n’est pas seule sur une île déserte. Elle est au cœur du quartier et doit tisser des liens avec l’ensemble de la communauté locale.

L’École inclusive implique la communauté locale dans la scolarisation des élèves à besoins spécifiques : les employeurs locaux, les services publics, les associations locales comme les services d’accompagnement, les écoles de devoirs, les mouvements de jeunesse, les associations de loisirs, les fédérations sportives, les associations culturelles, les activités extrascolaires, etc., qui sont les outils d’une société plus inclusive.

13. Et maintenant

Ce n’est que le début d’un très long combat. Ce mémorandum fera l’objet de rencontres, de débats, d’analyses avec les différents partenaires concernés afin que nos revendications se traduisent en actions concrètes.

Mémorandum pour une École inclusive : Bibliographie

Mémorandum pour une École inclusive : Bibliographie

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