Les devoirs doivent être corrigés. Comment font les professeurs ?

Les devoirs doivent être corrigés. Comment font les professeurs ?

Si les devoirs volent du temps familial, ils en volent aussi à l’école et donc au temps d’apprentissage des élèves. Le maître doit vérifier que les devoirs ont été bien faits et les corriger. Cela se fait parfois dans la classe durant le cours, ou alors le professeur reprend la pile de devoirs à corriger chez lui.

Le temps de correction est généralement inefficace en termes d’apprentissages, ou est une charge de plus pour le maître. Ceci est sans doute la raison qui explique que plus de 50% des professeurs belges ne vérifient pas ou peu les devoirs faits à la maison. La Belgique est parmi les pays où les devoirs sont les moins corrigés et donc, parmi plus mauvais élèves de la classe avec la Suède et la Finlande[1].

Tout ça pour ça…. !!!

Et pour finir : Conclusions : Il y a des solutions, mais rappelons-nous que l’échec scolaire tue !



[1] Isac Maria Magdalena et al. Teaching practices in primary and secondary schools in Europe: Insights from large-scale assessments in education. Luxembourg : Commission européenne. 2015

Comme enseignant, ai-je le droit de donner des devoirs ou suis-je hors-la-loi ?

Comme enseignant, ai-je le droit de donner des devoirs ou suis-je hors-la-loi ?

Un enseignant ne donne pas de devoirs ou peu ! Par contre, un professeur, si ! Mais, est-il pour autant hors-la-loi ?

Si en France les devoirs sont interdits depuis 1956, dans l’enseignement francophone belge les « travaux à domicile » sont régulés depuis 2001[1] uniquement pour l’enseignement primaire[2]. Il s’agit donc d’une OBLIGATION que doit respecter chaque… professeur !

Les travaux à domicile sont ainsi définis : « activité dont la réalisation peut être demandée à l’élève, en dehors des heures de cours, par un membre du personnel enseignant. Cette définition englobe donc tous les travaux que selon les écoles, on nomme devoirs, leçons ou encore activités de recherche ou de préparation, …  Les dispositions prévues concernent donc bien toutes ces activités et pas uniquement ce qu’il est coutumier d’appeler « devoirs » [3]».

Les travaux à domicile sont une faculté laissée aux écoles, pas une obligation qui leur serait faite. Cela signifie que les équipes éducatives qui souhaiteraient fonctionner sans travaux à domicile peuvent bien entendu le faire. Certaines le font déjà. D’autres y réfléchissent.

Les travaux à domicile sont interdits à l’école maternelle. En première et deuxième années primaires, les travaux à domicile sont interdits, mais certaines activités sont autorisées (de courtes activités par lesquelles il est demandé à l’élève de lire ou de présenter à sa famille ou à son entourage ce qui a été réalisé ou construit en classe sont, par contre, autorisées).

Pour chaque élève, la durée journalière de ces travaux ne peut excéder 20 minutes en 3ème et 4ème primaires et 30 minutes en 5ème et 6ème. Il s’agit ici d’une référence que chaque enseignant doit avoir à l’esprit quand il définit les travaux à domicile. Il ne s’agit évidemment pas d’un strict minutage chronométré pour chaque enfant.

Les travaux à domicile doivent être adaptés au niveau d’enseignement et doivent toujours pouvoir être réalisés sans l’aide d’un adulte. Les travaux à domicile doivent être conçus comme le prolongement d’apprentissages déjà réalisés durant les périodes de cours. Les travaux à domicile doivent prendre en compte le niveau de maîtrise et le rythme de chaque élève. Ils ne peuvent jamais donner lieu à une cotation. Il doit être accordé un délai raisonnable à l’élève pour la réalisation.

Mais, soyons clair, pour tout enseignant un peu pédagogue qui se respecte, l’essentiel du travail se fait en classe. Les devoirs ne devraient être une exception qu’en fin de secondaire. En effet, une étude australienne a montré que les élèves étudiant dans un pays où le temps consacré aux devoirs est important, ont de moins bons résultats au Programme international pour le suivi des acquis des élèves (Pisa) effectué tous les trois ans depuis 2000, ainsi qu’aux examens mis en place par les écoles elles-mêmes. Selon l’étude, surcharger les enfants de travail en primaire n’améliore pas leurs résultats, ça paye un peu plus au collège si les élèves reçoivent une aide. C’est seulement à partir de l’âge de 15 ans, c’est-à-dire durant les années lycée, que les devoirs «renforcent les performances scolaires des élèves»[4].

Donc, comme professeur en section primaire, si je dépasse les prescrits, je suis par définition hors-la-loi. Dès lors, comment serai-je encore crédible auprès de mes élèves quand je leur demanderai de respecter le règlement de la classe ou de l’école. Un hors-la-loi peut-il être plausible quand il demande aux élèves de faire ce que lui-même se refuse de faire ?

En secondaire, les professeurs devraient se référer à l’étude ci-dessus qui en confirme d’autres, à savoir que les travaux à domicile ne sont efficaces qu’en fin de secondaire et à certaines conditions (relire « Des bénéfices pas toujours démontrés »). Avant cela, comme cela a été démontré, on sait combien les devoirs à domicile n’apportent rien.

A suivre… Les devoirs doivent être corriges. Comment font les professeurs ?



[1] Dans le décret Missions, l’article 78 §4 fut modifié par ce décret du 27 mars 2001.

[2] Durant la législature 1999-2004, nous avons eu deux ministres de l’enseignement. Un pour le fondamental et un autre pour le secondaire. C’est le premier qui a œuvré dans le sens de la défense des droits de l’enfant. L’école secondaire a eu moins de chance…

[3] Circulaire n° 57 : Régulation des travaux à domicile dans l’enseignement fondamental. Décret du 29 mars 2001

[4] Slate Live, 3 avril 2012 Trop de devoirs tue la réussite scolaire

Devoirs : des bénéfices pas toujours démontrés

Devoirs : des bénéfices pas toujours démontrés

L’efficacité des devoirs est une vieille question qui anime les acteurs de l’école et les familles depuis de nombreuses années.

Comme on l’a vu, nombre de parents et de professeurs tiennent aux devoirs parce qu’ils croient que ceux-ci influencent positivement les résultats scolaires. La question qu’il faut se poser maintenant est « Ces bienfaits ont-ils été démontrés ? »

Que dit la recherche scientifique concernant les effets des devoirs sur l’apprentissage des élèves ? La relation entre le travail à la maison et une meilleure réussite n’a toujours pas été clarifiée par la recherche. Cependant, la vaste majorité des études tend à montrer que le temps consacré aux devoirs influence positivement les résultats scolaires au secondaire[1].

Il en va autrement au primaire. Selon la méthode d’analyse retenue, l’effet des devoirs peut être soit :

– faible et donc négatif ;

– positif, mais si faible qu’il n’est pas significatif sur le plan statistique[2].

Autrement dit, il est au pire contre-productif et au mieux inefficace.

Certains chercheurs parlent même d’absence de corrélation entre le travail personnel et les performances scolaires[3]. Ils vont à l’encontre du discours de l’Ecole primaire qui encense le travail personnel, ce qui est  une manière de se disculper et de faire porter le poids de la réussite sur l’élève et sa famille. Cette vision (erronée) est très fortement liée au concept de méritocratie scolaire[4].

John Hattie[5] a réalisé une méta-analyse qui s’est notamment penchée sur les travaux à faire à la maison. Selon celle-ci, les devoirs n’ont qu’un impact limité sur les résultats scolaires en primaire. Ce sont les facteurs pédagogiques et relationnels entre élèves et enseignants qui sont les plus efficaces. Certains chercheurs font l’hypothèse que les enfants plus jeunes ont une capacité moindre de concentration, ou que leurs habitudes de travail sont moins efficaces, entraînant une utilisation moins optimale du temps consacré aux devoirs.

Cependant, les devoirs à la maison peuvent être efficaces au secondaire, mais sous certaines conditions :

− l’impact sur les résultats scolaires est plus important pour les niveaux les plus élevés (après 15 ans). Les devoirs semblent donc plus adaptés au niveau de l’école secondaire supérieure que primaire et secondaire inférieur (Bonasio & Veyrunes, 2014 ; Cooper et al., 2006). En effet, un apport positif des devoirs a pu être montré au collège pour… les mathématiques ;

− les directives données doivent être à la fois claires et explicites, et ne doivent pas contrevenir au rythme des élèves ;

− le type de devoirs influe sur leur efficacité : les devoirs de pratique sont les plus fréquents, mais leur efficacité est très limitée du fait de l’ennui qu’ils suscitent. Les devoirs de prolongement sont plus motivants, mais leurs effets sur l’apprentissage ne sont pas avérés. Les devoirs créatifs sont plus stimulants, mais ils risquent de creuser les inégalités sociales[6] ;

Un devoir démocratique, c’est une activité que l’élève peut mener de façon autonome, sans être dépendant du soutien de ses parents, qui sera à l’évidence très inégal selon leur disponibilité physique et mentale, mais aussi leur niveau d’instruction, leur rapport à l’école et aux savoirs scolaires[7].       

Enfin, pour terminer, il vaut mieux éviter des comportements familiaux qui imposent une multiplication des devoirs et leçons avec la conviction que c’est là la solution à tous les problèmes[8].

A suivre… Comme enseignant, ai-je le droit de donner des devoirs ou suis-je hors-la-loi ?



[1] Cooper, Harris, Jorgianne Civey Robinson and Erika A. Patall (2006). “Does Homework Improve Academic Achievement? A Synthesis of Research, 1987-2003”. Review of Educational Research, vol. 76, no. 1, p. 1-62.

[2] Cooper, Harris (2007).The Battle over Homework: Common Ground for Administrators, Teachers and Parents.

3rd ed. Thousand Oaks, Calif.: Corwin Press, 117 p.

[3] Meuret Denis & Bonnard Claire (2010). Travail des élèves et performance scolaire. Revue d’économie politique, vol. 120, n° 5, p. 793-821.

[4] Brown et al., 2010 ; Duru-Bellat, 2006.

[5] Hattie John: Visible learning: A synthesis of over 800 meta-analyses relating to achievement. New York : Routledge 2008

[6] Glasmnan et Besson, ibid. cités par Rémi Thibert dans le Dossier de veille de l’IFÉ, Représentations et enjeux

du travail personnel de l’élève, juin 2016

[7] Philippe Perrenoud (2004).  » Est-ce que tu as fait tes devoirs ?  » : une question inégalement persécutante.  http://www.unige.ch/fapse/SSE/teachers/perrenoud/php_main/php_2004/2004_14.html

[8] Philippe Meirieu, Ibid.

Les dangers du travail à la maison, ou le déni des droits de l’enfant

Les dangers du travail à la maison, ou le déni des droits de l’enfant

On a vu que les familles n’étaient pas égales face aux devoirs. Selon qu’il soit né de parents qui ont fait de longues études ou non, un enfant bénéficie d’aide aux devoirs ou non. Dès lors, il est important que chaque professeur ait son attention attirée sur la nécessité d’éviter que la scolarité ne pénalise les enfants en fonction de leur environnement familial.

Si les familles ne sont pas égales face aux devoirs, il en va de même pour les professeurs. Selon qu’ils soient formés ou non à la pédagogie, la multiplication de leurs exigences se révèlera ou non inflationniste. Avec le risque de pénaliser les élèves jusqu’à provoquer des rejets scolaires et/ou à décourager et les démobiliser par des excès de travaux à domicile.

En continuant d’affirmer que le travail assure une réussite scolaire, l’Ecole légitimise sa propre incompétence et induit chez les élèves une course à la réussite et la croyance qu’à « travail égal, note égale »[1]. C’est évidemment faux, car nul n’est égal face aux apprentissages. Cette course à la réussite fait de nos enfants des compétiteurs prêts à sacrifier les autres – leurs pairs – sur l’autel de la réussite scolaire, du moment qu’eux aux moins passent à travers les mailles du filet. En ce sens, les professeurs qui donnent des devoirs ne forment pas leurs élèves à la citoyenneté. Tout au contraire !

Les devoirs vont à l’encontre des rythmes biologiques de l’enfant. Il est absurde de laisser des enfants assis 6 à 8 heures par jour derrière une table, puis de les obliger à se remettre aux apprentissages une fois rentrés à la maison pour étudier une leçon ou faire un devoir. La journée est trop lourde.

Une étude Pisa a établi que, dans les pays de l’OCDE, en moyenne, un élève de 15 ans consacre 5 heures par semaine à faire des devoirs. L’Espagnol, en bas du classement, y passe 7 heures. Le Belge frôle les 6 heures. Finlande et Corée : 3 heures. Portant sur l’année 2012, publiée en 2014, cette étude a noté que, globalement, le temps consacré aux devoirs était en recul par rapport à une étude menée en 2002. Mais pour l’OCDE, ce temps reste « considérable ». Bref : excessif[2].

Les devoirs vont à l’encontre des rythmes scolaires. L’année scolaire, en Belgique, compte 182 jours ouvrables chaque année. Sur ces 37 semaines, deux aux moins sont perdues à Noël, puis en juin pour faire des révisions, des examens et pour occuper les élèves en attendant les vacances. Cela représente au moins 20 jours perdus sur l’année pour les apprentissages. Perdus, parce que les examens ne servent pas à évaluer mais à sélectionner les élèves au cours d’une compétition qui n’a rien de pédagogique. C’est tout le contraire d’enseigner : l’évaluation ne doit pas être sommative mais formative[3]. Le fait d’évaluer formativement, au quotidien, permettrait de gagner 4 à 5 semaines par an pour les apprentissages, pour les remédiations et donc aussi… pour faire les devoirs en classe. Dans une école où les professeurs courent constamment après le temps, il est étonnant qu’ils aiment tant en perdre. 

Les devoirs ne respectent pas les droits de l’Enfant. Notamment, ils l’empêchent de bénéficier des droits reconnus dans l’article 31 de la Convention relative aux Droits de l’Enfant. Celui-ci reconnaît à l’enfant le droit au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à son âge et de participer librement à la vie culturelle et artistique[4]. Il n’est pas normal que des élèves de primaire ou de secondaire soient obligés d’abandonner des activités sportives ou culturelles pour consacrer leur soirée, leur mercredi après-midi, ou leurs WE au travail scolaire. Outre le fait que cela nuise à leur repos, les devoirs empêchent d’autres apprentissages non scolaires, mais au moins tout aussi importants : pouvoir faire du sport, de la musique, d’accéder à l’art et de se cultiver dans d’autres registres que ceux imposés par l’école.

Les devoirs affectent également la santé de l’enfant. Non seulement, ils le privent d’un juste repos et d’une détente bien méritée, mais les devoirs pèsent physiquement lourds sur le dos de l’enfant. La charge moyenne d’un cartable est de 6,4 kg par enfant, ce qui représente entre 27 et 36 % de son poids, alors qu’il ne devrait pas dépasser les 10 %[5].

Enfin, d’autres droits de base sont mis à mal par les devoirs, notamment le droit à la liberté d’association et de réunion pacifique[6]. Quel temps lui reste-t-il pour cela, une fois ses nombreux devoirs terminés ? Quantité d’enfants ne peuvent pas faire de scoutisme, s’inscrire dans un club sportif ou bénéficier des plaines de jeux, de par la charge du travail pour l’école, externalisé vers la famille.

A suivre… Des bénéfices pas toujours démontrés



[1] Barrère A., 1997, Les lycéens au travail, Puf

[2] LE SOIR 16 novembre 2016 – Pierre Bouillon « La Ligue des droits de l’enfant part en guerre contre les devoirs excessifs ». 

[3] Article 15 du Décret Missions – 1997

[4] CIDE – ONU 1989

[5] Dominique Glasman, Leslie Besson. Le travail des élèves pour l’école en dehors de l’école, Rapport établi à la demande du Haut conseil de l’évaluation de l’école, 2004

[6] Article 15 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant

DEVOIRS : LES EFFETS ESCOMPTÉS, SELON LES PROFESSEURS

DEVOIRS : LES EFFETS ESCOMPTÉS, SELON LES PROFESSEURS

Dans différentes recherches, Cooper (2007) a relevé que les professeurs américains attribuent des effets positifs, mais également négatifs aux devoirs. Les effets qu’ils estiment positifs sont invoqués pour justifier leurs pratiques en matière de devoirs[1] :

Effets positifs Effets négatifs
Résultats immédiats et apprentissage :
Meilleure rétention des savoirs
Augmentation de la compréhension
Meilleur sens critique, meilleure conceptualisation et meilleur traitement de l’information
Enrichissement du curriculum

Effets à long terme sur l’apprentissage:
Encourage l’apprentissage pendant les temps libres
Améliore l’attitude envers l’école
Développe de meilleures habitudes d’étude et de travail

Effets extrascolaire :
Plus grande capacité d’organisation
Plus grande discipline personnelle
Meilleure gestion du temps
Davantage de curiosité
Plus de compétence dans la résolution de problèmes
Plus grande satisfaction des parents envers l’école et plus grande implication à l’école  
Effet de saturation :
Perte d’intérêt envers le matériel utilisé
Fatigue physique et émotionnelle
Manque de temps libre et de temps destiné à d’autres activités dans la communauté (sports et autres)

Interférences de la part des parents :
Pression pour terminer les devoirs sans faute
Confusion dans les techniques d’apprentissage

Tricherie :
Copie sur d’autres travaux d’élèves
Aide qui va au-delà du tutorat
Augmentation de l’écart entre les élèves performants et les élèves en difficulté.  

Au regard de ces éléments, on se retrouve avec deux groupes. D’une part, les professeurs, ceux qui donnent des devoirs parce qu’ils estiment que les bénéfices sont supérieurs aux effets négatifs ; et d’autre part les enseignants, ceux qui estiment le contraire, à savoir que les effets négatifs sont supérieurs à des effets positifs non démontrés.

A suivre : Les parents en sont convaincus : les devoirs participent à la réussite de leurs enfants.



[1] Cooper (2007)

Posons-nous la question de l’équité des devoirs

Posons-nous la question de l’équité des devoirs

Posons-nous la question de l’équité des devoirs

A force de constater et de lister les difficultés en relation avec les devoirs, rencontrées par nombre de familles, chaque enseignant doit se poser la question de l’équité de ceux-ci. Un devoir est, en principe, le prolongement d’une notion vue en classe. Or, dans un groupe d’élèves, il y en a toujours qui comprennent plus vite que d’autres. Enfin, des élèves ont des difficultés d’apprentissage. Or, une fois hors de la classe, ceux qui n’ont pas compris ou ont mal compris la notion à revoir ou à approfondir ne peuvent plus compter sur le professeur pour la leur réexpliquer. Ils ne pourront pas effectuer le devoir correctement et ce dernier constituera, par définition, une source d’iniquité. 

Si l’on veut que l’élève tire profit de son devoir, il est fondamental que celui-ci tienne compte de la correspondance entre, d’une part la nature de la tâche demandée et, d’autre part, les compétences et la motivation de l’élève. La seule manière de rendre les devoirs équitables et éthiques est donc de les différencier en fonction des compétences des élèves. Ainsi, ceux qui rencontrent des difficultés ou ne peuvent pas trouver d’aide seraient à même de les réaliser.

On ne peut pas, non plus, ne pas tenir compte du contexte dans lequel l’élève aura à réaliser son devoir. Celui-ci questionne trois axes aussi importants l’un que l’autre :

  • l’environnement de l’élève : a-t-il, par exemple, un endroit calme et confortable pour le réaliser ?
  • de même que l’équipement matériel : vit-il l’exclusion numérique ou a-t-il un accès aisé à Internet, bénéficie-t-il d’une imprimante, d’encyclopédies, d’un atlas, … ?
  • et la disponibilité et la qualité du soutien dont il peut bénéficier.

L’équité dans les devoirs ne doit pas viser exclusivement les élèves de milieux populaires ou les enfants en difficultés d’apprentissage. L’évolution sociétale fait que de nombreuses familles sont susceptibles de vivre des « transitions » familiales : séparations, recompositions, monoparentalité, qui leur rendront plus difficiles de concilier emploi et encadrement des devoirs. Dans tous les milieux sociaux, des enfants ne peuvent déjà plus bénéficier de soutiens familiaux pour réaliser leurs devoirs. 

A suivre… Les dangers du travail à la maison, ou le déni des droits de l’enfant

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