Posons-nous la question de l’équité des devoirs
A force de constater et de lister les difficultés en relation avec les devoirs, rencontrées par nombre de familles, chaque enseignant doit se poser la question de l’équité de ceux-ci. Un devoir est, en principe, le prolongement d’une notion vue en classe. Or, dans un groupe d’élèves, il y en a toujours qui comprennent plus vite que d’autres. Enfin, des élèves ont des difficultés d’apprentissage. Or, une fois hors de la classe, ceux qui n’ont pas compris ou ont mal compris la notion à revoir ou à approfondir ne peuvent plus compter sur le professeur pour la leur réexpliquer. Ils ne pourront pas effectuer le devoir correctement et ce dernier constituera, par définition, une source d’iniquité.
Si l’on veut que l’élève tire profit de son devoir, il est fondamental que celui-ci tienne compte de la correspondance entre, d’une part la nature de la tâche demandée et, d’autre part, les compétences et la motivation de l’élève. La seule manière de rendre les devoirs équitables et éthiques est donc de les différencier en fonction des compétences des élèves. Ainsi, ceux qui rencontrent des difficultés ou ne peuvent pas trouver d’aide seraient à même de les réaliser.
On ne peut pas, non plus, ne pas tenir compte du contexte dans lequel l’élève aura à réaliser son devoir. Celui-ci questionne trois axes aussi importants l’un que l’autre :
- l’environnement de l’élève : a-t-il, par exemple, un endroit calme et confortable pour le réaliser ?
- de même que l’équipement matériel : vit-il l’exclusion numérique ou a-t-il un accès aisé à Internet, bénéficie-t-il d’une imprimante, d’encyclopédies, d’un atlas, … ?
- et la disponibilité et la qualité du soutien dont il peut bénéficier.
L’équité dans les devoirs ne doit pas viser exclusivement les élèves de milieux populaires ou les enfants en difficultés d’apprentissage. L’évolution sociétale fait que de nombreuses familles sont susceptibles de vivre des « transitions » familiales : séparations, recompositions, monoparentalité, qui leur rendront plus difficiles de concilier emploi et encadrement des devoirs. Dans tous les milieux sociaux, des enfants ne peuvent déjà plus bénéficier de soutiens familiaux pour réaliser leurs devoirs.
A suivre… Les dangers du travail à la maison, ou le déni des droits de l’enfant