Ecole inclusive et fréquentation scolaire

Ecole inclusive et fréquentation scolaire

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Programme du colloque

08h00 : Accueil

9h00 : Présentation de la journée

Jean-Pierre Coenen, Président de la Ligue des Droits de l’Enfant

9h15 : Introduction – En quoi le cadre de l’obligation scolaire est-il trop contraignant pour certains élèves ?

Thérèse Lucas, Psychologue et formatrice, et Yves Robaye, Psychopédagogue

9h30 : Rappel du cadre légal

Abdel Kassid, Assistant social au Service Droit des Jeunes de Bruxelles

09h50 : Les rôle des facilitateurs « aide à la jeunesse-enseignement »

Pascal Rigot, Facilitateur Aide à la Jeunesse-enseignement

10h05 Témoignages

1. Une professionnelle de l’Ecole :

Pauline Van Lierop ou Maïté Singelyn, éducatrices à l’Institut Saint-Luc secondaire de Liège?

2. Un parent :

Virginie Schwanen, maman d’enfants à besoins spécifiques

10h45 : Les équipes mobiles de la FWB

Laurence Gobeaux et Hermine Bokhorst, membres de deux équipes mobiles

11h05 : Pause

11h35 Le certificat médical

Sensibilisation des médecins généralistes à la problématique de la fréquentation scolaire et du certificat médical :  projet mené par les plateformes de concertation de Liège Verviers Huy-Waremme et R.E.A.L.I .S.M. réseau santé mentale de Liège .

Viviane Jacquet, ancienne médiatrice scolaire, membre de la Plateforme de Liège

11h50 : Débat

Questions – réponses entre la salle et les intervenant.e.s du matin,

Animation Thérèse Lucas

12h30 : Dîner

13h30 : Donnons la parole à des Associations ou structures (écoles) qui tentent de refaire le lien avec l’école

L’objectif n’est pas de dire que les pédagogies sont mauvaises, mais simplement qu’elles ne sont pas adaptées aux spécificités de ces enfants-là. On ne peut pas tout traiter, mais il y a cette dimension pédagogico-sociale, il y a une dimension architecturale et il y a des projets d’écoles où on essaie de faire des choses mieux qu’avant. Nous présenterons des projets de centres d’accrochage et d’écoles maternelles, primaires et/ou secondaires, qui nous présenteront leurs projets et nous feront, en autres, part de leurs constats concernant les effets sur ces jeunes, de la législation sur l’obligation scolaire.

13h35 : SAS de Bruxelles, PARENTHESE

Maurice Cornil, directeur

Parmi les dispositifs de lutte contre le décrochage et la violence en milieu scolaire, la FWB a institué les S.A.S. (services d’accrochage scolaire). Ceux-ci accueillent et aident temporairement des élèves mineurs, exclus d’une établissement d’enseignement, ou qui sont en situation de d’absentéisme ou de décrochage, ou encore qui ne sont inscrit dans aucun établissement, ni instruits çà domicile.

13h55 : LA PETITE ECOLE

Julie Dock-Gadisseur et Marie Pierrard

La Petite École, un dispositif de RED laboratoire pédagogique, est une petite structure de préscolarisation pour enfants primo-arrivants de 5 ans à 15 ans. Les enfants qui y passent ont un parcours de vie particulièrement chaotique ainsi qu’une scolarité inexistante ou hors-normes. Ce dispositif leur offre un temps pour se poser, s’apaiser, se familiariser avec le système scolaire et ses nombreux codes avant de rejoindre la « grande école ». La Petite École ne cherche pas à se substituer à l’École mais bien à la rendre possible.

14h15 : L’ECOLE ESCALE (Type 5)

Charles Thibaut

Il existe en FWB des structures scolaires d’aide à la socialisation (SSAS) ou à la resocialisation. L’objectif de ces structures est d’accompagner le jeune dans une reconstruction de sa personne préalablement à toute approche des matières scolaires. L’approche thérapeutique y est donc essentielle et prime dans un premier temps sur les apprentissages scolaires. Ces semi dispositifs… de secours visent à réintégrer les élèves dans leurs écoles.

14h35 : l’ECOLE LEOPOLD MOTTET (T5) (sass),

Geneviève Schouteden

L’école Léopold Mottet, subventionnée par la Communauté française et organisée par la Ville de Liège, est implantée dans plusieurs centres hospitaliers et centres de jour. Elle prend en charge les enfants de 2,5 ans à 21 ans inscrits dans une école. Elle organise donc les niveaux maternel, primaire et secondaire. La prise en charge des élèves malades peut se faire à l’hôpital (hospitalisation ou hôpital de jour), à la maison (convalescence) et/ou au siège de l’école (SSAS – Structure Scolaire Aide à la Socialisation).

14h55 : ClassContact

Marie-France Deligne

Lorsqu’un enfant manque l’école pendant une longue période pour cause de maladie ou d’accident grave, toute sa vie sociale et sa scolarité s’en trouvent perturbés. Une pathologie lourde (cancer, handicap, maladie de longue durée, accident…) qui perturbe le quotidien d’un enfant ou d’un jeune est éprouvante pour lui et sa famille. Qui plus est lorsque cela dure ou que cela devient régulier. À cette réalité, s’ajoutent l’isolement et les absences scolaires, voire une véritable déscolarisation. ClassContact aide les enfants malades déscolarisés à continuer leur scolarité le plus normalement possible en favorisant le contact quotidien avec leur classe.

15h15 : Synthèse sur l’ensemble de la journée :

Yves Robaey

15h35 : Mot de la fin :

Jean-Pierre Coenen

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Ecole inclusive et fréquentation scolaire

Colloque : Ecole inclusive et fréquentation scolaire

Un colloque soutenu et organisé avec l’aide de la Cocof

Comment lutter contre le décrochage ?

Les écoles qui visent à être inclusives veulent accueillir tous les élèves. Malheureusement certains jeunes ont des besoins tels que leurs écoles sont mises en difficulté. Ils seraient plus de 23 000 (chiffres de février 2023), C’est 35,5 % de plus qu’en 2022 et 90,5% de plus qu’en 2019.

Selon la Ligue de l’Enseignement, « le décrochage scolaire touche tous les âges, même si l’enseignement secondaire reste le plus impacté avec une hausse de 33,5% depuis décembre 2021. En décembre 2022, on comptait 1.855 élèves absent·es en 3e maternelle, 6.217 (dont 661 dans l’enseignement spécialisé) en primaire et 12.616 (1.691 dans le spécialisé) en secondaire.« 

Les droits à l’instruction et à l’inclusion sont des droits fondamentaux

Si l’instruction scolaire est un droit fondamental, inscrit dans la Constitution, l’inclusion scolaire l’est tout autant (cfr article 22 ter[1] de la Constitution). Or, de nombreux élèves ne peuvent rentrer dans les cases de notre système scolaire car celui-ci est trop rigide. Ils se retrouvent en situation de handicap pour toutes une série de raisons : absentéisme, maladies de longue durée ou chroniques, phobies scolaires, difficultés socioéconomiques, détresse psychologique, troubles mentaux, handicap.s, méconnaissance de la langue et de la culture de l’école, enfants de personnes en recherche d’asile, MENAs, élèves LGBTQIA+, …

La législation relative à l’obligation scolaire a pour objectif de préserver le droit à l’instruction[2].

Cependant, elle trop cadrante :

  • A partir de 9 demi-jours d’absence injustifiée, la direction de l’école avertit la Direction générale de l’enseignement obligatoire et convoque les parents. Tout demi-jour supplémentaire est signalé à la fin de chaque mois à la DGEO qui prévient la médiation scolaire.
  • A partir du 2e degré du secondaire, tout élève, qui cumule plus de 20 demi-jours d’absence injustifiée au cours de la même année scolaire, devient élève libre, encourt le risque de ne pas pouvoir présenter ses examens et ne pas être délibéré en fin d’année. Il risque donc de rater son année.
  • Dans l’enseignement secondaire, les présences sont relevées à chaque heure de cours. Toute absence non justifiée à une période entière de cours est considérée comme une demi-journée d’absence injustifiée.

Le système implique de telles contrainte qu’il génère de l’exclusion.

Les écoles sont démunies pour ré-inclure ces élèves dans notre système scolaire. Le certificat médical permet de justifier les absences mais peut devenir un écran. Il entretient le décrochage et entrave la recherche d’une solution intermédiaire, comme la possibilité d’être en situation de handicap à temps partiel, tout en restant scolarisé !

Des dispositifs se sont créés : les SAS, l’école à l’hôpital, l’enseignement à domicile, l’enseignement à distance tel que classcontact.

Ces dispositifs présentent également – mais à leur corps défendant – des effets pervers. Ils sont peu connus, ne sont pas toujours utilisés à bon escient et devraient être cadrés de manière plus explicite par une réglementation rassurante sans être trop contraignante. La recherche d’un point d’équilibre est difficile et peine à être étudié par notre système d’enseignement.

D’autres dispositifs sont créés. Les secteurs de l’aide à la jeunesse et de l’enseignement ont mis en place des dispositifs de concertation indispensables (décret intersectoriel de 2013). Des campagnes de sensibilisation sur le ‘bon usage’ du certificat médical s’organisent pour les médecins généralistes, dans le cadre des réseaux de santé mentale, etc…

Objectifs du colloque

Proposer un changement de la législation sur l’obligation scolaire, afin que celle-ci permette enfin l’inclusion de TOUS les élèves, notamment de ceux qui, aujourd’hui, ne répondent pas au Décret sur l’obligation scolaire, pour les raisons citées ci-dessus.

Pour cela, nous cherchons à mettre en avant :

  1. une population d’élèves exclue par la Loi de l’école et pour lesquels les Décrets ne leur apportent rien (aménagements raisonnables, …) car ils ont déjà perdu le contact avec l’école et pour lesquels celle-ci n’a pas d’outils pour les aider.
    • La raison pour laquelle ils ont perdu le contact est le caractère trop rigide de la législation sur l’obligation scolaire. En quoi est-elle nécessaire et en quoi ce levier d’accrochages scolaire devient un levier d’exclusion par rapport à une certaine population et comment peut-on moduler cette législation de manière raisonnée (pour qu’elle ne devienne pas la porte ouverte au décrochage scolaire).
  2. les ressources existantes (réglementation et dispositifs… par exemple les SAS, l’enseignement à domicile et les SSAS dans le spécialisé – structures scolaires d’aide à la socialisation).
    • Ces ressources sont insuffisantes pour certains élèves car ils sortent du cadre classique pour tout un tas de raisons. Il faut donc créer un dispositif spécifique pour eux

Renseignements pratiques

Quand ?

Le lundi 20 novembre 2023

Où ?

Campus du Ceria – Av. Emile Gryson 1, 1070 Anderlecht, bâtiment 4C, locaux 606 et 607

Inscriptions AU PLUS TARD POUR LE 15 novembre 2023

Envoyer un mail à l’adresse suivante (remplacer le ‘at’ par @, sans espaces) :

formations ‘at’ liguedroitsenfant.be

Pour toute question complémentaire : téléphoner au 0477 545 907 (de 9h30 à 18h)

Participation aux frais :

30 €/personne

22 € pour les étudiant.e.s, pour les institutions de la Cocof et les parents d’enfants à besoins spécifiques

Pause, repas et documents compris

A verser sur le compte BE76 9795 8553 0195 de la Ligue des Droits de l’Enfant

avec la mention « colloque 20 novembre 2023 + Nom.s et prénom.s du/des participant.e.s »

La/les inscriptions seront confirmées par mail une fois la participation aux frais perçue.

Les institutions peuvent nous demander une facture et payer après le colloque

Attention : le nombre de places est limité.


[1] Article 22 ter de la Constitution belge : Chaque personne en situation de handicap a le droit à une pleine inclusion dans la société, y compris le droit à des aménagements raisonnables »

[2] Actuellement, l’obligation scolaire est régie par la loi du 29 juin 1983 (avec des modifications en vigueur publiées jusqu’au 27-05-2022 inclus). Cette loi est appuyée par le Décret du 3 mai 2019 portant les livres 1er et 2 du Code de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire, et mettant en place le tronc commun (articles 1.7.1-1. à 1.7.1-36.).

Le déconventionnement massif des logopèdes n’est pas un acte dirigé contre les patients, mais contre l’INAMI.

Le déconventionnement massif des logopèdes n’est pas un acte dirigé contre les patients, mais contre l’INAMI.

En mai 2022 une nouvelle Convention INAMI 2022-2023 a été approuvée. Cette convention fixe, entre autres, les tarifs officiels des prestations logopédiques. Les mutuelles remboursent sur base de ces tarifs. Une augmentation des honoraires de plus ou moins 5 Euros pour une séance de logopédie de minimum 30 minutes avait été négociée au sein de l’INAMI (L’Institut national d’assurance maladie-invalidité, qui est l’Assurance soins de santé et indemnités) avec l’ensemble des différents partenaires en commission de convention. Cependant, cette hausse des tarifs n’a pas été reprise dans la convention 2022-23 (Message de l’UPLF à ses membres du 5.8.2022[1]). De plus, la nouvelle convention prévoit une indexation non proportionnelle à l’inflation. En conséquence, les associations professionnelles des logopèdes n’ont pu se décider à la signer, et la signature a été soumise aux logopèdes individuellement. Seulement 40% d’eux ont accepté la nouvelle convention, alors qu’auparavant 99% des logopèdes étaient conventionnés.

Les logopèdes qui suivent la convention acceptent un tarif de 29,28 Euros la séance de 30 minutes. La quote-part du patient est de 5,50 Euros. Les 23,78 Euros restants sont remboursés par l’assurance soins de santé obligatoire (tableau tarifs UPLF 2023[2]). Les logopèdes qui ne sont pas conventionnés sont libres à fixer leurs propres tarifs et peuvent facturer un supplément à la charge du patient.

Par conséquence, le cout de la logopédie a augmenté pour de nombreuses familles. C’est problématique à une époque où le budget familial est souvent serré en raison de l’augmentation massive du coût de la vie. Les familles précarisées en sont particulièrement touchées (même si les patients à bas revenus bénéficiaires de l’intervention majorée ne sont pas concernés par l‘augmentation des coûts de la logopédie). De nombreux parents risquent de ne plus consulter de logopèdes avec leurs enfants par manque des moyens (Le Floch, 2023[3]). Cela pose encore plus de problème dans les endroits où certaines logopèdes indépendantes facturent des suppléments disproportionnés.

Tout en comprenant la situation souvent très difficile des familles concernées, il faut aussi voir ce qui est difficile du côté des logopèdes. Il est bien sûr dans l’intérêt de tous les enfants que les logopèdes se portent bien et qu’ils puissent exercer leur profession dans des conditions dignes. Sans leur engagement professionnel, les troubles du langage, de la parole, de la communication, de l’alimentation, du calcul, de l’écriture et de la lecture, de nombreux enfants ne seraient pas traités, avec les conséquences dramatiques que cela impliquerait pour leur participation à la vie dans notre société, pour leur parcours scolaire et pour les possibilités de formation et d’exercice d’une profession plus tard dans leurs vies.

Il y a de plus en plus de logopèdes indépendantes qui rencontrent des difficultés financières. « On constate que nombre de logopèdes arrêtent leur pratique professionnelle, ne parvenant plus à en vivre. Par conséquent, les patients ne trouvent plus forcément de prestataires de soins pour leur traitement » (A. Duval, représentante de l’UPLF, dans un article dans La Libre en mai 2022[4]).

Cependant, le problème va bien au-delà de la « simple » question du niveau des tarifs pour les séances de thérapie individuelles. Il y a de nombreux soins pratiqués par les logopèdes justifiés dans la littérature scientifique, qui jusqu’à présent ne sont pas remboursés par les mutuelles. La nomenclature (= liste de tous les actes remboursés en logopédie) a été établie à la fin des années 1990. Depuis, elle n’a plus été revue. Toute une série de pathologies ne se retrouvent pas dedans, et les frais de traitement ne sont donc pas pris en charge par les mutuelles. Il s’agit par exemple des troubles du langage chez des personnes ayant de l’autisme, des troubles du langage chez des personnes ayant un QI inférieur à 86, des troubles de communication chez des enfants avec des handicaps lourds, des troubles en lien avec une démence ou encore des troubles alimentaires pédiatriques (Duval, 2022[5]). Les logopèdes demandent depuis des années que la nomenclature soit enfin révisée et que les frais de traitement de ces troubles soient également pris en charge par les mutuelles. Elles veulent mettre de la pression au politique pour faire bouger aussi ceci en refusant de se conventionner.

Le non-remboursement des frais logopédiques pour le traitement des troubles qui ne sont pas listés dans la nomenclature pose souvent de gros problèmes aux familles concernées. Elles doivent assumer l’ensemble des coûts (et non seulement le quote-part du patient), ce qui représente rapidement plusieurs centaines d’euros par mois.  Cependant, les problèmes ne concernent pas seulement les familles, qui doivent payer le traitement de leur poche. Lorsqu’un-e logopède traite un patient hors convention, cela signifie aussi qu’elle/il subit des inconvénients majeurs : Si elle/il prend en charge un enfant hors convention, cela ne sera pas non plus pris en compte pour son statut social INAMI, elle ne profitera donc pas d’un avantage social en vue de la constitution contractuelle d’une rente, d’une pension ou d’un capital en cas d’invalidité, de retraite et/ou de décès. Il en résulte chez beaucoup de logopèdes un manque de motivation de prendre en charge ces patients et de se former pour pouvoir leur proposer un suivi logopédique optimal. Il est donc encore plus difficile de trouver une logopède indépendante qui travaille avec des enfants ayant par exemple de l’autisme, une déficience intellectuelle ou des troubles de l’alimentation, et qui dispose de la formation nécessaire.

Les logopèdes investissent beaucoup au niveau du temps et de l’argent dans la préparation individuelle des séances de thérapie, dans les déplacements lors des visites à domicile ainsi que dans la formation continue. Tout cela n’est pas couvert par les tarifs fixés par l’INAMI. De plus, les associations professionnelles demandent depuis longtemps des simplifications administratives afin de pouvoir exercer leur profession dans des conditions dignes.

En se déconventionnant, les logopèdes s’opposent donc d’une part à trop d’insécurité financière et d’administration, et à un dénigrement de leur profession. De plus, elles montrent dans quelle mesure des groupes entiers de patients sont discriminés n’ayant pas accès à la thérapie dont ils ont besoin, en demandant une nomenclature révisée (UPLF 2022). La résistance n’est donc de loin pas seulement dans l’intérêt des logopèdes eux-mêmes, mais aussi dans celui de tous les patients touchés par des troubles de langage, de communication, d’alimentation etc. Une grande partie de ces patients sont effectivement des enfants. Il faut apporter des corrections importantes à un système de santé qui n’a pas été revu depuis trop longtemps et qui ne répond pas aux besoins de tous les citoyens.  L’association professionnelle des orthophonistes francophone UPLF n’apprécie pas qu’en fin de compte, tant qu’il n’y a pas de nouvelle convention acceptable que les logopèdes sont prêts à signer, ce soient les patients qui doivent supporter le coût des tarifs plus élevés. Ils espèrent, par leur déconventionnement massif, exercer une pression suffisante sur le monde politique pour que de nouvelles négociations soient entamées et que les améliorations souhaitées puissent être obtenues dans l’intérêt de tous (article dans la Libre du 2.5.2022).


[1] Message de l’UPLF à ses membres (5.8.2022) : Près de 60 % des logopèdes ont refusé d’adhérer à la nouvelle convention 2022-2023. https://www.uplf.be/pres-de-60-des-logopedes-ont-refuse-dadherer-a-la-nouvelle-convention-2022-2023/

[2] UPLF (2023) : Tableau de simulation des tarifs https://www.conventionlogopede.be/

[3] Le Floch, M. (24.3.2023) : Déconventionnement des logopèdes : Quels impacts sur les familles peu aisées ? https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/article/deconventionnement-des-logopedes-quels-impacts-sur-les-familles-peu-aisees

[4] Article dans La Libre (2.5.2022) : Les logopèdes manifesteront jeudi pour réclamer la revalorisation de leurs honoraires. https://www.lalibre.be/belgique/societe/2022/05/02/les-logopedes-manifesteront-jeudi-pour-reclamer-la-revalorisation-de-leurs-honoraires-L4JJKVBSLRBNNOF2EBSC2FJ5GY/

[5] Duval, A. (2022) : Déconventionnement massif des logopèdes : La révolution des fourmis en marche. https://pro.guidesocial.be/articles/carte-blanche/article/deconventionnement-massif-des-logopedes-la-revolution-des-fourmis-est-en-marche

Le décrochage scolaire : Etat des lieux en Fédération Wallonie-Bruxelles :

Le décrochage scolaire : Etat des lieux en Fédération Wallonie-Bruxelles :

En Belgique, un élève en décrochage scolaire est un élève en âge d’obligation scolaire et qui pourtant n’est, ni inscrit dans un établissement scolaire, ni inscrit pour des cours par correspondance.  Un jeune est aussi considéré en décrochage s’il présente plus de 20 demi-journées d’absences non-justifiées.

Qui sont ces jeunes à risque?

D’après Catherine Blaya, une pédagogue française, Il n’existe pas qu’un seul profil de décrocheur.

En effet, celle-ci a tenté de relevé quatre “profil” de jeunes à risque de décrochage scolaire1.

  • Le premier groupe concerne des élèves aux comportements appelés “contestataires” et qui donc tendance à montrer leur mécontentement de façon voyante.
  • Le deuxième groupe sont des élèves qui ne trouvent aucun intérêt à suivre une scolarité et adoptent donc une attitude passive.
  • Le troisième groupe sont des élèves dont les problèmes familiaux prennent le dessus sur le quotidien du jeune et provoque un impact négatif sur ses résultats scolaires.
  • Le quatrième et dernier groupe, sont des élèves en états dépressifs. Par conséquence, ceux-ci ont du mal à se concentrer.

Malgré la volonté de vouloir énumérer les différents portraits de jeunes en décrochage scolaire, il existe une multitude de profil différents. Cette variété fait qu’un “groupe homogène”2 n’existe pas. Divers facteurs comme la relation avec le corps enseignant, la pédagogie, l’ambiance scolaire, la relation avec la famille, influencent fortement le jeune.

Quelles en sont les causes?

Les facteurs qui influencent le jeune sont multiples. Si nous voulons trouver une définition complète à ce phénomène complexe, il est :

“multidimensionnel et multifactoriel résultant d’une combinaison de facteurs interagissant les uns avec les autreset ou chacun des acteurs de la vie du jeune a une part de responsabilité.

Il est notamment important de noter qu’un facteur a lui tout seul ne peux expliquer le décrochage scolaire du jeune et en être la seule cause.  C’est un phénomène à analyser de façon systémique, c’est à dire qu’il faut tenir compte du réseau entier de l’élève et non pas se focaliser sur une seule cause.

Citons quelques facteurs qui peuvent expliquer le décrochage scolaire

  • Les facteurs individuels

Ce phénomène peut être lié à des facteurs propres à l’élève comme une inadaptation au système scolaire traditionnel ou encore, à la question du genre (on remarque que les garçons sont le plus touchés), à un comportement inadapté, violent, à un état dépressif, une démotivation, à des difficultés d’apprentissage, à un haut potentiel, etc.

  • Les facteurs familiaux

La famille a un rôle important dans la réussite scolaire de l’enfant. En effet, si le jeune ne se sent pas épaulé ou soutenu dans son parcours, cela aura un impact sur sa motivation ou son intérêt à suivre une scolarité et donc, sur sa réussite.

Les relations conflictuelles peuvent également être un facteur considèrent du décrochage scolaire.

De plus, Il est important de souligner que tous les jeunes ne sont pas égaux face à l’institution scolaire. Les enfants issus de famille ayant une situation socioéconomique familiale difficile, sont plus susceptible de décrocher que les autres.

  • Les facteurs scolaires

Ce facteur est prédominant parmi les causes énumérées ci-dessus. Le fonctionnement général du système scolaire est souvent problématique pour ces jeunes qui ont du mal à trouver leur place. Le climat qui règne dans l’établissement scolaire, l’implication et le soutien des professeurs dans les apprentissages, l’étiquetage, la clarté (ou non) du règlement d’ordre intérieur de l’école, l’orientation, etc. sont “un tout” qui fait que l’élève peut se retrouver en décrochage.

Catherine Blaya et al., met l’accent sur deux points importants qui sont pour eux, centraux:

  1. L’étiquetage :

Soit on rentre dans la colonne « bon élève », soit on rentre dans la colonne « mauvais élève ». De façon implicite, quand un jeune est face à une difficulté, celui-ci va intérioriser son sentiment d’échec. L’institution aura tendance à « naturaliser » la situation et pire, à le maintenir dans cette croyance. Conséquence, l’élève pensera de lui qu’il n’est pas fait pour apprendre car le système scolaire le rejette.

Les jeunes devront faire face au redoublement mais aussi à la relégation et à la ségrégation. Ce sentiment d’échec à répétition et cette impression de ne pas « être à sa place », aura tendance à les regrouper dans « une sous-culture d’opposition au système et à l’image qu’il leur renvoie, dans un processus réactionnel à la stigmatisation ou à l’exclusion qu’ils subissent ».

  • Le climat scolaire :

Le climat d’une classe, la motivation ainsi que la pédagogie apportée par le professeur sont des facteurs primordiaux dans la réussite scolaire de l’élève.

Si les relations entre les différents acteurs (professeur-élèves, élèves-élèves) intra-muros sont mauvaises, il est clair que le jeune aura tendance à décrocher. Sans oublier la problématique du harcèlement scolaire qui n’est pas à exclure et qui doit être pris en charge en amont afin d’éviter le repli de soi, le décrochage, voir même le suicide.

La question de l’orientation choisie ou subie est aussi une véritable problématique. C’est dans les filières professionnelles que l’on retrouve un taux de décrochage élevé. D’après l’étude PISA de 2009, les élèves issus d’une famille pauvre seraient plus sujets au décrochage.

La culture de l’école est aussi à prendre en compte. Bien souvent, des élèves ne comprennent pas ce qu’on leur demande et se sentent donc exclus du système scolaire.

  • L’absentéisme et l’ennui

L’absentéisme est à la fois une cause et une conséquence de ce phénomène sociétal. Ainsi, l’élève qui adopte une « stratégie d’évitement » et obtient des absences à répétitions sera à terme, déscolarisé.

Le jeune se sent donc “inadapté” dans son milieu scolaire. Un sentiment qu’il traînera derrière lui une fois qu’il entrera dans le marché du travail.

En ce qui concerne l’ennui, celui-ci n’augmente pas le phénomène de décrochage scolaire mais il doit être considéré comme “symptomatique” d’un dysfonctionnement institutionnel et social.

  • L’intériorisation

Cette problématique est décelable chez des jeunes en difficulté scolaire. Bien souvent, ils ont intériorisés l’échec comme une « normalité par conflit de loyauté » envers les parents (papa, maman qui ont arrêté prématurément leur scolarité) ou parce qu’ils sont harcelés et cela va parfois même jusqu’à la phobie scolaire. Ou encore, parce que l’enseignement traditionnel n’est pas adapté à leurs besoins. Tout ceci conduit à une sorte de fatalité dont ils pensent ne pas y échapper. Ce qui les plongent plus facilement dans le décrochage scolaire.

Quelles sont les pistes de solutions ?

L’accrochage : “Mieux vaut prévenir que guérir”.

Et pour cause, le décrochage scolaire n’est pas un phénomène qui opère du jour au lendemain mais bien une situation que l’on peut prendre en main, voire éradiquer en amont si les moyens mis en place sont présent.

Et c’est l’école qui y joue un rôle essentiel!

  • Nous devons penser à “un changement de culture de l’école”, revoir le fonctionnement scolaire et renverser la tendance.
  • La formation des enseignants face à ce fléau est aussi un point important dont il faut remédier absolument. Trop peu de futurs enseignants sont en manque d’informations sur la gestion de situations de décrochage scolaire et se sentent donc impuissant.
  • Un “climat scolaire positif” semble avoir toute son importance pour répondre aux besoins de l’élève. Adopter un comportement bienveillant, empathique et à l’écoute peut apporter à l’élève un soutien tout au long de son parcours et ainsi, le faire progresser.
  • Un travail de réseau entre les écoles, les intervenants sociaux et les familles est nécessaire pour que les mesures d’interventions soient efficaces. Adopter une intervention plus individualisé, s’assurer que le jeune ait trouvé sa place au sein de sa classe (et donc, dans la société) et refuser les étiquettes qu’on pourrait lui coller, peut anticiper la situation de décrochage.

Dans le cas de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’accrochage scolaire est pris en charge par différents organismes comme :

  • Les Centres Psycho Médicao Sociaux (CPMS);
  • Le service de la médiation scolaire bruxellois et wallon;
  • Les éducateurs de quartiers ainsi que les Maisons de Jeunes (MJ);
  • Des contrats de préventions sont financer par les 19 communes de façon individuelle pour la mise en place d’écoles de devoirs, par exemple.

Le raccrochage : Une utopie?

C’est plus difficile, mais pas impossible! Il existe différentes mesures dites de « réparation ou de compensation » dans l’enseignement comme par exemple, la formation qualifiante (filières techniques, professionnelle et en alternance qui semblent bien fonctionner pour certains jeunes mais qui souffre de visibilité). Elle se fait donc soit par la formation qualifiante, soit par les études.

  • Via la formation qualifiante :

Par ce biais, le jeune peut se former à un métier bien spécifique ou entrer directement dans le monde du travail. Cependant, sans diplôme, il risque d’avoir des difficultés à trouver un travail sans pénibilité et précarité.

Il existe des « médiateurs emploi » qui ont pour mission de rencontrer les jeunes en conflit avec l’école et les informer sur le système du marché du travail et les familiariser avec celui-ci.

Ensuite, les Missions Locales, Bruxelles-Formation et le Forem proposent des formations professionnelles. Et pour finir, le système de la formation par alternance qui réoriente le jeune dans l’enseignement technique ou professionnel.

Le service citoyen peut aussi être efficace pour ces jeunes en rupture scolaire car il vise le “développement personnel” et responsabilise le jeune en tant que citoyen actif et critique dans la société par une réinsertion aux études ou formation professionnelle.

  • Via la réinsertion aux études :

Il existe les services d’accrochage scolaires (S.A.S) et sont au nombre de 12 en Wallonie et à Bruxelles. Ceux-ci accueillent les jeunes qui sont en décrochage scolaire de façon provisoire, avec comme objectif de les réinsérer dans le milieu scolaire le plus rapidement possible. Le but est que le jeune se rende compte de ses compétences et qu’il puisse reprendre confiance en lui.

Des dispositifs d’accrochages scolaires (DAS) sont également mis en place pour apporter un réel travail de prévention. Le but est de créer une “dynamique autour de l’école” en rassemblant les divers acteurs sociaux et scolaire autour de la table pour agir ensemble sur la question de façon la plus efficace possible.

Les « alliances éducatives » sont sans nulles doutes la bonne marche à suivre pour aider les élèves en décrochage scolaire. Penser à réorganiser le système est loin d’être impossible mais prendra du temps. POUR LA SOLIDARITE-PLS[1] propose de renforcer l’alternance, une voie développée au Québec et en Allemagne. Le jeune est confronté au monde du travail, parallèlement à deux jours de cours généraux en centre de formation.


[1] https://www.pourlasolidarite.eu/fr

Les services d’accompagnement

Les services d’accompagnement

  1. Introduction

La Ligue des Droits de l’Enfant milite pour une école inclusive qui accueille tous et toutes les enfants, en milieu ordinaire, et ce, depuis 2001. Plus de 20 ans de combats ont permis de faire avancer l’accueil de certains enfants, mais il reste du chemin à faire. Pour plus d’informations sur la manière dont nous développons notre point de vue spécifique sur l’inclusion scolaire, voir toutes nos études et analyse, ainsi que les actes de nos colloques et notre Mémorandum sur le site de la Ligue des Droits de l’Enfant.

L’inclusion scolaire est une démarche qui nécessite le soutien de milieux pédagogiques (les Pôles territoriaux, par exemple) ou extrascolaire. Les enseignants et les écoles en général, ne sont pas formés – ou ne se forment pas – à l’inclusion de tous et toutes les élèves, quelles que soient leurs spécificités. Que ce soit un trouble spécifique des apprentissages et, pire encore, des élèves vivant avec un handicap, qu’il soit physique ou… pire, intellectuel ou comportemental. Pourtant, tous et toutes ces élèves ont droit à bénéficier d’un enseignement inclusif dans une école ordinaire, tout au long de leur scolarité.

Cependant, les écoles commencent seulement (2023) à prendre conscience que les Pôles territoriaux existent et que leur mission est de les aider à mettre en places des aménagements raisonnables que, pour bien faire, il faut rendre universels.

Si les écoles découvrent les Pôles territoriaux qui sont récents, il est d’autres structures d’aide bien plus anciennes qu’elles ne connaissent toujours pas et auxquelles elles ne font jamais appel, lors d’une inclusion. Il s’agit des services d’accompagnement.

Dès lors, et afin de les aider, mais aussi et surtout aider les parents, nous avons décidé d’enquêter, c’est-à-dire d’aller à la rencontre de certains de ces services d’accompagnement, tant en Wallonie qu’à Bruxelles, afin qu’ils nous expliquent leurs missions et la manière dont ils fonctionnent.

Voici les résultats de notre recherche. Il ne s’agit pas simplement d’informations. L’objectif est de permettre aux écoles, aux lieux d’accueils extrascolaires et aux familles de faire les meilleurs choix pour leurs enfants/élèves/animés. Dans les faits ces services sont trop peu connus et, de ce fait, les familles, les intervenantes et intervenants, ne les utilises que trop peu ou prou.

Nous avons rencontré trois services d’accompagnement et débattu avec eux de leurs compétences. Nous n’allons pas vous bassiner avec ces débats. Ceci est un résumé de ce que ces services peuvent apporter, tant aux écoles qu’aux familles. Nous espérons maintenant que ceux-ci vont bénéficier de plus de moyens encore car l’Ecole et l’extrascolaire doivent devenir de plus en plus inclusifs.

L’Ecole inclusive est un tout. Voici des services trop peu connus qui s’exprime sur leurs missions :

2. Les questions nécessaires afin de poser un jugement critique sur la question de l’accompagnement d’un enfant avec handicap ?

Pourquoi faire appel à un service d’accompagnement ?

Voici quelques questions que nous avons recueillies et qui, selon ces services sont fréquemment posées pour évaluer le processus de scolarisation de l’enfant :

– L’enfant est-il dans un environnement qui l’aide à progresser ?

– L’enfant continue-t-il à progresser dans les différents domaines du développement ?

– L’enfant semble-t-il heureux et épanoui, aime-t-il aller à l’école ?

– L’enfant a-t-il des amis, des copains dans la classe, dans l’école ?

– L’enfant a-t-il des interactions avec les autres enfants ou seulement avec les adultes, initie-t-il des interactions, est-il la « mascotte » des autres ou a-t-il avec eux un rapport égalitaire, est-il stigmatisé ?

– Comment l’enfant vit-il sa déficience, a-t-il des lieux pour en parler ou en entendre parler, a-t-il des projets, des rêves ?

– L’enfant a-t-il des activités en dehors de l’école, des loisirs, des rencontres avec d’autres enfants atteints de handicaps ou/et sans handicap ?

– Quels sont les aménagements, les réorientations, changements de classe, d’école ou de type d’enseignement nécessaires pour répondre à ses besoins et pour procurer des conditions plus favorables à son développement et à son bien-être ?

– L’aide en classe, s’il y en a, agit-elle en cohérence avec le projet, ne renforce-t-elle pas une stigmatisation, est-elle réellement nécessaire à chaque moment où elle est présente, son temps d’intervention est-il adéquat ?

– Qu’envisage-t-on pour l’année scolaire prochaine ? (Cette question est importante et doit être posée plusieurs mois avant la fin de l’année. Poser et répondre à cette question, même si la réponse à ce moment n’est pas encore définitive, est essentiel car cela permet d’envisager différentes possibilités, de s’y préparer et de ne pas être mis au pied du mur au terme de l’année).

– Au-delà de l’année prochaine, quelles pourraient être les perspectives ? (L’école n’est qu’une étape de vie, elle doit s’inscrire dans une continuité de projet).

3. Avoir un point de vue critique, c’est avant tout se poser la question de « Quels services d’accompagnement dois-je contacter au besoin, afin de permettre à mon enfant/élève/animé de progresser ? »

En Fédération Wallonie-Bruxelles, il existe différents services qui, à la demande, peuvent accompagner l’enfant, le jeune ou l’adulte présentant des besoins spécifiques. Ils travaillent également avec la famille. L’accompagnement se fait généralement par un ou plusieurs professionnels issus d’une équipe pluridisciplinaire. Avec des variations entre les services et selon les besoins de la personne, il pourra s’agir d’un(e) kiné, d’un(e) logo, d’un(e) psychologue, d’un(e) éducateur (trice), d’un(e) assistant(e) social(e),… Ces professionnels peuvent être des ressources pour les écoles.

En effet, l’accompagnement de ces services cible, en fonction des demandes et des besoins, la personne elle-même mais également son réseau et ses milieux de vie, dont l’école fait partie. L’objectif sera d’élaborer ensemble un projet qui corresponde au mieux aux besoins de la personne, dans le souci de son évolution, de son épanouissement et de sa qualité de vie.

« L’accompagnement serait cette façon de considérer la personne comme son égal, de respecter son projet et ses choix tout en la guidant vers plus de réalisme ou vers une solution pour un « mieux-vivre » qui correspondrait à cette personne ». (Ch. Bartholomé, sociologue)

Les professionnels de ces services ne font pas de rééducations. C’est un travail différent qui est proposé, complémentaire au travail des autres professionnels présents dans le suivi « quotidien » de la personne.

Différents types de services d’accompagnement existent actuellement en région wallonne. La plupart sont subventionnés par l’AVIQ (anciennement l’AWIPH) :

  • Les Services d’Aide Précoce (concernent les enfants à besoins spécifiques qui ont entre 0 et 8 ans) – SAP
  • Les Services d’Aide à l’Intégration (concernent les enfants et les jeunes ados/adultes qui ont entre 6 et 21 ans) – SAI
  • Les Services d’Accompagnement (concernent les jeunes adultes et adultes) – SAC
  • Les Services à initiatives spécifiques (tels que le SAPI, cfr. Ci-dessous).
  • En région Bruxelloise, il s’agit de services d’accompagnement pouvant accompagner la personne en situation de handicap tout au long de sa vie. Certains services se concentrent davantage sur les enfants alors que d’autres se centrent sur les adultes. Les missions de ces services sont :
  • Assurer une aide précoce aux enfants en situation de handicap et à leur famille, parfois même avant la naissance de l’enfant. Il s’agit d’une aide éducative, psychologique, social (à l’enfant ou à sa famille) et une aide technique par un soutien individualisé à domicile ou dans les autres lieux de vie de l’enfant
  • Concernant l’enfant en âge scolaire, il s’agit d’assurer un prolongement à l’aide précoce élaborée pour l’enfant en bas âge en accentuant petit à petit la relation enfant-famille-école. Il s’agit également d’encadrer la scolarité au niveau psychologique, identitaire et relationnel
  • Par rapport à l’accompagnement de l’adulte en situation de handicap, cela se traduit par une aide à conserver ou à acquérir son autonomie par un soutien individualisé dans les actes de la vie quotidienne. Les services d’accompagnement orientent la personne vers les services qui peuvent lui être utiles et l’accompagnent dans ses démarches auprès de ces services sans pour autant se substituer à l’action de ceux- ci ;
  • D’assurer le placement familial et organiser, conjointement à l’accompagnement, la recherche et la sélection de familles d’accueil.

Il y a des missions annexes dont l’une est l’aide à l’intégration. Il s’agit d’une aide destinée aux enfants en situation de handicap. Cette aide comprend le soutien de l’enfant en situation de handicap et de son entourage dans les différentes dimensions du processus d’intégration scolaire. A savoir, l’aide à l’utilisation de matériel spécifique, la coordination et la médiation entre les divers intervenants susceptibles d’intervenir à l’exclusion de toute intervention thérapeutique.

Les services d’accompagnement de la région Bruxelloise sont subventionnés par le service « PHARE », anciennement Service bruxellois francophone de la Personne handicapée (SBFPH)

3.1. Les services d’accompagnement

En région wallonne comme à Bruxelles, chaque service fonctionne selon un mode « ambulatoire », c’est-à-dire qu’il se déplace là où la personne se trouve. On parle aussi d’intervention en « milieu ouvert ». Le nombre et la fréquence des interventions sont variables en fonction de chaque situation individuelle. Les interventions s’effectuent dans le respect du cheminement de chacun mais aussi des convictions parentales, des repères familiaux et socioculturels.

Il existe des services spécifiques et des services polyvalents. Les services polyvalents accompagnent les bénéficiaires qui présentent tout type de handicap, les aidant dans la globalité de leurs demandes ou besoins. Les services spécifiques accompagnent des bénéficiaires qui présentent un ou plusieurs handicaps définis. Ils assurent également une mission de support, de formation, de référence pour les services généraux, ils contribuent à la recherche de solutions et à l’avancée de la recherche fondamentale. Quelle que soit la spécificité du service, c’est la personne à part entière qui est d’abord considérée, au-delà de son handicap. Ainsi, parallèlement aux apports et adaptations spécifiques, c’est la qualité de vie, l’épanouissement et l’identité qui sont recherchés. Les projets sont élaborés au départ des compétences, des ressources et des potentialités des personnes.

3.2 Les Services d’Aide Précoce – les SAP (0-8 ans)

« Nous intervenons à la demande des parents d’enfants présentant un retard de développement ou un handicap, que celui-ci soit physique et/ou mental et/ou sensoriel et qu’il soit avéré ou suspecté. « 

En effet, un certain pourcentage des enfants suivis par les SAP n’a pas encore pu être diagnostiqué. Peut-être même qu’ils ne pourront jamais l’être : « Soit le handicap ou le syndrome est établi pendant la grossesse de la maman ou dans les jours qui suivent la naissance de l’enfant, soit le handicap se révèle au fur et à mesure du développement de l’enfant. »

Il s’agit alors d’un cheminement des parents vers une démarche diagnostique (analyses génétiques, bilans pluridisciplinaires, équipes médicales, centres de références, …). « Ces démarches, accompagnées par notre service, si les parents le souhaitent, peuvent prendre du temps et demandent de l’énergie aux parents et aux enfants. La recherche génétique progressant à petits pas, il arrive que le diagnostic ne puisse être posé que tardivement voire jamais. »

« De façon générale, nos services ont pour mission d’apporter une aide éducative à l’enfant différent ainsi qu’un soutien éducatif, social et psychologique à sa famille. Notre but est de favoriser le développement de l’enfant et son intégration sociale par une action au niveau de ses différents milieux de vie (domicile, crèche/école, loisirs,…). Nous intervenons pour qu’un projet cohérent pour l’enfant et son devenir soit mis en place en tenant compte des ressources de ces différents milieux. »

Les professionnels de l’équipe pluridisciplinaire ne font pas de rééducation mais, en partenariat avec les parents et les professionnels présents autour de l’enfant (puéricultrices, enseignants, paramédicaux indépendants, équipe médicale, …), ils veillent à optimiser les conditions environnementales de l’enfant et à favoriser ainsi son développement. La généralisation et le transfert des apprentissages d’un lieu à l’autre sont recherchés.

« Une fois par an et pour la plupart des enfants que nous suivons, un bilan de développement peut être réalisé afin de cibler les objectifs à atteindre ensemble à partir des difficultés mais aussi des ressources de l’enfant. »

Lorsque l’enfant approche de l’âge de l’entrée à l’école, les services d’aide précoce peuvent, par exemple, accompagner les parents dans leur recherche de solution(s) qui corresponde (nt) au mieux aux besoins de leur enfant. Ensuite, à la demande des parents et des enseignants, un accompagnement à l’école (ordinaire ou spécialisée) pourra être proposé.

« Un autre axe d’intervention de nos SAP se situe au niveau de la prévention, notamment vis à vis du risque de handicaps surajoutés. Par exemple, en tenant compte des spécificités du développement de chaque enfant, on évite ou on limite l’apparition de handicaps secondaires ; en favorisant son intégration dans les milieux « ordinaires », on évite de le marginaliser. »

« Nous organisons également – mais ponctuellement des activités collectives ou communautaires. Ce sont des actions collectives que nous organisons pour les enfants et les familles bénéficiaires du service. ».

Des actions communautaires peuvent également être organisées. Celles-ci s’adressent à toute personne qui en fait la demande (ex. information générale sur la différence dans une école).

3.3. Les Services d’Aide à l’Intégration – les SAI (6-21 ans)

Si les parents et/ou le jeune le souhaitent, les services d’aide à l’intégration sont là pour prendre le relais des services d’aide précoce ou établir un nouveau projet d’accompagnement. Les Services d’Aide à l’Intégration se donnent pour mission l’épanouissement du jeune en situation de handicap mais aussi la construction de son identité en regard de ses désirs et dans la relation à l’autre.

Les professionnels de ces services peuvent notamment, en fonction des besoins exprimés : soutenir le jeune dans son parcours et son projet de vie, assurer une guidance familiale, collaborer avec l’école, favoriser la participation sociale dans les milieux ordinaires, …

Tout comme pour le SAP, il s’agira d’élaborer ensemble un projet cohérent et au plus proche des besoins du jeune. Encore plus qu’au niveau du SAP, l’avis du jeune sera recherché.

3.4. Les Services d’Accompagnement (adultes)

Les services d’accompagnement ont pour mission d’aider les personnes adultes à mener à bien des projets qui leur apporteront une plus grande autonomie.

Certains services d’accompagnement sont spécialisés dans certains types d’activités (recherche d’emploi, apprentissage des nouvelles technologies, etc.). Ces services ne seront pas développés ici, étant donné que la majorité de leur population n’est plus concernée par l’âge de l’obligation scolaire.

3.5. Quel accompagnement des SAP, services d’accompagnement et des SAI au sein des écoles ?

Pendant la scolarisation, les services sont un lien entre l’école, la famille et l’enfant. Le fait que les professionnels des services connaissent déjà l’enfant et sa famille et qu’un partenariat est, la plupart du temps, déjà établi avec les parents, va aider à ce que le projet scolaire s’inscrive dans le respect de l’enfant et du projet de vie que les parents ont pour celui-ci.

A la demande des parents et avec l’accord des écoles, les équipes proposent des rencontres régulières aux enseignants. Le plus souvent, il s’agira de temps d’observation et/ou d’échanges avec les différents partenaires du projet (parents, école, SAP/SAI, service d’accompagnement, PMS, enfant/jeune en fonction de son âge et selon ses possibilités d’expression). C’est un partenariat qui est recherché entre les différents acteurs afin de mobiliser ensemble les ressources et d’ajuster au mieux les attentes de chacun et les objectifs définis aux réalités de l’enfant ou du jeune (son rythme, ses capacités, ses besoins, son identité, …).

« Il sera important d’« écouter » (observer pour les plus petits) et de respecter le vécu de l’enfant ou du jeune et ses souhaits. C’est en tenant compte de ses difficultés et de ses possibilités, en respectant ses envies, mais aussi ses refus que nous lui permettront de s’épanouir dans l’environnement que nous lui proposons et ainsi de se construire tant sur le plan cognitif que sur le plan personnel et émotionnel. »

Les visites en classe fournissent au service l’occasion d’observer l’enfant ou le jeune, de voir ses progrès, de fixer de nouveaux objectifs, de rechercher ensemble comment pallier aux difficultés qu’il peut rencontrer dans les tâches observées ou dans ses relations aux autres.

« Différents outils guident l’observation, certains sont centrés sur les interactions sociales, sur l’autonomie, d’autres permettent d’observer l’évolution de l’enfant dans le cadre d’activités scolaires spécifiques. »

Les observations complémentaires réalisées dans les autres milieux de vie de l’enfant/du jeune ou au cours de bilans réalisés au service permettent de réfléchir sur un projet global et cohérent pour le bénéficiaire. « A la maison, des aménagements sont éventuellement mis en place pour assurer l’acquisition de notions vues en classe ou pour pallier à des difficultés vécues à l’école. Les objectifs à poursuivre et les moyens pour les atteindre peuvent être fixés en commun. »

La collaboration entre le service, les parents, les enseignants, les autres professionnels et l’enfant n’est jamais définitivement établie. « Elle se construit tout au long des rencontres et ne devient efficace que lorsqu’elle s’établit entre des partenaires qui apportent chacun leur spécificité d’approche, de regard, de compétence sans porter de jugement sur autrui, pour ensemble concourir au développement harmonieux et au bien-être de l’enfant/du jeune. »

3.6. Conventions de soutien à la scolarité

Les écoles (d’enseignement ordinaire et d’enseignement spécialisé) et les services d’accompagnement (SAP-SAI-SAC) signent une convention précisant les objectifs et modalités de leur collaboration autour du projet de l’enfant.

Cette convention est issue d’un accord de coopération entre la Communauté française et la Région wallonne ou la Région Bruxelloise en matière de soutien à la scolarité pour les jeunes présentant un handicap. « C’est une façon d’établir le début de la collaboration et de définir, au début de chaque année, quel rôle chacun va pouvoir jouer pour mener à bien le projet de scolarisation de l’enfant ou du jeune et les objectifs qui y sont liés. »

4. En pratique

En région wallonne, l’AWIPH (Agence Wallonne pour l’Intégration des Personnes Handicapées) agrée et subventionne 20 services d’aide précoce, 28 services d’aide à l’intégration et 41 services d’accompagnement répartis sur l’ensemble du territoire wallon. Une liste de ceux-ci est disponible sur le site de l’AWIPH, aux bureaux régionaux ou au centre de documentation de l’AWIPH. Parmi ces services, on retrouve plusieurs services à missions spécifiques.

En région de Bruxelles Capitale, il y a 20 services d’accompagnement. La liste est disponible sur le site du service « phare ». Tout comme en Wallonie, il y a des spécialisations dans les services.

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