4 février : journée mondiale contre le cancer

4 février : journée mondiale contre le cancer

Introduction

Depuis de nombreuses années, la Ligue des Droits de l’Enfant se soucie de la santé de ceux-ci. La Convention des Droits de l’Enfant, en son article 24, traitant du Droit de tous les enfants à la santé, précise notamment que les Etats parties s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale de ce Droit et, en particulier, de prendre les mesures appropriées pour (…) :

–           Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l’enfant (…) et bénéficient d’une aide leur permettant de mettre à profit cette information ;

–           Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l’éducation et les services en matière de planification familiale.

–           Prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants.

La santé des enfants, la prévention des maladie et l’inclusion des enfants à besoins spécifiques dans tous les pans de la société sont une des missions de la Ligue des Droits de l’Enfant. Or, il se fait que les mesures efficaces en vue d’abolir les pratiques préjudiciables à la santé des enfants pèchent par leur absence. L’industrie a créé des substances nocives qu’elle intègre à la fois aux aliments mais également aux cosmétiques, aux objets du quotidien, aux produits sanitaires, etc. qu’il est devenu extrêmement impossible aux parents de faire la part des choses et d’éviter de mettre en contact leurs enfants avec ces poisons.

Donner des conseils aux parents, afin que ceux-ci puissent se forger un jugement critique sur la question et protéger leurs enfants, fait partie de notre mission, comme tous les Droits de l’Enfant.

Selon l’OMS, le cancer est une cause majeure de décès dans le monde, à l’origine de 7,6 millions de décès en 2008, soit environ 13% de la mortalité mondiale. Pour commencer, tentons donc de comprendre ce phénomène. Ensuite, nous verrons comment tenter de limiter les risques au sein des familles, mais également dans les lieux d’accueil pour enfants (école, extrascolaire, classes vertes, camps de vacances, etc.)

Incidence des cancers chez l’enfant est en augmentation

Si les cancers de l’enfant sont rares (2 % de l’ensemble des cancers, soit 1 enfant de moins de 15 ans sur 10 000/an), ils sont en constante augmentation depuis les années 1970. Le nombre d’enfants de 0 à 14 ans, atteints de cancers, augmente en moyenne d’1% par an et les adolescents de 15 à 19 ans, d’1,5 % par an.

Pire, le phénomène s’aggrave d’une décennie à l’autre : pour les enfants, le taux augmentait de 0,9% entre les années 1970 et 1980, tandis qu’il a augmenté de 1,3% entre les années 1980 et 1990. Pour les adolescents, la hausse était de 1,3% entre 1970 et 1980 et de 1,8% entre 1980 et 1990. Selon une étude publiée par le Centre International de Recherche sur le Cancer, en Europe, le taux d’incidence du cancer infantile a augmenté de 1 à 3 % par an au cours des trois dernières décennies. Cela concerne principalement les leucémies et les tumeurs du cerveau[1].

Dans les pays industrialisés, environ 1 enfant sur 500 déclare un cancer avant l’âge de 15 ans.

Source: National Cancer Institute – 1997, repris dans « Ces maladies créées par l’Homme », Dominique BELPOMME, Albin Michel 2004

Le taux moyen de l’incidence du cancer par classe d’âge dans les années 1990, s’établissait à 140 cancers par million d’enfants, contre 124 dans les années 1980 et 118 dans les années 1970. Chez les adolescents, ce taux est de 193 par million au cours des années 1990, contre 165 dans les années 1980 et 147 dans les années 1970 []. Dans l’ensemble, le taux est de 157 cancers par million. La conclusion de l’étude est sans appel : « Nos résultats apportent une preuve évidente dune augmentation de lincidence du cancer de lenfant et de ladolescent durant les décennies passées et une accélération de cette tendance »[2].

La croissance du nombre de cancers chez l’enfant vient renforcer les hypothèses de cancers d’origine environnementale.

Cancers dont sont victimes les enfants de moins de 15 ans

Les cancers de l’enfant sont très différents de ceux de l’adulte : les principales localisations cancéreuses de ce dernier (poumon, sein, prostate, intestin) sont très rares chez l’enfant pour qui les leucémies et les tumeurs du système nerveux central constituent de loin les principales affections malignes.

Les hémopathies malignes représentent environ 40% des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans. Les leucémies représentent environ 30% des cancers de l’enfant. Les leucémies aiguës sont les plus fréquentes (environ 95% des cas de leucémies). En effet, 80% des cas de leucémie aiguë chez l’enfant sont des leucémies aiguës lymphoblastiques. Elles peuvent survenir à tout âge mais plus particulièrement entre 1 et 10 ans, le pic d’incidence se situant entre 2 et 3 ans. Leur pronostic est bon, avec un taux de survie à 5 cinq ans supérieur à 80%. Les leucémies aiguës myéloïdes sont plus rares et de moins bon pronostic (taux de survie à 5 ans de 61%).

Les lymphomes malins constituent également une part importante de la pathologie cancéreuse de l’enfant (12% des cas de cancer). Les lymphomes malins non Hodgkiniens (LNH) sont le type le plus fréquent (environ 65% des lymphomes) et surviennent principalement entre 1 et 15 ans. Les LNH sont de très bon pronostic, le taux de survie à 5 ans est supérieur à 80%.

Les tumeurs solides représentent environ 60% des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans

Les tumeurs du système nerveux central sont les tumeurs solides les plus fréquentes (près de 22% des cas de cancer) chez l’enfant. Elles peuvent toucher l’enfant à tout âge. Elles sont plutôt de pronostic péjoratif, le taux de survie à 5 ans étant légèrement inférieur à 65%. Ce taux varie en fonction du type histologique et de la localisation de la tumeur.

Les tumeurs dites embryonnaires ne se rencontrent pratiquement que chez le jeune enfant de moins de 5 ans. Elles siègent surtout dans le rein (néphroblastome ou tumeur de Wilms, 6% des cancers de l’enfant) et le système nerveux sympathique (neuroblastome, 9% des cancers de l’enfant), mais aussi l’oeil (rétinoblastome, 2% des cancers de l’enfant), le foie (hépatoblastome, 1% des cancers de l’enfant). Le pronostic de ce type de tumeur est variable, les neuroblastomes ayant un taux de survie à 5 ans plus faible (60%) que les néphroblastomes (84%).

Enfin, d’autres types de tumeurs solides, moins fréquentes, sont observées chez l’enfant : les tumeurs osseuses (6% des cancers), les sarcomes des tissus mous (5% des cancers), les tumeurs germinales (3% des cancers), les carcinomes et les épithéliales malignes (3% des cancers). L’incidence des tumeurs osseuses et des carcinomes augmente avec l’âge, les enfants de plus de 10 ans sont davantage touchés par ce type de tumeur. Le taux de survie à 5 ans pour les tumeurs osseuses est de 65% environ[3].

Les cancers sont des maladies créées par l’homme[4]

Contrairement à ce que l’industrie pharmaco-chimique prétend encore aujourd’hui, le tabac n’est plus la première cause de cancer.  Comme le rappelle cette résolution du Parlement européen du 6 mai 2010, intitulée « Agir contre le cancer », il ne s’agit pas uniquement de « la fumée de tabac dans l’air ambiant, le rayonnement et l’exposition excessive aux rayons UV », mais aussi de « l’exposition aux contaminants chimiques présents dans les aliments, l’air, le sol et l’eau en raison notamment des processus industriels, des pratiques agricoles ou du contenu de substances présentes dans les produits de construction et de consommation ».

Dans les pays industrialisés, comme la plupart[5] des autres maladies que nous subissons, le cancer n’est plus une maladie naturelle. Pour reprendre l’affirmation du professeur Dominique Belpomme, il est fabriqué par l’homme ! Les facteurs de cancérisation présents dans l’environnement sont multiples: radiations ionisantes, produits chimiques que nous ingérons ou respirons, virus ou microbes que notre environnement rend plus virulents.

Le 7 mai 2004, l’Appel de Paris[6] (signé par des centaines de scientifiques, médecins, juristes, humanistes, citoyens, et  d’associations, dont la Ligue des Droits de l’Enfant) déclarait que « Le développement de nombreuses maladies actuelles est consécutif à la dégradation de l’environnement »,  que « La pollution chimique constitue une menace grave pour l’enfant et pour la survie de l’Homme » et que « Notre santé, celle de nos enfants et celle des générations futures étant en péril, c’est l’espèce humaine qui est elle-même en danger » et appelait à interdire «  l’utilisation des produits dont le caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique (CMR) est certain ou probable chez l’Homme », et à « appliquer le principe de précaution vis à vis de tous produits chimiques pour lesquels, en raison de leur caractère toxique autre que celui défini dans la mesure 1 (voir §9 et 13), ou de leur caractère persistant, bioaccumulable et toxique, ou très persistant et très bioaccumulable,  il existe un danger présumé grave et/ou irréversible pour la santé animale et/ou humaine, et de façon générale pour l’environnement, sans attendre la preuve formelle d’un lien épidémiologique, afin de prévenir et d’éviter des dommages sanitaires ou écologiques graves et/ou irréversibles.»

Dix-neuf ans après l’appel de Paris, entre 30 000 et 50 000 produits chimiques sont toujours utilisés en Europe, dans les foyers et dans l’industrie. Pour une grande majorité, les effets sur la santé humaine et sur l’environnement ne sont pas connus. Or parmi ces molécules, seules 1 % d’entre elles ont été testées pour leurs effets toxiques. Certaines sont mutagènes, d’autres des perturbateurs hormonaux, et un certain nombre d’entre elles cancérigènes ou tératogènes[7]. À cela il y a lieu d’ajouter le fait que certains produits, bien que non directement cancérigènes, sont cocarcinogènes (ils peuvent potentialiser l’effet des cancérigènes), alors que d’autres encore peuvent être à la fois cancérigènes et cocarcinogènes.

S’il faut continuer à lutter de toutes ses forces contre le cancer, il est essentiel également, de se battre contre tous les facteurs qui le déclenchent, bien avant que la maladie n’apparaisse.

Les enfants sont les premières victimes

L’exposition aux poisons chimiques qui peuplent l’environnement, y compris le ventre de leur mère,  génère de nombreux troubles neurologiques chez des centaines de milliers enfants nés dans les pays développés : autisme, troubles de l’attention, hyperactivité, retard mental, …

Comme le rappelle une étude européenne[8], les « caractéristiques physiologiques et comportementales des nourrissons et des enfants augmentent leur vulnérabilité face aux impacts sanitaires négatifs des pesticides ». Cela est dû « au fait que leurs corps sont encore en train de se développer et que les systèmes de signaux chimiques utilisés pour diriger leur développement sont susceptibles d’être perturbés lorsqu’ils sont soumis à des toxines environnementales. »

  • Le cerveau des bébés est beaucoup moins protégé que celui des enfants et des adultes. La barrière hémato-encéphalique des bébés n’est complètement développée que vers l’âge de 6 mois ;
  • Ses voies de détoxification sont moins développées et, de ce fait, l’organisme de l’enfant est moins capable de métaboliser et d’éliminer les polluants ;
  • Les enfants boivent et mangent plus par kilogramme de poids corporel que les adultes, ce qui augmente l’effet des pesticides sur leur organisme » ;
  •  Les enfants jouent tout près du sol et ont l’habitude de porter leurs mains à leur bouche, ingérant les polluants qu’ils rencontrent au sol ;
  • L’alimentation des petits enfants est souvent plus riche en fruits et légumes, ce qui augmente leur exposition aux résidus de pesticides ;
  • Les nourrissons peuvent ingérer des résidus de pesticides à travers le lait maternel.

Et l’étude de conclure : «  Malgré les preuves de la vulnérabilité accrue des bébés et des enfants et la nature chronique et handicapante des effets sanitaires qui en résultent, on constate une absence de données spécifiques sur la toxicité postnatale de la majorité des pesticides actuellement utilisés. »

Une nourriture dangereuse pour la santé des enfants

Selon une étude publiée en 2010 par Générations futures[9], de nombreux produits chimiques dangereux  sont présents dans l’alimentation quotidienne d’un enfant d’une dizaine d’années. L’étude portait sur 3 repas types suivant les recommandations officielles –  5 fruits et légumes frais, 3 produits laitiers et 1,5 litre d’eau par jour – et un encas (avec des friandises). « Diverses substances  chimiques ont été recherchées par plusieurs laboratoires accrédités, spécialisés dans des analyses alimentaires : des plastifiants dont du Bisphénol A (BPA) et des phtalates, des retardateurs de flamme bromés (PBDE),des dioxines, furanes, PCB et autres Polluants Organiques Persistants (POPs), des pesticides ou encore des métaux lourds… […] Résultats ? Nos analyses montrent quen 24h, un enfant est susceptible dêtre exposé, uniquement par son alimentation, à des dizaines de molécules chimiques soupçonnées d’être cancérigènes ou encore soupçonnées dêtre des perturbateurs endocriniens par des instances sanitaires européennes ou américaines ! »

Dans un rapport de mars 2008, Greenpeace et les Amis de la Terre soulignaient que, « Pour les pommes, les poires et le raisin de table, 10% des taux limites fixés sont potentiellement dangereux pour les enfants qui sont de grands consommateurs de fruits ». Rappelons que les normes toxicologiques sont exprimées en quantité de substances par kilo de poids corporel. Dès lors, un enfant qui mange une pomme, une poire et une demi-grappe de raisin court plus de risques qu’un adulte de 75 kilos. Dans ce rapport, les organisations précisent qu’ « un enfant de 16,5 kg atteint les taux limites du procymidone en mangeant seulement 20 g de raison et ceux du méthomyl (un insecticide) avec 40 g de pommes ou 50 g de prunes. [10]». Quand on sait qu’une petite pomme pèse environ 120 grammes.

Substances chimiques et effets cocktails

Le 22 décembre 2009, Les ministres de l’environnement de l’U.E. se disaient « conscients que les êtres humains, les animaux et les plantes sont exposés à de nombreuses substances différentes provenant de sources et suivant des voies différentes, et que, selon des études récentes, les effets de la combinaison de ces produits chimiques, dont la toxicité reproductive et d’autres effets nocifs des perturbateurs endocriniens, peuvent avoir de graves répercussions sur la santé humaine et sur l’environnement« .

La réalité de l’effet cocktail a été mise en avant par plusieurs études. Une étude de 1996 a mis en évidence des effets de synergie entre des pesticides aux potentiels oestrogéniques faibles. Les effets des mélanges de pesticides étaient de 150 à 1600 fois plus importants que les effets des pesticides pris isolément[11]. Pour plus d’informations sur les cocktails chimiques, lire la plaquette réalisée par HEAL, WWF et Chem Trust (Sensibilisation du Grand Public aux enjeux des Perturbateurs endocriniens au niveau européen) http://reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2010/10/cocktailschimiques.pdf

Un cocktail de pesticides dans les cordons ombilicaux

En 2005, WWF et Greenpeace ont publié un rapport[12] concernant le sang de 47 femmes enceintes ou allaitantes et les cordons ombilicaux de 22 nouveau-nés. Des traces de phtalates, de BPA, de retardateur de flammes bromés, de PCB, de pesticides organochlorés, de musc synthétiques, le PFC et de triclosan (utilisé dans certains dentifrices) furent retrouvés dans la majorité des prélèvements.

Des mesures de précaution doivent être prises pour éviter toute exposition in utero. Il est urgent de protéger l’exposition de la mère et, donc, d’éliminant les substances dangereuses des produits quotidiens que nous utilisons et de l’environnement dans lequel nous vivons.

Nous demandons une politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants.

Il y a aujourd’hui quatre types de causes à l’origine des cancers et contre lesquelles il est nécessaire de lutter : les rayonnements, les produits chimiques, certains microorganismes, et certains médicaments.

Dans les pays industrialisés, les cancers d’origine physico-chimique prédominent. Les cancérologues estiment que, si on excepte le tabagisme et l’alcoolisme, les causes chimiques pourraient être responsables de 80 % de l’ensemble des cancers, tandis que les causes virales et les rayonnements ne représenteraient qu’environ 20 % des cancers. Dans les pays en voie de développement, c’est le contraire (bien qu’aujourd’hui la différence tende à s’atténuer du fait de leur industrialisation progressive). Dans ces pays, ce sont en effet les causes naturelles, qui prédominent, essentiellement microbiologiques.

Aujourd’hui, les politiques de prévention du cancer portent essentiellement sur le tabagisme, la sédentarité, les facteurs diététiques, l’obésité et le surpoids, la consommation d’alcool, les infections (hépatites virales, …), la pollution environnementale (air, eau, sol, air intérieur des habitations, …), les cancérogènes professionnels, et les rayonnements (radon, UV, …)[13].

Les facteurs alimentaires sont largement ignorés par les autorités (in)compétentes

On peut constater que les causes chimiques, autres que professionnelles, sont largement ignorées. Les pesticides présents dans la plupart des aliments, les additifs divers (colorants, modificateurs de goût et conservateurs alimentaires), les engrais nitratés, les dangers des plastiques, les dioxines[14], …, ne sont que peu pris en compte par les autorités sanitaires, au nom de la rentabilité économique et à l’encontre de la santé des consommateurs.

Il n’y a pas de réelle politique de prévention

Une véritable politique de prévention consisterait à éviter la maladie en supprimant les facteurs de risque qui sont à l’origine des cancers et autres maladies environnementales. Si on veut lutter contre le cancer il est indispensable d’avoir une politique de prévention beaucoup plus ambitieuse qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Il faut permettre au citoyen de se défendre

Nous demandons, de la part des responsables de la santé et de l’environnement, la mise en place rapide d’une véritable politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants (et le cancer en général) qui, par l’information des parents et des citoyens, leur permettra d’agir en connaissance de cause et de prendre en main la protection de la santé de leurs familles.

Il faut permettre aux parents de prendre en main la protection de leurs enfants. Ils ont la possibilité d’influer les industriels et lobbies agroalimentaires. En exigeant du bio à 100 %, en refusant les additifs alimentaires, ils ont en main les leviers du changement et de la santé de leurs enfants.

Prévenir les mères, afin qu’elles puissent se forger un jugement critique qui va aider leurs enfants

Donner une infirmation correcte et préventive

  1. Sur la dangerosité des produits phytopharmaceutiques

Selon l’EPA (Agence de protection de l’environnement aux Etats-Unis), les enfants sont particulièrement sensibles aux pesticides. Elle cite les maladies que peuvent développer les enfants à la suite d’une exposition aux produits chimiques : « La leucémie est le cancer le plus courant chez les enfants de moins de 15 ans et représente 30 % de tous les cancers infantiles, suivie du cancer du cerveau. » 

Une information correcte des mères, sur le rôle que jouent les pesticides, permettrait de réduire considérablement l’incidence de la leucémie infantile. Une série d’études épidémiologiques récentes ont démontré que l’usage des pesticides d’intérieur pendant la grossesse doublait au minimum la probabilité que l’enfant développe une leucémie ou un lymphome non hodgkinien. Il est démontré que l’exposition maternelle prénatale aux insecticides (d’intérieur ou agricoles) multiple par 2,7 le risque de leucémie chez l’enfant, et ce risque est multiplié par 3,7 lors d’une exposition maternelle professionnelle aux herbicides[15].

  • Sur les solutions que les parents doivent pouvoir mettre en place

Eviter les polluants intérieurs avant et durant la grossesse.

De très nombreux produits, issus de la chimie, polluent l’air intérieur de nos habitations. Les dangers qu’ils représentent sont important pour la santé des habitants mais surtout des enfants in utero ainsi que des jeunes enfants. Permettre aux familles de les éliminer, leur permettra d’influer positivement sur la santé future de leurs enfants.

De nombreux produits tels que le formaldéhyde (présent dans les peintures, les meubles, les colles, …), le cadnium (rideaux, chaussures), les PFC (Composés perfluorés – anti-adhésifs, vêtements, …), les retardateurs de flammes bromés (télévisions, ordinateurs, meubles), sont  des cancérigènes puissants.

Eviter les cosmétiques non naturels

Des chercheurs américains ont identifié 10 500 produits chimiques industriels utilisés comme ingrédients cosmétiques. La liste est inquiétante. On y retrouve, notamment, des agents carcinogènes, des pesticides, des éléments toxiques pour la santé reproductive, des perturbateurs endocriniens, des plastifiants, des solvants de dégraissage et des agents tensioactifs.

Par exemple, les BHA et BHT qui se retrouvent notamment dans les produits hydratants et le maquillage sont suspectés d’interférer avec les fonctions hormonales et d’être cancérigène.

Les parabènes, utilisés comme agents de conservation, sont considérés comme perturbateurs endocriniens et pourraient interférer avec les fonctions reproductrices mâles.

Les Parfums, mixtures de produits chimiques, peuvent déclencher des allergies et de l’asthme. Certains sont associés au cancer et à l’intoxication des neurones.

Les « Sodium laureth sulfate » se retrouvent dans les produits moussants tels que les shampoings et les produits pour le bain. Il peut contenir du 1,4-dioxane, potentiellement cancérigène.

Le Triclosan se retrouve dans les produits antibactériens tels que le dentifrice, les nettoyants et les

Anti-transpirants. Il est suspecté d’interférer avec la fonction hormonale et de contribuer à la résistance aux antibiotiques.

S’alimenter en bio.

On a vu que les pesticides passaient directement de la mère à l’enfant via le cordon ombilical. Il est donc essentiel qu’avant et pendant la grossesse (mais également durant la période d’allaitement) la maman s’aliment exclusivement avec des aliments issus de l’agriculture biologique.

Les aliments biologiques sont une réponse intéressante à la lutte contre le cancer dû aux produits chimiques « alimentaires ». Une étude[16] de l’université de Washington a comparé la concentration de métabolites des pesticides organophosphorés (OP) (classe d’insecticides qui perturbent le système nerveux) dans l’urine de 39 enfants de 2 à 4 ans vivant en ville et en banlieue, et a constaté que les enfants mangeant des fruits et des légumes biologiques présentaient des concentrations de métabolites de pesticides six fois plus faibles que des enfants mangeant des produits conventionnels. Cette étude conclut que manger des fruits et des légumes biologiques peut réduire de manière significative les charges de pesticides auxquelles sont exposées les enfants – et constitue une information que les parents peuvent utiliser afin d’agir pour réduire le danger que subissent leurs enfants.

Une autre étude publiée 3 ans plus tard a montré qu’un changement de régime faisait très disparaître rapidement les résidus de pesticides relevés dans les urines des enfants nourris avec des aliments issus de l’agriculture chimique. Une autre étude, conduite pendant 4 saisons consécutives et au cours de laquelle des enfants de 3 à 11 ans ont changé plusieurs fois de régime alimentaire, a confirmé ces résultats deux ans plus tard par. A chaque fois, le niveau de pesticides disparaissant moins de 10 jours après leur passage à une nourriture bio [17]».

Il y a lieu de passer le plus rapidement possible au tout bio. Pour cela, il est nécessaire de modifier la PAC au seul profit de la santé des consommateurs. En continuant à soutenir les méthodes « traditionnelles » ou « modérées », cette politique ne permet pas au « bio » de progresser suffisamment et d’être abordable par l’ensemble de la population, notamment par les familles modestes où la part de la nourriture, dans le budget du ménage, est limitée.


[1] Steliarova-Foucher E et al ; Geographical patterns and time trends of cancer incidence and survival among children and adolescents in Europe since the 1970s (the ACCISproject): an epidemiological study.Lancet. 2004

[2] Ibid.

[3] Source : Epidémiologie des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans en Ile-de-France, Judith Dulioust, Philippe Pépin, Isabelle Grémy – Observatoire régional de santé d’Ile-de-France – Juin 2007

[4] « Ces maladies créées par l’Homme », Dominique BELPOMME, Albin Michel 2004

[5] On peut citer les stérilités masculines, les malformations congénitales, la plupart des maladies cardiovasculaires, l’obésité, la très grande majorité des diabètes, les infections nosocomiales, les allergies, l’asthme …

[6] http://www.artac.info/fr/appel-de-paris/texte-en-six-langues/francais_000075.html

[7] Agents pharmacologiques qui lors de leur utilisation provoquent le développement de masses cellulaires anormales au cours de la croissance fœtale, provoquant des défauts physiques sur le fœtus.

[8] Mark Blainey et alii, « The benefits of strict cut-off criteria on human health in relation to the proposal for a regulation concerning plant protection products”, Comité de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen, octobre 2008

[9] « Enquête sur les substances chimiques présentes dans notre alimentation », Générations futures avec Health & Environnemental Alliance, le réseau environnement santé du WWF France – http://www.menustoxiques.fr/pdf/Rapport_assiette_toxique_281110.pdf

[10] Lars Neumeister, « Die unsicheren Pestizidhöchstmengen in der EU. Überprüfing es harmonisierten EU-Höchstmengen hinsichtich ihres potenziellen akuten und chronischen Gesundheitrisikos », Greenpeace et GLOBAL 2000, les Amis de la Terre/Autriche, mars 2008.

[11] Arnold et al. “Synergistic activation of estrogen receptor with combinations of environmental chemicals.” Science 272. 1489-14921

[12] WWF/Greenpeace, “ A present for life, hazardous chemicals in umbilical cord blood”, septembre 2005

[13] Voir le site de l’O.M.S. : http://www.who.int/cancer/prevention/fr/index.html

[14] Si les dioxines sont interdites, les composés dioxiniques apparaissent en grande quantité dans le voisinage des incinérateurs et dans celui des usines fabriquant des pesticides organochlorés, les papeteries ou encore certaines usines métallurgiques.

[15] Donald Wigle et alii, « A systemic review and meta-analysis of childhood leukemia and parental occupational pesticide exposure”, Environmental Health Perspectives, vol. 117, N°5, mai 2009, p. 1505-1513 – et – Claire Infante-Rivard et alii, « Risk of childhood leukemia associated with gene polymorphisms », Epidemiology, vol.10, septembre 2009, p 481-487 – Citées par Marie-Monique Robin dans “Notre poison quotidien – Arte Editions 2011.

[16] Cynthia Curl et alii, « Organophosphorus pesticide exposure of urban and suburban preschool children with organic and conventional diets », Environmental Health Perspectives, vol. 111, 2003 p 377-382.

[17] Chensheng Lu et alii, « Dietary intake and its contribution to longitudinal organophosphorus pesticide exposure in urban/suburban children », Environmental Health Perspectives, Vol. 116, N°4, avril 2008, p. 537-542.

L’école inclusive doit accueillir TOUS les enfants

L’école inclusive doit accueillir TOUS les enfants

Introduction

L’enseignement « spécial », devenu par la suite l’enseignement « spécialisé », date de 1970. Cela fait aujourd’hui pas mal d’années que les enfants [U1] avec handicap y sont accueillis, loin des autres enfants et souvent loin de leur milieu de vie habituel. Parfois au bout de longs trajets, des heures durant, en bus scolaire, dans des lieux qui leur sont adaptés, mais qui sont aussi et surtout ségrégués. En fait, c’est notre système scolaire en fait des lieux ségrégués, en ayant deux types d’enseignements. D’une part des écoles « ordinaires », pour les enfants qui sont dans la norme, et d’autre part un enseignement « spécialisé » pour les enfants qui sont hors normes.

Dans celui-ci, on y est entre enfants « handicapés », cachés aux yeux de tous et oubliés de tous les bien-mal-pensants pour qui l’Ecole avec un « E » majuscule, la grande, la noble « Ecole » n’est destinée qu’à ceux qui peuvent prétendre d’un quotient intellectuel moyen à supérieur.  Cette Ecole qui croit que tout le monde doit apprendre la même chose en même temps.

La question n’est certainement pas de nous positionner contre l’enseignement spécialisé mais de rappeler que la place des enfants ayant un handicap n’est pas dans un enseignement spécialisé, mais dans l’école ordinaire : l’école du quartier, l’école du village avec les enfants « ordinaires » qui partagent le même lieu de vie. Ce Droit fondamental est défini par la Convention ONU de 2006 qui précise que les enfants porteurs d’un handicap doivent « avoir accès, dans les communautés où elles vivent, à un enseignement primaire inclusif[U2] , de qualité et gratuit, et à l’enseignement secondaire également inclusifNDLR[1] »

Analyse : Comment comprendre ce grand retour en arrière ?

Depuis 2004, l’intégration dans l’enseignement ordinaire d’enfants relevant de l’enseignement spécialisé a été mise en place. Si, initialement, ce sont les handicaps physiques qui étaient privilégiés, depuis 2009 et grâce à ratification par notre pays de la Convention ONU sur les droits des Personnes handicapées, ce sont tous les enfants, quels que soient leurs handicaps – et donc également ceux qui ont une déficience intellectuelle – qui pouvaient bénéficier d’un processus d’intégration dans l’enseignement ordinaire. Malheureusement, l’intégration temporaire totale qui permettait aux enfants ayant un handicap intellectuel ou comportemental, avec l’aide du spécialisé, coûtait trop cher à la Fédération Wallonie Bruxelles. Comme à chaque fois ce sont les plus fragiles qui en paient les conséquences. Ils doivent maintenant passer au moins un an en spécialisé pour pouvoir espérer que l’école spécialisée estime qu’ils ont la compétence pour être orientés vers l’ordinaire dans une école qui veut bien d’eux.

Cela a été un grand retour en arrière, complètement incompréhensible pour les familles. Si l’intégration d’enfants avec un handicap progresse un tout petit peu en FWB, ce surtout les handicaps « nobles » qui bénéficient de ces processus. Les enfants atteints de déficiences[U3]  visuelles ou auditives sont respectivement 33,8 % et 31,1 % à être intégrés dans l’enseignement ordinaire. Mais ce sont les enfants issus du T2, c’est-à-dire ceux qui ont une déficience intellectuelle modérée à sévère, qui ferment le peloton. Ils sont un tout petit 2 pourcents à se trouver intégrés dans une école ordinaire.

44 % des enfants issus de l’enseignement spécialisé de type 8 qui n’ont aucun handicap mais principalement un « handicap social » (issus de milieux « populaires ») et qui ne devraient de ce fait pas être dans l’enseignement spécialisé bénéficient de l’intégration. Il est inconcevable que des enfants sans le moindre handicap doivent être scolarisés dans une école ordinaire, avec l’aide d’enseignants du spécialisé.

Comme vous le voyez et principalement pour les enfants avec une déficience intellectuelle, ce droit est largement bafoué. Les bien-mal-pesants de l’Ecole continuent à leur interdire l’accès à l’enseignement ordinaire. Pire, la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans son Pacte pour un enseignement d’excellence, ne consacre que 4[JPC4]  malheureuses pages à un enseignement inclusif, ce qui démontre qu’elle n’a pas une vision claire de ce qu’est l’école inclusive. De plus, celle-ci réserve  l’enseignement inclusif  aux enfants de milieux populaires injustement orientés vers les Types 1, 3 et 8.

Pourtant, la Belgique et chacune de ses composantes se sont engagées dans l’idée de construire une école véritablement inclusive. Pour les familles, c’est un chemin de croix ! Un vrai parcours du combattant. Il ne leur suffit pas de trouver une école qui accepte leur enfant – ce qui est déjà extrêmement compliqué – mais il faut il n’aura plus droit au soutien pendant 4 heures d’un enseignant du spécialisé. Il recevra bien l’aide du Pôle territorial pour la mise en place d’aménagements raisonnables, mais c’est insuffisant pour aider les enseignants qui ne connaissent pas le handicap intellectuel.

Le Droit de l’enfant est bafoué par la Fédération Wallonie Bruxelles. Mais ce ne sont « que » des enfants handicapés et par malchance pour eux, ils ont un « mauvais » « handicap » pour l’école. Car, pour l’Ecole, il y a de « bons » et de « mauvais » handicaps. Il y a ceux qui ont un handicap « noble », qui ont toutes leurs fonctions cognitives et puis les autres, ceux qui ont un « handicap mental ». Celui qui empêche d’apprendre comme les autres… Comme si – et c’est ce que l’on pense encore trop souvent dans les écoles – tous les enfants apprenaient de la même façon. L’Ecole est faite de traditions, de croyances archaïques, de fantasmes, de lubies et de peurs ; pas de désirs de progrès, de rêves, et d’espoirs. C’est le malheur de ces enfants.

Mais… va-t-on nous demander… ces enfants ont-ils leur place en enseignement ordinaire, puisqu’ils ne savent pas apprendre comme les autres ? La réponse est dans le Droit ! Tout comme le droit à l’information est garanti à tous les citoyens, ces enfants sont des êtres tout ce qu’il y a de plus humains et bénéficient de droits, eux aussi. Et ces droits doivent être respectés !

La question n’est plus de se demander si ces enfants, puisqu’ils ne savent pas marcher, entendre, voir ou penser comme tout le monde, ont droit à une place pleine et entière dans la société, ni s’il faut les cacher au fond d’écoles et, par la suite au fond d’institutions spécialisées, derrière des murs, toute leur vie. La question est de savoir si nous voulons construire une société qui doit permettre à chacun de s’y intégrer et d’y trouver une place de citoyenne ou de citoyen actif et pleinement reconnu comme tel !

Si la réponse est « Oui » – et dans une société démocratique elle ne peut être que « Oui » – alors il n’y a qu’une étape scolaire possible : celle qui apprend au vivre ensemble, à vivre avec les différences que nous avons toutes et tous : c’est l’école inclusive. Un lieu où l’enfant ayant une déficience pourra apprendre à vivre avec les autres et où ceux-ci pourront à leur tour apprendre à vivre avec toutes les différences. Dans l’espoir que, plus tard et ensemble, ils contribuent à la construction d’une société réellement inclusive.  

Un combat pour des citoyen.ne.s à l’esprit critique

Le Pacte ne l’a pas compris. Si la mise d’un tronc commun est incontournable pour lutter contre l’échec scolaire, il est insuffisant. Seul un enseignement réellement inclusif peut permettre à chaque enfant, quelles que soient ses difficultés scolaires, sociales, physiques, intellectuelles, … d’acquérir les savoirs que ses capacités lui permettent d’acquérir. Et même, de se sublimer !

Nous voulons une Ecole inclusive. C’est un Droit fondamental de l’enfant handicapé ! Et c’est un droit des autres enfants aussi d’apprendre à vivre avec la différence. La Belgique s’y est engagée, la FWB aussi. Cette dernière se doit de la mettre en place. Nous exigeons donc le respect de cet engagement, à commencer par faire respecter par tous les intervenants l’obligation de respecter ce droit, et donc, de ne plus avoir la possibilité de refuser l’intégration d’un enfant quels que soient son handicap. Le Décret intégration permet trop facilement aux acteurs institutionnels de refuser l’intégration d’un enfant sur base de son handicap. Il s’agit d’une discrimination inacceptable et ce, même s’il existe un enseignement spécialisé. Séparer des enfants sur base de leurs différences physiques ou intellectuelles est, tout simplement, de la discrimination et doit être interdit dans les textes et poursuivi en justice ! Il en va de même pour les parents. Par méconnaissance de l’intégration ou souci de surprotection, des familles refusent des projets d’intégration proposés par des CPMS[U5]  ou des écoles et qui vont pourtant dans l’intérêt des enfants.

Par ailleurs, le Pacte prévoit que les Pôles territoriaux mutualisent les moyens consacrés à l’accompagnement des enfants en intégration, mais cela ne concernera que les enfants orientés en fonction d’un « handicap social ». Le Pacte ne tient pas compte des enfants porteurs de handicaps physiques et encore moins intellectuels. Nous condamnons cette discrimination et attendons de la CF/FWB qu’elle corrige le tir afin d’amener progressivement l’enseignement spécialisé à évoluer dans sa conception, dans ses prérogatives, dans son rôle, au service des besoins éducatifs de l’enfant. Toutes les ressources qu’il contient doivent être mises au service de tous les élèves ! ». Autrement dit, pour aller progressivement vers un système scolaire inclusif.


[1] Voir texte anglais : Persons with disabilities can access an inclusive, quality and free primary education and secondary education on an equal basis with others in the communities in which they live


 [U1]« Porteurs » : c’est lourd; je préfère un terme plus neutre : ayant un handicap…

 [U2]Je préfèrerais que les mots soulignés soient en gras – sans soulignement ; ce qui est plus clair !

 [U3]On est atteint d’une maladie, … mais pas du handicap !!!!

 [JPC4]Je suis d’accord que ce n’est pas qu’un nombre de pages, mais nous avons affaire à la presse qui ne connaît pas le fond du problème. 4 pages sur 300, c’est aussi une manière de leur faire comprendre que la FDW n’a pas de vision claire de ce qu’est une école inclusive.

 [U5]Même remarque à propos des CPMS !

Ecole inclusive : Accueillir un élève avec une dysphasie

Ecole inclusive : Accueillir un élève avec une dysphasie

1.   Comment permettre à un élève avec une dysphasie d’être inclus dans son école ?

1.1.      Pourquoi parler de dysphasie ?

Parmi les parents, mais aussi les professionnels qui nous ont rejoints sur le combat pour une Ecole inclusive, plusieurs d’entre eux se battent pour que leur enfant soit accompagné à l’école en tenant compte de leur spécificité très particulière, qui est la dysphasie. Les enseignant.e.s ne sont pas formé.e.s à ce trouble qui, dans le milieu scolaire, peut être très handicapant. Nous vous proposons de vous pencher avec nous sur cette réalité. En effet, il n’y a pas qu’à l’école qu’elle se rencontre. Dans le milieu extrascolaire, il en va de même. Certains enfants qui fréquentent une école de devoirs, une maison de quartier, un club de sport, une académie, … sont porteurs de ce trouble. Il vaut mieux le connaître afin de ne pas discriminer un.e enfant, sans même s’en rendre compte. L’Ecole inclusive est un Droit de tous ces enfants.

Lors des précédentes années, nous avions abordé d’autres « dys ». La dernière concernait la dyspraxie. La demande qui a été faite par les membres de la Plate-forme pour une Ecole inclusive a été de n’oublier aucun « dys », même les plus rares. L’analyse suivante a déjà été décidée. Elle concernera un trouble moins connu, les déficiences mnésiques.

1.2.      Comprendre la dysphasie ?

La dysphasie se situe au niveau du langage oral. C’est un trouble « structurel » sévère, spécifique et durable de l’apprentissage et du développement du langage oral. Il entraîne un déficit sévère et malheureusement durable de la production de la parole, donc du langage, mais également de la compréhension. La dysphasie peut se présenter sous différentes formes plus ou moins sévères.

Environ sept pourcents des enfants de 3 ans et demi présentent un trouble du langage oral, mais la majorité se corrige avant l’âge de 6 ans. Un pourcent des enfants gardent des troubles importants du langage oral. On considère alors que le trouble est durable.

La différence entre retard et trouble du langage oral est synthétisé dans le tableau suivant[1] :

Retard de langageDysphasie·s
Décalage chronologique des acquisitions langagièresTrouble primaire et durable
Simplifications de parole : parapluie = papuiDéviances phonologiques : cancagne ou panpagne pour campagne
Compréhension normaleCompréhension difficile
Lexique réduit (peu de vocabulaire)Troubles de l’évocation : cherche ses mots, forme des périphrases (p.ex. : dire en beaucoup de mots ce que l’on peut dire en peu de mots)
Syntaxe maladroite (manière incorrecte de combiner les mots pour former des phrases ou des énoncés dans une langue)Dyssyntaxie[2] (substitution de mots) / agrammatisme[3] (« style télégraphique », ou omission de mots)
Intonation normaleDysprosodie (dysfonctionnement de la communication)
Atteinte Homogène Phonologie/lexique/syntaxeEcarts de performance
Peu de conscience du troubleConscience aigüe du trouble
Amélioration avant 6 ansDéficit durable

Il ne s’agit pas d’un simple retard de l’apprentissage du langage. Ces enfants ne sont pas malentendants et n’ont aucun retard mental, ni d’autisme. On ne peut donc pas expliquer une dysphasie par d’autres troubles, une malformation des organes phonatoires, pas plus que par un désordre affectif grave. Ce handicap est lié à un dysfonctionnement des structures cérébrales qui sont activées afin de traiter l’information langagière.

Ce trouble est encore peu connu pour deux raisons. D’une part, pendant longtemps les études au sujet des problèmes de communication des enfants étaient davantage tournées vers la surdité et les séquelles des lésions cérébrales. D’autre part,  il est  difficile  d’initier  l’idée  qu’un  enfant  qui n’a  ni  déficit  particulier  ni  réticence  à  interagir  avec  son  entourage  puisse  être soumis  à  un empêchement durable de communiquer[4]. Ce n’est que depuis les années 70 que des recherches en phonologie du langage et en linguistique ont été menées. Plus récemment les neurosciences s’y sont à leur tour intéressées. 

On ne connaît pas les raisons qui font qu’un enfant ait une dysphasie. Celle-ci est un trouble dont l’origine reste incertaine. Il y aurait plusieurs causes qui se combinent. Actuellement deux hypothèses sont évoquées, soit une cause génétique, soit une cause neurobiologique (fonctionnement cérébral).

Il y a plusieurs formes de dysphasies, puisque tant la compréhension que l’expression ainsi que tous les niveaux linguistiques (enchainement des sons, lexique, syntaxe, discours) peuvent être touchés à des degrés divers. On devrait donc parler des dysphasies.

En général, on parle de deux grandes catégories de dysphasies :

  • Les dysphasies réceptives, ou par « agnosie verbale » : l’enfant ne reconnaît pas les sons du langage, ne parle pas ou peu, a un vocabulaire pauvre, se replie sur soi par peur de communiquer, etc. ;
  • les dysphasies expressives (discours incompréhensible, difficultés à trouver ses mot, discours inadapté au contexte, difficultés dans l’apprentissage de l’écrit, troubles de la compréhension des langages écrit ou oral, etc.

A celles-ci, on peut ajouter les dysphasies mixtes qui sont à la fois des dysfonctionnements de l’expression et de la réception du langage.

On a vu qu’à l’école, cela représente un élève sur cent. Les conséquences sont importantes sur l’adaptation sociale et affective de l’enfant et sur la qualité de ses apprentissages scolaires. A l’âge adulte, c’est au niveau de l’insertion professionnelle que la dysphasie mettra le travailleur en situation de handicap.

Pourtant ce sont des enfants intelligents, curieux, gentils et calmes. S’ils perdent parfois leur sang-froid, c’est dû à la frustration de ne pas être compris. Ils ont le désir de communiquer mais n’y arrivent pas. Cela n’empêche pas qu’ils puissent avoir une vraie motivation d’apprendre, surtout les tâches qui ne requièrent pas le langage. Enfin, ils ont un sens de l’observation pointu.

Malheureusement pour lui, l’enfant avec une dysphasie voit souvent sa pathologie accompagnée par d’autres troubles qui handicapent sa scolarité comme la dyslexie et tous les troubles de la lecture, la dysorthographie, une difficulté à se repérer dans l’espace et dans le temps (dysphasie visuo-spatiale), un trouble de l’abstraction, voire problèmes de comportement en rapport avec ses troubles de la compréhension et d’adaptation à une situation nouvelle.

2.    Comment peut-on reconnaître une dysphasie chez un élève ?

Les enseignants et les accompagnants ne peuvent qu’élaborer des suppositions face aux difficultés langagières d’un élève. Le diagnostic doit être réalisé par une équipe de professionnels et ne peut être clairement posé qu’à partir de 5 ans.

En cas de signaux d’alerte avant cet âge, les enseignants de maternelle peuvent suggérer aux parents de consulter leur médecin traitant, suite aux constations qu’ils ont faites. Ce dernier orientera logiquement les parents vers un centre spécialisé. Il doit être établi par une équipe pluridisciplinaire (neuropédiatre ou pédopsychiatre, psychologue, orthophoniste, psychomotricien, …) qui établiront chacun un bilan. L’orthophoniste va analyser et évaluer la communication de l’enfant aussi bien au niveau de la qualité que de la quantité. D’autres tests sont également effectués afin d’écarter tout autre pathologie (neurologique, psychologique ou sensorielle) ainsi qu’un bilan psychométrique[5]. Ensuite une rééducation sera proposée. Il s’agit d’une rééducation orthophonique qui a pour objectif de permettre à l’enfant de vivre avec son handicap et de pouvoir suivre une scolarité plus apaisée, en fonction de la sévérité de sa dysphasie. Cette rééducation sera intensive et sur le long terme.

3.   Signes qui doivent alerter

Il y a des signes qui doivent alerter les intervenants scolaires et extrascolaires.  Au plus tôt les troubles sont dépistés, au plus tôt pourra commencer la prise en charge du jeune patient. Il est donc important de ne pas banaliser les signes qui peuvent faire penser à un retard de langage chez le petit enfant et de consulter.

3.1.1.    Chez le nourrisson

  • Il est silencieux (pas ou peu de babillements) ;
  • Il ne réagit pas à la voix et aux bruits ;
  • Les sons qu’il émet ne sont pas mélodieux ;

3.1.2.    Avant 3 ans

Une dysphasie ne se détecte pas en fonction du langage mais par rapport en fonction des facultés qu’a l’enfant de communiquer.

  • Il ne semble pas comprendre ce qu’on lui dit ou comprend mieux lorsqu’on lui fait des gestes ;
  • Il a le regard évitant (peu d’intérêt pour les autres) et est passif ;
  • Il répète systématiquement tout ce qu’on lui dit (écholalie) ;
  • Il est mutique (ne parle pas ou très peu) et communique par gestes ;
  • Il utilise un langage pauvre, uniquement des mots et non des phrases complètes (faim, soif, banane, …) ;
  • Il pose peu ou ne pose pas de questions ;
  • Il a des difficultés à se rappeler des comptines, des chansons, malgré une mémoire efficace (troubles mnésiques) ;
  • Il comprend bien, mais on ne le comprend pas ou on le comprend mal, ses phrases ne sont pas distinctes (il n’est compris que de son entourage) ;

3.1.3.    Après 3 ans

Les symptômes s’aggravent. Les parents qui mettaient le retard de langage sur un retard de développement peuvent maintenant difficilement les ignorer.

  • Le langage reste pauvre. Il s’exprime mal, voire pas du tout. Ses phrases sont courtes et mal structurées ;
  • Il ne comprend toujours pas ce qu’on lui demande, les consignes qu’on lui explique, fussent-elles simples ;
  • Son vocabulaire est très restreint, il utilise de courtes phrases mal construites avec peu de verbes et de pronoms ;
  • A l’école maternelle, il n’est pas attiré par le travail de la conscience phonologique (comptines, jeux de vire-langues, …) et a des difficultés à exprimer les notions d’espace et de temps ;

3.1.4.    A l’entrée à l’école primaire (première année ou CP),

Les symptômes sont plus difficiles à déceler. C’est surtout leurs impacts sur la vie sociale et scolaire de l’enfant qui sont perçus. Il y a une grande différence entre ses compétences intellectuelles et son expression orale.

  • Il a du mal à utiliser les pronoms personnels à bon escient ;
  • Il a du mal à parler distinctement et se révèle incapable de séparer les syllabes (conscience phonémique défaillante) ;
  • Il a du mal à utiliser des termes qui semblent plutôt génériques (ex : « insecte » est le terme générique de « papillon », « abeille », « mouche », « moustique », « sauterelle », … ;
  • Il prononce des phrases qui semblent incohérentes, avec des verbes non conjugués, des mots placés là aux mauvais endroits (ex : « veux manger pas »), etc.
  • Il confond les mots phonétiquement proches  (ex : loi, noix, roi, bois, soie, poids, …);
  • Il n’utilise que rarement les connecteurs logiques (car, comme, malgré, afin que, donc, d’abord, en deuxième lieu, puis, enfin …) ;

En cas de doute, en parler avec les parents et le CPMS[6] en Belgique, ou le RASED[7] en France

4.   Comment aider l’enfant à l’école et dans l’accueil extrascolaire ?

Il faut rapidement mettre des aménagements en place. D’abord, en veillant à comprendre ce qu’est la dysphasie. Celle-ci ne résulte pas d’un problème psychologique, physique ou intellectuel, pas plus que comportemental. Il s’agit d’un handicap et l’enfant n’est pour rien dans les difficultés qu’il présente au quotidien. Il ne faut en aucune manière le dévaloriser en lui rappelant ses difficultés, mais au contraire constamment l’encourager et le valoriser aux yeux de ses pairs.

L’enfant avec une dysphasie éprouve non seulement des difficultés à s’exprimer, mais il peut avoir également du mal à comprendre ce qu’on lui explique ou qu’on lui demande de vive voix. Il est donc indispensable d’adapter les méthodes pédagogiques à son trouble (et aux autres troubles présents dans la classe telles les dyslexies, dysorthographies, dyscalculies, dyspraxies, troubles de l’attention, du comportement, etc.) et donc de viser à devenir une classe (et une école) pleinement inclusive.

Une école inclusive met tout en place pour être un environnement propice aux apprentissages pour tous les élèves à besoins spécifiques. Un enfant avec un « dys » n’aime fort logiquement pas l’école. Il faut donc que la classe et l’école soient des environnements non stressants et qu’elles soient le seul lieu des apprentissages scolaires. Il y a donc lieu de bannir autant que faire se peut leçons et devoirs à faire à la maison.

Avoir des élèves avec des « dys » dans sa classe est une véritable chance. Cela donne du sens au métier d’un enseignant et cela lui permet de mettre en place des pratiques pédagogiques auxquelles il n’aurait jamais pensé (qui ne sont pas dans la culture de l’établissement scolaire) et qui vont lui être d’une aide certaine pour transmettre les savoirs à tous les élèves, même ceux qui n’ont pas de troubles spécifiques des apprentissages mais qui ont besoin de plus d’explications, de plus de temps, de plus d’aides. Les aménagements raisonnables doivent être introduits dans le but de devenir structurels et bénéficier à tous, quelles que soient leurs difficultés et leurs facilités. Ainsi, progressivement d’année en année, la classe (ou l’école) devient inclusive, et prête à accueillir de nouveaux élèves avec leurs spécificités.

Les collègues de l’école doivent connaître l’enfant, ses difficultés et la manière de l’aborder (professeurs de gymnastique, de cours confessionnels, de langue, de citoyenneté, ou autres). Ils doivent connaître et respecter les aménagements mis en place pour cet enfant. En cas de remplacement, un dossier reprenant toutes les informations le concernant, ainsi que la manière de l’aborder et de le soutenir dans ses apprentissages et la liste des aménagements raisonnables mis en place doit être à disposition du remplaçant. Un enfant avec une dysphasie est déstabilisé face à une situation nouvelle. Il y a  donc lieu de le rassurer au mieux. Il en va de même lors de changements de classes, avec le nouvel enseignant. L’idéal est de garder sa classe au moins deux ans d’affilée (que ce soit en primaire ou en secondaire), afin de minimiser le nombre d’enseignants et de pratiques différentes auxquels l’enfant sera confronté dans sa scolarité.

Il est également important de collaborer étroitement avec les parents et les intervenants qui pratiquent la rééducation afin de les informer des progrès réalisés, mais également d’obtenir des conseils de personnes compétentes en matière de dysphasie. La question de l’usage de l’informatique est à poser en fonction des difficultés de l’enfant.

Enfin, il est important de collaborer avec les autres élèves de la classe en expliquant clairement et régulièrement ce qu’est la dysphasie et les conséquences qu’elle a sur les apprentissages. Ils seront ses partenaires durant sa scolarité (amis, tuteurs, …). Il est important de veiller à ce que l’enfant avec une dysphasie soit parfaitement intégré et ne subisse ni moquerie, ni stigmatisation qui ne pourraient que le détruire plus encore.

5.    Pour conclure

Quel que soit le trouble des apprentissages, il n’y a pas de remédiation « miracle ». On ne guérit pas d’un trouble DYS, mais on peut apprendre à développer des techniques de compensation qui deviendront parfois une seconde nature.

Au plus les aides sont adaptées, au mieux elles vont aider à compenser les fonctions déficientes et à améliorer les apprentissages. C’est ainsi que le jeune pourra développer tout son potentiel et ne plus (trop) se trouver en situation de handicap en classe.

Annexe

Aménagements dits « raisonnables »

Cette liste est loin d’être exhaustive et doit être analysée avec les spécialistes qui effectuent la rééducation de l’enfant.  Elle résulte de la pratique de parents qui ont demandé la mise en place d’aménagements « raisonnables » dans les classes de leurs enfants, ainsi que de professionnels suivant les enfants. 

1.    De manière générale

  • L’enfant doit avoir confiance en vous et être heureux d’être dans votre classe. Cela implique de ne pas le juger (mais le féliciter et minimiser ou limiter les échecs) et d’établir un cadre bienveillant, ne pas le placer dans des situations dévalorisantes ;
  • Un enfant avec une dysphasie ne comprend pas l’humour ;
  • Il faut accepter sa lenteur et ses difficultés, reformuler à l’oral chaque consigne et s’assurer qu’il a compris ;
  • Il faut placer l’enfant en situation de réussite, l’évaluer formativement (sans notes) et positivement (ne pas barrer les erreurs mais mettre un P aux bonnes réponses, lui permettre de se corriger), en évitant toute compétition entre élèves, alléger les questions, lui donner plus de temps, limiter les productions écrites et accepter un style télégraphique ;
  • Affichez l’horaire de la journée et prévenez les enfants de tout changement d’activité et permettez-leur de prendre une petite pause, utilisez le programme avec des pictogrammes, des couleurs, des formes ;
  • Donner un modèle de procédures pour les apprentissages que l’enfant suivra tout au long de l’année ;
  • Fixer un objectif à la fois ;
  • L’encourager à demander quand il n’a pas compris ;
  • Alléger les tâches à faire en fonction des l’énergie supplémentaire qu’il doit dépenser par rapport à ses camarades, mais être exigeant sur le résultat ;
  • Evitez les tâches secondaires ou prenez-les en charge (avec tutorat, par exemple) : copie, découpages, … ;
  • L’aider à prendre les bons outils scolaires et veiller à ce que chaque cahier ou livre soit recouvert d’une couleur différente ;
  • Utiliser un cahier de communication avec des bandes velcro pour les pictogrammes, utiliser des couleurs pour les matières à revoir ;
  • Apprenez-lui à se repérer sur un calendrier (donnez-lui la « charge » de barrer progressivement les jours de l’année, par exemple), à lire l’heure, puis les minutes, … ;
  • Utilisez un « vision timer » (une horloge de compte à rebours) pour qu’il sache le temps qui reste) ;
  • Faites-lui régulièrement réciter les jours de la semaine, les mois de l’année. Ecrire la date au tableau chaque jour, toujours au même endroit ;
  • Ne le changez pas de place (ou alors avec son accord) car cela peut le perturber (dysphasie visuo-spatiale) ;
  • Utilisez des codes couleurs ou une numérotation de manière à structurer l’écrit ;
  • Faire du lien entre les apprentissages, rappeler succinctement les connaissances déjà acquises précédemment qui sont en lien avec le nouvel apprentissage ;
  • Utiliser les arts plastiques et favoriser l’expression de ses émotions par des thèmes libres. La difficulté à s’exprimer amène des frustrations, voire de la colère. Les arts visuel, manuel, ou corporel peuvent constituer une soupape binefaisante.

2.    Lorsque vous vous exprimez

  • De quelqu’endroit de la classe vous vous trouvez, assurez-vous toujours qu’il vous regarde quand vous parlez. N’hésitez jamais à manipuler des objets, à faire des gestes, à mimer, à montrer des photos, des schémas, à écrire au tableau, utilisez des synonymes, des pictogrammes (Bliss[8], Pecs[9], Grach[10], …), etc. Cela l’aidera mais cela aidera également d’autres élèves ;
  • Encourager les habiletés d’écoute (ne pas jouer avec ses outils, s’asseoir confortablement, regarder l’adulte, …) ;
  • Contrôlez le niveau sonore de la classe (évitez les sources de distractions, objets sur le bureau pouvant servir de jouets,) et placez l’enfant avec une dysphasie à côté d’enfants calmes, capables de le stimuler, loin des fenêtres et de la porte qui sont des éléments distrayants ;
  • Parlez lentement et distinctement en essayant d‘articuler au mieux. Insistez sur ce qui est important. Reformulez de manière à ce qu’il puisse comprendre encore mieux ;
  • Utilisez des phrases simples avec des mots courants et ne donnez jamais plus d’une consigne à la fois et laissez le temps à l’enfant pour intégrer la consigne, utilisez le même style de consignes ;
  • Ne pas utiliser de mots isolés, plus difficiles à comprendre que placés dans des phrases ;
  • En cas de consignes complexes, les décomposer et les expliquer progressivement durant l’apprentissage ;
  • Uniquement s’il le peut, demandez à l’enfant d’expliquer dans ses mots à lui le message que vous avez voulu faire passer. Cependant, l’enfant avec une dysphasie aura toujours du mal à s’exprimer et ce n’est à faire que s’il en a la capacité ;
  • Vous renseigner sur les moyens utilisés par les parents et l’orthophoniste pour communiquer (langue des signes, Makaton[11], pictogramme, méthode Borel-Maisonny, lecture labiale, …) afin d’utiliser une méthode connue de l’enfant ;
  • Ne pas tout lui mâcher. Il doit pouvoir progressivement, en grandissant, penser par lui-même, se souvenir des procédures apprises, … ;

3.    Lorsque l’enfant doit s’exprimer

  • Susciter des situations où l’enfant aura envie ou besoin de s’exprimer (faire semblant d’oublier de lui donner une feuille, à dire merci, …) ;
  • Les enfants avec une dysphasie ont un stock lexical faible. Il faut accepter la méconnaissance du mot et lui apprendre le terme exact, sans le forcer à répéter (sauf s’il est volontaire) ;
  • L’aider à trouver ses mots en lui donnant des indices ou en amorçant les phrases. L’inciter à décrire le mot qu’il cherche, dire à quoi il sert ou ce qu’il représente à donner sa définition ;
  • Reformuler ses réponses avec bienveillance ;    
  • Si cela lui permet de mieux se faire comprendre, favoriser la communication gestuelle, les mimiques, … ;
  • L’inciter à décrire le mot qu’il cherche avec ses mots (à quoi ça sert, qu’est-ce que cela représente ? …). Ne pas le forcer à répéter le mot une fois trouvé ou donné ;
  • Privilégier le sens du contenu plutôt que la forme et laisser la parole spontanée et naturelle ;
  • Laisser aller l’enfant au bout de son propos sans l’interrompre afin de ne pas perturber sa pensée ;
  • Prévenir ses parents des prochains apprentissages afin qu’ils puissent faire des recherches avec lui à la maison ;
  • L’inciter progressivement à s’exprimer par des choses simples : dire bonjour/au-revoir, appeler par le prénom ou le titre (madame, monsieur, …), donner des réponses de plus en plus élaborées, refuser poliment, etc. ;

4.    Lorsque l’enfant doit lire

  • Chaque fois que c’est possible, quand on l’interroge sur sa lecture, permettre à l’enfant de passer par le langage écrit ;
  • Si la lecture à haute voix devant la classe le gène, accepter la lecture à voix basse ;
  • Alterner la lecture avec l’enfant, chacun une phrase à tour de rôle ;
  • Expliquer le vocabulaire incompris et les expressions figurées (découvrir le pot aux roses, se jeter dans la gueule du loup, tomber dans les pommes, …)  ;
  • Relire le texte ensuite, afin qu’il ait un modèle correct ;
  • Répartir sur la journée la lecture par périodes courtes de 15 minutes maximum ;
  • Utiliser des couleurs ou des pictogrammes pour montrer le sens de la lecture, de gauche à droite (par exemple, feu vert à gauche et feu rouge à droite) ;
  • Laisser l’enfant choisir le thème des textes à lire. Il faut que ces thèmes lui soient connus. Lui fournir les textes à l’avance ; 
  • Privilégier un vocabulaire simple et connu de l’enfant, qui lui sera utile. Exercer régulièrement l’enfant à les lire. Augmenter progressivement le stock de mots ;
  • La poésie n’est pas évidente pour l’enfant. Il n’en comprend pas le sens et les tournures de phrases. Il faut donc la lui expliquer et, s’il en a la capacité, la lui faire apprendre une strophe à la fois. En tous cas, le sensibiliser à cet art et lui faire comprendre ce que sont des rimes ;
  • Utiliser une police d’écriture et une taille qui sont faciles à lire (voir le dossier sur la dyslexie) avec un interligne de 1,5 ;

5.    Lorsque l’enfant doit écrire

  • Ne pas différencier apprentissage de la lecture et de l’écriture qui doivent être simultanés ;
  • Proposer des textes à trous, questions à choix multiples, code couleurs (lui permettre de surligner les réponses et les questions dans deux couleurs différentes) ;
  • Limiter les dictées et privilégier les textes à trous. Complexifier progressivement la difficulté des phrases et des consignes ;
  • Utiliser des étiquettes de mots afin de pouvoir les classer en fonction de leur catégorie grammaticale (noms, verbes, adjectifs, articles, etc.). Prévoir des sous-catégories : noms propres et communs, de choses, d’animaux, de personnes, …) ;
  • Lui apprendre à structurer ses prises de notes ;
  • Limiter les lignes de copies et lui donner du temps ;
  • Lui conseiller de commencer par ce qui est le plus facile pour lui ;
  • En cas de longue copie, écrire dans son cahier à la place de l’enfant ;
  • Lui permettre d’écrire sur des feuilles à lignes largement espacées (au besoin en photocopier) ;
  • Lui fournir un cours photocopié, afin qu’il ne doive pas le recopier ;
  • Lui apprendre des stratégies de relecture en fonction de l’apprentissage (vérifier les terminaisons en conjugaison, les marques du pluriel, est-ce que tous les « blancs » sont complétés, …) ;   
  • Valoriser la créativité de ses rédactions plutôt que la forme ;

6.    Lorsque l’enfant doit mémoriser

  • Créer pour et, si possible, avec l’enfant des aide-mémoire très visuels, avec des couleurs, des schémas, des tableaux (abaques, conjugaisons, …), des listes thématiques  (vocabulaire, tables de multiplication, …) ;
  • Distribuer des photocopies claires et aérées, avec les codes couleurs utilisés en classe et des schémas qu’il connaît. Surligner les essentiels qu’il doit appendre (éviter la surcharge visuelle) ;

7.    Lorsqu’il fait d’autres apprentissages

7.1. En mathématique

  • La classification pose régulièrement des problèmes (ranger selon des formes, des poids, des tailles, des couleurs, …) ;
  • Choisir un code couleurs pour les abaques (une couleur par colonne), faire des paquets ;
  • Choisir des exercices ludiques pour les apprentissages qui le permettent (mesures, comptages, …) ;
  • La lecture des énoncés et le langage utilisé sont complexes pour lui. Il est donc nécessaire de simplifier le vocabulaire et d’expliquer les mots spécifiques à la mathématique (additionner, ôter, tous, …) tout en s’assurant qu’il a bien compris les notions ;
  • Toujours tenir compte de ses difficultés de langage. Ne pas lui demander de répondre par des phrases complètes mais se contenter de voir s’il a compris ;
  • Les tables de multiplications ne doivent pas être apprise par cœur. Lui donner une feuille les reprenant ;
  • Décomposez les informations lorsqu’il y en a plusieurs dans une phrase (utilisez des couleurs) ;
  • Il faut permettre à l’enfant de procéder par étapes tout en veillant à ce qu’il arrive chaque fois au bon résultat ;
  • Il doit pourvoir compter sur ses doigts et /ou utiliser la calculatrice ;
  • Lors de problèmes, les illustrer, faire des schémas pour permettre à l’enfant de comprendre mieux et organiser les étapes de la résolution ;
  • … ;

7.2. En histoire et géographie

  • Ne pas lui faire retenir de dates mais utiliser une frise historique (changer de couleur par période, ou par siècle) ;
  • Il en va de même pour les noms (de pays, de départements, de capitales, …). Confectionner pour lui des fiches qui seront ses aide-mémoire ;


[1] Etat d’AME numéro 21 «troubles spécifiques des apprentissages  http://ameds.free.fr

[2] Incapacité ou difficulté à utiliser correctement la syntaxe du langage. La dyssyntaxie se caractérise par des anomalies dans la construction de la phrase que l’on ne peut réduire à un défaut d’organisation syntaxique. Le sujet se trompe de syntaxe ou utilise les marques syntaxiques à la mauvaise place. http://definitions-de-psychologie.psyblogs.net/2017/

[3]  Manque de la capacité à construire correctement des phrases en utilisant les règles de grammaire ou les marques syntaxiques, ibid.

[4] Léa ESCOFFIER, 2017, La dysphasie, présentation d’un trouble peu connu, Faculté ALLSHS d’Aix-en-Provence

[5] Afin d’évaluer le fonctionnement intellectuel et le profil cognitif de l’enfant.

[6] Centre Psycho Médico Social

[7] Réseau d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté

[8] https://www.isaac-fr.org/outils/bliss/

[9] https://www.autismaide35.com/pictogrammes

[10] http://rnt.eklablog.com/pictos-grach-a108891218

[11] Le programme Makaton a été mis au point par Margaret Walker, orthophoniste britannique, pour répondre aux besoins d’un public d’enfants et d’adultes souffrant de troubles d’apprentissage et de la communication. Elle propose  une solution aux troubles du langage par la parole, les signes et les pictogrammes. https://www.makaton.fr/

Perturbateurs endocriniens. Il faut protéger les enfants

Perturbateurs endocriniens. Il faut protéger les enfants

1.    Les perturbateurs endocriniens, sont-ils dangereux pour nos enfants ?

La santé des enfants est une préoccupation importante à la Ligue des Droits de l’Enfant. Régulièrement, nous reviennent des questions sur la santé, au travers des combats que nous portons pour l’école inclusive. Permettre à des enfants en situation de handicap de bénéficier d’une école inclusive est une chose, mais il faut également penser aux enfants malades, ou ceux dont la santé se dégrade de par l’alimentation : troubles de l’attention, hyperactivité, boulimie, compulsion alimentaire, anorexie mentale, difficultés de concentration et de mémorisation etc. Comment l’école inclusive doit-elle faire pour inclure ces enfants et les éduquer à une meilleure alimentation ?

Une question que se posent ces parents pour la santé de leurs enfants est « Sont-ils menacés par les objets de la vie quotidienne, par la nourriture que nous leur faisons avaler ? A quoi devons-nous être plus attentifs ? ».

Cette crainte est-elle réelle ? Ces objets et la nourriture seraient-ils envahis de produits chimiques qui contamineraient toute la famille ? Et si on jetait un coup d’œil à ce que contiennent nos armoires, nos frigos, nos réserves, mais aussi nos meubles, nos objets de tous les jours comme la brosse à dents ou l’aspirateur, voire encore notre mobilier, pour en savoir un peu plus ?

Nous n’avons pas les moyens de l’Association pour les Générations futures, mais nous avons aussi pour objectif la protection des enfants et, donc, de l’information des parents et des associations de terrain qu’ils côtoient et avec qui nous travaillons. Ces associations de terrain ont la possibilité de sensibiliser les familles aux dangers qui se retrouvent dans la nourriture que l’on achète.

2.    Où se cachent les perturbateurs endocriniens ?

Les objets et la nourriture que nous achetons contiennent parfois des produits chimiques qui peuvent être dangereux pour notre santé. Certains sont à l’origine de malformations ou d’infertilité.

Prenons une journée au hasard et voyons à quels moments nous –  et donc nos enfants aussi – sommes en contact avec des produits chimiques potentiellement dangereux.

Dès le lever, on commence souvent par se rendre à la salle de bain. Dans celle-ci se trouve tout une collection de savons, de produits cosmétiques ou de produits de nettoyage.  En se brossant les dents, il n’est pas impossible qu’on ingère du Triclosan. Cette molécule est un antibactérien, suspectée d’être un perturbateur endocrinien et un cancérigène. Et ne parlons pas des fonds de teint (Benzophenone), des rouges à lèvres (Parabène) ou des parfums (Phtalates) que se mettent les mamans, montrant ainsi l’exemple à leurs filles. Les shampoings ne sont pas aussi neutres qu’on pourrait le penser.

Mettre un shampoing anti-poux à son enfant, revient à l’asperger de Perméthrine, un produit très toxique pour de nombreux animaux, et en particulier les chats et les animaux à sang froid comme les batraciens ou les insectes. Il semble qu’elle ne soit pas encore classée pour l’être humain, mais que devons-nous en penser quand d’autres mammifères ne la supportent pas ?

Passons ensuite à table, un moment qui ne devrait pas poser de problème. A priori, nous ne nourrissons pas les enfants avec des produits chimiques. Manger une tartine à la confiture devrait être un geste sans danger. Pourtant, en avalant, nous ingérons une dose non négligeable de pesticides, des produits chimiques complètement invisibles. Les soupes industrielles, yaourts aromatisés, charcuteries, moutardes, sauces, olives, fruits confits, viandes transformées[1], etc. contiennent une nombre important de restes de produits chimiques, mais également des conservateurs ou des colorants qui y ont été ajoutés.

Les collations et les aliments « plaisir » comme les bonbons qui sont si bons, le chewing-gum, la pâtisserie ou encore les biscuits ne sont pas épargnés.

Faire le ménage n’est pas moins dangereux. Des retardateurs de flammes bromés se retrouvent couramment dans les plastiques, les textiles (tentures, draps, couvre-lits, moquettes, …), les matériaux synthétiques (mousses plastiques), et les équipements électriques (aspirateurs) et électroniques (électroménager, téléviseurs, ordinateurs). Selon l’association Santé Environnement France, il semble qu’ils aient un effet sur le système endocrinien, notamment sur la thyroïde et les fonctions reproductrices[2]

3.    Quels sont les effets des perturbateurs endocriniens sur les enfants ?

Toutes ces substances sont des perturbateurs endocriniens. On ne peut pas y échapper, elles se retrouvent dans toutes les pièces de la maison et dans la plupart de nos aliments. Ils sont suspectés de provoquer des cancers, des malformations génitales chez des bébés et de provoquer des problèmes d’infertilité.

Ce sont des produits persistants que l’on retrouve dans nos organismes des années après avoir été interdits. Nous les accumulons tout au long de notre vie sans parvenir à les éliminer. Il en va de même pour la nature. Le Lindane, un pesticide classé comme polluant organique persistant, est interdit depuis près de 25 ans. Malgré cela, on le retrouve toujours dans l’environnement et, de ce fait, nous y sommes toujours exposés.

Aujourd’hui, 2 cancers sur 3 surviennent chez des personnes âgées. Or, celles-ci ont été un peu plus épargnées durant leur enfance et, de ce fait, hébergent moins de perturbateurs endocriniens et de pesticides que les jeunes générations qui sont nées avec 300 résidus chimiques qui n’étaient pas présentes dans le sang des générations antérieures. Tous les enfants naissent dans un environnement complètement pollué par ces substances persistantes. Quel risque ont-ils de développer à leur tour un cancer après 60 ans ? Voire de plus en plus jeunes ?

Les produits les plus répandus dans nos organismes aujourd’hui, sont les pesticides. L’alimentation n’est pas étrangère à cela. Les fruits et légumes subissent de nombreux traitements de pesticides. Les pommes, par exemple, subissent jusque… 35 traitements. Les fraises, en subissent jusqu’à 8 et cela peut aller jusque 19 pour le raisin.

Un des principaux problèmes des perturbateurs endocriniens est qu’ils sont capables de dérégler le système hormonal, depuis l’hypotalhamus[3] jusqu’aux glandes reproductives (ovaires et testicules), en passant par la thyroïde et le pancréas.

Les perturbateurs endocriniens modifient le comportement des enfants, notamment en générant des troubles de l’attention, parfois avec hyperactivité, ainsi que des difficultés de concentration et de mémorisation. On remarque dans les écoles que le nombre d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage a augmenté au fil des ans. De même les troubles autistiques sont en progression à travers le monde. Aux Etats-Unis, le taux d’enfants autistes est passé de 1,5% de la population à 1,7% en trois ans. Les causes environnementales causées par la pollution industrielle et les pesticides, hauts perturbateurs endocriniens, sont pointées du doigt[4].

Et, comme leur nom l’indique, les perturbateurs endocriniens perturbent fortement le système endocrinien. L’Union Européenne a établi un règlement, REACH[5], qui alertait déjà en 2004 que « L’un des effets les plus alarmants, susceptibles d’être liés aux perturbateurs endocriniens est la puberté prématurée chez les filles ».

Les troubles de la stérilité touchent de plus en plus de femmes et d’hommes. Un couple sur huit consulte parce qu’ils ne savent pas avoir d’enfants. C’est deux fois plus que dans les années 60. De même, dans les années 60, le risque pour une femme d’avoir un cancer du sein au cours de sa vie était de 1 sur 20. Aujourd’hui, il est de 1 sur 8 [6]. Et le cancer de la prostate est au premier rang des cancers chez l’homme, représentant 25% de l’ensemble des cancers masculins. Ces cancers sont de type hormono-dépendants. Ils mettent en cause le système endocrinien qui est la cible de nombreux polluants chimiques suspectés ou reconnus comme étant des perturbateurs endocriniens.

Durant la maternité, les perturbateurs endocriniens n’épargnent pas les fœtus. On a remarqué ces dernières années une augmentation inquiétante des malformations génitales touchant les nouveaux nés.

Une étude publiée dans la revue Europeen Urology[7] a démontré que les garçons ont trois fois plus de risques de naître avec une hypospadias[8] ou un micropénis s’ils ont été exposés à des perturbateurs endocriniens durant la grossesse, au moment de la différenciation sexuelle. L’hypospadias n’est pas une malformation rare. Pourtant, d’année en année, elle touche de plus en plus de petits garçons. Fort heureusement, la chirurgie est capable de corriger cette anomalie génitale dès les premiers mois de vie du bébé. Mais, malheureusement, ces enfants sont plus à risque d’attraper un cancer des testicules durant leur existence. Ils devront être suivis toute leur vie.

4.    Les prochaines générations sont en danger

Le métier de la maman se révèle un facteur de risques très important. Le fait d’occuper une profession « à risques », comme coiffeuse, esthéticienne, femme de ménage, agricultrice, ou qui habite dans une zone où l’on pratique une agriculture intensive multiplie par onze le risques d’avoir un enfant porteur d’un hypospadias. Le fait d’être exposé à des perturbateurs endocriniens durant la grossesse, est un facteur aggravant[9][a].

Malheureusement, dans certaines professions, les femmes sont exposées en permanence, comme les coiffeuses et les esthéticiennes. Les produits employés dans ces métiers sont extrêmement dangereux pour les fœtus. Les shampoings, les colorations, les vernis à ongles, etc., contiennent des substances extrêmement dangereuses pour le système endocrinien des bébés.

Si les métiers de coiffeuses et d’esthéticiennes sont particulièrement à risques, vivre une vie de petite fille ne l’est pas toujours moins. On retrouve, par exemple des perturbateurs endocriniens dans les produits cosmétiques qui leur sont destinés : vernis à ongles pour enfants, colorants, shampoings, parfums, etc. Les garçons ne sont pas épargnés quand ils se lavent les cheveux. On retrouve ces composés chimiques dans les crèmes solaires où ils sont employés comme anti UV. Il faut savoir que les perturbateurs endocriniens peuvent avoir un impact, non seulement sur l’avenir de ces enfants, mais également sur l’avenir de leurs propres enfants.

Les enfants sont le plus exposés car leur développement cellulaire est vulnérable à l’exposition aux polluants. Dans les premiers mois de la vie, leur métabolisme est immature et n’a pas la capacité d’éliminer les produits chimiques. Durant leur enfance, ils sont proportionnellement plus lourdement exposés par unité de poids corporel. L’industrie alimentaire doit respecter les doses maximales d’additifs dans la nourriture, mais celle-ci sont calculées sur la base d’une exposition admise au cours d’une vie d’adulte. Ces doses sont, dès lors, trop hautes pour les enfants qui en accumulent plus, proportionnellement aux adultes. Mais l’adolescence est particulièrement à risque. C’est la dernière période de croissance rapide et le moment de la complète différenciation de l’appareil reproducteur. Les expositions aux perturbateurs endocriniens peuvent alors s’avérer cruciales.

La meilleure manière de protéger les fœtus pendant la grossesse, est d’informer les mamans et de leur apprendre à s’auto-protéger. Cette bonne habitude permettra ainsi aux enfants de continuer à être mieux protégés au cours de leur jeunesse.

5.    Comment se protéger des perturbateurs endocriniens ?

Il n’est pas facile de s’y retrouver dans valse des additifs alimentaires. Généralement indiqués avec leur nom de code commençant par un E suivi de trois chiffres ou par un nom scientifique, ils avancent masqués. Certains sont absolument inoffensifs comme la cannelle dans les compotes, tandis que d’autres sont chimiques inventés pour augmenter la conservation, rendre plus appétissant ou camoufler la mauvaise qualité des produits.

Quand un additif est autorisé, il reçoit un code qui commence par le E d’Europe, suivi d’un nombre à 3 ou 4 chiffres entre 100 et 900, chaque centaine représentant une famille d’additifs précise. Mais le fait d’être autorisé, ne veut pas dire que cet additif est inoffensif. En outre, le fabriquant a la possibilité de choisir entre le code européen et le nom scientifique. Par exemple, E250 ou Nitrite de sodium, histoire de nous perturber un peu plus encore.

Pour les éviter les perturbateurs endocriniens au maximum, il n’y a qu’une chose possible à faire, il est important de bien lire les étiquettes et de manger si possible bio, tout en évitant les produits préparés qui sont chargés massivement d’additifs alimentaires. 

Comme nous l’avons vu, dans la maison il est difficile de se protéger des perturbateurs endocriniens tant ils sont dans tout.

Sur les produits de lessives, privilégier le bio ou les recettes de grand-mère, qui utilisent des produits naturels comme les copeaux de savon de Marseille, le jus de citron, le vinaigre blanc et ou encore le bicarbonate de soude. On trouve des dizaines de recettes sur le Web.

Dans la cuisine éviter les contenants en plastique (boîtes, plats, tasses, assiettes et couverts). Lorsque l’on fait les courses, il vaut mieux acheter des produits sans emballage plastique. Ne pas acheter de nourriture préparée, mais cuisiner soi-même les repas. Eviter les conserves en métal, l’intérieur étant tapissé d’un film plastique. Eviter les revêtements anti-adhésifs.

Dans la salle de bain, acheter des savons et dentifrices bios. Limiter les cosmétiques inutiles (parfums, vernis à ongle, rouges à lèvres, fonds de teint). Privilégier le savon de Marseille et des produits bios. De même pour les crèmes solaires, privilégier les vêtements couvrants ou les toiles suspendues (parasols, toiles et stores d’ombrage).

Pour plus d’exemples afin de changer ses habitudes, le site d’Ecoconso est fort intéressant et donne de précieux conseils : https://www.ecoconso.be/fr/content/comment-eviter-les-perturbateurs-endocriniens

6.    Conclusion : L’Europe traîne les pieds mais nous, on n’a pas le choix. Nous devons avancer.

L’Europe s’est engagée à limiter les perturbateurs endocriniens mais traîne à le faire. Connaissant ses habitudes à privilégier les intérêts des lobbies industriels et leur poids économique plutôt que ceux des enfants et de leurs familles, nous n’avons d’autre choix que de défendre nos enfants nous-mêmes, en utilisant les alternatives qui existent.

En devenant des consommateurs plus conscients des risques pour la santé des enfants, nous pourrons modifier nos habitudes. En cessant d’acheter des produits contenant des perturbateurs endocriniens, nous pourrons forcer les industriels à produire plus propre. En n’achetant plus d’aliments contenus dans du plastique, en n’utilisant plus de pesticides ni dans la maison (insecticides), ni dans le jardin, l’industrie s’adaptera et proposera enfin des produits plus respectueux de la santé. Il faudra des années, car peu de personnes sont conscientes des risques dûs aux perturbateurs endocriniens. Conscientiser prendra des années, voire plusieurs générations. Mais en attendant nous n’avons pas le choix. C’est la santé de nos enfants qui importe. Et cela passe avant tout. 


[1] Que Choisir a publié la liste des additifs alimentaires et les aliments dans lesquels ils sont utilisés, sur leur site https://www.quechoisir.org/comparatif-additifs-alimentaires-n56877/?#filtres

[2] https://www.asef-asso.fr/production/les-retardateurs-de-flamme-la-synthese-de-lasef/

[3]     Partie du cerveau qui joue un rôle capital dans la régulation des fonctions vitales (sommeil, activité sexuelle…).

[4] TV5 Monde, 27 avr 2018, Autisme : les Etats-Unis s’alarment de l’augmentation des cas.

[5]  Règlement de l’Union européenne adopté pour mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques, tout en favorisant la compétitivité de l’industrie chimique de l’UE.

[6] https://pink-ribbon.be/fr/sur-le-cancer-du-sein/cijfers-over-borstkanker-1

[7] https://www.europeanurology.com/article/S0302-2838%2815%2900409-1/fulltext#aff0010

[8] Malformation de l’urètre caractérisée par un méat urinaire situé à la face inférieure de la verge ou même au niveau du périnée (et non à l’extrémité de la verge).

[9] Bernardita Troncoso, Imran Mushtaq, Asif Muneer

Environmental Exposure to Endocrine Disruptors: Can We Identify the Link with Genital Disorders?

European Urology, Volume 68, Issue 6, December 2015, Pages 1031-1032


 

Dans la série « Alertons les parents, sauvez les enfants »

Dans la série « Alertons les parents, sauvez les enfants »

Maman, je peux avoir un peu d’aluminium pour mon quatre-heures ?

Introduction

Qu’il y a-t-il en commun entre le lait pour bébé et du dentifrice ? Entre la casserole qui cuit vos pommes de terre et du vernis à ongles ? Entre un pain industriel vendu en grande surface et un vaccin contre le tétanos ? Rien qu’à lire le titre de cette analyse, vous l’aurez deviné : ils peuvent tous contenir de l’aluminium.

Nous avons été interpelés il y a peu par une maman qui était tombée sur un ancien article de la revue « 60 millions de consommateurs » de mars-avril 2014. Ce dernier avertissait du danger de certains laits infantiles car ils contenaient de l’aluminium. Cela nous a questionnés. Pourquoi mettre du métal dans de l’alimentation, et dans de la nourriture pour bébé qui plus est ? Cette information n’avait pas été sensiblement relayée en Belgique à l’époque, la revue de défense des consommateurs étant française. Cela nous avait donc échappé. Nous nous sommes alors penchés sur ce problème et avons découvert avec effarement que l’aluminium était pratiquement partout dans l’alimentation, les cosmétiques, la pharmacie, etc. Les enfants y sont confrontés dès le plus jeune âge et, visiblement, peu de familles sont conscientes de ce que cela peut avoir comme conséquences sur la santé future de leurs enfants. Dès lors, nous avons approfondi ce sujet et vous en proposons cette synthèse.

La santé des enfants, ainsi que de leurs familles, est une préoccupation de la Ligue des Droits de l’Enfant. Notre mission est de défendre les Droits de tous les enfants tels que décrits dans la Convention du même nom. Or, l’article 24 de la Convention précise bien que « Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant de jouir du meilleur état de santé possible (…) et précise au point 2.f que « Les États parties s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale du droit susmentionné et, en particulier, prennent les mesures appropriées pour : (…) développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l’éducation et les services en matière de planification familiale. »

« Les soins de santé préventifs » ne prennent visiblement pas en compte les dégâts que peuvent occasionner les additifs alimentaires dans la nourriture des enfants. « Les conseils aux parents » restent dans les cartons, car les parents, les familles, les éducateurs, les associations qui soutiennent les familles, les enseignant, …, ne sont pas informés et ne peuvent pas relayer le message. Fort heureusement, les associations de défense des consommateurs lancent des cris d’alarme, mais combien de familles sont-elles affiliées à Test-Achats, par exemple ? A la télé, les émissions « sérieuses » qui font le travail de l’éducation permanente, ne sont regardées que par une frange de la population, qui est plutôt cultivée. Alors, nous allons une fois de plus jouer notre petit colibri et faire notre part d’information et de sensibilisation.  

Pourquoi l’industrie utilise-t-elle de l’aluminium ?

L’aluminium est le métal le plus abondant sur notre planète. C’est un constituant de l’écorce terrestre, il se trouve donc tout naturellement dans l’environnement. L’industrie l’extrait généralement de la bauxite qui est un ensemble de roches contenant à la fois de l’alumine et des oxydes de fer. L’aluminium est apprécié par les industriels car il est très léger et, malgré cela, extrêmement résistant.

L’industrie utilise énormément d’aluminium en raison de ses propriétés. On le retrouve dans tous les domaines, que ce soit dans le bâtiment, dans les transports mais également dans l’agroalimentaire, dans les médicaments, les cosmétiques ou encore dans le traitement des eaux.

Nous sommes quotidiennement confrontés à l’aluminium, essentiellement au travers de notre alimentation. Les légumes et les céréales poussent naturellement dans le sol et, de ce fait, absorbent de l’aluminium en très faible quantité, que nous absorbons à notre tour une fois que nous les mangeons.

Depuis quelques décennies, les entreprises agroalimentaires ont marqué un grand intérêt à utiliser de l’aluminium. D’abord, sous forme de contenants (canettes en aluminium, barquettes en aluminium, …), mais également – et c’est tout l’intérêt de cette analyse – en l’incorporant sous forme d’alumine dans leurs préparations alimentaires. On retrouve ainsi de l’aluminium dans des agents de conservation, certains additifs ou encore dans des colorants alimentaires. Ainsi, on le retrouve sous forme de conservateur dans les charcuteries, d’enrobage et de colorant pour les confiseries et les gâteaux, d’agent de blanchiment dans les pains et les farines, etc.

Les industries cosmétiques l’utilisent abondamment dans les produits les plus courants comme les colorants capillaires, les anti-transpirants, les crèmes solaires, les dentifrices, les fards à paupière ou encore… le vernis à ongles et les crèmes pour enfants.

L’industrie pharmaceutique l’incorpore dans des antiacides, des pansements ou encore comme adjuvant dans les vaccins.

Enfin, les eaux d’alimentation sont traitées avec de l’aluminium qui sert d’agent clarifiant et floculant.     

En quoi l’aluminium serait-il un problème pour les bébés et pour les enfants en général ?

En 2008, l’EFSA (European Food Safety Authority – ou Agence européenne de la sécurité alimentaire) a établi une norme hebdomadaire maximale tolérable de 1mg/kg par semaine. Ce qui, pour un adulte de 70 kg représente 10 mg maximum par jour[1]. « Compte tenu de la persistance de l’aluminium dans l’organisme, le groupe scientifique a estimé qu’il convenait d’établir une dose hebdomadaire tolérable (DHT) plutôt qu’une dose journalière tolérable, et a fixé une DHT de 1 mg/kg de poids corporel/semaine[2] ». Dès lors, un enfant de 3 ans ne devrait pas ingurgiter plus de 2 milligrammes (mg) d’aluminium par jour.

L’EFSA reconnaît cependant que la plupart des européens ingèrent en moyenne entre 0,2 et 1,5 mg d’aluminium par kilo et par semaine et qu’une part significative de la population franchirait la limite de 1 mg par kilo et par semaine. Les gros consommateurs pouvant atteindre jusqu’à 2,3 mg/kg par semaine.

Cette norme a été établie car l’aluminium est neurotoxique. Autrement dit, il est toxique pour le cerveau. En s’y accumulant au fil du temps, il provoque des troubles moteurs, des troubles du langage et des encéphalopathies[3]. Il peut également provoquer des lésions musculaires. Il est suspecté de provoquer des maladies comme Alzheimer ou Parkinson. Au plus tôt un enfant est confronté à des doses d’aluminium supérieures à la norme européenne, au plus il a des (mal)chances d’avoir une accumulation d’aluminium qui provoquera une maladie grave, handicapant ainsi la fin de sa vie.

Malheureusement, le contact avec l’aluminium commence tôt dans la vie de l’enfant et nous en venons ainsi à l’interpellation de cette maman. Selon la revue 60 millions de consommateurs[4], plus de 50 % des laits infantiles 1er et 2e âge en contiennent en quantité importante. Les parents ne peuvent pas se faire une idée de sa présence ou non car il n’est pas déclaré sur les étiquettes.

Pour les laits 1er âge, la teneur moyenne est de 153 µg (microgrammes), soit 0,153mg par litre. A raison de 4 biberons par jour, un bébé ingère 897 µg par semaine. Quant au lait 2e âge, avec 198 µg de moyenne par litre, et en consommant 3 biberons de 210 ml par jour, il ingère chaque semaine 0,874 mg d’aluminium. Cela représente 1/8e de la dose hebdomadaire tolérable pour un nourrisson de 7 kg.

Si cela peut paraître rassurant car cela ne dépasse pas la dose limite, 60 millions de consommateurs rappelle que cette dose limite a été fixée pour l’ensemble de la population. « Or, de nombreux experts s’inquiètent de voir une telle valeur également appliquée aux jeunes enfants, et qui plus est des nourrissons, plus sensibles que des adultes. » Et de conclure que leurs résultats indiquent à leur sens « une contamination excessive des laits infantiles. ». Enfin, pour preuve que les industriels pensent à leurs sous plus qu’à la santé des bébés (qui ne sont pas les leurs, évidemment), les boîtes de lait maternisé sont souvent en aluminium.

Ingurgiter de telles quantités d’aluminium durant les premiers mois de la vie représente de réels dangers. Chez les enfants jusque 6 mois, la barrière hémato-encéphalique[5] n’est pas encore formée et ils sont plus enclins à accumuler de l’aluminium dans leur cerveau[6]. On sait que tous les humains accumulent de l’aluminium dans le cerveau avec le temps mais si l’on surcharge le cerveau d’un bébé dans les premiers mois de sa vie, l’aluminium peut entraîner des dommages pour le reste de son existence. Ajoutons à cela l’aluminium des vaccins reçus durant les premiers âges et qui contiennent aussi de l’aluminium, ainsi que l’immaturité des reins des nourrissons (source d’élimination de l’aluminium) et l’on obtient un risque non négligeable de surdose.

Il existe plus de 200 perturbations biologiques qui sont dues à l’aluminium[7], comme la sclérose en plaques, la maladie de Cröhn, l’asthme, l’autisme, le défaut de fertilité, l’épilepsie[8]. C’est un produit totalement inutile pour notre organisme et potentiellement dangereux pour la santé. D’autant plus dangereux qu’il a été prouvé qu’une partie de l’aluminium ingéré par la maman pouvait passer la barrière placentaire et atteindre le fœtus qui risque de le voir s’accumuler dans son cerveau[9].

Nos choix de consommateurs peuvent être une réponse à ce danger

L’aluminium s’accumule ainsi dans le cerveau depuis la naissance, au risque d’arriver un jour à atteindre chez de futurs adultes un seuil critique et de causer des problèmes neurotoxique (déficience motrice, neuro-dégénération, …). Les vaccins peuvent déclencher une maladie grave, la myofasciite à macrophage. Il s’agit de troubles chroniques et persistants qui impactent très fort la vie quotidienne.

L’aluminium avance masqué

Les industriels sont passés maîtres dans l’art de tromper le client. Trop souvent l’étiquetage des aliments manque de clarté et n’indique pas toujours la présence de l’aluminium. De nombreux additifs en contiennent mais on ne retrouve souvent que le numéro d’additifs aluminiques sur les étiquettes. L’aluminium vit caché dans les aliments. Il est donc impossible d’en calculer les doses hebdomadaires.

Fort heureusement, notre organisme ne garde pas l’entièreté de l’aluminium qu’il ingère. Nous en éliminons la plus grosse partie (95%) en allant à selles. La plus grosse partie des 5 % restants sont éliminés par les urines, soit 83 %. Malheureusement, les patients qui ont une fonction rénale diminuée ont plus de chance de voir l’aluminium s’accumuler dans le cerveau qui, lui n’a pas la capacité de l’éliminer. L’aluminium qui reste (entre 30 et 50 mg) se retrouve stocké dans les os, le foie et les poumons.

L’industrie alimentaire affirme bien souvent suivre les demandes des consommateurs. S’ils intègrent de l’aluminium dans les recettes afin de blanchir le pain de mie, la farine, les dents, purifier les eaux, etc, ce serait à notre seule demande. Et, le fait que nous achetions ces produits, même à notre corps défendant, prouverait la véracité de leur affirmation. Il n’y aurait donc pas d’autre raison pour intégrer un minerai insoluble et potentiellement dangereux pour notre santé, au sein de produits alimentaires de tous les jours.

Ne rien dire et mentir, c’est leur mot d’ordre ! Des millions d’euros sont dépensés en publicité pour nous vanter les bienfaits de produits prétendument merveilleux, voire miraculeux. Les publicitaires sont passés maîtres dans l’art de trafiquer les images, afin de les rendre savoureuses, attrayantes, « sexy ». Et notre dépendance à la publicité nous ôtant tout sens critique, nous incite à les croire. Il est tellement moins fatiguant de ne pas réfléchir, que d’utiliser ses méninges. Nous nous jetons alors sur des produits qui ne nous veulent pas du bien. Et pas de bien du tout.

Si encore, ces choix simplistes ne concernaient que nous, adultes, qui pensons être invincibles, comme quand nous commencions de fumer et qu’on nous le reprochait, nous répondions « Bah, il faut bien mourir de quelque chose ». Mais ce n’est pas le cas. Donner de l’aluminium dans un lait infantile à un nourrisson revient à prendre des risques non calculés sur sa santé et son avenir. Ce ne serait que le début d’une longue escalade.

La dénonciation des dangers de l’aluminium a déjà invité des industriels des cosmétiques à proposer des produits « avec » de l’aluminium et des produits « sans » aluminium. Ce n’est évidemment pas pour nos beaux yeux, mais uniquement pour garder leurs parts de marché. Le jour où plus personne n’achètera des produits contenant de l’aluminium ou d’autres additifs dangereux (et il y en a) – et là est notre force individuelle – leurs produits deviendront fréquentables.

Mieux encore. Nos choix de consommateurs peuvent être une force ! Le jour où plus personne n’achètera de produits alimentaires ou cosmétiques contenant des additifs qui n’ont pas été validés comme inoffensifs pour la santé, alors l’industrie agroalimentaire passera, contrainte et forcée au tout bio.

Comment protéger nos enfants des dangers de l’aluminium ?

Dans l’intérêt des enfants, et ce quel que soit leur âge, nous pensons qu’il faut éviter l’aluminium et le remplacer par des éléments naturels chaque fois que c’est possible. Il n’est malheureusement pas possible de l’éviter totalement, cependant, nous pouvons limiter l’exposition des enfants à l’aluminium. Le fait de veiller à protéger les enfants permettra aux parents de se protéger par la même occasion.

Connaître l’ennemi est une chose, savoir s’en protéger en est une autre.

Les pièces de la maison où on retrouve le plus d’aluminium sont naturellement la cuisine et la salle de bain.

Le lait maternisé sera choisi évidement bio ou garanti sans aluminium.

Le papier aluminium fait partie de presque toutes les cuisines. Il sert à emballer de la nourriture pour la préserver de l’oxydation ou pour la mettre au frigo. Il est inoffensif à sec. Mais, lorsqu’on le chauffe avec la nourriture ou s’il est en contact avec des aliments acides, une partie de cet aluminium migre dans la nourriture et se retrouve dans le foie. On peut le remplacer par du papier cuisson réutilisable en fibre de verre. Pour la cuisson, il existe des tapis de cuisson en silicone résistants et durables.

Le pain industriel tient sa belle couleur blanche à l’alumine. Celle-ci colorie également des farines, des biscuits, ou des viennoiseries industrielles. Les bonbons ne sont pas épargnés, étant parfois soigneusement emballés dans de l’aluminium.

Les cannettes, certaines poêles et casseroles, sont fabriquées avec de l’aluminium et celui-ci peut migrer dans les aliments en cas de légère rayure. Cette intoxication commence dès les premiers jours de la vie des enfants. Préférons les bouteilles en verre aux cannettes en aluminium, les bocaux en verre aux boîtes de conserve et remplaçons les gourdes en aluminium par des gourdes en inox.

De manière générale, il est préférable d’éviter tous les plats préparés industriels et cuisiner soi-même avec des aliments frais et sains, locaux et de saison. Et, pourquoi ne pas profiter de temps à autres de la préparation d’un plat, d’une tarte, d’une mayonnaise, pour faire découvrir, puis aimer la cuisine à ses enfants en cuisinant ensemble ?

Dans la salle de bain, d’autres produits contenant de l’aluminium peuvent provoquer, à termes, des maladies graves. Les cosmétiques sont loin d’être au-dessus de tous soupçons[11]. Un produit de maquillage sur deux contient de l’aluminium, mais il est impossible de le repérer car il est souvent écrit trop petit. L’aluminium est utilisé car il facilite la pénétration des crèmes, durcit le vernis des ongles, blanchit les dents et bloque la transpiration. Un déodorant peut contenir jusque 20% de sels d’aluminium. La médiatisation de cette problématique a amené des marques à permettent aux consommateurs de choisir avec ou sans sels d’aluminium. C’est essentiellement un argument de vente. Attention cependant aux pièges comme le fait d’annoncer de la pierre d’alun qui se révèle être… de l’aluminium[12]. Celle-ci est en réalité un sulfate double d’aluminium et de potassium (Potassium Alum) qui se présente sous la forme d’un minerai plus ou moins transparent.

Les sels d’aluminium contenus dans les cosmétiques sont néfastes pour la santé. Les anti-transpirants, par exemple, en bloquant la transpiration, empêchent notre organisme de réguler sa température corporelle. Pire encore, 0,012% de l’aluminium déposé par le déodorant pénètre dans la peau. Sur une peau lésée (par exemple par un rasage), cette quantité est multipliée par 6[13].

L’aluminium contenu dans les cosmétiques est beaucoup plus dangereux que celui que nous mangeons. Les cosmétiques sont suspectés d’augmenter les probabilités d’avoir un cancer du sein à cause des substances chimiques qu’ils contiennent appliquées directement dans la zone adjacente au sein. Le cancer du sein intervient fréquemment dans le cadran supérieur externe du sein, zone où sont appliqués les cosmétiques. Le Droit à la santé des mamans est aussi un Droit de l’Enfant.

Conclusion

L’aluminium n’apporte rien à l’alimentation des enfants et encore moins à celle des bébés. Durant toute la croissance un enfant, puis un jeune est susceptible d’ingurgiter une quantité importante d’aluminium dont une partie restera dans son cerveau, puis dans son organisme qui sera autant de bombes à retardement que tous les autres additifs dangereux.

Porter ce combat contre les additifs – nous y reviendrons une autre fois – passe par le bio. L’aluminium est interdit dans les aliments bios. Bien entendu, le bio est plus cher parce qu’il remplace les contaminants de l’agriculture et de l’agroalimentaire par des aliments naturels, sains pour la santé. Mais il est toujours possible faire un mixte : une part de bio (lait pour nourrissons, pains, cosmétiques, etc.), et d’autre part, une cuisine familiale avec des aliments de producteurs régionaux, pas nécessairement bios, mais respectueux de la qualité de leurs produits.

Protégeons nos enfants !

Annexe

Tableau : Quantité d’aluminium maximale tolérée par semaine et par jour en fonction de l’âge de l’âge de l’enfant :

AgePoids moyen         des filles[15]Quantité d’aluminium tolérée par semaine  et par jourPoids moyen des garçonsQuantité d’aluminium tolérée par semaine et par jour
03,53,5mg / 0,5 mg3,53,5mg / 0,5 mg
199 mg / 1,3 mg1010 mg / 1,4 mg
21111 mg / 1,6 mg1212 mg / 1,7 mg
31414 mg / 2 mg1414mg / 2 mg
41616 mg / 2,3 mg1616 mg / 2,3 mg
51818 mg / 2,6 mg1818 mg / 2,6 mg
62020 mg / 2,8 mg20,520,5 mg / 2,8 mg
72222 mg / 3,1 mg22,522,5 mg / 3,2 mg
82525 mg / 3,5 mg2424 mg / 3,4 mg
92828 mg / 4 mg2828 mg / 4 mg
103232 mg / 4,5 mg31,531,5 mg / 4,5 mg
113737 mg / 5,2 mg3636 mg / 5,1 mg
124242 mg / 6 mg4040 mg / 5,7 mg
134646 mg / 6,5 mg4545 mg / 6,4 mg
145050 mg / 7,1 mg5151 mg / 7,1 mg
155454 mg / 7,7 mg5858 mg / 8,2 mg
165656 mg / 8 mg6262 mg / 8,8 mg
1756,556,5 mg / 8 mg6666 mg / 9,4 mg
1856,556,5mg / 8 mg6969 mg / 9 ,8 mg

[1] Gherardi, R. K.; Aouizerate, J.; Cadusseau, J.; Yara, S.; Authier, F. J. Aluminum Adjuvants of Vaccines Injected into the Muscle: Normal Fate, Pathology and Associated Disease. Morphologie 2016, 100 (329), 85–94. https://doi.org/10.1016/j.morpho.2016.01.002.

[2] EFSA (European Food Safety Authority: Scientific Panel on Food Additives, Flavourings, Processing Aids and Materials in Contact with Food (AFC)) (2008).

[3] L’encéphalopathie vasculaire est un syndrome secondaire suite à des lésions cérébrales. Chez le sujet âgé, l’encéphalopathie vasculaire est souvent associée à une maladie d’Alzheimer. https://www.francealzheimer.org/comprendre-la-maladie/les-maladies-apparentees/lencephalopathie-vasculaire/

[4] 60 millions de consommateurs mars-avril 2014. Trop d’alu dans les laits infantiles

[5] La barrière hémato-encéphalique protège le cerveau des agents pathogènes, des toxines et des hormones circulant dans le sang. Elle représente un filtre extrêmement sélectif, à travers lequel les nutriments nécessaires au cerveau sont transmis, et les déchets sont éliminés. Wikipédia consulté le 9 mars 2022.

[6] France 5, Valérie Rouvière, 2012-01-22. Aluminium, notre poison quotidien

[7] France 5, Valérie Rouvière, Ibid.

[8] https://www.sante-et-nutrition.com/aluminium-alimentation/

[9] Kruger PC, Schell LM, Stark AD, Parsons PJ. Ibid.

[10] https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2017-09/11_rapport_eau_de_boisson.pdf

[11] France 5, Valérie Rouvière, Ibid.

[12] L’Express, Laure Karsenti. 07/08/2015. Pierre d’alun: la fausse bonne idée en matière de déodorant naturel ?

[13] Flarend R, Bin T, Elmore D, Hem SL. A preliminary study of the dermal absorption of aluminium from antiperspirants using aluminium-26. Food Chem Toxicol Int J Publ Br Ind Biol Res Assoc 2001; 39:163–168.

[14] France 5, Valérie Rouvière, Ibid.

[15] Swiss Society of Paediatrics, 2012. Courbes de croissances. https://cdn.paediatrieschweiz.ch/production/uploads/2020/05/Perzentilen_2012_09_15_SGP_f.pdf

Publicité : Les enfants, prescripteurs d’achats malgré eux

Publicité : Les enfants, prescripteurs d’achats malgré eux

Nous sommes de plus en plus souvent interpellés par des familles qui sont débordées par les demandes d’achats de leurs enfants. Comment refuser ces demandes quand on est une famille qui ne roule pas sur l’or ou qui ne souhaite pas que son enfant fasse des caprices dans une grande surface, simplement parce qu’on lui refuse un achat non indispensable, voire nuisible pour sa bonne alimentation ou sa santé ? En effet, de nombreuses publicités à destination des enfants concernent des aliments trop sucrés ou trop salés, ce qui peut influencer le choix alimentaire des enfants et les inciter à consommer de la malbouffe.

Enfin, comment faire pour diminuer l’emprise qu’a la publicité sur les enfants sans les priver de télévision, voire de réseaux sociaux (à partir de 12 ans) ? Bien sûr, nous n’avons pas les réponses à ces questions. Chaque parent doit chercher les mots que son ou ses enfants peuvent comprendre et entendre. Néanmoins, nous partageons leurs questionnements et constatons impuissants que les enfants sont les cibles des publicitaires qui ne respectent en aucune manière leurs droits fondamentaux. Celui de pouvoir faire des choix raisonnés sans subir d’influences extérieures ou de manipulations mentales.

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