Le harcèlement scolaire

Le harcèlement scolaire

Résumé d’une soirée-débat que la Ligue des Droits de l’Enfant organisé sur cette thématique

Le concept du harcèlement scolaire vient d’un psychologue Dan Olweus et de son étude sur des établissements scolaires scandinaves dans les années 1970. De cette étude il a établi 3 critères pour définir le harcèlement scolaire :

  1. « Le ou les agresseurs agissent dans une volonté délibérée de nuire. » Ce critère a toutefois été contesté, les enfants n’ayant pas nécessairement la même perception de l’intentionnalité que les adultes2 ;
  2. Les agressions sont répétées et s’inscrivent dans la durée ;
  3. La relation entre l’agresseur ou les agresseurs et la victime est asymétrique »

Chiffres de harcèlement en Belgique : en termes de harcèlement la Belgique figure dans la moyenne Européenne soit 10 à 15% de jeunes qui en sont victimes. Si on étend cela à l’ensemble des 867.260 élèves, cela représente entre 86.726 et 130.089 élèves qui en seraient victime.

Florence Pondeville Juriste chez UNIA (ex Centre pour l’égalité des chances et lutte contre le racisme).

Le centre pour l’égalité des chances est un centre public et autonome qui lutte contre le racisme et les discriminations. Il traite des demandes individuelles et des plaintes.

Il reçoit donc des signalements en matière d’enseignement. Bien consciente que cela représente une infime partie par rapport aux nombres totaux de harcèlements dans l’enseignement. Sur les  plaintes liées à l’enseignement seulement 11 étaient liées à du harcèlement (Wallonie – Flandre et Bruxelles).

La majorité des plaintes sont liées au racisme ou à l’homophobie. Il est important de toujours écouter les deux versions car l’auteur et la victime ont souvent un ressenti différent, tout comme les spectateurs. Il faut toujours privilégier la résolution du conflit par le dialogue. Si ce dernier ne fonctionne pas, on peut toujours brandir les outils légaux. En effet, le  harcèlement est une infraction légale qui conduit à des sanctions. La loi dit que la personne qui harcèle devait savoir l’effet que ca aurait sur la personne. En cas de harcèlement discriminatoire, les peines sont plus lourdes.

UNIA pense que la plainte légale ne va surement pas changer la situation dans l’immédiat, par contre la plainte pourrait mettre en lumière autre chose (les violences familiales, le fait d’appartenir à une bande urbaine, …).

Dans les écoles, le décret mission de 97 fixe la règle relative à l’exclusion. Tout élève qui porte atteinte à l’intégrité physique, psychologique ou morale envers un membre du personnel ou d’un élève peut être exclu. Souvent, en cas de harcèlement il y a exclusion. À condition de respecter les critères du décret mission même si le centre n’encourage jamais l’exclusion car ce ne sera qu’une solution temporaire et non la résolution du problème (c’est un déplacement au mieux). Il y a aussi le risque que les amis du harceleur souhaitent se venger. En fédération Wallonie Bruxelles plus de 2000 exclusions définitives[1] ont été prononcées et dans 20% des cas, elles sont liées à des situations de harcèlement, soit 1 cas sur 5.

Le décret anti-discrimination définit le harcèlement comme les conduites indésirables répétées se traduisant notamment par des comportements, des paroles, des intimidations, des actes, des gestes, des écrits ayant pour objet de porter atteinte à la personnalité, la dignité, à l’intégrité physique ou psychique d’un bénéficiaire de l’enseignement. Cette définition étant très large de nombreux cas sont compris là dedans.

Témoignage d’une maman

Ce témoignage poignant d’une mère dont le fils de 15 ans a été victime de harcèlement.

Elle nous explique qu’elle n’a pas réalisé immédiatement que son fils était victime de harcèlement et qu’elle s’est beaucoup culpabilisée de cela dans un premier temps. Il aura fallu attendre un appel de l’école pour dire que son fils était malade. Et devant le refus de celui-ci de voir le médecin, elle a commencé à se poser des questions. Lors d’un deuxième incident, le médecin diagnostique une gastrite liée au stress. Suite aux questions du médecin, il découvre que le jeune est victime de harcèlement parfois violent, mais comme beaucoup de victime, il refuse toute intervention.

La mère décide tout de même de se rendre à l’école en espérant que la direction prendra des mesures. Elle reçoit un appel 15 jours plus tard, l’informant que son fils à reçu un coup dans les testicules. Cette fois ci, la situation s’aggrave vraiment car son fils à de réelles séquelles suite à cet incident et va devoir subir une intervention chirurgicale. Il sera donc écarté de l’école durant un temps.

La maman profite de cette période pour ré-interpeller la direction et les professeurs. De nombreux professeurs n’ont même pas été mis au courant de la situation et interpellent la direction pour savoir s’ils vont encore perdre un « bon » élève. Après les 3 semaines de convalescence, son fils retourne en cours en disant que tout se passe bien avant de quitter l’école quelques jours plus tard et de refuser d’y retourner. La maman va alors décider de mettre son fils dans une autre école. Aujourd’hui tout se passe très bien pour lui dans sa nouvelle école mais il refuse toujours de parler de se qu’il s’est passé ou de déposer plainte.

La mère a également réalisé que certains signes auraient pu l’alarmer plus tôt, comme ses fardes qui cassaient tout le temps ou ses affaires qui disparaissaient. Elle regrette aussi qu’il n’y ait pas pu avoir une solution avec l’école car elle estime que le changement d’école n’était pas la solution idéale car cela n’as pas réglé le conflit, ca n’a fait que le déplacer. On rejoint donc là, l’avis d’UNIA.

Madame Vilet : médiatrice scolaire fédération Wallonie Bruxelles

La médiation est définie comme un processus qu’un professionnel peut mettre en place pour travailler la relation entre deux personnes ou deux parties à l’aide d’un climat de confiance  qui permet au parti de parler de la relation, de l’ interrelation ou des tensions. 

Le service de médiation scolaire est une équipe composée de 86 hommes et femmes, professionnels de la médiation, d’horizons et de formations initiales différents (droit, sciences sociales, anthropologie, psychologie, …). Ils sont également formés à la médiation.

En Wallonie, les médiateurs sont affectés à une zone géographique et traitent toutes les demandes qui leur parviennent, en fonction de cette zone de référence.

A Bruxelles, chaque médiateur est affecté à plein temps ou a temps partiel à une école secondaire, tous réseaux d’enseignement confondus. Ils peuvent aussi répondre à la demande des écoles qui n’ont pas de médiateur interne. Dans le cadre du harcèlement, la relation est très complexe mais la médiation est là pour permettre une autre communication. Le harcèlement pourrait être abordé comme un conflit entre deux personnes grâce à un cadre de mise en confiance. La demande peut venir du jeune, d’un éducateur, d’un prof, …

Ce cadre permettra de formuler avec des mots et de faire prendre conscience à l’autre de la réalité et de l’impact de l’attitude de chacun. Aborder le phénomène du harcèlement comme un souci relationnel permet parfois d’aller plus loin. Il est important que tous les acteurs de terrain doivent rester attentifs.

Il y a une grande différence entre une équipe mobile et une équipe des médiateurs. L’équipe mobile n’est interpellable que par la direction ou par le Pouvoir organisateur, alors que les médiateurs sont contactables par tous les acteurs de l’école.

Coralie Theys : présente « graine de médiateur » qui est en place depuis une vingtaine d’années. Sociologue spécialisée dans les questions d’éducation, et collaboratrice avec l’université de paix.

L’université de paix intervient dans les écoles primaires et secondaires et fait des animations pour initier les enfants à la gestion positive des conflits. Les activités démarrent dès la 3ème maternelle et elles sont adaptées en fonction de l’âge des participants.

Le phénomène de bouc émissaire est lié à une violence groupale. Des leaders vont apparaitre mais aussi des boucs émissaires et des spectateurs (pour plus d’info cfr. livre De Boeck « ni loup, ni agneaux »). Le persécuté aura généralement une aversion pour la violence et l’agressivité, au contraire du persécuteur qui utilise cela comme moyen de communication (souvent d’un gabarit assez fort ou bien entouré avec ses lieutenants). 4% des persécuteur aurait eu même été lié a du harcèlement en tant que victime.

Au delà du rôle de victime ou de harceleur, il y a en tout 5 grands groupes qu’on retrouve dans une dynamique de groupe :

  1. La victime
  2. Le harceleur
  3. Les lieutenants (les angoissés qui sont menacés de devenir des boucs émissaires  attirent l’attention du persécuteur sur le persécuté) – (les lieutenants sont calculateurs et analysent bien la situation afin d’en tirer profit).
  4. Les auteurs passifs qui par peur ne vont surtout pas réagir et ceux qui ne se sentent pas impliqués dans la vie de l’école et qui ne prêtent pas souvent attention à cela car ils ont tout ce dont ils ont besoin dans leur vie.
  5. Les sauveurs, eux, ils ne sont pas toujours présents mais même s’ils ont peur ils essayent de défendre le persécuté ou de mettre en évidence cette persécution.

Il est essentiel dans les cas de harcèlement d’agir vite car le phénomène s’il n’est pas pris à temps risque de se cristalliser dans la dynamique du groupe.

Graine de médiateur fait des interventions durant toute une année dans la même classe en suivant des rouages et des activités : ils font beaucoup d’activités rapides de cohésion et travaillent sur la dynamique de groupe afin de développer le vivre ensemble. Ils mettent les enfants en rond assis sur des chaises et les font changer de place régulièrement. Ils mettent aussi en place des jeux où les enfants doivent se rapprocher physiquement (se promène en classe et quand la musique s’arrête, ils doivent toucher leurs épaules, leurs pieds, …). Cela permet de repérer les enfants qui vont se retrouver seul et vers qui personne ne va. Cela met en évidence les dynamiques de groupes et permet parfois de les stopper. Ils vont aussi essayer de permettre aux enfants d’exprimer leurs émotions et de les identifier lors de situation de conflits. Ce rapprochement de l’autre, permet une meilleure connaissance des autres et aussi une augmentation de sa propre estime de soi.


[1] Les exclusions scolaires toujours aussi nombreuses. Julien Thomas, La LIBRE Belgique, 18-01-2018

Colloque : Construisons des écoles inclusives

Colloque : Construisons des écoles inclusives

Colloque participatif

En co-organisation avec la Cocof

Avec le soutien de la FAPEO et du Centre d’Action laïque

OUPS !I!I!I! Depuis ce jeudi 6 avril à 18h05, notre colloque est complet.

Si vous souhaitez être informé.e de notre prochain colloque en novembre 2023,

envoyez-nous un mail à contact@liguedroitsenfant.be

Lieu : Complexe du Ceria (Anderlecht)                                                              Date : Vendredi 14 avril 2023

Lors de nos colloques sur l’Ecole inclusive en 2022, nous nous sommes, dans un premier temps, interrogés sur le rôle des Pôles territoriaux. Ensuite, nous avons présenté des outils permettant aux écoles et professionnels de rendre leur établissement ou leur classe plus inclusive : pédagogies actives, tutorat, portfolio, co-enseignement, aménagements raisonnables.

Dans ce nouveau colloque, nous parlerons bien évidemment pédagogie active – il est impossible d’être inclusif sans passer par cette case-là –  mais nous réfléchirons à l’accueil de tous les élèves, quelles que soient leurs différences, leurs origines, leurs diversités.

Nos écoles accueillent des enfants, des jeunes qui ont des origines sociales différentes, des spécificités particulières, des déficiences, des maladies chroniques ou graves, etc. Il n’est pas facile de mettre en place des mesures de soutien à tous les élèves en fonction de leurs besoins spécifiques. Comment aller au-delà des « simples » adaptations matérielles et mettre à leur disposition des moyens qui vont leur permettre de participer pleinement à la vie de la classe, de l’école ainsi qu’aux apprentissages. Et ce, afin d’assurer au mieux leur réussite scolaire et éducative ?

Nous nous intéresserons à ceux que l’Ecole laisse de côté. Que ce soit parce qu’ils sont issus de milieux populaires, ou parce qu’ils ont une déficience intellectuelle ou encore dont la santé mentale les empêche d’accrocher à un système dans lequel ils ne voient plus leur place. Comment les accueillir sans les orienter, sans les rejeter, sans les casser un peu plus encore ? Ces questions, notre système scolaire ne les prend pas à bras le corps. Nous allons donc nous interroger et chaque participant aura la possibilité de s’exprimer, poser des questions, mettre des idées sur la « table ».

Programme

8h30 Accueil

9h00 Introduction

9h15 : Qu’est-ce qu’une école inclusive

La Plate-forme pour une Ecole inclusive a rédigé un Mémorandum qui définit ce que devrait être une Ecole inclusive en FWB

9h35 : Les pédagogies coopératives

Présentation en deux parties :

Académique : Ghislain Magerotte (prof émérite U-Mons ) et Jean-Pierre Coenen (LDE, instituteur émérite)

Pratique : Participation de « De l’autre côté de l’école » (Ecole secondaire à pédagogie Freinet)

10h45 : Pause

11h15 : Réseau des écoles solidaires et qui font dignité 

Les recherches sur les systèmes scolaires, leur efficacité, leur équité et leur efficience, montrent bien l’importance de la mixité sociale dans les classes et les écoles. Ce sont les systèmes les plus mixtes socialement qui sont aussi les plus équitables. Les écoles « solidaires et dignes » sont des écoles qui veillent à conserver une mixité existante ou à favoriser une mixité nouvelle et à en faire une dynamique favorable aux apprentissages de tous.

Jacques Cornet (CGé), Michèle Masil (Ecole du Tivoli) et Tanguy Pinxteren (Lycée Intégral Roger Lallemand)

12h00 : Echange avec la salle

12h30 : Pause dîner

13h15 : Certification des acquis : le passeport de compétences

Présentation : France De Staercke de la FAPEO

Présentation de la Certification des acquis ou Passeport de compétences. Il devrait permettre à tous les élèves ne pouvant poursuivre les mêmes objectifs terminaux que les autres, de poursuivre des études valorisantes en enseignement ordinaire inclusif, adaptées aux compétences qu’ils maîtrisent et à leurs projets personnels. C’est une de nos revendications. Comment intégrer un tel outil dans notre système scolaire ?

Débat entre des parents et des associations représentatives

et des responsables politiques (sollicités)

14h00 : Débat avec la salle

14h30 : Projection du documentaire : Tout va s’arranger (ou pas)

Avec le soutien du CAL et de la FAPEO

En partant du témoignage des jeunes en souffrance, ce film tente de comprendre le mal-être d’une jeunesse marquée par 2 années de confinement. En les écoutant, on devine un rendez-vous raté avec ces jeunes qui tentent aujourd’hui encore de soigner des blessures très douloureuses. En un an, le décrochage scolaire dans le secondaire a augmenté de 55 %, le nombre de remboursements des consultations psychologiques s’envole, plus 20 % en 2021, et les prescriptions d’antipsychotiques explosent, entre 20 % et 50 % selon les âges. Les professionnels rencontrés durant le tournage ont décrit un phénomène devenu incontrôlable.

15h30 : Débat avec la salle

Avec la participation de Pierre Schonbrodt (réalisateur), de Véronique de Thier (FAPEO) et de jeunes concernés

16h15 Clôture de la journée

16h30 Fin

Renseignements pratiques

Quand ?

Le vendredi 14 avril 2023

Où ?

Campus du Ceria – Av. Emile Gryson 1, 1070 Anderlecht, bâtiment 4C, locaux 606 et 607

Inscriptions AU PLUS TARD POUR LE 10 AVRIL

Envoyer un mail à l’adresse suivante (remplacer ‘at’ par @, sans espaces) :

formations ‘at’ liguedroitsenfant.be

Pour toute question : téléphoner au 0477 545 907 (de 9h30 à 18h)

Participation aux frais :

30 €/personne

22 € pour les étudiant.e.s et les parents d’enfants à besoins spécifiques

Pause, repas et documents compris

A verser sur le compte BE76 9795 8553 0195 de la Ligue des Droits de l’Enfant

avec la mention « colloque 14 avril 2023 + Nom.s et prénom.s du/des participant.e.s »

La/les inscriptions seront confirmées par mail une fois la participation aux frais perçue.

Les institutions peuvent nous demander une facture et payer après le colloque

Attention : le nombre de places est limité.

Enfants adoptés et échec scolaire ?

Enfants adoptés et échec scolaire ?

Résumé d’une soirée-débat organisée par la Ligue des Droits de l’Enfant

Madame Françoise Hallet a 3 enfants adoptés. Elle est médecin scolaire et enseignante à la haute école provinciale du Hainaut et coordinatrice de l’envol.

Madame Hallet ne pense pas qu’il y a des discriminations particulières vis-à-vis de l’adoption, ni que l’échec scolaire et l’adoption soit nécessairement liés. Il est cependant évident qu’il faut parfois adapter certaine chose pour les enfants adoptés mais on peut faire un parallèle avec les enfants immigrés.

Ce qu’on constate avec les enfants adoptés c’est que parfois une chose se passe très bien à l’école et le lendemain, l’enfant n’arrive plus à la faire. On a tendance à dire « Tu peux quand tu veux, fait un effort », mais ca ne va quand même pas.  Il ne faut donc pas le brusquer dans ces cas là, et ne pas hésiter à dire que c’est nous qui lui avons donné un exercice trop difficile. Cela lui permettra de ne pas se dévaloriser.

Il faut être conscient que l’enfant adopté peut avoir peur d’être à nouveau abandonné même si pour l’adulte il est évident qu’il fait partie de la famille.

Comme le dit Jean-François Chicoine (pédiatre québécois à l’Hôpital Sainte-Justine, spécialiste de l’adoption internationale) : « Si les enfants adoptés réussissent moins bien à l’école, ce n’est pas souvent pour de grosses pathologies, mais c’est pour plusieurs détails qui méritent d’être reconnus et d’être pris en compte ».

Apprendre ca demande quoi ? : C’est pouvoir se représenter les choses. C’est aussi faires des liens entre les différentes choses qu’on a apprises.  C’est s’organiser, planifier, atteindre un but,…

Tout ceci entre dans ce que l’on appel les fonctions cognitives.

Elles se préparent depuis la toute petite enfance. Pour apprendre il faut se sentir suffisamment en sécurité, d’autant plus chez les enfants adoptés. Car ils n’ont pas été en sécurité durant un temps de leur vie plus ou moins long selon l’histoire de chacun. Et les histoires d’enfants adoptés, il y’en a autant que d’enfants adoptés. Car des enfants adoptés qui réussissent bien à l’école, il y’en a évidemment (une ex-ministre allemande de la santé est une enfant adoptée originaire du Vietnam).

Mais il est vrai qu’il y’a une proportion d’enfants adoptés qui rencontrent des difficultés. Une des premières raisons est le sentiment d’insécurité. Il doit aussi avoir confiance en l’enseignant et en lui-même pour explorer le monde extérieur. Il lui faut aussi être capable de se réguler. Il faut avoir une bonne capacité d’inhibition pour pouvoir s’arrêter à temps (fonction exécutive).

Le cerveau est sculpté par les expériences que nous avons faites, qu’elles aient été heureuses ou malheureuses. Et ce qui s’est passé dans la petite enfance est très important. Tout ce qu’on apprend nous influence. C’est ce qui fait que chaque matin, notre cerveau sera différent de celui du soir. Il aura appris de nouvelles choses qui créeront de nouveaux liens.

Inévitablement les expériences ont plus d’impact que la théorie mais, quoi qu’il en soit, les deux modifient le cerveau.

On adopte beaucoup moins aujourd’hui pour de nombreuses raisons, la crise financière (oui une adoption coute cher), les pays d’origine organisent de plus en plus les adoptions à l’intérieur même du pays en maintenant les fratries. Le nombre total d’adoption en Belgique et dans le monde a diminué de plus de la moitié.

Une étude canadienne, se déroulant 3 à 4 ans après l’arrivée des enfants adoptés a démontré que 11% d’entre eux ont des troubles exécutifs, ce qui n’est pas beaucoup. Cela démontre que les parents ont bien pu compenser. 42 % de ces enfanrs ont des problèmes de régulation de l’attention et 50% des problèmes de comportement. Cependant, ces chiffres sont sujets à caution. Les enquêtes ont été réalisées sur les parents et non sur les enfants. Leurs réponses dépendaient de leurs propres exigences.  

Une enquête française réalisée en 2001 a mis en relation l’âge des enfants adoptés et leurs résultats scolaires.  L’objectif était de savoir si le fait que l’enfant soit adopté jeune, les parents rencontrent moins de problèmes avec lui. Or, l’étude a démontré que les enfants adoptés à moins de 6 moins rencontrent plus de difficultés scolaires que ceux adoptés entre 7 mois et 3 ans.

L’enquête se basait sur le fait d’acquérir le diplôme de primaire. Le résultat a donné les chiffres suivants :

  • 10 % des enfants adoptés avant 6 mois n’avaient pas de diplôme de fin de primaire.
  • Tous les enfants adoptés entre 7 mois et 3 ans ont obtenus leur diplôme de primaire.

Sur la suite des études, il a été constaté que les diplômes les plus important ont été acquis par les enfants ayant été adoptés entre 7 mois et 3 ans.

Qu’est ce qui influence négativement le parcours scolaire :

  • Les enfants qui ont été maltraités avant leur adoption (malheureusement ont manque parfois d’information et durant ce temps plein de choses peuvent avoir lieu).
  • L’abandon à la naissance (adoptés à moins de 6 mois)
  • Le manque d’information sur ses origines (surtout à l’adolescence) car ca va le faire gamberger. Il est donc très important de donner toutes les informations dont on dispose à l’enfant adopté et ne pas les garder pour soi de peur que ca soit trop difficile pour lui. Mais parfois même en voulant lui expliquer tout, nous disposons de peu d’informations. Il est évident que le fait de gamberger, diminue l’attention durant les cours.

Il y a beaucoup de troubles sensoriels chez les enfants adoptés. Nous avons tous des troubles sensoriels (par ex : le bruit d’une craie sur le tableau). L’hypersensibilité d’un canal sensoriel peur provoquer une réaction exagérée aux stimuli (par ex : les lumières fortes, certains bruits, …), ce qui peut amener à des réactions excessives, difficiles à comprendre au niveau d’une classe. L’inverse est l’hypo-sensibilité. Ces enfants ont besoin de stimuli très fort pour réagir. On retrouve aussi souvent ce problème chez les enfants autistes.

Nous développons nos fonctions exécutives dès la petite enfance. Il s’agit de capacités cognitives qui nous permettent de contrôler et autoréguler notre comportement. Autrement dit, nous imaginons ce que ce que nous voulons faire, avant de le faire concrètement. Par exemple, si l’on veut construire un château avec des blocs, nous allons d’abord l’imaginer avant de commencer à le construire. Lors de la mise en œuvre il faudra savoir faire preuve d’inhibition, autrement dit de pouvoir diminuer, voire mettre un terme à un comportement. Toujours dans l’exemple de la construction du château, nous n’allons pas empiler les cubes indéfiniment. Il faut donc une flexibilité mentale qui permet de passer d’un mécanisme de résolution à un autre. Ensuite on comparera celui qu’on a fait avec l’image mentale qu’on s’était faite. Il est souvent difficile pour certaines personnes de faire cette dernière phase.

Que peut-on faire pour favoriser le développement de la maturité scolaire chez les enfants ?

Avant toute chose, favoriser l’attachement.  Tout d’abord à ses parents et ensuite à l’enseignant.

Comment faire face aux traumatises ? Sachant que tous les enfants adoptés en ont vécu un au minimum, celui de l’abandon avec la mère d’origine. Après selon le parcours de chacun, ces traumatismes seront plus ou moins nombreux.

  • Il faudra soutenir et aider à développer les fonctions exécutives et attentionnelles.

L’attachement est une théorie qui a été imaginée, puis confirmée par John bowlby psychiatre anglais qui s’occupait des enfants qui avait été abandonnés dans l’après-guerre. L’attachement est le lien que tout bébé humain ou animal crée avec son donneur de soin, qui est généralement sa maman.

Ce lien va se développer durant la première année de vie, l’enfant verra que quand il pleure ou qu’il a besoin de sa mère, celle-ci est présente. Cela va favoriser son attachement à sa maman et le mettre en confiance.

Il y a 4 types d’attachement :

  • L’attachement « Secure » : je sais que je peux faire confiance
  • L’attachement « évitant » : je peux faire confiance pour mes besoins matériels mais je ne peux pas pour mes besoins d’affections. Parents absents, ou froids dans leur relation.
  • L’attachement « ambivalents/anxieux » : il faut que je me roule par terre pour avoir ce que je veux. Et donc on va rester coller à elle de peur qu’elle disparaisse. L’estime de soi est affaiblie, ce qui crée une perception du monde qui exagère le négatif et diminue le positif. Et cela mène très souvent à une forme de dépendance affective anxieuse qui imagine sans cesse tous les pires scénarios qui pourraient advenir.
  • L’attachement « désorganisé » : Il peut arriver que l’enfant aille au-delà de ses ressources psychiques et émotionnelles qui sont plus faibles que les autres et vivre de graves crises qui vont se manifester sous diverses formes: dissociation, dépression, toc, phobies, etc…

Chez les enfants adoptés on sait que l’attachement Secure est plutôt rare bien que cela existe (parfois suite à un décès de ceux-ci).  Souvent ce n’est pas un attachement Secure. Au plus l’enfant aura connu de soignants au plus il souffrira de trouble de l’attachement.

Que peut-on faire pour favoriser l’attachement ?

  • Créer un sentiment de sécurité : pour cela il faudra être très présent et lui offrir des habitudes, manger à la même heure, faire les choses aux mêmes moments et aux mêmes endroits, tout cela amplifiera un sentiment de sécurité. Même si il est évident que pour les familles ce n’est pas toujours simple au niveau de l’emploi du temps avec le travail et autres, mais cela est vraiment essentiel pour l’enfant adopté afin qu’il se sente en sécurité.
  • Il ne faut pas hésiter à garder l’enfant à la maison pour le rassurer. Et s’il est besoin de le garder plus de deux jours (couvert par mot des parents), il ne faut pas hésiter à demander un certificat au médecin.
  • Une fois qu’il se rend à l’école il faut favoriser le lien avec l’enseignant. Il est également nécessaire que l’enseignant crée ce lien de confiance. Pour créer ce sentiment de sécurité on peut aussi mettre un peu plus de routine que d’habitude. Evitez certaines sorties qui pourraient faire paniquer l’enfant adopté (par exemple, visiter la caserne des pompiers si l’enfant est recueilli par un/des pompiers, …).
  • Il faut aussi se rendre indispensable auprès de l’enfant.
  • Toujours rassurer l’enfant (par exemple, en lui laissant un bracelet qu’il rendra après les cours. Cela le rassurera qu’il vous retrouvera après).
  • Évitez de provoquer de la honte (l’enfant adopté à déjà un sentiment de honte d’avoir été abandonné). Éviter les sanctions qui amplifieraient ce sentiment de honte.

Mark Hittelet, adopté dans son enfance

Il se dit d’abord ravi en tant qu’enfant adopté d’avoir eu l’occasion de mieux découvrir les processus de l’adoption en réalisant un stage dans ce secteur. La première chose qui l’a interpellé durant ce stage c’est le stress que peut engendrer l’adoption pour un candidat adoptant. Les candidats lui disaient souvent que l’évaluation de leur capacité à être parents adoptant est un grand facteur de stress. Sans compter les procédures qui sont très complexes et coûteuses.  

Pour lui parler d’échec scolaire et d’adoption est plutôt provocateur. On devrait plutôt parler d’une scolarité spécifique à l’enfant adopté plutôt que de parler de l’échec scolaire afin d’éviter la stigmatisation.

Il est conscient que les carences, les incertitudes sur le passé vont effectivement avoir un impact sur la scolarité de l’enfant. Le fait que ses parents d’adoption lui ont fourni toutes ces infos sur son origine fut important. Il conseille donc fortement aux parents adoptants de ne pas garder de secret envers l’enfant. Il est essentiel d’éviter les non-dits qui augmenteraient l’angoisse de l’enfant, surtout durant l’adolescence, quand les questions identitaires sont omniprésentes.

Seelons lui, l’affectif et l’intellectuel sont étroitement lié. Si l’affectif est défaillant, il y aura inévitablement des conséquences en terme de scolarité.

D’après son vécu et les témoignages des parents qu’il a rencontrés, il constate que face aux difficultés il y a un risque d’évitement. L’enfant adopté pourrait se bloquer plus facilement et il est donc essentiel de bien baliser et surtout de valoriser les acquis de l’enfant afin qu’il se sente en confiance. Il faut donc bien observer l’enfant afin de savoir comment le rendre plus réceptif à ces encouragements.  Il lui semble aussi très important de véhiculer une image positive des parents biologiques. Peut importe les raisons qui ont amené les parents biologiques à abandonner l’enfant, les dénigrer n’aidera pas l’enfant à se construire positivement. Il faudra aussi pour les parents et l’enfant faire preuve d’acception quand aux zones d’ombres qui entourent l’adoption et pour lesquels on aura sans doute jamais de réponse. Lui a fini par accepter cela et se rendre compte qu’il avait des ressources personnelles, et des personnes ressources vers qui se tourner afin d’avancer avec ses questions sans réponses.

Il faut faire attention a ses propres attentes en tant que parents car pour l’enfant le ressenti par rapport à ses attentes va nourrir le sentiment de peur. Il craindra de ne pas être à la hauteur alors qu’il est essentiel qu’il se sente soutenu et qu’il rend fière ses parents adoptant.

Il est très important pour lui d’avoir une excellente communication entre les parents et le jeune. Et bien qu’il ait connu de légères difficultés durant sa scolarité, il n’a pas le sentiment d’en avoir eu plus que des enfants non issu de l’adoption. Il a en plus eu la chance de pouvoir compter sur le soutien de ses parents et leur regard positif, ce qui lui a permis d’aller toujours de l’avant. Il a pu suivre les études qu’il souhaitait avec tout le soutien nécessaire et faire aujourd’hui ce qu’il aime dans la vie.

Réaction des participants :

Une maman d’enfant adopté nous explique que malgré la bonne volonté des professeurs, des directeurs d’écoles et des différents encadrant, il y a souvent un manque de temps pour favoriser l’encadrement d’enfant adopté. Au moindre problème de comportement, ils ont tendance à exclure l’enfant sans tenir compte de sa situation.

Pour Madame Hallait, il est important de sensibiliser les enseignants sans les culpabiliser et sans être larmoyant. 

Une autre maman nous explique qu’elle a pris la décision de scolariser son enfant à la maison ne trouvant pas d’école adaptée. Elle l’a adopté à 4 ans et demi et elle l’a mis en école d’enseignement alternatif ou tout se passait bien jusque en 2ème primaire. Ensuite pour les années suivantes il a eu un soutien d’un prof particulier, payé par les parents, et donc tout c’est bien passé jusqu’en 6ème primaire. Bien qu’il n’ait pas eu son CEB suite à des difficultés en français et math, il a une excellente culture générale. Ensuite il est dirigé en 1ère S afin de faire comme ses copains et aller en humanité bien que les parents étaient sceptiques. Bien que la classe ne fût composée que de 8 enfants, ce fut très compliqué pour lui. Vu qu’ils allaient droit dans le mur, ils ont décidé de lui donner les cours à la maison suite aux contacts avec d’autres parents adoptant faisant cela et pour qui la socialisation de leur enfant ne posait aucun problème.

Un des objectifs de la ligue est d’avoir de + en + d’école inclusives permettant aux enfants adoptés et autres enfants présentant des spécificités de trouver leur place à l’école.  Nous souhaitons aussi que les enseignants soit formés à l’orthopédagogie afin d’être mieux outillé pour accueillir les enfants ayant des particularités.

4 février : journée mondiale contre le cancer

4 février : journée mondiale contre le cancer

Introduction

Depuis de nombreuses années, la Ligue des Droits de l’Enfant se soucie de la santé de ceux-ci. La Convention des Droits de l’Enfant, en son article 24, traitant du Droit de tous les enfants à la santé, précise notamment que les Etats parties s’efforcent d’assurer la réalisation intégrale de ce Droit et, en particulier, de prendre les mesures appropriées pour (…) :

–           Faire en sorte que tous les groupes de la société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent une information sur la santé et la nutrition de l’enfant (…) et bénéficient d’une aide leur permettant de mettre à profit cette information ;

–           Développer les soins de santé préventifs, les conseils aux parents et l’éducation et les services en matière de planification familiale.

–           Prennent toutes les mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants.

La santé des enfants, la prévention des maladie et l’inclusion des enfants à besoins spécifiques dans tous les pans de la société sont une des missions de la Ligue des Droits de l’Enfant. Or, il se fait que les mesures efficaces en vue d’abolir les pratiques préjudiciables à la santé des enfants pèchent par leur absence. L’industrie a créé des substances nocives qu’elle intègre à la fois aux aliments mais également aux cosmétiques, aux objets du quotidien, aux produits sanitaires, etc. qu’il est devenu extrêmement impossible aux parents de faire la part des choses et d’éviter de mettre en contact leurs enfants avec ces poisons.

Donner des conseils aux parents, afin que ceux-ci puissent se forger un jugement critique sur la question et protéger leurs enfants, fait partie de notre mission, comme tous les Droits de l’Enfant.

Selon l’OMS, le cancer est une cause majeure de décès dans le monde, à l’origine de 7,6 millions de décès en 2008, soit environ 13% de la mortalité mondiale. Pour commencer, tentons donc de comprendre ce phénomène. Ensuite, nous verrons comment tenter de limiter les risques au sein des familles, mais également dans les lieux d’accueil pour enfants (école, extrascolaire, classes vertes, camps de vacances, etc.)

Incidence des cancers chez l’enfant est en augmentation

Si les cancers de l’enfant sont rares (2 % de l’ensemble des cancers, soit 1 enfant de moins de 15 ans sur 10 000/an), ils sont en constante augmentation depuis les années 1970. Le nombre d’enfants de 0 à 14 ans, atteints de cancers, augmente en moyenne d’1% par an et les adolescents de 15 à 19 ans, d’1,5 % par an.

Pire, le phénomène s’aggrave d’une décennie à l’autre : pour les enfants, le taux augmentait de 0,9% entre les années 1970 et 1980, tandis qu’il a augmenté de 1,3% entre les années 1980 et 1990. Pour les adolescents, la hausse était de 1,3% entre 1970 et 1980 et de 1,8% entre 1980 et 1990. Selon une étude publiée par le Centre International de Recherche sur le Cancer, en Europe, le taux d’incidence du cancer infantile a augmenté de 1 à 3 % par an au cours des trois dernières décennies. Cela concerne principalement les leucémies et les tumeurs du cerveau[1].

Dans les pays industrialisés, environ 1 enfant sur 500 déclare un cancer avant l’âge de 15 ans.

Source: National Cancer Institute – 1997, repris dans « Ces maladies créées par l’Homme », Dominique BELPOMME, Albin Michel 2004

Le taux moyen de l’incidence du cancer par classe d’âge dans les années 1990, s’établissait à 140 cancers par million d’enfants, contre 124 dans les années 1980 et 118 dans les années 1970. Chez les adolescents, ce taux est de 193 par million au cours des années 1990, contre 165 dans les années 1980 et 147 dans les années 1970 []. Dans l’ensemble, le taux est de 157 cancers par million. La conclusion de l’étude est sans appel : « Nos résultats apportent une preuve évidente dune augmentation de lincidence du cancer de lenfant et de ladolescent durant les décennies passées et une accélération de cette tendance »[2].

La croissance du nombre de cancers chez l’enfant vient renforcer les hypothèses de cancers d’origine environnementale.

Cancers dont sont victimes les enfants de moins de 15 ans

Les cancers de l’enfant sont très différents de ceux de l’adulte : les principales localisations cancéreuses de ce dernier (poumon, sein, prostate, intestin) sont très rares chez l’enfant pour qui les leucémies et les tumeurs du système nerveux central constituent de loin les principales affections malignes.

Les hémopathies malignes représentent environ 40% des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans. Les leucémies représentent environ 30% des cancers de l’enfant. Les leucémies aiguës sont les plus fréquentes (environ 95% des cas de leucémies). En effet, 80% des cas de leucémie aiguë chez l’enfant sont des leucémies aiguës lymphoblastiques. Elles peuvent survenir à tout âge mais plus particulièrement entre 1 et 10 ans, le pic d’incidence se situant entre 2 et 3 ans. Leur pronostic est bon, avec un taux de survie à 5 cinq ans supérieur à 80%. Les leucémies aiguës myéloïdes sont plus rares et de moins bon pronostic (taux de survie à 5 ans de 61%).

Les lymphomes malins constituent également une part importante de la pathologie cancéreuse de l’enfant (12% des cas de cancer). Les lymphomes malins non Hodgkiniens (LNH) sont le type le plus fréquent (environ 65% des lymphomes) et surviennent principalement entre 1 et 15 ans. Les LNH sont de très bon pronostic, le taux de survie à 5 ans est supérieur à 80%.

Les tumeurs solides représentent environ 60% des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans

Les tumeurs du système nerveux central sont les tumeurs solides les plus fréquentes (près de 22% des cas de cancer) chez l’enfant. Elles peuvent toucher l’enfant à tout âge. Elles sont plutôt de pronostic péjoratif, le taux de survie à 5 ans étant légèrement inférieur à 65%. Ce taux varie en fonction du type histologique et de la localisation de la tumeur.

Les tumeurs dites embryonnaires ne se rencontrent pratiquement que chez le jeune enfant de moins de 5 ans. Elles siègent surtout dans le rein (néphroblastome ou tumeur de Wilms, 6% des cancers de l’enfant) et le système nerveux sympathique (neuroblastome, 9% des cancers de l’enfant), mais aussi l’oeil (rétinoblastome, 2% des cancers de l’enfant), le foie (hépatoblastome, 1% des cancers de l’enfant). Le pronostic de ce type de tumeur est variable, les neuroblastomes ayant un taux de survie à 5 ans plus faible (60%) que les néphroblastomes (84%).

Enfin, d’autres types de tumeurs solides, moins fréquentes, sont observées chez l’enfant : les tumeurs osseuses (6% des cancers), les sarcomes des tissus mous (5% des cancers), les tumeurs germinales (3% des cancers), les carcinomes et les épithéliales malignes (3% des cancers). L’incidence des tumeurs osseuses et des carcinomes augmente avec l’âge, les enfants de plus de 10 ans sont davantage touchés par ce type de tumeur. Le taux de survie à 5 ans pour les tumeurs osseuses est de 65% environ[3].

Les cancers sont des maladies créées par l’homme[4]

Contrairement à ce que l’industrie pharmaco-chimique prétend encore aujourd’hui, le tabac n’est plus la première cause de cancer.  Comme le rappelle cette résolution du Parlement européen du 6 mai 2010, intitulée « Agir contre le cancer », il ne s’agit pas uniquement de « la fumée de tabac dans l’air ambiant, le rayonnement et l’exposition excessive aux rayons UV », mais aussi de « l’exposition aux contaminants chimiques présents dans les aliments, l’air, le sol et l’eau en raison notamment des processus industriels, des pratiques agricoles ou du contenu de substances présentes dans les produits de construction et de consommation ».

Dans les pays industrialisés, comme la plupart[5] des autres maladies que nous subissons, le cancer n’est plus une maladie naturelle. Pour reprendre l’affirmation du professeur Dominique Belpomme, il est fabriqué par l’homme ! Les facteurs de cancérisation présents dans l’environnement sont multiples: radiations ionisantes, produits chimiques que nous ingérons ou respirons, virus ou microbes que notre environnement rend plus virulents.

Le 7 mai 2004, l’Appel de Paris[6] (signé par des centaines de scientifiques, médecins, juristes, humanistes, citoyens, et  d’associations, dont la Ligue des Droits de l’Enfant) déclarait que « Le développement de nombreuses maladies actuelles est consécutif à la dégradation de l’environnement »,  que « La pollution chimique constitue une menace grave pour l’enfant et pour la survie de l’Homme » et que « Notre santé, celle de nos enfants et celle des générations futures étant en péril, c’est l’espèce humaine qui est elle-même en danger » et appelait à interdire «  l’utilisation des produits dont le caractère cancérogène, mutagène ou reprotoxique (CMR) est certain ou probable chez l’Homme », et à « appliquer le principe de précaution vis à vis de tous produits chimiques pour lesquels, en raison de leur caractère toxique autre que celui défini dans la mesure 1 (voir §9 et 13), ou de leur caractère persistant, bioaccumulable et toxique, ou très persistant et très bioaccumulable,  il existe un danger présumé grave et/ou irréversible pour la santé animale et/ou humaine, et de façon générale pour l’environnement, sans attendre la preuve formelle d’un lien épidémiologique, afin de prévenir et d’éviter des dommages sanitaires ou écologiques graves et/ou irréversibles.»

Dix-neuf ans après l’appel de Paris, entre 30 000 et 50 000 produits chimiques sont toujours utilisés en Europe, dans les foyers et dans l’industrie. Pour une grande majorité, les effets sur la santé humaine et sur l’environnement ne sont pas connus. Or parmi ces molécules, seules 1 % d’entre elles ont été testées pour leurs effets toxiques. Certaines sont mutagènes, d’autres des perturbateurs hormonaux, et un certain nombre d’entre elles cancérigènes ou tératogènes[7]. À cela il y a lieu d’ajouter le fait que certains produits, bien que non directement cancérigènes, sont cocarcinogènes (ils peuvent potentialiser l’effet des cancérigènes), alors que d’autres encore peuvent être à la fois cancérigènes et cocarcinogènes.

S’il faut continuer à lutter de toutes ses forces contre le cancer, il est essentiel également, de se battre contre tous les facteurs qui le déclenchent, bien avant que la maladie n’apparaisse.

Les enfants sont les premières victimes

L’exposition aux poisons chimiques qui peuplent l’environnement, y compris le ventre de leur mère,  génère de nombreux troubles neurologiques chez des centaines de milliers enfants nés dans les pays développés : autisme, troubles de l’attention, hyperactivité, retard mental, …

Comme le rappelle une étude européenne[8], les « caractéristiques physiologiques et comportementales des nourrissons et des enfants augmentent leur vulnérabilité face aux impacts sanitaires négatifs des pesticides ». Cela est dû « au fait que leurs corps sont encore en train de se développer et que les systèmes de signaux chimiques utilisés pour diriger leur développement sont susceptibles d’être perturbés lorsqu’ils sont soumis à des toxines environnementales. »

  • Le cerveau des bébés est beaucoup moins protégé que celui des enfants et des adultes. La barrière hémato-encéphalique des bébés n’est complètement développée que vers l’âge de 6 mois ;
  • Ses voies de détoxification sont moins développées et, de ce fait, l’organisme de l’enfant est moins capable de métaboliser et d’éliminer les polluants ;
  • Les enfants boivent et mangent plus par kilogramme de poids corporel que les adultes, ce qui augmente l’effet des pesticides sur leur organisme » ;
  •  Les enfants jouent tout près du sol et ont l’habitude de porter leurs mains à leur bouche, ingérant les polluants qu’ils rencontrent au sol ;
  • L’alimentation des petits enfants est souvent plus riche en fruits et légumes, ce qui augmente leur exposition aux résidus de pesticides ;
  • Les nourrissons peuvent ingérer des résidus de pesticides à travers le lait maternel.

Et l’étude de conclure : «  Malgré les preuves de la vulnérabilité accrue des bébés et des enfants et la nature chronique et handicapante des effets sanitaires qui en résultent, on constate une absence de données spécifiques sur la toxicité postnatale de la majorité des pesticides actuellement utilisés. »

Une nourriture dangereuse pour la santé des enfants

Selon une étude publiée en 2010 par Générations futures[9], de nombreux produits chimiques dangereux  sont présents dans l’alimentation quotidienne d’un enfant d’une dizaine d’années. L’étude portait sur 3 repas types suivant les recommandations officielles –  5 fruits et légumes frais, 3 produits laitiers et 1,5 litre d’eau par jour – et un encas (avec des friandises). « Diverses substances  chimiques ont été recherchées par plusieurs laboratoires accrédités, spécialisés dans des analyses alimentaires : des plastifiants dont du Bisphénol A (BPA) et des phtalates, des retardateurs de flamme bromés (PBDE),des dioxines, furanes, PCB et autres Polluants Organiques Persistants (POPs), des pesticides ou encore des métaux lourds… […] Résultats ? Nos analyses montrent quen 24h, un enfant est susceptible dêtre exposé, uniquement par son alimentation, à des dizaines de molécules chimiques soupçonnées d’être cancérigènes ou encore soupçonnées dêtre des perturbateurs endocriniens par des instances sanitaires européennes ou américaines ! »

Dans un rapport de mars 2008, Greenpeace et les Amis de la Terre soulignaient que, « Pour les pommes, les poires et le raisin de table, 10% des taux limites fixés sont potentiellement dangereux pour les enfants qui sont de grands consommateurs de fruits ». Rappelons que les normes toxicologiques sont exprimées en quantité de substances par kilo de poids corporel. Dès lors, un enfant qui mange une pomme, une poire et une demi-grappe de raisin court plus de risques qu’un adulte de 75 kilos. Dans ce rapport, les organisations précisent qu’ « un enfant de 16,5 kg atteint les taux limites du procymidone en mangeant seulement 20 g de raison et ceux du méthomyl (un insecticide) avec 40 g de pommes ou 50 g de prunes. [10]». Quand on sait qu’une petite pomme pèse environ 120 grammes.

Substances chimiques et effets cocktails

Le 22 décembre 2009, Les ministres de l’environnement de l’U.E. se disaient « conscients que les êtres humains, les animaux et les plantes sont exposés à de nombreuses substances différentes provenant de sources et suivant des voies différentes, et que, selon des études récentes, les effets de la combinaison de ces produits chimiques, dont la toxicité reproductive et d’autres effets nocifs des perturbateurs endocriniens, peuvent avoir de graves répercussions sur la santé humaine et sur l’environnement« .

La réalité de l’effet cocktail a été mise en avant par plusieurs études. Une étude de 1996 a mis en évidence des effets de synergie entre des pesticides aux potentiels oestrogéniques faibles. Les effets des mélanges de pesticides étaient de 150 à 1600 fois plus importants que les effets des pesticides pris isolément[11]. Pour plus d’informations sur les cocktails chimiques, lire la plaquette réalisée par HEAL, WWF et Chem Trust (Sensibilisation du Grand Public aux enjeux des Perturbateurs endocriniens au niveau européen) http://reseau-environnement-sante.fr/wp-content/uploads/2010/10/cocktailschimiques.pdf

Un cocktail de pesticides dans les cordons ombilicaux

En 2005, WWF et Greenpeace ont publié un rapport[12] concernant le sang de 47 femmes enceintes ou allaitantes et les cordons ombilicaux de 22 nouveau-nés. Des traces de phtalates, de BPA, de retardateur de flammes bromés, de PCB, de pesticides organochlorés, de musc synthétiques, le PFC et de triclosan (utilisé dans certains dentifrices) furent retrouvés dans la majorité des prélèvements.

Des mesures de précaution doivent être prises pour éviter toute exposition in utero. Il est urgent de protéger l’exposition de la mère et, donc, d’éliminant les substances dangereuses des produits quotidiens que nous utilisons et de l’environnement dans lequel nous vivons.

Nous demandons une politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants.

Il y a aujourd’hui quatre types de causes à l’origine des cancers et contre lesquelles il est nécessaire de lutter : les rayonnements, les produits chimiques, certains microorganismes, et certains médicaments.

Dans les pays industrialisés, les cancers d’origine physico-chimique prédominent. Les cancérologues estiment que, si on excepte le tabagisme et l’alcoolisme, les causes chimiques pourraient être responsables de 80 % de l’ensemble des cancers, tandis que les causes virales et les rayonnements ne représenteraient qu’environ 20 % des cancers. Dans les pays en voie de développement, c’est le contraire (bien qu’aujourd’hui la différence tende à s’atténuer du fait de leur industrialisation progressive). Dans ces pays, ce sont en effet les causes naturelles, qui prédominent, essentiellement microbiologiques.

Aujourd’hui, les politiques de prévention du cancer portent essentiellement sur le tabagisme, la sédentarité, les facteurs diététiques, l’obésité et le surpoids, la consommation d’alcool, les infections (hépatites virales, …), la pollution environnementale (air, eau, sol, air intérieur des habitations, …), les cancérogènes professionnels, et les rayonnements (radon, UV, …)[13].

Les facteurs alimentaires sont largement ignorés par les autorités (in)compétentes

On peut constater que les causes chimiques, autres que professionnelles, sont largement ignorées. Les pesticides présents dans la plupart des aliments, les additifs divers (colorants, modificateurs de goût et conservateurs alimentaires), les engrais nitratés, les dangers des plastiques, les dioxines[14], …, ne sont que peu pris en compte par les autorités sanitaires, au nom de la rentabilité économique et à l’encontre de la santé des consommateurs.

Il n’y a pas de réelle politique de prévention

Une véritable politique de prévention consisterait à éviter la maladie en supprimant les facteurs de risque qui sont à l’origine des cancers et autres maladies environnementales. Si on veut lutter contre le cancer il est indispensable d’avoir une politique de prévention beaucoup plus ambitieuse qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Il faut permettre au citoyen de se défendre

Nous demandons, de la part des responsables de la santé et de l’environnement, la mise en place rapide d’une véritable politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants (et le cancer en général) qui, par l’information des parents et des citoyens, leur permettra d’agir en connaissance de cause et de prendre en main la protection de la santé de leurs familles.

Il faut permettre aux parents de prendre en main la protection de leurs enfants. Ils ont la possibilité d’influer les industriels et lobbies agroalimentaires. En exigeant du bio à 100 %, en refusant les additifs alimentaires, ils ont en main les leviers du changement et de la santé de leurs enfants.

Prévenir les mères, afin qu’elles puissent se forger un jugement critique qui va aider leurs enfants

Donner une infirmation correcte et préventive

  1. Sur la dangerosité des produits phytopharmaceutiques

Selon l’EPA (Agence de protection de l’environnement aux Etats-Unis), les enfants sont particulièrement sensibles aux pesticides. Elle cite les maladies que peuvent développer les enfants à la suite d’une exposition aux produits chimiques : « La leucémie est le cancer le plus courant chez les enfants de moins de 15 ans et représente 30 % de tous les cancers infantiles, suivie du cancer du cerveau. » 

Une information correcte des mères, sur le rôle que jouent les pesticides, permettrait de réduire considérablement l’incidence de la leucémie infantile. Une série d’études épidémiologiques récentes ont démontré que l’usage des pesticides d’intérieur pendant la grossesse doublait au minimum la probabilité que l’enfant développe une leucémie ou un lymphome non hodgkinien. Il est démontré que l’exposition maternelle prénatale aux insecticides (d’intérieur ou agricoles) multiple par 2,7 le risque de leucémie chez l’enfant, et ce risque est multiplié par 3,7 lors d’une exposition maternelle professionnelle aux herbicides[15].

  • Sur les solutions que les parents doivent pouvoir mettre en place

Eviter les polluants intérieurs avant et durant la grossesse.

De très nombreux produits, issus de la chimie, polluent l’air intérieur de nos habitations. Les dangers qu’ils représentent sont important pour la santé des habitants mais surtout des enfants in utero ainsi que des jeunes enfants. Permettre aux familles de les éliminer, leur permettra d’influer positivement sur la santé future de leurs enfants.

De nombreux produits tels que le formaldéhyde (présent dans les peintures, les meubles, les colles, …), le cadnium (rideaux, chaussures), les PFC (Composés perfluorés – anti-adhésifs, vêtements, …), les retardateurs de flammes bromés (télévisions, ordinateurs, meubles), sont  des cancérigènes puissants.

Eviter les cosmétiques non naturels

Des chercheurs américains ont identifié 10 500 produits chimiques industriels utilisés comme ingrédients cosmétiques. La liste est inquiétante. On y retrouve, notamment, des agents carcinogènes, des pesticides, des éléments toxiques pour la santé reproductive, des perturbateurs endocriniens, des plastifiants, des solvants de dégraissage et des agents tensioactifs.

Par exemple, les BHA et BHT qui se retrouvent notamment dans les produits hydratants et le maquillage sont suspectés d’interférer avec les fonctions hormonales et d’être cancérigène.

Les parabènes, utilisés comme agents de conservation, sont considérés comme perturbateurs endocriniens et pourraient interférer avec les fonctions reproductrices mâles.

Les Parfums, mixtures de produits chimiques, peuvent déclencher des allergies et de l’asthme. Certains sont associés au cancer et à l’intoxication des neurones.

Les « Sodium laureth sulfate » se retrouvent dans les produits moussants tels que les shampoings et les produits pour le bain. Il peut contenir du 1,4-dioxane, potentiellement cancérigène.

Le Triclosan se retrouve dans les produits antibactériens tels que le dentifrice, les nettoyants et les

Anti-transpirants. Il est suspecté d’interférer avec la fonction hormonale et de contribuer à la résistance aux antibiotiques.

S’alimenter en bio.

On a vu que les pesticides passaient directement de la mère à l’enfant via le cordon ombilical. Il est donc essentiel qu’avant et pendant la grossesse (mais également durant la période d’allaitement) la maman s’aliment exclusivement avec des aliments issus de l’agriculture biologique.

Les aliments biologiques sont une réponse intéressante à la lutte contre le cancer dû aux produits chimiques « alimentaires ». Une étude[16] de l’université de Washington a comparé la concentration de métabolites des pesticides organophosphorés (OP) (classe d’insecticides qui perturbent le système nerveux) dans l’urine de 39 enfants de 2 à 4 ans vivant en ville et en banlieue, et a constaté que les enfants mangeant des fruits et des légumes biologiques présentaient des concentrations de métabolites de pesticides six fois plus faibles que des enfants mangeant des produits conventionnels. Cette étude conclut que manger des fruits et des légumes biologiques peut réduire de manière significative les charges de pesticides auxquelles sont exposées les enfants – et constitue une information que les parents peuvent utiliser afin d’agir pour réduire le danger que subissent leurs enfants.

Une autre étude publiée 3 ans plus tard a montré qu’un changement de régime faisait très disparaître rapidement les résidus de pesticides relevés dans les urines des enfants nourris avec des aliments issus de l’agriculture chimique. Une autre étude, conduite pendant 4 saisons consécutives et au cours de laquelle des enfants de 3 à 11 ans ont changé plusieurs fois de régime alimentaire, a confirmé ces résultats deux ans plus tard par. A chaque fois, le niveau de pesticides disparaissant moins de 10 jours après leur passage à une nourriture bio [17]».

Il y a lieu de passer le plus rapidement possible au tout bio. Pour cela, il est nécessaire de modifier la PAC au seul profit de la santé des consommateurs. En continuant à soutenir les méthodes « traditionnelles » ou « modérées », cette politique ne permet pas au « bio » de progresser suffisamment et d’être abordable par l’ensemble de la population, notamment par les familles modestes où la part de la nourriture, dans le budget du ménage, est limitée.


[1] Steliarova-Foucher E et al ; Geographical patterns and time trends of cancer incidence and survival among children and adolescents in Europe since the 1970s (the ACCISproject): an epidemiological study.Lancet. 2004

[2] Ibid.

[3] Source : Epidémiologie des cancers chez l’enfant de moins de 15 ans en Ile-de-France, Judith Dulioust, Philippe Pépin, Isabelle Grémy – Observatoire régional de santé d’Ile-de-France – Juin 2007

[4] « Ces maladies créées par l’Homme », Dominique BELPOMME, Albin Michel 2004

[5] On peut citer les stérilités masculines, les malformations congénitales, la plupart des maladies cardiovasculaires, l’obésité, la très grande majorité des diabètes, les infections nosocomiales, les allergies, l’asthme …

[6] http://www.artac.info/fr/appel-de-paris/texte-en-six-langues/francais_000075.html

[7] Agents pharmacologiques qui lors de leur utilisation provoquent le développement de masses cellulaires anormales au cours de la croissance fœtale, provoquant des défauts physiques sur le fœtus.

[8] Mark Blainey et alii, « The benefits of strict cut-off criteria on human health in relation to the proposal for a regulation concerning plant protection products”, Comité de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire du Parlement européen, octobre 2008

[9] « Enquête sur les substances chimiques présentes dans notre alimentation », Générations futures avec Health & Environnemental Alliance, le réseau environnement santé du WWF France – http://www.menustoxiques.fr/pdf/Rapport_assiette_toxique_281110.pdf

[10] Lars Neumeister, « Die unsicheren Pestizidhöchstmengen in der EU. Überprüfing es harmonisierten EU-Höchstmengen hinsichtich ihres potenziellen akuten und chronischen Gesundheitrisikos », Greenpeace et GLOBAL 2000, les Amis de la Terre/Autriche, mars 2008.

[11] Arnold et al. “Synergistic activation of estrogen receptor with combinations of environmental chemicals.” Science 272. 1489-14921

[12] WWF/Greenpeace, “ A present for life, hazardous chemicals in umbilical cord blood”, septembre 2005

[13] Voir le site de l’O.M.S. : http://www.who.int/cancer/prevention/fr/index.html

[14] Si les dioxines sont interdites, les composés dioxiniques apparaissent en grande quantité dans le voisinage des incinérateurs et dans celui des usines fabriquant des pesticides organochlorés, les papeteries ou encore certaines usines métallurgiques.

[15] Donald Wigle et alii, « A systemic review and meta-analysis of childhood leukemia and parental occupational pesticide exposure”, Environmental Health Perspectives, vol. 117, N°5, mai 2009, p. 1505-1513 – et – Claire Infante-Rivard et alii, « Risk of childhood leukemia associated with gene polymorphisms », Epidemiology, vol.10, septembre 2009, p 481-487 – Citées par Marie-Monique Robin dans “Notre poison quotidien – Arte Editions 2011.

[16] Cynthia Curl et alii, « Organophosphorus pesticide exposure of urban and suburban preschool children with organic and conventional diets », Environmental Health Perspectives, vol. 111, 2003 p 377-382.

[17] Chensheng Lu et alii, « Dietary intake and its contribution to longitudinal organophosphorus pesticide exposure in urban/suburban children », Environmental Health Perspectives, Vol. 116, N°4, avril 2008, p. 537-542.

L’école inclusive doit accueillir TOUS les enfants

L’école inclusive doit accueillir TOUS les enfants

Introduction

L’enseignement « spécial », devenu par la suite l’enseignement « spécialisé », date de 1970. Cela fait aujourd’hui pas mal d’années que les enfants [U1] avec handicap y sont accueillis, loin des autres enfants et souvent loin de leur milieu de vie habituel. Parfois au bout de longs trajets, des heures durant, en bus scolaire, dans des lieux qui leur sont adaptés, mais qui sont aussi et surtout ségrégués. En fait, c’est notre système scolaire en fait des lieux ségrégués, en ayant deux types d’enseignements. D’une part des écoles « ordinaires », pour les enfants qui sont dans la norme, et d’autre part un enseignement « spécialisé » pour les enfants qui sont hors normes.

Dans celui-ci, on y est entre enfants « handicapés », cachés aux yeux de tous et oubliés de tous les bien-mal-pensants pour qui l’Ecole avec un « E » majuscule, la grande, la noble « Ecole » n’est destinée qu’à ceux qui peuvent prétendre d’un quotient intellectuel moyen à supérieur.  Cette Ecole qui croit que tout le monde doit apprendre la même chose en même temps.

La question n’est certainement pas de nous positionner contre l’enseignement spécialisé mais de rappeler que la place des enfants ayant un handicap n’est pas dans un enseignement spécialisé, mais dans l’école ordinaire : l’école du quartier, l’école du village avec les enfants « ordinaires » qui partagent le même lieu de vie. Ce Droit fondamental est défini par la Convention ONU de 2006 qui précise que les enfants porteurs d’un handicap doivent « avoir accès, dans les communautés où elles vivent, à un enseignement primaire inclusif[U2] , de qualité et gratuit, et à l’enseignement secondaire également inclusifNDLR[1] »

Analyse : Comment comprendre ce grand retour en arrière ?

Depuis 2004, l’intégration dans l’enseignement ordinaire d’enfants relevant de l’enseignement spécialisé a été mise en place. Si, initialement, ce sont les handicaps physiques qui étaient privilégiés, depuis 2009 et grâce à ratification par notre pays de la Convention ONU sur les droits des Personnes handicapées, ce sont tous les enfants, quels que soient leurs handicaps – et donc également ceux qui ont une déficience intellectuelle – qui pouvaient bénéficier d’un processus d’intégration dans l’enseignement ordinaire. Malheureusement, l’intégration temporaire totale qui permettait aux enfants ayant un handicap intellectuel ou comportemental, avec l’aide du spécialisé, coûtait trop cher à la Fédération Wallonie Bruxelles. Comme à chaque fois ce sont les plus fragiles qui en paient les conséquences. Ils doivent maintenant passer au moins un an en spécialisé pour pouvoir espérer que l’école spécialisée estime qu’ils ont la compétence pour être orientés vers l’ordinaire dans une école qui veut bien d’eux.

Cela a été un grand retour en arrière, complètement incompréhensible pour les familles. Si l’intégration d’enfants avec un handicap progresse un tout petit peu en FWB, ce surtout les handicaps « nobles » qui bénéficient de ces processus. Les enfants atteints de déficiences[U3]  visuelles ou auditives sont respectivement 33,8 % et 31,1 % à être intégrés dans l’enseignement ordinaire. Mais ce sont les enfants issus du T2, c’est-à-dire ceux qui ont une déficience intellectuelle modérée à sévère, qui ferment le peloton. Ils sont un tout petit 2 pourcents à se trouver intégrés dans une école ordinaire.

44 % des enfants issus de l’enseignement spécialisé de type 8 qui n’ont aucun handicap mais principalement un « handicap social » (issus de milieux « populaires ») et qui ne devraient de ce fait pas être dans l’enseignement spécialisé bénéficient de l’intégration. Il est inconcevable que des enfants sans le moindre handicap doivent être scolarisés dans une école ordinaire, avec l’aide d’enseignants du spécialisé.

Comme vous le voyez et principalement pour les enfants avec une déficience intellectuelle, ce droit est largement bafoué. Les bien-mal-pesants de l’Ecole continuent à leur interdire l’accès à l’enseignement ordinaire. Pire, la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans son Pacte pour un enseignement d’excellence, ne consacre que 4[JPC4]  malheureuses pages à un enseignement inclusif, ce qui démontre qu’elle n’a pas une vision claire de ce qu’est l’école inclusive. De plus, celle-ci réserve  l’enseignement inclusif  aux enfants de milieux populaires injustement orientés vers les Types 1, 3 et 8.

Pourtant, la Belgique et chacune de ses composantes se sont engagées dans l’idée de construire une école véritablement inclusive. Pour les familles, c’est un chemin de croix ! Un vrai parcours du combattant. Il ne leur suffit pas de trouver une école qui accepte leur enfant – ce qui est déjà extrêmement compliqué – mais il faut il n’aura plus droit au soutien pendant 4 heures d’un enseignant du spécialisé. Il recevra bien l’aide du Pôle territorial pour la mise en place d’aménagements raisonnables, mais c’est insuffisant pour aider les enseignants qui ne connaissent pas le handicap intellectuel.

Le Droit de l’enfant est bafoué par la Fédération Wallonie Bruxelles. Mais ce ne sont « que » des enfants handicapés et par malchance pour eux, ils ont un « mauvais » « handicap » pour l’école. Car, pour l’Ecole, il y a de « bons » et de « mauvais » handicaps. Il y a ceux qui ont un handicap « noble », qui ont toutes leurs fonctions cognitives et puis les autres, ceux qui ont un « handicap mental ». Celui qui empêche d’apprendre comme les autres… Comme si – et c’est ce que l’on pense encore trop souvent dans les écoles – tous les enfants apprenaient de la même façon. L’Ecole est faite de traditions, de croyances archaïques, de fantasmes, de lubies et de peurs ; pas de désirs de progrès, de rêves, et d’espoirs. C’est le malheur de ces enfants.

Mais… va-t-on nous demander… ces enfants ont-ils leur place en enseignement ordinaire, puisqu’ils ne savent pas apprendre comme les autres ? La réponse est dans le Droit ! Tout comme le droit à l’information est garanti à tous les citoyens, ces enfants sont des êtres tout ce qu’il y a de plus humains et bénéficient de droits, eux aussi. Et ces droits doivent être respectés !

La question n’est plus de se demander si ces enfants, puisqu’ils ne savent pas marcher, entendre, voir ou penser comme tout le monde, ont droit à une place pleine et entière dans la société, ni s’il faut les cacher au fond d’écoles et, par la suite au fond d’institutions spécialisées, derrière des murs, toute leur vie. La question est de savoir si nous voulons construire une société qui doit permettre à chacun de s’y intégrer et d’y trouver une place de citoyenne ou de citoyen actif et pleinement reconnu comme tel !

Si la réponse est « Oui » – et dans une société démocratique elle ne peut être que « Oui » – alors il n’y a qu’une étape scolaire possible : celle qui apprend au vivre ensemble, à vivre avec les différences que nous avons toutes et tous : c’est l’école inclusive. Un lieu où l’enfant ayant une déficience pourra apprendre à vivre avec les autres et où ceux-ci pourront à leur tour apprendre à vivre avec toutes les différences. Dans l’espoir que, plus tard et ensemble, ils contribuent à la construction d’une société réellement inclusive.  

Un combat pour des citoyen.ne.s à l’esprit critique

Le Pacte ne l’a pas compris. Si la mise d’un tronc commun est incontournable pour lutter contre l’échec scolaire, il est insuffisant. Seul un enseignement réellement inclusif peut permettre à chaque enfant, quelles que soient ses difficultés scolaires, sociales, physiques, intellectuelles, … d’acquérir les savoirs que ses capacités lui permettent d’acquérir. Et même, de se sublimer !

Nous voulons une Ecole inclusive. C’est un Droit fondamental de l’enfant handicapé ! Et c’est un droit des autres enfants aussi d’apprendre à vivre avec la différence. La Belgique s’y est engagée, la FWB aussi. Cette dernière se doit de la mettre en place. Nous exigeons donc le respect de cet engagement, à commencer par faire respecter par tous les intervenants l’obligation de respecter ce droit, et donc, de ne plus avoir la possibilité de refuser l’intégration d’un enfant quels que soient son handicap. Le Décret intégration permet trop facilement aux acteurs institutionnels de refuser l’intégration d’un enfant sur base de son handicap. Il s’agit d’une discrimination inacceptable et ce, même s’il existe un enseignement spécialisé. Séparer des enfants sur base de leurs différences physiques ou intellectuelles est, tout simplement, de la discrimination et doit être interdit dans les textes et poursuivi en justice ! Il en va de même pour les parents. Par méconnaissance de l’intégration ou souci de surprotection, des familles refusent des projets d’intégration proposés par des CPMS[U5]  ou des écoles et qui vont pourtant dans l’intérêt des enfants.

Par ailleurs, le Pacte prévoit que les Pôles territoriaux mutualisent les moyens consacrés à l’accompagnement des enfants en intégration, mais cela ne concernera que les enfants orientés en fonction d’un « handicap social ». Le Pacte ne tient pas compte des enfants porteurs de handicaps physiques et encore moins intellectuels. Nous condamnons cette discrimination et attendons de la CF/FWB qu’elle corrige le tir afin d’amener progressivement l’enseignement spécialisé à évoluer dans sa conception, dans ses prérogatives, dans son rôle, au service des besoins éducatifs de l’enfant. Toutes les ressources qu’il contient doivent être mises au service de tous les élèves ! ». Autrement dit, pour aller progressivement vers un système scolaire inclusif.


[1] Voir texte anglais : Persons with disabilities can access an inclusive, quality and free primary education and secondary education on an equal basis with others in the communities in which they live


 [U1]« Porteurs » : c’est lourd; je préfère un terme plus neutre : ayant un handicap…

 [U2]Je préfèrerais que les mots soulignés soient en gras – sans soulignement ; ce qui est plus clair !

 [U3]On est atteint d’une maladie, … mais pas du handicap !!!!

 [JPC4]Je suis d’accord que ce n’est pas qu’un nombre de pages, mais nous avons affaire à la presse qui ne connaît pas le fond du problème. 4 pages sur 300, c’est aussi une manière de leur faire comprendre que la FDW n’a pas de vision claire de ce qu’est une école inclusive.

 [U5]Même remarque à propos des CPMS !

Accessibilité