Déc 3, 2013 | Ecole - Education - Inclusion
Communiqué de presse à l’occasion de la journée internationale des Droits de la Personne handicapée.
Lorsqu’on parle
d’exclusion scolaire, on pense généralement à l’enseignement
« ordinaire » et l’enfant handicapé est l’éternel oublié.
Pourtant, en Fédération Wallonie-Bruxelles, de nombreux élèves sont privés d’école – et donc de leur droit
fondamental à l’instruction – simplement parce qu’ils sont porteurs d’un
handicap. Il s’agit d’une discrimination inacceptable qui frappe, non
seulement ces jeunes qui sont déjà victimes de la Vie, mais également leurs
familles toutes entières.
L’enseignement
spécialisé n’est pas le seul système d’enseignement destiné aux élèves porteurs
d’un handicap. En effet, la Convention des Nations Unies relative aux Droits
des Personnes Handicapées (ratifiée par la Belgique en 2009) précise qu’elles
doivent pouvoir, « sur base de
l’égalité avec les autres, avoir accès, dans les communautés où elles vivent, à
un enseignement primaire inclusif, de qualité et gratuit, et à l’enseignement
secondaire. [1]»
Autrement dit, elles doivent pouvoir suivre une scolarité ordinaire, avec des
enfants ordinaires, dans des écoles ordinaires, sans distinction de handicap
(mental ou physique). C’est donc en
contradiction avec le Droit international, que des écoles
« ordinaires » refusent l’inscription d’élèves au motif qu’ils sont
handicapés, ou les orientent en cours de scolarité vers l’enseignement
spécialisé.
L’enseignement
spécialisé, à son tour, ne se prive pas d’exclure sur les mêmes motifs :
le handicap. On oublie souvent que, par rapport à leur population globale, les exclusions y sont 2,5 fois plus
importantes que dans l’enseignement ordinaire. Il s’agit principalement
d’enfants porteurs de troubles du spectre de l’autisme ou du comportement, ou
d’enfants polyhandicapés. Quand ils ont de la chance, ces enfants sont
accueillis dans des centres d’accueil de jour ou d’hébergement, mais il y a peu
de places adaptées. Dans la majeure partie des cas, ces élèves sont
confinés au
cercle familial et à la garde d’un parent qui, quant à lui, est obligé de
perdre son emploi afin de se consacrer prioritairement à l’accompagnement de
son enfant. Dans ces deux cas, le droit fondamental à l’éducation leur est
refusé.
Il est temps que cesse la
double peine. Le fait d’être porteur d’une différence physique ou
intellectuelle, d’une autre manière d’être ou d’agir, est déjà assez lourd pour
ces jeunes. Chaque enfant a le droit d’avoir accès à l’éducation sur base de
l’égalité des chances, et doit pouvoir bénéficier, au sein du système d’enseignement général, de l’accompagnement nécessaire
pour faciliter [son] éducation.
Parce
qu’elle a ratifié les Conventions des Droits de l’Enfant et des Droits de la Personne Handicapée,
la
Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que toutes les
institutions qu’elle organise ou subsidie a l’obligation de respecter les
droits de tous les enfants, en mettant en œuvre les pédagogies actives
nécessaires à leur épanouissement et en évitant toute forme de discrimination,
à commencer par l’exclusion ou l’orientation-relégation.
En
cette journée internationale de la personne handicapée, nous tenons à rappeler
les droits des enfants porteurs d’un handicap à une éducation de qualité, mais
aussi et surtout le devoir de notre société d’inclure et accueillir tous ses
enfants, dès le plus jeune âge, sans discrimination, et dans le respect de la
richesse de la diversité humaine.
Jean-Pierre
Coenen – Ligue des Droits de l’Enfant
Cinzia
Agoni – Inforautisme
Flavio
Tolfo – Les briques du Gamp
Claire
Borchgraeve – Gamp
[1] Les italiques sont des
extraits de l’article 24 de la Convention des Nations Unies relative aux Droits
des personnes handicapées.
Juin 1, 2011 | Ecole - Education - Inclusion
Il existe aujourd’hui en Communauté française, deux types d’enseignements différents : l’enseignement dit « ordinaire » qui accueille tous les élèves « ordinaires » càd sans handicap, et l’enseignement dit « spécialisé » qui accueille quant à lui les élèves porteurs d’une déficience physique ou mentale. Dans l’Ecole inclusive de demain, ces deux types d’enseignement seront appelés à ne plus faire qu’un.
Si l’enseignement spécialisé a eu sa raison d’être dans la fin du XXe siècle – les élèves handicapés étant délaissés dans les classes d’avant 1970 – ce n’est plus le cas en ce début de XXIe siècle. Les personnes handicapées ne sont plus obligées de se cacher et peuvent prétendre à une égalité de droit avec tous leurs concitoyens. Cette égalité de droits doit, évidemment, se retrouver à l’école. Cela fait partie de sa mission citoyenne.
Le premier pas vers l’Ecole inclusive, « l’Ecole pour tous », a été franchi grâce au Décret de 2009. Ce Décret permet à des enfants porteurs de déficiences d’être « intégrés » dans des classes « ordinaires ». Cette intégration se faisant alors avec l’aide de l’enseignement spécialisé. C’est un premier pas, non pas pour intégrer l’enseignement spécialisé dans l’enseignement ordinaire, mais pour permettre à l’enseignement ordinaire de devenir spécialisé.
Ce Décret nous mène inéluctablement vers l’Ecole pour tous.
Avr 24, 2010 | Ecole - Education - Inclusion
Colloque – 24 avril 10 : « une école pour tous ? Quelles formations pour les enseignants »
Aujourd’hui, nous nous
devons de construire l’Ecole du 21ème siècle. Depuis 20 ans, la Convention des Droits
de l’Enfant a fait de l’Ecole un Droit pour tous les enfants, quelles que
soient leurs difficultés physiques ou mentales, leurs problèmes
d’apprentissages, leurs différences culturelles ou sociales. La récente
Convention relative aux Droits de la Personne handicapée impose aux Etats signataires
(et donc, la Belgique)
de mettre en place un enseignement inclusif.
Autrement dit, une Ecole où
toutes les différences se côtoieront, qu’elles soient physiques ou mentales,
culturelles ou sociales. Les différents types d’enseignements (spécialisé et
ordinaire) seront ainsi appelés de plus en plus à travailler ensemble et, à
terme, à ne plus faire qu’un dans l’Ecole inclusive ! Il ne s’agit nullement de
supprimer l’enseignement spécialisé. Bien au contraire, l’objectif est de faire
de tous les enseignants, et au-delà de toutes les écoles, de vrais spécialistes
des difficultés d’apprentissage.
Ce colloque a eu pour
objectif d’aborder la problématique de la formation des enseignants dans
l’optique d’une Ecole inclusive. L’école inclusive devra donc être l’école de
tous, avec des enseignants spécialisés dans la détection et la remédiation des
difficultés d’apprentissage de tous les enfants, au-delà des différences. Cela
nécessitera aussi d’admettre et gérer le fait que chaque enfant est unique et a
sa propre façon d’apprendre.
Intervenants
Didier Duray, conseiller adjoint Enseignement fondamental et secondaire Spécialisé au cabinet de la Ministre Marie-Dominique Simonet, ministre de l’enseignement fondamental.
Actuellement, 3 solutions de
scolarité s’offrent aux enfants en situation de handicap : l’enseignement
ordinaire, l’enseignement intégré et l’enseignement spécialisé. L’enseignement
intégré s’est vu renforcé avec le nouveau décret intégration, voté le 5 février 2009.
Cette année, 511 enfants bénéficient de cette formule.
La formation initiale doit
pouvoir s’adapter tant aux étudiants qu’à la réalité de terrain. Des pistes de
solutions tels que le parrainage des aînés, une clarification des stages dans
l’enseignement spécialisé, une approche différente des parents, une révision
des manuels scolaires sont évoquées. L’orthopédagogie doit faire partie de la
formation de tout futur enseignant. Celui-ci doit avoir une connaissance des
difficultés lui permettant d’y remédier ou d’orienter l’enfant de manière
précise.
« En classe vers une école pour tous », par Monique Deprez, Chargée de cours – Service d’orthopédagogie – UMH
1914,
1970 et 1997 sont des dates phares dans l’histoire de l’enseignement. La
dernière, est l’année du décret mission que beaucoup d’enseignants n’ont jamais
lu. Parmi les missions de l’école, nous retrouvons l’émancipation sociale,
la confiance en soi, le fait de prendre
sa place dans la société. La pédagogie différenciée y est introduite, à savoir
une pédagogie dont l’optique est de tenir compte des différences individuelles
pour y adapter une diversité de situations pédagogiques. Elle a pour but de
permettre à chacun la meilleure réussite dans ses apprentissages.
Des
pistes de réflexion permettant d’améliorer sont envisagées : il est
clairement utopique de vouloir informer le futur enseignant sur l’ensemble des
pathologies. Par contre, on peut leur apprendre à s’informer, les orienter,
leur donner les ressources pour les informer. Une sensibilisation au handicap
est primordiale, beaucoup de gens n’ont pas eu de contacts avec une personne
vivant une situation de handicap. Il s’agit de favoriser ces contacts, de diversifier
les lieux de stage et donner l’occasion aux étudiants d’aller voir ce qui se
fait ailleurs.
Formation initiale ou continuée : 3 domaines pour une approche orthopédagogique (relationnel, cognitif, instrumental) par Geneviève Vandecasteele, inspectrice de l’enseignement fondamental spécialisé
L’accompagnement
des enfants à besoins spécifiques est primordial. Chacun de ces enfants doit
trouver un enseignement spécifique. Pour y arriver, il doit y avoir une
valorisation de la formation des enseignants. Tout enseignant a la
responsabilité de s’informer.
En
termes de formation, l’enseignant n’a jamais fini d’apprendre. Dés le départ, il
devrait pouvoir s’exercer, par exemple dans un genre de laboratoire. La
formation devrait développer l’aspect de la réflexion et être envisagée selon 3
axes : se construire un parcours de formation individualisé en
comptabilisant des modules dans les différents organismes de formation ;
le cadre légale, institutionnel et éthique ; l’approche relationnelle et
l’axe psychopédagogique
Dans
les formations divers aspects doivent être abordés tels que le besoin d’écouter
et de soutenir les parents, le soutien en équipe, apprendre à avoir des
rapports avec des professionnels
extérieurs et de faire des rapports, apprendre à avoir et gérer une visite avec
l’inspection, apprendre à recevoir des remarques et donner son avis.
Les 10 ans de l’orthopédagogie. Qu’en retire-t-on ? Vers où va-t-on ? par Alain Dupont et Isabelle Montulet représentant les 4 écoles qui organisent la spécialisation en orthopédagogie.
L’ortho
acteur est un acteur professionnel oeuvrant après de personnes qui rencontrent
des difficultés d’apprentissage à n’importe quel moment de leur évolution et
quel que soit le contexte. Il est susceptible d’émettre un avis quant à la mise
au point, l’application et l’évaluation des interventions éducatives à la suite
d’observation et sur base d’éclairage théorique. Il travaille en relation avec
les membres de l’équipe …
L’année
de spécialisation est centrée sur les différentes situations de handicaps. Elle
se déroule en journée et se compose de cours, de stage, d’un travail de fin
d’études et d’échange. Elle permet de travailler les motivations dés le départ.
Au départ, les étudiants souhaitent approfondir connaître les difficultés, ils
ne se sentent pas prêt à travailler ou veulent se spécialiser. Les étudiants ne
sont pas spécifiquement des enseignants. Après, ils sont souvent engagés dans
des structures spécialisées ou à public fragilisés. Ce qui est intéressant ce de
voir l’étudiant passer d’une conception
centrée sur l’élève à celle centrée sur la personne. Cette formation touche une
cinquantaine d’étudiants par an
La
formation à l’école inclusive ne concerne pas que les enseignants, elle prépare
au travail en réseau. Elle ne peut constituer une complémentaire mais doit
faire partie de la formation de base.
Quelles formations faut-il pour pouvoir enseigner dans une école pour tous ? par Vincent Carette, Chercheur à l’unité de recherche des Sciences de l’Education (SSE) – ULB
Pourquoi
l’école doit elle changer ? Pourquoi la formation des enseignants, doit
elle changé ? En Belgique, plus l’âge des étudiants est élevé, moins il y
a de formation pédagogique, pourquoi ?
Les enseignants ont en moyenne 3 journées de formation par an. La Belgique est un des 3
pays dans lequel la formation masterisée.
Vers
quelles professionnalisations ? On demande beaucoup de compétences à
l’enseignant mais lui offre-t-on la formation ? Peut on rejoindre tous ces
objectifs avec la formation actuelle. L’enseignant
doit pouvoir entrer dans une position de chercheur, émettre des hypothèses, afin
d’avancer avec les enfants. Pour y arriver, il doit avoir une formation
rigoureuse à la recherche et donc une formation plus longue
Déterminer 5 compétences prioritaires
pour exercer le métier d’enseignants dans une école inclusive
1)
Les compétences relationnelles : L’enseignant doit pouvoir
travailler la question relationnelle avec lui-même mais avec les autres
partenaires.
2)
Aptitudes de recherche : S’informer, questionner les autres
professeurs ou les parents. Quelles sont mes forces ? L’enseignant qui se
pose cette question suppose qu’il connaît ses ressources et ses limites.
3)
Compétences d’observations : L’enseignant doit être formé à observer
l’enfant de telle manière à pouvoir détecter ses capacités et ses
difficultés ; savoir détecter les problèmes d’apprentissage et y remédier.
4)
Capacité d’animation : L’enseignant doit s’ouvrir à l’environnement
de l’enfant et essayer d’avoir une autre vision que l’enfant en tant qu’élève. Il
doit pouvoir faire preuve de créativité.
5)
Les savoirs : Il faut approfondir les processus d’apprentissage.
Plus insister dans la formation sur le fait que « tout enfant est
capable » ! L’enseignant doit avoir des repères sur le développement
de l’enfant.
L’enseignant
doit avoir une formation de généraliste !
Mai 4, 2005 | Ecole - Education - Inclusion
L’éducation est, avant tout, un droit de l’enfant.
Des valeurs humanistes …
Critiqué, démonté, vilipendé par beaucoup, le projet de Contrat stratégique de la Ministre de l’enseignement, Marie Arena, a été la cible de groupes divers, parfois les plus extrêmes, souvent partisans, corporatistes voire carrément poujadistes. Ceux-là défendent des intérêts divers, souvent personnels mais oublient, qu’en réalité, ce projet est destiné, avant tout, aux enfants. Il nous paraît donc important de rappeler, avant sa rédaction finale, que l’enseignement est un droit de l’enfant et donc que le rôle de l’école doit être de rendre accessible à tous les enfants le bagage de connaissances et de compétences nécessaires pour appréhender le monde et pour participer activement à sa transformation vers plus de justice.
Dans cet esprit, le projet de Contrat stratégique est, jusqu’ici, porteur de valeurs égalitaires qui ne peuvent que réjouir les défenseurs des droits humains et en particulier des droits de l’enfant. Aussi, il nous semble important d’insister prioritairement sur les qualités du projet.
L’idéologie égalitaire du contrat stratégique ne peut que nous réjouir. Elle prend acte des inégalités présentes dans l’enseignement en Communauté française et a la volonté d’y remédier. Pour la première fois un gouvernement dit clairement qu’il veut réinvestir dans enseignement primaire. Le fondamental, nous tenons à le rappeler, commence en première maternelle. Il est le parent pauvre de notre enseignement obligatoire. Alors qu’il est sensé poser toutes les bases, il est nettement sous-financé par rapport à l’enseignement secondaire. Réinvestir massivement dans le fondamental est la condition première d’une réussite dans le secondaire de transition mais également pour donner la même égalité de chance à tous dans la vie.
Nous sommes loin de la prétendue utopie vilipendée par les réactions au projet de Contrat stratégique. En effet, il est loin d’être utopiste d’exiger de l’Ecole qu’elle mène tous les jeunes à atteindre un niveau élevé, ni que 100 % des élèves doivent obtenir leur certificat d’étude de base. Il est également loin d’être utopiste d’instaurer un tronc commun afin de retarder le plus tard possible la sélection et d’éviter les relégations. Ce système existe à l’étranger où il fonctionne parfaitement. Il s’agit simplement de droits de l’enfant. Depuis les années 60 et Piaget, on sait qu’il est faux de penser que certains élèves sont doués pour les études et d’autres pas[1].
Le principe d’inégalité des chances est un principe fasciste, intolérable dans un Etat de Droit, qui doit être combattu par tous les démocrates !
… mais des miettes de bonnes idées
Malgré ces bonnes intentions, le projet de CS nous laisse sur notre faim. En terme de programme, il ne propose pas grand-chose. Il s’agit essentiellement d’un saupoudrage de « bonnes idées ultra timides ». Sans entrer dans les détails, épinglons néanmoins quelques points exemplatifs de notre propos :
- Le tronc commun: celui-ci ne doit pas se limiter au premier degré de l’enseignement secondaire de transition mais doit être étendu jusqu’à 16 ans (4e année du secondaire de transition) et comprendre une formation pluridisciplinaire, c’est-à-dire générale, technique, artistique et sportive identique pour tous, ceci afin de retarder le plus tard possible la sélection et d’éviter les relégations. Il est contraire aux droits de l’enfant d’orienter précocement ceux qui mettent plus de temps que les autres à acquérir les savoirs. Chacun a le droit de prendre le temps pour mûrir un projet de Vie. Exiger d’un enfant qu’il fasse ce choix avant 16 ans est un déni de droit !
- La diminution du nombre d’élèves à 20 de moyenne par classes pour les deux premières années du primaire : Aux dires de la Ministre, c’est déjà la moyenne. Où est le progrès ? L’effort doit être porté sur les premières années du primaire. 15 élèves par classes au premier degré doit être l’objectif à court terme.
- Volonté de remédiation immédiate: Il importe d’apporter la remédiation au moment même où l’enfant en a besoin. Cela nécessitera un engagement important d’enseignants spécialistes des difficultés d’apprentissage, et d’encadrants professionnels : logopèdes, spécialistes de la dyslexie, dyscalculie, maîtres d’adaptation à la langue … Comment cela sera-t-il possible puisqu’aucune augmentation de l’enveloppe budgétaire n’est prévue ?
- Gratuité progressive. Pourquoi progressive ? Il nous semble, en outre, que ne demander qu’à l’école de veiller à cette gratuité est insuffisant. La piscine, l’accès à la culture (musées, parcs à thème, connection à Internet, théâtre, …), transports publics, sont des domaines où la gratuité doit être la règle pour les écoles.
- La concurrence entre établissements scolaireset les filières de hiérarchisation sont de la ségrégation à l’état pur, un réel apartheid scolaire. Nous rappelons qu’un enfant a le droit de se construire dans son milieu de Vie et non être contraint à faire des kilomètres pour trouver une école. L’hétérogénéisation de tous les établissements doit être programmée selon un calendrier Tous les établissements scolaires doivent recevoir les moyens de permettre à chaque enfant d’arriver au même niveau que les autres, en bannissant toute discrimination socioculturelle et avec un objectif d’hétérogénéisation.
- 2013. Nous sommes conscients que les changements indispensables à la réforme de notre enseignement nécessitent un phasage mais c’est dès aujourd’hui que des enfants sont en difficultés scolaires, et il y a lieu de mettre en place des mesures transitoires afin de sauver ceux qui peuvent l’être encore. On en peut faire une croix sur 272 000 jeunes wallons[2] et bruxellois qui seront, si rien ne change, irrémédiablement condamnés à n’avoir aucun diplôme pour aborder la vie. Ce plan stratégique se définit comme étant à moyen et long termes, alors que nous sommes dans l’urgence et ce, depuis des années. Une réelle volonté politique de résorption des inégalités doit être mise en place en priorité.
Les enfants les plus fragiles
Nous nous étonnons que le Contrat stratégique se soucie peu des enfants les plus fragiles, malades ou handicapés.
En effet, ceux-ci sont considérés comme quantité négligeable, comme si le statut qui leur était réservé par la société actuelle, c’est-à-dire d’être mis en marge de celle-ci, ne méritait pas d’autres considérations. Un projet humaniste se doit de commencer par les plus fragiles. Dans le Contrat stratégique ils restent marginalisés.
En effet, une seule page sur les 78 que comprend le projet de Contrat stratégique traite de l’enseignement spécialisé, et encore, pour le considérer comme une structure spécifique à l’écart de l’enseignement ordinaire, à partir duquel certains doivent passer s’ils veulent entrer dans me cadre du système éducatif.
Une société qui se voudrait égalitaire, humaniste et progressiste se doit de donner à chacun le maximum de chances dans la vie. A commencer par pouvoir se construire dans son tissu social. Au contraire de ce principe basique, notre système scolaire oblige ces enfants à passer plusieurs heures, chaque jour, dans des transports scolaires abrutissants pour se rendre dans l’école la plus proche – souvent lointaine, adaptée à leur problématique. Il en ressort des situations inégalitaires. Il y a lieu d’enrayer la discrimination en adaptant le système à l’enfant et non uniquement l’enfant au système.
L’égalité des chances et le droit à la participation sociale de la personne handicapée, supposent une Ecole pour Tous et pour Chacun, quel que soit le niveau d’enseignement et de formation, et ce tout au long de la vie.
Une éducation en milieu ordinaire est un principe de base pour l’Ecole pour tous et chacun.
Les Etats membres doivent adopter une législation garantissant à tous les enfants en âge scolaire et à tous les adultes, le droit d’accéder à un système d’enseignement ordinaire. »
Charte de Luxembourg, novembre 1996
Tout enfant a le droit d’être scolarisé avec un projet scolaire dans lequel il trouve sa place et qui réponde adéquatement à un ensemble d’exigences propres à ses besoins. L’intégration au travers de la scolarité est un moyen pour atteindre l’intégration sociale au sens large et vise à terme une société ouverte et accessible à tous.
Nous demandons donc que le Contrat stratégique pour l’Education comprenne une réelle politique d’intégration de tous les enfants handicapés ou malades chroniques en tenant compte, par ailleurs, des engagements internationaux pris par la Communauté française de Belgique.
[1] 34 % des enfants quittent l’enseignement avant la fin du secondaire, sans diplôme, hypothéquant leur intégration sociale et influençant leur vie entière.
[2] L’intelligence se construit. Il est faux de penser que certains élèves ne sont pas faits pour des études. Ce qui distingue le plus les élèves c’est leur vitesse d’apprentissage. La qualité de l’apprentissage réalisé n’a aucun rapport avec le temps mis pour y arriver. (Que savons-nous ? Marcel Crahay)