L’exclusion scolaire de l’enfant handicapé à la lumière des droits de l’enfant

L’exclusion scolaire de l’enfant handicapé à la lumière des droits de l’enfant

Communiqué de presse à l’occasion de la journée internationale des Droits de la Personne handicapée.

Lorsqu’on parle d’exclusion scolaire, on pense généralement à l’enseignement « ordinaire » et l’enfant handicapé est l’éternel oublié. Pourtant, en Fédération Wallonie-Bruxelles, de nombreux élèves sont privés d’école – et donc de leur droit fondamental à l’instruction – simplement parce qu’ils sont porteurs d’un handicap. Il s’agit d’une discrimination inacceptable qui frappe, non seulement ces jeunes qui sont déjà victimes de la Vie, mais également leurs familles toutes entières.

L’enseignement spécialisé n’est pas le seul système d’enseignement destiné aux élèves porteurs d’un handicap. En effet, la Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées (ratifiée par la Belgique en 2009) précise qu’elles doivent pouvoir, « sur base de l’égalité avec les autres, avoir accès, dans les communautés où elles vivent, à un enseignement primaire inclusif, de qualité et gratuit, et à l’enseignement secondaire. [1]» Autrement dit, elles doivent pouvoir suivre une scolarité ordinaire, avec des enfants ordinaires, dans des écoles ordinaires, sans distinction de handicap (mental ou physique). C’est donc en contradiction avec le Droit international, que des écoles « ordinaires » refusent l’inscription d’élèves au motif qu’ils sont handicapés, ou les orientent en cours de scolarité vers l’enseignement spécialisé.

L’enseignement spécialisé, à son tour, ne se prive pas d’exclure sur les mêmes motifs : le handicap. On oublie souvent que, par rapport à leur population globale, les exclusions y sont 2,5 fois plus importantes que dans l’enseignement ordinaire. Il s’agit principalement d’enfants porteurs de troubles du spectre de l’autisme ou du comportement, ou d’enfants polyhandicapés. Quand ils ont de la chance, ces enfants sont accueillis dans des centres d’accueil de jour ou d’hébergement, mais il y a peu de places  adaptées.  Dans la majeure partie des cas, ces  élèves  sont

confinés au cercle familial et à la garde d’un parent qui, quant à lui, est obligé de perdre son emploi afin de se consacrer prioritairement à l’accompagnement de son enfant. Dans ces deux cas, le droit fondamental à l’éducation leur est refusé.

Il est temps que cesse la double peine. Le fait d’être porteur d’une différence physique ou intellectuelle, d’une autre manière d’être ou d’agir, est déjà assez lourd pour ces jeunes. Chaque enfant a le droit d’avoir accès à l’éducation sur base de l’égalité des chances, et doit pouvoir bénéficier, au sein du système d’enseignement général, de l’accompagnement nécessaire pour faciliter [son] éducation.

Parce qu’elle a ratifié les Conventions des Droits de l’Enfant et des Droits de la Personne Handicapée, la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que toutes les institutions qu’elle organise ou subsidie a l’obligation de respecter les droits de tous les enfants, en mettant en œuvre les pédagogies actives nécessaires à leur épanouissement et en évitant toute forme de discrimination, à commencer par l’exclusion ou l’orientation-relégation.

En cette journée internationale de la personne handicapée, nous tenons à rappeler les droits des enfants porteurs d’un handicap à une éducation de qualité, mais aussi et surtout le devoir de notre société d’inclure et accueillir tous ses enfants, dès le plus jeune âge, sans discrimination, et dans le respect de la richesse de la diversité humaine.

Jean-Pierre Coenen – Ligue des Droits de l’Enfant

Cinzia Agoni – Inforautisme

Flavio Tolfo – Les briques du Gamp

Claire Borchgraeve – Gamp


[1] Les italiques sont des extraits de l’article 24 de la Convention des Nations Unies relative aux Droits des personnes handicapées.


L’intégration scolaire, un pas fondamental vers l’Ecole inclusive

L’intégration scolaire, un pas fondamental vers l’Ecole inclusive

Il existe aujourd’hui en Communauté française, deux types d’enseignements différents : l’enseignement dit « ordinaire » qui accueille tous les élèves « ordinaires » càd sans handicap, et l’enseignement dit « spécialisé » qui accueille quant à lui les élèves porteurs d’une déficience physique ou mentale. Dans l’Ecole inclusive de demain, ces deux types d’enseignement seront appelés à ne plus faire qu’un.

Si l’enseignement spécialisé a eu sa raison d’être dans la fin du XXe siècle – les élèves handicapés étant délaissés dans les classes d’avant 1970 – ce n’est plus le cas en ce début de XXIe siècle. Les personnes handicapées ne sont plus obligées de se cacher et peuvent prétendre à une égalité de droit avec tous leurs concitoyens. Cette égalité de droits doit, évidemment, se retrouver à l’école. Cela fait partie de sa mission citoyenne.

Le premier pas vers l’Ecole inclusive, « l’Ecole pour tous », a été franchi grâce au Décret de 2009. Ce Décret permet à des enfants porteurs de déficiences d’être « intégrés » dans des classes « ordinaires ». Cette intégration se faisant alors avec l’aide de l’enseignement spécialisé. C’est un premier pas, non pas pour intégrer l’enseignement spécialisé dans l’enseignement ordinaire, mais pour permettre à l’enseignement ordinaire de devenir spécialisé.

Ce Décret nous mène inéluctablement vers l’Ecole pour tous.

Une école pour tous ? Quelles formations pour les enseignants ?

Une école pour tous ? Quelles formations pour les enseignants ?

Colloque – 24 avril 10 : « une école pour tous ? Quelles formations pour les enseignants »

Aujourd’hui, nous nous devons de construire l’Ecole du 21ème  siècle. Depuis 20 ans, la Convention des Droits de l’Enfant a fait de l’Ecole un Droit pour tous les enfants, quelles que soient leurs difficultés physiques ou mentales, leurs problèmes d’apprentissages, leurs différences culturelles ou sociales. La récente Convention relative aux Droits de la Personne handicapée impose aux Etats signataires (et donc, la Belgique) de mettre en place un enseignement inclusif.

Autrement dit, une Ecole où toutes les différences se côtoieront, qu’elles soient physiques ou mentales, culturelles ou sociales. Les différents types d’enseignements (spécialisé et ordinaire) seront ainsi appelés de plus en plus à travailler ensemble et, à terme, à ne plus faire qu’un dans l’Ecole inclusive ! Il ne s’agit nullement de supprimer l’enseignement spécialisé. Bien au contraire, l’objectif est de faire de tous les enseignants, et au-delà de toutes les écoles, de vrais spécialistes des difficultés d’apprentissage.

Ce colloque a eu pour objectif d’aborder la problématique de la formation des enseignants dans l’optique d’une Ecole inclusive. L’école inclusive devra donc être l’école de tous, avec des enseignants spécialisés dans la détection et la remédiation des difficultés d’apprentissage de tous les enfants, au-delà des différences. Cela nécessitera aussi d’admettre et gérer le fait que chaque enfant est unique et a sa propre façon d’apprendre.

Intervenants

Didier Duray, conseiller adjoint Enseignement fondamental et secondaire Spécialisé au cabinet de la Ministre Marie-Dominique Simonet,  ministre de l’enseignement fondamental.

Actuellement, 3 solutions de scolarité s’offrent aux enfants en situation de handicap : l’enseignement ordinaire, l’enseignement intégré et l’enseignement spécialisé. L’enseignement intégré s’est vu renforcé avec le nouveau décret intégration, voté le 5 février 2009. Cette année, 511 enfants bénéficient de cette formule.

La formation initiale doit pouvoir s’adapter tant aux étudiants qu’à la réalité de terrain. Des pistes de solutions tels que le parrainage des aînés, une clarification des stages dans l’enseignement spécialisé, une approche différente des parents, une révision des manuels scolaires sont évoquées. L’orthopédagogie doit faire partie de la formation de tout futur enseignant. Celui-ci doit avoir une connaissance des difficultés lui permettant d’y remédier ou d’orienter l’enfant de manière précise.

« En classe vers une école pour tous », par Monique Deprez, Chargée de cours – Service d’orthopédagogie – UMH

1914, 1970 et 1997 sont des dates phares dans l’histoire de l’enseignement. La dernière, est l’année du décret mission que beaucoup d’enseignants n’ont jamais lu. Parmi les missions de l’école, nous retrouvons l’émancipation sociale, la  confiance en soi, le fait de prendre sa place dans la société. La pédagogie différenciée y est introduite, à savoir une pédagogie dont l’optique est de tenir compte des différences individuelles pour y adapter une diversité de situations pédagogiques. Elle a pour but de permettre à chacun la meilleure réussite dans ses apprentissages.

Des pistes de réflexion permettant d’améliorer sont envisagées : il est clairement utopique de vouloir informer le futur enseignant sur l’ensemble des pathologies. Par contre, on peut leur apprendre à s’informer, les orienter, leur donner les ressources pour les informer. Une sensibilisation au handicap est primordiale, beaucoup de gens n’ont pas eu de contacts avec une personne vivant une situation de handicap. Il s’agit de favoriser ces contacts, de diversifier les lieux de stage et donner l’occasion aux étudiants d’aller voir ce qui se fait ailleurs.

Formation initiale ou continuée : 3 domaines pour une approche orthopédagogique (relationnel, cognitif, instrumental) par Geneviève Vandecasteele, inspectrice de l’enseignement fondamental spécialisé

L’accompagnement des enfants à besoins spécifiques est primordial. Chacun de ces enfants doit trouver un enseignement spécifique. Pour y arriver, il doit y avoir une valorisation de la formation des enseignants. Tout enseignant a la responsabilité de s’informer.

En termes de formation, l’enseignant n’a jamais fini d’apprendre. Dés le départ, il devrait pouvoir s’exercer, par exemple dans un genre de laboratoire. La formation devrait développer l’aspect de la réflexion et être envisagée selon 3 axes : se construire un parcours de formation individualisé en comptabilisant des modules dans les différents organismes de formation ; le cadre légale, institutionnel et éthique ; l’approche relationnelle et l’axe psychopédagogique

Dans les formations divers aspects doivent être abordés tels que le besoin d’écouter et de soutenir les parents, le soutien en équipe, apprendre à avoir des rapports avec des  professionnels extérieurs et de faire des rapports, apprendre à avoir et gérer une visite avec l’inspection, apprendre à recevoir des remarques  et donner son avis.

Les 10 ans de l’orthopédagogie. Qu’en retire-t-on ? Vers où va-t-on ? par Alain Dupont et Isabelle Montulet représentant les 4 écoles qui organisent la spécialisation en orthopédagogie.

L’ortho acteur est un acteur professionnel oeuvrant après de personnes qui rencontrent des difficultés d’apprentissage à n’importe quel moment de leur évolution et quel que soit le contexte. Il est susceptible d’émettre un avis quant à la mise au point, l’application et l’évaluation des interventions éducatives à la suite d’observation et sur base d’éclairage théorique. Il travaille en relation avec les membres de l’équipe …

L’année de spécialisation est centrée sur les différentes situations de handicaps. Elle se déroule en journée et se compose de cours, de stage, d’un travail de fin d’études et d’échange. Elle permet de travailler les motivations dés le départ. Au départ, les étudiants souhaitent approfondir connaître les difficultés, ils ne se sentent pas prêt à travailler ou veulent se spécialiser. Les étudiants ne sont pas spécifiquement des enseignants. Après, ils sont souvent engagés dans des structures spécialisées ou à public fragilisés. Ce qui est intéressant ce de voir l’étudiant  passer d’une conception centrée sur l’élève à celle centrée sur la personne. Cette formation touche une cinquantaine d’étudiants par an

La formation à l’école inclusive ne concerne pas que les enseignants, elle prépare au travail en réseau. Elle ne peut constituer une complémentaire mais doit faire partie de la formation de base.

Quelles formations faut-il pour pouvoir enseigner dans une école pour tous ? par Vincent Carette, Chercheur à l’unité de recherche des Sciences de l’Education (SSE) – ULB

Pourquoi l’école doit elle changer ? Pourquoi la formation des enseignants, doit elle changé ? En Belgique, plus l’âge des étudiants est élevé, moins il y a de formation pédagogique, pourquoi ?  Les enseignants ont en moyenne 3 journées de formation par an. La Belgique est un des 3 pays dans lequel la formation masterisée.  

Vers quelles professionnalisations ? On demande beaucoup de compétences à l’enseignant mais lui offre-t-on la formation ? Peut on rejoindre tous ces objectifs avec la  formation actuelle. L’enseignant doit pouvoir entrer dans une position de chercheur, émettre des hypothèses, afin d’avancer avec les enfants. Pour y arriver, il doit avoir une formation rigoureuse à la recherche et donc une formation plus longue

Déterminer 5 compétences prioritaires pour exercer le métier d’enseignants dans une école inclusive

1) Les compétences relationnelles : L’enseignant doit pouvoir travailler la question relationnelle avec lui-même mais avec les autres partenaires.

2) Aptitudes de recherche : S’informer, questionner les autres professeurs ou les parents. Quelles sont mes forces ? L’enseignant qui se pose cette question suppose qu’il connaît ses ressources et ses limites.

3) Compétences d’observations : L’enseignant doit être formé à observer l’enfant de telle manière à pouvoir détecter ses capacités et ses difficultés ; savoir détecter les problèmes d’apprentissage et y remédier.

4) Capacité d’animation : L’enseignant doit s’ouvrir à l’environnement de l’enfant et essayer d’avoir une autre vision que l’enfant en tant qu’élève. Il doit pouvoir faire preuve de créativité.

5) Les savoirs : Il faut approfondir les processus d’apprentissage. Plus insister dans la formation sur le fait que « tout enfant est capable » ! L’enseignant doit avoir des repères sur le développement de l’enfant.

L’enseignant doit avoir une formation de généraliste !

Contrat stratégique : L’idée est bonne, mais bien trop courte… !!!

Contrat stratégique : L’idée est bonne, mais bien trop courte… !!!

L’éducation est, avant tout, un droit de l’enfant.

 Des valeurs humanistes …

Critiqué, démonté, vilipendé par beaucoup, le projet de Contrat stratégique de la Ministre de l’enseignement, Marie Arena, a été la cible de groupes divers, parfois les plus extrêmes, souvent partisans, corporatistes voire carrément poujadistes. Ceux-là défendent des intérêts divers, souvent personnels mais oublient, qu’en réalité, ce projet est destiné, avant tout, aux enfants. Il nous paraît donc important de rappeler, avant sa rédaction finale, que l’enseignement est un droit de l’enfant et donc que le rôle de l’école doit être de rendre accessible à tous les enfants le bagage de connaissances et de compétences nécessaires pour appréhender le monde et pour participer activement à sa transformation vers plus de justice.

Dans cet esprit, le projet de Contrat stratégique est, jusqu’ici, porteur de valeurs égalitaires qui ne peuvent que réjouir les défenseurs des droits humains et en particulier des droits de l’enfant. Aussi, il nous semble important d’insister prioritairement sur les qualités du projet.

L’idéologie égalitaire du contrat stratégique ne peut que nous réjouir. Elle prend acte des inégalités présentes dans l’enseignement en Communauté française et a la volonté d’y remédier. Pour la première fois un gouvernement dit clairement qu’il veut réinvestir dans enseignement primaire. Le fondamental, nous tenons à le rappeler, commence en première maternelle. Il est le parent pauvre de notre enseignement obligatoire. Alors qu’il est sensé poser toutes les bases, il est nettement sous-financé par rapport à l’enseignement secondaire. Réinvestir massivement dans le fondamental est la condition première d’une réussite dans le secondaire de transition mais également pour donner la même égalité de chance à tous dans la vie.

Nous sommes loin de la prétendue utopie vilipendée par les réactions au projet de Contrat stratégique. En effet, il est loin d’être utopiste d’exiger de l’Ecole qu’elle mène tous les jeunes à atteindre un niveau élevé, ni que 100 % des élèves doivent obtenir leur certificat d’étude de base. Il est également loin d’être utopiste d’instaurer un tronc commun afin de retarder le plus tard possible la sélection et d’éviter les relégations. Ce système existe à l’étranger où il fonctionne parfaitement. Il s’agit simplement de droits de l’enfant. Depuis les années 60 et Piaget, on sait qu’il est faux de penser que certains élèves sont doués pour les études et d’autres pas[1].

Le principe d’inégalité des chances est un principe fasciste, intolérable dans un Etat de Droit, qui doit être combattu par tous les démocrates !

… mais des miettes de bonnes idées

Malgré ces bonnes intentions, le projet de CS nous laisse sur notre faim. En terme de programme, il ne propose pas grand-chose. Il s’agit essentiellement d’un saupoudrage de « bonnes idées ultra timides ». Sans entrer dans les détails, épinglons néanmoins quelques points exemplatifs de notre propos :

  • Le tronc commun: celui-ci ne doit pas se limiter au premier degré de l’enseignement secondaire de transition mais doit être étendu jusqu’à 16 ans (4e année du secondaire de transition) et comprendre une formation pluridisciplinaire, c’est-à-dire générale, technique, artistique et sportive identique pour tous, ceci afin de retarder le plus tard possible la sélection et d’éviter les relégations. Il est contraire aux droits de l’enfant d’orienter précocement ceux qui mettent plus de temps que les autres à acquérir les savoirs. Chacun a le droit de prendre le temps pour mûrir un projet de Vie. Exiger d’un enfant qu’il fasse ce choix avant 16 ans est un déni de droit !
  • La diminution du nombre d’élèves à 20 de moyenne par classes pour les deux premières années du primaire : Aux dires de la Ministre, c’est déjà la moyenne. Où est le progrès ? L’effort doit être porté sur les premières années du primaire. 15 élèves par classes au premier degré doit être l’objectif à court terme.
  • Volonté de remédiation immédiate: Il importe d’apporter la remédiation au moment même où l’enfant en a besoin. Cela nécessitera un engagement important d’enseignants spécialistes des difficultés d’apprentissage, et d’encadrants professionnels : logopèdes, spécialistes de la dyslexie, dyscalculie, maîtres d’adaptation à la langue … Comment cela sera-t-il possible puisqu’aucune augmentation de l’enveloppe budgétaire n’est prévue ?
  • Gratuité progressive. Pourquoi progressive ? Il nous semble, en outre, que ne demander qu’à l’école de veiller à cette gratuité est insuffisant. La piscine, l’accès à la culture (musées, parcs à thème, connection à Internet, théâtre, …), transports publics, sont des domaines où la gratuité doit être la règle pour les écoles.
  • La concurrence entre établissements scolaireset les filières de hiérarchisation sont de la ségrégation à l’état pur, un réel apartheid scolaire. Nous rappelons qu’un enfant a le droit de se construire dans son milieu de Vie et non être contraint à faire des kilomètres pour trouver une école. L’hétérogénéisation de tous les établissements doit être programmée selon un calendrier   Tous les établissements scolaires doivent recevoir les moyens de permettre à chaque enfant d’arriver au même niveau que les autres, en bannissant toute discrimination socioculturelle et avec un objectif d’hétérogénéisation.
  • 2013. Nous sommes conscients que les changements indispensables à la réforme de notre enseignement nécessitent un phasage mais c’est dès aujourd’hui que des enfants sont en difficultés scolaires, et il y a lieu de mettre en place des mesures transitoires afin de sauver ceux qui peuvent l’être encore. On en peut faire une croix sur 272 000 jeunes wallons[2] et bruxellois qui seront, si rien ne change, irrémédiablement condamnés à n’avoir aucun diplôme pour aborder la vie. Ce plan stratégique se définit comme étant à moyen et long termes, alors que nous sommes dans l’urgence et ce, depuis des années. Une réelle volonté politique de résorption des inégalités doit être mise en place en priorité.

Les enfants les plus fragiles

Nous nous étonnons que le Contrat stratégique se soucie peu des enfants les plus fragiles, malades ou handicapés.

En effet, ceux-ci sont considérés comme quantité négligeable, comme si le statut qui leur était réservé par la société actuelle, c’est-à-dire d’être mis en marge de celle-ci, ne méritait pas d’autres considérations. Un projet humaniste se doit de commencer par les plus fragiles. Dans le Contrat stratégique ils restent marginalisés.

En effet, une seule page sur les 78 que comprend le projet de Contrat stratégique traite de l’enseignement spécialisé, et encore, pour le considérer comme une structure spécifique à l’écart de l’enseignement ordinaire, à partir duquel certains doivent passer s’ils veulent entrer dans me cadre du système éducatif.

Une société qui se voudrait égalitaire, humaniste et progressiste se doit de donner à chacun le maximum de chances dans la vie. A commencer par pouvoir se construire dans son tissu social. Au contraire de ce principe basique, notre système scolaire oblige ces enfants à passer plusieurs heures, chaque jour, dans des transports scolaires abrutissants pour se rendre dans l’école la plus proche – souvent lointaine, adaptée à leur problématique. Il en ressort des situations inégalitaires. Il y a lieu d’enrayer la discrimination en adaptant le système à l’enfant et non uniquement l’enfant au système.

L’égalité des chances et le droit à la participation sociale de la personne handicapée, supposent une Ecole pour Tous et pour Chacun, quel que soit le niveau d’enseignement et de formation, et ce tout au long de la vie.

Une éducation en milieu ordinaire est un principe de base pour l’Ecole pour tous et chacun.

Les Etats membres doivent adopter une législation garantissant à tous les enfants en âge scolaire et à tous les adultes, le droit d’accéder à un système d’enseignement ordinaire. »

 Charte de Luxembourg, novembre 1996

 Tout enfant a le droit d’être scolarisé avec un projet scolaire dans lequel il trouve sa place et qui réponde adéquatement à un ensemble d’exigences propres à ses besoins. L’intégration au travers de la scolarité est un moyen pour atteindre l’intégration sociale au sens large et vise à terme une société ouverte et accessible à tous.

Nous demandons donc que le Contrat stratégique pour l’Education comprenne une réelle politique d’intégration de tous les enfants handicapés ou malades chroniques en tenant compte, par ailleurs, des engagements internationaux pris par la Communauté française de Belgique.

[1] 34 % des enfants quittent l’enseignement avant la fin du secondaire, sans diplôme, hypothéquant leur intégration sociale et influençant leur vie entière.

[2] L’intelligence se construit. Il est faux de penser que certains élèves ne sont pas faits pour des études. Ce qui distingue le plus les élèves c’est leur vitesse d’apprentissage. La qualité de l’apprentissage réalisé n’a aucun rapport avec le temps mis pour y arriver. (Que savons-nous ? Marcel Crahay)

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