Colloque – 24 avril 10 : « une école pour tous ? Quelles formations pour les enseignants »

Aujourd’hui, nous nous devons de construire l’Ecole du 21ème  siècle. Depuis 20 ans, la Convention des Droits de l’Enfant a fait de l’Ecole un Droit pour tous les enfants, quelles que soient leurs difficultés physiques ou mentales, leurs problèmes d’apprentissages, leurs différences culturelles ou sociales. La récente Convention relative aux Droits de la Personne handicapée impose aux Etats signataires (et donc, la Belgique) de mettre en place un enseignement inclusif.

Autrement dit, une Ecole où toutes les différences se côtoieront, qu’elles soient physiques ou mentales, culturelles ou sociales. Les différents types d’enseignements (spécialisé et ordinaire) seront ainsi appelés de plus en plus à travailler ensemble et, à terme, à ne plus faire qu’un dans l’Ecole inclusive ! Il ne s’agit nullement de supprimer l’enseignement spécialisé. Bien au contraire, l’objectif est de faire de tous les enseignants, et au-delà de toutes les écoles, de vrais spécialistes des difficultés d’apprentissage.

Ce colloque a eu pour objectif d’aborder la problématique de la formation des enseignants dans l’optique d’une Ecole inclusive. L’école inclusive devra donc être l’école de tous, avec des enseignants spécialisés dans la détection et la remédiation des difficultés d’apprentissage de tous les enfants, au-delà des différences. Cela nécessitera aussi d’admettre et gérer le fait que chaque enfant est unique et a sa propre façon d’apprendre.

Intervenants

Didier Duray, conseiller adjoint Enseignement fondamental et secondaire Spécialisé au cabinet de la Ministre Marie-Dominique Simonet,  ministre de l’enseignement fondamental.

Actuellement, 3 solutions de scolarité s’offrent aux enfants en situation de handicap : l’enseignement ordinaire, l’enseignement intégré et l’enseignement spécialisé. L’enseignement intégré s’est vu renforcé avec le nouveau décret intégration, voté le 5 février 2009. Cette année, 511 enfants bénéficient de cette formule.

La formation initiale doit pouvoir s’adapter tant aux étudiants qu’à la réalité de terrain. Des pistes de solutions tels que le parrainage des aînés, une clarification des stages dans l’enseignement spécialisé, une approche différente des parents, une révision des manuels scolaires sont évoquées. L’orthopédagogie doit faire partie de la formation de tout futur enseignant. Celui-ci doit avoir une connaissance des difficultés lui permettant d’y remédier ou d’orienter l’enfant de manière précise.

« En classe vers une école pour tous », par Monique Deprez, Chargée de cours – Service d’orthopédagogie – UMH

1914, 1970 et 1997 sont des dates phares dans l’histoire de l’enseignement. La dernière, est l’année du décret mission que beaucoup d’enseignants n’ont jamais lu. Parmi les missions de l’école, nous retrouvons l’émancipation sociale, la  confiance en soi, le fait de prendre sa place dans la société. La pédagogie différenciée y est introduite, à savoir une pédagogie dont l’optique est de tenir compte des différences individuelles pour y adapter une diversité de situations pédagogiques. Elle a pour but de permettre à chacun la meilleure réussite dans ses apprentissages.

Des pistes de réflexion permettant d’améliorer sont envisagées : il est clairement utopique de vouloir informer le futur enseignant sur l’ensemble des pathologies. Par contre, on peut leur apprendre à s’informer, les orienter, leur donner les ressources pour les informer. Une sensibilisation au handicap est primordiale, beaucoup de gens n’ont pas eu de contacts avec une personne vivant une situation de handicap. Il s’agit de favoriser ces contacts, de diversifier les lieux de stage et donner l’occasion aux étudiants d’aller voir ce qui se fait ailleurs.

Formation initiale ou continuée : 3 domaines pour une approche orthopédagogique (relationnel, cognitif, instrumental) par Geneviève Vandecasteele, inspectrice de l’enseignement fondamental spécialisé

L’accompagnement des enfants à besoins spécifiques est primordial. Chacun de ces enfants doit trouver un enseignement spécifique. Pour y arriver, il doit y avoir une valorisation de la formation des enseignants. Tout enseignant a la responsabilité de s’informer.

En termes de formation, l’enseignant n’a jamais fini d’apprendre. Dés le départ, il devrait pouvoir s’exercer, par exemple dans un genre de laboratoire. La formation devrait développer l’aspect de la réflexion et être envisagée selon 3 axes : se construire un parcours de formation individualisé en comptabilisant des modules dans les différents organismes de formation ; le cadre légale, institutionnel et éthique ; l’approche relationnelle et l’axe psychopédagogique

Dans les formations divers aspects doivent être abordés tels que le besoin d’écouter et de soutenir les parents, le soutien en équipe, apprendre à avoir des rapports avec des  professionnels extérieurs et de faire des rapports, apprendre à avoir et gérer une visite avec l’inspection, apprendre à recevoir des remarques  et donner son avis.

Les 10 ans de l’orthopédagogie. Qu’en retire-t-on ? Vers où va-t-on ? par Alain Dupont et Isabelle Montulet représentant les 4 écoles qui organisent la spécialisation en orthopédagogie.

L’ortho acteur est un acteur professionnel oeuvrant après de personnes qui rencontrent des difficultés d’apprentissage à n’importe quel moment de leur évolution et quel que soit le contexte. Il est susceptible d’émettre un avis quant à la mise au point, l’application et l’évaluation des interventions éducatives à la suite d’observation et sur base d’éclairage théorique. Il travaille en relation avec les membres de l’équipe …

L’année de spécialisation est centrée sur les différentes situations de handicaps. Elle se déroule en journée et se compose de cours, de stage, d’un travail de fin d’études et d’échange. Elle permet de travailler les motivations dés le départ. Au départ, les étudiants souhaitent approfondir connaître les difficultés, ils ne se sentent pas prêt à travailler ou veulent se spécialiser. Les étudiants ne sont pas spécifiquement des enseignants. Après, ils sont souvent engagés dans des structures spécialisées ou à public fragilisés. Ce qui est intéressant ce de voir l’étudiant  passer d’une conception centrée sur l’élève à celle centrée sur la personne. Cette formation touche une cinquantaine d’étudiants par an

La formation à l’école inclusive ne concerne pas que les enseignants, elle prépare au travail en réseau. Elle ne peut constituer une complémentaire mais doit faire partie de la formation de base.

Quelles formations faut-il pour pouvoir enseigner dans une école pour tous ? par Vincent Carette, Chercheur à l’unité de recherche des Sciences de l’Education (SSE) – ULB

Pourquoi l’école doit elle changer ? Pourquoi la formation des enseignants, doit elle changé ? En Belgique, plus l’âge des étudiants est élevé, moins il y a de formation pédagogique, pourquoi ?  Les enseignants ont en moyenne 3 journées de formation par an. La Belgique est un des 3 pays dans lequel la formation masterisée.  

Vers quelles professionnalisations ? On demande beaucoup de compétences à l’enseignant mais lui offre-t-on la formation ? Peut on rejoindre tous ces objectifs avec la  formation actuelle. L’enseignant doit pouvoir entrer dans une position de chercheur, émettre des hypothèses, afin d’avancer avec les enfants. Pour y arriver, il doit avoir une formation rigoureuse à la recherche et donc une formation plus longue

Déterminer 5 compétences prioritaires pour exercer le métier d’enseignants dans une école inclusive

1) Les compétences relationnelles : L’enseignant doit pouvoir travailler la question relationnelle avec lui-même mais avec les autres partenaires.

2) Aptitudes de recherche : S’informer, questionner les autres professeurs ou les parents. Quelles sont mes forces ? L’enseignant qui se pose cette question suppose qu’il connaît ses ressources et ses limites.

3) Compétences d’observations : L’enseignant doit être formé à observer l’enfant de telle manière à pouvoir détecter ses capacités et ses difficultés ; savoir détecter les problèmes d’apprentissage et y remédier.

4) Capacité d’animation : L’enseignant doit s’ouvrir à l’environnement de l’enfant et essayer d’avoir une autre vision que l’enfant en tant qu’élève. Il doit pouvoir faire preuve de créativité.

5) Les savoirs : Il faut approfondir les processus d’apprentissage. Plus insister dans la formation sur le fait que « tout enfant est capable » ! L’enseignant doit avoir des repères sur le développement de l’enfant.

L’enseignant doit avoir une formation de généraliste !

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