Le monde actuel est basé sur
l’inégalité. De par notre système économique, une petite partie de l’humanité
détient la grande majorité des richesses, et maintient l’état de faiblesse des
plus pauvres, en accroissant les différences : toujours plus riches d’un
côté, toujours plus pauvres de l’autre.
Les grands groupes du commerce
mondial évoluent dans un système privilégiant la recherche de profits
immédiats, dans le seul but de satisfaire leurs actionnaires. On ne compte plus
les effets pervers de ce système de recherche du profit, encouragé par
l’absence de régulation internationale. Les prix de production sont abaissés
grâce aux pressions exercées sur les populations les plus fragiles.
Quelle raison justifie le fait
qu’une relation commerciale favorise l’exploitation de populations, et
notamment des enfants ? Pourquoi risque-t-on la vie ou la santé d’autrui,
ainsi que la destruction de l’environnement tout en ayant conscience de ce que
cela induit pour les générations futures?
Pour commencer un peu d’histoire de Belgique
Au cours du XIXe siècle, notre pays a encouragé le travail des enfants. Les salaires y étaient tellement bas que les familles devaient envoyer leurs enfants travailler. Il a fallu attendre 1813 pour qu’il soit défendu de « laisser descendre ou travailler dans les mines et minières les enfants en dessous de dix ans ».
Pourtant, le nombre d’enfants mis
au travail est important. Ils sont soumis aux mêmes horaires que les adultes.
En 1846, le recensement de l’industrie dénombre, sur un total de 314.842
ouvriers, 66.385 qui ont moins de 16
ans. Toutefois ces chiffres ne reprennent pas la multitude d’enfants
travaillant à domicile ou dans l’agriculture. On les trouve dans tous les secteurs d’activités
(verreries, charbonnages, textile, métallurgie, travail à domicile,
domesticité…) travaillant aux mêmes horaires que les adultes et souvent admis
au travail dès l’âge de six ans .
Pendant des décennies, les
tenants du libéralisme économique et leurs très riches amis industriels
repousseront toute idée de réforme du travail des enfants sous prétexte que ce
« serait ruineux pour l’industrie, attentatoire aux droits du père de famille,
plus intéressé à la conservation de son enfant, plus apte à juger de ses forces
que quiconque ». Il est vrai que le «
large » salaire versé aux pères de famille ne leur laissait pas vraiment le
choix.
Enfin, la loi du 31 décembre 1889
interdit le travail des enfants de moins de 12 ans et limite le travail des
jeunes de 12 à 16 ans (21 ans pour les filles) à 12 heures par jour. S’il reste
des dérogations pour le travail de nuit, c’est un premier pas. Malheureusement,
elle se limite aux travaux dangereux (manufactures, carrières, charbonnages, …)
et épargne les autres secteurs. Cela aura pour conséquence de déplacer le
travail des enfants vers ces secteurs non protégés.
Vingt-quatre ans plus tard, 19
mai 1914, la loi sur l’instruction gratuite et obligatoire pour tout enfant âgé
de 6 à 14 ans est promulguée. Le travail de ces enfants est interdit mais reste
largement contourné, notamment dans le secteur agricole ou la main d’œuvre
enfantine est une aide précieuse. La fixation des grandes vacances en juillet
et en août n’avait pas que le but de permettre aux classes aisées de la société
de partir en villégiature, mais c’était également lié au travail rural : « Les
enfants de paysans étaient appelés aux travaux dans les champs lors des
récoltes et il n’était pas question d’aller à l’école à cette période. Ils y
allaient plutôt en hiver »
Afin de contrer l’augmentation du
chômage qui sévissait dans les années 30, un arrêté royal
« permet un prolongement partiel de l’instruction
obligatoire. Ainsi dans les régions industrielles, les jeunes de 14 à 16 ans
qui ont interrompu leurs études et n’ont pas trouvé d’emploi doivent suivre un
enseignement du jour à temps plein. ». Mais ce ne sera que dans les années 70 que
l’on prolongera l’obligation scolaire jusque 18 ans.
La législation actuelle interdit
le travail des enfants de moins de 15 ans et l’obligation scolaire démarre à 5
ans et prend fin au 30 juin de l’année calendrier au cours de laquelle le jeune
atteint l’âge de 18 ans . A partir de 15 ans, les étudiants peuvent conclure un
contrat d’occupation étudiant.
Pour les mineurs de moins de 15
ans, il existe certaines exceptions à l’interdiction générale de travail. Il
s’agit exclusivement d’ activités qui rentrent dans le cadre de l’éducation ou
de la formation des enfants et exceptionnellement, des activités pour
lesquelles une dérogation est accordée (métiers du spectacle, de la musique, de
la publicités, de la mode, …).
Mais nous ne devons pas rêver. Le
travail des enfants a encore de beaux jours devant lui dans notre pays. On voit
régulièrement des enfants aider leurs parents dans les entreprises familiales,
pendant les congés ou les WE. En mai 2019
une pizzeria voit débarquer en plein service (20h55), un petit peloton composé
de l’Inspection sociale, de l’Onem, du Service public de Wallonie et de
policiers fédéraux. Il est constaté que deux enfants sont au travail. L’une
(appelons-la Greta) est debout, près du lave-vaisselle, une serviette à la
main. Elle a 12 ans. Sa sœur (appelons-la Martine), 15 ans, note les commandes
téléphoniques derrière le comptoir. Leurs parents sont présents: ils sont les
gérants de la SPRL qui exploite la pizzeria, et y travaillent[1].
La traite des enfants en vue
d’exploitation sexuelle existe dans notre pays. On n’en connaît pas le nombre.
Un des
phénomènes de plus
en plus répandu
de traite des
enfants à des
fins sexuelles – plus particulièrement d’adolescentes -, est celui des «
loverboys » ou proxénètes d’ados[2]. Il s’agit, ni plus ni moins, de « trafiquants d’êtres humains qui
rendent les adolescents
dépendants afin de
les exploiter ensuite
dans la prostitution –
ils utilisent pour
ce faire le
mensonge, la contrainte,
la violence physique
et psychologique ou abusent
de la vulnérabilité
de leurs victimes[3]
»
Enfin, dans certaines familles
les filles sont tenues d’aider au ménage, à la cuisine, sans le moindre repos,
alors que leurs frères en sont dispensés. Ce travail-là n’est ni comptabilisé,
ni sanctionné car il est tenu secret.
Et, dans le monde ?
Le travail des enfants diminue mais y mettre fin reste un défi
considérable
Selon
l’Organisation internationale du Travail (OIT) le terme «travail des enfants» est souvent défini comme un travail qui
prive les enfants de leur enfance, de leur potentiel et de leur dignité, et qui
nuit à leur développement physique et mental. Il s’agit d’un travail qui:
est mentalement, physiquement, socialement ou
moralement dangereux et nocif pour les enfants; et/ou
interfère avec leur scolarité en les privant de la
possibilité d’aller à l’école; les oblige à quitter l’école prématurément; ou
les oblige à essayer de combiner la fréquentation scolaire avec un travail
excessivement long et lourd[4].
En anglais, on utilise deux
expressions pour désigner le travail des enfants : child labour qui correspond à la définition ci-dessus et child work qui désigne les formes non
nuisibles pour l’enfant. Si la plupart des pays condamnent les pires formes de
travail des enfants, certains considèrent qu’il faut reconnaître l’enfant comme un acteur économique à part entière[5].
Ils se basent sur l’article 3 de la Convention internationale des Droits de
l’Enfant qui précise que Dans toutes les
décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions
publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités
administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant
doit être une considération primordiale[6].
Ils défendent le libre droit au travail des enfants et militent pour que ce
dernier soit mieux encadré. En effet, dans certains pays le travail est une
nécessité pour survivre et donc pouvoir se développer.
Entre l’estimation du travail des
enfants faite par l’OIT en 2000 et celle de 2016, le nombre d’enfants astreints
au travail des enfants est passé de 246 millions à 152 millions et celui des
enfants dans les travaux dangereux de 171 millions à 73 millions[7].
Pour la majorité on les retrouve dans les pays du Tiers Monde, d’Asie,
d’Afrique ou d’Amérique du sud, mais aussi en Europe où près de 2 millions de
jeunes de 15 ans ou moins sont au travail chaque jour. Notamment au Royaume
Uni, en Allemagne, en Italie ! On estime que 40 millions d’enfants
travaillent en Inde, 5 millions aux Philippines…
Les garçons représentent 58 % des
enfants qui travaillent mais il est plus que probable que ces chiffres
sous-estiment le travail effectué par les filles car e dernier est moins
visible et sous-déclaré. (par exemple, le travail domestique chez des tiers,
les tâches domestiques chez elles, …)[8].
Les secteurs employant les jeunes sont très variés, mais les conditions de travail sont presque partout identiques.
Quelques exemples :
En Tanzanie, 80 % de la
population vit avec moins de 2 $ par jour. 70 % des enfants de 5 à 17 ans
travaillent. Ceux qui œuvrent dans les plantations connaissent une norme de 11
heures par jour. D’autres travaillent dans les mines ou se prostituent[9].
En Malaisie, des enfants, exposés
aux dangereux animaux de la jungle, sont forcés de travailler 17h par jour dans
des plantations de caoutchouc.
Un mineur de fond en Colombie,
âgé de 14 ans, passe la journée sous une profondeur moyenne de 100 mètres, dans
une atmosphère irrespirable.
En Thaïlande, certains petits
doigts passent plus de 15 heures assis par terre à écailler des crevettes.
En Inde, les enfants subissent
les vapeurs toxiques dans des fabriques de verre non aérées.
L’agriculture est le secteur qui
emploie le plus d’enfants. Ceux-ci sont non seulement sous-payés (voire non
payés, juste de la nourriture), mais injustement exploités ; par exemple à
travail égal, ils ne reçoivent que la moitié de la paie d’un adulte.
Dans le secteur textile, en Inde,
au Pakistan comme au Népal, les enfants sont utilisés parfois jusqu’à 20h par
jour, 7 jours par semaine dans des conditions inacceptables : ils sont
logés dans une pièce qui sert à dormir et à manger mais qui n’est pas
suffisamment aérée, et qui est souvent très empoussiérée. Ce manque de confort
élémentaire cause de graves problèmes respiratoires ainsi que des déformations
de la colonne vertébrale.
N’oublions pas l’Europe, car toutes les régions du monde sont touchées par ce fléau. Comme le rappelait Nils Muižnieks, ancien Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe en 2013, « Selon des recherches menées par l’ONU, en Géorgie, 29 % des enfants de 7 à 14 ans travaillent. En Albanie, cette proportion est de 19 %. Le Gouvernement de la Fédération de Russie estime que le nombre d’enfants au travail dans le pays pourrait atteindre 1 million. En Italie, une étude de juin 2013 indique que 5,2 % des mineurs de moins de 16 ans travaillent. Sur la plupart des autres pays, aucun chiffre n’est disponible. Nombre des enfants qui travaillent en Europe sont employés à des activités extrêmement dangereuses dans les secteurs de l’agriculture et du bâtiment, dans de petites fabriques ou dans la rue. Ce phénomène a été observé, par exemple, en Albanie, en Bulgarie, en Géorgie, en Moldova, au Monténégro, en Roumanie, en Serbie, en Turquie et en Ukraine.
Dans l’agriculture, les enfants peuvent être affectés à des tâches qui impliquent d’utiliser des machines et des outils potentiellement dangereux, de soulever de lourdes charges ou encore de répandre des pesticides nocifs. Travailler dans la rue expose les enfants aux abus et à l’exploitation. En Bulgarie, le travail des enfants est apparemment très courant dans l’industrie du tabac, où des enfants peuvent travailler jusqu’à 10 heures par jour. En Moldova, des contrats auraient été signés entre des directeurs d’établissement scolaire et des fermes ou des coopératives agricoles, en vertu desquels les élèves doivent participer aux travaux de récolte. Le travail des enfants risque aussi de se développer dans les pays durement frappés par des mesures d’austérité : Chypre, la Grèce, l’Italie et le Portugal. De nombreux enfants auraient également des horaires de travail très lourds au Royaume-Uni.Dans toute l’Europe, les enfants roms sont particulièrement menacés. Un autre groupe très vulnérable est celui des migrants non accompagnés de moins de 18 ans, originaires de pays en développement. »
Que peut faire le citoyen ?
Nous n’avons pas de leçons à
donner si nous laissons notre pays mais également des pays européens utiliser
de la main d’œuvre enfantine. Mais nous pouvons très certainement agir à notre
niveau, chacune et chacun, individuellement.
Sur le plan national, nous devons
dénoncer auprès des autorités compétentes (police, procureur du Roi, …) tout
travail des enfants, quel qu’en soit le lieu : familial, commercial,
agricole, …
Sur le plan international, chaque
consommateur occidental, adulte, adolescent, homme, femme ou enfant, manque
d’informations sur les conséquences de ses actes d’achat. Lorsque nous nous
procurons les aliments de première nécessité, se pose-t-on la question de
savoir par qui ont-ils été produits ?
Le commerce équitable peut-il
apporter une solution, peut-il éliminer le travail des enfants ? En tous
cas, il peut y participer. Rendez-vous dans notre dossier « Le commerce équitable, réponse pour une autre production ».
A suivre….
[1]
L’écho, 20 novembre 2019, Une amende de 3.600€ par mensualités, outre
l’indemnité de procédure de 1.440€. Cela représente combien de pizzas ?
[2]
Les « loverboys » sont
de jeunes hommes
qui utilisent la
séduction et la manipulation pour recruter leurs victimes,
CODE, 2017, Traite et exploitation sexuelle des enfants en Belgique : état de la situation et recommandations.
[3] Child
Focus (2016), « Chiffres et actus 2016 – Exploitation sexuelle des mineurs »
Les violences intrafamiliales touchant directement ou indirectement les enfants sont proportionnellement à la population belge au-dessus de la moyenne des pays européens. Malgré ce constat, les cas recensés ne sont que la pointe visible de l’iceberg.
En 2020, ces drames qui se déroulent à huis clos ont vu leur nombre exploser durant la période du confinement, suite à l’épidémie du coronavirus : le nombre d’appels au numéro vert 0800-30-030 « Écoute Violences Conjugales », pour la Belgique francophone, a rapidement doublé, puis triplé. Même chose pour le numéro d’appel équivalent en Flandre : les appels au numéro 1712 ont augmenté de 70 % durant le premier mois de confinement.
En temps ordinaire déjà, les professionnels comme SOS Enfants s’alarment et dénoncent depuis fort longtemps ce phénomène en expansion ainsi que le manque de moyens déployés pour la prise en charge des victimes. Un manque de moyens qui met la Belgique en opposition avec ces engagements nationaux et internationaux et qui s’apparente pour les victimes innocentes à une deuxième forme de maltraitance : la protection des enfants et le respect de leurs droits relèvent du devoir de l’Etat et de ses institutions qui sont normalement censés prendre les mesures nécessaires pour s’en assurer.
Face aux faibles mesures prises par les autorités et face à l’augmentation de ces violences, les professionnels de terrain poussent un cri d’alarme. Ils proposent de nombreuses recommandations dont l’objectif est de mieux prévenir ce phénomène aux conséquences incalculables pour les victimes, particulièrement pour les enfants.
Face aux faibles mesures prises par les autorités et face à l’augmentation de ces violences, les professionnels de terrain poussent un cri d’alarme. Ils proposent de nombreuses recommandations dont l’objectif est de mieux prévenir ce phénomène aux conséquences incalculables pour les victimes, particulièrement pour les enfants.
En période de confinement, les victimes piégées avec leur agresseur
Pendant le confinement imposé à la population, les victimes des violences intrafamiliales se sont senties isolées et piégées. Le « restez chez vous » n’était en rien une garantie de sécurité pour elles. Bien au contraire : la victime ne pouvant fuir, elle s’est retrouvée en permanence enfermée avec son agresseur qui a bénéficié de son impunité et de sa jouissance totale face à sa proie captive sous la main.
On a constaté une recrudescence de ces violences pas seulement en Belgique mais partout dans le monde. Une situation inquiétante confirmée par l’ONU : « Les mesures du confinement peuvent piéger les femmes avec des partenaires violents » a rappelé son secrétaire général António Guterres. Cette grande vulnérabilité accentuée à l’extrême par l’isolement des femmes et des enfants victimes a également été signalée par plusieurs associations et collectifs belges comme celui de lutte contre les violences familiales et l’exclusion (CVFE).
Face à l’explosion de ces cas de violences intrafamiliales, le 3 avril dernier, une réunion interministérielle fédérale a eu lieu durant laquelle une coordination nationale ainsi que les lignes d’écoute ont été renforcées.
Les maisons de justice qui soutiennent les victimes dans le suivi judiciaire et les centres de prise en charge de victimes de violences sexuelles sont restés ouverts de jour comme de nuit et ont également assuré un relais constant. Un hôtel a même été mis à leur disposition à Bruxelles.
Un problème de société
Le problème des violences intrafamiliales est un fléau contre lequel il est urgent de sensibiliser tous les acteurs concernés : on estime que 17 signalements de maltraitance sur enfant ont lieu chaque jour et 40.000 jeunes sont pris en charge chaque année par l’Aide à la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles dont 30% pour maltraitance.[1]
Ces chiffres, déjà trop nombreux, ne relèvent que les cas connus et signalés aux autorités. La grande majorité des violences intrafamiliales passent inaperçues et ne sont jamais comptabilisées.
Quand les enfants ne sont pas eux-mêmes victimes de ces violences, ils sont témoins de faits graves à très graves : en 3 ans, il y a eu 102 féminicides[2] en Belgique. Des drames qui, souvent, se déroulent en présence des enfants.
La Convention d’Istanbul et les mesures de lutte et de prévention prises par l’Etat fédéral
D’après les professionnels de la protection des droits des femmes et des enfants, l’Etat fédéral doit garantir le plein respect de ses obligations nationales et internationales. En 2016 par exemple, la Belgique a ratifié la Convention d’Istanbul qui est un texte du Conseil de l’Europe, l’organisation de défense des droits de l’homme au niveau européen. Cette convention vise à prévenir et lutter contre toutes les formes de violences à l’égard des femmes et contre toutes formes de violences domestiques.
Ces obligations concernent 4 axes, surnommés les « 4 P » : les politiques intégrées, la prévention, la protection et le soutien, ainsi que les poursuites.
Ce texte contraignant demande des changements au niveau du droit et donc la mise en conformité de certaines législations belges, aujourd’hui en contradiction avec la Convention d’Istanbul.
Il demande aussi des changements au niveau des services de soutien et d’accompagnement offerts aux victimes. Il prévoit un nombre et des moyens suffisants pour les services spécialisés et des refuges ainsi qu’une assistance financière à fournir aux victimes (article 20).
La précarité est malheureusement encore la règle. Elle est un grand frein pour les victimes voulant quitter une situation de violence afin de se protéger et de protéger leurs enfants.
En effet, les difficultés sociales et économiques exacerbent et prolongent encore plus ces violences intrafamiliales. Une femme battue par son mari et dépendante économiquement de lui, aura plus difficile à prendre la décision de le quitter ou de porter plainte, d’autant plus si elle a des enfants, sachant qu’elle devra repartir de zéro, sans logement et avec peu d’argent.
En somme, en signant la Convention d’Istanbul, L’État belge est normalement considéré comme responsable des faits de violences, au même titre que l’auteur des violences, s’il ne met pas en œuvre ce qu’il doit pour empêcher et ensuite pour poursuivre les auteurs de ces violences.
Que proposent les associations et autres acteurs de terrain dans leur plan de lutte contre ces violences ?
Malgré la gravité et l’urgence de la situation, les autorités compétentes belges peinent toujours à mettre tout en œuvre pour appliquer correctement la Convention d’Istanbul.
« – Une politique globale, cohérente, coordonnée entre tous les niveaux de pouvoir, financée avec des fonds fédéraux à la hauteur des enjeux :
– Une protection efficace de toutes les victimes, femmes et enfants, ce qui implique des directives claires et contraignantes au niveau de la justice et des services de police, et des moyens pour les appliquer.
– Une prise en charge des auteurs de violences conjugales pour éviter des récidives.
– Une politique de prévention, dans plusieurs domaines (médias, santé, enseignement, économie, sports, culture, éducation).
– Une attention particulière consacrée aux femmes et enfants les plus vulnérables (sans papiers, en situation de handicap, qui ne parlent pas français…) »
Cette proposition de plan est éminemment urgente pour mettre fin au sentiment d’impunité des bourreaux et pour protéger des ravages sur tous les plans, physiques, psychologiques et sexuels que causent ces maltraitances sur les victimes innocents.
Les conséquences dévastatrices de ces violences sur les enfants.
Les enfants se construisent en fonction des modèles qui leur sont présentés. Pour grandir de manière harmonieuse, un enfant a besoin d’amour et de limites pour le structurer, de respect et de sécurité. A l’inverse, l’enfant qui est régulièrement confronté à un contexte familial où dominent la peur, la colère, la culpabilité ou toute forme de violence, peut alors présenter de nombreuses difficultés de développement et souffrir de problèmes intériorisés tels que des troubles d’anxiété, la dépression, le retrait social ou une faible estime de soi.
Il peut aussi extérioriser et réagir avec impulsivité, hyperactivité, troubles de l’attention, agressivité ou même encore en tombant dans la délinquance. Avec un modèle parental empreint de violence, les enfants vont donc forcément être imprégnés de cette ambiance-là qui va se répercuter sur la construction de leur personnalité. Ils vont être systématiquement dans la reproduction des modèles auxquels ils ont été confrontés.
Victimes et otages de ces relations nuisibles, la violence qu’ils subissent va les « construire » de manière anxiogène. Qu’elle soit verbale ou physique, cette violence est au cœur de leur mal-être et suscite un sentiment d’insécurité aussi bien chez eux que chez les autres membres de la famille victimes comme eux. Ils apprennent que le mode de résolution des conflits familiaux passe par la violence.
L’Enfant qui voit le parent agresseur rentrer à la maison vit déjà une crise d’angoisse avant que l’agresseur n’ « entre en action ».
Il arrive que cette violence ne s’arrête pas avec la fin de la relation conjugale. Elle va continuer à s’exercer dans le rapport entre les deux parents. Le moment de la séparation est celui où le risque de violences est le plus élevé. C’est souvent le moment de passage à l’acte le plus grave, parfois meurtrier.
Les enfants, qu’ils soient directement témoins de la violence subie par leur mère ou qu’ils soient eux-mêmes maltraités, sont sujets à des troubles comportementaux et émotionnels liés à l’anxiété ou à la dépression avec des pensées suicidaires, 10 à 17 fois plus souvent que les autres enfants. 60% d’entre eux vont présenter du stress post-traumatique, que l’on retrouvera tout au long de leur vie d’adulte.
Ces enfants produisent du cortisol et de l’adrénaline à des taux beaucoup plus élevés que des enfants qui ne vivent pas dans un contexte de violence. Cela va engendrer chez eux des émotions exacerbées, des réactions d’impulsivité et d’agressivité. Ils risquent davantage des problèmes de décrochage scolaire, de tomber dans la délinquance, la drogue ou l’alcoolisme. Ils auront aussi du mal à identifier ou à comprendre les émotions des autres.
Sur le plan social et affectif , quelle que soit la nature de la maltraitance dont l’enfant a fait l’objet, il va se montrer davantage en retrait et dans l’évitement.
L’enfant en bas âge est bien plus exposé aux conséquences des violences que ses ainés, parce qu’il ne peut pas encore verbaliser et qu’il est totalement dépendant de l’adulte.
Un enfant maltraité qui fait l’objet de coups sait pertinemment qu’ils peuvent lui être fatals. L’expérience est terrorisante. Elle s’imprime en lui et reste sous forme de trace traumatique. Il aura tendance à rejouer ce scénario à l’image des scènes auxquelles il a assisté. Même si plus tard ces enfants n’auront plus un souvenir conscient de cette violence, ils en garderont toutefois une mémoire sensorielle qui va profondément se répercuter sur leur relation avec les autres.
Selon les estimations faites en 2012 par des études de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un 1 adulte sur 4 aurait été victime de violences sexuelles durant son enfance, dont une majorité de femmes. Comparativement aux autres femmes, celles ayant été victimes de violences sexuelles durant leur enfance auraient 7 fois plus de risques d’être dans un état de stress post-traumatique, 9 fois plus de risques de tomber dans l’accoutumance à l’alcool et aux drogues et près de 8,5 fois plus de risques d’être sujettes à un trouble de la personnalité.
De plus, le pourcentage d’hommes et de femmes souffrant de problèmes de santé et de conduites suicidaires est plus important chez ceux ayant déclaré des antécédents de violences sexuelles survenus avant l’âge de 15 ans.
Ces études révèlent également une forte proportion de personnes divorcées ou au chômage parmi les victimes Il y a donc corrélation entre le fait d’avoir subi des violences sexuelles durant l’enfance et celui d’avoir un plus faible statut socio-économique à l’âge adulte.
Conclusion
Les rapports de domination, de dépendance et d’emprise qui peuvent régner dans le foyer familial en font souvent des zones de non-droit où la violence s’exerce à l’abri des regards. Même si le confinement a été un catalyseur d’enfer pour les abus domestiques, les dépôts de plaintes ont fortement diminué durant la même période, car les victimes se sont retrouvés enfermés avec leur bourreau et ne pouvaient sortir.
Ces maltraitances ont donc toutes les chances de passer sous les radars car elles sont déjà compliquées à repérer d’habitude. De quoi s’alarmer encore plus sur ce qui se déroule habituellement dans ces huis clos familiaux.
Amnesty International et les associations de terrain estiment qu’il est plus que temps que ce problème devienne une préoccupation publique majeure et que l’on mette en œuvre les moyens pour prévenir ces abus intolérables et pour protéger les victimes.
Pour être efficaces, ces moyens doivent passer par une lutte contre la précarité socio-économique. En effet, si tous les milieux sociaux sont concernés, tous ne le sont pas à la même fréquence : la part des femmes victimes de violences conjugales se monte à 36‰ pour celles appartenant au 10% de ménages ayant les revenus les plus faibles, contre 8,3‰ pour celles appartenant aux 10% de foyers ayant les revenus les plus élevés. Plus clairement, les femmes et les enfants les plus pauvres sont 4 fois plus victimes de violences intrafamiliales que dans les familles les plus aisées.
Bernard De Vos, délégué général aux droits de l’enfant, dénonce le système actuel qui ne fonctionne pas correctement et dont « les lacunes sont multiples »[1]. Il rappelle que « de nombreux pays ont pris des législations contraignantes pour aller vers le respect intégral des enfants » et que la Belgique est particulièrement en retard en la matière.
On sait que les enfants qui vivent dans un climat de violence ont beaucoup plus de risques de devenir eux-mêmes victimes de violence, que leur développement physique, émotionnel et social est en danger. Leur cerveau ainsi que leurs développements nerveux et cognitif peuvent subir des dommages sévères à cause du niveau élevé de stress émotionnel vécu.
Il y a aussi de fortes probabilités que ce cycle de violence se répète : des études menées dans plusieurs pays indiquent que le taux d’agressions est plus important envers les femmes dont le mari a été maltraité quand il était enfant ou a grandi dans un climat de violence domestique.[2]
Mais on sait comment mieux protéger ces enfants. Cette protection passe d’abord par un espace de parole avec des adultes auprès de qui ils peuvent trouver écoute et protection. Ils ont besoin d’entendre que cette violence n’est pas une fatalité, qu’elle est inacceptable, qu’elle peut s’arrêter et qu’il existe des moyens non-violents pour résoudre les conflits.
[4] Indermaur, David, ‘Young Australians and Domestic Violence’, Trends and Issues in Crime and Criminal Justice, No. 195, Canberra, 2001; Ehrensaft, Miriam K., et al. ‘Clinically Abusive Relationships in an Unselected Birth Cohort: Men’s and Women’s Participation and Developmental Antecedents’, Journal of Abnormal Psychology, vol. 113, no. 2, 2004, pp. 258-271; OMS, ‘Rapport mondial sur la violence et la santé’, ed. By Krug, Etienne G., et al., Genève, 2002; Kyu, Nilar et Atsuko Kanai, ‘Prevalence, Antecedent Causes and Consequences of Domestic Violence in Myanmar’, Asian Journal of Social Psychology, vol. 8, no. 3, 2005, p. 244.
Sources :
L’enfance face à la violence dans le couple, Karen Sadlier, 2014
La violence conjugale. Développer l’expertise infirmière, Hélène Lachapelle et Louise Forest, Presse de l’université du Québec, 2000
Si la place des
parents dans l’institution scolaire a évolué au fil du temps, elle n’a cessé d’être
un questionnement pour tous les acteurs éducatifs concernés. Le discours sur la
démission des parents est récurrent et vise particulièrement les familles
populaires les plus démunies face à la scolarité de leurs enfants.
L’investissement
scolaire des parents ne semble pas suffisamment conforme aux attentes de
l’institution scolaire et des enseignants qui attendent que les parents soient
des auxiliaires de l’école, capables de prolonger et de renforcer son action
éducative. Ils déplorent qu’une partie des parents ne signe pas le journal de
classe, ne vient pas aux réunions de l’école, n’aide pas assez les enfants dans
les tâches scolaires.
Dès lors et avec tous ces signes concordants, pour de nombre de politiques, de médias, d’éducateurs, de professionnels de l’école et même de certains parents qui en jugent d’autres, il ne faut pas chercher plus loin : c’est bien la faute aux familles qui font mal leur boulot de parents. Leur « démission » apparaît donc évidente.
DEVELOPPEMENT
Pendant longtemps,
l’École n’avait pas d’attente vis-à-vis des familles, tout simplement parce
qu’elle cherchait à sortir les enfants de leur milieu social et culturel peu érudit
pour en faire des citoyens instruits, sans le concours de leurs parents.
A partir du début
des années 70, la massification de l’enseignement ne
s’est pas accompagnée de sa démocratisation, engendrant une problématique
nouvelle, celle de l’échec scolaire. Face à la difficulté de faire réussir tous
les enfants, la question de la place et du rôle des parents a pris une place
croissante.
Ceux-ci ont alors
été reconnus comme membres de la communauté éducative avec, en contrepartie, l’injonction subliminale de suivre la scolarité de leur enfant de manière
assidue et efficace. Ce qui n’a pas été véritablement suivie d’effet, au regard
des professionnels de l’éducation.
Pourquoi certains parents ne
cherchent-ils pas à s’investir plus, même quand ils y sont « incités » ?
L’explication la plus commode, qui élude la remise en question de l’échec de
notre système éducatif, est trop souvent celle de la démission parentale. Les parents sont perçus comme responsables de
l’échec de leur enfant. Il s’agirait donc
de parents qui ne s’investiraient pas suffisamment dans le suivi et
l’encadrement scolaire de leurs enfants.
Devenue une représentation sociale culpabilisante, la « démission
parentale » est fortement vécue comme stigmatisante
et injuste par les parents concernés. En effet, dans
l’imaginaire collectif, elle est synonyme pêle-mêle de laxisme et de mauvaise
maîtrise des savoirs éducatifs. La personnalité des parents, leur manque de savoir-faire
ou encore leurs problèmes de couple seraient à l’origine des difficultés
scolaires de l’enfant. Dans de
telles conditions, comment demander à des familles qui se sentent négativement
perçues par l’école d’y entrer et d’y trouver leur place ?
Au contraire, la
recherche montre la place centrale qu’a l’école pour les familles populaires.
Celles-ci ont bien compris qu’avec le chômage et la précarité qui les frappent,
non seulement l’école offre la chance principale de levier social pour leurs enfants,
mais aussi qu’elle ne peut être négligée sans courir un risque d’être
socialement disqualifiées.
L’inquiétude des
familles concernant les résultats scolaires de
leurs enfants se traduit par de nombreuses tentatives de
mobiliser diverses ressources comme les écoles des devoirs. Ceci démontre bien
l’implication de ces parents issus de milieux défavorisés qui n’ont souvent ni les moyens financiers de payer des cours privés, ni les
compétences pour aider leurs enfants, ni les codes de l’école nécessaires pour
faire face aux difficultés scolaires. Quel parent ne
voudrait-il pas voir son enfant réussir sa vie scolaire ou ne verrait pas,
dans la réussite de son enfant, la preuve de sa propre réussite
éducative ?
Il est un constat
assez parlant de cet engagement parental. Depuis de nombreuses années, il est pour
ainsi dire devenu impossible de trouver une place dans
les 346 écoles de devoirs[1] en Fédération
Wallonie-Bruxelles. Les listes d’attente s’allongent au grand dam des familles
angoissées.
On retrouve la même
tendance à incriminer les parents dans les cas de délinquance. Les parents
seraient incapables de contenir et de prévenir les premières dérives des
jeunes.
Pourtant une étude de la sociologue Laurence Giovannoni[2] montre que le mode éducatif en jeu dans l’accusation
de « démission parentale » ne constitue qu’un facteur parmi d’autres dans le
processus de délinquance juvénile. Il se combine à d’autres déterminants
sociaux, tels une situation socioéconomique difficile et un rapport conflictuel
et douloureux à l’institution scolaire.
L’étude souligne que plus d’un quart des familles de mineurs délinquants
présente « un bon cadre éducatif ». Un autre quart des familles étudiées
rencontre des difficultés relationnelles. Elles ne peuvent cependant pas être
désignées comme « démissionnaires », dans la mesure où elles font explicitement
appel, comme évoqué plus haut, aux structures d’assistance éducative. Ces
parents se trouvent souvent démunis face à l’influence des autres élèves, face
à la personnalité propre à leur enfant, à leurs difficultés à gérer sa période
d’adolescence et aussi à leur manque de dialogue avec le corps enseignant[3].
Pour mieux comprendre cette
représentation de « parent démissionnaire », tournons-nous vers son exact
opposé, le parent méritant :
Toujours souriant, toujours à
l’heure, impliqué dans l’éducation de son enfant et dans sa scolarité, sans
jamais être envahissant, disponible, mobilisé, impliqué, le parent méritant a
un travail. Ceci est important car, grâce à ce travail, il ne va pas étouffer
son descendant de sa présence. Un travail valorisant et à responsabilités pour
que son enfant puisse avoir un modèle sur lequel se projeter. Mais cette activité
ne lui prend pas trop de temps non plus, afin qu’il puisse consacrer à son enfant
un temps suffisant pour son développement et son équilibre affectif.
Le parent reçoit en retour les fruits
de son investissement. Son enfant est poli, intéressé par l’école, ses devoirs
sont toujours faits, ses cahiers bien tenus, il n’oublie jamais ses affaires,
dort suffisamment toutes les nuits, ne s’ennuie jamais en classe, ne bouscule
pas ses camarades, mange des fruits et légumes tous les jours. Idéalement,
l’enfant pratique également un certain nombre d’activités extrascolaires mais
sans que cela n’empiète sur son temps de classe.
Bref, l’idéal type du parent méritant
est cadre, avec des moyens financiers et culturels conséquents mais avec un
emploi du temps suffisamment léger pour ne pas être un parent absent.
Inutile de dire que la représentativité
de ces « parents idéaux » dans l’ensemble de la population scolaire
est nettement minoritaire[4], voire inexistant.
A l’opposé, on
constate que la grande majorité des parents ne dispose pas du temps suffisant, du
fait des conditions de vie professionnelles et familiales précaires et
contraignants. A cet aspect s’ajoute la modestie relative du capital culturel
effectivement mobilisable chez les parents peu instruits et/ou en situation de
pauvreté qui les rend tout simplement incapables de soutenir leurs enfants autant
que l’école attend d’eux. C’est encore plus le cas dans les familles
primo-migrantes qui ne maîtrisent pas le français et ne connaissent pas le
fonctionnement de l’école.
Loin d’être « absents » ou
« démissionnaires », ces
parents doivent lutter, souvent au quotidien, pour subvenir aux besoins
primaires de leur famille.
Jeter la pierre sur ces parents contribue à cacher le vrai problème de
notre système éducatif en Fédération Wallonie-Bruxelles qui est fortement
inégalitaire. Les difficultés scolaires sont liées, en grande partie, à
l’origine socio-économique des élèves : 74 % des élèves de 16 ans issus de milieux moins
favorisés accusent un retard scolaire contre 35% dans les familles plus
favorisées[5].
Philippe Meirieu le
disait très bien en 1997 déjà : « Nos
villes, nos écoles et nos jeunes sont ainsi traversés par une frontière
Nord-Sud. Certains enfants vivent avec un cerveau à deux hémisphères sociaux.
L’un gère la pauvreté, les urgences de la survie immédiate, la débrouille au
moindre coût, la famille patriarcale ou matriarcale ; l’autre les mathématiques
et la physique (…)[6] »
Les mondes politique, économique et scolaire continuent de
fonctionner comme s’il y avait toujours un parent à la maison pour harmoniser
les horaires à une époque où le contexte social et économique leur impose de
travailler tous les deux. Et que dire des familles monoparentales ? Que
dire du ou des parents dont l’enfant est orienté vers l’enseignement spécialisé
sachant que l’offre d’établissements de proximité est aléatoire et impose
souvent de longs déplacements[7].
Deux parents qui travaillent doivent composer avec des rythmes scolaires
et professionnels très différents : l’école primaire impose un horaire,
l’école secondaire un autre et le travail de chaque parent en impose un autre
encore !
Des parents qui sont déjà suffisamment occupés de leurs côtés
et qui doivent s’occuper de jeunes dont l’identité ne se résume plus à celle de
l’élève et pour qui l’école n’est plus le centre d’intérêt principal. Ces
parents doivent alors gérer leur temps dans un espace-temps éclaté. Une brèche
dans laquelle s’est infiltrée la sphère marchande qui met enfants et jeunes en
valeur et surtout sous influence, en créant de nouveaux « besoins » de
consommation. Depuis plusieurs années déjà, un problème supplémentaire bouscule
un peu plus les rapports intrafamiliaux, c’est celui de la culture numérique. Smartphones,
tablettes, ordinateur, réseaux sociaux, jeux vidéo ont envahi le quotidien et le
temps des jeunes qui n’ont jamais été aussi connectés aux écrans et au monde
virtuel. Parallèlement, ils n’ont jamais été aussi déconnectés du monde réel:
selon un sondage Ifop réalisé en France en 2013 déjà, 78 % des jeunes des moins
de 25 ans se disent dépendants aux smartphones !
En Belgique comme en France, on parle maintenant de pratique invasive et même
addictive à l’écran au même titre que la drogue. Le problème est tel qu’il est
devenu un enjeu de santé publique (problèmes d’agressivité, de troubles de
sommeil, de vue, de stérilité,…). Une situation qui se répercute fortement sur
les rapports entre enfants et parents, créant de nouvelles sources de tensions
entre eux. Un nombre croissant de ces derniers se sente démunis au point
qu’on entend maintenant parler de burn-out parental. Selon une étude publiée en
novembre 2018 par la Ligue des familles[8], six famille sur dix déclarent avoir de
grosses difficultés à concilier leur vie de famille et leur vie professionnelle,
s’ils en ont une !
Nombreux sont les parents qui se sentaient déjà démunis
face à leur perte d’autorité car il convient de prendre en compte que « dans la majeure partie des cas, les
facteurs de pauvreté et d’environnement social sont déterminants : ce sont
eux qui ruinent la capacité de contrôle des parents [9]».
Avec tous ces
constats, peut-on encore sérieusement tenir ce jugement simpliste de « parents
démissionnaire »?
Les enseignants
semblent de plus en plus conscients de ces facteurs qui compliquent la fonction
parentale, surtout quand eux-mêmes sont confrontés à ces difficultés en tant
que parents. Grâce notamment au soutien entre autres des écoles des devoirs et
en général du tissu associatif qui favorise le dialogue entre enseignants et
parents, ceux-ci ne demandent qu’à être mieux informés sur les programmes et
les objectifs pédagogiques de l’école avec un langage accessible pour eux.
Face à toutes les
difficultés qu’éprouvent les familles à assumer leur rôle, face aux diversités grandissantes des formes
de familles qui vont de la monoparentalité à l’homoparentalité en passant par
les familles recomposées, un nombre grandissant de parents fait appel aux
services de soutien à la parentalité.
Des mesures d’aide qui vise à accompagner, à aider
les parents à éduquer leurs enfants et à subvenir à l’ensemble de leurs besoins
éducatifs, affectifs, scolaires, culturels et sociaux. Le site ‘parentalite.be’ est né de cette volonté des
différents ministres du gouvernement de la FWB de « répondre de manière
positive aux enjeux posés par l’exercice, souvent difficile, de la
parentalité. »[10]
Aujourd’hui, une série d’organismes est à la disposition des parents
pour les aider à assurer leurs fonctions et ce dès la naissance de leur premier
enfant (ONE, maisons de la parentalité, associations de parents, associations
dispensant des formations de français, de cours d’informatique, d’alphabétisation,
…).
Ces
centres et ces activités qui leur sont réservés répondent à des besoins spécifiques
et contribuent à renforcer leur « accrochage » en tant que parents.
Ailleurs dans le
monde, de telles structures existent depuis fort longtemps. En France, le contrat
de réussite on a été créé il y a près de vingt-cinq ans déjà. Celui-ci vise à
ouvrir l’école sur le quartier pour créer les conditions d’un partenariat
efficace. Il organise également des campagnes de valorisation de l’éducation et
de l’école, avec comme objectif d’inciter les parents et les communautés à
s’impliquer dans la scolarisation des enfants et jeunes.
Il existe aussi un dispositif appelé la
« mallette des parents » qui vise à un plus grand dialogue avec les
parents, en les informant sur une meilleure connaissance de l’école et de son
fonctionnement.
Depuis 2013, un
modèle partenarial institutionnel a vu le jour qui s’est concrétisé par une loi
appelée Loi d’orientation et de
programmation pour la refondation de l’école de la République etqui évoque une redynamisation du
dialogue entre école, parent, collectivité territoriale et secteur associatif
et affirmant que « la promotion de
la coéducation est un des principaux leviers de la refondation de l’école. »[11]
Au Québec, il
existe depuis les années 60 une collaboration et un partenariat étroits entre
communautés éducatives (enseignants-parents-associations). Cette collaboration propose
un modèle éducatif plus proche de la notion de coéducation, basée sur une
conception partagée de la réussite scolaire en visant aussi le développement
personnel et une meilleure insertion professionnelle du jeune.
Dans les pays
scandinaves ou au Québec, on a compris depuis fort longtemps que l’implication
des parents est fortement corrélée à la performance scolaire de leurs enfants[12], comme d’ailleurs tous les travaux de recherches le montrent.
Des modèles
d’implication des parents dans la vie de l’école existent, comme celui
proposé par le psychosociologue Jean Epstein et qui peut se traduire par des
modes de partenariat visant à aider les familles dans leur rôle de soutien et
les écoles dans leur rôle de compréhension des familles.
L’école a donc tout intérêt à s’ouvrir réellement à la mixité sociale et culturelle des familles, à la prise en compte des difficultés rencontrées par les parents, selon un mode bienveillant, traduisible au quotidien par des lieux passerelles pouvant accueillir des parents avec des horaires moins contraignants pour eux et les enseignants à différents moments de l’année, dans des cadres moins rigides, avec des activités périscolaires sollicitant les compétences parentales et destinés à « construire un corpus commun de valeurs éducatives à l’école et aux familles »[13]
CONCLUSION
Il est difficile de
croire à l’arrivée sur le « marché familial » d’une génération
spontanée de parents démissionnaires inaptes à éduquer leurs enfants. Le
problème est bien plus complexe que ce que le slogan facile de la « démission
parentale » tend à faire croire. Bon nombre
d’enquêtes le confirment[14], rares sont les parents qui ne se soucient
pas du parcours de leur enfant.
Malgré cela, la conviction d’une démission éducative des parents en
situation socio-économique difficile n’en reste pas moins fortement ancrée à
tous les niveaux du système éducatif. Un système qui ne s’est pas encore remise
en question et qui a du mal à s’adapter aux évolutions de la société et des
familles. Cette évolution résulte aussi de la complexité grandissante de la
fonction éducative, de l’engagement professionnel des deux
parents, de l’instabilité et de la précarité sociale et culturelle des familles
de milieux populaires.
Lorsque la position
sociale de la famille contredit de fait la promesse d’un destin
social acceptable, pourquoi le jeune prendrait-il vraiment au sérieux ses
parents dont il est loin de voir en eux un modèle? [15]
Lutter contre l’échec scolaire et
l’impuissance passe naturellement par la lutte contre la précarité.
Un nombre non négligeable de ces parents
se sente dépassés car confrontés à des difficultés de vie qui sont souvent
incompatibles avec l’exercice de leurs responsabilités parentales.
Pour y faire face, des organismes
ont été créés et sont, le plus souvent, subventionnés par les pouvoirs publics
en vue de soutenir les parents dans leur fonction avec l’objectif de leur
proposer des espaces de discussion, d’échanges et de formations, en veillant à
éviter des modèles ou des normes éducatifs.
Le monde associatif a bien saisi
l’importance de ce soutien parental :
de nombreuses associations dispensent parallèlement aux écoles de devoirs, des
ateliers de calcul, d’alphabétisation, de langues, d’initiation à
l’informatique et de nombreuses activités culturelles. Ces activités répondent
aux attentes et besoins de ces parents et contribuent à renforcer leur
« accrochage » face à l’éducation et à la scolarité de leur enfant.
Affirmer que la soi-disant
« démission parentale » est responsable de l’échec scolaire, c’est avant
tout placer la responsabilité
éducative sur le dos uniquement des parents, ce qui déresponsabilise bien trop
facilement l’ensemble des adultes présents à l’école. Le personnel des écoles
de devoirs, des services d’accueil extrascolaire (dont les garderies scolaires)
sont tous concernés par l’éducation des enfants et la transmission des règles
de savoir-vivre. Tous ont leur rôle à jouer.
Concernant le rôle dévolu aux parents, Edmund Bergler conclut son étude en
ces termes : « Tout ce que l’on
peut raisonnablement attendre des parents est qu’ils fassent de leur mieux pour
les enfants. »[16]
[2] Laurence Giovannoni, « La démission
parentale facteur majeur de délinquance : mythe ou réalité ? », Sociétés et jeunesses en
difficulté, n°5, printemps 2008.
[3] Mahy Ch. Parents
pauvres au quotidien, in Revue Politique, Revue de débat, num. 68
janvier-février 2011.
[4] Indicateurs de l’enseignement 2019,
page 26,27
[9] L.Mucchielli, La démission parentale en question : un bilan de recherches, Centres
de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions pénales, Bulletin
d’information, France 2000.
[13] Georges Fotinos, Le divorce école-parents en France, mythe et
réalité en 2015, Enquêtes quantitatives auprès des directeurs d’école
maternelle et élémentaire, des personnels de direction des lycées et collèges
et des parents d’élèves.
[14] Travaux de B. Lahire, Tableaux de familles. Heurs et malheurs
scolaires en milieux populaires, Paris, Gallimard/Seuil, 1995. D. Thin, Quartiers populaires. L’école et les
familles, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 1998.Ch. Mahy, Parents pauvres au quotidien, in, Revue
politique, Revue de débats n° 68, janvier-février 2011.
[15] L.Mucchielli,
La démission parentale en question :
un bilan de recherches, Centres de Recherches Sociologiques sur le Droit et
les Institutions pénales, Bulletin d’information, France 2000.
[16] E. Bergler, Les parents ne sont pas responsables des névroses de leurs enfants. La peur injustifiée des parents de commettre des erreurs, édit. Payot, 2001, sur http://www.megapsy.com/autre_bibli/biblio010.html
Les Droits de l’enfant sont multiples et complexes. On en connaît généralement assez peu que l’on répète à l’envi, comme s’ils étaient un tout : droit à l’éducation, droit de ne pas être séparé d’avec les parents, protection contre les mauvais traitements, adoption, travail des enfants, protection dans les conflits armés, justice pour mineurs, … Ces droits sont communément reconnus. Qui oserait aujourd’hui réclamer la réintroduction du travail forcé à 14 ou 16 ans pour les enfants « qui ont l’intelligence de la main[1] », le retour des sévices corporels ou l’enrôlement de mineur·e·s dans des forces armées ? En veillant au respect de ces droits, nous apaisons notre bonne conscience.
Mais, face à ceux-ci, de nombreux droits de l’enfant continuent à être
méconnus, voire niés. Donner des droits aux enfants reste laborieux, près de 30
ans après l’adoption de la CIDE[2]. Quand les adultes prennent des décisions qui les concernent, que ce
soit en famille, à l’école ou au niveau politique, le respect de leur intérêt
supérieur et le principe de non-discrimination sont souvent oubliés. Par
exemple, et pour ne pas la citer, s’il y a bien un lieu où la discrimination
règne en maître, c’est à l’école, seul lieu de passage obligé pour la
quasi-totalité des jeunes.
De même, les libertés d’expression et d’association sont carrément
bafouées. Tenir compte des demandes de ses enfants en termes de liberté
d’association (choix des ami·e·s, de participation à un mouvement de jeunesse,
…), ou en termes de choix d’études ou d’inscription dans un club sportif, par
exemple, a du mal à passer chez des parents qui, dès leur naissance, savaient à
l’avance ce qui serait bon pour eux.
Sur la liste des droits de l’enfant mal connus ou méconnus, nous
pouvons classer le « droit au repos
et aux loisirs, de se livrer au jeu et à des activités récréatives propres à
son âge, et de participer librement à la vie culturelle et artistique[3] ».
Ce constat est général, la plupart des Etats investissent peu dans le respect
de ces droits. Le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU précise que « les investissements consentis pour leur
donner effet sont insuffisants, la législation visant à les protéger est
lacunaire ou inexistante, et les enfants sont, pour ainsi dire, invisibles dans
les politiques nationales et locales de planification[4]». Les investissements « ne
concernent que l’organisation d’activités structurées et organisées », poursuit le rapport. Ceux-ci oublient trop
souvent le temps et les espaces nécessaires à la spontanéité, tant dans les
activités récréatives que créatives. En résumé, ces droits sont largement
bafoués !
De plus, certaines catégories d’enfants sont plus discriminées que
d’autres. Le Comité cite les filles, les enfants issus de familles précarisées,
des enfants porteurs de handicaps, les enfants autochtones et ceux appartenant
à des minorités. Dans certaines familles, les tâches domestiques et les travaux
scolaires, toujours plus lourds empêchent les enfants d’exercer leurs droits
aux loisirs et au repos.
Importance de l’article 31
dans la vie des enfants
L’article 31 doit être compris
comme faisant partie d’un tout, aussi bien en ce qui concerne sa teneur que sa
place dans l’ensemble de la Convention. Tous ses éléments sont liés entre eux
et se renforcent mutuellement, et contribuent, lorsqu’ils sont appliqués, à
enrichir la vie des enfants. Pris ensemble, ces éléments constituent les
conditions nécessaires pour préserver l’unicité de l’enfance tout en tenant
compte de son caractère évolutif. Ils jouent un rôle déterminant dans la
qualité de l’enfance, l’exercice du droit des enfants à un développement
optimal, la promotion de la résilience et la jouissance d’autres droits[5].
Mais quels sont ces droits et
que représentent-ils pour les enfants ?
Le repos est un besoin fondamental et psychologique de l’enfant.
Le manque de repos peut avoir un impact irréversible sur la santé et le
bien-être de l’enfant. Se reposer, ce n’est pas seulement dormir, c’est aussi
un temps à ne rien faire ou à faire ce que l’on veut. Contrairement à la croyance
de certains parents qui surinvestissent leurs enfants, le repos permet à
l’enfant de se concentrer, d’être plus attentif·ve, plus actif·ve et d’avoir
l’énergie nécessaire pour participer à toutes les activités qui lui sont proposées.
Le jeu permet de réinventer le monde en exerçant sa propre créativité.
Si l’enfant a le droit de se livrer au jeu, c’est parce que celui-ci
est essentiel à son épanouissement. C’est un moment de partage, de convivialité
et de socialisation. Le jeu est naturel chez l’être humain. Il se caractérise
aussi par l’amusement qu’il procure et il développe chez l’enfant de multiples
compétences comme la logique, l’esprit de déduction, le sens de l’anticipation,
la résolution de conflits ainsi que des apprentissages sociaux tel celui de
savoir perdre et accepter que l’autre gagne.
La participation à la vie culturelle et artistique fait ressortir chez l’enfant le sentiment d’appartenance à une communauté.
Outre l’aspect fondamental d’appartenance à notre humanité, cette
participation concourt à la construction de l’identité des enfants et de leur
préhension du monde. Cela leur permettra de contribuer, à leur tour, à
dynamiser la vie culturelle et les arts traditionnels pour en assurer la
pérennité. Par leurs productions artistiques et culturelles, les enfants
participeront ainsi à la construction d’une démocratie plus égalitaire et plus
inclusive, et au vivre ensemble qui seront les bases de la société de demain.
Une société qui permettra à chacun·e, et notamment les enfants issus de
familles socialement exclues, de trouver une place dans le dialogue
démocratique, d’échanger et d’agir en société.
La culture est le patrimoine et le terreau d’une société. Elle peut
prendre un nombre infini de formes bénéfiques aux enfants : danse, chant,
théâtre, musée, cinéma, médias… Ceux-ci peuvent ainsi découvrir et interroger
le monde et leur environnement.
Les vacances sont un temps de « ressourcement » à part entière
Les vacances sont bien un droit car elles sont avant tout du repos.
Elles créent une rupture des rythmes quotidiens que sont l’école, la vie à la maison
et dans le quartier, les activités dites « extrascolaires »… et sont propices
au bien-être et au lien parents-enfant, mais aussi au jeu, à l’émancipation, à
la découverte de nouveaux apprentissages et à la construction du lien social
dans un autre espace-temps, plus proche du rythme des enfants.
En somme, en donnant du temps aux jeunes en dehors de leurs conditions
quotidiennes d’existence, les vacances permettent à chacun·e de faire des
découvertes inattendues, de se confronter à des situations nouvelles et ainsi
de se découvrir soi-même et les autres, autrement.
La Belgique, élève moyenne,
en retard d’une guerre.
Si de nombreuses initiatives ont été prises ces dernières années par
les Communautés pour améliorer l’accès des enfants au repos, aux loisirs et aux
activités culturelles et artistiques, notre pays manque encore cruellement
d’espaces de jeux, d’espaces récréatifs et de lieux de rencontre informelles
pour les jeunes, en particulier dans les régions rurales. Le manque
d’infrastructures de jeux sécurisées ou d’espaces propices au jeu et à la
rencontre contraint les enfants à rester chez eux ou jouer dans des espaces
confinés et les jeunes à traîner leur ennui d’aubette de bus en halls d’entrée
d’immeubles sociaux.
De nombreux enfants sont encore privés d’activités de loisirs, et ne
parlons même pas d’accès aux arts et à la culture. Plus de 10 % des familles en
situation de pauvreté ne bénéficient pas de loisirs réguliers et 40 % des
enfants vivant à Bruxelles et en Wallonie ne bénéficient pas d’une semaine au
moins de vacances par an. Les conditions de vie socioéconomiques
empêchent de plus en plus de familles à accéder à la culture et aux loisirs.
Les enfants porteurs de déficience physique et/ou intellectuelle sont
très souvent exclus des plaines de jeux par manque d’accessibilité tout comme
ils n’ont souvent pas accès à certaines associations culturelles et sportives
par manque de projets d’inclusion. Cette discrimination à l’accès empêche
l’intégration harmonieuse avec les autres enfants.
Par contre, d’autres enfants sont en situation de sur-stimulation.
Certaines familles cherchent à armer au mieux leurs enfants en s’engageant dans
« l’hyper-éducation ». Dès lors, ceux-ci sont inscrits à de multiples activités
parascolaires qui prennent tout leur temps libre, au détriment de leur rythme
biologique et de leurs besoins de repos et de ne rien faire.
Les secteurs d’activité comme l’éducation, la culture, les loisirs
éducatifs manquent cruellement de financement. Celles-ci sont remplacées par
des activités privées lucratives auxquelles certaines familles n’ont pas
financièrement accès.
Enfin, l’école en Communauté française est chronophage. Elle empiète
sur le temps libre des enfants et des jeunes, sur leur vie de famille et les
surcharge (et se décharge) de tâches qui relèvent de ses missions pédagogiques.
On sait combien la régulation des travaux à domicile dans l’enseignement
fondamental n’est, pour ainsi dire, pas respectée ce qui engendre des
conséquences néfastes pour les enfants et leurs familles : hyper-éducation,
coûts financiers, culpabilisation, mobilisation du temps libre de la famille.
Enfin, les horaires scolaires ne sont pas en phase avec les rythmes
chrono-biologiques et chrono-psychologiques de l’enfant. Il s’agit d’une source
supplémentaire d’inégalités dans l’accès aux loisirs, à la culture, aux sports
et au repos.
Enfin, les enfants et les jeunes restent encore trop peu consultés
avant les prises de décisions en matière de droit au repos, aux loisirs et à la
culture, que ce soit au familial, au niveau communal et au niveau scolaire,
trois niveaux qui devraient montrer l’exemple en matière de respect des droits
de l’enfant.
Le droit au repos, aux
loisirs et à la culture, un droit à défendre comme tous les autres.
On l’a vu, les droits définis par l’article 31 de la CIDE sont
essentiels à l’équilibre, au bien-être et à la santé de l’enfant. Ils
participent de son éducation à la citoyenneté et de la construction du lien
social qui aident à en faire un citoyen du monde. Ces droits doivent donc être
respectés à tous les niveaux.
Si les pouvoirs publics ont un rôle essentiel à jouer en finançant
suffisamment l’extrascolaire et les lieux de créations artistiques, en
repensant l’espace public trop souvent dédié à la mobilité, en augmentant les
infrastructures et en le réaménageant de manière à permettre aux enfants et à
leurs familles de le réinvestir, en créant des lieux de vacances pour les
familles populaires, en renforçant les investissements d’espaces de jeux dans
les lieux publics, etc., ils ne sont pas les seuls à devoir agir. Nous avons
tou·te·s notre rôle à jouer, en actionnant les leviers auxquels nous avons
accès.
Au sein des écoles, en plaçant des jeux dans les cours de récréation
afin qu’elles soient adaptées à l’extrascolaire et pour que ces dernières ne
soient plus genrées (filles et garçons jouant à des jeux différents, étiquetés « jeux
de garçons et jeux de filles »). En garantissant le respect du rythme
chrono-biologiques et chrono-psychologiques des enfants et en révisant les
rythmes scolaires. Mais aussi en garantissant le respect de la réglementation
relative aux travaux à domicile et en l’étendant jusqu’à 18 ans, afin de
garantir le respect de l’article 31 tout au long de la scolarité obligatoire.
Pour les lieux de culture et de loisir, en veillant à une
hétérogénéïsation du public, en refusant de s’inscrire dans un processus de
marchandisation et en veillant à ce que toute famille ait accès à l’offre.
Enfin, en sensibilisant les parents à l’intérêt des loisirs et du temps-libre
pour leurs enfants.
Enfin, pour tou·te·s, en considérant le temps libre comme un véritable
temps d’éducation, en mettant sur pied des logiques d’accueil et d’activités
inclusives qui permettent la participation active de tou·te·s les enfants, et
en ne surinvestissant pas leur temps libre. Sans oublier d’interpeller notre
Conseil communal afin qu’il veille au respect de l’article 31 sur l’ensemble de
son territoire.
Voici brièvement quelques pistes sur lesquelles chacun·e, à son niveau,
peut agir. Le simple respect de ces droits permet à des enfants vivant d’autres
discriminations d’être un peu plus heureux et de voir la vie de manière plus
positive, et non plus seulement avec les difficultés de vie inhérentes à leur
situation. C’est un droit qui procure du bonheur, non seulement le temps où
celui-ci est exercé, mais aussi par après, quand la vie reprend son cours
habituel. On n’est plus seul·e, abandonné·e dans son coin, on crée des liens,
on découvre ses capacités, on développe des compétences nouvelles, on est
acteur de ses droits et, ainsi, on devient citoyen·ne de ce monde. Voilà
pourquoi ce droit doit être défendu pour tous les enfants, avec un focus sur
les plus discriminé·e·s (enfants socialement défavorisé·e·s, handicapé·e·s,
réfugié·e·s, filles, …). C’est un combat qui mérite toute l’implication des
citoyen·ne·s soucieux·ses des droits fondamentaux de tou·te·s les enfants.
[1] Expression néolibérale pour désigner les enfants qui ne réussissent
pas à l’école dans les matières « nobles » (math, français, sciences,
…)
[2] CIDE = Convention Internationale des Droits de l’Enfant (ONU, 20
novembre 1989)
[4] Nations Unies, Comité des droits de l’enfant. Observation générale no
17 (2013) sur le droit de l’enfant au repos et aux loisirs, de se livrer au jeu
et à des activités récréatives et de participer à la vie culturelle et
artistique (art. 31), p 3
[5] Nations Unies, Comité des droits de l’enfant. Observation générale no
17, ibid. p 4
Plusieurs reportages sur différents média ont attiré l’attention du public sur le scandale de l’exil de milliers de personnes handicapées françaises en Belgique.
Au-delà de certains reportages sensationnels, nous devons faire un point. Il n’est pas question de généraliser à l’absolu la dénonciation d’attitudes mercantiles dues à certaines directions d’établissement ou responsables de société et nous rappelons que la plupart des employés belges exercent leur métier avec dévouement dans ces établissements.
Mais les carences françaises ont créé un « business » en Belgique ; le tarif accordé par les organismes financeurs français étant plus intéressant que les subventions belges, surtout que ces dernières sont fixes à l’année, tandis que pour les Français, le prix est calculé à la journée. D’où l’intérêt des établissements de rechercher des résidents le plus loin possible en France, afin que les retours au domicile soient le moins fréquents au possible. C’est ainsi que des associations d’usagers de Perpignan, de Corse… reçoivent des publicités vantant « les mérites » de tel ou tel établissement belge pour personne handicapée !
Cependant, il est vrai que les normes belges étant moins contraignantes que les normes françaises, notamment sur le bâti et le taux d’encadrement, le séjour en Belgique est moins coûteux qu’en France. D’autant plus que les établissements qui accueillent les Français sont pour la plupart des établissements non agréés ni subsidiés par l’Agence Wallonne pour l’intégration de la personne handicapée (AWIPH), mais disposent seulement d’une autorisation de prise en charge (APC). Ce sont des organismes privés, ASBL (Association sans but lucratif) ou sociétés (SA ou SPRL) qui les gèrent. Ils relèvent de l’Article 288 (anciennement article 29) du Code décrétal wallon de l’Action sociale et de Santé et sont soumis à des normes moins strictes que les établissements agréés.
Cela étant, cette réalité rentre en conflit avec la Convention relative aux droits des personnes handicapées de l’ONU, puisqu’elle entraîne une discrimination entre la population étrangère et la population autochtone handicapée.
Mais les associations de défense des usagers handicapés ne sont pas au bout de leur peine pour faire respecter les droits de ces usagers. L’accord-cadre franco-wallon venant de rentrer en vigueur il y a peu prévoyait des contrôles binationaux, afin de pouvoir faire appliquer la législation belge, les bonnes pratiques françaises et surtout, les associations l’espéraient, pouvoir contrôler les éléments outrepassant les compétences de la Région Wallonne en étant dévolues à d’autres gouvernements, telles la scolarisation effective des enfants, l’adéquation de la médication délivrée au dossier médical… Malheureusement, aucun budget n’a été dégagé côté français pour ce faire. Les derniers évènements médiatiques ont eu pour effet d’entraîner le 1er contrôle conjoint franco-belge. Espérons qu’un budget soit dégagé afin que ce soit plus qu’un « one-shot »destiné à un effet de communication que pour un véritable travail de fond.
Néanmoins, la grande question qui se pose est : quand cet exil de nouvelles personnes cessera-t-il enfin ? S’il n’est pas question de rapatrier contre leur volonté des personnes qui désirent rester dans notre pays où elles ont leurs habitudes, pourquoi n’arrive-t-on pas à endiguer les nouvelles arrivées ?
Plusieurs réponses : Tout d’abord, l’aspect économique (évoqué plus haut, avec les normes moins coûteuses) ; Ensuite l’investissement dans le bâti qui serait à effectuer en France ; (On peut constater par ces deux premières raisons que seul le court terme préoccupe les décideurs français ; que font-ils de la perte d’emplois générée par cet exil ?) Cette manne d’emplois est par contre bienvenue en Belgique !
Le choix des familles qui veulent donner le plus de chance à leur enfant, notamment au niveau de la scolarisation, la Belgique étant reconnue pour ses pédagogies adaptées, notamment au niveau de l’autisme et du polyhandicap ; Le manque de prévoyance : depuis des décennies, les gouvernements n’ont pas anticipé l’allongement de la durée de vie de la personne handicapée (ce qui est bien sûr une heureuse nouvelle, mais a pour conséquence d’augmenter le manque de places), l’espérance de vie des grands prématurés qu’on sauve aujourd’hui, avec parfois d’importantes séquelles susceptibles d’être à l’origine de handicaps et surtout… la scolarisation calamiteuse des enfants en situation de handicap, notamment les enfants avec autisme, déficience intellectuelle… Aujourd’hui, s’il y a tant d’adultes dépendants, c’est que l’on n’a pas agi afin de leur offrir une chance d’être autonome.
Le pire, c’est que cela risque fort de continuer pendant longtemps, malgré certains frémissements au niveau législatif et dispositions chez nos voisins d’Outre-Quiévrain. On peut saluer ces orientations sur la bonne voie que sont les lois favorisant l’inclusion, mais il y a loin de l’écrit aux réalités du terrain. Le 3eplan autisme français a pris aussi des engagements courageux, notamment quant à la volonté de suivre les recommandations de bonnes pratiques de la Haute Autorité de Santé, la création des Unités d’Enseignement à pédagogie adaptée à l’autisme en maternelle, mais en quantité bien insuffisante pour répondre à la prévalence de l’autisme combinée à la classe d’âge sur les trois ans du plan… 700 places dans le désert qu’était jusqu’à présent la prise en compte de l’autisme en France, alors que sa prévalence ne cesse d’augmenter, c’est bien sûr une très bonne nouvelle pour 700 familles, mais pour les autres ? On peut aussi déplorer que les places de SESSAD (Services d’accompagnement) et les postes d’accompagnants d’élèves en situation de handicap ne seront pas aussi en nombre suffisant, même si leur augmentation est prévue.
Le problème ne fera donc que s’aggraver, et la situation est déjà explosive. Mais quand donc l’Éducation nationale française prendra-t-elle pleinement ses responsabilités ? Quand donc offrira-t-on une vie de dignité et d’inclusion dans la société, à proximité de leurs familles et attaches, à ces enfants et adultes en situation de handicap ? Le verrons-nous un jour ?
Pendant que de nouvelles « Usines à Français », soumises à des normes moindres, poussent comme des champignons, les familles belges elles ne trouvent pas de solutions pour leur proche ! Cependant, en aucune façon les Français ne « prennent » les places aux Belges, puisque ces places n’ouvrent que pour eux et ne sont subsidiées que par la France.
En ces temps d’austérité, ce sont toujours les plus fragiles qui paient le prix fort. Et en premier. On trouve des milliards pour sauver des banques, mais des millions pour arrêter une déportation qui ne dit pas son nom, on ne veut pas les trouver. Isabelle Resplendino Pour les personnes concernées : vous trouverez un guide à l’intention des usagers français en situation de handicap en Belgique et de leurs familles ou représentants légaux à télécharger sur le site de l’Association pour les Français en situation de handicap en Belgique, l’AFrESHEB ASBL.
» Donner des droits aux enfants, quelle ineptie ! «
Cette réflexion nous la rencontrons constamment dans notre action quotidienne. Déjà, en 1991, alors que la Belgique venait à peine de ratifier la Convention et que nous allions dans les écoles au devant des enseignants pour les inviter à faire connaître la CIDE auprès des premiers concernés, nous nous entendions souvent répondre « les droits de l’enfant c’est très bien, mais qu’on leur apprenne d’abord leurs devoirs ». Aujourd’hui encore dans certains milieux mal informés, on continue à penser de la sorte. Dernièrement, un Groupe d’experts chargé du pilotage de la Coordination de l’aide aux victimes de maltraitance se positionnait (LE SOIR du lundi 19 novembre 2007) pour l’ajout d’un 55e article à la CIDE qui préciserait que l’enfant a droit d’avoir des devoirs. Et bien, posons donc la question avec eux : « Pourquoi seulement des droits et pas des devoirs ? »
L’enfant a mis très longtemps à avoir des droits. Alors que les monstruosités de la Guerre 40-45 engendraient, par réaction, une Déclaration universelle des droits de l’Homme, il fallut attendre 41 ans de plus pour que des droits spécifiques soient enfin attribués à l’enfant. Celui-ci, en effet, a besoin de droits complémentaires que l’adulte n’a pas : le droit à l’éducation, à l’adoption, à vivre avec ses parents, à ne pas être enrôlé dans une armée et nous en passons.
Bien sûr le texte actuel est loin d’être parfait. Il s’agit d’un consensus qui a été durement négocié entre États. C’est dans le cadre de la Commission des Droits de l’Homme de l’ONU qu’elle a été rédigée. Depuis lors, les Droits de l’Enfant sont intégrés dans le domaine des Droits de l’Homme.
Puisque les Droits de l’Enfant sont une composante des Droits de l’Homme, ils ne peuvent pas exprimer de devoirs ou d’obligations. Exprimer des devoirs n’a aucun sens dans un texte qui consiste essentiellement en une série d’obligations qu’a chaque État vis-à-vis de chaque enfant, soit directement, soit par le biais des parents.
Si les devoirs ne sont pas énumérés dans la Convention, la raison en est toute simple : les devoirs sont la conséquence de l’exercice des droits. Dès que je veux exercer un droit, je me dois de le respecter – et de le faire respecter – vis-à-vis de mes concitoyens. Mon droit à la parole ne sera réellement un droit que si je respecte votre droit à la parole. Pour paraphraser Voltaire : « Je peux n’être pas d’accord avec vous mais je dois me battre jusqu’à la mort pour que vous puissiez vous exprimer ». En outre, un droit n’est gagé par aucun devoir : vous n’avez pas à me remercier si je respecte votre liberté d’expression. Pourquoi attendre alors d’un enfant ce que l’on n’attend pas d’un adulte ? Personne ne crie au scandale quand on ne parle pas des devoirs de l’homme mais uniquement de Droits de l’homme. Pourquoi alors continuer à demander qu’un enfant remplisse d’abord des devoirs ! Pour avoir droit à un nom et une nationalité, pour ne pas être abusé, pour pouvoir être adopté ?
Fort heureusement, il n’est jamais question de remettre ces droits fondamentaux en cause, ni de les associer à des devoirs préalables. Ce que certains adultes reprochent à la CIDE c’est que les enfants ont des droits, alors qu’ils ont l’impression que les leurs sont bafoués. D’où le sentiment d’avoir affaire à des enfants rois. Les Droits de l’Enfant remettent en cause un système de relation adulte-enfant établi par des siècles de relation de stricte autorité. Il faudra des décennies pour changer radicalement les mentalités.
Le droit à avoir des devoirs est pourtant contenu dans la Convention, principalement dans son article 29 qui traite de l’éducation et qui précise qu’il faut inculquer à l’enfant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales (…), le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, (…) et des civilisations différentes de la sienne, le préparer à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d’origine autochtone ; enfin, il faut inculquer à l’enfant le respect du milieu naturel.
En imposant le droit à l’éducation, la CIDE fixe par là même les devoirs de l’Enfant. L’enfant a donc le droit d’avoir des devoirs, c’est bien inscrit dans le texte. Aussi il est utile de rappeler que ce texte est contraignant tant pour l’Etat qui remplit sa mission via l’Ecole, que pour les parents. A chacun d’assumer son rôle, dans le respect des Droits des enfants, pour former des citoyens respectueux des droits et des libertés. Autrement, ce serait un déni de droits !
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