Les troubles spécifiques des apprentissages 5. La Dyspraxie

Les troubles spécifiques des apprentissages 5. La Dyspraxie

Un chouia d’histoire

Depuis toujours des humains ont eu des difficultés à coordonner leurs mouvements pour effectuer des gestes quotidiens sans qu’on en comprenne les raisons. Ce n’est que depuis la fin du XIXe siècle que l’on a découvert des zones du cerveau responsables de la parole et du langage : les aires de Broca[1] et de Wernicke[2].

Au début du XXe siècle, Ernest Dupré, membre de l’académie nationale de médecine décrivit ce qu’il appelait « débilité motrice[3] » : « Dans une série de travaux j’ai décrit sous le nom de syndrome de débilité motrice un état pathologique congénital de la motilité, souvent héréditaire et familial, caractérisé par l’exagération des réflexes ostéo-tendineux, la perturbation du réflexe plantaire, la syncinésie[4], la maladresse des mouvements volontaires et enfin par une variété d’hypertonie[5] musculaire diffuse, en rapport avec les mouvements intentionnels et aboutissant à l’impossibilité de réaliser volontairement la résolution musculaire. J’ai proposé pour désigner ce dernier trouble le terme de paratonie[6]. Presque tous les sujets paratoniques sont peu aptes à l’exécution des mouvements délicats, compliqués ou rapides ; ils se montrent dans la vie courante malhabiles, gauches, empotés, comme l’on dit. »

Pendant plus de 60 ans, les chercheurs vont progressivement évoluer de « débilité motrice », à « dyspraxie du développement », en passant par « maladresse anormale » mais sans énoncer les différentes formes du trouble. Ce n’est qu’en 1989, lors de la 43e assemblée mondiale de la santé, que la CIM[7] va considérer la dyspraxie comme un « trouble spécifique du développement moteur ».

Enfin, depuis juin 2015 la communauté internationale utilise le terme TDC (Trouble Développemental de la coordination) au lieu de TAC (anciennement appelée dyspraxie). Aujourd’hui, les Anglo-Saxons utilisent le terme TDC. La Belgique, comme la France utilisent encore le mot dyspraxie, bien que le terme médical exact soit TDC (trouble spécifique du développement moteur.)

Qu’est–ce que le trouble spécifique du développement moteur (TDC)[8] ?

Il s’agit d’un trouble de l’organisation des gestes, c’est-à-dire des mouvement coordonnés que chaque personne fait en général sans y réfléchir. La praxie est la capacité qu’à un être vivant à coordonner tous les mouvements volontaires effectués dans un but précis (tenir un crayon, ouvrir une porte, lacer ses chaussures, couper sa viande dans son assiette, monter ou descendre un escalier, s’habiller, écrire, shooter dans un ballon, rouler à vélo, etc. Dès lors, une personne avec une dyspraxie éprouve de grandes difficultés à réaliser certains de ces gestes. C’est une difficulté spécifique des apprentissages fréquente : on estime que 3 % des élèves d’une classe d’âge sont « dyspraxiques », ce qui correspond à trois enfants par groupes de quatre classes d’environ 25 élèves.

A l’école, il s’agit d’un « handicap invisibilisé » car ses symptômes sont banalisés ou interprétés à tort[9]. L’enfant avec une dyspraxie est souvent considéré comme maladroit, fainéant, je-m’en-foutiste, malpropre, lent et paresseux. Pourtant, il est tout le contraire. C’est un spécialiste des efforts sur le long terme. Toute action qu’il entreprend nécessite un travail intense pour arriver à faire ce que font les enfants sans handicap. Que ce soit dans le cadre scolaire ou familial, l’enfant avec une dyspraxie doit continuellement se surpasser. Il doit être aidé pour s’habiller, pour beurrer et couper sa tartine ce qui ne l’empêchera néanmoins pas de manger « salement », laisse tomber ses affaires, son cartable est un paquet de feuilles et cahiers chiffonnés, ses crayons, ses stylos, sa cassette, semblent sortir de 4 années dans les tranchées, son écriture est illisible, même son prénom ressemble à de l’écriture cunéiforme. Que dire ensuite de ses dessins ?

enfant qui n'arrive pas à faire ses lacets

Pourtant, la plupart du temps, ce sont des élèves vifs et curieux qui soutiennent la discussion avec les adultes. Ils aiment débattre, argumenter, augmenter leurs connaissances et leurs compétences. Ils connaissent beaucoup de choses car ils compensent leurs difficultés physiques par l’acquisition de savoirs scientifiques et de compétences orales. Leur mémoire est aiguisée par des années de concentration et de réflexions, car c’est leur seule bouée qui leur permettra de survivre dans le monde de l’école. Cela leur permet, en effet, d’apprendre avec efficacité.

La dyspraxie n’est un handicap que lorsque l’enfant est mis dans cette situation. Quand il est seul dans sa chambre, l’enfant avec une dyspraxie n’éprouve pas ou peu de difficultés. Il peut faire les choses à son aise, prendre son temps pour lacer ses chaussures (ou mettre des chaussures sans lacets), choisir ses livres, ses jeux. Il évite les jeux de précision qu’en général il n’aime pas car ils ne sont pas conçus pour lui. A la maison, il reçoit l’aide de ses parents pour la vie quotidienne. Ce sont des rythme qu’ont pris les familles depuis sa naissance et qui font partie de leur réalité quotidienne.

C’est à l’école que vont se manifester les premières difficultés réelles. L’école non inclusive n’est pas faite pour la différence. Apprendre à écrire s’avèrera être un véritable chemin de croix. Si la dyspraxie n’a pas été détectée (ce qui arrive de temps en temps) l’enseignant ne comprendra pas pourquoi cet enfant ne fait aucun effort pour écrire les lettres correctement. En sport, il est gauche, ne saute pas « normalement », lance le ballon à côté du panier et court comme kangourou. Il sera vite considéré – et étiqueté – comme un fainéant ou comme un « cochon », alors qu’il n’en est rien. Mais l’enfant ne sait pas exprimer ses difficultés. D’ailleurs, à force de ne pas savoir faire comme les autres élèves de sa classe, il va se dévaloriser et le risque est grand de le voir lentement décrocher, dès la première primaire (CP) ou de manifester sa souffrance par des comportements de refus scolaire, voire de révolte.

Il n’y a pas « une » dyspraxie ; il y en a autant qu’il y a d’enfants avec une dyspraxie. Tous les élèves ne rencontrent pas les mêmes difficultés avec la même intensité. Mais elle peut parfois être intense et à ce moment constituer un réel handicap pour l’enfant qui doit vivre avec elle à l’école, mais également à la maison ou dans les activités parascolaires. 

La Dyspraxie visuo-spatiale

C’est la plus courante. La dyspraxie touche la coordination des gestes au sens large. Mais il n’y a pas que les gestes de la main qui soient en difficulté. Il y a également les gestes des yeux. C’est ce que l’on appelle la dyspraxie visuo-spatiale. Les enfants qui en sont atteint ont un problème dans le « geste des yeux ». Ils ont du mal à organiser leur regard, ne savent pas ce qu’ils doivent regarder ou suivre des yeux. Ils ne fixent pas leur regard. Assister à un matche de tennis ou de ping-pong est une grosse difficulté pour eux. Il en va de même en classe car la dyspraxie visuo-spatiale implique un problème d’organisation de l’espace.

Dès lors, la lecture est rendue difficile car les yeux ne se posent pas là où il faut. Les enfants sautent des lignes ou recommencent à lire la même ligne plusieurs fois. Leurs yeux ne vont pas automatiquement à la ligne suivante. Lorsqu’on cherche une information, naturellement nos yeux bougent pour chercher l’information, font des bonds. Entre les bonds, ils se posent à l’endroit suivant afin de continuer à lire, ce que sont incapables de faire les enfants avec une dyspraxie visuo-spatiale. Il ne fixe pas correctement. Il ne sait pas comment balayer du regard, ses bonds sont inefficaces, son regard ne se pose pas au bon endroit, il saute des lettres, des lignes, ou double carrément des syllabes à la lecture orale.

En mathématique le problème est complexe. L’enfant éprouve de grandes difficultés à dénombrer. A chaque recomptage, la réponse est différente. La notion de « quantité fixe » lui est inconnue. Tout ce qui est représentation spatiale lui pose de gros problèmes. Utiliser sa règle, son compas, son équerre sont autant de difficultés. Il ne parvient pas à tracer des figures géométriques correctes et donc, ses représentations mentales sont faussées. Comment se représenter un carré sans angles droits ? Le calcul écrit est un « problème » : comment faire une addition quand on ne parvient pas à placer ses chiffres dans les bonnes colonnes ?

Il existe différentes sortes de praxies

  • Les praxies globales comme s’habiller, rouler à vélo, nager, faire du sport, …
  • Les praxies constructives comme faire des travaux manuels, jouer à des jeux de construction, à des puzzles, …
  • Les praxies réflexives, comme imiter, reproduire des gestes, …
  • Les praxies idéatoires, comme les manipulations d’objets (tourner une clef dans une serrure, ouvrir une bôite de conserve, éplucher sa pomme, …) ou d’outils, …
  • Les praxies idéomotrices (gestes qui ne nécessitent pas l’usage d’un objet quelconque) comme utiliser sa main pour dire bonjour/au-revoir, demander le silence, accepter ou refuser de faire quelque chose, …

Signes qui doivent nous alerter ?

  1. En classe :
  • Une dyspraxie est souvent accompagnée d’autres troubles spécifiques des apprentissages : dyslexie (difficulté à lire, à suivre un texte, à copier un texte, …), dysorthographie sévère (écriture phonétique, …), dyscalculie visuo-spatiale (manque d’images mentales, difficultés à reproduire des formes, problèmes d’alignements des chiffres, ne sait pas utiliser ses outils comme la latte, le compas, le rapporteur, …), dysgraphie (ne respecte pas les lignes, écriture illisible, lenteur, …) ;
  • Cahiers mal tenus, manque d’organisation, incapacité de respecter les lignes et les colonnes, … ;
  • Banc en désordre, cartable entassé, cahiers pliés, classeurs non rangés, feuilles perdues, … ;
  • Se perd dans les couloirs de l’école ;
  • se cogne et tombe souvent à la récré ou à la gymnastique, parfois en classe ;
  • Ne< sais pas couper sa viande à la cantine, renverse son verre, ne mange pas « proprement » , … ;
  • A la maison
  • L’enfant n’aime pas certains jeux comme les puzzles, les jeux de construction (cubes, Lego, Kapla, …) ;
  • L’enfant n’aime pas les crayons. Il dessine peu ou pas ;
  • Il a des difficultés à s’habiller malgré l’âge qui avance, demande des chaussures sans lacets, ne boutonne pas ses chandails, … ;
  • Il n’est pas « sportif », n’aime ni pas les sports « organisés » : ballon, natation, danse, … ;
  • Il éprouve des difficultés à gérer son assiette : il ne coupe pas sa viande qu’il préfère manger plantée au bout de sa fourchette, salit la table, renverse régulièrement son verre, … ;
  • Il ne range pas sa chambre et a des difficultés à trouver la place des choses ;
  • Il manque de repères tant dans le temps que dans l’espace, … ;

Vers qui se tourner ?

  1. Au niveau de l’école
  • Contacter les parents et leur faire part de vos interrogations. Leur conseiller de prendre contact avec le service psychomédicosocial de l’école ;
  • Informer le service psychomédicosocial de l’école de vos démarches vis-à-vis de la famille et de vos questionnements vis-à-vis de l’enfant ;
  • Proposer aux parents de faire un bilan neuropsychologique qui permettra de mettre en place des aides pour l’enfant au niveau de la famille, mais également en classe via des aménagements raisonnables ;
  • Accepter le « handicap » de l’enfant et agir vis-à-vis de qui avec bienveillance afin de lui permettre de s’intégrer dans le groupe mais également dans toutes les activités scolaire malgré sa situation de handicap ;
  • Ne jamais l’orienter vers un enseignement spécialisé, il a toutes les capacités intellectuelles pour arriver au bout du cursus scolaire et être diplômé  ;
  • Eduquer les élèves à toutes les différences, afin qu’ils acceptent leurs ami·e·s différent·e·s et ne les stigmatisent pas le jour où ils ou elles bénéficieront d’aménagements raisonnables ;
  • .. ;
  • En famille
  • Accueillir les questionnements de l’école avec ouverture, c’est pour le bien de votre enfant ;
  • Rencontrer le psychomédicosocial de l’école et/ou faire un bilan neuropsychologique qui infirmera ou confirmera les questionnements de l’école. Dans l’affirmative, il prescrira probablement une rééducation orthoptique, une psychomotricité et/ou une ergothérapie ;
  • Ne pas nier le problème, ni culpabiliser l’enfant (il n’est ni paresseux, ni de mauvaise volonté et ce n’est en rien sa faute) ;
  • Ne pas le mettre face à ses échecs et le forcer à refaire les apprentissages qu’il n’a pas pu faire ;
  • Au moins vous perdrez de temps, au plus votre enfant sera aidé ;
  • … ;

Aménagements raisonnables pouvant être mis en place (liste non exhaustive)

  1. Au niveau de la classe
  • En conseil de coopération[10] , expliquer à la classe la raison et l’importance des aménagements raisonnables qui seront mis en place. Leur expliquer que, grâce à l’enfant qui a une dyscalculie, ces aménagement raisonnables bénéficieront à tous ceux qui ont des difficultés en mathématique. Il est important d’éviter toute stigmatisation ;
  • Avoir de l’empathie avec tout enfant ayant une dyscalculie (comme pour tout enfant avec un ‘Dys’ ou un handicap), accepter sa lenteur dans la construction mathématique, lui donner du temps, limiter les travaux (préférer la qualité à la quantité) ;
  • Le placer à un endroit « stratégique » de la classe, proche de l’enseignant et des documents de référence qui sont affichés dans la classe. De même, le tenir loin des zones d’inattention (fenêtres, lieux de passage, …) ;
  • Ne pas donner de devoirs à faire à la maison ou les limiter drastiquement, la classe étant le seul lieu des apprentissages scolaires ;
  • Pratiquer le tutorat et le travail coopératif[11]. Inviter les élèves de l’équipe à recopier son journal de classe à tour de rôle (sans devoirs, évidemment) ;
  • Au sein de l’équipe coopérative, responsabiliser les pairs à aider l’enfant en difficultés à faire son cartable, à ranger sa trousse, … à faire ses lacets ;
    • Au niveau de la lecture :
  • Mettre des repères spatiaux (gommettes, points) ;
  • Autoriser le suivi de la lecture avec le doigt ou avec une latte que l’on place sous chaque phrase ;
  • Scanner les textes et les photocopier en augmentant la taille des interlignes, marquer les débuts des lignes et utiliser des marqueurs fluos de couleurs différentes ;
  • Lire les textes chaque fois que possible afin de lui permettre de travailler à l’oral, lire les questions avant le texte et lui permettre d’utiliser des surligneurs pour repérer les réponses ;
  • Proposer un exercice par page ou laisser un large espace entre les exercices, avec toujours la même présentation afin que l’enfant ne s’y perde pas ;
  • Faire la lecture de livres en classe pour leur faire aimer la lecture, car ces enfants n’amient pas lire, télécharger des livres lus par des acteurs ou des bénévoles car ces enfants apprennent prioritairement par l’oreille ;
  • … ;
  • Au niveau de l’écrit
  • Utiliser des cahiers aux lignes larges ;
  • Faire le moins d’écrit possible : passer par l’oral ou les photocopies, faire des exercices « à trous » ;
  • Verbaliser, autrement dit, favoriser les apprentissages oraux : ne pas se contenter de schémas ou d’images, photos, …, mais les expliquer oralement, dans les détails ;
  • Eviter les dictées ou les « aménager raisonnablement » en les faisant passer par le verbal (épeler) ou ne dicter que des mots isolés. L’orthographe d’usage sera apprise oralement (répétitions, épellations, étymologie, …)  ;
  • Etre exigent sans l’être : tolérer un graphisme ondulant et agrandi mais à la condition que l’enfant puisse se relire ;
  • Ne pas demander de présentation structurée mais privilégier la lisibilité ;
  • Eviter tous les exercices de copie, mais lui fournir (leur fournir – un aménagement raisonnable doit être généralisé aux autres élèves pour qu’il soit efficace, et ce en fonction de leurs capacités et compétences) des photocopies claires et lisibles ;
  • Ne pas lui demander de réaliser des cartes, dessins ou autres schémas mais être plus exigeant sur l’oral ;
  • … ;
  • Au niveau des difficultés visuo-spaciales (mathématique, notamment)
  • Eviter les manipulations complexes ;
  • Eviter les activités de dénombrement ou de comptage ;
  • Eviter tous les schémas, images, dessins qui paraissent les réflexions de l’élève ;
  • Insister sur le « par cœur » et sur la suite orale des nombres ;
  • Autoriser la calculette dans le calcul écrit (il existe également des logiciels qui réalisent la pose des opérations) ;
  • Eviter les tableaux à double entrée mais faire des exercices combinatoires sous une forme verbale ;
  • Dissocier raisonnement et calculs numériques (usage de la calculette) ;
  • Former l’élève à – et l’assister – dans l’usage de logiciels de géométrie ;
  • … ;
  • Apprentissage des langues
  • Privilégier les langues proches de la langue de l’école, par exemple, origine latine (italien, l’espagnol, le portugais, …) ;
  • Mêmes règles que pour la lecture et l’écrit en français ;
  • Durant les cours
  • Si l’enfant parle en travaillant, c’est pour essayer de permettre à son cerveau de mieux comprendre ce qui est demandé. Il ne faut pas lui dire de se taire mais lui apprendre à chuchoter. Dans une classe inclusive, tous les élèves ont un casque anti-bruit, ce qui permet à ceux que ce chuchotage dérange de s’isoler ;
  • … ;
  • Activités manuelles, culturelles et sportives
  • Eviter les jeux de construction, les montages, les bricolages et autres ateliers graphiques ;
  • Le sport est toujours à encourager mais à l’unique condition qu’il puisse le choisir et que ses difficultés soient respectées (pas de compétition, par exemple, ni de progression de couleurs comme dans les arts martiaux) ;
  • A la piscine ou au cours de gymnastique, veiller à ce que l’enseignant mette en place une aide discrète (tuteur, camarade, …) pour lui permettre de s’habiller et de lacer ses chaussures, mais également de ranger ses affaires dans son sac ;
  • A la cantine ou en classe verte, veiller à ce que les surveillants mettent en place une aide discrète (tuteur, camarade, …) pour lui permettre de couper sa viande, de débarrasser sa place, … ;
  • Eviter les apprentissages musicaux autres que le chant (l’usage d’un instrument – même e triangle – est complexe pour ces enfants). L’encourager à chanter ;
  • Privilégier les jeux de poupées, petites voitures, jeux informatiques ;
  • L’apprentissage des arts de la parole sont également à privilégier ;
  • La visite de lieux culturels est tout à fait dans ses cordes et est à privilégier ;

De manière générale, les aménagements raisonnables que l’on met en place pour un élève doivent être généralisés à tous les autres élèves, qu’ils aient ou non un ou des troubles spécifiques des apprentissages. Tel est l’idée de l’enseignement inclusif. En permettant à tous les élèves de bénéficier des mêmes facilités, on évite non seulement la stigmatisation (risque important quand on différencie dans une classe) mais cela permet à tous les autres élèves, sans besoins spécifiques mais qui ont des difficultés d’apprentissage, d’en bénéficier. C’est aussi introduire un peu de justice dans les apprentissages.


[1] Pierre-Paul Broca (1824-1880) a découvert la zone centrale du langage dans notre cerveau

[2] Carl Wernicke (1884-1904), a ensuite découvert de nouvelles zones qui sont responsables du langage

[3] http://www.chups.jussieu.fr/polysPSM/psychomot/semioPSMenf/POLY.Chp.2.html

[4] Larousse médical 2020 : Contraction involontaire d’un groupe de muscles apparaissant quand le sujet effectue un mouvement, que celui-ci soit réflexe ou volontaire, mettant en jeu un autre groupe de muscles.

[5] Larousse Médical ».Exagération permanente du tonus musculaire (degré de résistance d’un muscle strié au repos), d’origine neurologique. L’hypertonie est due à une lésion du système nerveux central, dont la cause peut être diverse (tumorale, vasculaire, dégénérative).

[6] Anomalie de la contraction musculaire dans laquelle le muscle, au lieu de se relâcher (…) se contracte plus ou moins (Garnier-Del. 1972).

[7] La Classification internationale des maladies (CIM) est la classification médicale permettant le codage en morbi-mortalité proposée et recommandée par l’OMS. Elle permet de classer les maladies mais également les  signes, symptômes, lésions traumatiques, empoisonnements, circonstances sociales et causes externes de blessures ou de maladies. Elle est publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et est mondialement utilisée pour l’enregistrement des causes de morbidité et de mortalité touchant le domaine de la médecine. https://www.cepidc.inserm.fr/causes-medicales-de-deces/classification-internationale-des-maladies-cim

[8] Nous continuerons à utiliser dans ce texte le terme « dyspraxie » car c’est celui qui est utilisé par les professionnels dans nos pays. 

[9] Par exemple dans l’hypothèse – fausse – d’une autre déficience (mentale ou comportementale).

[10] Le Conseil de coopération est un des éléments fondamental de la pédagogie institutionnelle (cfr Fernand Oury). A ne pas confondre avec le simple conseil de classe « traditionnel ».

[11] https://www.liguedroitsenfant.be/blog/2019/12/04/pour-une-ecole-inclusive-lapprentissage-cooperatif/

Le commerce équitable, alternative au travail des enfants ?

Le commerce équitable, alternative au travail des enfants ?

Le commerce est appelé équitable lorsqu’il ne lèse personne, producteur, acheteur, vendeur, client et environnement. Il s’agit d’un échange économique qui respecte les intérêts des producteurs mais également de tous les acteurs de la chaine et l’avenir de leurs enfants. Les organisations du commerce équitable, regroupées internationalement au sein de FINE[1] ont adopté une définition commune du commerce équitable en 2001 : « Le Commerce Equitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud. »

Le principe fondateur du commerce équitable est donc de donner la garantie aux petits producteurs de commercialiser leurs produits à des prix qui leur permettent de couvrir les coûts de production en encourageant le développement durable aussi bien sur un plan social qu’environnemental. De cette manière, ils sont également à l’abri des soubresauts du marché et connaissent une certaine stabilité des prix, ainsi que des conditions avantageuses de paiement. Il n’est pas rare non plus de profiter de préfinancement, afin d’éviter à ces producteurs/artisans de brader le prix de leurs produits ou de les obliger à recourir à un prêt bancaire à un taux très élevé.

Le commerce équitable combat le travail des enfants

Un des objectif du commerce équitable est de permettre aux familles d’avoir des revenus suffisants pour vivre sans être contraintes de faire travailler leurs enfants, mais également en leur permettant d’avoir accès à l’enseignement. Ces familles reçoivent un prix minium qui leur est garanti (elles reçoivent même des primes de développement) et peuvent engager une main d’œuvre adulte pour les aider à la production. Les primes de développement versées aux coopératives leur permettent de financer des projets sociaux (création d’écoles, de dispensaires, …)

Les organisations qui importent les produits équitables se sont engagées à soutenir les coopératives du Sud à lutter de manière efficace et durable contre les pires formes de travail des enfants. En Afrique de l’Ouest, particulièrement dans le secteur du cacao où les pires (formes) de travail des enfants sévissent de manière extrêmement préoccupante,  ces  partenaires de commerce équitable redoublent d’efforts pour les combattre en s’attaquant aux principales causes du problème  :  l’extrême  pauvreté,  l’inexistence  d’opportunités économiques et le manque d’éducation.[2].

Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar interdit catégoriquement le travail des enfants dans ses cahiers des charges. Il met également en place des programmes de prévention sur le terrain, en partenariat avec des ONG spécialisées. L’objectif : garantir le respect des droits des enfants et leur vie au sein d’environnements sûrs et protecteurs[3].

Pour Artisans du Monde, « au -delà du  refus  du  travail  des  enfants  expressément  stipulé  dans  ses  textes,  les  organisations  partenaires du commerce équitable s’attaquent directement à la principale cause du travail des enfants c’est-à-dire la pauvreté. Le commerce équitable repose sur une relation de partenariat stable, négociée et  durable  avec  des  organisations  de  producteurs et  productrices.  Ces  organisations  jouent  un  rôle  important dans la détermination des programmes de lutte contre ces pratiques. En plus d’un contrôle, les organisations développent avec les producteurs et productrices des activités de sensibilisation, de formations et d’accès à l’éducation[4]» 

Le label Ecocert Fair Trade garantit de bonnes conditions de travail pour l’agriculteur et comprend également une série de critères écologiques. Il offre également un soutien financier à l’agriculteur et sa communauté, permettant aux familles de scolariser leurs enfants.

Oxfam a une approche sans doute plus pragmatique, le monde ne s’étant pas fait en un jour : Face au travail des enfants, le dialogue et le respect s’imposent entre les organisations du commerce équitable et leurs partenaires. Dans un environnement historique, socio-économique et culturel différent, le travail des enfants, en effet, est souvent perçu comme un excellent moyen pour les sortir de la précarité et de l’exclusion. Rien d’étonnant donc à ce que certains de nos produits soient le fruit du travail des enfants. Tout est par contre mis en oeuvre pour aider nos partenaires à lutter de manière efficace et durable contre les pires formes de travail qui portent directement préjudice au développement de l’enfant.[5]

Le commerce équitable soutient les familles et la planète

  1. Les acheteurs s’engagent à payer un prix équitable aux producteurs, afin de leur permettre de vivre décemment.

L’objectif du commerce équitable est d’assurer une rémunération des producteurs qui soit juste et décente indépendamment de leur statut : producteurs indépendants ou travailleurs salariés. En plus de couvrir les coûts de production, et d’assurer une rémunération couvrant les besoins fondamentaux des producteurs et des travailleurs ainsi que de leurs familles, le prix d’achat permet l’amélioration de leurs niveaux de vie, de scolariser leurs enfants, de dégager une marge pour les investissements nécessaires tels que les outils de production et contribue à la satisfaction des besoins collectifs : éducation, santé, infrastructures, renforcement des organisations de producteurs…

  • De leur côté, les producteurs s’engagent également

Le commerce équitable se destine à des petits producteurs ou artisans défavorisés ; désireux de faire tourner leur entreprise autrement, ils ont mis en place des organisations (coopératives, associations villageoises…) et souhaitent contribuer ainsi au développement économique et social de leurs membres et de leur communauté.

Le commerce équitable peut également se mettre en place dans des entreprises où les travailleurs sont organisés collectivement et où l’employeur est prêt à leur transmettre les revenus supplémentaires générés par le commerce équitable.

Les organisations de producteurs et les producteurs employeurs respectent les principes du droit national et local[6]. Des programmes d’actions précis ont été mis en place par les organisations de producteurs et les producteurs employeurs : les produits doivent être conçus et élaborés selon des processus respectueux de la santé des populations et de l’environnement. Peu de pollution se dégage du commerce équitable. Oxfam nous informe : « Le transport n’occupe qu’une faible part dans le bilan Carbonne d’un produit. La plupart des produits équitables arrivent d’ailleurs par bateau, un mode de transport à faible émission de gaz à effet de serre. » C’est un mode de production respectueux de l’environnement : au niveau agricole, la plupart des produits équitables sont issus d’une agriculture paysanne à petite échelle et diversifiée. Il s’agit le plus souvent de cultures traditionnelles favorables à la biodiversité, comme le riz violet de Thaïlande, la quinoa rouge de Bolivie, et faiblement mécanisée. De plus, les critères des labels équitables encouragent des méthodes de production durables : absence d’OGM, réduction des pesticides, lutte intégrée, réduction des consommations en eau, etc… Les produits issus de l’artisanat ont un impact sur l’environnement moins lourd que les produits industriels, en particulier ceux qui valorisent les ressources naturelles locales ou le recyclage de produits. Chez nous, il n’y a pas d’équivalent local pour les produits tropicaux de consommation courante. Comme par exemple le café, le thé, le cacao, les bananes…

Nous pouvons changer nos critères d’achats

  1. Acheter des produits du commerce équitable…

Ils ne sont pas nécessairement plus chers. Oxfam nuance cette idée reçue. D’après une étude comparative réalisée en 2011, un peu plus de trois produits équitables Oxfam sur quatre se retrouvent dans la moyenne des prix du marché conventionnel. C’est un circuit court, avec un seul intermédiaire entre consommateurs et producteurs. Combiner salaire décent et bien-être de nos producteurs-partenaires avec la qualité des produits constitue notre priorité.

  • … Mais aussi, penser au futur de nos enfants

Changer nos modes d’achats et préserver LEUR planète

Dans certains domaines d’achats, comme la mode ou le textile, le critère déterminant pour les acheteurs est le prix. Depuis les années 60, le consommateur occidental n’achète plus dans l’idée d’utiliser jusqu’à l’usure, mais veut être en phase avec les canons de la mode[7]. Ensuite, les soldes sont le moment de l’année où les commerçants font les plus gros chiffres d’affaire. Un consommateur sur trois réserve les deux tiers de son budget textile aux soldes[8]. Pour les commerçants, ces périodes sont devenues les plus importantes de leur année. Croire qu’ils vendent sans plus faire de bénéfice, uniquement pour écouler leurs stocks, est utopique. Au mieux vendent-ils à un prix un peu plus proche de leur prix d’achat, lui-même influencé par le trop faible prix de la main d’œuvre offerte aux travailleurs des entreprises textiles des pays où les usines ont été délocalisées.

  • Manger équitable, mais aussi bio ou Local  pour mieux consommer

Une grande quantité de nourriture est achetée chaque jour. Fruits et légumes frais, poisson, viande, pâtes, boissons, yaourt, surgelés, conserves… En moyenne quelques 18 kg d’aliments par semaine et par ménage vident le porte-monnaie.

Nous devons apprendre à nous poser les bonnes questions pour devenir de véritables consommateurs. Un exemple simple, nous consommons quasi chaque jour des fruits et des légumes. Mais pour autant, qui s’interroge de manger des fraises et des cerises à noël, d’avoir dans son assiette des pommes de terre du Pérou, des haricots du Kenya et d’avoir des kiwis toute l’année? Si cela n’est pas néfaste pour la santé, peut-on en dire autant en ce qui concerne l’environnement ?

Nos habitudes alimentaires provoquent un impact sur la planète. Manger en octobre une poire issue d’un verger flamand ou se régaler de framboises importées de Grèce en février, n’est pas équivalent sur le plan environnemental et l’avenir de nos enfants. Le parallèle existe entre une salade produite en pleine terre ou une salade élevée sous serre chauffée…

Etre un consommateur responsable, c’est s’interroger sur ses achats au quotidien en termes écologiques mais surtout humains. Il s’agit de concilier qualité, responsabilité et respect de l’environnement mais également des humains les plus fragiles qui vivent sur la même planète que nous.

En conclusion

Tout est dans tout. Nos modes de consommation influent sur le destin des autres êtres humains. En termes de pollution, bien évidemment, mais aussi et surtout en termes de respect des Droits fondamentaux de tous les êtres humains, en commençant pas celui des enfants. Même si, à des milliers de kilomètres, nous n’avons pas la possibilité de supprimer leur exploitation d’un coup de baguette magique, nous avons un tout petit pouvoir. Lutter à notre échelle, jour après jour, en faisant le choix de produits équitables qui nous garantissent de lutter contre le travail des enfants, soit en l’interdisant, soit en donnant progressivement aux familles les moyens de scolariser leurs enfants. Et le commerce équitable est une bonne alternative, pas nécessairement plus chère.

Mais il est également d’autres pistes à explorer. Changer nos modes de consommation. Un vêtement ne doit pas suivre la mode. Il doit nous représenter, nous tels que nous sommes, loin du « faire comme tout le monde », loin de la mode. Cela aussi, c’est important car nous avons la missions d’éduquer nos enfants à être eux-mêmes et non ce que la mode et la publicité veulent qu’ils soient. Alors, commençons par leur montrer l’exemple. Eduquons-les à refuser toute forme de publicité aliénante et à se construire en fonction de leur seule personnalité.

Et puis, le commerce équitable, ce n’est pas qu’avec les pays du Sud. C’est aussi avec les artisans de chez nous et leurs familles. Revenons à nos essentiels. En achetant, par exemple, chez des agriculteurs et maraîchers bios, chez des ébénistes, des bouchers, boulangers, céramistes, etc., nous créons de l’emploi local. Nombre de familles sont précarisées. Chaque fois qu’un emploi moins qualifié – mais décemment payé – est créé, cela assure aussi l’avenir de nos propres enfants. Cela participe de l’effet « boule de neige ». Ici aussi, des familles qui sortent de la pauvreté seront mieux à même de soutenir la scolarité de leurs enfants, leur éducation et leur qualité de vie. 


[1] FINE est le réseau informel des 4 fédérations internationales du commerce équitable.

[2] Oxfam 2010, l’exploitation des enfants n’est pas une fatalité

[3] Frairtrade, Max Havlange France, La lutte contre le travail des enfants, une priorité du mouvement Fairtrade/Max Havelaar, https://maxhavelaarfrance.org/le-commerce-equitable/nos-champs-dactions/lutter-contre-le-travail-des-enfants/

[4] Artisans du Monde, Travail des enfants et commerce équitable, Fiche d’information « Travail des enfants et commerce équitable » Campagne de mobilisation « D’autres horizons sont possibles » octobre-novembre 2019

[5] Oxfam Magasins du Monde, Travail des enfants. Entre esclavage et nécessité https://www.oxfammagasinsdumonde.be/blog/article_dossier/travail-des-enfants-entre-esclavage-et-necessite/

[6] Respect des conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) suivantes :

Liberté d’association et de négociation collective : Convention N°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) et convention N°98 sur le droit d’organisation et de négociation collective (1949)

Elimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire ; Convention N°29 sur le travail forcé (1930) et convention N°105 sur l’abolition du travail forcé (1957)

Abolition effective du travail des enfants : convention N° 138 sur l’âge minimum (1973) et convention N°182 sur les pires formes de travail des enfants (1999)

L’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession ; Convention N°100 sur l’égalité de rémunération (1951) et convention N°111 concernant la discrimination (emploi et profession) (1958)

[7] Lucile Bernadac-Coudert, Eline Nicolas, Comment lutter contre le travail des enfants chez ses sous-traitants ?

De l’importance d’un décret inscriptions dans les écoles

  1.   Pourquoi   un   décret   inscriptions   en   Fédération Wallonie-Bruxelles ?

L’Ecole est un droit de tous les enfants et nul ne peut pratiquer de discrimination à leur encontre[1]. Ce principe élémentaire était bafoué par certaines[2]écoles au moment de l’inscription. En effet, ces écoles, parmi les plus demandées, pratiquaient allègrement la discrimination à l’inscription. Quoi de plus facile quand on a trop de demandes ? Elles triaient principalement leurs futurs élèves sur base de critères sociaux (les enfants issus de milieux moins favorisés étaient trop souvent refusés), mais également sur base de critères aléatoires (les résultats scolaires antérieurs) ou comportementaux (dossiers de l’élève à l’école primaire). D’autres encore acceptaient des inscriptions prématurées, parfois trois ans à l’avance, afin de réserver les places à leur public privilégié.

Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, estimant à juste titre que ce sont principalement les personnes les moins favorisées qui avaient des difficultés à s’inscrire dans l’école de leur choix, a voulu promouvoir davantage de mixité sociale dans les écoles qu’elle subsidiait et a tenu à lutter contre cette forme de discrimination. En septembre 2007, le gouvernement de la Communauté française fixe une date commune de début des inscriptions des élèves en première secondaire. Les écoles devront dorénavant attendre le 30 novembre avant d’inscrire de nouveaux élèves pour l’année scolaire suivante.

L’inscription n’est, d’ailleurs, pas la seule illégalité pratiquée par les directions de certaines écoles élitistes. D’autres dysfonctionnements ont entraîné l’apparition d’une logique de marché scolaire dont les parents sont les clients, et qui ont pour conséquence l’inefficacité de notre système scolaire pointé par toutes les études internationales. Citons, par exemple, Le minerval ou les frais à l’inscription ; la ségrégation durant la scolarité (de manière à éliminer les moins « scolaires », de préférence s’ils sont issus de milieux sociaux défavorisés et ce, via l’échec scolaire) ou le caractère homogène de l’offre d’enseignement (peu de choix d’options ou choix d’options « fortes » comme, par exemple le latin, car on sait que certains milieux sociaux ne choisissent pas cette option), etc.

Il fallait commencer à détricoter cet écheveau en commençant par un bout : le Politique a choisi le moment de l’inscription dans l’enseignement secondaire[3]. Il est à porter au crédit de la Ministre Marie Arena d’avoir été la première à oser s’en prendre à ce système. Elle l’a payé sur le plan politique.

Comme le rappelle Benoît Galand[4] (CGé, 2007), « on peut s’interroger sur les effets en termes de cohésion sociale du degré de mixité sociale que l’on rencontre dans les écoles d’un système scolaire (Meirieu & Giraud, 1997). Quel message transmet-on aux jeunes en les scolarisant dans des écoles où ils rencontrent une grande diversité sociale ou au contraire dans des écoles très ségrégées socialement ? Comment cette mixité sociale affecte-t-elle les représentations des différents groupes et rôles sociaux, les préjugés, les perceptions de la justice sociale, … des élèves et des enseignants ? L’école n’a-t-elle pas là un rôle à jouer ? Les enjeux de la mixité sociale ne sont donc pas minces. D’autant que les effets en termes d’apprentissage sont socialement déséquilibrés : ce sont généralement les élèves les moins bien préparés à la scolarité (souvent ceux d’origine populaire) qui sont le plus affectés par la qualité de l’enseignement qui leur est proposé. »

Pour   rappel,   lors   de   son   adoption   le   décret   Inscriptions   entendait   répondre   plus particulièrement à trois objectifs[5]

  • organiser  de  manière  pragmatique  et  transparente  le  processus  d’inscription  en  vue  de limiter   la   tension   entre   les   places   disponibles   dans   certains   établissements   et l’importance de la demande les concernant ;
  • assurer à toutes les familles égalité d’accès à l’ensemble des établissements scolaires et égalité de traitement dans le processus d’inscription ;
  • promouvoir  la  lutte  contre  l’échec  scolaire,  améliorer  les  performances  de  chaque enfant,  lutte  contre  les  mécanismes  de  relégation  en  soutenant  la  mixité  sociale, culturelle et académique.

Il est évident que l’objectif politique est noble, puisqu’il vise, à terme, une société plus hétérogène et plus inclusive. Il ne peut qu’avoir le soutien de tous les progressistes, même si l’objectif de mixité sociale est loin d’être atteint. Si on veut arriver à une véritable mixité sociale cela imposera, qu’à Bruxelles, le pourcentage d’enfants prioritaires issus de quartiers moins favorisés, passe à 50 %[6].

  • Avec quels objectifs pédagogiques ?

Le concept de mixité sociale n’est pas en lui-même porteur en termes pédagogiques. Il est plus parlant de parler de gestion de l’hétérogénéité scolaire, càd du « Comment faire face aux différents niveaux d’acquis présents au sein d’un groupe-classe? [Rudy Wattiez, Cgé].

En effet, sur le plan pédagogique, ce n’est pas de mixité sociale que l’on parle. Pour faire progresser un groupe-classe, il est important d’hétérogénéiser le public, plutôt que de tenter de l’homogénéiser. Au plus les différences d’apprentissages sont grandes, au plus il est nécessaire de mettre des pratiques pédagogiques adaptées en place. Pratiques pédagogiques qui vont bénéficier à tous les élèves, quelles que soient leurs facilités ou difficultés scolaires. L’hétérogénéité permet un véritable « nivellement » vers le haut, tandis que l’homogénéité, recherchée actuellement par les redoublements et orientations diverses, est un véritable nivellement catastrophique vers le bas[7] !

Les études internationales ont démontré que, de tous les peuples de l’OCDE, les belges étaient les plus inégalitaires ! Notre enseignement est l’un de ceux où l’hétérogénéité sociale est la plus faible et, par corollaire, qui est l’un des plus inefficaces. Le niveau des élèves dépendant de l’école qu’ils fréquentent.

Selon que vous soyez puissant ou misérable…

… les jugements d’Ecole vous rendront brillant ou rempli de désespoirs. En choisissant leur population scolaire, certaines écoles décidaient également de l’avenir des élèves qu’elles rejettaient. En effet, l’école que fréquente un enfant influence son niveau scolaire. Les élèves issus de milieux moins favorisés, et se trouvant inscrit dans une école défavorisée, réussissent moins bien que les enfants issus de milieux favorisés, scolarisés dans des écoles favorisées.

Pourquoi ?

Parce qu’on n’apprend pas tout seul ! L’effet des pairs (élèves du même âge) est fondamental : on apprend moins vite dans un environnement où les acquis scolaires sont faibles que dans un environnement où les acquis scolaires sont élevés. Et cela, même si on a soi-même, des acquis scolaires faibles !

Cela s’explique. Dans son étude, Benoît Galand[8] relève trois raisons :

  • On apprend plus vite quand on est entouré d’élèves de bon niveau scolaire. Le niveau scolaire étant en partie liée à l’origine sociale, c’est dans les écoles « privilégiées » que l’on a le plus de chances de fréquenter des élèves au niveau scolaire élevé ;
  • Les ressources financières et humaines des écoles sont influencées par son public. Sur le plan financier, les familles favorisées peuvent contribuer aisément à l’équipement et aux frais scolaires de leur enfant. Sur le plan humain, les équipes pédagogiques (les enseignants) sont plus expérimentées et moins soumises à des rotations du personnel dans les écoles privilégiées. La qualité de l’enseignement varie donc, parfois, selon le public de l’école ;
  • Selon le public de l’école, l’élève sera plus ou moins exposé à la violence et à la (dé-) motivation scolaire. Le risque d’être confronté à des violences verbales et/ou physiques est plus important dans les écoles « défavorisées », contrairement aux écoles « favorisées » ou les élèves ont une attitude plus positive vis-à-vis de leur scolarité. Ces élèves, en outre, souhaitent suivre une scolarité plus longue et ont une ambition forte pour leur avenir. Rassembler les publics les moins favorisés au sein des mêmes écoles, ne fait qu’accroître les difficultés (scolaires et comportementales).

Le niveau de mixité sociale des écoles a des conséquences sur le cursus scolaire des élèves ainsi que sur le travail des équipes éducatives.

Et Benoît Galand de conclure « Les faits rappelés ci-dessus montrent que la mixité sociale apparaît comme un des éléments importants si l’on veut éviter de voir se creuser les inégalités scolaires et de voir augmenter le nombre d’élèves n’atteignant pas le niveau d’apprentissage attendu au terme de la scolarité obligatoire. »

Les effets « école » sur les élèves

Selon qu’ils sont intégrés dans une école favorisée ou non, les élèves ont une vision différente de leur scolarité (C. Piquée et M. Duru-Bellat – 2000) :

  • Les élèves des classes les plus défavorisées portent sur leur école des jugements moins favorables que les élèves des autres écoles ;
  • Certaines normes sociales sont moins intégrées par les enfants de milieux défavorisés (confusion des normes scolaires) ;
  • Dans les classes primaires défavorisées, l0 % des élèves envisagent un métier d’ouvrier;
  • Les élèves favorisés ont des ambitions moins élevées lorsqu’ils fréquentent des classes défavorisées ;
  • Il n’y a pas de différences d’attitudes selon que les enfants sont scolarisés dans des classes favorisées ou défavorisées ;
  • les élèves ont de meilleures ambitions lorsqu’ils sont scolarisés dans une école favorisée ;
  • Dans les classes favorisées, les élèves modestes n’envisagent jamais un métier ouvrier ;
  • Les élèves ont l’impression que le climat est meilleur dans les écoles favorisées.

Il va donc de l’intérêt de tous les enfants issus de milieux défavorisés d’être intégrés au sein d’un établissement scolaire favorisé. 20 % des places leur étaient réservées en priorité, mais dans les faits, le nombre de familles qui choisissent de bénéficier de cet avantage est faible. Il est dans l’intérêt de tous que ce pourcentage augmente.

Tous les élèves sont-ils faits pour toutes les écoles ?

Absolument ! Croire ou faire croire que certains enfants ne seraient pas capables de suivre un enseignement dans les écoles favorisées tient, ou de l’affabulation, ou de l’incompétence ! En effet, tous les élèves sont doués pour l’étude. Croire que certains élèves seraient des intellectuels tandis que d’autres seraient plutôt artistes ou manuels est absolument faux (des gens « bien mal pensants » parlent même d’ « intelligence de la main », une autre manière – ségrégationniste – de désigner les enfants défavorisés). En fait, chacun de nous a, à la fois, de grandes capacités intellectuelles et manuelles !

Cette idée archaïque, qui date du début du XXe siècle est à ranger au musée de l’histoire de la pédagogie. Jean Piaget a démontré, au début des années 60, que l’intelligence se construit. Il a prouvé que TOUS les enfants devaient reconstruire les idées, les concepts ou encore les théories qui paraissent évidentes aux adultes. Bref, grâce à la théorie de PIAGET, on est convaincu aujourd’hui que tout s’apprend ou mieux, que tout se construit . Ce qui distingue les élèves c’est leur vitesse d’apprentissage. Bref, la qualité de l’apprentissage réalisé n’a aucun rapport avec le temps mis pour y arriver. Depuis plus de 50 ans, on peut affirmer que TOUS les élèves sont doués pour l’étude (cela s’appelle le « postulat d’éducabilité »).

Il n’y a donc pas d’école plus adaptée à un certain public scolaire qu’à un autre. Tous les enfants, quelles que soient leurs origines, sont capables de suivre un enseignement de qualité , quelle que soit l’école. Dès lors, il est fondamental que les familles les moins favorisées inscrivent massivement leurs enfants dans les écoles favorisées, afin de leur donner un maximum de chances d’atteindre un niveau scolaire de meilleure qualité.

Malheureusement, la commission de pilotage estime que la part d’élèves issus d’écoles primaires à indice socioéconomique faible ne varie pas vraiment dans les écoles. Elle n’augmente quasi pas dans les écoles où elle est faible, ne diminue pas plus dans celle où elle est élevée. Bref, d’un point de vue socioéconomique, la population des écoles a peu changé depuis la mise en place du décret[9].

Les effets « école » sur les enseignants

Selon qu’ils enseignent dans une école favorisée ou défavorisée, les enseignants ont une vision différente de leur métier (C.Piquée et M. Duru-Bellat – 2000) :

  • Tous déclarent des priorités identiques (méthodes de travail efficaces, apprendre à mobiliser et réutiliser des connaissances, …) mais dans la pratique, les différences apparaissent ;
  • Les pronostics de réussite sont nettement plus forts dans les classes favorisées ;
  • Dans les classes défavorisées, les enseignants reconnaissent le plus souvent ne pas terminer le programme ;
  • Les problèmes de discipline sont plus fréquents dans les classes défavorisées ;
  • L’exercice du métier est jugé plus agréable dans les écoles favorisées que dans les écoles défavorisées.

L’objectif de viser à une véritable mixité sociale et donc à une véritable hétérogénéité pédagogique est également de l’intérêt de tout le corps enseignant.

  • Pourquoi se limiter à un Décret inscriptions seulement à l’entrée de l’enseignement secondaire ?

Les pratique « anciennes » des écoles secondaires sont encore de mise dans de nombreuses écoles maternelles et primaires. De même, quand elles n’ont pu entrer par la grande porte, les familles qui n’ont pas eu la chance d’obtenir le précieux sésame reviennent deux ans plus tard, à l’entrée du second degré, pour y inscrire leur enfant sans ne plus avoir besoin de respecter le décret inscriptions. Cela encourage les écoles à « faire de la place », et donc à orienter les élèves qui correspondent le moins à leurs critères subjectifs vers les enseignements techniques ou professionnels en fin de deuxième secondaire. Il s’agit bien de discrimination basées sur les différences sociales. Cela n’est pas plus acceptable qu’en août 2006, quand l’avant-projet du décret inscriptions a été soigné avec pour objectif de rendre l’école socialement plus mixte. Il est donc important de réguler à tous les niveaux et pendant toute la scolarité obligatoire.

En outre, il est évident que l’arrive du Tronc commun jusque 15 ans va chambouler les objectifs du décret inscriptions. Il s’agit, en quelques sortes d’allonger l’école fondamentale de 3 années. Aussi, le passage dans l’enseignement supérieur sera le second moment où les familles devront chercher une nouvelle école. Il ne serait pas acceptable que les pratiques anciennes reviennent et que le degré supérieur de l’enseignement de transition puisse à nouveau choisir ses clients, délaissant celles et ceux qui ne conviendraient pas à leurs critères de sélection.

Dès lors, rédiger un nouveau décret inscription est une bonne chose mais si ce dernier se limite à l’entrée dans le secondaire, il aura raté l’essentiel : rendre l’école plus égalitaire.


[1] Voir Article 28 de la Convention internationale relative aux droits de l’enfant (ONU 1989)

[2] II s’agissait d’une minorité d’écoles. Il ne faut, en aucune manière, jeter l’opprobre sur l’immense majorité des directions qui ne pratiquaient nullement cette forme de discrimination. Malheureusement, c’est par la faute de cette minorité, que des règles d’accueil de tous ont dû être mises en place sous la forme d’un Décret.

[3] Nous noterons que les écoles fondamentales ont toujours le loisir de pratiquer la discrimination des élèves à l’inscription. Il est, aujourd’hui, impératif de penser rapidement à un futur décret inscription à l’école primaire, afin de tenter d’atteindre l’équité et de lutter contre l’injustice à tous les niveaux de l’enseignement obligatoire.

[4] Benoît Galand est docteur et professeur en sciences de l’éducation l’Université catholique de Louvain.

[5] Rapport 2014 de la Commission de pilotage relatif au Décret inscriptions

[6] Il est actuellement de 20 %

[7] Nous ne parlons pas de « nivellement PAR le bas », concept inconnu en pédagogie qui consisterait, pour les plus nantis à refuser que l’école privilégie l’aide aux plus faibles, afin de ne pas ralentir les apprentissages de leur propre progéniture.

[8] Benoît Galand, CGé 2007, déjà cité.

[9] https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_inscription-en-secondaire-une-derniere-fois-avant-un-changement-de-decret?id=10429649

« J’ai fait un rêve… »

« J’ai fait un rêve… »

J’ai rêvé d’une école inclusive

Ghislain Magerotte

Je suis ami d’une famille comptant trois enfants, dont un garçon avec une déficience intellectuelle. Cette famille été suivie par un service d’aide précoce en vue de faciliter l’accueil de cet enfant « spécial » dans sa famille, son quartier et sa commune. Elle a commencé la scolarité de son fils, Jean, dans une école fondamentale qui se veut « inclusive. Nous en avons parlé et, à l’heure où la FWB se lance dans ce projet d’école inclusive, j’ai fait un rêve.

Jean part à l’école avec son frère et sa sœur, à pied, parfois conduit par ses parents, quand il pleut ou qu’il y a du retard. Parfois, il va avec un copain du voisinage, qu’il connaît depuis quelques années. D’autres élèves y vont en utilisant un transport en commun, et quelques autres y vont en transport scolaire, car ils habitent trop loin.

Il arrive à l’heure, accueilli à la grille par une éducatrice-surveillante, et passe quelques minutes à la cour de récréation. Il va retrouver ses copains ou il se débrouille seul.

Jean entre en classe avec les élèves de son âge

Il participe aux différents cours, en même temps que les autres élèves, mais avec un soutien de son professeur spécialisé. A cette fin, il consulte le programme de la matinée, qui est placé sur son banc et qui s’appuie, notamment mais pas exclusivement, sur les objectifs qui sont dans son P.I.A.

 Au début, il était soutenu dans pratiquement toutes les matières, mais depuis, ce soutien est surtout prévu pour les apprentissages qui sont nouveaux pour lui. Par contre, il se passe de ce soutien pour les activités qu’il doit uniquement revoir. S’il a fini ses tâches et qu’il lui reste du temps libre, il fait une activité qu’il aime bien et qu’il réalise à sa place ou dans le coin prévu à cet effet. Il arrive en effet que le professeur spécialisé le laisse travailler seul et s’occupe des autres élèves, en collaboration avec le titulaire.

Il travaille aussi avec un copain de classe, qui s’est engagé pour trois mois à devenir son « tuteur ». Il est sympa et travaille avec lui, sous la supervision du professeur. Parfois, il peut être le tuteur d’un élève qui a davantage de difficultés que lui dans certaines matières.

Et la matinée se passe ainsi : Jean regarde son horaire de travail, qui alterne les activités d’apprentissage (avec son professeur spécialisé et parfois son titulaire) et les activités de maîtrise et il lui arrive de travailler seul ! Il fait la gym ainsi que quelques autres activités non scolaires avec les autres élèves de la classe,

Vient la récréation et la pause de midi. Lors de la récréation, il est accompagné par un copain, ou joue avec plusieurs copains, ou il observe calmement les autres. La pause de midi a été compliquée pendant un certain temps, à cause d’un certain désordre, d’un encadrement insuffisant et peu formé à l’inclusion, mais après une mise au point de l’organisation et une discussion avec le référent de l’inclusion, les groupes ont été plus paisibles. Il prend actuellement ses tartines avec les autres élèves  

L’après-midi, tous les élèves de sa classe font diverses activités, tenant compte de leurs compétences, motivation et attentes. Cette organisation s’inscrit dans le cadre du projet de l’équipe visant la mise en place d’une école inclusive réservant le matin aux activités scolaires. Ensuite, l’après-midi, chaque élève peut opter pour des activités diverses, au choix, tenant compte de leurs spécificités, et ce durant un trimestre en principe. Ces activités peuvent varier en fonction des trimestres et porter sur des activités de rattrapage ou de perfectionnement dans les diverses matières, ou encore des activités plus socio-culturelles (cinéma, théâtre, …) ou artistiques.

Comme Jean est reconnu comme ayant des « besoins spécifiques » (mais qui n’en a pas ?), durant l’après-midi, il reçoit des services de logopédie, de kiné ou d’ergo en cas de besoin, ou encore de remédiation pédagogique. Parfois aussi un professionnel du Service d’Aide à l’Intégration vient à l’école pour des activités particulières.

En fin d’après-midi, il retrouve les élèves de sa classe pour s’assurer que tout est en ordre pour les jours suivants, se dire « au revoir » et rentre chez lui.

Enfin, la vie d’un élève ne s’arrête pas à la grille de l’école. Aussi, Jean est invité à jouer par des copains de l’école, notamment lors des fêtes d’anniversaire, et il invite aussi des copains à venir jouer chez lui. De plus, il participe à toute activité comme un voyage ou une excursion scolaire adaptée aux besoins de chaque élève de la classe.

Et en tant que parents, qu’avez-vous fait durant ces années de scolarité ?

Nous avons sollicité le CPMS pour une évaluation de notre enfant mais nous avons dû solliciter un autre service pour disposer d’une orientation vers une école qui s’était engagée dans un processus d’inclusion. Sommes-nous dans une situation unique ? Non, car il semble, suite à nos contacts avec d’autres parents, que les CPMS ne conseillent pas l’intégration et/ou ont des difficultés à trouver des écoles partenaires. Certains parents ne reçoivent d’ailleurs pas le rapport écrit des évaluations réalisées avec leur enfant. De plus, un CPMS assure la guidance des élèves mais nous n’avons pas été informés – comme beaucoup de parents sans doute – du travail réalisé par ce centre avec notre enfant. Ces activités doivent faire l’objet d’une refonte fondamentale dans la cadre de la réforme systémique proposée par le Pacte pour un Enseignement d’Excellence.

Par contre, nous, les parents, avons été invités à participer à l’élaboration du P.I.A. de notre enfant avant la réunion du Conseil de classe pour exprimer nos attentes et celles de notre enfant, qui a des difficultés à s’exprimer. Jean nous accompagne habituellement lors de cette réunion. Le titulaire ou le professionnel spécialisé qui a la charge de coordonner le PIA nous remet après la réunion, le P.I.A. de l’élève et il l’adapte au niveau de compétence de l’enfant, avec des dessins et quelques mots. Nous sommes heureux d’avoir aussi des suggestions concernant les stratégies utilisées en classe et qui sont utiles pour assurer le suivi de notre enfant après la classe, le soir, le week-end et durant les congés.

Quant aux évaluations de notre enfant, nous recevons régulièrement, par trimestre, les évaluations non chiffrées, avec beaucoup de suggestions positives. Il serait très intéressant de les recevoir plus régulièrement, d’autant plus que les professionnels doivent en permanence adapter leur pédagogie aux besoins de leurs élèves. Cela nous donnerait des idées … et démontrerait que l’équipe de l’école est très attentive aux besoins de tous les élèves.

Décembre 2020, à l’occasion du 50ème anniversaire de la loi sur l’enseignement spécial de 1970

Ghislain Magerotte est membre de la Plate-forme pour une école inclusive de la Ligue des Droits de l’Enfant. Il est professeur émérite à la Faculté de Psychologie et des sciences de l’Education à l’Université de Mons (Mons, Belgique). Il est aussi président d’honneur de la Fondation d’utilité publique SUSA (Service Universitaire Spécialisé pour personnes avec Autisme). Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Pratique de l’intervention individualisée tout au long de la vie (avec M. Deprez & N. Montreuil). 2ème édition. (2014). Bruxelles : De Boeck –  Scolariser des élèves avec autisme et TED. Vers l’inclusion. (avec C. Philip & J.-L Adrien,. Eds) (2012). Paris : DunodL’intervention Comportementale Clinique. Se former à l’A.B.A. (avec E. Willaye, E.). (2010). Bruxelles : De Boeck-Université – Evaluation et intervention auprès des comportements-défis. Déficience intellectuelle et/ou autisme (avec E. Willaye) (2008). Bruxelles : De Boeck – Améliorer la qualité de vie des personnes autistes (avec Rogé, B., Barthélémy, C. (Eds). 2008. Paris : Dunod – Qualité de vie pour les personnes présentant un handicap. Perspectives Internationales. (avec D. Goode et R. Leblanc, Eds) (2000). Paris-Bruxelles : De Boeck et Larcier. Il a également publié des articles sur ces différentes problématiques.

LGBT-Phobies à l’école

LGBT-Phobies à l’école

2e partie : Quels sont les effets des LGBT-phobies sur les enfants et les jeunes ?

Pour lire le début de l’analyse, Quel doit être le rôle de l’école dans la lutte contre les LGBT-phobies ? Cliquer ici

Qui est concerné·e par les LGBT-phobies ?

Le rapport Teychenné[1] nous éclaire sur les groupes scolaires concernés par les LGBT-phobies. Et, comme on peut s’y attendre, les jeunes LGBT ne sont pas les seules victimes de violences homophobes ou transphobes (orales, réseau-sociétales ou physiques). Le nombre de victimes dépasse largement les seul·e·s gays, lesbiennes, bisexuel·le·s et transgenres, Queers ou intersex (et +).

De nombreux·ses élèves, qui ne se sentent pas LGBTQI+[2], ne sont pas conformes aux stéréotypes de genre, de par leur façon de s’habiller, de se coiffer, de parler, leur attitude, ou par timidité, absence de relation sentimentale connue ou simplement à cause du « on-dit ». Ce sont des élèves non-conformes à une prétendue « normalité » que l’école n’a pas pris le temps de déconstruire ou, pire, a participé à son ancrage dans l’inconscient des élèves. Par exemple, par le règlement des études qui, au pire des cas, fixe la ou les coiffures acceptées, de même que les tenues vestimentaires, rejetant par-là-même les élèves dissonnant·e·s et les soumettant ainsi à la raillerie, aux moqueries et insultes, voire au coups d’autres élèves homophobes ou transphobes.

Sans oublier les élèves qui vivent dans des familles homoparentales ou ayant un·e parent homosexuel·le. Ils sont faciles à repérer par les harceleurs et harceleuses. Si on compare à la France dont la population est 6 fois plus nombreuse que la nôtre, on peut estimer à 8 à 10 000 le nombre d’enfants vivant dans une famille homoparentale[3] et à 50 000, le nombre d’enfants ayant un·e parent homosexuel·le[4].

Sur les chiffres, le rapport conclut «  Si l’on additionne les jeunes LGBT, les jeunes hétérosexuels non conformes aux stéréotypes de genre, ainsi que les enfants élevés par des familles homoparentales et ceux ayant un parent homosexuel, c’est probablement plus d’un million d’élèves qui sont ou seront potentiellement concernés par les discriminations LGBT-phobes pendant leur scolarité ». Rapporté à la Belgique, cela reviendrait à 166 666 élèves concernés dans notre pays.

Le rapport Teychenné précise que « Ce sont d’abord ces jeunes « repérables », identifiés pour leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre réelle ou supposée, qui subissent les discriminations homophobes et le harcèlement. Tous ne sont pas homosexuels : on oublie en effet souvent que des jeunes hétérosexuels sont victimes de propos ou de harcèlement homophobes parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre de leur environnement scolaire. »

Concernant les jeunes LGBTQI+, on ne connaît pas leur nombre (voir ci-après « les victimes cachées). Aucun recensement n’a jamais posé de questions relatives à l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre dans le but de comptabiliser les enquêtes recensent la population LGBT de manière indirecte, c’est-à-dire en interrogeant le répondant sur le sexe de son partenaire. À ce jour, seuls 15 pays de l’OCDE ont inclus une question sur l’auto-identification de l’orientation sexuelle dans au moins une de leurs enquêtes nationales représentatives menées par les offices statistiques nationaux ou d’autres institutions publiques. Dans les 14 pays de l’OCDE pour lesquels des estimations sont disponibles, les personnes LGB représentent en moyenne 2.7 % de la population adulte. En d’autres termes, dans ces 14 pays, au moins 17 millions d’adultes se définissent comme LGBT – 17 millions étant une estimation basse puisque les personnes transgenres ne sont pas comptabilisées en raison d’un manque de données, soit autant que la population totale du Chili ou des Pays-Bas.[5].

Les études ne sont pas pour autant précises. Nombre de personnes LGBTQI+ ne se revendiquent pas comme telles[6], surtout dans le cadre scolaire

L’OCDE de poursuivre : « Une analyse plus poussée des estimations de la population LGB montre une répartition quasiment égale de cette population entre homosexuels et bisexuels, sauf en Allemagne, au Chili et en Suède. La proportion d’homosexuels au sein de la population LGB varie de 44 % en France à 58 % en Norvège. Les femmes sont aussi susceptibles que les hommes de se définir comme LGB. Mais cette situation masque une hétérogénéité au sein des sous-groupes LGB : par rapport aux hommes, les femmes sont moins susceptibles de se définir comme homosexuelles, mais plus susceptibles de se définir comme bisexuelles [7]».

Que ce soit dans l’école ou dans d’autres lieux sociaux, la grande majorité des jeunes LGBT préfèrent cacher leur orientation sexuelle. Ce sont les victimes cachées car, elles souffrent en silence. C’est un réflexe d’auto-défense. En effet, elles sont régulièrement témoin des actes homophobes, lesbophobes ou transphobes qui règnent dans les cours de récréation, voire sur Internet. En cachant leur réalité, cela leur permet de ne pas être les victimes directes de ces discriminations. C’est ce que l’on appelle l’homophobie intériorisée : « Ces jeunes vivent non seulement l’expérience du rejet de la part des autres, mais aussi de l’invisibilité de leur souffrance.[8] » Il faut savoir que cette « invisibilité » a un coût psychologique très lourd pour ces jeunes. Ils et elles sont témoin au quotidien de la violence et de la discrimination homophobe subie par celles et ceux qui sont un peu « différent·e·s », supposé·e·s LGBTQI+, ou simplement qui ne plaisent pas aux harceleurs et harceleuses. Ils et elles ont intégré que cela leur serait destiné le jour où « quelqu’un·e saurait ». Elles et ils ne peuvent que cacher leur homosexualité, leur transexualité à tout le monde, à commencer par leur famille. Avec la peur au ventre car, finalement, il faut tellement peu de chose pour être considéré·e « homo ».

Le « coming out » volontaire des jeunes LGBT se situe aux environs de 20 ans dans la très grande majorité des cas. C’est un élément central dans la problématique de la lutte contre les LGBT-phobies à l’École. Le « coming out » se fait en effet d’abord auprès des amis très proches, puis de la famille (si cela est possible) et, enfin, de façon concentrique par rapport au cercle des relations affectives. Ce qui, souvent, met les familles « hors-jeu » durant la période de scolarisation secondaire des jeunes concernés, dans une proportion très importante inversement proportionnelle à l’âge du « coming out ». Il faut aussi noter le risque de rupture familiale, y compris pour les adolescent(e)s au moment du « coming out ». [9]

On ne doit donc pas s‘arrêter aux chiffres, mais viser à protéger toutes les différences, de manière proactive et pédagogique. Il est évident que les chiffres ne peuvent pas être considérés comme révélateurs d’une réalité. Celle-ci est évidemment beaucoup plus complexe que ce que ne montrent des chiffres. Ainsi, dès 1997, dans une étude[10] réalisée parmi les jeunes de 15 à 18 ans, 6,1 % déclaraient une attirance pour les personnes du même sexe. La réalité des chiffres était très probablement bien supérieure. Ces jeunes ne représentent que la pointe de l’iceberg. LA grande majorité d’entre est « invisible », ce qui explique la sous-évaluation constantes des LGBT-phobies dans la société (et donc aussi au sein des familles[11]) et à l’école.

Le rapport Teychenné estime à 6% le nombre de personnes LGBT dans la population française. C’est très certainement sous-évalué. Mais le plus raisonnable est de dire que cela n’a aucune importance !  Peu importe le nombre, nous sommes toutes et tous genré·e·s, avons toutes et toutes des préférences sexuelles qui peuvent différer entre nous. Il en est de même des élèves que vous avons en classe. L’important est bien là : permettre à chaque élève d’être éduqué·e à la lutte contre toutes les LGBT-phobies, de recevoir les informations concernant les préférences sexuelles, et de se sentir accepté·e et protégé·e au sein de son école, de sa classe, de ses pairs, par rapport à ce qu’il ou qu’elle est. Rappelons-nous que toutes les « classes » sociales et toutes les origines géographiques comportent les mêmes proportions de personnes LGBTQI+. Il faut donc travailler les déterminants sociaux, culturels et philosophiques afin que l’acceptation des différences LGBTQI+ soit effective au sein de toute la population scolaire et éducative.

Conséquences des LGBT-phobies sur les élèves

« En Belgique, une étude menée sur les jeunes lesbiennes, gays et bisexuel(le)s ayant fréquenté l’école au cours des trois dernières années a révélé que 48 % avaient subi des moqueries et avaient été tournés en dérision, que 39 % avaient été insultés, que 36 % avaient été en butte à un isolement social, et que 21 % avaient été victimes d’intimidation. Des conclusions similaires ont été rapportées en France, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Espagne. Aux Pays-Bas, 35 % de ces élèves ont indiqué qu’ils ne se sentaient jamais ou que rarement en sécurité à l’école, contre 6 % pour l’ensemble des élèves. » [12]

Cela commence par des agressions verbales. Les manifestations d’homophobie recencées sont majoritairement verbales. Les termes « pédé » ou « enculé » ne sont souvent pas conscientisés par les jeunes et employés comme insulte courante, voir même, comme « petit mot gentil », bien que très stigmatisant. Il s’agit de la banalisation des insultes qui commence dès l’école primaire. Malheureusement, dans les écoles, les insultes homophobes sont trop courantes, et donc trop banalisées, contrairement aux insultes racistes, antisémites ou sexistes qui sont condamnées et sanctionnées par la communauté éducative. L’insulte LGBT-phobe bénéficie d’une certaine tolérance sociale en partie due à sa « désémantisation » (elle est utilisée sans réflexion sur son sens et sa portée) et à son absence d’incarnation. Dans la communauté éducative, on peut être tenté de croire que, s’il n’y a pas d’homosexuel(le) directement visé(e), l’insulte est moins grave. Malheureusement, cette désémantisation est toute relative et n’est pas perçue comme telle par les jeunes LGBT et enfants de LGBT, témoins ou victimes de ces propos[13].

C’est un phénomène culturel ignoré par la majorité des enseignant·e·s qui, de ce fait, ne réagissent guère et ne mettent rien en place pour lutter contre ce phénomène. Il n’en demeurent pas moins qu’ils sont pris en pleine figure par celles et ceux qui sont concerné·e·s, et ce, même s’ils ont toujours caché leur orientation sexuelle.

Le harcèlement, quant à lui, se passe de manière sournoise. Que ce soit dans les cours de récréation, les toilettes, les couloirs, ou devant l’établissement scolaire. Cela se produit, évidemment, loin du regard des adultes. IL s’agit d’actes répétés visant à humilier publiquement une victime. Si cela commence habituellement par un ensemble de moqueries et de bousculades, le harcèlement continue sur les réseaux sociaux qui ne sont que le prolongement de la cour de récréation. Dans le cadre de sa lutte interne contre l’homophobie, l’école doit prendre en compte ce phénomène de cyberviolence qui se passe pour moitié sur les réseaux sociaux et pour l’autre moitié dans le cadre de l’école. Les deux sont liés et doivent être combattus ensemble.

Le harcèlement n’engendre pas toujours la violence physique, mais celle-ci existe néanmoins. On estime à 5% les cas d’homophobies qui se traduisent pas des coups et blessures[14].

Un impact considérable

L’homophobie exercée par les pairs en milieu scolaire a un impact considérable sur l’estime de soi et le bien-être des jeunes d’orientation homosexuelle. Les manifestations anti-LGBT pèsent très tôt sur la construction de soi. Dès l’école primaire (et parfois dès l’école maternelle), les élèves ont intégré que nous vivons dans un contexte normatif où la « normalité » est d’être hétérosexuel : « un couple, c’est un papa et une maman et ensemble ils peuvent faire un enfant, sinon ce n’est pas possible ! ». Au moment où l’identité sexuelle et affective se construit, les adolescents LGBTQI+ se trouvent confrontés à l’homophobie sociale, ce qui a des conséquences néfastes pour leur santé mentale.

La/le jeune éprouve des difficultés à en parler. Elle/il est en souffrance, il/elle a peur d’être jugé·e et n’a d’autres choix que le mensonge ou l’isolement. Ce repli sur soi présente des risques majeurs de comportement agressifs envers eux-mêmes et de conduites à risques (alcool, drogues, rapports sexuels non protégés)[15].

Les études internationales ont démontré que l’homophobie avait également un impact important sur la scolarité des élèves LGBTQI+. Cela se traduit par des baisses de notes et donc une baisse également des résultats globaux, ce qui entraîne une démotivation scolaire et tout ce qui va avec : décrochage, absentéisme, révolte, comportements agressifs et/ou démissionnaires.

De l’isolement au suicide

Dans ce cadre normatif, il est difficile pour les jeunes de parler de leur homosexualité. Ils et elles craignent d’être jugé·e·s et stigmatisé·e·, voire rejeté·e·s. Cela les conduit naturellement vers l’isolement qui est aussi un système d’autoprotection. Cet isolement sera d’autant plus renforcé que le harcèlement sera fréquent et douloureux. Celui-ci parvient aux objectifs de ses concepteurs/trices qui sont de renvoyer à l’élève une image négative et dévalorisante de soi. Cette image culpabilisante renforce encore plus l’isolement et la peur de revivre de nouvelles agressions.

Les élèves vivent une détresse psychologique souvent insoutenable. 35 % des victimes font état de mal-être et de déprime, 32 % de repli sur soi, 21 % de révolte, 9 % d’une aggravation des conduites à risques[16].  Cet isolement dépressif peut conduire à des tentatives de suicide (malheureusement parfois réussies). Une étude montre que le taux de tentatives de suicide chez les jeunes hétérosexuels est de 5,7% par an. Ce nombre monte à 20 % chez ceux qui ont été victimes d’attaque homophobe[17].

Le constat est clair, l’homophobie est un facteur de risque du comportement suicidaire : « Les phénomènes d’exclusion, de rejet, de mépris, de stigmatisation peuvent conduire en effet à une perte d’estime de soi, à une perte de confiance dans l’avenir et dans les autres. » [18] Et de poursuivre en disant que les jeunes générations sont particulièrement touchées : « Au sein des minorités sexuelles, les jeunes semblent présenter des risques de tentatives de suicide plus élevés que les adultes : les jeunes d’aujourd’hui seraient-ils  plus vulnérables que leurs aînés ? »

Des études menées en France tire un constat alarmant « Selon les études épidémiologiques récentes, parmi les adolescents et jeunes adultes, les populations LGBT ont 2 à 7 fois plus de risques d’effectuer une ou plusieurs tentative(s) de suicide au cours de leur vie que les populations hétérosexuelles. »[19]. Ces risques sont de 2 à 4 fois supérieurs pour les filles, et de 5 à 10 fois pour les garçons, ce qui représente des dizaines de suicides chaque année[20].


[1] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.

[2] Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Queer, Intersex, et plus… (certaines personnes ne se reconnaissent pas dans les 6 premiers termes. Le « + » est destiné à leur permettre de se retrouver incluses dans l’acronyme LGBTQI+).

[3] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013 : « Les enfants vivant dans des couples homosexuels : il existe très peu de données statistiques sur les couples de même sexe en France. Les chiffres varient selon les chercheurs et les études. Les dernières études datent déjà de plusieurs années et situent (a minima) entre 10 000 et 40 000 le nombre d’enfants concernés. Ces chiffres anciens sont aujourd’hui certainement à revoir à la hausse ».

[4] Selon Maks Banens, démographe, auteur avec Eric Le Penven d’une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) sur l’homoparentalité en France, le chiffre de 200 à 300 000 enfants ayant un parent homosexuel est tout à fait plausible. Beaucoup de ces enfants sont nés d’une précédente union hétérosexuelle. Il convient également de ne pas oublier les situations de transparentalité, moins  nombreuses, mais qui existent et nécessitent d’être prises en compte.

[5] Panorama de la société 2019 : Les indicateurs sociaux de l’OCDE Chapitre 1. Le défi LGBT : Ces pays sont les suivants : Allemagne, Australie, Canada, Chili, Danemark, États-Unis, France, Irlande, Islande, Italie, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Suède. En demandant aux individus comment ils se qualifient (réponses possibles : « hétérosexuel/le », « homosexuel/le », « bisexuel/le », « autre », « ne sait pas » et « refuse de répondre »), cette question permet de cibler les personnes qui se définissent comme lesbiennes, gays ou bisexuelles. C’est aux États-Unis que cette démarche a été la plus active, au moins 10 enquêtes nationales représentatives ayant inclus cette question.

[6] Valfort, M. (2017), « LGBTI in OECD Countries: A Review », cité dans Panorama de la société 2019 : Les Indicateurs sociaux de l’OCDE Chapitre 1. Le défi LGBT,  : « Ainsi, il a été prouvé que les méthodes d’enquête qui ne donnent pas aux répondants une garantie de confidentialité suffisante, comme les enquêtes fondées sur des entretiens individuels assistés par ordinateur (CAPI) ou des entretiens téléphoniques assistés par ordinateur (CATI), aboutissent à une sous-déclaration importante de l’identité LGB.

[7] Panorama de la société 2019 : Les Indicateurs sociaux de l’OCDE Chapitre 1. Le défi LGBT, ibid.

[8] Ruiz, 1998; Dunn, 2002

[9] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.

[10] Lagrange et Lhomond, 1997, étude citée dans l’ouvrage de l’INPES : Les minorités sexuelles face au risque suicidaire

[11] Combattre l’homophobie. Pour une école ouverte à la diversité – CFWB : Dans bien des cas, le premier lieu où le jeune gay ou la jeune lesbienne fait l’expérience de l’incompréhension et parfois de la violence homophobe est sa propre famille.

[12] Booklet 8/Education Sector : Response to homophobic Bullying – UNESCO – 2012

[13] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.

[14] Enquête sur l’homophobie en milieu scolaire, SOS-Homophobie France (2009)

[15] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.

[16] SOS-Homophobie, 2009 

[17] Pierre Tremblay. « Orientation sexuelle chez les jeunes présentant des problèmes suicidaires », Vis-à-vis, n° 10, vol. 2.

[18] Extrait de Les minorités sexuelles face au risque suicidaire. Acquis des sciences sociales et perspectives, INPES, collection « Santé en action », 2010

[19] François Beck, responsable du département enquêtes et analyses statistiques INPES, in Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.

[20] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.