Le commerce équitable, alternative au travail des enfants ?

Le commerce équitable, alternative au travail des enfants ?

Le commerce est appelé équitable lorsqu’il ne lèse personne, producteur, acheteur, vendeur, client et environnement. Il s’agit d’un échange économique qui respecte les intérêts des producteurs mais également de tous les acteurs de la chaine et l’avenir de leurs enfants. Les organisations du commerce équitable, regroupées internationalement au sein de FINE[1] ont adopté une définition commune du commerce équitable en 2001 : « Le Commerce Equitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au Sud. »

Le principe fondateur du commerce équitable est donc de donner la garantie aux petits producteurs de commercialiser leurs produits à des prix qui leur permettent de couvrir les coûts de production en encourageant le développement durable aussi bien sur un plan social qu’environnemental. De cette manière, ils sont également à l’abri des soubresauts du marché et connaissent une certaine stabilité des prix, ainsi que des conditions avantageuses de paiement. Il n’est pas rare non plus de profiter de préfinancement, afin d’éviter à ces producteurs/artisans de brader le prix de leurs produits ou de les obliger à recourir à un prêt bancaire à un taux très élevé.

Le commerce équitable combat le travail des enfants

Un des objectif du commerce équitable est de permettre aux familles d’avoir des revenus suffisants pour vivre sans être contraintes de faire travailler leurs enfants, mais également en leur permettant d’avoir accès à l’enseignement. Ces familles reçoivent un prix minium qui leur est garanti (elles reçoivent même des primes de développement) et peuvent engager une main d’œuvre adulte pour les aider à la production. Les primes de développement versées aux coopératives leur permettent de financer des projets sociaux (création d’écoles, de dispensaires, …)

Les organisations qui importent les produits équitables se sont engagées à soutenir les coopératives du Sud à lutter de manière efficace et durable contre les pires formes de travail des enfants. En Afrique de l’Ouest, particulièrement dans le secteur du cacao où les pires (formes) de travail des enfants sévissent de manière extrêmement préoccupante,  ces  partenaires de commerce équitable redoublent d’efforts pour les combattre en s’attaquant aux principales causes du problème  :  l’extrême  pauvreté,  l’inexistence  d’opportunités économiques et le manque d’éducation.[2].

Le mouvement Fairtrade/Max Havelaar interdit catégoriquement le travail des enfants dans ses cahiers des charges. Il met également en place des programmes de prévention sur le terrain, en partenariat avec des ONG spécialisées. L’objectif : garantir le respect des droits des enfants et leur vie au sein d’environnements sûrs et protecteurs[3].

Pour Artisans du Monde, « au -delà du  refus  du  travail  des  enfants  expressément  stipulé  dans  ses  textes,  les  organisations  partenaires du commerce équitable s’attaquent directement à la principale cause du travail des enfants c’est-à-dire la pauvreté. Le commerce équitable repose sur une relation de partenariat stable, négociée et  durable  avec  des  organisations  de  producteurs et  productrices.  Ces  organisations  jouent  un  rôle  important dans la détermination des programmes de lutte contre ces pratiques. En plus d’un contrôle, les organisations développent avec les producteurs et productrices des activités de sensibilisation, de formations et d’accès à l’éducation[4]» 

Le label Ecocert Fair Trade garantit de bonnes conditions de travail pour l’agriculteur et comprend également une série de critères écologiques. Il offre également un soutien financier à l’agriculteur et sa communauté, permettant aux familles de scolariser leurs enfants.

Oxfam a une approche sans doute plus pragmatique, le monde ne s’étant pas fait en un jour : Face au travail des enfants, le dialogue et le respect s’imposent entre les organisations du commerce équitable et leurs partenaires. Dans un environnement historique, socio-économique et culturel différent, le travail des enfants, en effet, est souvent perçu comme un excellent moyen pour les sortir de la précarité et de l’exclusion. Rien d’étonnant donc à ce que certains de nos produits soient le fruit du travail des enfants. Tout est par contre mis en oeuvre pour aider nos partenaires à lutter de manière efficace et durable contre les pires formes de travail qui portent directement préjudice au développement de l’enfant.[5]

Le commerce équitable soutient les familles et la planète

  1. Les acheteurs s’engagent à payer un prix équitable aux producteurs, afin de leur permettre de vivre décemment.

L’objectif du commerce équitable est d’assurer une rémunération des producteurs qui soit juste et décente indépendamment de leur statut : producteurs indépendants ou travailleurs salariés. En plus de couvrir les coûts de production, et d’assurer une rémunération couvrant les besoins fondamentaux des producteurs et des travailleurs ainsi que de leurs familles, le prix d’achat permet l’amélioration de leurs niveaux de vie, de scolariser leurs enfants, de dégager une marge pour les investissements nécessaires tels que les outils de production et contribue à la satisfaction des besoins collectifs : éducation, santé, infrastructures, renforcement des organisations de producteurs…

  • De leur côté, les producteurs s’engagent également

Le commerce équitable se destine à des petits producteurs ou artisans défavorisés ; désireux de faire tourner leur entreprise autrement, ils ont mis en place des organisations (coopératives, associations villageoises…) et souhaitent contribuer ainsi au développement économique et social de leurs membres et de leur communauté.

Le commerce équitable peut également se mettre en place dans des entreprises où les travailleurs sont organisés collectivement et où l’employeur est prêt à leur transmettre les revenus supplémentaires générés par le commerce équitable.

Les organisations de producteurs et les producteurs employeurs respectent les principes du droit national et local[6]. Des programmes d’actions précis ont été mis en place par les organisations de producteurs et les producteurs employeurs : les produits doivent être conçus et élaborés selon des processus respectueux de la santé des populations et de l’environnement. Peu de pollution se dégage du commerce équitable. Oxfam nous informe : « Le transport n’occupe qu’une faible part dans le bilan Carbonne d’un produit. La plupart des produits équitables arrivent d’ailleurs par bateau, un mode de transport à faible émission de gaz à effet de serre. » C’est un mode de production respectueux de l’environnement : au niveau agricole, la plupart des produits équitables sont issus d’une agriculture paysanne à petite échelle et diversifiée. Il s’agit le plus souvent de cultures traditionnelles favorables à la biodiversité, comme le riz violet de Thaïlande, la quinoa rouge de Bolivie, et faiblement mécanisée. De plus, les critères des labels équitables encouragent des méthodes de production durables : absence d’OGM, réduction des pesticides, lutte intégrée, réduction des consommations en eau, etc… Les produits issus de l’artisanat ont un impact sur l’environnement moins lourd que les produits industriels, en particulier ceux qui valorisent les ressources naturelles locales ou le recyclage de produits. Chez nous, il n’y a pas d’équivalent local pour les produits tropicaux de consommation courante. Comme par exemple le café, le thé, le cacao, les bananes…

Nous pouvons changer nos critères d’achats

  1. Acheter des produits du commerce équitable…

Ils ne sont pas nécessairement plus chers. Oxfam nuance cette idée reçue. D’après une étude comparative réalisée en 2011, un peu plus de trois produits équitables Oxfam sur quatre se retrouvent dans la moyenne des prix du marché conventionnel. C’est un circuit court, avec un seul intermédiaire entre consommateurs et producteurs. Combiner salaire décent et bien-être de nos producteurs-partenaires avec la qualité des produits constitue notre priorité.

  • … Mais aussi, penser au futur de nos enfants

Changer nos modes d’achats et préserver LEUR planète

Dans certains domaines d’achats, comme la mode ou le textile, le critère déterminant pour les acheteurs est le prix. Depuis les années 60, le consommateur occidental n’achète plus dans l’idée d’utiliser jusqu’à l’usure, mais veut être en phase avec les canons de la mode[7]. Ensuite, les soldes sont le moment de l’année où les commerçants font les plus gros chiffres d’affaire. Un consommateur sur trois réserve les deux tiers de son budget textile aux soldes[8]. Pour les commerçants, ces périodes sont devenues les plus importantes de leur année. Croire qu’ils vendent sans plus faire de bénéfice, uniquement pour écouler leurs stocks, est utopique. Au mieux vendent-ils à un prix un peu plus proche de leur prix d’achat, lui-même influencé par le trop faible prix de la main d’œuvre offerte aux travailleurs des entreprises textiles des pays où les usines ont été délocalisées.

  • Manger équitable, mais aussi bio ou Local  pour mieux consommer

Une grande quantité de nourriture est achetée chaque jour. Fruits et légumes frais, poisson, viande, pâtes, boissons, yaourt, surgelés, conserves… En moyenne quelques 18 kg d’aliments par semaine et par ménage vident le porte-monnaie.

Nous devons apprendre à nous poser les bonnes questions pour devenir de véritables consommateurs. Un exemple simple, nous consommons quasi chaque jour des fruits et des légumes. Mais pour autant, qui s’interroge de manger des fraises et des cerises à noël, d’avoir dans son assiette des pommes de terre du Pérou, des haricots du Kenya et d’avoir des kiwis toute l’année? Si cela n’est pas néfaste pour la santé, peut-on en dire autant en ce qui concerne l’environnement ?

Nos habitudes alimentaires provoquent un impact sur la planète. Manger en octobre une poire issue d’un verger flamand ou se régaler de framboises importées de Grèce en février, n’est pas équivalent sur le plan environnemental et l’avenir de nos enfants. Le parallèle existe entre une salade produite en pleine terre ou une salade élevée sous serre chauffée…

Etre un consommateur responsable, c’est s’interroger sur ses achats au quotidien en termes écologiques mais surtout humains. Il s’agit de concilier qualité, responsabilité et respect de l’environnement mais également des humains les plus fragiles qui vivent sur la même planète que nous.

En conclusion

Tout est dans tout. Nos modes de consommation influent sur le destin des autres êtres humains. En termes de pollution, bien évidemment, mais aussi et surtout en termes de respect des Droits fondamentaux de tous les êtres humains, en commençant pas celui des enfants. Même si, à des milliers de kilomètres, nous n’avons pas la possibilité de supprimer leur exploitation d’un coup de baguette magique, nous avons un tout petit pouvoir. Lutter à notre échelle, jour après jour, en faisant le choix de produits équitables qui nous garantissent de lutter contre le travail des enfants, soit en l’interdisant, soit en donnant progressivement aux familles les moyens de scolariser leurs enfants. Et le commerce équitable est une bonne alternative, pas nécessairement plus chère.

Mais il est également d’autres pistes à explorer. Changer nos modes de consommation. Un vêtement ne doit pas suivre la mode. Il doit nous représenter, nous tels que nous sommes, loin du « faire comme tout le monde », loin de la mode. Cela aussi, c’est important car nous avons la missions d’éduquer nos enfants à être eux-mêmes et non ce que la mode et la publicité veulent qu’ils soient. Alors, commençons par leur montrer l’exemple. Eduquons-les à refuser toute forme de publicité aliénante et à se construire en fonction de leur seule personnalité.

Et puis, le commerce équitable, ce n’est pas qu’avec les pays du Sud. C’est aussi avec les artisans de chez nous et leurs familles. Revenons à nos essentiels. En achetant, par exemple, chez des agriculteurs et maraîchers bios, chez des ébénistes, des bouchers, boulangers, céramistes, etc., nous créons de l’emploi local. Nombre de familles sont précarisées. Chaque fois qu’un emploi moins qualifié – mais décemment payé – est créé, cela assure aussi l’avenir de nos propres enfants. Cela participe de l’effet « boule de neige ». Ici aussi, des familles qui sortent de la pauvreté seront mieux à même de soutenir la scolarité de leurs enfants, leur éducation et leur qualité de vie. 


[1] FINE est le réseau informel des 4 fédérations internationales du commerce équitable.

[2] Oxfam 2010, l’exploitation des enfants n’est pas une fatalité

[3] Frairtrade, Max Havlange France, La lutte contre le travail des enfants, une priorité du mouvement Fairtrade/Max Havelaar, https://maxhavelaarfrance.org/le-commerce-equitable/nos-champs-dactions/lutter-contre-le-travail-des-enfants/

[4] Artisans du Monde, Travail des enfants et commerce équitable, Fiche d’information « Travail des enfants et commerce équitable » Campagne de mobilisation « D’autres horizons sont possibles » octobre-novembre 2019

[5] Oxfam Magasins du Monde, Travail des enfants. Entre esclavage et nécessité https://www.oxfammagasinsdumonde.be/blog/article_dossier/travail-des-enfants-entre-esclavage-et-necessite/

[6] Respect des conventions de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) suivantes :

Liberté d’association et de négociation collective : Convention N°87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical (1948) et convention N°98 sur le droit d’organisation et de négociation collective (1949)

Elimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire ; Convention N°29 sur le travail forcé (1930) et convention N°105 sur l’abolition du travail forcé (1957)

Abolition effective du travail des enfants : convention N° 138 sur l’âge minimum (1973) et convention N°182 sur les pires formes de travail des enfants (1999)

L’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession ; Convention N°100 sur l’égalité de rémunération (1951) et convention N°111 concernant la discrimination (emploi et profession) (1958)

[7] Lucile Bernadac-Coudert, Eline Nicolas, Comment lutter contre le travail des enfants chez ses sous-traitants ?

Les additifs alimentaires :  De l’importance d’en protéger nos enfants

Les additifs alimentaires : De l’importance d’en protéger nos enfants

2. Les enfants sont les premières victimes des additifs « alimentaires ».

Pour lire la première partie de l’analyse, cliquer ici

Dans son film et son livre « Notre poison quotidien », Marie-Monique Robin interroge Philippe Grandjean, professeur de santé environnementale à l’université de Harvard, et son collègue Philippe Ladrigant, de l’école de médecine Mont-Sinaï de New York, qui parlent d’une « épidémie silencieuse » due à la pollution de l’environnement (donc aussi la pollution de la nourriture par les additifs posant problème à la santé et à l’environnement) : Si leur constat concerne les nombreux troubles neurologiques qui touchent les enfants – autisme, troubles de l’attention, hyperactivité, retard mental -, il peut s’appliquer à toutes les autres maladies dont souffrent des centaines de milliers d’enfants nés dans les pays dits « développés », en raison de leur exposition aux poisons chimiques qui peuplent leur environnement, y compris le ventre de leur mère.

Et de rappeler que les enfants ne sont pas de « petits adultes ». C’est tellement vrai, continue-t-elle,  que le prix payé à la pollution de l’air, de l’eau et à la contamination par le plomb des enfants et les jeunes de moins de 20 ans s’élève, chaque année en Europe à 100 000 morts (soit 34% des décès de cette tranche d’âge).

Les enfants mangent et ingèrent proportionnellement plus d’additifs que les adultes

C’est ce que semblent ignorer les industriels qui ne font pas de différence entre enfants et adultes, proposant la même nourriture ultratransformée à tout le monde, à partir du moment où l’enfant est capable de tout manger. Malheureusement pour lui, ses voies de détoxification sont moins développées, l’organisme de l’enfant est moins capable de métaboliser et d’éliminer les polluants. (…) En outre, le processus de transformation des aliments préparés pour les enfants tend aussi à augmenter la concentration de résidus de pesticides[1].

Le plus inquiétant, explique Anne-Corinne Zimmer, tient à ce que les substances chimiques ne se contentent pas de passer dans l’organisme (ce qui peut prendre de quelques heures à quelques années), mais qu’elles y sont actives. Elles exercent une activité chimique sur l’organisme humain, en fonction de leurs caractéristiques propres et selon leurs affinités avec des cibles variées en créant des désordres, notamment, pour plusieurs substances les plus préoccupantes, au niveau du système endocrinien ou en endommageant des processus cellulaires vitaux[2].

Et le pire, poursuit-elle, c’est que leur impact donne toute sa mesure au cours du processus de développement et de croissance de l’organisme, du stade fœtal à la puberté. Les effets du développement du fœtus in utero et jusqu’à l’après puberté suivent un schéma précis d’évolution et de maturation que l’action de ces substances toxiques est susceptible d’altérer, de modifier, de déséquilibrer.

Enfin, les enfants sont proportionnellement plus lourdement exposés par unité de poids corporel. LA teneur en additifs dans les aliments ultratransformés est calculée sur l’exposition sensée être admise au cours d’une vie d’adulte. Les organismes de 3 à 15 kilos sont, de fait, soumis à une charge de polluants à ceux d’un adulte de 60 kilos (ils se nourrissent d’aliments identiques).  Le métabolisme des petits enfants est immature et n’a pas la capacité qu’ont les adultes d’éliminer les agents chimiques. L’absence de flore intestinale chez les nouveaux-nés qui boivent le lait maternel de leur maman nourrie en partie avec des aliments ultratransformés, amplifie la distribution de ces éléments chimiques à travers le corps du bébé au travers de la paroi gastro-intestinale. Certains éléments peuvent atteindre le système nerveux car la barrière hémato-encéphalique, qui contrôle le passage et la diffusion dans le système nerveux central des substances circulant dans le sang ne parvient à maturité que dans la troisième année  [3].

Les adolescents sont aussi particulièrement concernés. L’adolescence est en effet la dernière période de croissance rapide et le moment de la complète différenciation de l’appareil reproducteur. Les expositions aux pesticides, neurotoxiques, perturbateurs endocriniens, allergènes, à cette période de maturation peuvent alors s’avérer critiques[4].

Hyperactivité et troubles de l’attention

L’hyperactivité chez les enfants se développe de manière inquiétante. Selon certaines études, l’adjonction, dans la nourriture ultratransformée, aurait un lien notamment avec le syndrome de troubles déficitaires de l’attention/hyperactivité (TDA/H)[5]. Malheureusement, leur poids scientifique n’est pas suffisant pour convaincre qu’un tel risque menace l’ensemble de la population, enfantine en particulier.

En 2007, une étude randomisée, contrôlée par placebo, en double-aveugle a été effectuée, à la requête de la Food Standards Agency britannique, chez quelque 300 enfants de 3 ou 8/9 ans par un groupe de chercheurs de l’Hôpital universitaire de Southampton. Plus de 150 enfants de 3 ans et 144 enfants de 8 à 9 ans ont participé à l’étude. Ils ont consommé des boissons contenant soit du benzoate de sodium[6] et un additif/colorant alimentaire, soit un placebo[7]. Le comportement « hyperactif » a ensuite été évalué d’après les observations d’enseignants et des parents, ainsi que par un test d’attention.

Pour 85% des enfants ayant consommé des boissons avec colorants, les scores d’hyperactivité étaient significativement plus élevés que pour les enfants ayant bu le placebo.

Les auteurs concluent que l’administration orale de mélanges de colorants alimentaires (6 au total) et de benzoates induit des manifestations d’hyperactivité, des effets statistiquement significatifs mais relativement faibles et marqués par une forte variabilité interindividuelle[8]. Les résultats présents (…) apportent des éléments solides pour montrer que les additifs alimentaires exacerbent les comportements hyperactifs (inattention, impulsivité, suractivité) chez les enfants au moins jusqu’à la mi-enfance[9] ».

Ces résultats montrent que les effets délétères ne sont pas uniquement observés chez les enfants présentant une hyperactivité extrême (le TDAH) et qu’ils peuvent aussi être observés dans la population générale et à travers la gamme de sévérité de l’hyperactivité », ajoutent-ils.

Les aliments transformés ont un impact environnemental très important

Selon le magazine 60 millions de consommateurs de juin/juillet 2020[10], une étude australienne parue en janvier 2019 montrait que la consommation d’aliments ultratransformés contribuait à plus d’un tiers des effets environnementaux liés à l’alimentation. En France, l’empreinte carbone des produits alimentaires industriels est d’environ 9,1 millions de tonnes de CO2, hors transport. Les produits qui ont des facteurs de consommation d’énergie et d’émissions les plus élevés sont les pommes de terre transformées (purée, chips, frites, …), les boissons alcoolisées distillées, les plats préparés et le sucre.

Les contrôles sont inefficaces, ne protègent pas les consommateurs et encore moins les enfants

L’organisme français de défense des consommateurs UFC-Que Choisir estime que l’évaluation au niveau de l’EFSA  « consiste généralement en une simple relecture d’études fournies par les fabricants d’additifs eux-mêmes » et laisse planer « un doute sur la transparence et l’exhaustivité des recherches menées par des industriels, qui ont tout intérêt à ne présenter que des travaux permettant à leurs molécules d’être acceptées ».

En juin 2019, la Commission européenne a jeté la balle dans le camp de l’AFSCA  en l’accusant de ne pas suffisamment contrôler les additifs alimentaires. L’Afsca à son tour s’est défendue devant la Commission en mettant en avant une réglementation européenne trop complexe, donnant lieu à des divergences d’interprétation avec les entreprises et demande à « la Commission européenne de clarifier ses règles » .

Bref, des organismes de contrôle qui se renvoient la balle face à leur laxisme n’augure rien de bon pour les consommateurs que nous sommes.

Un quart des additifs alimentaires autorisés dans les produits alimentaires en Europe sont à bannir, compte tenu des « risques » qu’ils présentent pour la santé, selon une compilation de résultats d’études publiée en octobre 2018 par l’organisme de défense des consommateurs UFC-Que Choisir (France) .

L’association, qui estime que l’évaluation des additifs au niveau européen « s’enlise faute de moyens humains, financiers et analytiques », a décidé de passer en revue des études publiées par l’Agence européenne de sécurité des aliments (AESA), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Nitrates et nitrites présents dans le jambon (E249, E250, E251, E252) présentant un risque accru de cancer du côlon, caramels au sulfite d’ammonium (E150c, E150d) suspectés d’être cancérigènes, ou encore colorants azoïques présents dans les confiseries (E102, E104, E110, E122, E124, E129) risquant de rendre les enfants hyperactifs, sont ainsi pointés du doigt .

Que pouvons-nous faire ?

Nos habitudes alimentaires ont considérablement évolué ces 50 dernières années, écrit 60 millions de consommateurs[11]. De plus en plus de repas sont pris en dehors du domicile (3/4 en moyenne par semaine en 2018) et nous passons moins de temps dans la préparation des repas.

Le risque est grand pour les enfants qui ingèrent souvent la viande et le poisson sous forme de plats surgelés. Et, continue la revue, la consommation de sandwiches, pizzas, quiches et autres pâtisseries salées est aussi en hausse. Il ressort également que les produits agroalimentaires industriels représentent la majorité de ces aliments transformés (les deux tiers chez les enfants et la moitié chez les adultes)[12].

De même, nous consommons des aliments de plus en plus diversifiés qui peuvent provoquer des réactions allergiques : fruits exotiques, comme le sésame ou les noix de pécan. Les fruits et légumes cultivés intensivement produisent des protéines de stress (« des profilines ») très allergisantes[13].

Dans le doute, il serait raisonnable de manger beaucoup moins d’aliments ultratransformés, voir même les supprimer totalement. Même si elles ne permettent pas de conclure à un lien de cause à effet, les recherches ont démontré une relation significative entre une alimentation riche en aliments ultratransformés et des risques importants pour la santé.

La parade commence à être connue. Elle se fait en 3 étapes :

  1. Lire les étiquettes et bannir tout ce qui est dangereux. Il existe des applications gratuites pour téléphones portables qui permettent de savoir ce qu’il y a dans un produit (exemple : Yuka, Open Food Facts, scan Eat, Is my Food Good, ou Kwalito). Ces applications ont leurs avantages et leurs défauts mais permettent de se faire une idée sur la quantité d’additifs présents dans les produits, et ce avant de les acheter. Mais, même sans ces applications, il s’agit d’avoir du bon sens :
    1. Les aliments sont classés par ordre décroissant de présence (poids) dans l’aliment ;
    2. Plus la liste est longue, plus il y a de chances que le produit soir ultratransformé ;
    3. Les produits sont-ils des produits naturels ou industriels (type cracking)[14] : Protéines de lait, hydrolysat, peptides, amidon modifié, sirop de glucose, arômes… ? Autant de composants dont on ne connaît ni la couleur ni les effets sur la santé ;
    4. Repérez les additifs, soit sous leur appellation officielle E… ou sous leur nom scientifique, grâce aux applications gratuites ;
  • Manger et boire le moins d’aliments ultratransformés possibles et consommer le plus d’aliments bios possible (le bio cuisiné soi-même coûte moins cher que les aliments ultratransformés. C’est tout bénéfice pour le portefeuille et… la santé des enfants) ;
  • Cuisiner soi-même ! Malheureusement, le temps consacré à la préparation des repas ne cesse de diminuer. Pourtant, préparer un repas n’est jamais une perte de temps et est même un plaisir, si on pense au nombre d’émissions culinaires suivies massivement à la télé ou sur Internet. Cuisinons ; la télé et les réseaux sociaux peuvent attendre. Ils sont moins importants que nos enfants.
  • Cuisiner soi-même permet d’offrir à nos enfants une nourriture de meilleure qualité que la nourriture industrielle, c’est également plus savoureux et plus économique.
  • La nourriture industrielle est un piège. On nous la vend au détail, mais il suffit de regarder son prix au kilo pour en être convaincu. Cependant, les aliments qu’elle contient sont de très basse qualité et ne coûtent pas cher du tout aux industriels.
  • Enfin, c’est un exemple à montrer à nos enfants qui leur permettra probablement d’éviter un cancer quand ils auront 50 ans. Encore mieux, le WE proposer aux enfants de participer à l’élaboration des repas. De même, en semaine, habituons-les à faire leurs tartines (si, si… le pain et les croûtes bios c’est bon). Apprenons-leur à éviter les sucres ajoutés pour les repas et collations.

Petit déjeuner en danger

Le petit déjeuner des enfants est en danger. Pains au lait, brioches et autres biscottes industrielles, corn flakes, granola et céréales fourrées… D’après une enquête du site lanutrition.fr, le rayon petit déjeuner renferme plus de 90% d’aliments ultratransformés. Or ce repas est l’un des plus importants pour l’organisme après le jeûne de la nuit. Il y a donc une vraie urgence à revenir à des produits traditionnels, bruts et peu transformés comme le pain, le beurre, le miel ou la confiture bio. Ni plus chers, ni plus chronophages à préparer, mais les bénéfices pour la santé, eux, sont bien réels[15] .

Interpelons les partis politiques démocratiques : il s’agit d’une situation inadmissible !

  1. La démission des partis politiques : une réglementation au service de l’industrie

Dans son livre Notre poison quotidien, Marie-Monique Robin dénonce le principe de « Dose journalière acceptable » (DJA) : « Le système réglementaire qui est censé protéger la santé publique contre les effets des produits cancérigènes ne fonctionne pas. (…) Le principe de la dose journalière acceptable, qui présente l’outil principal de la réglementation des produits toxiques contaminant la chaîne alimentaire, protège davantage l’industrie que la santé des consommateurs[16]. » La DJA ne repose sur aucune étude scientifique, mais cela n’empêche pas les toxicologues et gestionnaire du risque chimique d’y faire constamment référence. Il s’agit, poursuit-elle, d’une « décision arbitraire érigée en concept pseudo-scientifique pour couvrir les industriels et protéger les politiciens qui ont besoin de se cacher derrière des experts pour justifier leur action. La dose journalière acceptable est un artefact[17] indispensable pour ceux qui ont décidé qu’on a le droit d’utiliser des produits chimiques toxiques, y compris dans le processus de la production alimentaire ».

Actuellement, la loi permet plus d’additifs qu’il n’est nécessaire. La liste d’additifs existante et autorisée devrait donc pouvoir être fortement revue à la baisse autant concernant le nombre d’additifs que les doses autorisées[18].

  • Interpelons nos élus : un petit mail, une lettre, …

Chaque parent – et donc tout citoyen –  a le devoir d’interpeler les partis politiques démocratiques afin de leur demander d’agir pour protéger les enfants. Votre vote est important pour eux. Il est donc nécessaire de réclamer une législation nationale ET européenne plus rigoureuse. Celles-ci doivent se conformer aux principes généraux suivants :

  • Les additifs doivent être exempts de risques pour la santé, compte tenu de l’état actuel des connaissances scientifiques.
  • Ils ne peuvent être utilisés que s’ils sont techniquement indispensables, c’est-à-dire s’il n’y a pas d’autre solution efficace.
  • Ils ne peuvent masquer des défauts de qualité et leurrer le consommateur sur la nature et la composition réelles du produit[19].

Comme le préconise l’Union Française des Consommateurs, c’est à cette autorité de contrôle « de mettre en œuvre une évaluation réellement indépendante de la dangerosité des additifs, à partir d’études financées par un fonds abondé par les fabricants »[20] afin de mieux nous protéger, nous et nos enfants, de tous les additifs alimentaires reconnus à risques ou plutôt de tous les polluants alimentaires !


[1] Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, Editions La Découverte/Arte Editions, 2011

[2] Anne-Corinne Zimmer, 2009, Polluants chimiques. Enfants en danger, les gestes qui sauvent.

[3] Anne-Corinne Zimmer, 2009, ibid.

[4] Anne-Corinne Zimmer, 2009, ibid.

[5] Manuel Diezi, Thierry Buclin, Jacques Diezi, 2011, Additifs alimentaires et troubles de l’attention/hyperactivité chez l’enfant, Paediatrica, vol. 22  N°5.

[6] E211, d’origine chimique, rarement végétale. Utilisé dans les boissons sucrées et les confitures. Risques important d’allergies, excitation, irritation des yeux, insomnies, troubles de la croissance, hyperactivité, aurait des liens avec la leucémie (Hélène Barbier du Vimont, Additifs alimentaires, ce que cachent les étiquettes).

[7] Hélène Barbier du Vimont, Additifs alimentaires, ce que cachent les étiquettes

[8] Manuel Diezi, Thierry Buclin, Jacques Diezi, 2011, ibid.

[9] The Lancet, publication en ligne du 6 septembre 2007

[10] 60 millions de consommateurs juin/juillet 2020, Alimentation industrielle, comment elle nuit à notre santé. Manger sans s’empoisonner.

[11] 60 millions de consommateurs juin/juillet 2020, ibid.

[12] 60 millions de consommateurs juin/juillet 2020, ibid.

[13] Science&Vie 16 05 2014, ibid.

[14] Envoyé Spécial, France 2, 13 septembre 2018 « Alerte aux faux aliments », C’est l’une des techniques les plus secrètes des géants de l’agroalimentaire. Elle consiste à fractionner les aliments non transformés (lait, fruits, céréales, etc.) en dizaines de poudres et de sirops pour refabriquer d’autres aliments. « On fabrique des viandes qui ressemblent à du poulet mais qui ne contiennent absolument pas de viande de poulet.

[15] Cité dans 60 millions de consommateurs, juin/juillet 2020

[16] Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, Editions La Découverte/Arte Editions, 2011

[17] Larousse : Structure ou phénomène d’origine artificielle ou accidentelle qui altère une expérience ou un examen portant sur un phénomène naturel. Altération du résultat d’un examen due au procédé technique utilisé.

[18] Test-Achats, Les additifs ajoutés aux denrées alimentaires: réglementation plus restrictive.

[19] Test-achats, ibid.

[20] UFC-Que Choisir. Octobre 2018

Les additifs alimentaires :  De l’importance d’en protéger nos enfants

Les additifs alimentaires : De l’importance d’en protéger nos enfants

De quoi parle-t-on ?

La plupart des aliments préparés ou préemballés que nous achetons contiennent des additifs alimentaires, parfois en grand nombre. Ils peuvent avoir des effets extrêmement néfastes pour notre santé. Certains sont cancérigènes, d’autres sont des perturbateurs endocriniens, d’autres enfin sont susceptibles de provoquer des troubles neurologiques.

Pour se rendre compte de la quantité d’additifs qui sont mélangés aux aliments que nous achetons, il suffit de jeter un œil sur la liste des ingrédients imprimée, souvent en tout petit et qui se trouve sur l’emballage. Dans cette liste on trouve généralement une série de numéros commençant par un E (Par exemple, le E102 est la Tartazine qui est suspectée de provoquer des troubles du comportement et de l’attention chez les enfants[1]. Ou le E150c, le Caramel ammoniacal, caramel issu de sucres chauffés en présence d’ammoniaque, qui est un colorant brun et est suspecté d’être cancérigène[2]). Les consommateurs, commençant à se méfier de la liste des E, ont parfois poussé les fabricants à éviter d’inscrire les additifs par leur classification européenne.

Leur imagination n’ayant pas de limites et pour ne pas dégoûter les consommateurs de leurs produits les a conduits à inscrire le nom scientifique de l’additif qui, la plupart du temps, ne dit rien aux consommateurs. Comme, par exemple, le Carboxyméthylcellulose qui ne vous dira sans doute rien et c’est bien ce qu’ils espèrent. Dans la liste des E, il occupe le rang 466 et est suspecté d’être cancérigène, inflammatoire et de perturber le macrobiote intestinal[3]. Et, pour mieux noyer le poisson, il sera référencé différemment selon les fabricants, sous diverses appellations : Gomme cellulosique, CMC sodique, CMC, Carboxyméthylcellulose sodique, Carboxyméthylcellulose de sodium Carboxyméthylcellulose, ou encore Carboxyméthyl-cellulose sodique. Juste de quoi se foutre « un peu » de la santé des consommateurs et des plus petits en particulier. Nous verrons, dans un prochain article, que les enfants sont plus à risques que les adultes.

Quand la substance est naturelle, le fabricant utilise simplement le nom (ex : « rouge de betterave ») mais quand il s’agit d’un produit chimique au nom rébarbatif et peu engageant, comme le diméthylpolysiloxane, un dérivé du silicone qui sert d’agent moussant dans les jus de fruits, les confitures, les vins ou le lait en poudre, il préfère indiquer le numéro, en l’occurrence E 900. La plupart des additifs alimentaires disposent d’une dose journalière acceptable, preuve s’il en était besoin qu’ils ne sont pas inoffensifs[4] .

Tous les additifs alimentaires qui sont intégrés à la nourriture ultratransformée qui nous est vendue sont autorisés par l’Union européenne et ce, qu’ils soient inoffensifs ou considérés comme dangereux pour la santé. La lettre E qui précède les numéros d’additifs en est la preuve. Il peut, cependant arriver qu’un additif ne soit pas approuvé par l’Union européenne mais soit utilisé dans un pays de l’Union. Dans ce cas, son numéro n’est pas précédé d’un E. L’objectif de la certification européenne n’est nullement de (tenter) de préserver la santé des consommateurs, mais uniquement de permettre aux industriels de vendre une nourriture de piètre qualité à un prix compétitif, et donc de maximiser leurs bénéfices. En effet, un plat ultratransformé fabriqué en Espagne doit pouvoir voyager au travers de toute l’Europe durant plusieurs jours et être encore vendable durant plusieurs semaines dans le nord de la Finlande.

Le nombre de cancers en explosion en Europe n’a aucune importance pour la Commission européenne, ses membres ont les moyens financiers pour nourrir leur famille d’aliments bios de qualité.

Aujourd’hui, il existe plus de 300 additifs autorisés en alimentation. Une centaine parmi eux sont pourtant décriés pour leurs effets sur la santé, surtout sur un organisme en pleine structuration comme celui d’un enfant, plus sensible à son environnement et à sa nourriture. Si les additifs alimentaires sont interdits dans les produits pour les bébés, ils restent autorisés et souvent utilisés dans les produits pour enfants et adolescents[5].

Origine des additifs alimentaires

Cette origine n’est pas récente. Depuis toujours l’Humain a cherché à conserver le fruit de ses récoltes. Il a commencé par utiliser le sel ou la fumée pour conserver la viande et le poisson. Ce furent les premières introductions de substances étrangères à la nourriture. Les Egyptiens eurent l’idée d’introduire des arômes et des colorants pour en augmenter l’appétence et les romains ajoutèrent du Salpètre et des épices afin d’améliorer l’apparence de leurs plats[6].

Les colorants et arômes naturels, tel le safran, la cochenille ou le curcuma ont été utilisés depuis des siècles afin d’améliorer l’aspect et varier la flaveur des préparations culinaires[7]. Les premiers colorants synthétiques ne sont apparus qu’à la fin du 19ème siècle avec le jaune de quinoléine (1882)[8], aujourd’hui interdit aux Etats-Unis, en Australie et en Norvège dans les produits alimentaires pour les risques d’allergie qu’il présente mais autorisé en Europe sous le label E104. 

C’est après la Deuxième Guerre mondiale qu’a commencé l’utilisation à grande échelle des additifs alimentaires dans toute l’industrie agro-alimentaire. Pour répondre à l’accroissement accéléré de la population, au développement de l’urbanisation, du niveau de vie, cette industrie s’appuie sur des savoir-faire et des technologies de plus en plus pointus où les additifs alimentaires jouent un rôle important[9].

Qu’est-ce qu’un additif alimentaire et quelle est son utilité?

Selon la définition adoptée par l’Union Européenne, « on entend par additif alimentaire toute substance habituellement non consommée comme aliment en soi et habituellement non utilisée comme ingrédient caractéristique dans l’alimentation, possédant ou non une valeur nutritive, et dont l’adjonction intentionnelle aux denrées alimentaires, dans un but technologique au stade de leur fabrication, transformation, traitement conditionnement, transport ou entreposage, a pour effet, ou peut raisonnablement être estimée avoir pour effet qu’elle devient elle-même ou que ses dérivés deviennent, directement ou indirectement, un composant de ces denrées alimentaires »[10]

Pour faire plus concis et plus clair, un additif alimentaire est une substance naturelle ou chimique qu’on ajoute dans une alimentation, généralement pour augmenter sa durée de conservation ou son « aspect » appétissant[11].

Il existe 3 catégories principales d’additifs alimentaires : ils peuvent être naturels, artificiels ou de synthèse. Chacune de ces catégories se divisent en plusieurs familles répondant à une fonction précise :

Les colorants, qui comme leur nom l’indique, modifient la couleur des aliments (comme l’extrait naturel de betterave ou la Tartrazine déjà citée plus haut qui est un colorant jaune obtenu par synthèse chimique). Les arômes artificiels peuvent remplacer pratiquement tous les arômes naturels ;

les rehausseurs (ou exhausteurs) de goûts qui ne changent pas le goût, mais en rehausse la saveur (le sel, le poivre ou le citron, ou le E621, le glutamate de sodium qui est le plus utilisé et est une neurotoxine qui peut créer des lésions dans une région du cerveau très importante pour le contrôle des fonctions endocriniennes, entraînant des troubles du comportement, des dysfonctionnements du système sexuel et l’obésité. Le glutamate ne présente que des risques et, malheureusement, il est ingéré massivement par des millions d’enfants et de femmes enceintes.[12]) ;

Les édulcorants à fort pouvoir sucrant, appelés aussi « faux sucres » ;

Les conservateurs qui empêchent le développement de micro-organismes pathogènes (bactéries, virus) ou réduisent la quantité d’eau disponible à leur développement. Ils permettent aux aliments de rester comestibles et beaux plus longtemps[13] ;

– Les antioxydants (ou antioxygènes) qui freinent les réactions d’oxydation (le « brunissement ») ;

– Les agents de texture qui transforment les aliments, comme des épaississants, de la gélatine, des émulsifiants, des stabilisants.

On retrouve parfois des mentions type « arômes » sur les étiquettes de nos aliments. Il s’agit aussi d’additifs alimentaires.

Les additifs alimentaires n’ont pour seul objectif que de faire du bénéfice. Peu d’aliments ultratransformés resteraient sur le marché si on n’y ajoutait pas des conservateurs et autres perturbateurs endocriniens. L’important est bien de faire du chiffre d’affaire tout en se « foutant » complètement de la santé des consommateurs et – nous le verrons plus loin – des enfants en particulier.

L’offre d’aliments ultratransformés réduit la diversité culinaire des consommateurs, les incitant à manger des plats pauvres en qualité et peu variés, alors que l’art culinaire est riche de millions de recettes différentes, qui ne sont bonnes que si elles ont été préparées avec des ingrédients de qualité et sur la cuisinière familiale. Loin de réduire le choix des aliments, la disparition des aliments ultratransformés l’augmenterait. En effet, c’est l’offre d’aliments ultratransformés qui est réduite. Il suffit de parcourir les rayons des grandes surfaces. Même si elle peut paraître importante, elle ne représente qu’une variété limitée de plats ou d’aliments.

Ces additifs sont loin d’être tous indispensables et inoffensifs : nombre d’entre eux sont uniquement utilisés pour tromper le consommateur tant sur la quantité que sur la qualité réelle des ingrédients utilisés. Les colorants par exemple ne sont même pas nécessaires sur le plan technique[14].

Quels effets les additifs alimentaires peuvent-ils avoir sur notre santé ?

Les cocktails d’additifs alimentaires se retrouvent essentiellement dans la nourriture ultratransformée.Celle-ci, selon une étude scientifique française[15] présenterait un sur-risque de développer un cancer. L’étude a porté sur 104 980 participants qui ont été suivis durant 8 ans. Au cours de ces années, 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués. L’étude a permis de constater qu’une augmentation de 10% de la proportion d’aliments ultratransformés dans le régime alimentaire s’est révélée être associée à une augmentation de plus de 10% des risques de développer un cancer au global et un cancer du sein en particulier. Le fait que la nourriture ultratransformée soit généralement de très mauvaise qualité n’explique pas à elle seule une telle augmentation. Les additifs ajoutés au cours du process industriel, les substances qui se forment durant celui-ci et les emballages en contact avec la nourriture sont suspectés d’être impliqués dans cette relation de cause à effet, même si cette dernière reste à démontrer, d’autres études étant nécessaires pour mieux comprendre l’impact qu’ont les différents facteurs (composition nutritionnelle, additifs alimentaires, contaminants néoformés et matériaux de contact).

Dans son numéro de novembre 2018, la revue Que Choisir[16] affirmait que sur les plus de 300 additifs autorisés, 25% étaient suspects et donc à éviter ou peu recommandables (en réalité, la liste reprend les 87 additifs les plus problématiques). De son côté, la revue 60 millions de consommateurs[17] dressait une liste de 50 additifs à proscrire car pouvant poser de graves risques à la santé. Leurs effets sont classés en 10 catégories (mais certains additifs cumulent plusieurs risques) : allergisant, cancérogène, diabétogène, perturbateur endocrinien, inflammatoire, perturbateur du macrobiote intestinal, soupçonné de provoquer des troubles neurologiques, des troubles du comportement ou de l’attention chez les enfants, pouvant contenir des nanoparticules ou provoquer des maux de tête, des rougeurs ou une prise de poids.

Une étude espagnole, réalisée par Maira Bes-Rastrollo (Université de Navarre, Pampelune, Espagne) et publiée dans le British Medical Journal en mai 2019 s’intéressait à la relation entre la consommation d’aliments ultra-transformés et le risque de décès en général[18] : Les chercheurs ont découvert que ces aliments, lorsqu’ils étaient consommés plus de 4 fois par jour) provoquaient un risque accru de mortalité (toutes causes confondues) de 62 % comparativement à un groupe qui en mangeait moins de 2 fois par jour. Plus largement, l’étude a observé que chaque nouvelle portion journalière supplémentaire d’aliments ultra-transformés, augmentait le risque de mortalité de 18 %.

Toujours dans le même British Medical Journal, une autre étude menée par des chercheurs de l’Inserm, de l’Inra, de l’Université Paris 13 et du Cnam souligne une augmentation du risque de maladie cardiovasculaire. L’étude relevait ainsi 1.409 cas sur les 105.159 participants – et en particulier de maladies coronariennes (665 cas) et de maladies cérébro-vasculaires (829 cas). Plus largement, l’étude établit qu’une augmentation absolue de 10% de la part d’aliments ultra-transformés dans le régime était associée à une augmentation de 12% de risque de maladies cardiovasculaires au global (13% pour les maladies coronariennes et 11% pour les maladies cérébro-vasculaires)[19].

Les allergies sont en forte augmentation depuis 10 ans. En Australie, par exemple, 10% des enfants seraient touchés. Une nouvelle étude présentée le 8 juin 2019 lors du 52e Congrès annuel de la Société européenne de gastroentérologie, hépatologie et nutrition pédiatriques (ESPGHAN) vient peut-être de trouver un coupable : les produits terminaux de la glycation (AGE en anglais pour Advanced Glycation End products), des composés issus de la réaction entre un sucre et une protéine qui se forment lors de la cuisson des aliments (réaction de Maillard). C’est cette dernière qui donne leur belle couleur dorée au pain, aux biscuits et aux produits de pâtisserie. Mais on trouve aussi des AGE dans tous les aliments frits comme les chips, les frites, les gratins, les viandes rôties, le café ou le cacao (qui sont torréfiés). Les AGE sont naturellement fabriqués par notre corps, mais ceux issus de l’alimentation viennent s’y rajouter. Or, plusieurs études ont montré le rôle de ces AGE dans le développement du diabète, de l’athérosclérose ou des maladies neurodégénératives[20].

Mais les scientifiques sont divisés sur la question. Cependant, les aliments utratransformés peuvent contenir plus d’une quinzaine d’ingrédients qui sont autant à risques de déclencher une réaction allergique. Les traitements industriels provoquent des mutations de molécules « naturelles » inoffensives en protéines allergisantes. Enfin, l’association de différents produits peut aussi faire apparaître de nouveaux allergènes ou des réactions croisées. Ainsi, une étude réalisée en 2003 par des chercheurs anglais a prouvé que mélanger du lait de soja avec de la cacahuète multiplie par 2,6 le risque d’allergie à la cacahuète[21].

Une prise de conscience lente à démarrer

Une prise de conscience timide émerge dans la société. Elle ne concerne encore que les citoyens qui ont les capacités de s’informer et d’agir, mais c’est un début. Un bon exemple de la mobilisation citoyenne et associative est la suspension « par précaution », à partir du 1er janvier 2020, de la mise sur le marché de denrées alimentaires contenant du dioxyde de Titane en France. Cependant ce dernier reste autorisé dans les dentifrices et les médicaments[22].

Ce colorant (E171 ou Ti02) qui cache sans doute la forêt des additifs dangereux a été interdit le 1er janvier 2020 : faisant partie des nanoparticules, le dioxyde de titane qui donne un aspect brillant aux bonbons ou au glaçage de certains gâteaux, serait capable de franchir les barrières physiologiques, d’accéder à certains organes comme le foie, de s’y accumuler, puis d’atteindre le sang. Cette exposition provoquerait des micro-inflammations, à l’origine de perturbations au niveau de la flore intestinale. Il jouerait aussi un rôle dans la formation de lésions précoces de cancer colorectal[23] !

Le boycott de certains additifs se met en place progressivement chez les consommateurs avertis. Il en va ainsi pour cet additif qui est sous le feu des projecteurs depuis des années : l’aspartame (E951). Celui-ci remplace le sucre dans de nombreux aliments ultratransformés. Il s’agit d’un édulcorant de synthèse (donc non naturel) dont le pouvoir sucrant est 200 fois supérieur à celui du sucre de canne. Il est composé de 3 molécules : l’acide aspartique (40 %), la phénylalanine (50%) et le méthanol (10%). Si les deux premiers sont des acides aminés que l’on trouve de manière naturelle dans certains aliments, la consommation accidentelle de méthanol (un alcool très toxique) peut entraîner la cécité et même la mort. Il est métabolisé par le foie en formaldéhyde (cancérigène pour les êtres humains). Une étude publiée en 2006, portant sur 1800 rats a démontré l’augmentation des lymphomes, leucémies et tumeurs rénales chez les femelle, ainsi que des tumeurs des nerfs crâniens chez les mâles. Il s’agit d’un agent cancérigène multisite puissant, même à une dose journalière inférieure à la DJA (dose journalière autorisée)[24].

Nombreux sont celles et ceux qui rejettent les produits contenant de l’aspartame, préférant des alternatives plus respectueuses de la santé, telles la stevia, au point que de nombreux fabricants ont largement communiqué sur le fait qu’ils bannissaient l’aspartame de certaines de leurs boissons. Si une part d’entre eux utilisent de la stevia, d’autres ont plus d’un tour dans leur sac. Certaines marques se sont tournées vers le sucralose (E955), un édulcorant chimique comme l’aspartame, mais qui ne subit pas à ce jour de controverse médiatisée. Ce dernier est 600 fois plus sucrant que le sucre dont il emprunte une partie de son nom pour tromper le consommateur. C’est un produit de synthèse dérivé du saccharose et traité au chlore. Il est loin d’être innocent, puisqu’il peut atteindre le système immunitaire[25].

En mai 2018, le magazine 60 Millions de Consommateurs qui a répertorié les 50 additifs à proscrire, a sévèrement critiqué de nombreux additifs couramment consommés qui favorisent, entre autres, les allergies, le diabète, les troubles endocriniens, du comportement, de l’attention et même le cancer chez les enfants[26]. « Sur les plus de 300 additifs autorisés, nos travaux montrent que 87 d’entre eux sont à éviter ou peu recommandables, soit plus du quart », indique l’association, qui dénonce leur « présence massive, y compris dans les produits de grandes marques ».

En effet, il s’avère que nous mangeons malgré nous tellement d’additifs chaque jour que la DJA[27] est souvent dépassée : les additifs étant présents dans quasiment tous les aliments transformés ou préparés industriellement, il est difficile d’y échapper. Il ne faut pas perdre de vue non plus l’effet cocktail, c’est-à-dire les réactions liées à l’ingestion de plusieurs additifs en même temps ou sur une courte période, dont les résultats sont encore plus mal maîtrisés[28].

Pour lire la suite de l’analyse : Les enfants sont les premières victimes des additifs « alimentaires » cliquer ici.


[1] 60 millions de consommateurs 1255, mai-juin 2018

[2] 60 millions de consommateurs 1255, ibid.

[3] 60 millions de consommateurs 1255, ibid.

[4] Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, Editions La Découverte/Arte Editions, 2011

[5] Eleni Gravière, Quand les additifs alimentaires rendent fous nos enfants,  http://elenigraviere.fr/quand-additifs-alimentaires-rendent-fous-nos-enfants/

[6] Frély Rachel, 2016, Guide des additifs alimentaires inoffensifs ou dangereux, fichier pdf téléchargeable sur https://www.fichier-pdf.fr/2016/10/10/frely-rachel-guide-des-additifs-alimentaires-inoffensif-ou-dangereux/  

[7] Dossier de l’Intitut Français pour la Nutrition (IFN), les Additifs, septembre 1998

[8] Dossier de l’IFN, les Additifs, septembre 1998, ibid

[9] Dossier de l’IFN, les Additifs, septembre 1998, ibid

[10] Règlement (ce) n° 1333/2008 du Parlement européen et du Conseil  de l’Union Européenne, du 16/12/2008 sur les additifs alimentaires.

[11] Gina Tarlayan in Cosmopolitan, non daté, Les additifs alimentaires sont-ils dangereux pour la santé ?

[12] Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, Editions La Découverte/Arte Editions, 2011

[13] Hélène Barbier du Vumont, 2011, Danger additifs alimentaires, ce que cachent les étiquettes.

[14] Test-Achats, non daté, Les additifs ajoutés aux denrées alimentaires: réglementation plus restrictive

[15] Mathilde Touvier, Bernard Srour et Serge Hercberg, The British Medical Journal, 15 février 2018.

[16] Que Choisir, ibid.

[17] 60 millions de consommateurs, Hors-série, mai-juin 2018

[18] De European Scientist – 04.06.2019, Aliments ultra-transformés : confirmation des risques pour la santé.

[19] De European Scientist, ibid.

[20] Futura santé, 16 06 2019, La malbouffe est-elle responsable du boom des allergies ?

[21] Science&Vie, 16 mai 1914, Pourquoi les allergies alimentaires sont-elles en hausse ?

[22] Le Monde, 15 avril 2019, Le dioxyde de titane interdit dans les confiseries à partir de 2020, pas dans les dentifrices ni les médicaments

[23] AVIS de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif aux risques liés à l’ingestion de l’additif alimentaire E171, Maisons-Alfort, le 12 avril 2019, page 25.

[24] Marie-Monique Robin, Notre poison quotidien, Editions La Découverte/Arte Editions, 2011

[25] Hélèbe Barbier du Vimont, 2011, Danger additifs alimentaires, ce que cachent les étiquettes.

[26] 60 millions de consommateurs 1255, ibid.

[27] La DJA ou dose journalière acceptable est une mesure de la quantité d’une substance, tel un additif alimentaire, qui peut être consommée au cours de la vie sans aucun risque notable pour la santé. Les DJA sont exprimées en milligrammes (de substance) par kilogramme de poids corporel par jour.

[28] Du poison dans votre assiette ? Utilité et risque des additifs alimentaires. Guides pratiques du consommateur. Cécile Voss. Association des consommateurs Test-achats, 2000.

Le danger des sodas sur la santé de nos enfants

Le danger des sodas sur la santé de nos enfants

En 2012 déjà, on estimait que les enfants belges consommaient près d’un demi-litre de sodas par jour. Actuellement, plus de la moitié des 4-18 ans ont un apport quotidien excessif en sucre. Et il ne s’agit pas de n’importe quel sucre. Celui qu’on retrouve dans les sodas étant liquide, il est plus facilement assimilé par l’organisme et par conséquent bien plus dangereux.

Il y a une augmentation constante du nombre de malades de diabète et d’obésité chez nos enfants. Pire encore, on a découvert qu’une ingestion quotidienne de soda peut mener à une maladie propre à la consommation de ces boissons qu’on nomme NASH (acronyme anglais désignant une stéato-hépatite non alcoolique)  ou « maladie du soda ». Une maladie qui peut évoluer jusqu’au cancer du foie !

L’urgence de protéger les enfants et jeunes de ces bombes à calories a conduit à une première interdiction de leur vente dans les écoles en 2004. Interdiction jamais totalement suivie et qui a même été levée par la suite.

Mais interdire ces boissons suffit-il à enrayer le problème d’obésité des enfants ? Le problème des sodas et de leurs conséquences sur la santé des mineurs n’est-il pas le symptôme d’un problème plus profond et plus global de notre société de consommation ?

Qu’est-ce qu’un soda ?

Un soda est une boisson gazeuse, sucrée aromatisée. Ce type de boisson est très populaires dans tous les pays. Il n’existe pas une mais plusieurs sortes de sodas : les plus connus sont les colas, les limonades, les sodas fruités, les sodas classiques, les boissons énergisantes, etc.

C’est au 18 siècle et depuis « l’invention » de l’eau gazeuse que les sodas sont apparus. Cette boisson est principalement composée d’eau, d’une grande quantité de sucre ou d’édulcorants comme l’aspartame utilisés dans les sodas « lights », d’antioxydants, d’acidifiants (acide phosphorique et citrique), de différents types d’extraits de plantes et de bien d’autres additifs chimiques. Elle est sursaturée en dioxyde de carbone pour être effervescente quand la bouteille ou la cannette est ouverte (d’où la provenance des bulles). On peut remarquer qu’une fois les bulles parties, le sucre devient trop fort au goût, au point d’être quasi-imbuvable.

Ces boissons sont préparées à l’aide de différents procédés chimiques. A aucun moment les fabricants n’utilisent de produits naturels, à part l’eau.

Les recettes de certains sodas demeurent un mystère, comme celles de Coca-Cola qui refuse strictement de la dévoiler au public… C’est à se demander pourquoi. Qu’est-ce qu’il pourrait bien avoir d’autres à cacher dans ces boissons ?

Les sodas et les enfants

Si les plus grands consommateurs des sodas sont les jeunes ados, c’est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur chez les enfants, alertent les spécialistes.[1] 

En 2019 des recherches sur les dangers des sodas ont été menées par l’Inserm en France. Les résultats de ces recherches sont sans appel : il faut protéger la population de ces boissons et en particulier les enfants. Les résultats de ces recherches ont révélé que boire plus de 33 cl de soda, soit une cannette par jour comporte de nombreux dangers pour l’organisme et abîme en premier lieu le foie. Une cannette de coca contient l’équivalent de 8 morceaux de sucre. C’est beaucoup trop, surtout quand ce dernier se trouve à l’état liquide car facilement assimilé par l’intestin qui le transforme en graisse dans le foie. « La maladie du foie gras » est justement l’autre surnom de la maladie du soda (ou NASH).

Cette maladie se caractérise par une accumulation trop importante de graisses dans les cellules du foie avec des complications hépatiques pouvant mener à une inflammation. D’abord diagnostiquée aux États-Unis où ils sont bien moins chers qu’ailleurs, la maladie du soda est de plus en plus fréquente dans notre pays et touche 5% des belges, sachant que les gros consommateurs de ces boissons sont les adolescents. Par ailleurs, plusieurs études ont montré que les cirrhoses, les cancers et les transplantations du foie sont en nette augmentation ces dernières années, en lien direct avec l’augmentation du nombre de personnes atteintes du NASH.[2]

Ces apports excessifs en sucre sont d’autant plus préoccupants pour nos enfants que c’est dans l’enfance et l’adolescence que s’acquièrent les bonnes ou les mauvaises habitudes alimentaires qui risquent d’être conservées à l’âge adulte et de favoriser d’autres maladies comme le diabète. Avec une augmentation de 3,7% par an du nombre de nouveaux cas de diabète chez les enfants belges, il y a urgence de sensibiliser sur les dangers de cette boisson et des aliments sucrés en général chez nos enfants. Une maladie qui se présente de plus en plus à un âge plus jeune chez ceux en dessous de 15 ans.[3]

L’autre problème est celui du surpoids et de l’obésité. Comme le diabète, ils n’ont fait qu’augmenter ces vingt dernières années. Un enfant belge sur cinq présente du surpoids et près de 6% [1] d’entre eux sont obèses (contre 33% de la population dans l’ensemble, c’est-à-dire avec un Indice de Masse Corporelle supérieur ou égal à 30, soit le tiers de la population !)[2]

Les effets du sucre sur les enfants sont encore plus graves que sur les adultes, la prise de poids s’installant plus profondément. Le sucre étant un perturbateur métabolique, il devient bien plus difficile pour eux de perdre du poids et de brûler les graisses.

En plus de provoquer une hyperglycémie, il cause aussi une hyperlipidémie avec des taux de cholestérol élevés alors que le bon cholestérol est anormalement bas. Ces syndromes sont un terrain fertile non seulement au développement du diabète mais aussi aux maladies cardio-vasculaires.

Sa consommation affecte aussi le cerveau : le sucre est considéré comme ayant des effets addictifs aussi puissants que la cocaïne.

Par ailleurs, des chercheurs américains ont démontré que les sodas sont des leviers forts des troubles de la nervosité  et qu’il y a un lien entre agressivité et violence chez des enfants consommant des boissons sucrées. [3]

Dans ces boissons, le sucre n’est pas le seul problème. Les listes d’ingrédients renferment d’autres dangers pour nos enfants bien moins connus et peut-être tout aussi graves.

Les sodas doivent avoir une couleur et un goût qui plaisent aux gens et être conservées longtemps, c’est pourquoi on y ajoute de nombreux conservateurs, acidifiants et autres additifs chimiques dont on découvre de plus en plus la dangerosité. L’un des ingrédients, le phosphate, est un perturbateur osseux, qui court-circuite le métabolisme du calcium. Les os sont alors affectés et la décalcification est en marche! Plus tard, c’est à l’âge adulte que les effets désastreux se feront sentir.

L’acide qui se trouve en grande quantité dans les sodas permet notamment de décaper le métal et s’avère être un excellent nettoyant. Les dents sont les premières victimes de cette attaque acide, dont l’émail qui est la couche superficielle et protectrice, s’effrite.

Le schéma suivant donne une idée plus complète des risques encourus par l’ingestion des sodas.

Un mal qui cache un autre bien plus grand ?

On estime aujourd’hui à plus de 25.000 les distributeurs de sodas installés dans les écoles, soit 14% de l’ensemble des distributeurs présents dans le pays ![1]  Si ces derniers ont été retirés des écoles primaires, 65% des écoles secondaires en possèdent encore[2]. Pourquoi ? Parce que derrière cette offre alimentaire, il y a des enjeux financiers et donc une logique marchande. Ces distributeurs apportent une importante source de revenus aux écoles qui leur permet de pallier le manque de ressources structurelles. C’est, quelque part, une manière de faire participer les élèves aux frais de leurs études[3].

Du côté de l’Etat, c’est la même chose. La Belgique a instauré il y a 5 ans la Taxe soda, théoriquement pour lutter contre la consommation de ces boissons et contre l’obésité, pour encourager aussi un modèle d’alimentation plus sain ainsi que pour faire faire des économies à notre système de santé. Si ces accises n’ont pas fait diminuer la consommation de sodas, cette opération a été juteuse pour le Trésor public. En réalité, l’objectif officiel de cette taxe un leurre !

La Fédération belge des Eaux et Boissons rafraîchissantes reproche justement à l’Etat de servir à financer le Tax shift et à équilibrer le budget de l’État plutôt que de lutter contre l’obésité comme il le prétend. L’Etat fait ainsi de gros bénéfices, au détriment du porte-monnaie et de la santé de la population. Tout le mal est là : on fait passer le profit au détriment de la santé, toujours en prétendant lutter pour la bonne cause afin de mieux faire passer la pilule à la population. Cet argent gagné grâce à la Taxe soda aurait pu être investi dans les écoles qui ne seraient alors plus obligées de garder leurs distributeurs de sodas.

On aurait pu l’investir dans la formation des professeurs qui, après avoir eu une formation solide, seraient mieux outillés et rempliraient mieux leur mission d’éducation aux bonnes habitudes alimentaires envers des élèves qui en ont bien besoin.

On aurait pu aussi l’investir dans la distribution gratuite de fruits et légumes, de soupes et d’autres boissons et aliments sains dans les cantines scolaires.

Conclusion

Mettre en garde sur les dangers des sodas comme sur la malbouffe en général, concerne autant les enfants que leurs parents. Etant les premiers éducateurs de leurs enfants, le comportement des parents joue un rôle primordial dans l’éducation à l’alimentation. C’est eux aussi qui achètent les aliments sains ou moins sains et qui préparent les repas à la maison.

S’ils veulent que leur enfant mange bien, nombreux de ces parents s’y prennent mal. Inconscients du danger, « des parents prennent de plus en plus l’habitude de mettre du coca ou des jus dans le biberon des bébés ! Ils carburent au soda et ne veulent plus boire de l’eau. Les plus petits sont plus facilement addicts au sucre, une appétence innée. » ![1] rapporte un médecin français.

Vient ensuite l’école qui doit assurer sa mission éducative, en multipliant par exemple des missions d’information et de prévention avec des journées sans sodas. Organiser ensuite une semaine pour les fruits, puis pour les légumes, puis encore une journée sportive, etc. Si des écoles organisent de telles actions avec les moyens du bord, les systématiser permettraient à tous les enfants d’en bénéficier.

Mais la consommation de sodas est d’abord fortement liée à la précarité sociale et économique : les conditions de vie, les appartenances sociales, l’éducation, les représentations de l’alimentation, la culture familiale et les liens sociaux sont des paramètres qui influencent fort les comportements alimentaires. Ensuite, la publicité, le marketing et les prix généralement bas de la malbouffe orientent les choix des consommateurs, surtout des plus pauvres.

La lutte contre la consommation de sodas, contre l’obésité et la mauvaise alimentation en général passe inévitablement par la réduction des inégalités sociales. Cette lutte ne peut se faire que via une politique alimentaire intégrée favorisant l’accès à une alimentation de qualité pour tous et qui reste à construire.

Le gouvernement a les moyens de le faire : les Taxes soda ont triplé en 3 ans, ce qui permet à l’Etat de se sucrer sur le dos des consommateurs, au lieu d’investir les énormes sommes engrangées dans la santé et l’éducation à la santé de la population.  Il a, au moins, les moyens de financer le repas de midi, le seul véritable repas de la journée qui pourraient bénéficier aux nombreux enfants et jeunes issus de familles précarisés.

[1] https://www.fieb-viwf.be/fr/boissons-rafraichissantes/chiffres-et-tendances/

[2]  http://www.leparisien.fr/societe/sante/une-seule-canette-de-soda-par-jour-c-est-deja-trop-pour-votre-foie-09-07-2019-8113320.php

[3] https://www.rtl.be/info/magazine/sante/maladie-du-soda-un-belge-sur-trois-est-considere-comme-a-risque-voici-comment-savoir-si-on-en-souffre-1132400.aspx et https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2070237-maladie-du-soda-nash-definition-symptomes/

[4 et 5] http://www.bdronline.be/index.php?n=118&id=119&sid=119&taal=F&mnav=1

[6] https://his.wiv-isp.be/fr/Documents%20partages/NS_FR_2018.pdf

[7] https://www.e-sante.be/surpoids-chez-enfants-belges/breve/1173

[8] http://injuryprevention.bmj.com/content/early/2011/10/14/injuryprev-2011-040117.abstract

[9] https://www.info-pharma.org/dangers-soda-infographie/

[10 et 11] https://ligue-enseignement.be/les-canettes-a-lecole-saga-politique-marche-juteux/

[12] Pour rappel, l’école est gratuite et doit le rester

[13]  http://www.leparisien.fr/societe/sante/une-seule-canette-de-soda-par-jour-c-est-deja-trop-pour-votre-foie-09-07-2019-8113320.php

SOURCES

1. http://www.cbsnews.com/news/soda-a-day-may-lead-to-heart-attacks-in-men/


2.http://www.topsante.com/medecine/troubles-cardiovasculaires/infarctus/prevenir/les-sodas-augmenteraient-le-risque-d-arret-cardiaque-253006


3. http://www.ohmymag.com/coca-cola/cet-homme-a-bu-10-canettes-de-coca-par-jour-pendant-un-mois-le-resultat-est-juste-hallucinant_art82952.html

4.http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1440-1843.2011.02115.x/abstract

7.http://injuryprevention.bmj.com/content/early/2011/10/14/injuryprev-2011-040117.abstract

8.http://www.ens-lyon.eu/recherche/bisphenol-a-d-autres-mecanismes-d-action-reveles-in-vivo–228835.kjsp?RH=ENS-LYON-FR

9.http://www.inserm.fr/espace-journalistes/l-effet-nefaste-du-bisphenol-a-prouve-experimentalement

10. http://ehp.niehs.nih.gov/1307728/

11.http://www.termlifeinsurance.org/

12. http://www.leparisien.fr/societe/sante/une-seule-canette-de-soda-par-jour-c-est-deja-trop-pour-votre-foie-09-07-2019-8113320.php

13.https://ligue-enseignement.be/les-canettes-a-lecole-saga-politique-marche-juteux/

14. http://www.bdronline.be/index.php?n=118&id=119&sid=119&taal=F&mnav=1

15.https://his.wiv-isp.be/fr/Documents%20partages/NS_FR_2018.pdf

16.https://www.e-sante.be/surpoids-chez-enfants-belges/breve/1173

18. http: // www.leparisien.fr/societe/sante/une-seule-canette-de-soda-par-jour-c-est-deja-trop-pour-votre-foie-09-07-2019-8113320.php

19. https://www.rtl.be/info/magazine/sante/maladie-du-soda-un-belge-sur-trois-est-considere-comme-a-risque-voici-comment-savoir-si-on-en-souffre-1132400.aspx

20.https://sante.journaldesfemmes.fr/fiches-maladies/2070237-maladie-du-soda-nash-definition-symptomes/

21. http://www.bdronline.be/index.php?n=118&id=119&sid=119&taal=F&mnav=1

22. https: //www.fieb-viwf.be/fr/boissons-rafraichissantes/chiffres-et-tendances/

Nous demandons une politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants.

Nous demandons une politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants.

Il y a aujourd’hui quatre types de causes à l’origine des cancers et contre lesquelles il est nécessaire de lutter : les rayonnements, les produits chimiques, certains microorganismes, et certains médicaments.

Dans les pays industrialisés, les cancers d’origine physico-chimique prédominent. Les cancérologues estiment que, si on excepte le tabagisme et l’alcoolisme, les causes chimiques pourraient être responsables de 80 % de l’ensemble des cancers, tandis que les causes virales et les rayonnements ne représenteraient qu’environ 20 % des cancers. Dans les pays en voie de développement, c’est le contraire (bien qu’aujourd’hui la différence tende à s’atténuer du fait de leur industrialisation progressive). Dans ces pays, ce sont en effet les causes naturelles, qui prédominent, essentiellement microbiologiques.

Aujourd’hui, les politiques de prévention du cancer portent essentiellement sur le tabagisme, la sédentarité, les facteurs diététiques, l’obésité et le surpoids, la consommation d’alcool, les infections (hépatites virales, …), la pollution environnementale (air, eau, sol, air intérieur des habitations, …), les cancérogènes professionnels, et les rayonnements (radon, UV, …) [1].

Les facteurs alimentaires sont largement ignorés par les autorités (in)compétentes

colorants pour boissons
Colorants pour boissons

On peut constater que les causes chimiques, autres que professionnelles, sont largement ignorées. Les pesticides présents dans la plupart des aliments, les additifs divers (colorants, modificateurs de goût et conservateurs alimentaires), les engrais nitratés, les dangers des plastiques, les dioxines [2], …, ne sont que peu pris en compte par les autorités sanitaires, au nom de la rentabilité économique et à l’encontre de la santé des consommateurs.

Il n’y a pas de réelle politique de prévention

Une véritable politique de prévention consisterait à éviter la maladie en supprimant les facteurs de risque qui sont à l’origine des cancers et autres maladies environnementales. Si on veut lutter contre le cancer il est indispensable d’avoir une politique de prévention beaucoup plus ambitieuse qu’elle ne l’est aujourd’hui.

Il faut permettre au citoyen de se défendre

Nous demandons, de la part des responsables de la santé et de l’environnement, la mise en place rapide d’une véritable politique de prévention efficace dans la lutte contre le cancer des enfants (et le cancer en général) qui, par l’information des parents et des citoyens, leur permettra d’agir en connaissance de cause et de prendre en main la protection de la santé de leurs familles.

Il faut permettre aux parents de prendre en main la protection de leurs enfants. Ils auront ainsi la possibilité d’influer les industriels et lobbies agroalimentaires. En exigeant du bio à 100 %, en refusant les additifs alimentaires, ils auront enfin en main les leviers du changement et de la santé de leurs enfants.

Phytopharmacie

Il faut prévenir les mères
Il y a lieu de leur donner une information correcte et préventive sur la dangerosité des produits phytopharmaceutique

1.Sur la dangerosité des produits phytopharmaceutique

Selon l’EPA (Agence de protection de l’environnement aux Etats-Unis), les enfants sont particulièrement sensibles aux pesticides. Elle cite les maladies que peuvent développer les enfants à la suite d’une exposition aux produits chimiques : « La leucémie est le cancer le plus courant chez les enfants de moins de 15 ans et représente 30 % de tous les cancers infantiles, suivie du cancer du cerveau. »

Une information correcte des parents, sur le rôle que jouent les pesticides, permettrait de réduire considérablement l’incidence de la leucémie infantile. Une série d’études épidémiologiques récentes ont démontré que l’usage des pesticides d’intérieur pendant la grossesse doublait au minimum la probabilité que l’enfant développe une leucémie ou un lymphome non hodgkinien. Il est démontré que l’exposition maternelle prénatale aux insecticides (d’intérieur ou agricoles) multiple par 2,7 le risque de leucémie chez l’enfant, et ce risque est multiplié par 3,7 lors d’une exposition maternelle professionnelle aux herbicides [3].

2. Sur les solutions que les parents doivent pouvoir mettre en place

Eviter les polluants intérieurs avant et durant la grossesse.

pollution au domicile
La pollution intérieure est insidieuse

De très nombreux produits, issus de la chimie, polluent l’air intérieur de nos habitations. Les dangers qu’ils représentent sont important pour la santé des habitants mais surtout des enfants in utero ainsi que des jeunes enfants. Permettre aux familles de les éliminer, leur permettra d’influer positivement sur la santé future de leurs enfants.

De nombreux produits tels que le formaldéhyde (présent dans les peintures, les meubles, les colles, …), le cadnium (rideaux, chaussures), les PFC (Composés perfluorés – anti-adhésifs, vêtements…), les retardateurs de flammes bromés (télévisions, ordinateurs, meubles), sont des cancérigènes puissants.

Eviter les cosmétiques non naturels

Des chercheurs américains ont identifié 10 500 produits chimiques industriels utilisés comme ingrédients cosmétiques. La liste est inquiétante. On y retrouve, notamment, des agents carcinogènes, des pesticides, des éléments toxiques pour la santé reproductive, des perturbateurs endocriniens, des plastifiants, des solvants de dégraissage et des agents tensioactifs.

Cosmétiques
Les cosmétiques contiennent souvent des métaux lourds dangereux pour la santé

Par exemple, les BHA et BHT qui se retrouvent notamment dans les produits hydratants et le maquillage sont suspectés d’interférer avec les fonctions hormonales et d’être cancérigène. Les parabènes, utilisés comme agents de conservation, sont considérés comme perturbateurs endocriniens et pourraient interférer avec les fonctions reproductrices mâles. Les Parfums, mixtures de produits chimiques, peuvent déclencher des allergies et de l’asthme. Certains sont associés au cancer et à l’intoxication des neurones. Les « Sodium laureth sulfate » se retrouvent dans les produits moussants tels que les shampoings et les produits pour le bain. Il peut contenir du 1,4-dioxane, potentiellement cancérigène. Le Triclosan se retrouve dans les produits anti-bactériens tels que le dentifrice, les nettoyants et les anti-transpirants. Il est suspecté d’interférer avec la fonction hormonale et de contribuer à la résistance aux antibiotiques.

S’alimenter en bio.

On a vu que les pesticides passaient directement de la mère à l’enfant via le cordon ombilical. Il est donc essentiel qu’avant et pendant la grossesse (mais également durant la période d’allaitement) la maman s’alimente
exclusivement avec des aliments issus de l’agriculture biologique.

Les aliments biologiques sont une réponse intéressante à la lutte contre le cancer dû aux produits chimiques « alimentaires ». Une étude de l’université de Washington [4] a comparé la concentration de métabolites des pesticides organophosphorés (OP) (classe d’insecticides qui perturbent le système nerveux) dans l’urine de 39 enfants de 2 à 4 ans vivant en ville et en banlieue, et a constaté que les enfants mangeant des fruits et des légumes biologiques présentaient des concentrations de métabolites de pesticides six fois plus faibles que des enfants mangeant des produits conventionnels. Cette étude conclut que manger des fruits et des légumes biologiques peut réduire de manière significative les charges de pesticides auxquelles sont exposées les enfants – et constitue une information que les parents peuvent utiliser afin d’agir pour réduire le danger que subissent leurs enfants.

Une autre étude publiée 3 ans plus tard a montré qu’un changement de régime faisait très disparaître rapidement les résidus de pesticides relevés dans les urines des enfants nourris avec des aliments issus de l’agriculture chimique. Une autre étude, conduite pendant 4 saisons consécutives et au cours de laquelle des enfants de 3 à 11 ans ont changé plusieurs fois de régime alimentaire, a confirmé ces résultats deux ans plus tard par. A chaque fois, le niveau de pesticides disparaissant moins de 10 jours après leur passage à une nourriture bio [5] ».

aliments bio
Alimentation bio

Il y a lieu de passer le plus rapidement possible au tout bio. Pour cela, il est nécessaire de modifier la PAC au seul profit de la santé des consommateurs. En continuant à soutenir les méthodes « traditionnelles » ou « modérées », cette politique ne permet pas au « bio » de progresser suffisamment et d’être abordable par l’ensemble de la population, notamment par les familles modestes où la part de la nourriture, dans le budget du ménage, est limitée.

1 Voir le site de l’O.M.S. : http://www.who.int/cancer/prevention /fr/index.html
2 Si les dioxines sont interdites, les composés dioxiniques apparaissent en grande quantité dans le voisinage des incinérateurs et dans celui des usines fabriquant des pesticides organochlorés, les papeteries ou encore certaines usines métallurgiques.
3 Donald Wigle et alii, « A systemic review and meta-analysis of childhood leukemia and parental occupational pesticide exposure”, Environmental Health Perspectives, vol. 117, N°5, mai 2009, p. 1505-1513 – et – Claire Infante-Rivard et alii, « Risk of childhood leukemia associated with gene polymorphisms », Epidemiology, vol.10, septembre 2009, p 481-487 – Citées par Marie-Monique Robin dans “Notre poison quotidien Arte Editions 2011.
4 Cynthia Curl et alii, « Organophosphorus pesticide exposure of urban and suburban preschool children with organic and conventional diets », Environmental Health Perspectives, vol. 111, 2003 p 377-382.
5 Chensheng Lu et alii, « Dietary intake and its contribution to longitudinal organophosphorus pes!tiide exposure in urban/suburban children », Environmental Health Perspectives, Vol. 116, N°4, avril 2008, p. 537-542.

Le cancer des enfants est en augmentation

Le cancer des enfants est en augmentation

Selon l’OMS, le cancer est une cause majeure de décès dans le monde, à l’origine de 7,6 millions de décès en 2008, soit environ 13% de la mortalité mondiale.

Si les cancers de l’enfant sont rares (2 % de l’ensemble des cancers, soit 1 enfant de moins de 15 ans sur 10 000/an), ils sont en constante augmentation depuis les années 1970. Le nombre d’enfants de 0 à 14 ans, atteints de cancers, augmente en moyenne d’1% par an et les adolescents de 15 à 19 ans, d’1,5 % par an.

Pire, le phénomène s’aggrave d’une décennie à l’autre : pour les enfants, le taux augmentait de 0,9% entre les années 1970 et 1980, tandis qu’il a augmenté de 1,3% entre les années 1980 et 1990. Pour les adolescents, la hausse était de 1,3% entre 1970 et 1980 et de 1,8% entre 1980 et 1990. Selon une étude publiée par le Centre International de Recherche sur le Cancer, en Europe, le taux d’incidence du cancer infantile a augmenté de 1 à 3 % par an au cours des trois dernières décennies. Cela concerne principalement les leucémies et les tumeurs du cerveau[1].

Dans les pays industrialisés, environ 1 enfant sur 500 déclare un cancer avant l’âge de 15 ans. Le taux moyen de l’incidence du cancer par classe d’âge dans les années 1990, s’établissait à 140 cancers par million d’enfants, contre 124 dans les années 1980 et 118 dans les années 1970. Chez les adolescents, ce taux est de 193 par million au cours des années 1990, contre 165 dans les années 1980 et 147 dans les années 1970. Dans l’ensemble, le taux est de 157 cancers par million. La conclusion de l’étude est sans appel : « Nos résultats apportent une preuve évidente d’une augmenta! on de l’incidence du cancer de l’enfant et de l’adolescent durant les décennies
passées et une accéléra! on de cette tendance [2]» .

La croissance du nombre de cancers chez l’enfant vient renforcer les hypothèses de cancers d’origine environnementale.

Lire la suite : Nous demandons une politique de lutte efficace contre le cancer des enfants

[1] Steliarova-Foucher E et al ; Geographical patterns and ! me trends of cancer incidence and survival among children and adolescents in Europe since the 1970s (the ACCISproject): an epidemiological study.Lancet. 2004
[2] Ibid.

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