Des enseignants-citoyens, au sein de leur classe, et des écoles-citoyennes ont arrêté les notes depuis parfois des années. Les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain. Il faut y aller progressivement, sauf si c’est un choix d’équipe pédagogique très volontariste, mais même dans ce cas, réflexion vaut mieux que précipitation.
L’important
est de permettre à tous les élèves de s’inscrire dans leurs apprentissages afin
d’y trouver du sens et surtout du plaisir. La compétition est un mauvais choix,
il faut donc les former à la coopération. La pédagogie du même nom est validée
depuis des décennies, initialement dans les pays anglo-saxons, mais elle trouve
de plus en plus sa place dans nos systèmes éducatifs. Pour changer l’école, il
est impératif de changer de méthode d’enseignement et de faire de la pédagogie[1].
En pédagogie coopérative, on utilise généralement un système d’évaluation simple : Parfaitement acquis (vert), correctement acquis (orange), en voie d’acquisition (rouge). Les deux premiers degrés pouvant être fusionnés. Une fois qu’un savoir est acquis, peu importe si c’est avec brio ou si cela été acquis en suant toutes les gouttes de son corps. L’important étant le fait que l’apprentissage soit intégré, point !
Evaluer prend
du temps. Ce n’est pas souligner quelques fautes et inscrire une note peu
réfléchie à la va-vite. Evaluer c’est chercher à comprendre le cheminement de
chaque élève, voir où il « accroche » afin de lui expliquer comment
éviter les écueils et progresser. C’est aussi réfléchir à la remédiation
immédiate que l’on va mettre en place avec lui, avec son aide et celle des
autres, dans un tutorat qui fera progresser tout le monde : tutoré et
tuteur.
Evaluer c’est aussi faire des bulletins autrement. Des bulletins sans points, mais qui reprennent l’état des lieux : chaque apprentissage avec son évaluation, le tout, accompagné de commentaires les plus pointus possibles. Chaque élève est évalué dans chacune des disciplines. Un instituteur rédigera entre 8 et 20 lignes pour chaque banche. Un professeur en fera autant pour chaque élève dans la ou les disciplines qu’il enseigne. Par exemple, un instituteur évaluera le comportement dans les apprentissages, les apprentissages en mathématique, en français, en éveil, dans les apprentissages coopératifs et au niveau du développement personnel. Il laissera les cours philosophiques, la seconde langue et l’éducation physique aux professeurs spécialisés. A raison de 5 à 15 lignes par discipline, il rédigera, entre 1500 et 2000 lignes pour ses 25 élèves, lors des « grands » bulletins. Moitié moins pour les bulletins intermédiaires. Cela représente une cinquantaine de pages, soit 2 par élève.
Mais c’est important. Mieux que les points, ces évaluations permettront aux élèves (et à leurs parents) de savoir où ils en sont par rapport à chaque apprentissage et ce qu’il y a lieu de mettre en place en termes de remédiation immédiate (en classe), par la suite. Dans ce système d’évaluation, il n’y a plus de « mauvais » élèves. Par définition, tout le monde est « bon », mais tout le monde n’a pas nécessairement facile à apprendre. Ensemble, et avec l’aide de tous, « on » va y arriver.
Concernant les
diverses approches pédagogiques, il est difficile d’être exhaustif, tant les
évaluations se font de manières différentes selon les écoles, même parmi celles
adhérant à un même courant pédagogique. Voici quelques exemples de ce qui se
fait dans certaines de ces écoles :
Pédagogie Freinet
Dans les
écoles à pédagogie Freinet, l’objectif
n’est pas la performance de l’élève mais plutôt son épanouissement. Ce dernier
apprend à avoir confiance en lui et à être en pleine possession de ses
qualités.
Les élèves
reçoivent des brevets de compétences et des ceintures de comportement. Les
brevets jalonnent la scolarité de l’enfant. L’évaluation devient ainsi
naturelle et s’inscrit dans un travail coopératif. En pédagogie Freinet,
l’évaluation revêt trois aspects importants[2] :
l’évaluation de
l’enfant par lui-même ou autoévaluation ;
l’évaluation de
l’enfant par le groupe ;
l’évaluation de
l’enfant par le maître.
Les bulletins
se terminent toujours par la rubrique « Conseils pour progresser ».
Pédagogie Decroly
Dans les
écoles Decroly, pour motiver les
élèves, les professeurs comptent sur le plaisir de progresser, de comprendre,
de faire soi-même, d’être dans « l’élan ». « On travaille pour
avoir de bonnes appréciations, pour ne pas être à la ramasse ». Et s’il n’y
a pas cet « élan » ? Qu’à cela ne tienne, les adultes patientent.
« Tu as décidé de ne rien faire, c’est ton problème, mais ne distrais pas
les autres ».
Les mots
remplacent les notes. Ils sont bienveillants, par principe. L’école Decroly
pratique depuis 60 ans une forme d’évaluation par compétences. Les
appréciations des professeurs sur les bulletins sont de vrais romans
feuilletons[3].
Pédagogie Montessori
Dans les
écoles Montessori, l’évaluation a
lieu au fur et à mesure du déroulement des ateliers. L’enseignant prend le
temps d’observer chacun de manière individuelle …la régularité sur l’année de
ces ateliers permet aux élèves de prendre le temps de faire leurs
apprentissages et aux enseignants de se poser pour observer chacun d’eux.
Dans les
petites classes, l’évaluation est davantage gérée par l’adulte même s’il invite
progressivement l’enfant à identifier et verbaliser les critères de réussite et
à avoir ainsi un regard sur ses apprentissages. Le cahier de réussite permet à
l’enfant de prendre conscience de ses apprentissages.
En moyenne
section, l’élève est de plus en plus associé à l’évaluation grâce aux tableaux
d’autoévaluation ; en fin d’année il évalue « seul » ses compétences
concernant les ateliers Montessori.
En grande
section, l’élève s’autoévalue, il perçoit les étapes successives à dépasser
pour atteindre un objectif final. Il se met en projet.
Le cahier
individuel de suivi permet au maître de suivre les activités menées par l’élève
qui coche les activités qu’il réalise. Il permet à l’élève de se repérer.
[1] A contrario de ce qui se fait « traditionnellement » dans nos
écoles, c’est-à-dire de l’A-pédagogie (avec alpha privatif) : de
l’enseignement frontal, de la compétition et de la sélection. Bref, du cassage
d’élèves.
La position de la
Ligue des Droits de l’Enfant est claire :
Dans les écoles qui
disent respecter les droits des élèves, il est urgent de supprimer les
notes !
Pour Claude
Lelièvre[1],
supprimer les notes est le contraire du laxisme : Il s’agit de définir l’ensemble des connaissances qu’il n’est pas
permis d’ignorer. Si ces connaissances sont jugées indispensables, il ne
devrait pas être permis de pouvoir compenser. Car ce que permettent les notes,
ce sont les moyennes. Avec une moyenne, vous pouvez passer d’une classe à
l’autre si vous êtes capable de compenser vos lacunes avec vos atouts. Ce n’est
pas être laxiste que de supprimer les notes, c’est le contraire, c’est exiger
une réelle connaissance dans toutes les matières que l’on juge essentielles.
Les autres arguments, autour de la motivation ou de la crispation engendrées
par la note, viennent polluer le débat. La vraie question est là: accepte-t-on
de valider des compétences jugées indispensables puisqu’elles font partie du
socle commun tout en permettant de ne pas les connaître puisqu’elles se
compensent?
Il est urgent de
réduire les inégalités sociales et scolaire
Selon une
étude du CNRS au cours de l’année 2014-2015, dans l’académie d’Orléans-Tours, la
suppression partielle de la notation à l’école permet de réduire de moitié les
inégalités des performances scolaires entre les élèves des différentes classes
sociales. Supprimer partiellement les notes a des résultats positifs. Les
apprentissages passent mieux, et les inégalités liées aux origines sociales se
réduiraient significativement.
Il
est urgent que l’école devienne un lieu de droits
Nous avons vu que la notation traditionnelle est aléatoire, dépendant
d’un professeur et d’un établissement à l’autre. Elle comporte de nombreux
« biais », qui sont autant d’erreurs systématiques d’appréciations
liées aux stéréotypes inconscients de chaque professeur. Rappelons-nous que les
redoublants, par exemple, sont notés plus sévèrement, les enfants de milieux modestes
sont systématiquement notés de manière plus stricte que ceux provenant d’un
milieu aisé, le genre de l’élève influera sur la cotation, les filles étant
plus « sages » que les garçons, elles seront notées de manière plus
indulgente. Par contre, en mathématique, ce sont les garçons qui seront
surcotés.
Il
faut l’école cesse d’être un lieu de souffrances.
La note est profondément injuste. Elle démotive les élèves en difficulté
scolaire. Les notes faibles provoquent le processus psychologique d’« incompétence acquise » : les
élèves ont acquis le sentiment qu’ils sont incompétents, sont découragés,
laissent tomber les bras, ce qui bloque le processus d’apprentissage. La
comparaison systématique à des élèves plus « forts », provoque l’apathie
chronique, le burn out et des phobies scolaires, le décrochage d’abord interne,
puis progressivement de l’absentéisme, ou encore de la violence résultant d’un
profond sentiment de révolte.
Il
faut une école de la réussite pour toutes et tous.
Selon que l’on est issu d’un milieu défavorisé ou non, on ressentira la
note comme injuste ou non et on sera en échec ou non. Cette reproduction des
inégalités sociales qui touche les enfants des milieux populaires et qui est
causée par les pratiques de sélection des professeurs et les écoles, est
inacceptable dans un Etat de droit, même libéral. Que les enfants de milieux
populaires finissent dans les filières de relégation alors que ceux des
familles plus aisées ont droit de faire des études supérieures, est une
ignominie sans nom. Les droits de l’enfant sont clairs, chaque enfant bénéficie
des mêmes droits que les autres. A l’école donc à veiller à ce que les droits
des enfants entre 3 et 18[2]
ans soient respectés.
[1] Claude Lelièvre, l’historien de l’éducation in
Supprimer les notes, « c’est le contraire du laxisme » – Le Figaro, 11/12/2014.
[2] Voire même au-delà de 18 ans, si le système scolaire a fait perdre injustement
une ou plusieurs années à un élève, par un ou plusieurs redoublements.
La dyscalculie est un
trouble spécifique des apprentissages, durable. En effet, il persiste tout au
long de la vie. Le terme « dyscalculie » est utilisé par le courant
neuropsychologique pour désigner un déficit dans les acquisitions numériques
et/ou du calcul. L’enfant (et l’adulte) porteur d’une dyscalculie a des
difficultés pour acquérir et maîtriser les connaissances et les compétences nécessaires
aux mathématiques La notion des nombres est difficile à acquérir, de même que l’apprentissage
des opérations mathématiques telles que l’addition, la soustraction, la multiplication
et la division, tout comme la résolution de problèmes ou la géométrie.
La dyscalculie est
un trouble d’origine cognitive qui est rarement isolé. Elle est régulièrement
associée à une dyslexie/dysorthographie (dans environ 60% des cas) ou une
dyspraxie (trouble du geste et de l’orientation spatiale). D’autres troubles
spécifiques des apprentissages peuvent plus rarement être associés à une
dyscalculie, comme le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans
hyperactivité (TDA/H) ou une dysphasie (trouble du langage).
Il y a diverses formes de dyscalculie :
La dyscalculie dite « des faits
arithmétiques », est la plus courante. Elle est souvent rencontrée chez les
enfants dyslexiques et dysphasiques. L’enfant
éprouve des difficultés pour apprendre et retenir les tables d’additions ou de
multiplications. Il éprouve des difficultés dans la résolution d’additions et
de soustractions simples. L’enfant compte souvent sur ses doigts, d’où une
grande lenteur.
La dyscalculie de type numérale
est un trouble du transcodage numérique (difficulté pour passer du code verbal
numérique au chiffre et inversement). L’enfant éprouve des difficultés pour
lire des nombres : 356 = trois cinq six, ainsi que pour écrire des
nombres : cinq mille trois cent quatre-vingt-trois = 5100031004203.
La dyscalculie de type
procédurale. L’enfant éprouve des difficultés dans les procédures de calcul.
Par exemple, pour résoudre une opération écrite. Il se trompe dans le sens des
opérations et ne maîtrise pas les priorités dans une chaîne de calcul :
Exemples
: le calcul 897 – 665 = 232 ne lui pose pas de problème.
le calcul 865 – 697 = 232 lui pose
problème : il soustrait toujours le plus petit chiffre au plus grand, quelle
que soit sa position.
La dyscalculie de type visuo-spatiale, souvent retrouvée
chez les enfants avec une dyspraxie. L’enfant éprouve des difficultés pour
reconnaître les signes mathématiques. Il prendra, par exemple le
« x » pour un « + » ou les signes « < » et
« > ». Il éprouve des difficultés à disposer des opérations
(erreurs d’alignements des chiffres), a difficile à dénombrer. Il compte deux fois un même
objet ou en oublie. Il confond des chiffres visuellement proches comme 8 et 3,
ce qui l’amène à faire des erreurs dans la séquence des chiffres dans un nombre
: 340 lu 304. L’enfant éprouve également des difficultés d’orientation
gauche-droite.,
La
dyscalculie touche autant les garçons que les filles. Les personnes qui sont
atteintes d’une dyscalculie n’ont aucun retard intellectuel ou déficit
neurologique. Les enfants ne manquent pas d’attention et encore moins de volonté.
C’est le raisonnement logico‐mathématique qui est touché, entraînant un retard
ou une absence des structures logiques nécessaires au raisonnement et à l’apprentissage
du nombre. On estime que la dyscalculie touche en moyenne
5 à 7% de la population d’âge scolaire[1]
avec des variations de 1% à 11% de la population, selon les études et les
critères de diagnostic[2].
De ce fait, il
est relativement peu connu des professionnels de l’éducation. Les personnes
atteintes de dyscalculie n’ont pas de déficit cognitif. Grâce à la rééducation,
elles sont capables de développer des stratégies de travail pour compenser
leurs lacunes, souvent dans la sphère langagière.
Les jeunes avec une
dyscalculie voient souvent leurs difficultés amplifier durant leur cursus
scolaire. Nombreux sont ceux qui sont orientés en cours de route vers des
filières techniques ou professionnalisantes. Les professeurs de mathématique ne
connaissant pas ce trouble spécifique des apprentissages qui, pourtant, les
touche directement dans leur quotidien professionnel, et ont tendance à les
mettre en échec, sans tenter de comprendre la cause, ni ce qu’ils peuvent
mettre en place pour aider ces élèves.
La nature persistante de ce trouble des
apprentissages ne doit pas empêcher la mise en place d’une rééducation.
Celle-ci est fondamentale pour offrir à l’enfant ou le jeune qui en souffre
d’évoluer dans ses apprentissages. Il a besoin de s’outiller afin de pouvoir
pallier autant que possible à ses difficultés durant toute sa scolarité.
Le diagnostic de dyscalculie est
généralement fait par une équipe pluridisciplinaire (neuropsychologue,
psychologue, orthophoniste) suite à la réalisation de plusieurs bilans. La
rééducation de la dyscalculie repose sur une rééducation orthophonique, mais on
peut également mettre en place de la psychomotricité. En classe, la prise en
charge nécessite la mise ne place d’aménagements raisonnables.
La rééducation est effectuée par un
orthophoniste spécialisé. L’orthophoniste est spécialisé dans les troubles
du langage écrit et oral ainsi que dans les troubles logicomathématiques. Il
part du niveau de raisonnement actuel de l’enfant et l’aide à construire
progressivement ses connaissances par le jeu et la manipulation d’objets
concrets ; ceci, pour l’amener à franchir les étapes nécessaires pour
accéder à un mode de raisonnement plus complexe et plus abstrait.
D’autres
professionnels peuvent être amenés à intervenir selon les nécessités établies
par le bilan pluridisciplinaire (ergothérapeutes, psychoéducateurs, …).
Signes qui doivent alerter
Tous les enfants
qui se trompent en calculant ne sont pas porteurs d’une dyscalculie. C’est la
fréquence et la persistance de difficultés qui doivent nous alerter. La liste
ci-dessous est purement indicative et loin d’être exhaustive :
L’enfant ne parvient pas à
acquérir la chaîne numérique oraleet a des difficultés à manier la numération en base 10 (en maternelle : la comptine des nombres). Il
fait des erreurs persistantes dans un comptage (dénombrement : il se
trompe en montrant un certain nombre d’éléments, en les comptant un par un, par
exemple) ;
L’enfant a des difficultés (ou
n’arrive pas ) pour compter sur ses doigts ;
L’enfant ne parvient
pas à lire des nombre (1 067 lu « 167 ») ou à en écrire des nombres
(13 pour 31, 603 pour 63… ou 63 pour 603) ;
L’enfant a des difficultés à reconnaître les chiffres
arabes ;
L‘enfant éprouve des difficultés à comparer deux
nombres (« plus que », « moins que », « deux fois plus
que », lequel est le plus grand « > », le plus petit « < »
?) ;
On constate des troubles du langage oral sur
certains concepts mathématiques (la somme, la différence, la quantité, le
produit, le « tout » ou « en partie », la condition (si… alors), il a difficile à
émettre des hypothèses ;
L’enfant éprouve des difficultés à manipuler
des sommes d’argent (pour faire les courses par exemple) ;
L’enfant éprouve des difficultés à estimer la réponse
d’un calcul ;
L’enfant éprouve des difficultés à acquérir des
notions telles que la durée, la quantité, la distance, … ;
L’enfant est lent en calcul mental et commet
beaucoup d’erreurs. Il utilise ses doigts ou d’autres objets pour compter ;
L’enfant éprouve des difficultés à apprendre
les faits numériques (tables de multiplications, tables d’additions et de
soustractions, par exemple) ;
L’enfant a des difficultés pour poser une
opération (calcul écrit, par exemple) ;
L’enfant prend du retard dans l’acquisition
des opérations mentales (ex : conservation du nombre, sériation…) ;
L’enfant éprouve des difficultés à résoudre
des problèmes. Les formulations contenues dans les énoncés sont difficilement
compréhensibles pour lui ;
L’enfant éprouve des difficultés dans la
planification d’une tâche. Il parvient difficilement à se créer des images
mentales ;
L’enfant a des problème d’orientation
spatio-temporelle. Il éprouve des difficultés à s’orienter dans l’espace.
Celle-ci gène la mise en place de la numération et des opérations mathématiques
ou la géométrie (tracé, différenciation des figures géométriques) ;
L’enfant
a des difficultés à lire l’heure ;
…
Aménagements
raisonnables pouvant être mis en place (liste non exhaustive)
De nombreux
aménagements raisonnables sont possibles. La liste ci-dessous n’est
qu’informative. Les aménagements raisonnables doivent être réfléchis avec les
différents intervenants spécialisés dans les troubles
logicomathématiques qui suivent l’enfant. De même, les parents sont des
partenaires incontournables ; ce sont eux qui connaissent le mieux
l’enfant. Rappelons que les aménagements mis en place pour un élève peuvent
(devraient) bénéficier à ses pairs, s’ils éprouvent des difficultés en mathématique,
selon leurs profils particuliers.
Il
est important de cerner avec précision les difficultés de l’enfant afin de lui
éviter des aides qui se révèleraient finalement des entraves. Il est important
d’avoir un contact avec le professionnel troubles logicomathématiques qui
s’occupe de l’enfant.
Il
est à noter que de nombreux aménagements raisonnables sont déjà mis
naturellement en place par les enseignants (donner plus de temps, diminuer le
nombre d’exercices à faire, adapter les évaluations, tutorat entre pairs, supprimer
les devoirs à la maison, …).
En conseil de coopération[3], expliquer
à la classe la raison et l’importance des aménagements raisonnables qui seront
mis en place. Leur expliquer que, grâce à l’enfant qui a une dyscalculie, ces
aménagement raisonnables bénéficieront à tous ceux qui ont des difficultés en
mathématique. Il est important d’éviter toute stigmatisation.
Avoir de l’empathie avec tout enfant ayant une
dyscalculie (comme pour tout enfant avec un ‘Dys’ ou un handicap), accepter sa
lenteur dans la construction mathématique, lui donner du temps, limiter les
travaux (préférer la qualité à la quantité) ;
Le placer à un endroit
« stratégique » de la classe, proche de l’enseignant et des documents
de référence qui sont affichés dans la classe. De même, le tenir loin des zones
d’inattention (fenêtres, lieux de passage, …) ;
Ne pas donner de devoirs à faire à la maison
ou les limiter drastiquement, la classe étant le seul lieu des apprentissages
scolaires ;
Lire, relire et reformuler les consignes,
surligner les éléments importants ;
Ne pas dévaloriser l’utilisation des doigts
pour compter[4] ;
Limiter le nombre d’exercices en tenant compte
de la lenteur due aux difficultés habituelles ;
Donner du temps supplémentaire ;
En cas de difficultés avec les nombres,
prioriser la comptine numérique à l’oral ;
En cas de difficultés avec les tables de
multiplication, donner une fiche avec les tables ;
Permettre l’utilisation de la calculatrice
pour la résolution de problèmes ou de situations complexes ;
En résolution de problèmes, viser
prioritairement la compréhension de la situation-problème sans insister sur le
calcul de l’opération de côté, à moins de lui fournir une calculette (ou des
tables de comptages, par exemple). Illustrer le plus possible les situations
problèmes et dDiviser les
consignes complexes en sous-étapes pour faciliter le raisonnement ;
Faire attention à l’inversion possible des
chiffres, aux signes mathématiques ;
Vérifier la lecture, la copie et l’utilisation
des nombres pouvant s’inverser ou complexes et des signes (>,<)
Utiliser un abaque avec des colonnes de
couleurs pour poser les calculs. Utiliser des couleurs pour différencier
centaines, dizaines et unités ;
En cas de troubles visuo-spaciaux, éviter les manipulations complexes
De manière générale, les aménagements raisonnables que l’on met en place pour un élève doivent être généralisés à tous les autres élèves, qu’ils aient ou non un ou des troubles spécifiques des apprentissages. Tel est l’idée de l’enseignement inclusif. En permettant à tous les élèves de bénéficier des mêmes facilités en cas de difficulté d’apprentissage, on évite non seulement la stigmatisation (risque important quand on différencie dans une classe) mais cela permet à tous les autres élèves, sans besoins spécifiques, d’en bénéficier. Cela permet également d’introduire un peu de justice et d’égalité dans les apprentissages.
[3] Le
Conseil de coopération est un des éléments fondamental de la pédagogie
institutionnelle (cfr Fernand Oury). A ne pas confondre avec le simple conseil
de classe « traditionnel ».
[4] Les études les plus
récentes sur la question semblent confirmer un lien entre l’utilisation des
doigts et les performances en arithmétique.
L’éducabilité est d’abord le
principe « logique » de toute activité éducative: si l’on ne postule
pas que les êtres que l’on veut éduquer sont éducables, il vaut mieux changer
de métier.
Aujourd’hui
encore, beaucoup d’enseignants mais aussi de parents, pensent que certains de
nos élèves, de nos enfants, sont doués pour l’étude et d’autres pas. Il y
aurait des « intellectuels » et des « manuels », ou encore des artistes
disposants, dès la naissance, des aptitudes correspondantes. Cette conception
archaïque a, depuis longtemps, été battue en brèche.
A l’aube de
l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’Ecole en Communauté française de
Belgique[1],
qui va voir l’instauration d’un tronc commun de 3 à 15 ans avec une visée plus
inclusive, il nous paraît intéressant de réfléchir à tout ce qui fonde
réellement le concept d’inclusion. Le « postulat d’éducabilité »,
comme l’a appelée Philippe Meirieu, est indubitablement un concept fondateur de
l’idée même d’inclusion. Si l’on en est encore à penser que certains élèves,
parce qu’ils proviennent de milieux aisés sont doués pour l’étude, tandis que
d’autres, parce qu’ils viennent de milieux populaires seraient plutôt
« doués de la main » et ne pourraient accéder à des études
intellectuelles, l’école inclusive ne verra jamais le jour. Outre le fait que
cette idée est fausse, ses conséquences sont lourdes pour les élèves provenant
des familles les moins favorisées.
Au contraire,
tous les élèves étant doués pour l’étude, il est important que chaque
enseignant s’en convainque et adhère pleinement à ce postulat. Oui, tous[2]
les élèves peuvent acquérir tous les savoirs tels que décrits dans les
programmes de l’enseignement obligatoire général de transition. Le défi se
trouve dans la manière de les leur transmettre. La charge de l’apprentissage,
de la transmission à tous de tous les savoirs revient donc à l’enseignant.
L’échec d’un seul élève est l’échec de l’enseignant ou, le cas échéant, du
système scolaire mis en place dans l’école ou les écoles par lesquelles l’élève
est précédemment passé.
Tel est le
postulat d’éducabilité. Mais voyons cela plus en détails…
Rôle de l’Ecole
Il est important
de se mettre préalablement d’accord sur le rôle de l’Ecole. Notre position, comme
tous les mouvements citoyens et progressistes, est clairement égalitariste.
L’Ecole ne peut en aucune manière favoriser ou défavoriser un enfant sous
prétexte qu’il est né dans une famille populaire ou une famille bourgeoise. Il
est, par ailleurs, très choquant, de voir des princes inscrits dans des écoles
privées[3],
loin de la société des êtres « humains[4] »
qu’ils devront peut-être, un jour, représenter dans des instances
internationales, en vertu de leur… naissance.
S’il y a bien
une pierre angulaire dans notre société occidentale, un élément fondamental qui
la tient debout et qui se doit de veiller à traiter toutes les citoyennes, tous
les citoyens de manière équitable, c’est l’Ecole. Celle-ci a mission de
corriger les inégalités de naissance autant que faire se peut et transmettre
équitablement à chacune et chacun le bagage de connaissances nécessaires pour
appréhender le monde et pouvoir le transformer vers plus de justice.
Un peu d’histoire
pour comprendre
Mais, est-ce
vraiment pour cela qu’a été bâti le système scolaire ? Si on remonte le
temps, on verra que si jusque durant l’ancien régime[5],
les enfants de milieux populaires n’allaient pas à l’école, ils étaient loin
d’être ignorants. Ils devaient apprendre un savoir-faire de grande qualité.
N’étant pas mécanisés, les métiers de la terre et de ses ressources,
nécessitaient la capacité d’utiliser et d’entretenir de nombreux outils et
d’utiliser des techniques sophistiquées. A la campagne, la formation se faisait
en famille, les métiers s’apprenaient de père en fils, de mère en fille. Plus
rarement, un enfant était placé comme apprenti chez un artisan.
A la ville, la
formation des enfants se faisait essentiellement par l’apprentissage. Il
arrivait que le maître exige que son apprenti sache compter, lire et écrire et
donc qu’il ait été à l’école. Mais cela ne concernait que les métiers les plus
nobles comme l’imprimerie ou l’orfèvrerie[6].
Le plus souvent, c’était le maître qui apprenait les rudiments du calcul, de la
lecture et de l’écriture à ses apprentis.
Le capitalisme
industriel va bouleverser à la fois la nature du travail et la formation des
travailleurs. Les nouveaux outils de production, les « machines »,
vont remplacer le travail complexe de l’artisan par des tâches simples et
répétitives. Cela va engendrer une déqualification des travailleurs enchaînés à
leur nouvel outil de production. En aliénant les travailleurs et leur faisant
perdre leurs repères traditionnels qu’étaient leurs lieux d’éducation et de
socialisation, la révolution industrielle a provoqué un abrutissement des
masses populaires, les entraînant dans le « vice », l’alcoolisme, la
violence, la criminalité et la prostitution.
Afin de sauver
« sa » société et « ses » intérêts, la bourgeoisie du XIXe
siècle imagina de solutionner le problème en éduquant les enfants des masses
populaires, considérant que «L’éducation est la meilleure branche de la police
sociale[7]».
Il fallait donc
éduquer les enfants des classes populaires pour les socialiser, pour former des
ouvriers compétents et dociles. L’objectif était donc loin de vouloir en faire
des citoyens réflexifs. Dans cette école, on n’apprenait que la morale et la
religion, le calcul (dont le système des poids et mesures), la lecture et
l’écriture. «Lire, écrire, compter, voilà ce qu’il faut apprendre», déclarait
Adolphe Thiers, «quant au reste, cela est superflu. Il faut bien se garder
surtout d’aborder à l’école les doctrines sociales, qui doivent être imposées
aux masses[8].
»
A la fin du XIXe
siècle, la montée du socialisme donna des sueurs froides à une bourgeoisie qui
craignit pour ses privilèges. La classe ouvrière était nombreuse et
s’organisait de mieux en mieux. Depuis septembre 1864, il existe une
Internationale ouvrière et la période insurrectionnelle qu’a constituée la
« Commune de Paris [9]»
a constitué un coup de tonnerre, démontrant ainsi la capacité des masses
populaires à se révolter et à porter des revendications démocratiques[10].
Jules Ferry fonda alors l’école républicaine pour « maintenir une certaine
morale d’État, certaines doctrines d’État qui importent à sa conservation »[11].
L’école devait donc enseigner « l’instruction civique » et l’amour de
la patrie. L’histoire et la géographie entraient au programme des études.
L’école devenait ainsi un appareil idéologique d’Etat[12].
Après la guerre
14-18, l’industrialisation croissante réclama des travailleurs qualifiés. Il
s’agissait que ceux-ci sachent utiliser des machines plus complexes et des
instruments de mesure précis, qu’ils sachent lire des plans et appliquer des
modes d’emploi compliqués. L’école intégra alors les formations
professionnalisantes (techniques et professionnelles) et pratiqua la sélection des
élèves sur base méritocratique (ou plus généralement sur base des origines
sociales) : les enfants des familles bourgeoises étaient dirigés vers une
section « moderne » qui les préparait à devenir des dirigeants ou des
fonctionnaires, quant aux autres, ils étaient orientés vers les formations de
travailleurs qualifiés.
Après la seconde
guerre mondiale, le succès économique des 30 glorieuses imposa à l’école
d’élever la formation des travailleurs. L’enseignement général, jusque-là
réservé aux enfants de l’ « élite » ouvrit ses portes aux filles et aux fils du
peuple. On parla de « démocratisation de l’enseignement ». Malgré le
discours qui se voulait progressiste, la sélection ne cessa jamais. Elle ne se
fit plus en primaire, mais durant le cursus de l’enseignement secondaire. C’est
toujours l’école libérale, l’école bourgeoise d’aujourd’hui qui protège les
intérêts des familles nanties et forme (mais pas trop) les enfants des classes
populaires afin de maintenir l’esclavage moderne au profit des premiers..
Quelles missions
pour l’école du XXIe siècle ?
Contrairement à
ce qu’entonnent les chantres de l’école néolibérale, l’Ecole obligatoire n’a
plus pour vocation de former à un métier. Elle ne peut pas être utilitariste,
former les nouveaux esclaves du XXIe siècle provenant des milieux défavorisés
pour continuer à servir les nouveaux maîtres nés, quant à eux, dans les draps
de soie des quartiers bourgeois. En cela les enseignements techniques
professionnalisants sont une hérésie. L’Ecole est là pour former des citoyens
et leur apprendre à savoir créer les outils de la citoyenneté dont ils auront
besoin une fois adultes. Elle a aussi pour mission de former les jeunes à
« apprendre à apprendre ». A 18 ans, une fois le Certificat
d’Enseignement Secondaire Supérieur acquis, les étudiantes et les étudiants de
secondaire devront avoir acquis des savoirs qui leur permettront de poursuivre
les études de leur choix.
L’Ecole doit
viser à faire acquérir à chaque élève, l’acquisition transversale d’une
citoyenneté critique, responsable, active et solidaire[13].
Une vision de l’Ecole adéquationniste n’a plus sa place au XXIe siècle, n’en
déplaise aux conservateurs de droite. Les missions fondamentales de l’Ecole doivent
aujourd‘hui être profondément
progressistes[14] !
Dès lors,
l’école se trouve devant une contradiction : on lui demande de faire
réussir tous les élèves et d’un autre côté, d’empêcher une grande partie de
ceux-ci de faire des études supérieures. Si tout le monde allait à
l’université, cela poserait de sacrés problèmes. Qui ramasserait les poubelles[15] ?
L’Ecole fait croire qu’elle est un système égalitaire, alors qu’elle doit
veiller à ce qu’il reste un pourcentage important de pauvres dans la société,
pour assurer aux enfants de riches de pouvoir, plus tard, continuer à bénéficier
d’une main d’œuvre à très bon compte. Tout enseignant doté d’Humanité a le
devoir de faire basculer cette fatalité.
Si nous voulons
que le système scolaire devienne égalitaire, cela ne peut se faire sans que
nous ne voulions aussi que la société, elle-même, devienne égalitaire. Pour la
rendre égalitaire, le plus simple est de commencer par l’Ecole, ou du moins par
les écoles citoyennes, celles qui refusent l’injustice et les inégalités. Et il
y en a. Elles sont, pour la plupart, à pédagogie active. La mission que se sont
assignées ces écoles, c’est de « faire
mentir toutes les formes de fatalités ; c’est de faire mentir toutes les
formes de reproduction ; c’est de faire mentir toutes les formes de
déterminismes. C’est de postuler que tout le monde, même celui qui a été
identifié comme le plus handicapé ou le plus en difficulté peut s’en sortir,
peut apprendre, peut grandir.[16] »
Aucune
enseignante, aucun enseignant n’est astreint à devoir respecter cette règle qui
consiste à sélectionner les plus fragiles pour en faire les futurs esclaves des
autres. Nombre d’entre eux s’y refusent et parient sur l’éducabilité de tous
leurs élèves. Dès lors, chacune de ces enseignantes, chacun de ces enseignants s’engage
moralement à faire réussir[17]
tous les élèves qui lui sont confiés.
Le rôle de l’école et donc la mission de ces enseignants est de rendre
accessible à chacun le bagage de connaissances et de compétences nécessaires
pour appréhender le monde et pour participer activement à sa transformation
vers plus de justice. Il faut apprendre aux élèves à construire
des outils. Les outils qui leur permettront de rendre notre société plus juste,
plus équitable pour les plus fragiles ; une société inclusive dans
laquelle chacune et chacun aura sa place.
Cela commence, forcément, par une adhésion totale et inconditionnelle au « Postulat d’éducabilité ».
Le concept de l’éducabilité
cognitive
L’idée qu’on n’a
jamais fini de faire des apprentissages et que tout être humain, quel que
soient ses capacités intellectuelles, peut augmenter sa capacité d’actions sur
son environnement a vu le jour après la Révolution française (Jean Itard 1774-1838 et Victor, l’enfant sauvage de
l’Aveyron[18]).
Chaque être humain est éducable et peut apprendre et renforcer ses
connaissances tout au long de son existence. Seulement, on ne forme pas un être
humain comme on fabrique un objet. Les apprentissages cognitifs, affectifs,
sociaux et comportementaux ne fonctionnent pas de manière séparées, mais sont
interdépendants. Rousseau employait le
terme de « perfectibilité », « il y a une autre qualité spécifique qui les (l’homme
et l’animal) distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation,
c’est la faculté de se perfectionner. »
Piaget[19],
dans sa théorie du constructivisme, a démontré que le jeune enfant vient au
monde avec quelques outils intellectuels rudimentaires qu’il va enrichir en
s’adaptant au monde et en essayant de le comprendre. Il va devoir reconstruire
les lentes conquêtes intellectuelles de l’Humanité. C’est grâce à l’aide de ses
parents mais également de ses enseignants et de ses pairs qu’il va réinventer
le concept de nombre, explorer le langage pour découvrir que celui-ci est
composé de mots distincts, redécouvrir les notions de surface, de volume et
ainsi de suite. Grâce à Jean Piaget, on est aujourd’hui convaincu que tout
s’apprend ou mieux, que tout se construit.
Le postulat
d’éducabilité, c’est quoi ?
Il s’agit d’un
néologisme utilisé en pédagogie au XXème siècle. Les éducateurs adeptes de
l’éducabilité cognitive sont attachés aux capacités qu’ont chaque être humain
d’apprendre à apprendre, bref ce qu’on appelle la métacognition.
La «
métacognition » est malheureusement trop peu connu dans le monde de
l’éducation. Ce terme veut dire la « cognition[20]
sur la cognition ». Autrement dit, la métacognition consiste à avoir une
activité mentale sur ses propres processus mentaux, c’est-à-dire « penser sur
ses propres pensées ». En somme, la métacognition permet à l’élève de réfléchir
sur la manière dont il apprend, sur le cheminement parcouru afin de découvrir
ses erreurs et de les surmonter. Il s’agit donc pour lui de pouvoir prendre du
recul sur ses processus d’apprentissage et de se poser les bonnes questions
afin de progresser.
Emettre un
postulat, c’est émettre une proposition qui ne peut être démontrée, mais qui
est nécessaire pour établir une démonstration. Autrement dit, l’enseignant qui
postule sur l’éducabilité de tous ses élèves est foncièrement convaincu que
toutes et tous peuvent apprendre tous les savoirs qu’il doit leur transmettre.
De manière différente, sans doute, mais suffisante pour que ces apprentissages
leur servent de base à l’acquisition d’autres matières ou savoir-faire, par la
suite. Il ne peut pas le démontrer (et cela lui importe peu) car sa volonté est
d’amener tous ses élèves à une acquisition de qualité de tous ces savoirs.
L’éducabilité
constitue LE postulat de base de l’éducation : « Il s’agit là d’une postulation
fondatrice de la possibilité même d’éduquer, et cela simplement d’abord du
point de vue logique. Sans cette postulation, l’entreprise serait totalement
dérisoire, complètement vaine et, plus radicalement, impossible[21]. »
L’éducabilité
est un pari, celui de renverser les vieilles croyances élitistes dans la
fatalité sociale ou génétique. Un postulat n’est pas nécessairement la vérité.
Croire que tout le monde peut apprendre, en fait, personne ne sait si c’est
scientifiquement vrai. Mais personne non plus ne sait si c’est scientifiquement
faux. Ce que personne n’a le droit de le postuler.
Nous avons, au
contraire le devoir de postuler que tous les enfants – et tous les adultes –
peuvent apprendre les savoirs que nous enseignons, et que nous devons tout
mettre en place pour que ce soit vrai. « On doit faire comme si, en
faisant le pari qu’ils peuvent quand même y arriver. Pourquoi ? Parce qu’on ne
sait jamais à quoi attribuer un échec et avoir la certitude que cet échec est
imputable exclusivement au déficit d’une personne et non pas aux conditions
éducatives de l’accompagnement qui lui a été proposé[22] ».
Parier que tous
les élèves sont capables d’apprendre est simplement une posture juste. Il est
donc nécessaire d’y croire et d’y croire fermement. C’est à ce pari que l’on
reconnaît l’enseignant doté d’humanité. Il est d’ailleurs impossible
d’enseigner si l’on n’est pas persuadé de son bien-fondé. Au mieux sera-t-on un
petit donneur de leçons ; au pire un salaud qui prend plaisir à briser un élève
et à casser son avenir.
L’idée que tous
les élèves sont capables d’apprendre est une idée juste qui fait progresser la
société et les pratiques pédagogiques mises en place dans les écoles. Nous
devons avoir confiance dans les capacités cognitives de tous nos élèves.
Educabilité et
principe de non-réciprocité
L’éducation est
tout le contraire du dressage. Nous ne sommes pas là pour former des êtres
humains mais pour leur donner les outils qui leur permettront de se former
eux-mêmes. A partir du moment où nous sommes conscients que tous les élèves
peuvent apprendre, notre mission est de les accompagner sans vouloir les
formater et en les laissant progressivement construire leur individualité.
Nous ne pouvons
pas apprendre à leur place. Nous devons, au contraire créer des situations, des
dispositifs qui vont leur permettre de
s’engager pleinement dans leurs apprentissages. Nous devons leur apprendre à
faire et, surtout, nous ne devons rien faire que l’autre ne puisse faire.
Nous devons tout
faire pour que tous nos élèves réussissent, sans exception. Les dispositifs que
nous mettons en place veillent précisément à ce qu’ils soient acteurs de leurs
apprentissages : pédagogie active[23]
dans l’école ou dans la classe, tutorat, dispositifs spécifiques pour les
élèves ayant des troubles spécifiques des apprentissages, droit à l’erreur,
aménagements raisonnables mis à la disposition de tous, conseil de coopération,
évaluations exclusivement formatives, …
Ce que nous
mettons en place ne demande pas de remerciements. Nous faisons simplement notre
travail, rien de plus. Mais aussi et surtout rien de moins. Tout est
co-construit avec les élèves qui doivent en être partie prenante. Mais si nous
mettons en place un espace favorable d’apprentissages, espace exigeant car nous
voulons qu’ils acquièrent les savoirs au mieux de leurs possibilités, rien ne
nous garantit que nous y arriverons.
Comme nous le
rappelle Philippe Meirieu, nous devons « Admettre que le principe d’éducabilité soit constamment mis en échec
sans, pour autant, y renoncer. Assumer la négativité de l’éducabilité, sans,
pour autant, basculer dans le dépit et la suffisance, sans sombrer dans le
fatalisme. Le principe d’éducabilité et son corollaire, le principe de
non-réciprocité, sont donc au coeur de la dynamique pédagogique, ils en
constitue, en quelque sorte, le pari fondateur… Choix éthique et politique à
la fois, ils sont, en réalité, la véritable « pierre de touche » de
bien des débats qui auraient intérêt, pour la clarté de la discussion actuelle,
à faire ressortir systématiquement cette dimension des choses.[24]»
L’éducabilité,
si elle est postulée de façon universelle et inconditionnelle, ne présuppose ni
n’attend de résultat ni de progrès obligatoire ; elle repose au contraire, pour
pouvoir s’exercer, sur un renoncement vis-à-vis de l’attente personnelle démesurée
de la réussite de l’autre, donc sur un certain décentrement de l’éducateur par
rapport à son ego[25].
Le concept
d’éducabilité et la recherche
De nombreux
auteurs ont fait avancer nos connaissances pédagogiques depuis le début des
années 1960[26]. Loin
être exhaustifs, en voici quelques-uns qui ont marqué les recherches en
sciences de l’éducation, en lien avec le concept d’éducabilité.
Jean Piaget et le
constructivisme
Le
constructivisme est une théorie de l’apprentissage fondée sur l’idée que la
connaissance est élaborée par l’apprenant sur la base d’une activité mentale.
Cette théorie repose sur l’hypothèse selon laquelle, en réfléchissant sur nos
expériences, nous nous construisons et construisons notre propre vision du
monde dans lequel nous vivons.
Jean Piaget a
décrit le développement de l’intelligence chez les enfants comme un succession
de « stades » (allant des
actions pratiques aux représentations abstraites). Il y a quatre
« stades » et chacun doit être acquis pour pouvoir accéder au
suivant. Les quatre stades du développement cognitif,
que tous les
individus accomplissent dans le même ordre sont : stade sensorimoteur (de la
naissance à 2 ans), stade préopératoire (2 à 7 ans), stade des opérations
concrètes (7 à 11 ans) et stade des opérations formelles (11 à 14 ans).
Selon Piaget,
l’intelligence se construit ! Les connaissances des enfants ne sont pas
une simple copie de la réalité externe ; au contraire, les enfants construisent
eux-mêmes leurs connaissances en agissant sur des objets physiques, sociaux et
conceptuels[27].
Selon le
constructivisme, les connaissances acquises par un enfant ne sont pas une
simple « copie » de la réalité. Au contraire, ces connaissances ont demandé à
l’enfant de reconstruire celles-ci afin de les appréhender. Les enfants doivent
reconstruire les idées, les concepts ou encore les théories qui paraissent
évidentes aux adultes. Piaget nous a aidé à nous convaincre que tout s’apprend
ou mieux, que tout se construit.
Tous les élèves
sont-ils fait pour les études ?
Caroll et Bloom[28]
ont prouvé qu’il était faux de penser que certains individus sont faits pour
les études et d’autres pas. Ils ont démontré que ce qui différenciait
principalement les enfants étaient, non leurs compétences intellectuelles, mais
leur vitesse d’apprentissage. Certains acquièrent des compétences en peu de
temps, alors que d’autres ont besoin de plus de temps pour arriver au même
résultat. En résumé, la qualité de l’apprentissage n’a aucun rapport avec le
temps mis pour y arriver. Pourtant, nous continuons de demander à tous nos
élèves d’acquérir la même compétence au même moment.
On peut donc
affirmer aujourd’hui que TOUS nos élèves, sans exception aucune – sauf s’ils
sont atteints d’un grave handicap intellectuel, sont doués pour l’étude. Nous
avons donc le devoir de leur donner leur chance, en leur permettant d’acquérir
les compétences à leur rythme propre, sans en laisser en chemin et encore moins
en les orientant précocement vers des filières dites « de relégation ».
Pour démontrer
que tous les élèves étaient capables de réussir, les pédagogues collaborant
avec Bloom ont mené une expérience intéressante. Ils ont constitué 3 groupes
d’étudiants hétérogènes équivalents qui reproduisaient chacun la trop célèbre
courbe de GAUSS, fort prisée dans certaines écoles élitistes, composés à savoir
d’un petit nombre d’élèves « forts », d’une grosse majorité d’élèves dits «
moyens » et de quelques élèves prétendument « faibles ».
Le premier
groupe a reçu un apprentissage « classique » tel celui que l’on connaît dans la
majorité de nos classes. Le second groupe a également reçu un apprentissage
collectif mais, à la différence du premier groupe, les matières à assimiler
étaient divisées en unités d’apprentissage et, à la fin de chaque unité, les
élèves étaient soumis à un test formatif qui permettait à ceux qui n’avaient
pas compris de bénéficier d’une remédiation immédiate. C’est ce que l’on
appelle la Pédagogie de Maîtrise.
Enfin, les
élèves du troisième groupe ont chacun bénéficié d’un précepteur choisi pour ses
compétences et capable d’ajuster directement sa façon d’enseigner en fonction
de la compréhension de l’élève. Les trois groupes ont ensuite été soumis au
même test final, destiné à évaluer leurs apprentissages respectifs.
On a pu constater
dans le premier groupe que les élèves ont progressé de manières différentes et
les résultats reproduisaient la courbe de gaussienne initiale. Exactement comme
dans la majorité de nos classes, avec un lot d’échecs inévitables dans ce type
d’enseignement particulièrement inéquitable.
Dans le second
groupe, la courbe épousait la forme d’un J. La majorité des enfants était
proche du maximum. Le troisième groupe obtenait, évidemment, les meilleurs
résultats. Ceux-ci épousaient la forme d’un J au point que les prétendus « plus
faibles » obtenaient des résultats équivalents à ceux des « plus forts » du
premier groupe. Il serait, évidemment, utopique de rêver généraliser ce système
à notre enseignement. Non seulement il serait hors de prix mais nous ne pourrions
– malheureusement – trouver suffisamment de précepteurs de qualité pour
entourer tous nos élèves. L’intérêt de ce troisième groupe réside ailleurs : il
a permis de démontrer scientifiquement l’éducabilité de TOUS les élèves, même
de ceux qui étaient considérés comme les plus « limités ». Un élève « faible »
– nous dirons « plus lent » – qui bénéficie de conditions d’enseignement
optimales peut arriver au même niveau que les élèves les plus rapides, placés
dans des conditions normales d’enseignement.
Enfin, la
Pédagogie de Maîtrise a démontré ici toute son efficacité. Appliquée au sein de
nos classes, de la première maternelle à la rhétorique (et pourquoi pas au
supérieur et à l’université ? – les processus d’apprentissage étant les mêmes),
elle bénéficierait à tous, principalement à ceux qui ont besoin de plus de
temps qui progresseraient beaucoup, mais également et c’est important, aux plus
rapides dont les résultats étaient supérieurs à ceux des « plus rapides » du
premier groupe.
Lev Vygotski[29] et la
zone proximale de développement
Lev Vygotsky
s’est intéressé à la manière dont l’enfant apprend. Il s’opposait à deux courants
théoriques de son époque. D’une part le béhaviorisme[30],
alors que selon lui, tout apprentissage implique «un véritable et complexe acte
de la pensée». Et d’autre part, la conception de Jean Piaget pour qui on ne
peut enseigner quelque chose à un enfant que s’il a atteint le stade requis
pour cet apprentissage. Or, Vygotski a constaté que de nombreux élèves
acquièrent très bien les disciplines scolaires, tant en mathématique, qu’en
lecture et écriture ou en sciences naturelles, alors qu’ils n’ont pas encore le
stade défini par Piaget. Si Piaget considère que le développement doit toujours
précéder l’apprentissage, Vygotski affirme de son côté que
« l’apprentissage devance toujours le développement. »
Vygotsky va
alors émettre la théorie de la « zone proximale[31]
de développement ». Admettons, écrit-il, que nous ayons déterminé chez
deux enfants un âge mental équivalant à huit ans. Avec l’aide d’un adulte, l’un
résout des problèmes correspondant à l’âge de 12 ans, tandis que l’autre ne
peut résoudre que des problèmes correspondant à l’âge de 9 ans. C’est
précisément cette différence qui définit la zone prochaine de développement. Elle
est de 4 pour le premier enfant et de 1 pour le second. Ainsi, la zone
prochaine de développement d’un élève est pour Vygotski « l’élément le plus
déterminant pour l’apprentissage et le développement ». Car « ce que l’enfant
sait faire aujourd’hui en collaboration, il saura le faire tout seul demain »[32].
En somme, la
zone proximale de développement se situe entre la zone d’autonomie (je peux le
faire seul) et la zone de rupture (je suis incapable de le faire sans aide). La
zone proximale de développement est définie comme la zone où l’élève, avec
l’aide de ressources extérieures, est capable d’exécuter une tâche. L’élève
considère le défi comme réaliste et la tâche à réaliser devient mobilisatrice.
L’enseignant
doit donc veiller à proposer des situations d’apprentissage qui évitent soit de
se retrouver en zone de rupture (trop difficile), soir en zone d’autonomie
(trop facile). Il lui faudra différencier les contenus, les structures et
proposer des situations d’apprentissage diversifiées visant la zone proximale
de développement de chaque élève.
Respecter la
zone proximale de développement des élèves est donc fondamental pour permettre
à chacun de progresser et donc, d’être capable d’apprendre. Cela nécessite,
évidemment, de pratiquer une pédagogie différenciée, et de mettre en place des
pratiques pédagogiques telles que, par exemple, celles décrites plus haut dans
le texte.
Conclusion
Le chemin vers
l’école inclusive implique avant tout de croire en les capacités de tous ses
élèves. Il n’en est aucun qui ne soit capable d’apprendre et ce, même les plus
fragiles (enfants de milieux défavorisés, enfants malades, enfants avec un
‘dys’ ou encore enfants ayant une déficience intellectuelle).
C’est donc bien à
nous, enseignants, à tout mettre en œuvre pour leur permettre d’apprendre et
d’apprendre avec les autres. Pas nécessairement au même rythme, mais bien avec
la même qualité d’apprentissage. Bloom l’a démontré, ce qui différencie les
élèves, ce n’est pas leurs capacités d’apprendre, mais leur vitesse
d’apprentissage.
Piaget éclaire le
chemin de l’éducabilité : Les enfants doivent reconstruire les idées, les
concepts ou encore les théories qui paraissent évidentes aux adultes. Piaget
nous a aidé à nous convaincre que tout s’apprend ou mieux, que tout se
construit. Bloom, a démontré à son tour, grâce à la pédagogie de maîtrise, que
ce qui différenciait principalement les enfants étaient, non leurs compétences
intellectuelles, mais leur vitesse d’apprentissage. Tous peuvent donc bien
apprendre et apprendre les mêmes choses, mais à des vitesses différentes.
Enfin, Vygotski
nous montre le chemin pour y arriver. C’est en respectant la « zone
proximale de développement » de chaque enfant, qu’un enseignant adhérant
au postulat d’éducabilité, parviendra à les faire acquérir les savoirs qu’il
doit leur transmettre.
C’est aussi parce
que nous postulons que tous les enfants peuvent apprendre, que nous pourrons
accueillir tous les élèves, même ceux que la vie a privé d’une partie de leurs
capacités intellectuelles. Car une école n’est inclusive que si elle accueille tout
le monde et que tout le monde apprend ensemble, au-delà de ses
différences.
[1] Communauté française de Belgique est l’appellation constitutionnelle
de la « Fédération Wallonie-Bruxelles » qui regroupe les francophones
vivant à Bruxelles et en Wallonie.
[2] Ceci concerne les élèves ‘ordinaires’, c’est-à-dire n’ayant aucune
déficience intellectuelle. Pour ces derniers, le Postulat d’éducabilité reste
de mise : ils sont tous capables d’apprendre, mais sans doute pas autant
que les autres. Pour ces enfants, les objectifs seront modifiés et adaptés à
leurs compétences au travers d’un Plan Individuel d’Apprentissage et le but ne
sera plus nécessairement d’arriver à une certification. L’importance sera mise
sur l’apprendre ensemble (enfants ‘ordinaires’ ET enfants ‘avec
une déficience intellectuelle’).
[10] En 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l’accès au crédit et la solidarité. La loi sur la liberté de la presse de 1868 a permis l’émergence publique de revendications économiques anticapitalistes (« nationalisation » des banques, des assurances, des mines, des chemins de fer…). Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris_(1871)
[11] Cité par Edwy Pénel dans Le Monde du 14 septembre 1980, lui-même cité
par Hirtt, Les trois axes de la marchandisation scolaire, 2001
[12] Un appareil idéologique d’État apparait comme une superstructure, une formation que l’on pourrait qualifier de « psycho-sociale » du fait qu’elle a pour but d’inculquer des « façons de voir », d’évaluer les choses, évènements et relations des classes sociales entre elles (institution scolaire, religion, famille, syndicats, sport, mass media, etc.). Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_id%C3%A9ologique_d%27%C3%89tat
[14] Le progressisme est une tendance politique favorable aux réformes
sociales et économiques, en opposition au conservatisme. En tant que
philosophie, le progressisme se fonde sur le progrès social et l’idée que les
avancées en matière de science, technologie, développement économique et
l’organisation sociale sont vitaux à l’amélioration de la condition humaine
(Wikipedia).
[15] La solution est
simple : il suffit de supprimer les poubelles en créant une société zéro
déchets. Des mouvements citoyens s’y emploient déjà. Mais il resterait le
problème de tous ces boulots de « pauvres » : facteur, ouvrier,
agent de quartier, chauffeur, machiniste, … I
[17] Quand je parle de
« faire réussir », je ne parle pas de « donner des
points », mais de transmettre tous les savoirs, toutes les connaissances
de « base » à tou.te.s les élèves. Et cette « base » doit
être la plus élevée possible. Nous devons avoir des exigences élevées pour tout
ce que nous transmettons aux élèves. Notons que pour les enfants ayant une
déficience intellectuelle et qui seraient présents dans nos classes (où c’est
pleinement leur place), les connaissances de bases seront les plus élevées
possible, mais en fonction de leurs capacités d’apprentissage. Pour ces
élèves-là, la certification n’est pas toujours une priorité. Mais, si nous y
arrivons, alors tant mieux.
[18] Victor était un enfant trouvé dans les bois près de Rodez (France). Il
était nu, vivait comme un animal en mangeant des baies sauvages. Itard a décidé
de l’éduquer, alors que tout le monde pensait que Victor était débile de
nature. Itard va postuler que ce n’est pas le cas et va passer plusieurs années
de sa vie à tenter d’éduquer Victor. Victor ne parlera jamais mais va
progresser considérablement, se socialiser et même entrer en communication avec
les autres alors que cela lui était radicalement impossible. Jean Itar a
démontré qu’un enfant considéré comme débile, sans éducation, peut apprendre,
progresser et se socialiser. Pour comprendre cette belle aventure, on peut
aussi voir ou revoir le film de François Truffaut « L’enfant
sauvage ».
[19] Jean William Fritz Piaget, 1896-1980 à Genève, biologiste, psychologue,
logicien et épistémologue suisse connu pour ses travaux en psychologie du
développement et en épistémologie.
[20] Cognition : Ensemble des structures et activités psychologiques
dont la fonction est la connaissance, par opposition aux domaines de
l’affectivité. Larousse 2019
[21] Philippe MEIRIEU., Le choix d’éduquer : éthique et pédagogie. Paris :
E.S.F., 1991, p. 25.
[22] Philippe Meirieu, 2008, Le pari de l’éducabilité
[23] Le terme « pédagogie active » est un pléonasme. La pédagogie
inactive n’existe pas. Cependant, le terme « pédagogie » est galvaudé
dans les écoles méritocratiques qui prétendant en faire, alors qu’elles sont
essentiellement dans le frontal et donc la mise en compétition qui, plutôt que
de faire apprendre les élèves ensemble, les met en concurrence. Voilà pourquoi,
on en est à devoir toujours préciser « pédagogie…. active », chaque
fois que l’on parle, simplement, de pédagogie.
[25] Tommy Terraz et Amandine Denimal, « Construire la relation éducative :
postulat d’éducabilité, bienveillance et altruisme », Questions Vives [En
ligne], N° 29 | 2018, http://journals.openedition.org/questionsvives/3409
[26] Crahay Marcel 1997
« Une école de qualité pour tous », Bruxelles, Labor.
[27] De Ribaupierre, A. et L. Rieben (1996), « Piaget’s Theory of Human
Development », E. De Corte et F.E. Weinert (éd.), International Encyclopaedia
of Developmental and Instructional Psychology, Elsevier Science, Oxford, RU,
pp. 97-101.
[28] Marcel Crahay, 1997, Une école de qualité pour tous, Bruxelles, Labor.
[29] Lev Vygotski (1896-1934) est un pédagogue psychologue biélorusse puis
soviétique, connu pour ses recherches en psychologie du développement et sa
théorie historico-culturelle du psychisme.
[30] Le béhaviorisme, behaviorisme ou comportementalisme est un paradigme
de la psychologie scientifique selon lequel le comportement observable est
essentiellement conditionné par des réflexes conditionnés.
La dysgraphie est
un trouble spécifique d’apprentissage qui affecte le geste graphique,
entraînant une lenteur importante dans la réalisation des productions
graphiques et l’écriture manuscrite, entraînant une malformation des lettres.
La calligraphie lente et inégale est souvent accompagnée d’une grande
fatigabilité, voire de douleurs. En effet, écrire ou dessiner requiert une
énorme tension et des efforts permanents chez une personne avec une Dysgraphie,
alors que de tels gestes s’effectuent normalement automatiquement.
C’est en fait un
trouble spécifique d’apprentissage qui se traduit par des difficultés de
coordination et de la conduite du trait. Ce trouble n’est pas causé par un
déficit neurologique spécifique ou intellectuel. En effet, les personnes qui en
sont atteint n’ont aucun retard intellectuel ou déficit neurologique. Les
enfants ne manquent pas d’attention et encore moins de volonté. C’est
l’organisation même de la fonction graphique qui est touchée.
Ce trouble peut
apparaître dès l’apprentissage de l’écriture, en cours de scolarité ou plus
tard. En général, l’écriture, une fois maîtrisée, devient automatique.
Malheureusement, chez la personne avec dune dysgraphie, les gestes appris ne
s’automatisent pas, malgré une rééducation intensive faite par un
professionnel. Les productions écrites restent de pauvre qualité, souvent
illisible. Ces enfants se révèlent souvent incapables d’être multitâches :
dans le même temps réfléchir au mot à écrire, à la manière de former les
lettres et orthographier les mots.
La dysgraphie peut
avoir plusieurs causes. Elle peut être la conséquence d’autres troubles spécifiques
des apprentissages comme la dyspraxie, la dysorthographie ou la dyslexie, les
hésitations créant des gestes inadaptés. Elle peut également être une
conséquence d’une trouble de l’attention avec ou sans l’hyperactivité (TDAH) ou
être liée à la précocité. Environ 70 % des enfants précoces sont touchés par
une dysgraphie.
On
distingue plusieurs formes de dysgraphies :
Les dysgraphies raides, quand l’écriture est
raide et qu’il y a une crispation lors de l’écriture. Le tracé est régulier
mais anguleux, les droites sont prédominantes sur les courbes avec des
changements brutaux de direction. Le crayon est fortement appuyé, on sent le
tracé au dos de la feuille qui peut se déchirer ;
Les dysgraphies molles : l’écriture de
l’enfant est irrégulière dans la dimension des lettres, elle manque de tenue et
donne une impression de négligence. Le tracé est petit et arrondi, peu précis,
voire atrophié (diminue de volume). Les lignes d’écriture sont ondulantes et
les pages peuvent paraître négligées ;
Les dysgraphies maladroites : Le trait
est de mauvaise qualité, les lettres sont mal proportionnées et les formes sont
lourdes avec parfois des pochages[1].
Les pages sont confuses et désordonnées, remplies de multiples retouches, de
reprises et de soudures maladroites ;
Les dysgraphies impulsives : l’enfant écrit
vite au détriment de la forme des lettres qui perdent toute structure ; les
gestes sont rapides, parfois saccadés et non contrôlés entraînant une écriture
désorganisée. L’enfant préfère la précipitation à la qualité, dès lors ses
pages paraissent négligées ;
Les dysgraphies lentes et précises dans
lesquelles, à l’inverse des dysgraphies impulsives, l’enfant parvient à écrire
correctement, avec une écriture très appliquée et un excès de précision mais en
fournissant un effort épuisant. L’écriture est ainsi excessivement lente, appliquée
et précise. Elle a parfois un aspect
calligraphique. Cela explique pourquoi c’est la dysgraphie la plus difficile à
diagnostiquer, car qui penserait qu’un enfant ayant une jolie écriture puisse
avoir des difficultés ?
La
dysgraphie concerne environ 10 % des enfants, et surtout des garçons.
Signes qui doivent alerter
Il est de nombreux
signes différents qui peuvent indiquer la présence d’un trouble dysgraphique.
Ce n’est pas parce qu’un enfant présente un des signes suivants qu’il est
automatiquement porteur de ce trouble. Seul des spécialistes sont à même de
détecter un trouble de la dysgraphie. En général, un diagnostic de dysgraphie
est posé par une équipe pluridisciplinaire: psychologue, ophtalmologiste,
orthoptiste, orthophoniste, psychomotricien, … . L’avis d’un neuropédiatre sera
nécessaire pour interpréter les bilans médicaux et paramédicaux établis par
l’équipe pluridisciplinaire.
Une mauvaise connaissance de son
schéma corporel, c’est-à-dire de sa morphologie (ses limites dans l’espace), de
ses possibilités motrices (souplesse, rapidité, …), de ses possibilités
d’expression à travers le corps (attitudes, mimiques, …). L’enfant n’arrive
pas à utiliser le vocabulaire corporel, à se représenter correctement sur un
dessin, à assembler les morceaux d’un pantin. L’enfant ne se perçoit pas comme
un tout ;
Une mauvaise organisation
spatiotemporelle : l’enfant a des difficultés à écrire correctement ou à
écrire sur la ligne, ses opérations mathématiques ne sont jamais alignées
correctement, il est dans l’incapacité de comprendre une carte de géographie. Il
est vite perdu dans l’organisation, dans la méthodologie, il ne sait plus où il
en est dans un apprentissage, il fait les choses dans le désordre ou à
l’envers. Les notions de temps, d’heure, de chronologie, de suites logiques lui
sont incompréhensibles. La lecture et l’écriture sont touchées : il
s’embrouille, inverse les lettres, perd la structure et la syntaxe de la
phrase, … On constate une lenteur et des difficultés à l’école dans les
exercices réclamant un passage à l’écrit. De même, des difficultés persistantes
dans la reproduction de formes. Il a difficile à visualiser la page et ne parvient
pas à écrire sur les lignes ;
Des difficultés de latéralisation :
l’enfant est malhabile, gauche, a une démarche souvent raide et lourde. Il ne
sait pas comment « bien bouger ». Il n’’investit pas les activités
sportives ;
Un retard dans le développement
psychomoteur ou des troubles praxiques (difficultés dans l’enchaînement
automatique, c’est à dire l’élaboration, la planification et l’automatisation de
mouvements volontaires et de gestes précis), mauvaise tenue persistante des
outils (ciseaux, règle, crayon). Crispation dans la tenue du crayon, l’enfant
peut trouer la feuille sur laquelle il écrit, tellement il appuie fort ;
Des difficultés de concentration
entraînant une écriture plus irrégulière, saccadée. Les automatismes sont plus
difficiles à intégrer. Le rythme d’écriture est inadapté : l’enfant peut être
très lent et faire beaucoup d’efforts pour obtenir un résultat plus ou moins
correct ou à l’inverse écrire trop rapidement de façon impulsive. L’écriture
peut être peu lisible : l’enfant colle les lettres, les superpose, juxtapose
des lettres trop grandes à d’autres plus petites, il y a des télescopages, des tracé
trop légers ou trop écrasés, le geste tremble ou est très mal maîtrisé, les
lettres sont de mauvaises dimensions, le sens de la graphie n’est pas respecté,
le travail semble très peu soigné. En grandissant, le jeune adopte souvent une écriture
scripte[2] ;
Des enfants hypertoniques ou
hypotoniques. Leur geste graphique manque de contrôle et produit une écriture
maladroite. Il y a souvent fatigue et des crampes peuvent survenir lors de
l’écriture. Le poignet est rigide ;
Des problèmes d’ordre
psychologique tels que le manque de confiance en soi, anxiété à l’approche de
l’écriture, le refus d’écrire ou le désir de non-communication, voire encore le
désir de ne pas grandir.
Aménagements raisonnables pouvant être mis en place
(liste non exhaustive)
Au niveau de l’écrit
Eviter les pressions. Un élève
dysgraphique ne sait pas écrire plus vite, ne pas culpabiliser l’enfant sur l’état
de ses cahiers et de ses productions écrites, ne jamais obliger un élève à
recommencer un travail écrit jugé non-satisfaisant ;
Veiller à ce que son crayon ou le
stylo soit correctement tenu. Pour les dysgraphiques, l’écriture manuelle
n’apporte rien sur les apprentissages, pire elle peut même les retarder ;
Faites attention à ce qu’il n’ait
pas tendance à écriture trop vite ;
Veiller à ce qu’il soit attentif
au sens de rotation des lettres rondes, continuer l’entraînement graphique (via
des séquences courtes) ;
Dans les petites classes,
privilégier les lettre mobiles (façon Montessori ou autre) ;
Privilégier des productions
écrites courtes ET lui donner du temps supplémentaire, mais rester
exigent sur la qualité de l’apprentissage lui-même ;
Adaptez les exercices pour limiter
la quantité d’écrits ;
Privilégier l’oral à
l’écrit ;
Inviter l’élève à montrer ses
connaissances et à ne pas se focaliser sur l’écrit ;
Privilégier la qualité du travail
à sa quantité. On peut souvent faire aussi bien en faisant moins. L’école à
tendance à multiplier les mêmes exercices alors que ce n’est pas
nécessaire ;
Organisation spatiale et temporelle
Veiller à lui fournir des cours
complets et exploitables (photocopies, …) ou veillez à ce que ceux qu’il a
copiés soient clairs et compréhensibles. En échange, exigez qu’il sache possède
la matière ;
Soyez attentif à ce qu’il soit
correctement installé. Son banc ou sa table doit être adaptée à ses
difficultés. Elle doit être large et à la bonne hauteur. De même, sa chaise doit
être adaptée à sa taille et qui lui permettre d’avoir un bon appui sur le
sol ;
S’il lui en manque, veillez à lui
fournir les outils nécessaires et adaptés aux apprentissages (stylo, latte, crayon,
feuille, etc.) ;
Via le tutorat, proposer une
tournante dans la classe afin qu’un élève puisse lui servir de secrétaire ou de
relecteur ;
Les solutions techniques
Passer au clavier. L’école est
presque exclusivement axée sur l’écrit. L’enfant va écrire pratiquement jusqu’à
6 heures à 8 heures par jour selon son niveau de scolarité. Il est
indispensable de soulager l’écriture manuelle et de proposer un passage au
clavier (tablette, ordinateur, imprimante) ;
Privilégier les outils de dictée
vocale ;
Fournissez-lui des photocopies
pour chaque cours[3], afin
qu’il ait la possibilité de les revoir et de les étudier ;
Avant l’évaluation
S’assurer de la mise en place de
remédiations immédiates (ou de tutorat) dans chaque cours. Sans remédiation
l’élève se décalerait de plus en plus par rapport à la vitesse et la qualité
d’écriture de son âge.
Au niveau de l’évaluation
Privilégier l’oral, quel que soit
le niveau d’études pour vérifier les connaissances ;
Se focaliser sur les connaissances
et non sur l’orthographe, évaluer la réponse et non la manière dont elle a été
écrite ;
Accepter les productions faites au
clavier, avec correcteur orthographique.
De manière générale, les aménagements raisonnables que
l’on met en place pour un élève doivent être généralisés à tous les autres
élèves, qu’ils aient ou non un ou des troubles spécifiques des apprentissages.
Tel est l’idée de l’enseignement inclusif. En permettant à tous les élèves de
bénéficier des mêmes facilités, on évite non seulement la stigmatisation
(risque important quand on différencie dans une classe) mais cela permet à tous
les autres élèves, sans besoins spécifiques mais qui ont des difficultés
d’apprentissage, d’en bénéficier. C’est aussi introduire un peu de justice dans
les apprentissages.
En période de stage ou en enseignement en alternance
Même lorsqu’une
prise en charge a été correctement mise en place dès le plus jeune âge, les
difficultés de graphie persistent et ne disparaissent jamais. Les troubles
orthographiques demeurent. Le jeune aura toutes les difficultés du monde à
rédiger un texte graphique (vitesse), sera difficilement lisible et fera
régulièrement des fautes d’orthographe qui peuvent avoir des conséquences dans
le cadre professionnel, voire dans la vie quotidienne. Cela peut se révéler
pénalisants pour un adulte dans l’emploi.
Lorsqu’un jeune
ayant une dysgraphie entre en stage dans une entreprise, ou quand un jeune travailleur
commence un premier (ou un nouvel) emploi, il est nécessaire de mettre des
aménagements raisonnables en place. Par
exemple (ceci est loin d’être exhaustif) :
Privilégier l’oral à l’écrit. La
relation entrepreneur/travailleur doit se faire de vive voix ;
Eviter de lui demander de prendre
des notes. En cas de nécessité, mettre à la disposition du travailleur des
stylos-billes ergonomiques (qui améliorent la préhension et réduisent la
fatigue de l’écriture) et ou des crayons triangulaires qui fatiguent moins
l’écriture ;
Informatique : mettre en
place un outil de dictée vocale ;
Durant les formations, fournir un
syllabus suffisamment explicite pour que les prises de notes soient inutiles et
permettre l’enregistrement par la personne qui suit la formation.
Pour plus
d’informations, prendre contact avec l’Aviq (Wallonie) ou avec Phare
(Bruxelles).
[2] L’écriture scripte est une écriture manuscrite dans lequel les lettres
ne sont pas liées les unes aux autres et dont le tracé correspond
approximativement, en le simplifiant, à celui des caractères typographiques
utilisés en imprimerie.
[3] Sur les photocopies, voir notre fiche sur la dyslexie et la
dysorthographie.
Le pourcentage de personnes âgées de 18 à 24 ans qui n’ont pas de diplôme du secondaire supérieur et qui ne suivent plus aucune forme d’enseignement ou formation. Ils sont 14,8% à Bruxelles, 6,8% en Région flamande, 10,3% en Région wallonne. Ils sont en moyenne 8,8% au niveau belge [1].
Un adolescent sur dix est en décrochage scolaire en Belgique dont 14,4% à Bruxelles. Cette problématique retient de plus en plus l’attention des pouvoirs publics. A cet effet, l’axe 4 du Pacte pour un enseignement d’excellence prévoit de lutter activement contre « l’échec scolaire, le décrochage et le redoublement » en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Les exclus du système scolaire ont de plus grandes chances de devenir des exclus de la société. Lutter contre le phénomène devient donc urgent et nécessaire tant ses conséquences sont négatives pour l’individu et la société : les charges sociales, la délinquance, les difficultés d’insertion socio-professionnelle, les problèmes de santé, la faible estime de soi, la dépression et autre maux qu’il entraine provoquent des coûts sociaux et économiques importants.
Les exclus du système scolaire ont de
plus grandes chances de devenir des exclus de la société. Lutter contre le phénomène
devient donc urgent et nécessaire tant ses conséquences sont négatives pour
l’individu et la société : les charges sociales, la délinquance, les difficultés
d’insertion socio-professionnelle, les problèmes de santé, la faible estime de
soi, la dépression et autre maux qu’il entraine provoquent des coûts sociaux et
économiques importants.
Mais avant tout, le décrochage scolaire touche
profondément et avant tout l’individu. L’enfant, l’ado victime tend à s’intérioriser
et vit un profond sentiment de mal-être, de détresse qu’il va subir tant qu’il
n’en sort pas.
Mais d’abord, qu’est-ce que le décrochage
scolaire ?
Certains
parlent de décrochage pour parler d’élèves qui ne s’investissent plus dans leur
travail scolaire. Mais la définition la plus communément admise du décrochage
scolaire est celle qui désigne des enfants, des ados, des jeunes en âge
d’obligation scolaire, qui ont abandonné l’école et qui ne suivent aucun autre
type d’enseignement ou de formation. On estime qu’un élève est considéré en
décrochage quand il dépasse les 20 demi-jours d’absence non justifiés. Le taux
de sorties prématurées des 3èmes, 4èmes et 5èmes années secondaires est de 6,3
% en 2016-2017 en Région de Bruxelles-Capitale[1]. Il constitue le taux le plus
élevé en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Quel est leur profil?
Il existe une multitude de profils différents. D’abord, les garçons sont plus touchés que les filles, les jeunes d’origine sociale précarisée ainsi que les jeunes d’origine étrangère dont la probabilité de décrochage et d’abandon scolaire est cinq fois plus élevée.
De nombreux facteurs comme la
relation avec les professeurs, les autres élèves, la pédagogie, la situation familiale
ont tendance à provoquer un fort impact sur l’ado et sa scolarité.
Justement quelles en sont les causes?
C’est
d’abord notre système scolaire qui en est la cause. Un système particulièrement
et profondément injuste qui se caractérise par la séparation des élèves en
fonction de leur profil socio-économique et/ou socio-cognitif, par son système
d’évaluation, ses redoublements, la relégation vers l’enseignement qualifiant
ou l’orientation vers l’enseignement spécialisé. Il contribue grandement à
accroître à moyen et à long terme les risques de décrochage scolaire.
À 16 ans, 7 % des élèves qui
appartiennent à l’indice socio-économique le plus faible sont orientés vers le
spécialisé contre seulement 2 % des élèves de 16 ans faisant partie de la
population plus favorisée.
On constate pourtant que certains enfants scolarisés dans le spécialisé ne
souffrent d’aucun trouble d’apprentissage ou d’un handicap avéré ; le seul
«handicap» de ces enfants est leur milieu social. Ils se retrouvent alors
orientés vers le spécialisé et quasi-définitivement condamné comme élève à y
rester parce qu’on estime chez eux une certaine forme de « démission ».
Par conséquent, les enseignements spécialisés de type 8 et 1 deviennent les
instruments de relégation pour les jeunes en obligation scolaire.
Cette problématique de décrochage relève
d’une série d’autres facteurs déterminants et multiples tel que le degré
d’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants, leur rapport au
savoir, leur relation avec l’école et les enseignants, leur niveau d’études, de
connaissances de la langue parlée à l’école, de moyens de subsistance ainsi que
leur propre intégration socioprofessionnelle.
Les causes peuvent aussi et tout
simplement être dues à un retard trop important dans une ou des matières, à un
manque de confiance en soi, à des problèmes relationnels, d’apprentissage, à un
encadrement insuffisant. L’ado a un besoin énorme d’appartenance à un groupe,
besoin d’être reconnu par ses pairs pour se sentir exister et confirmé dans son
statut. S’il est laissé de côté, il perd à ses propres yeux toute légitimité et
estime de soi.
Quelles
sont les conséquences ?
D’abord, le décrochage sur l’ado se
manifeste par l’ennui, un comportement contestataire et rebelle, par une
intériorisation et une passivité totale pour les cours, par l’absentéisme, de
l’irritabilité, des phobies, par un état dépressif, …
L’ado qui ne se préoccupe plus de
l’école, perturbe bien souvent le bon déroulement de la classe parce qu’il est lui-même
perturbé et subit généralement un état de mal-être profond. Ayant décroché, il
change fréquemment d’options, voire d’école.10,2 % des élèves ayant changé
d’établissement scolaire dans le 1er degré en secondaire redoublent,
contre 6,2 % qui sont restés dans le même établissement[1].
Les enseignants et la direction proposent alors rapidement des filières moins
valorisées. Il est reconnu que l’enseignement à horaire réduit est une sorte de
filet de repêchage pour l’ado suivant un enseignement à temps plein et ne
possédant pas de diplôme ou d’attestation. Dans ce système, on retrouve hélas
beaucoup d’ados à problèmes.
Il existe de nombreuses autres conséquences
du décrochage scolaire, tel que l’alcoolémie, la toxicomanie, la délinquance et
bien d’autres situations tout aussi graves. Fréquemment, l’ado en décrochage entretient
un lien familial faible. De ce fait, il se réfugie alors auprès d’amis ayant le
même vécu. Et s’il ne rencontre personne avec le même parcours que lui, il
tombe en dépression et s’isole.
Une dernière conséquence à évoquer et
qui est de taille, c’est sa vulnérabilité sur le marché de l’emploi. Un ado ayant
connu un décrochage précoce dans l’enseignement se voit contraint de trouver un
emploi. S’il en trouve, c’est généralement un travail précaire dans lequel il
stagnera toute sa vie au même niveau de qualification parce que son employeur
investira peu dans sa formation, et sa situation restera bien souvent
incertaine.
Que faire et
ne pas faire en tant que parent face à un ado en décrochage scolaire ?
Une chose à éviter et qui est
pourtant assez courante, c’est de comparer l’ado en décrochage avec ses frères
et sœurs. Cette comparaison ne l’aidera pas à se motiver. Bien au contraire, il
en sera encore plus frustré.
Lui supprimer des loisirs utiles
tels que le sport ou des activités artistiques par exemple n’est pas la
solution. Bien au contraire, ce sera une source supplémentaire de frustration et
de déception pour lui. A défaut de trouver la motivation pour l’école, il trouve
au moins une source de motivation dans d’autres activités qu’il aime! En
revanche, on pourra supprimer les écrans tels que les jeux vidéo qui ne sont
pas utiles pour son développement.
Ne faut-il pas mieux privilégier une
enquête approfondie pour comprendre les causes réelles du décrochage que mettre
tout sur le compte de la paresse ? Peut-être vit-il mal une déception
sentimentale, réagit-il à un conflit dans le couple et il est inquiet à l’idée
que ses parents vont se séparer ; peut-être que quelque chose se passe à
l’école, que quelqu’un l’importune, qu’il est en conflit avec un professeur et
qu’il est même en train de traverser une phase de dépression ?
Dans une telle situation, adopter en
tant que parent une attitude d’écoute et de dialogue, même si parfois c’est très
difficile, est sans doute l’approche la plus constructive. Il vaut mieux
chercher à limiter « la casse » car son problème peut encore
s’accentuer, si ce n’est déjà pas le cas, par des troubles du sommeil par
exemple, par la rumination mentale, par des problèmes de fatigue chronique, par
l’épuisement.
Dans l’imaginaire collectif, le
décrochage est souvent associé aux cancres de la classe ; pourtant il
concerne des élèves au parcours fluide et même brillant mais qui tout à coup de
mettent à angoisser et à paniquer. On parle alors de burn-out scolaire.
L’hyperparentalité est source de
grand stress aussi pour les ados qui s’investissent alors de trop, terrifiés à
l’idée de rater et de décevoir. Pour la majorité des parents, l’école a
toujours été un ascenseur social ; or, c’est loin d’être le cas : 80
% de leurs enfants auront des postes inférieurs à ceux qu’ils occupent
eux-mêmes.
Et pourtant, la pression exercée sur l’ado est
énorme et génère une anxiété profonde. Dans ce contexte, certains parents ont
tendance à diagnostiquer et à voir un décrochage de manière précoce, suite à des
résultats en baisse. Et ils vont jusqu’à en convaincre leur enfant.
Qu’un ado se désintéresse pour une
matière est tout à fait normal ! Il faut donc cesser de viser l’hyperperformance.
Le soumettre à un niveau d’exigence extrême exerce une pression qui l’empêche d’apprendre.
Il est tout aussi erroné de lui faire croire qu’une fois devenu adulte, la
réussite à l’école est synonyme de bonheur. On ne cesse de lui rabâcher que sa
réussite scolaire va lui ouvrir toutes les portes, mais en réalité avec un tel
discours, on l’enferme dans une spirale infernale.
Si cette réussite est essentielle,
il ne faut pas exclure le reste. Un ado qui réussit, c’est celui qui est
capable d’utiliser ses échecs comme une rampe pour progresser, et non celui qui
performe d’office.
Pour bien cerner le problème si votre ado est vraiment victime de décrochage scolaire, il vaut mieux privilégier la rencontre avec l’équipe pédagogique, les professeurs, le directeur de l’école pour essayer de comprendre ce qui se passe, pour avoir leur avis et ainsi pouvoir mener une action commune et collective.
C’est important aussi de veiller à
l’autonomiser. En tant que parent, vous êtes la seule personne qui se préoccupe
de lui et de sa scolarité ; peut-être de trop ! Il se peut alors qu’il
cherche de son côté à « décoller » de vous et du même coup de
l’école. Dans ce cas, ne vaudrait-il pas mieux fixer avec lui un objectif atteignable
pour chaque matière, sur deux mois plutôt que sur un mois par exemple ?
Mais surtout, il s’agit de donner du
sens à l’école. Peut-être que jusque-là, il allait à l’école pour vous faire
plaisir, pour vous rendre heureux en tant que parent. Maintenant il a grandi,
il y a des remaniements intérieurs, et la motivation, il la cherche. Il ne veut
plus travailler pour vous faire plaisir et ne sait plus pourquoi étudier. Il
vaut mieux alors lui parler comme à un grand, de l’avenir, du métier qu’il veut
faire, pourquoi on va à l’école ; bref de trouver un sens à sa
scolarité.
Il ne faut pas hésiter à changer de regard sur
lui et à ne plus le considérer comme un enfant. C’est peut-être le moment et l’occasion
de changer sa chambre, de lui proposer des activités nouvelles et de marquer ainsi
le coup en opérant un véritable changement dans le regard que vous portez sur
lui.
Comment
aider concrètement son enfant à accrocher scolairement et à reprendre goût
à l’école?
Si en tant que parent vous souhaitez
augmenter les chances d’aider votre ado à sortir d’un décrochage scolaire, il
existe des pistes de solutions concrètes pouvant contribuer à l’aider.
D’abord et comme évoqué plus haut,
pourquoi ne pas commencer à changer son espace de travail, à installer un lieu agréable
et calme pour que votre ado ait un espace destiné à l’étude et à la réalisation
de ses devoirs ? Cette initiative nécessite un minimum de ressources
financières et de débrouillardise pour préparer cet espace.
Ne serait-il pas temps de vous impliquer
autant dans l’écoute que dans l’accompagnement de ses études et devoirs,
indépendamment de la capacité de suivre les matières apprises par votre
enfant ?
Bien
sûr que cela demande de pouvoir dégager du temps pour lui mais c’est important
qu’il voie son parent s’intéresser à ce qu’il apprend à l’école. Cette attitude
suscite implicitement son intérêt pour ses cours.
Et si en tant que parent ou couple de
parents vous n’avez pas le « bagage » nécessaire pour comprendre ou
même pour partager l’expérience scolaire avec votre ado, pourquoi ne pas penser
à vous tourner alors vers un autre membre ou ami de la famille ou encore vers les
parents d’un ami de votre enfant, qui eux, ont ce bagage. Cette personne pourra
éventuellement apporter son soutien de manière ponctuelle ou régulière car il aura
peut-être plus le temps, l’espace et les connaissances nécessaires pour mieux
le faire. Il s’agit non pas de vous remplacer en tant que parent mais de
permettre à votre ado de vivre d’autres expériences et ainsi se confronter à
d’autres rapports au monde et à la scolarité.
Il
ne faut pas non plus négliger l’aide que peut lui apporter un camarade de
classe. Plus un ado partage et vit des expériences différentes plus il a de
chance de pouvoir rattacher ce qu’il apprend à l’école avec ce qu’il a déjà vécu.
Ces expériences permettront de renforcer potentiellement son accrochage
scolaire.
Justement, un des facteurs les plus
déterminants dans l’accrochage scolaire, est le rapport ludique au savoir que communiquent
les parents à leur enfant. En effet, un parent qui réussit à communiquer le
plaisir d’apprendre, le fait qu’on peut s’amuser en apprenant, augmente les
chances d’éveiller l’intérêt de l’ado pour ce qu’il apprend à l’école. Des
moments réguliers dédiés spécialement à ce partage de savoir de manière ludique
est l’une des pistes pour renforcer l’accrochage scolaire de votre enfant.
Si vous vous sentez capable, pourquoi ne pas envisager alors, une fois par semaine par exemple, avec votre ado et toute la famille, de dédier du temps à jouer, à organiser des championnats du savoir, des expériences scientifiques faites à domicile, des batailles de culture générale, etc. Les possibilités de ces jeux cognitifs sont nombreuses
Quels sont les moyens et les dispositifs existants en
faveur de l’accrochage scolaire ?
Le Pacte d’excellence qui va progressivement
être mis en œuvre cette année va tenter de parer aux problèmes existants dans
notre système scolaire en centrant l’enseignement sur l’humain. Cette réforme va
mettre les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles en chantier jusqu’en 2030 et
devrait en principe aboutir à un enseignement de meilleure qualité, plus
moderne, tout en privilégiant une approche personnalisée sur les acteurs de
l’enseignement en général, et sur les élèves en particulier. Le pacte prévoit
de lutter activement, entre autres,
contre le redoublement et le décrochage scolaire.
Depuis de nombreuses années, il existe des dispositifs internes d’accrochage scolaire tel que le D(I)AS au sein des établissements scolaires bruxellois, qui qui prennent diverses formes dont des cours de remédiations, donnés le plus souvent le mercredi après- midi, parfois après les cours ou sur les temps de midi le reste de la semaine ou la participation à d’activités citoyennes, culturelles, créatives et qui proposent parfois aussi aux élèves concernés d’être extraits de leur classe durant plusieurs jours/semaines et d’être pris en charge au sein de l’école par des membres de l’équipe éducative. Ils permettent aussi de favoriser et de collaborer à l’accrochage scolaire des élèves, par la lutte contre l’absentéisme, la violence et les incivilités.
Ces dispositifs apportent un réel
travail de prévention. Leur objectif est aussi de créer une dynamique autour de
l’école en rassemblant les divers acteurs sociaux et scolaires pour agir efficacement
ensemble contre le décrochage scolaire.
Il existe aussi le service de médiation
scolaire en Région bruxelloise qui met à disposition des écoles une cinquantaine de
médiateurs scolaires avec pour objectif de prévenir la violence et le
décrochage scolaires dans les établissements d’enseignement secondaire. Ce sont
généralement les premiers interlocuteurs vers lesquels on peut se tourner.
A Bruxelles, les médiateurs sont présents dans les établissements tout au long de l’année ; et bien qu’ils soient présents dans l’école même, ils ne font pas partie du personnel de l’école et ne dépendent donc pas de la direction.
Le Centre
PMS ou Psycho Medico Social ou le CPMS est à la disposition des élèves et
de leurs parents, dès l’entrée dans l’enseignement maternel et jusqu’à la fin
de l’enseignement secondaire. C’est un lieu d’accueil, d’écoute et de dialogue
où l’élève et/ou la famille peuvent aborder les questions qui les préoccupent
en matière de scolarité, d’éducation, de vie familiale et sociale, de santé,
d’orientation scolaire, professionnelle, etc.
Le Centre PMS est composé de psychologues (conseillers
et assistants psychopédagogiques), d’assistants sociaux (auxiliaires sociaux)
et d’infirmiers (auxiliaires paramédicaux) qui travaillent en équipe. Un
médecin est également attaché à chaque Centre PMS.
On peut donc les contacter à tout moment.
Chaque commune dispose d’un service scolaire communal qui vise
l’intégration sociale des jeunes en favorisant l’accrochage scolaire.
Ces services sont des relais qu’on peut contacter en cas
de difficultés en lien avec la scolarité. Ce sont des lieux d’accueil, d’écoute
et d’accompagnement.
On peut contacter aussi bien le service scolaire communal de sa propre commune que
de celle dans laquelle l’ado est scolarisé.
Les services d’accrochage scolaire ou S.A.S (S.S.A.S. dans l’enseignement spécialisé) qui sont des services permettant d’accueillir et d’aider temporairement des élèves mineurs rencontrant des difficultés scolaires.
Cette aide concerne par exemple des élèves exclus d’une école et ne pouvant être réinscrits dans un autre établissement scolaire ou encore ceux qui sont inscrits dans un établissement mais qui sont en situation de crise, qui ne fréquentent pas l’école sans pour autant en avoir été exclus.
Ils apportent une aide sociale, éducative et pédagogique par l’accueil en journée et, le cas échéant, une aide et un accompagnement dans le milieu familial.
Concrètement, l’objectif de ces services est que l’enfant ou l’ado puisse être réintégré dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions possibles, dans une structure scolaire ou une structure de formation agréée dans le cadre de l’obligation scolaire.
Le tissu
associatif
Si certains parents offrent des cours particuliers à leurs
enfants, bien d’autres ne le peuvent pas, surtout en faveur de ceux qui,
pourtant, ont le plus grand besoin. Hélas, loin d’assurer la réussite de tous,
l’école produit massivement de l’échec et même du décrochage scolaire et tout
spécialement dans les milieux défavorisés qui n’ont ni les compétences ni les
codes nécessaires pour y faire face.
Fort
heureusement, il existe d’autres solutions beaucoup moins onéreuses pour tenter
de pallier à ce problème. Il y a les associations, notamment les AMO (Aide en Milieu Ouvert) qui sont un
serviced’accueil, d’écoute,
d’information, de soutien et d’accompagnement aux jeunes et les EDD (écoles de devoirs) plus connues par le grand public et qui
visent l’épanouissement global de l’enfant et du jeune jusqu’à ses 26 ans, en
plus du soutien scolaire. Elles mènent des projets qui contribuent à faire des enfants,
ados et jeunes adultes accueillis de futurs citoyens actifs, réactifs et
responsables, capables de poser un regard critique sur le monde et d’en
comprendre le fonctionnement.
Malheureusement, le secteur des EDD manque cruellement de moyens : manque de places, de subsides, d’animateurs formés, alors qu’elles jouent un rôle de cohésion sociale fondamental. Les EDD permettent à leur jeune public de garder le contact avec le milieu scolaire, de les accompagner dans leur processus éducatif à travers leçons et devoirs, mais aussi, de manière plus globale, de redonner du sens à leur parcours scolaire, de les réconcilier avec l’école, voire même avec leur avenir scolaire.
Enfin, il existe également un certain nombre d’écoles d’enseignement
spécialisé de type 5, organisées ou subventionnées par la Fédération
Wallonie-Bruxelles, qui accueillent des élèves à l’arrêt sur le plan scolaire et
qui proposent un suivi psychopédagogique qui vise à remobiliser le désir d’apprendre
et à renouer avec ses pairs dans un cadre sécurisant en :
• prenant en considération l’arrêt du jeune et
en accueillant cet arrêt ;
• proposant un temps et un espace pour
découvrir de nouvelles manières d’apprendre ;
• visant à faire émerger un projet pédagogique
et à le rendre possible.
Cf :
www.enseignement.be – circulaire 6853 du 05 19 2018
Conclusion
C’est d’abord aux pouvoirs publics de
saisir et de remédier à la problématique du décrochage scolaire en s’y
attaquant de manière multilatérale et en dégageant les moyens nécessaires. Des
moyens certainement très importants pour permettre de repenser et de
reconstruire un système éducatif défaillant en Fédération Wallonie-Bruxelles :
il est actuellement source d’élitisme, d’un déficit
de mixité et d’égalités sociales qui aboutit à plus d’exclusion scolaire et sociale,
à des compétitions entre élèves et entre écoles. Cette refonte ne peut aboutir
que par une réforme de la formation et par
la revalorisation du métier
d’enseignant, en prônant la culture de la bienveillance et de la coopération et
en renforçant l’ouverture et l’inclusion à l’école.
Le Pacte d’excellence a été justement
réfléchi et réalisé dans l’objectif d’apporter ces réformes nécessaires et
indispensables au système scolaire actuel. On peut espérer que ces améliorations qui vont bientôt être entreprises pendant
une durée de neuf ans ne seront pas vaines, qu’un réel travail en profondeur
sera réalisé. Il ne faudrait pas juste modifier le cadre, mais surtout
revaloriser l’enseignement en mettant réellement
l’accent sur la dimension humaine à tous les niveaux (élèves, enseignants, parents,
éducateurs, etc.).
Une autre piste d’action pourrait aussi se situer au niveau de la communication et du rapprochement entre toute la communauté scolaire, en privilégiant le partenariat entre les familles, l’écoleet sans oublier le monde associatif (AMO, Maisons de Jeunes, EDD). La clé étant d’être complémentaires, chacun avec sa spécificité pour viser ensemble l’épanouissement global des enfants et ados.
Mais
avant tout, il est essentiel que nos enfants et ados grandissent dans un environnement familial positif. La
famille joue un rôle très important car ce sont les valeurs et les modèles
qu’elle véhicule qui contribuent au développement de ses enfants. La
participation des familles à leur vie scolaire est en outre essentielle pour
les aider à mieux comprendre l’implication qu’ils devraient avoir vis-à-vis de
leur travail scolaire. Une participation qui
privilégie l‘écoute, suscite l’estime de soi, stimule la motivation et la
concentration, permet de créer un état d’esprit et des habitudes de travail
sains. Parallèlement, leur fournir un endroit calme et
approprié pour réaliser leur travail scolaire à des moments réguliers les
sécurise et les mets dans une dynamique de confiance.
Une telle implication
des parents permet d’agir dès les premiers signes d’échecs scolaires ;
elle permet en même temps de prévenir et de les prémunir du décrochage
scolaire.
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