Temps scolaire >< Temps familial

Temps scolaire >< Temps familial

Quel temps de présence peut demander l’école ?

En Belgique, l’obligation scolaire commence à 5 ans et se termine à 18 ans. Si une partie de ces années doit se passer entièrement en présentiel à l’école, les dernières années peuvent être à temps partiel, mixé avec une formation professionnalisante.

Mais qu’est-ce que le temps scolaire ?

Le temps scolaire est défini par le règlement de chaque école. Celui-ci indique le début et la fin des cours. C’est le temps scolaire. En dehors de ces horaires, c’est le temps extrascolaire.

L’école peut-elle exiger la présence d’élèves (ou de professeurs) en dehors du temps scolaire ?

Si le premier (le temps scolaire) est une obligation et relève de l’école, le second relève de la vie privée (article 22 de la Constitution) et de la famille (ou des responsables légaux). Aucune des deux parties ne peut interférer sur le temps de l’autre, sauf cas prévus par les lois.

De ce fait, les familles ne peuvent pas décider quand, durant les heures scolaires, leur enfant ira ou n’ira pas à l’école. Et aucune école ne peut décider quand, en dehors des heures scolaires, l’enfant viendra ou ne viendra pas à l’école. Les fêtes d’école, les soirées/journées portes ouvertes, etc… ne peuvent être rendues obligatoires pour aucun élève (et professeur).

L’article 22 de la Constitution passe avant les desiderata abusifs qu’ont parfois certaines écoles. Tout article du Règlement des études rendant la présence d’élèves (ou d’enseignants) obligatoire serait contraire au Droit et donc illégal.

Ecole inclusive : Accueillir un élève avec une dysphasie

Ecole inclusive : Accueillir un élève avec une dysphasie

1.   Comment permettre à un élève avec une dysphasie d’être inclus dans son école ?

1.1.      Pourquoi parler de dysphasie ?

Parmi les parents, mais aussi les professionnels qui nous ont rejoints sur le combat pour une Ecole inclusive, plusieurs d’entre eux se battent pour que leur enfant soit accompagné à l’école en tenant compte de leur spécificité très particulière, qui est la dysphasie. Les enseignant.e.s ne sont pas formé.e.s à ce trouble qui, dans le milieu scolaire, peut être très handicapant. Nous vous proposons de vous pencher avec nous sur cette réalité. En effet, il n’y a pas qu’à l’école qu’elle se rencontre. Dans le milieu extrascolaire, il en va de même. Certains enfants qui fréquentent une école de devoirs, une maison de quartier, un club de sport, une académie, … sont porteurs de ce trouble. Il vaut mieux le connaître afin de ne pas discriminer un.e enfant, sans même s’en rendre compte. L’Ecole inclusive est un Droit de tous ces enfants.

Lors des précédentes années, nous avions abordé d’autres « dys ». La dernière concernait la dyspraxie. La demande qui a été faite par les membres de la Plate-forme pour une Ecole inclusive a été de n’oublier aucun « dys », même les plus rares. L’analyse suivante a déjà été décidée. Elle concernera un trouble moins connu, les déficiences mnésiques.

1.2.      Comprendre la dysphasie ?

La dysphasie se situe au niveau du langage oral. C’est un trouble « structurel » sévère, spécifique et durable de l’apprentissage et du développement du langage oral. Il entraîne un déficit sévère et malheureusement durable de la production de la parole, donc du langage, mais également de la compréhension. La dysphasie peut se présenter sous différentes formes plus ou moins sévères.

Environ sept pourcents des enfants de 3 ans et demi présentent un trouble du langage oral, mais la majorité se corrige avant l’âge de 6 ans. Un pourcent des enfants gardent des troubles importants du langage oral. On considère alors que le trouble est durable.

La différence entre retard et trouble du langage oral est synthétisé dans le tableau suivant[1] :

Retard de langageDysphasie·s
Décalage chronologique des acquisitions langagièresTrouble primaire et durable
Simplifications de parole : parapluie = papuiDéviances phonologiques : cancagne ou panpagne pour campagne
Compréhension normaleCompréhension difficile
Lexique réduit (peu de vocabulaire)Troubles de l’évocation : cherche ses mots, forme des périphrases (p.ex. : dire en beaucoup de mots ce que l’on peut dire en peu de mots)
Syntaxe maladroite (manière incorrecte de combiner les mots pour former des phrases ou des énoncés dans une langue)Dyssyntaxie[2] (substitution de mots) / agrammatisme[3] (« style télégraphique », ou omission de mots)
Intonation normaleDysprosodie (dysfonctionnement de la communication)
Atteinte Homogène Phonologie/lexique/syntaxeEcarts de performance
Peu de conscience du troubleConscience aigüe du trouble
Amélioration avant 6 ansDéficit durable

Il ne s’agit pas d’un simple retard de l’apprentissage du langage. Ces enfants ne sont pas malentendants et n’ont aucun retard mental, ni d’autisme. On ne peut donc pas expliquer une dysphasie par d’autres troubles, une malformation des organes phonatoires, pas plus que par un désordre affectif grave. Ce handicap est lié à un dysfonctionnement des structures cérébrales qui sont activées afin de traiter l’information langagière.

Ce trouble est encore peu connu pour deux raisons. D’une part, pendant longtemps les études au sujet des problèmes de communication des enfants étaient davantage tournées vers la surdité et les séquelles des lésions cérébrales. D’autre part,  il est  difficile  d’initier  l’idée  qu’un  enfant  qui n’a  ni  déficit  particulier  ni  réticence  à  interagir  avec  son  entourage  puisse  être soumis  à  un empêchement durable de communiquer[4]. Ce n’est que depuis les années 70 que des recherches en phonologie du langage et en linguistique ont été menées. Plus récemment les neurosciences s’y sont à leur tour intéressées. 

On ne connaît pas les raisons qui font qu’un enfant ait une dysphasie. Celle-ci est un trouble dont l’origine reste incertaine. Il y aurait plusieurs causes qui se combinent. Actuellement deux hypothèses sont évoquées, soit une cause génétique, soit une cause neurobiologique (fonctionnement cérébral).

Il y a plusieurs formes de dysphasies, puisque tant la compréhension que l’expression ainsi que tous les niveaux linguistiques (enchainement des sons, lexique, syntaxe, discours) peuvent être touchés à des degrés divers. On devrait donc parler des dysphasies.

En général, on parle de deux grandes catégories de dysphasies :

  • Les dysphasies réceptives, ou par « agnosie verbale » : l’enfant ne reconnaît pas les sons du langage, ne parle pas ou peu, a un vocabulaire pauvre, se replie sur soi par peur de communiquer, etc. ;
  • les dysphasies expressives (discours incompréhensible, difficultés à trouver ses mot, discours inadapté au contexte, difficultés dans l’apprentissage de l’écrit, troubles de la compréhension des langages écrit ou oral, etc.

A celles-ci, on peut ajouter les dysphasies mixtes qui sont à la fois des dysfonctionnements de l’expression et de la réception du langage.

On a vu qu’à l’école, cela représente un élève sur cent. Les conséquences sont importantes sur l’adaptation sociale et affective de l’enfant et sur la qualité de ses apprentissages scolaires. A l’âge adulte, c’est au niveau de l’insertion professionnelle que la dysphasie mettra le travailleur en situation de handicap.

Pourtant ce sont des enfants intelligents, curieux, gentils et calmes. S’ils perdent parfois leur sang-froid, c’est dû à la frustration de ne pas être compris. Ils ont le désir de communiquer mais n’y arrivent pas. Cela n’empêche pas qu’ils puissent avoir une vraie motivation d’apprendre, surtout les tâches qui ne requièrent pas le langage. Enfin, ils ont un sens de l’observation pointu.

Malheureusement pour lui, l’enfant avec une dysphasie voit souvent sa pathologie accompagnée par d’autres troubles qui handicapent sa scolarité comme la dyslexie et tous les troubles de la lecture, la dysorthographie, une difficulté à se repérer dans l’espace et dans le temps (dysphasie visuo-spatiale), un trouble de l’abstraction, voire problèmes de comportement en rapport avec ses troubles de la compréhension et d’adaptation à une situation nouvelle.

2.    Comment peut-on reconnaître une dysphasie chez un élève ?

Les enseignants et les accompagnants ne peuvent qu’élaborer des suppositions face aux difficultés langagières d’un élève. Le diagnostic doit être réalisé par une équipe de professionnels et ne peut être clairement posé qu’à partir de 5 ans.

En cas de signaux d’alerte avant cet âge, les enseignants de maternelle peuvent suggérer aux parents de consulter leur médecin traitant, suite aux constations qu’ils ont faites. Ce dernier orientera logiquement les parents vers un centre spécialisé. Il doit être établi par une équipe pluridisciplinaire (neuropédiatre ou pédopsychiatre, psychologue, orthophoniste, psychomotricien, …) qui établiront chacun un bilan. L’orthophoniste va analyser et évaluer la communication de l’enfant aussi bien au niveau de la qualité que de la quantité. D’autres tests sont également effectués afin d’écarter tout autre pathologie (neurologique, psychologique ou sensorielle) ainsi qu’un bilan psychométrique[5]. Ensuite une rééducation sera proposée. Il s’agit d’une rééducation orthophonique qui a pour objectif de permettre à l’enfant de vivre avec son handicap et de pouvoir suivre une scolarité plus apaisée, en fonction de la sévérité de sa dysphasie. Cette rééducation sera intensive et sur le long terme.

3.   Signes qui doivent alerter

Il y a des signes qui doivent alerter les intervenants scolaires et extrascolaires.  Au plus tôt les troubles sont dépistés, au plus tôt pourra commencer la prise en charge du jeune patient. Il est donc important de ne pas banaliser les signes qui peuvent faire penser à un retard de langage chez le petit enfant et de consulter.

3.1.1.    Chez le nourrisson

  • Il est silencieux (pas ou peu de babillements) ;
  • Il ne réagit pas à la voix et aux bruits ;
  • Les sons qu’il émet ne sont pas mélodieux ;

3.1.2.    Avant 3 ans

Une dysphasie ne se détecte pas en fonction du langage mais par rapport en fonction des facultés qu’a l’enfant de communiquer.

  • Il ne semble pas comprendre ce qu’on lui dit ou comprend mieux lorsqu’on lui fait des gestes ;
  • Il a le regard évitant (peu d’intérêt pour les autres) et est passif ;
  • Il répète systématiquement tout ce qu’on lui dit (écholalie) ;
  • Il est mutique (ne parle pas ou très peu) et communique par gestes ;
  • Il utilise un langage pauvre, uniquement des mots et non des phrases complètes (faim, soif, banane, …) ;
  • Il pose peu ou ne pose pas de questions ;
  • Il a des difficultés à se rappeler des comptines, des chansons, malgré une mémoire efficace (troubles mnésiques) ;
  • Il comprend bien, mais on ne le comprend pas ou on le comprend mal, ses phrases ne sont pas distinctes (il n’est compris que de son entourage) ;

3.1.3.    Après 3 ans

Les symptômes s’aggravent. Les parents qui mettaient le retard de langage sur un retard de développement peuvent maintenant difficilement les ignorer.

  • Le langage reste pauvre. Il s’exprime mal, voire pas du tout. Ses phrases sont courtes et mal structurées ;
  • Il ne comprend toujours pas ce qu’on lui demande, les consignes qu’on lui explique, fussent-elles simples ;
  • Son vocabulaire est très restreint, il utilise de courtes phrases mal construites avec peu de verbes et de pronoms ;
  • A l’école maternelle, il n’est pas attiré par le travail de la conscience phonologique (comptines, jeux de vire-langues, …) et a des difficultés à exprimer les notions d’espace et de temps ;

3.1.4.    A l’entrée à l’école primaire (première année ou CP),

Les symptômes sont plus difficiles à déceler. C’est surtout leurs impacts sur la vie sociale et scolaire de l’enfant qui sont perçus. Il y a une grande différence entre ses compétences intellectuelles et son expression orale.

  • Il a du mal à utiliser les pronoms personnels à bon escient ;
  • Il a du mal à parler distinctement et se révèle incapable de séparer les syllabes (conscience phonémique défaillante) ;
  • Il a du mal à utiliser des termes qui semblent plutôt génériques (ex : « insecte » est le terme générique de « papillon », « abeille », « mouche », « moustique », « sauterelle », … ;
  • Il prononce des phrases qui semblent incohérentes, avec des verbes non conjugués, des mots placés là aux mauvais endroits (ex : « veux manger pas »), etc.
  • Il confond les mots phonétiquement proches  (ex : loi, noix, roi, bois, soie, poids, …);
  • Il n’utilise que rarement les connecteurs logiques (car, comme, malgré, afin que, donc, d’abord, en deuxième lieu, puis, enfin …) ;

En cas de doute, en parler avec les parents et le CPMS[6] en Belgique, ou le RASED[7] en France

4.   Comment aider l’enfant à l’école et dans l’accueil extrascolaire ?

Il faut rapidement mettre des aménagements en place. D’abord, en veillant à comprendre ce qu’est la dysphasie. Celle-ci ne résulte pas d’un problème psychologique, physique ou intellectuel, pas plus que comportemental. Il s’agit d’un handicap et l’enfant n’est pour rien dans les difficultés qu’il présente au quotidien. Il ne faut en aucune manière le dévaloriser en lui rappelant ses difficultés, mais au contraire constamment l’encourager et le valoriser aux yeux de ses pairs.

L’enfant avec une dysphasie éprouve non seulement des difficultés à s’exprimer, mais il peut avoir également du mal à comprendre ce qu’on lui explique ou qu’on lui demande de vive voix. Il est donc indispensable d’adapter les méthodes pédagogiques à son trouble (et aux autres troubles présents dans la classe telles les dyslexies, dysorthographies, dyscalculies, dyspraxies, troubles de l’attention, du comportement, etc.) et donc de viser à devenir une classe (et une école) pleinement inclusive.

Une école inclusive met tout en place pour être un environnement propice aux apprentissages pour tous les élèves à besoins spécifiques. Un enfant avec un « dys » n’aime fort logiquement pas l’école. Il faut donc que la classe et l’école soient des environnements non stressants et qu’elles soient le seul lieu des apprentissages scolaires. Il y a donc lieu de bannir autant que faire se peut leçons et devoirs à faire à la maison.

Avoir des élèves avec des « dys » dans sa classe est une véritable chance. Cela donne du sens au métier d’un enseignant et cela lui permet de mettre en place des pratiques pédagogiques auxquelles il n’aurait jamais pensé (qui ne sont pas dans la culture de l’établissement scolaire) et qui vont lui être d’une aide certaine pour transmettre les savoirs à tous les élèves, même ceux qui n’ont pas de troubles spécifiques des apprentissages mais qui ont besoin de plus d’explications, de plus de temps, de plus d’aides. Les aménagements raisonnables doivent être introduits dans le but de devenir structurels et bénéficier à tous, quelles que soient leurs difficultés et leurs facilités. Ainsi, progressivement d’année en année, la classe (ou l’école) devient inclusive, et prête à accueillir de nouveaux élèves avec leurs spécificités.

Les collègues de l’école doivent connaître l’enfant, ses difficultés et la manière de l’aborder (professeurs de gymnastique, de cours confessionnels, de langue, de citoyenneté, ou autres). Ils doivent connaître et respecter les aménagements mis en place pour cet enfant. En cas de remplacement, un dossier reprenant toutes les informations le concernant, ainsi que la manière de l’aborder et de le soutenir dans ses apprentissages et la liste des aménagements raisonnables mis en place doit être à disposition du remplaçant. Un enfant avec une dysphasie est déstabilisé face à une situation nouvelle. Il y a  donc lieu de le rassurer au mieux. Il en va de même lors de changements de classes, avec le nouvel enseignant. L’idéal est de garder sa classe au moins deux ans d’affilée (que ce soit en primaire ou en secondaire), afin de minimiser le nombre d’enseignants et de pratiques différentes auxquels l’enfant sera confronté dans sa scolarité.

Il est également important de collaborer étroitement avec les parents et les intervenants qui pratiquent la rééducation afin de les informer des progrès réalisés, mais également d’obtenir des conseils de personnes compétentes en matière de dysphasie. La question de l’usage de l’informatique est à poser en fonction des difficultés de l’enfant.

Enfin, il est important de collaborer avec les autres élèves de la classe en expliquant clairement et régulièrement ce qu’est la dysphasie et les conséquences qu’elle a sur les apprentissages. Ils seront ses partenaires durant sa scolarité (amis, tuteurs, …). Il est important de veiller à ce que l’enfant avec une dysphasie soit parfaitement intégré et ne subisse ni moquerie, ni stigmatisation qui ne pourraient que le détruire plus encore.

5.    Pour conclure

Quel que soit le trouble des apprentissages, il n’y a pas de remédiation « miracle ». On ne guérit pas d’un trouble DYS, mais on peut apprendre à développer des techniques de compensation qui deviendront parfois une seconde nature.

Au plus les aides sont adaptées, au mieux elles vont aider à compenser les fonctions déficientes et à améliorer les apprentissages. C’est ainsi que le jeune pourra développer tout son potentiel et ne plus (trop) se trouver en situation de handicap en classe.

Annexe

Aménagements dits « raisonnables »

Cette liste est loin d’être exhaustive et doit être analysée avec les spécialistes qui effectuent la rééducation de l’enfant.  Elle résulte de la pratique de parents qui ont demandé la mise en place d’aménagements « raisonnables » dans les classes de leurs enfants, ainsi que de professionnels suivant les enfants. 

1.    De manière générale

  • L’enfant doit avoir confiance en vous et être heureux d’être dans votre classe. Cela implique de ne pas le juger (mais le féliciter et minimiser ou limiter les échecs) et d’établir un cadre bienveillant, ne pas le placer dans des situations dévalorisantes ;
  • Un enfant avec une dysphasie ne comprend pas l’humour ;
  • Il faut accepter sa lenteur et ses difficultés, reformuler à l’oral chaque consigne et s’assurer qu’il a compris ;
  • Il faut placer l’enfant en situation de réussite, l’évaluer formativement (sans notes) et positivement (ne pas barrer les erreurs mais mettre un P aux bonnes réponses, lui permettre de se corriger), en évitant toute compétition entre élèves, alléger les questions, lui donner plus de temps, limiter les productions écrites et accepter un style télégraphique ;
  • Affichez l’horaire de la journée et prévenez les enfants de tout changement d’activité et permettez-leur de prendre une petite pause, utilisez le programme avec des pictogrammes, des couleurs, des formes ;
  • Donner un modèle de procédures pour les apprentissages que l’enfant suivra tout au long de l’année ;
  • Fixer un objectif à la fois ;
  • L’encourager à demander quand il n’a pas compris ;
  • Alléger les tâches à faire en fonction des l’énergie supplémentaire qu’il doit dépenser par rapport à ses camarades, mais être exigeant sur le résultat ;
  • Evitez les tâches secondaires ou prenez-les en charge (avec tutorat, par exemple) : copie, découpages, … ;
  • L’aider à prendre les bons outils scolaires et veiller à ce que chaque cahier ou livre soit recouvert d’une couleur différente ;
  • Utiliser un cahier de communication avec des bandes velcro pour les pictogrammes, utiliser des couleurs pour les matières à revoir ;
  • Apprenez-lui à se repérer sur un calendrier (donnez-lui la « charge » de barrer progressivement les jours de l’année, par exemple), à lire l’heure, puis les minutes, … ;
  • Utilisez un « vision timer » (une horloge de compte à rebours) pour qu’il sache le temps qui reste) ;
  • Faites-lui régulièrement réciter les jours de la semaine, les mois de l’année. Ecrire la date au tableau chaque jour, toujours au même endroit ;
  • Ne le changez pas de place (ou alors avec son accord) car cela peut le perturber (dysphasie visuo-spatiale) ;
  • Utilisez des codes couleurs ou une numérotation de manière à structurer l’écrit ;
  • Faire du lien entre les apprentissages, rappeler succinctement les connaissances déjà acquises précédemment qui sont en lien avec le nouvel apprentissage ;
  • Utiliser les arts plastiques et favoriser l’expression de ses émotions par des thèmes libres. La difficulté à s’exprimer amène des frustrations, voire de la colère. Les arts visuel, manuel, ou corporel peuvent constituer une soupape binefaisante.

2.    Lorsque vous vous exprimez

  • De quelqu’endroit de la classe vous vous trouvez, assurez-vous toujours qu’il vous regarde quand vous parlez. N’hésitez jamais à manipuler des objets, à faire des gestes, à mimer, à montrer des photos, des schémas, à écrire au tableau, utilisez des synonymes, des pictogrammes (Bliss[8], Pecs[9], Grach[10], …), etc. Cela l’aidera mais cela aidera également d’autres élèves ;
  • Encourager les habiletés d’écoute (ne pas jouer avec ses outils, s’asseoir confortablement, regarder l’adulte, …) ;
  • Contrôlez le niveau sonore de la classe (évitez les sources de distractions, objets sur le bureau pouvant servir de jouets,) et placez l’enfant avec une dysphasie à côté d’enfants calmes, capables de le stimuler, loin des fenêtres et de la porte qui sont des éléments distrayants ;
  • Parlez lentement et distinctement en essayant d‘articuler au mieux. Insistez sur ce qui est important. Reformulez de manière à ce qu’il puisse comprendre encore mieux ;
  • Utilisez des phrases simples avec des mots courants et ne donnez jamais plus d’une consigne à la fois et laissez le temps à l’enfant pour intégrer la consigne, utilisez le même style de consignes ;
  • Ne pas utiliser de mots isolés, plus difficiles à comprendre que placés dans des phrases ;
  • En cas de consignes complexes, les décomposer et les expliquer progressivement durant l’apprentissage ;
  • Uniquement s’il le peut, demandez à l’enfant d’expliquer dans ses mots à lui le message que vous avez voulu faire passer. Cependant, l’enfant avec une dysphasie aura toujours du mal à s’exprimer et ce n’est à faire que s’il en a la capacité ;
  • Vous renseigner sur les moyens utilisés par les parents et l’orthophoniste pour communiquer (langue des signes, Makaton[11], pictogramme, méthode Borel-Maisonny, lecture labiale, …) afin d’utiliser une méthode connue de l’enfant ;
  • Ne pas tout lui mâcher. Il doit pouvoir progressivement, en grandissant, penser par lui-même, se souvenir des procédures apprises, … ;

3.    Lorsque l’enfant doit s’exprimer

  • Susciter des situations où l’enfant aura envie ou besoin de s’exprimer (faire semblant d’oublier de lui donner une feuille, à dire merci, …) ;
  • Les enfants avec une dysphasie ont un stock lexical faible. Il faut accepter la méconnaissance du mot et lui apprendre le terme exact, sans le forcer à répéter (sauf s’il est volontaire) ;
  • L’aider à trouver ses mots en lui donnant des indices ou en amorçant les phrases. L’inciter à décrire le mot qu’il cherche, dire à quoi il sert ou ce qu’il représente à donner sa définition ;
  • Reformuler ses réponses avec bienveillance ;    
  • Si cela lui permet de mieux se faire comprendre, favoriser la communication gestuelle, les mimiques, … ;
  • L’inciter à décrire le mot qu’il cherche avec ses mots (à quoi ça sert, qu’est-ce que cela représente ? …). Ne pas le forcer à répéter le mot une fois trouvé ou donné ;
  • Privilégier le sens du contenu plutôt que la forme et laisser la parole spontanée et naturelle ;
  • Laisser aller l’enfant au bout de son propos sans l’interrompre afin de ne pas perturber sa pensée ;
  • Prévenir ses parents des prochains apprentissages afin qu’ils puissent faire des recherches avec lui à la maison ;
  • L’inciter progressivement à s’exprimer par des choses simples : dire bonjour/au-revoir, appeler par le prénom ou le titre (madame, monsieur, …), donner des réponses de plus en plus élaborées, refuser poliment, etc. ;

4.    Lorsque l’enfant doit lire

  • Chaque fois que c’est possible, quand on l’interroge sur sa lecture, permettre à l’enfant de passer par le langage écrit ;
  • Si la lecture à haute voix devant la classe le gène, accepter la lecture à voix basse ;
  • Alterner la lecture avec l’enfant, chacun une phrase à tour de rôle ;
  • Expliquer le vocabulaire incompris et les expressions figurées (découvrir le pot aux roses, se jeter dans la gueule du loup, tomber dans les pommes, …)  ;
  • Relire le texte ensuite, afin qu’il ait un modèle correct ;
  • Répartir sur la journée la lecture par périodes courtes de 15 minutes maximum ;
  • Utiliser des couleurs ou des pictogrammes pour montrer le sens de la lecture, de gauche à droite (par exemple, feu vert à gauche et feu rouge à droite) ;
  • Laisser l’enfant choisir le thème des textes à lire. Il faut que ces thèmes lui soient connus. Lui fournir les textes à l’avance ; 
  • Privilégier un vocabulaire simple et connu de l’enfant, qui lui sera utile. Exercer régulièrement l’enfant à les lire. Augmenter progressivement le stock de mots ;
  • La poésie n’est pas évidente pour l’enfant. Il n’en comprend pas le sens et les tournures de phrases. Il faut donc la lui expliquer et, s’il en a la capacité, la lui faire apprendre une strophe à la fois. En tous cas, le sensibiliser à cet art et lui faire comprendre ce que sont des rimes ;
  • Utiliser une police d’écriture et une taille qui sont faciles à lire (voir le dossier sur la dyslexie) avec un interligne de 1,5 ;

5.    Lorsque l’enfant doit écrire

  • Ne pas différencier apprentissage de la lecture et de l’écriture qui doivent être simultanés ;
  • Proposer des textes à trous, questions à choix multiples, code couleurs (lui permettre de surligner les réponses et les questions dans deux couleurs différentes) ;
  • Limiter les dictées et privilégier les textes à trous. Complexifier progressivement la difficulté des phrases et des consignes ;
  • Utiliser des étiquettes de mots afin de pouvoir les classer en fonction de leur catégorie grammaticale (noms, verbes, adjectifs, articles, etc.). Prévoir des sous-catégories : noms propres et communs, de choses, d’animaux, de personnes, …) ;
  • Lui apprendre à structurer ses prises de notes ;
  • Limiter les lignes de copies et lui donner du temps ;
  • Lui conseiller de commencer par ce qui est le plus facile pour lui ;
  • En cas de longue copie, écrire dans son cahier à la place de l’enfant ;
  • Lui permettre d’écrire sur des feuilles à lignes largement espacées (au besoin en photocopier) ;
  • Lui fournir un cours photocopié, afin qu’il ne doive pas le recopier ;
  • Lui apprendre des stratégies de relecture en fonction de l’apprentissage (vérifier les terminaisons en conjugaison, les marques du pluriel, est-ce que tous les « blancs » sont complétés, …) ;   
  • Valoriser la créativité de ses rédactions plutôt que la forme ;

6.    Lorsque l’enfant doit mémoriser

  • Créer pour et, si possible, avec l’enfant des aide-mémoire très visuels, avec des couleurs, des schémas, des tableaux (abaques, conjugaisons, …), des listes thématiques  (vocabulaire, tables de multiplication, …) ;
  • Distribuer des photocopies claires et aérées, avec les codes couleurs utilisés en classe et des schémas qu’il connaît. Surligner les essentiels qu’il doit appendre (éviter la surcharge visuelle) ;

7.    Lorsqu’il fait d’autres apprentissages

7.1. En mathématique

  • La classification pose régulièrement des problèmes (ranger selon des formes, des poids, des tailles, des couleurs, …) ;
  • Choisir un code couleurs pour les abaques (une couleur par colonne), faire des paquets ;
  • Choisir des exercices ludiques pour les apprentissages qui le permettent (mesures, comptages, …) ;
  • La lecture des énoncés et le langage utilisé sont complexes pour lui. Il est donc nécessaire de simplifier le vocabulaire et d’expliquer les mots spécifiques à la mathématique (additionner, ôter, tous, …) tout en s’assurant qu’il a bien compris les notions ;
  • Toujours tenir compte de ses difficultés de langage. Ne pas lui demander de répondre par des phrases complètes mais se contenter de voir s’il a compris ;
  • Les tables de multiplications ne doivent pas être apprise par cœur. Lui donner une feuille les reprenant ;
  • Décomposez les informations lorsqu’il y en a plusieurs dans une phrase (utilisez des couleurs) ;
  • Il faut permettre à l’enfant de procéder par étapes tout en veillant à ce qu’il arrive chaque fois au bon résultat ;
  • Il doit pourvoir compter sur ses doigts et /ou utiliser la calculatrice ;
  • Lors de problèmes, les illustrer, faire des schémas pour permettre à l’enfant de comprendre mieux et organiser les étapes de la résolution ;
  • … ;

7.2. En histoire et géographie

  • Ne pas lui faire retenir de dates mais utiliser une frise historique (changer de couleur par période, ou par siècle) ;
  • Il en va de même pour les noms (de pays, de départements, de capitales, …). Confectionner pour lui des fiches qui seront ses aide-mémoire ;


[1] Etat d’AME numéro 21 «troubles spécifiques des apprentissages  http://ameds.free.fr

[2] Incapacité ou difficulté à utiliser correctement la syntaxe du langage. La dyssyntaxie se caractérise par des anomalies dans la construction de la phrase que l’on ne peut réduire à un défaut d’organisation syntaxique. Le sujet se trompe de syntaxe ou utilise les marques syntaxiques à la mauvaise place. http://definitions-de-psychologie.psyblogs.net/2017/

[3]  Manque de la capacité à construire correctement des phrases en utilisant les règles de grammaire ou les marques syntaxiques, ibid.

[4] Léa ESCOFFIER, 2017, La dysphasie, présentation d’un trouble peu connu, Faculté ALLSHS d’Aix-en-Provence

[5] Afin d’évaluer le fonctionnement intellectuel et le profil cognitif de l’enfant.

[6] Centre Psycho Médico Social

[7] Réseau d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté

[8] https://www.isaac-fr.org/outils/bliss/

[9] https://www.autismaide35.com/pictogrammes

[10] http://rnt.eklablog.com/pictos-grach-a108891218

[11] Le programme Makaton a été mis au point par Margaret Walker, orthophoniste britannique, pour répondre aux besoins d’un public d’enfants et d’adultes souffrant de troubles d’apprentissage et de la communication. Elle propose  une solution aux troubles du langage par la parole, les signes et les pictogrammes. https://www.makaton.fr/

L’école n’est pas faite pour les enfants ayant un handicap invisible

L’école n’est pas faite pour les enfants ayant un handicap invisible

L’école n’est pas faite pour les enfants de manière générale, et spécialement pour les enfants ayant un handicap invisible

Introduction

L’école inclusive a pour mission d’accueillir tous les élèves, quelles que soient leurs différences. Mais on peut très bien accueillir des élèves avec une différence significative sans s’en rendre compte. Lors de nos colloques des personnes de l’associatif (écoles de devoirs et associations en lien avec un handicap) nous interpellent régulièrement : « Il faudrait parler beaucoup plus des handicaps invisibles ». En effet, des élèves porteurs de handicaps ne sont pas pris en charge correctement dans nos écoles – ni au sein de l’extrascolaire – parce que les accueillants et enseignants ignorent tout simplement le.s handicap.s qu’ont certains enfants. Ces derniers, souvent, ne veulent pas en parler, par crainte de stigmatisation ou d’incompréhension.

Il faut savoir que 80 % des handicaps sont invisibles. La plupart arrivent au cours de la vie et ne sont pas toujours apparents. De ce fait, ils peuvent être mal compris. Les enseignants, ignorant les problèmes que cela pose aux élèves, se méprennent sur les capacités ou la volonté de l’élève et les risques d’échec sont fortement multipliés.  

Tous les enseignants n’ont pas fait une année d’orthopédagogie et il y a peu de chances pour qu’ils le fassent un jour. Il s’agit donc, non pas de les former aux handicaps invisibles, mais de leur donner l’information nécessaire à l’accueil et l’intégration des élèves à besoins spécifiques qu’ils ont en classe : maladies chroniques ou graves, handicaps, difficultés spécifiques d’apprentissage.

Le handicap invisible concerne-t-il beaucoup d’enfants ?

Il s’agit d’un problème important car, de ce fait, certains handicaps invisibles sont simplement niés. Des professeurs ne pensent pas à mettre en place des aménagements raisonnables. La déficience intellectuelle, les troubles comportementaux, les problèmes psychologiques ou psychiatriques, certains « dys » risquent d’être considérés, soit comme de la fainéantise, soit comme un défaut d’éducation. Les exemples ne manquent pas. Nous en recevons très régulièrement d’associations avec qui nous travaillons épisodiquement :

  • L’élève dyspraxique est un « cochon » qui ne sait pas (ou ne veut pas) écrire proprement ;
  • L’élève dyslexique risque de voir ses dictées ou rédactions commentées à haute voix devant toute la classe et ses points annoncés tout haut ;
  • L’enfant hyperactif est mal élevé et a des parents démissionnaires ;
  • L’élève ayant une déficience intellectuelle est « bête à bouffer du foin » ;
  • L’étudiante anorexique est responsable de son état car elle pourrait manger comme tout le monde ;
  • L’enfant phobique est un comédien ;
  • L’enfant avec un autisme (non détecté) est responsable s’il est rejeté par tout le monde, parce qu’ « il n’a qu’à faire comme tout le monde » ;

Il est évident que l’idée même que ces jeunes pourraient être en situation de handicap ne nous vient pas à naturellement à l’esprit. Il faut une solide formation ou une solide expérience pour pouvoir repérer ce que les principaux intéressés préfèrent taire, au risque de se voir stigmatisés. Et ce n’est pas avec trois journées annuelles de « conférences pédagogiques » qu’on va les sensibiliser à cela. D’autant plus qu’il n’y a pas que les enseignants qui pensent ainsi. Les directions d’écoles ne sont pas mieux formées et les CPMS ne sont pas d’un grand secours si personne ne les en informe ou ne demande leur aide. Ces élèves sont alors considérés comme autant d’éléments « perturbateurs » avec les conséquences que cela engendre.

Et c’est aussi valable pour d’autres différences, comme la précarité, le fait d’être né dans un milieu populaire, parlant une autre langue à la maison, d’être LGBTQI+, d’être gros·se, etc…

Comme s’y mettre ?

Commençons par adapter des locaux (et des écoles) afin de les rendre inclusifs

Si des efforts ont été faits pour rendre des classes et des bâtiments accessibles, il y a encore du travail pour permettre à tou·te·s les élèves d’y être en sécurité. Certains enfants malades ne sont pas pris en considération. Pensons spécifiquement aux enfants allergiques, asthmatiques ou ayant une mucoviscidose. S’il existe des craies sans poussière, toutes les écoles ne les utilisent pas. Il y a souvent des coins avec des tapis rarement aspirés, des tentures qui prennent la poussière et ne sont pour ainsi dire jamais lavées, des odeurs dangereuses pour la santé (feutres pour tableaux blancs contenant du toluène ou du xylène, hautement toxiques et très odorants), le nettoyage des classes se fait avec des produits industriels toxiques qui perdurent pendant plusieurs jours… jusqu’au nettoyage suivant.

Au niveau bruit, là encore il y a des choses à améliorer. Certains de ces bruits sont internes à la classe et sont réverbérés par les plafonds et murs. Côté fenêtre, il y a souvent une cour de récréation avec les bruits qui vont avec (récréation des autres sections, cours de gymnastique, …). Cela perturbe les enfants avec un TDA, hyperactifs, malentendants, stressés, ayant une déficience intellectuelle, qui ont besoin de calme, etc. Idem pour les réfectoires dont le nombre de décibels rivalise avec celui d’un avion au décollage, les salles de gymnastique qui réverbèrent les cris des jeunes sportifs. Si certains professeurs d’éducation physique se mettent des bouchons d’oreilles, ce n’est pas le cas des enfants.

Le casque anti-bruits peut être un emplâtre, mais difficile à porter en sport. Il faut surtout ne plus se contenter d’une jambe de bois. Cela nécessitera des investissements qui doivent être programmés sur quelques années.

Les cours de récréation doivent être apaisées. Trop souvent, elles sont monopolisées par les « footballeurs », ne laissant que les côtés aux autres élèves (qui doivent quand même essayer d’éviter les ballons dans la figure). Certains de ceux-ci n’y trouvent pas leur place à cause d’un handicap invisible. Ils auraient besoin de calme, d’endroits où pouvoir s’asseoir, s’isoler, jouer calmement, simplement parler, … Des initiatives ont vu le jour pour « dégenrer » les cours de récréation. C’est à encourager. Même si l’idée de départ est de permettre aux filles et aux garçons de profiter de l’intégralité de l’espace, cela bénéficiera inévitablement aussi aux enfants à besoins spécifiques. 

La pédagogie universelle (sans dire le mot)

Les profs n’aiment pas qu’on leur fasse la leçon et nombre d’entre eux attrapent des boutons quand ils entendent le mot « pédagogie ». Autant ne pas (trop) leur en parler. Ils pensent tous que ce qu’ils font est très bien et ceux qui les bassinent avec Freinet, Montessori ou les pédagogies coopératives (ne parlons même pas de l’Universelle) ne sont que des « pédagogistes ». Il vaut donc mieux ne pas les prendre de face, mais par la bande. On pourra parler de pédagogie quand ils seront dans la dynamique. En fait, elle sera incontournable. Une pédagogie active est un doit de l’élève.

Peu d’écoles ou de classes sont inclusives. Le message à faire passer est que ce n’est pas très compliqué de le devenir et que c’est bénéfique pour tout le monde, enseignant compris. Le monde ne s’étant pas fait en un jour, il faut encourager les classes et les écoles à le devenir progressivement en prenant appui sur les aménagements raisonnables qui sont obligatoires et en les rendant universels[1].

Chaque année, dans toutes les classes, il y a des élèves à besoins spécifiques. Si certains « dys » reviennent fréquemment, au fil des ans de nouvelles difficultés spécifiques des apprentissages se présentent.

L’idée est de pérenniser chaque aménagement raisonnable, tout en en faisant bénéficier tous les élèves. Donc en les rendant u-ni-ver-sels. La première année, il n’y aura que quelques aménagements à mettre en place, tout en sachant qu’ils profiteront aussi aux élèves des années suivantes, car ils doivent devenir structurels. L’année suivante, il suffira d’en ajouter quelques-uns en fonction des élèves présents. Et ainsi de suite, d’année en année jusqu’à ce que la classe et/ou l’école soient enfin sur le chemin de l’inclusion. Nous disons « sur le chemin », car l’inclusion n’est jamais terminée.

Cela a l’avantage de permettre aux enseignants à se former progressivement, en fonction des spécificités de leurs élèves du moment. De même, ils ne se sentiront pas surchargés par de nouvelles pratiques à acquérir. Enfin, ils pourront se rendre compte progressivement de l’intérêt de devenir inclusifs, tant sur le plan des apprentissages, que sur le fait que cela va faciliter leur métier et non le surcharger. Ils seront moins confrontés à l’échec.

Concrètement, comment peut-on devenir inclusif ?

LePacte pour un enseignement d’excellence pousse les écoles à devenir inclusives. Si toutes les écoles n’ont pas repris cet item dans leurs plans de pilotage. Elles peuvent toujours le rajouter. Les DCO (Délégués aux Contrats d’Objectifs) et les DZ (Directeurs/trices de zone) devraient avoir pour mission de pousser toutes les écoles à aller dans ce sens.

Les Pôles territoriaux sont un nouvel outil qui doit permettre aux écoles de devenir plus inclusives. Si, pour le moment, ils sont dans une phase transitoire, ils sont cependant opérationnels. Etant encore peu connus, ils sont trop peu sollicités. Raison de plus pour en profiter et faire appel à l’expertise de ces professionnels de l’inclusion pour qu’ils viennent conseiller les enseignants dans une école qui décide de devenir plus inclusive.

  1. Informer les enseignants, en prenant exemple sur le Livre Blanc[2]. Prévoir des brochures explicatives d’une pathologie, d’un handicap, d’un trouble spécifique des apprentissages, mais aussi de situations de vie difficiles à vivre pour les élèves (perte d’un proche, pauvreté, comment communiquer avec un parent illettré, sur la fracture numérique, élève maltraité, LGBTQI+, …)
    1. Expliquer de quoi il s’agit ;
    1. Quelles sont les conséquences sur la vie de l’élève ;
    1. Quelles sont les conséquences sur la scolarité de l’élève ;
    1. Que mettre en place (liste non exhaustive d’aménagements raisonnables) et avec qui (professionnel·le qui aide l’enfant ou la famille et qui doit participer à la réflexion sur les aménagements raisonnables nécessaires) ;
    1. Comment sensibiliser les pairs à la situation de handicap de leur camarade (outils existants, sites Internet) ;
    1. Une liste d’associations/structures de référence ou qui peuvent venir en aide ;
    1. Des témoignages d’enfants, de familles, d’enseignants, montrant que c’est possible et que cela marche.
  • Encourager à l’adaptation des bâtiments et cours de récréation à l’accueil de toutes les différences physiques et intellectuelles. Prévoir des lieux de repos et d’isolement si un·e élève en éprouve le besoin. Avoir des toilettes toujours propres (!!!) et accessibles, des éviers dans toutes les classes, des fontaines d’eau dans la cour, des bancs, des espaces de jeux calmes, …
  • Adapter les règlements d’ordre intérieur à l’aspect inclusif de l’école. Autoriser, par exemple, d’aller aux toilettes en fonction des besoins, à boire et manger même pendant les cours, à s’habiller en fonction de ses envies mais également de ses besoins, la possibilité de rester en classe aux récréations, prévoir qu’un·e élève pourrait arriver en retard en raison de son handicap invisible sans qu’iel soit sanctionné·e mais reçoive de l’aide pour rattraper son retard ou se mettre en ordre, …
  • Prendre connaissance du Mémorandum pour une Ecole inclusive[3] et en appliquer ce qui relève des missions et compétences de l’école.

C’est le premier pas qui coûte.

Se lancer dans une classe ou dans une école inclusive, c’est un changement de paradygme. C’est se rendre compte d’abord que tous les élèves sont différents, mais aussi qu’ils sont tous capables. Qu’il n’y a pas d’élèves qui ont l’intelligence de la main quand d’autres auraient celle du cerveau ou seraient doués pour les arts. C’est le postulat d’éducabilité[4]. Si on n’est pas convaincu de cela, alors il vaut mieux ne pas s’y mettre et rester dans ses croyances moyenâgeuses. Au moins les familles sauront à quoi s’attendre. A peu de choses, en somme.

Par contre, si on postule que c’est exact, que tout élève est bel et bien capable d’apprendre les matières enseignées par l’école, alors on peut commencer. Les aménagements raisonnables que l’on rend universels nous y aideront. Commençons par supprimer le superflu :  les devoirs et les examens (et autres interros). Les devoirs d’abord parce qu’il a été démontré par la recherche qu’ils sont au mieux inefficaces (ils ne font pas progresser les élèves), au pire contre-productifs (ils bouffent le temps libre aux élèves et leur retire ce droit élémentaire, déchirent les relations familiales et prennent du temps à l’enseignant qui doit les corriger et ne peut pas être disponible pour les élèves qui ont besoin d’aide).

Ensuite, les examens car eux, bouffent le temps d’enseignement auxquels ont droit les élèves. Cela peut aller jusqu’à 40 % de l’ensemble de l’année scolaire en primaire et jusque 60 % du temps en secondaire). Ensuite, il est impossible d’évaluer avec des points[5].

On a ainsi gagné du temps pour évaluer formativement (Article 15 du Décret Missions, 1997) et pour mettre des aménagements raisonnables à disposition de tous, dont le tutorat est, bien évidemment, la pierre angulaire. Cela soulage énormément les enseignants et est un bénéfice énorme pour ceux qui ont besoin d’un complément d’explications. On intègre alors des élèves avec des handicaps plus lourds, comme les déficiences intellectuelles, les élèves mutiques ou avec comportement difficile. Ce n’est plus un enseignant qui intègre, mais une classe d’enseignants. Et on adapte les apprentissages à ces élèves qui ne savent pas apprendre la même chose que les autres, mais qui savent apprendre quand même. Et bien plus qu’on ne pensait au départ.

La pédagogie se met alors lentement en place, selon le choix de l’école (Conception Universelle des Apprentissages, Pédagogie Freinet, Montessori, Pédagogie de la Coopération, Pédagogie par Projets, … etc.) et le niveau de connaissance de tous les élèves augmente, tout comme leur soif d’apprendre. Ils deviennent solidaires, donc citoyens. Savent vivre avec toutes les différences. Et une fois adultes, ils n’auront qu’un désir, celui de rendre la société plus juste. Et l’école aura, enfin, rempli sa mission.


 

[2] https://www.liguedroitsenfant.be/621/livre-blanc/

[3] Parution prévue le 2 décembre 2022. Note complétée 07/12/22 : https://www.liguedroitsenfant.be/7954/memorandum-pour-une-ecole-inclusive-4/

[4] https://www.liguedroitsenfant.be/2813/en-marche-vers-une-ecole-inclusive-le-principe-deducabilite/

[5] Lire : https://www.liguedroitsenfant.be/2838/etude-les-notes-a-lecole/

Que faire en cas de refus d’inscription ?

Que faire en cas de refus d’inscription ?

Dans quels cas, une école peut-elle refuser d’inscrire un.e élève ?

Les écoles sont tenues d’accepter l’inscription de chaque élève, sauf dans des cas bien précis :

  • L’élève ne correspond pas aux conditions d’admission.
  • L’école manque de places.
  • Les parents (ou l’élève majeur.e) refusent de signer les projets éducatif, pédagogique, d’école, ainsi que dans les règlements des études et d’ordre intérieur.
  • Si l’élève majeur.e a été exclu.e d’une école alors qu’il ou elle était majeur.e.
  • En cas de refus de réinscription (ce qui est considéré comme une exclusion et doit être signifié par lettre recommandée avant le 5 septembre aux parents ou à l’élève majeur.e).

Que doit faire l’école en cas de refus d’inscription ?

L’école est obligée de remettre une attestation de demande d’inscription aux parents ou à l’élève majeur.e.

Malheureusement, certaines écoles « oublient » de remettre cette attestation pour des raisons peu avouables (ne souhaitant pas que l’élève vienne dans leur école, par exemple) ou par omission. Dans ce cas, les parents ou l’élève majeur a le droit de réclamer cette attestation. Celle-ci doit contenir :

  • Les motifs du refus.
  • Les services (Commissions d’inscriptions) auxquels les parents ou l’élève majeur.e peuvent s’adresser pour obtenir une aide en vue d’une inscription dans un établissement organisé ou subventionné par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Dans les écoles organisées par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la direction transmet immédiatement copie de l’attestation à l’une des commissions zonales des inscriptions. 

Dans les écoles subventionnées, le pouvoir organisateur ou la direction transmet immédiatement copie de l’attestation à l’organe de représentation et de coordination ou à la commission décentralisée qui en informe la Direction générale de l’enseignement obligatoire. Cependant, lorsque le pouvoir organisateur n’a pas adhéré à un organe de représentation et de coordination, il (ou son délégué) transmet l’attestation à la Direction générale de l’enseignement obligatoire.

Que doivent faire les parents en cas de refus d’inscription ?

Les parents d’un.e enfant mineur.e sont tenus de scolariser leur enfant. Cela peut se faire à domicile si c’est le choix de la famille, mais si leur volonté est de scolariser leur enfant dans un établissement scolaire, ils ont deux possibilités :

  • Chercher une place dans une autre école de leur choix.
  • Prendre contact avec la commission locale des inscriptions afin d’obtenir une place dans un établissement de WBE (Wallonie-Bruxelles-Enseignement).

Perturbateurs endocriniens. Il faut protéger les enfants

Perturbateurs endocriniens. Il faut protéger les enfants

1.    Les perturbateurs endocriniens, sont-ils dangereux pour nos enfants ?

La santé des enfants est une préoccupation importante à la Ligue des Droits de l’Enfant. Régulièrement, nous reviennent des questions sur la santé, au travers des combats que nous portons pour l’école inclusive. Permettre à des enfants en situation de handicap de bénéficier d’une école inclusive est une chose, mais il faut également penser aux enfants malades, ou ceux dont la santé se dégrade de par l’alimentation : troubles de l’attention, hyperactivité, boulimie, compulsion alimentaire, anorexie mentale, difficultés de concentration et de mémorisation etc. Comment l’école inclusive doit-elle faire pour inclure ces enfants et les éduquer à une meilleure alimentation ?

Une question que se posent ces parents pour la santé de leurs enfants est « Sont-ils menacés par les objets de la vie quotidienne, par la nourriture que nous leur faisons avaler ? A quoi devons-nous être plus attentifs ? ».

Cette crainte est-elle réelle ? Ces objets et la nourriture seraient-ils envahis de produits chimiques qui contamineraient toute la famille ? Et si on jetait un coup d’œil à ce que contiennent nos armoires, nos frigos, nos réserves, mais aussi nos meubles, nos objets de tous les jours comme la brosse à dents ou l’aspirateur, voire encore notre mobilier, pour en savoir un peu plus ?

Nous n’avons pas les moyens de l’Association pour les Générations futures, mais nous avons aussi pour objectif la protection des enfants et, donc, de l’information des parents et des associations de terrain qu’ils côtoient et avec qui nous travaillons. Ces associations de terrain ont la possibilité de sensibiliser les familles aux dangers qui se retrouvent dans la nourriture que l’on achète.

2.    Où se cachent les perturbateurs endocriniens ?

Les objets et la nourriture que nous achetons contiennent parfois des produits chimiques qui peuvent être dangereux pour notre santé. Certains sont à l’origine de malformations ou d’infertilité.

Prenons une journée au hasard et voyons à quels moments nous –  et donc nos enfants aussi – sommes en contact avec des produits chimiques potentiellement dangereux.

Dès le lever, on commence souvent par se rendre à la salle de bain. Dans celle-ci se trouve tout une collection de savons, de produits cosmétiques ou de produits de nettoyage.  En se brossant les dents, il n’est pas impossible qu’on ingère du Triclosan. Cette molécule est un antibactérien, suspectée d’être un perturbateur endocrinien et un cancérigène. Et ne parlons pas des fonds de teint (Benzophenone), des rouges à lèvres (Parabène) ou des parfums (Phtalates) que se mettent les mamans, montrant ainsi l’exemple à leurs filles. Les shampoings ne sont pas aussi neutres qu’on pourrait le penser.

Mettre un shampoing anti-poux à son enfant, revient à l’asperger de Perméthrine, un produit très toxique pour de nombreux animaux, et en particulier les chats et les animaux à sang froid comme les batraciens ou les insectes. Il semble qu’elle ne soit pas encore classée pour l’être humain, mais que devons-nous en penser quand d’autres mammifères ne la supportent pas ?

Passons ensuite à table, un moment qui ne devrait pas poser de problème. A priori, nous ne nourrissons pas les enfants avec des produits chimiques. Manger une tartine à la confiture devrait être un geste sans danger. Pourtant, en avalant, nous ingérons une dose non négligeable de pesticides, des produits chimiques complètement invisibles. Les soupes industrielles, yaourts aromatisés, charcuteries, moutardes, sauces, olives, fruits confits, viandes transformées[1], etc. contiennent une nombre important de restes de produits chimiques, mais également des conservateurs ou des colorants qui y ont été ajoutés.

Les collations et les aliments « plaisir » comme les bonbons qui sont si bons, le chewing-gum, la pâtisserie ou encore les biscuits ne sont pas épargnés.

Faire le ménage n’est pas moins dangereux. Des retardateurs de flammes bromés se retrouvent couramment dans les plastiques, les textiles (tentures, draps, couvre-lits, moquettes, …), les matériaux synthétiques (mousses plastiques), et les équipements électriques (aspirateurs) et électroniques (électroménager, téléviseurs, ordinateurs). Selon l’association Santé Environnement France, il semble qu’ils aient un effet sur le système endocrinien, notamment sur la thyroïde et les fonctions reproductrices[2]

3.    Quels sont les effets des perturbateurs endocriniens sur les enfants ?

Toutes ces substances sont des perturbateurs endocriniens. On ne peut pas y échapper, elles se retrouvent dans toutes les pièces de la maison et dans la plupart de nos aliments. Ils sont suspectés de provoquer des cancers, des malformations génitales chez des bébés et de provoquer des problèmes d’infertilité.

Ce sont des produits persistants que l’on retrouve dans nos organismes des années après avoir été interdits. Nous les accumulons tout au long de notre vie sans parvenir à les éliminer. Il en va de même pour la nature. Le Lindane, un pesticide classé comme polluant organique persistant, est interdit depuis près de 25 ans. Malgré cela, on le retrouve toujours dans l’environnement et, de ce fait, nous y sommes toujours exposés.

Aujourd’hui, 2 cancers sur 3 surviennent chez des personnes âgées. Or, celles-ci ont été un peu plus épargnées durant leur enfance et, de ce fait, hébergent moins de perturbateurs endocriniens et de pesticides que les jeunes générations qui sont nées avec 300 résidus chimiques qui n’étaient pas présentes dans le sang des générations antérieures. Tous les enfants naissent dans un environnement complètement pollué par ces substances persistantes. Quel risque ont-ils de développer à leur tour un cancer après 60 ans ? Voire de plus en plus jeunes ?

Les produits les plus répandus dans nos organismes aujourd’hui, sont les pesticides. L’alimentation n’est pas étrangère à cela. Les fruits et légumes subissent de nombreux traitements de pesticides. Les pommes, par exemple, subissent jusque… 35 traitements. Les fraises, en subissent jusqu’à 8 et cela peut aller jusque 19 pour le raisin.

Un des principaux problèmes des perturbateurs endocriniens est qu’ils sont capables de dérégler le système hormonal, depuis l’hypotalhamus[3] jusqu’aux glandes reproductives (ovaires et testicules), en passant par la thyroïde et le pancréas.

Les perturbateurs endocriniens modifient le comportement des enfants, notamment en générant des troubles de l’attention, parfois avec hyperactivité, ainsi que des difficultés de concentration et de mémorisation. On remarque dans les écoles que le nombre d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage a augmenté au fil des ans. De même les troubles autistiques sont en progression à travers le monde. Aux Etats-Unis, le taux d’enfants autistes est passé de 1,5% de la population à 1,7% en trois ans. Les causes environnementales causées par la pollution industrielle et les pesticides, hauts perturbateurs endocriniens, sont pointées du doigt[4].

Et, comme leur nom l’indique, les perturbateurs endocriniens perturbent fortement le système endocrinien. L’Union Européenne a établi un règlement, REACH[5], qui alertait déjà en 2004 que « L’un des effets les plus alarmants, susceptibles d’être liés aux perturbateurs endocriniens est la puberté prématurée chez les filles ».

Les troubles de la stérilité touchent de plus en plus de femmes et d’hommes. Un couple sur huit consulte parce qu’ils ne savent pas avoir d’enfants. C’est deux fois plus que dans les années 60. De même, dans les années 60, le risque pour une femme d’avoir un cancer du sein au cours de sa vie était de 1 sur 20. Aujourd’hui, il est de 1 sur 8 [6]. Et le cancer de la prostate est au premier rang des cancers chez l’homme, représentant 25% de l’ensemble des cancers masculins. Ces cancers sont de type hormono-dépendants. Ils mettent en cause le système endocrinien qui est la cible de nombreux polluants chimiques suspectés ou reconnus comme étant des perturbateurs endocriniens.

Durant la maternité, les perturbateurs endocriniens n’épargnent pas les fœtus. On a remarqué ces dernières années une augmentation inquiétante des malformations génitales touchant les nouveaux nés.

Une étude publiée dans la revue Europeen Urology[7] a démontré que les garçons ont trois fois plus de risques de naître avec une hypospadias[8] ou un micropénis s’ils ont été exposés à des perturbateurs endocriniens durant la grossesse, au moment de la différenciation sexuelle. L’hypospadias n’est pas une malformation rare. Pourtant, d’année en année, elle touche de plus en plus de petits garçons. Fort heureusement, la chirurgie est capable de corriger cette anomalie génitale dès les premiers mois de vie du bébé. Mais, malheureusement, ces enfants sont plus à risque d’attraper un cancer des testicules durant leur existence. Ils devront être suivis toute leur vie.

4.    Les prochaines générations sont en danger

Le métier de la maman se révèle un facteur de risques très important. Le fait d’occuper une profession « à risques », comme coiffeuse, esthéticienne, femme de ménage, agricultrice, ou qui habite dans une zone où l’on pratique une agriculture intensive multiplie par onze le risques d’avoir un enfant porteur d’un hypospadias. Le fait d’être exposé à des perturbateurs endocriniens durant la grossesse, est un facteur aggravant[9][a].

Malheureusement, dans certaines professions, les femmes sont exposées en permanence, comme les coiffeuses et les esthéticiennes. Les produits employés dans ces métiers sont extrêmement dangereux pour les fœtus. Les shampoings, les colorations, les vernis à ongles, etc., contiennent des substances extrêmement dangereuses pour le système endocrinien des bébés.

Si les métiers de coiffeuses et d’esthéticiennes sont particulièrement à risques, vivre une vie de petite fille ne l’est pas toujours moins. On retrouve, par exemple des perturbateurs endocriniens dans les produits cosmétiques qui leur sont destinés : vernis à ongles pour enfants, colorants, shampoings, parfums, etc. Les garçons ne sont pas épargnés quand ils se lavent les cheveux. On retrouve ces composés chimiques dans les crèmes solaires où ils sont employés comme anti UV. Il faut savoir que les perturbateurs endocriniens peuvent avoir un impact, non seulement sur l’avenir de ces enfants, mais également sur l’avenir de leurs propres enfants.

Les enfants sont le plus exposés car leur développement cellulaire est vulnérable à l’exposition aux polluants. Dans les premiers mois de la vie, leur métabolisme est immature et n’a pas la capacité d’éliminer les produits chimiques. Durant leur enfance, ils sont proportionnellement plus lourdement exposés par unité de poids corporel. L’industrie alimentaire doit respecter les doses maximales d’additifs dans la nourriture, mais celle-ci sont calculées sur la base d’une exposition admise au cours d’une vie d’adulte. Ces doses sont, dès lors, trop hautes pour les enfants qui en accumulent plus, proportionnellement aux adultes. Mais l’adolescence est particulièrement à risque. C’est la dernière période de croissance rapide et le moment de la complète différenciation de l’appareil reproducteur. Les expositions aux perturbateurs endocriniens peuvent alors s’avérer cruciales.

La meilleure manière de protéger les fœtus pendant la grossesse, est d’informer les mamans et de leur apprendre à s’auto-protéger. Cette bonne habitude permettra ainsi aux enfants de continuer à être mieux protégés au cours de leur jeunesse.

5.    Comment se protéger des perturbateurs endocriniens ?

Il n’est pas facile de s’y retrouver dans valse des additifs alimentaires. Généralement indiqués avec leur nom de code commençant par un E suivi de trois chiffres ou par un nom scientifique, ils avancent masqués. Certains sont absolument inoffensifs comme la cannelle dans les compotes, tandis que d’autres sont chimiques inventés pour augmenter la conservation, rendre plus appétissant ou camoufler la mauvaise qualité des produits.

Quand un additif est autorisé, il reçoit un code qui commence par le E d’Europe, suivi d’un nombre à 3 ou 4 chiffres entre 100 et 900, chaque centaine représentant une famille d’additifs précise. Mais le fait d’être autorisé, ne veut pas dire que cet additif est inoffensif. En outre, le fabriquant a la possibilité de choisir entre le code européen et le nom scientifique. Par exemple, E250 ou Nitrite de sodium, histoire de nous perturber un peu plus encore.

Pour les éviter les perturbateurs endocriniens au maximum, il n’y a qu’une chose possible à faire, il est important de bien lire les étiquettes et de manger si possible bio, tout en évitant les produits préparés qui sont chargés massivement d’additifs alimentaires. 

Comme nous l’avons vu, dans la maison il est difficile de se protéger des perturbateurs endocriniens tant ils sont dans tout.

Sur les produits de lessives, privilégier le bio ou les recettes de grand-mère, qui utilisent des produits naturels comme les copeaux de savon de Marseille, le jus de citron, le vinaigre blanc et ou encore le bicarbonate de soude. On trouve des dizaines de recettes sur le Web.

Dans la cuisine éviter les contenants en plastique (boîtes, plats, tasses, assiettes et couverts). Lorsque l’on fait les courses, il vaut mieux acheter des produits sans emballage plastique. Ne pas acheter de nourriture préparée, mais cuisiner soi-même les repas. Eviter les conserves en métal, l’intérieur étant tapissé d’un film plastique. Eviter les revêtements anti-adhésifs.

Dans la salle de bain, acheter des savons et dentifrices bios. Limiter les cosmétiques inutiles (parfums, vernis à ongle, rouges à lèvres, fonds de teint). Privilégier le savon de Marseille et des produits bios. De même pour les crèmes solaires, privilégier les vêtements couvrants ou les toiles suspendues (parasols, toiles et stores d’ombrage).

Pour plus d’exemples afin de changer ses habitudes, le site d’Ecoconso est fort intéressant et donne de précieux conseils : https://www.ecoconso.be/fr/content/comment-eviter-les-perturbateurs-endocriniens

6.    Conclusion : L’Europe traîne les pieds mais nous, on n’a pas le choix. Nous devons avancer.

L’Europe s’est engagée à limiter les perturbateurs endocriniens mais traîne à le faire. Connaissant ses habitudes à privilégier les intérêts des lobbies industriels et leur poids économique plutôt que ceux des enfants et de leurs familles, nous n’avons d’autre choix que de défendre nos enfants nous-mêmes, en utilisant les alternatives qui existent.

En devenant des consommateurs plus conscients des risques pour la santé des enfants, nous pourrons modifier nos habitudes. En cessant d’acheter des produits contenant des perturbateurs endocriniens, nous pourrons forcer les industriels à produire plus propre. En n’achetant plus d’aliments contenus dans du plastique, en n’utilisant plus de pesticides ni dans la maison (insecticides), ni dans le jardin, l’industrie s’adaptera et proposera enfin des produits plus respectueux de la santé. Il faudra des années, car peu de personnes sont conscientes des risques dûs aux perturbateurs endocriniens. Conscientiser prendra des années, voire plusieurs générations. Mais en attendant nous n’avons pas le choix. C’est la santé de nos enfants qui importe. Et cela passe avant tout. 


[1] Que Choisir a publié la liste des additifs alimentaires et les aliments dans lesquels ils sont utilisés, sur leur site https://www.quechoisir.org/comparatif-additifs-alimentaires-n56877/?#filtres

[2] https://www.asef-asso.fr/production/les-retardateurs-de-flamme-la-synthese-de-lasef/

[3]     Partie du cerveau qui joue un rôle capital dans la régulation des fonctions vitales (sommeil, activité sexuelle…).

[4] TV5 Monde, 27 avr 2018, Autisme : les Etats-Unis s’alarment de l’augmentation des cas.

[5]  Règlement de l’Union européenne adopté pour mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques, tout en favorisant la compétitivité de l’industrie chimique de l’UE.

[6] https://pink-ribbon.be/fr/sur-le-cancer-du-sein/cijfers-over-borstkanker-1

[7] https://www.europeanurology.com/article/S0302-2838%2815%2900409-1/fulltext#aff0010

[8] Malformation de l’urètre caractérisée par un méat urinaire situé à la face inférieure de la verge ou même au niveau du périnée (et non à l’extrémité de la verge).

[9] Bernardita Troncoso, Imran Mushtaq, Asif Muneer

Environmental Exposure to Endocrine Disruptors: Can We Identify the Link with Genital Disorders?

European Urology, Volume 68, Issue 6, December 2015, Pages 1031-1032


 

Accessibilité