Prost (1989) a postulé que la menace de l’échec serait le moteur du travail des élèves. Et pour que la menace soit crédible, il faut qu’elle soit appliquée sur un certain nombre d’élèves. Bref, le redoublement ne sert pas tant aux élèves qui en sont victimes mais à tous les autres et les enseignants auraient besoin de pouvoir brandir cette menace pour les « faire travailler ».
Pour Prost « l’orientation par l’échec ne constitue pas une anomalie, mais au contraire un trait constitutif de notre système, celui-ci s’en accommode. Mieux, il en tire parti pour faciliter son propre fonctionnement, et peut-être même cesserait-il de fonctionner s’il cessait d’orienter par l’échec, c’est-à-dire s’il perdait le droit de pouvoir refuser aux élèves les sanctions qu’ils demandent.
Cette crainte est présente chez les enseignants. L’enquête menée par Stegen (1994) auprès de 263 enseignants de la CFWB, 62 % d’entre eux estiment que la suppression du redoublement en début de secondaire, préconisée par le -Ministre de l’Education de l’époque, entraînera un nivellement vers le bas.
Selon Draelants (2006[1]) l’attachement au redoublement en Belgique francophone satisfait des fonctions latentes essentielles : gestion de l’hétérogénéité et tri des élèves au sein des établissements ; positionnement stratégique et symbolique par rapport à des établissements environnants ; régulation de l’ordre scolaire au sein des classes ; maintien de l’autonomie professionnelle des enseignants.
Paul et Troncin (2004) se demandant comment aseptiser, en profondeur et dans les meilleurs délais le redoublement en France en ont conclu que les changements d’organisation, voire l’accroissement des moyens, ne sont rien face au comportement de l’acteur essentiel à l’école qu’est l’enseignant. Si l’enseignant n’adhère pas au changement, nos procédures sont telles que peu de choses évolueront au sein de la classe.
Précisons à la décharge des enseignants adeptes du redoublement, qu’une large fraction des parents – en particulier ceux qui tirent parti de la sélectivité scolaire – manifeste un grand attachement au redoublement. Bourdieu et Passeron (1970) précisent que pour certaines familles, généralement celles issues des milieux sociaux les plus privilégiées, l’échec scolaire d’une partie des élèves, l’inégalité des formations n’est pas l’échec du système d’enseignement mais au contraire le signe de sa réussite par rapport à ce qu’[ils] en attendent, c-à-d. maximiser maintenir leur position sociale au détriment des classes les plus modestes. Draelants précise que [cette] demande parentale de sélectivité,…, stimule l’offre et participe au maintien de pratiques élitistes dans certaines classes et établissements préoccupés d’attirer le public le plus ajusté aux attentes de l’école.
Pour Dubet (2002), l’enseignant aurait de « bonnes raisons » de croire dans les vertus du redoublement quand bien même les études démontrent largement le contraire. Dans le meilleur des cas (une minorité d’élèves), l’élève redoublant sera un peu « meilleur » dans son année de redoublement. Il s’agirait donc d’observation et de bon sens. En fait, l’enseignant compare le même élève dans la même classe alors que le chercheur procède tout autrement en comparant deux élèves dont les niveaux ont été testés et qui sont considérés comme « identiques », dont l’un a redoublé et l’autre pas. Il démontre ainsi que le second réussit mieux. Le chercheur a incontestablement raison puisqu’il établit une comparaison scientifique mais l’enseignant n’a pas tout-à-fait tort de penser le contraire puisqu’il voit que « son » élève a progressé. Seulement, il ne peut le comparer à rien et de ce fait ne peut se rendre compte que le non-redoublement lui aurait été bénéfique.
Pour Dubet (2002) il y aurait une seconde famille de raisons qui fondent la croyance des enseignants. [Les enseignants] sauvent des croyances essentielles que l’expérience la plus banale ne confirme pas, mais qu’il est indispensable de maintenir pour continuer à vivre dans l’école. Ce sont des fictions nécessaires que la connaissance ne peut franchir facilement. Le système des fictions nécessaires de l’école démocratique repose sur deux piliers, sur deux principes considérés comme indiscutables et non démontrables : un principe d’égalité, tous les élèves sont fondamentalement égaux et peuvent prétendre aux mêmes choses ; un principe de mérite, fondant des inégalités justes. Le problème tient évidemment au caractère contradictoire de ces deux principes car, pratiquement, il convient de classer les élèves et d’affirmer leur égalité, ce qui oblige à expliquer leurs inégalités de performances comme les conséquences de leur liberté. Professeurs et élèves s’accordent sur cette fiction grâce aux vertus du travail, considérant que les différences scolaires tiennent à la quantité de travail que les élèves engagent librement dans les exercices scolaires : tous les élèves sont égaux et les meilleurs sont ceux qui travaillent le plus. » Malheureusement, la science a largement démontré l’inexactitude de cette fiction. Les élèves sont loin d’être égaux et le travail n’est guère un gage de réussite. Dubet conclus que les enseignants ont de « bonnes raisons » de croire dans les vertus du redoublement mais qu’ils n’ont pas raison. Ceux-ci demeurent responsables.
Pour Draelants (2006), les grandes fonctions latentes du redoublement sont au nombre de quatre :
Fonction de gestion de l’hétérogénéité et de tri des élèves au sein des établissements
Delvaux (2000) a montré que dans le système éducatif belge francophone, le redoublement et l’orientation forment deux outils de gestion de la grande hétérogénéité des publics scolaires. Il contribue à l’homogénéité des classes. La suppression du redoublement en première secondaire a forcé les enseignants à devoir gérer des classes plus hétérogènes. Ce changement a compliqué le travail des enseignants qui étaient auparavant habitués à travailler avec des publics sélectionnés. La sélection des meilleurs élèves peut s’expliquer par une lutte contre les dégradations des conditions de travail des enseignants. Au détriment de ceux qui, se situant dans les enseignements technique et professionnels, auront à gérer des élèves broyés, cassés par leurs collègues « des bonnes écoles ». Ce que les uns ne veulent pas assumer, les autres n’auront qu’à faire avec.
Fonction de positionnement stratégique et symbolique par rapport à des établissements environnants
Selon Draelants, le redoublement peut servir de ressource stratégique à un établissement scolaire pour se construire une place et une réputation dans le champ des organisations scolaires locales. La production de hiérarchies d’excellence est recherchée par certains établissements scolaires afin d’asseoir leur positionnement et leur image au sein de l’espace d’interdépendance qui les relie aux établissements environnants. (…) Lorsqu’un établissement utilise le mécanisme du redoublement afin de se positionner dans un espace local, le recours (ou non) au redoublement s’inscrit dans une double logique : instrumentale d’une part, lorsque l’établissement vise « simplement » à occuper une place déterminée dans une hiérarchie instituée, symbolique d’autre part, dans la mesure où se construire une place passe aussi par le fait de se définir une image, une réputation, dans un processus de construction d’une identité d’établissement. A cet égard, on peut dire que le redoublement fonctionne comme un marqueur, un signal au sens des économistes, qui en l’occurrence renvoie à l’idée de qualité.
Fonction de régulation de l’ordre scolaire au sein de la classe
Nous avons vu que Prost (1989) a postulé que, selon les enseignants, la menace de l’échec serait le moteur du travail des élèves. Dans les faits, les enseignants se sont appuyés sur la pratique du redoublement afin d’asseoir leur autorité auprès des élèves. La croyance selon laquelle l’interdiction du redoublement en première secondaire allait niveler vers le bas et permettrait aux élèves de réussir sans travailler traduit une vraie tradition basée sur le principe de la menace. La remise en cause du redoublement bouleverse donc les rôles jusque là établis et soutenus par ce dispositif, et redistribue les cartes du pouvoir. Les élèves contribuent à maintenir le système. Ceux-ci ont été formatés par les pratiques traditionnelles d’évaluation et de sélection un rapport essentiellement instrumental aux savoirs et à la scolarité (Charlot 2002). Bref, les élèves fonctionnent « à la note » et non aux apprentissages. Les notes sont la manière dont la plupart des enseignants évaluent le – non les savoirs et les savoir-faire – mais le travail et le comportement de leurs élèves. Les élèves sont donc formatés pour ne pas apprendre mais pour « gagner des notes ». Draelants conclus que (…) on peut que l’attachement au redoublement est d’ordre pragmatique : dans les conditions actuelles des rapports entre enseignants et élèves et dans un système qui valorise la note, il est difficile de s’en passer, de fonctionner autrement.
Nous faisons le pari que l’évaluation sans notations est plus performante et permet à plus d’élèves d’acquérir les savoirs, les savoir-faire et les compétences[2].
Fonction de maintien de l’autonomie professionnelle des enseignants
Pour Draelants (2006), si l’enseignants ressent une perte de pouvoir en classe dans sa relation aux élèves, collectivement les enseignants se sentent également de plus en plus dépossédés de leur métier compte tenu d’une pression plus forte que par le passé émanant d’une part des autorités politiques (Maroy & Cattonar, 2002) et d’autre part des parents, des élèves et de la société en général (Dauphin & Verhoeven, 2002).(…) Face à (…) l’abolition des anciens repères, certains enseignants résistent afin de conserver la maîtrise de leur profession. Ainsi l’attachement manifesté par les enseignants vis-à-vis du redoublement peut aussi se comprendre comme l’expression d’un groupe professionnel qui revendique le maintien de son autonomie et une certaine vision de ce que l’Ecole doit être. Le redoublement apparaît comme un des instruments de la sélection méritocratique qui, elle-même, symbolise un certain pouvoir enseignant et modèle de fonctionnement du système scolaire aujourd’hui en crise.
Conclusion
Le redoublement ne sert, en réalité, que des acteurs qui ne bénéficient pas du droit à l’éducation : P.O, directions, voire certains enseignants ou encore des familles socialement favorisées qui ne voient leur réussite sociale qu’au travers du prisme de l’échec des enfants des familles moins favorisées.
Le redoublement est donc mis en place exclusivement pour permettre à l’institution scolaire de ne pas remplir correctement sa mission tout en reportant les responsabilités sur les élèves redoublants et leurs familles
[1] Hugues Draelants Le redoublement est moins un problème qu’une solution – Comprendre l’attachement social au redoublement en Belgique francophone Les Cahiers de Recherche en Education et Formation GIRSEF.
[2] Philippe Perrenoud – La fabrication de l’excellence scolaire :du curriculum aux pratiques d’évaluation. Vers une analyse de la réussite, de l’échec et des inégalités comme réalités construites par le système scolaire Genève, Droz, 1984, 2e édition augmentée 1995.
C’est connu depuis longtemps, l’Ecole reproduit – et amplifie – les inégalités sociales. Que vous soyez riche ou misérable, l’Ecole fera de vous un (encore plus) riche ou (encore plus) un misérable.
Le premier tableau, ci-dessous indique la proportion d’élèves en retard et les performances des écoles en fonction des indices sociaux de leur population. Les écoles les plus « faibles » étant celles qui ont une population scolaire extrêmement précaire, tandis que ces (trop) fameuses « bonnes écoles » concentrent la population la plus favorisée socio-économiquement.
Le tableau 17 montre combien la discrimination touche les couches les plus défavorisées. On remarque que 18,1 % des enfants issus des quartiers les plus défavorisés sont à l’heure, tandis que la moitié des enfants issus des quartiers les plus favorisés le sont quant à eux.
L’échec scolaire touche toutes les classes de la société, mais en majorité les classes sociales les plus modestes.
Pierre humbert (1992) a démontré que le redoublement créait un processus de stigmatisation des redoublants par les non-redoublants. L’élève ayant vécu cet échec est habillé de particularités psychologiques connotées négativement.
Le redoublement est conçu comme un problème lié à l’effort et à l’implication dans les tâches scolaires. Pour les élèves non-redoublants, l’élève qui redouble n’est pas proprement décrit comme ayant des difficultés d’apprentissage mais comme ne faisant pas d’efforts. Il est distrait, mal poli, désobéissant, mauvais, fainéant, bête, méchant, lent, honteux, etc[1]. C’est aussi un garçon, alors que les élèves non-redoublants se qualifient de sages, à l’écoute, intelligents, normaux, travailleurs, aimant l’école, attentifs, bien habillés, ne se bagarrant pas, … », bref, d’un ensemble de qualités valorisées par l’école.
En pratiquant le redoublement, l’enseignant structure son groupe-classe en deux entités opposées. Il opère un marquage social de certains élèves – les mauvais élèves – qui ont toutes les chances d’être alors victime de stigmatisation de la part de leurs pairs. Comme si le fait de redoubler était de sa faute. Or, le rejet social est d’autant plus fort que la personne est tenue pour responsable de sa stigmatisation (Weiner, Perry & Magnusson, 1988 ; Crandall & Moriarty, 1995).
Conclusion
La pratique du redoublement est un mauvais signe pour les élèves non-redoublants. Cela leur donne une image négative de leurs condisciples. Ceux-ci sont déconsidérés à leurs yeux alors qu’ils ne le seraient nullement dans un milieu « neutre ».
C’est contraire aux principes de l’article 6 du Décret du 24 juillet 1997 préparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures. Comment peut-on être solidaire lorsque l’Ecole nous a appris à être compétitifs ?
[1] Crahay 2003 – Peut-on lutter contre l’échec scolaire – p 222 et suivantes
Les psychologues connaissent bien, depuis de nombreuses années, les effets du redoublement sur les élèves qui le subissent. Ceux-ci sont dévastateurs ! Tout échec implique chez qui que ce soit – et à fortiori chez des enfants – une atteinte à l’image de soi.
Plus que l’adulte, l’enfant a besoin de l’estime des autres (ses camarades, ses parents, ses enseignants, …). L’échec scolaire, en entamant gravement l’estime des autres, prive cet enfant de cet étayage narcissique psychologiquement vital pour lui[1].
Souvent l’échec est précoce. Il touche plus profondément encore ces élèves qui sont déjà fragiles. On remarque que ces enfants sont en difficulté depuis le début de leur scolarité. C’est normal : nous verrons dans l’annexe 8 que ce qui différencie les enfants c’est leur vitesse d’apprentissage. Certains enfants sont naturellement plus lents et ont besoin de plus de temps. Ne pas le leur donner ne peut que les mettre en grande difficulté et participe de cette maltraitance.
Le redoublement opère un marquage social des élèves qui le subissent : « les mauvais élèves » ! A partir de celui-ci se développe un processus de stigmatisation. Ces élèves sont affublés d’une série de stéréotypes négatifs : bête, idiot, têtu, lent, mauvais, médiocre, faible, nul, paresseux, fait le pitre, indiscipliné, lent d’esprit, travaille mal, méchant, pas développé, étranger, …
Ils vivent la peur des sarcasmes des camarades, voire des enseignants. La perte des tissus sociaux établis n’est pas la moindre des souffrances. Se retrouver dans une classe avec de plus jeunes élèves fait perdre le lien qui existait avec les copains d’avant. Il faut tout recommencer avec, en plus, une étiquette très lourde à porter.
Les élèves qui ont vécu un redoublement ressentent divers sentiments : de honte, de tristesse, de gène. Ils vivent un véritable malaise intérieur, ont des sentiments d’incapacité et d’infériorité. Le doute s’installe, la confiance s’étiole, l’auto-dévalorisation se développe[2].
La loi du silence est générale. Ces élèves taisent leur souffrance, leur honte vis-à-vis de leurs condisciples. La plupart ne savent même pas pourquoi ils redoublent. A l’école, tout est fait pour faire taire les redoublants. Rien n’est mis en place pour rencontrer leurs difficultés propres.
Il semble que ce n’est qu’à la maison que l’on parle du redoublement. Le plus souvent c’est l’engueulade, alors que l’élève n’y est pour rien. Mais la pression de l’école et le discours culpabilisant des enseignants et des directions font retomber, aux yeux des parents, la faute de l’échec sur le dos de l’élève. Il ne faut pas oublier la souffrance et la honte des familles qui sont importantes. Non contente de maltraiter l’élève, l’Ecole met des dizaines de milliers de familles en souffrance et les culpabilise de ses propres manquements.
Le redoublement engendre, chez les élèves qui le subissent, ce que les psychologues appellent le sentiment d’incompétence acquis[3]. L’élève se résigne à ne pas être compétent (il a acquis le sentiment d’être incompétent). Ses expériences ainsi que les messages envoyés par l’école lui ont démontré qu’il « ne savait pas », qu’il était incompétent et que rien ne pouvait modifier cet état. Le sentiment d’incompétence acquis est difficilement modifiable chez l’enfant qui le ressent. Il a le sentiment de ne pas avoir le contrôle des causes qui l’ont amené à cet échec et qu’elles ne pourront jamais changer. Il est persuadé d’être bête et incapable, une fois pour toute[4].
Il faut ajouter à ce chapitre un phénomène en nette progression, même s’il demeure encore largement tabou, les élèves « malades de l’école » qui toucherait, selon les sources, 4 à 5 % des élèves, les empêchant de se rendre normalement en classe. Parmi eux, près d’1% souffriraient d’une forme plus sévère encore : la phobie scolaire.
Conclusion
Le redoublement et l’orientation précoce engendrent une profonde souffrance chez les élèves qui en sont victimes.
Leurs familles sont également touchées par les mêmes sentiments.
[2] Crahay 2003 : Peut-on lutter contre l’échec scolaire p 228 et suivantes.
[3] Learned helplessness aussi appelée théorie de la résignation apprise (Seligman, Maier & Solomon 1969).
[4] Tous les élèves sont capables – Voir annexe 8. Un élève ne devrait donc jamais être persuadé qu’il est incompétent puisque, précisément, il est parfaitement doué pour l’étude. C’est l’Ecole en CF qui n’est pas capable.
Si le redoublement était bien un moyen de remettre les enfants à niveau, il ne devrait pas engendrer de décrochage scolaire chez ces élèves.
Le recensement des recherches scientifiques met, malheureusement, en évidence la relation entre redoublement et décrochage scolaire. Ce constat ne date pas d’hier. Déjà en 1966, Randall (Etats-Unis) démontrait la relation entre le redoublement et l’abandon scolaire.
Pourcentage d’abandons et de diplômés dans une école publique en fonction du nombre de redoublements subis au préalable.
Parmi les élèves qui ont abandonné leurs études avant d’être diplômés, ils sont 65,9 % a avoir subi un ou plusieurs redoublements. Pour ceux qui terminent avec succès, ils ne sont que 2,9 % a avoir subi un redoublement.
Diverses études, plus récentes, arrivent à des résultats similaires. Citons :
Stroup & Robins (1972) montrent que le fait de recommencer une année de l’enseignement primaire est le prédicteur le plus important (sinon le seul) de l’abandon au niveau de l’enseignement secondaire.
Lloyd (1978) a établi une équation de régression prédisant avec une probabilité de 75 % le décrochage. L’étude doit sa notoriété au fait que les mesures ont été prises en 3e année primaire. Doubler sa 3e ou au cours des deux années précédentes est corrélé à 0,31 et à 0,27 avec le fait d’abandonner ses études avant la fin du secondaire.
Stephenson (1985) a mené une enquête longitudinale qui a démontré que le taux d’abandons au Collège est de 55 % parmi ceux qui ont redoublé, de 27 % parmi les autres.
Association of Californian Urban school District (1986) signale qu’un enfant qui redouble sa première ou sa deuxième primaire a seulement 20 % de chances d’être diplômé.
Pasco School district in Washington. 50 % des élèves qui abandonnent l’enseignement secondaire avaient doublé une année en primaire; pour plus de la moitié, il s’agissait de la première année.
Bachman, Green & wirtamen (1971). Plus de la moitié de ceux qui abandonnent l’enseignement secondaire ont redoublé une année avant la 10e année d’étude. 27 % des étudiants qui échouent dans l’enseignement supérieur sont dans cette situation. Par contre, 8 % seulement des élèves qui réussissent l’enseignement supérieur ont redoublé avant leur 10e année d’étude.
Ne peut-on démontrer, à contrario, que le redoublement n’est que l’indice le plus manifeste d’une inadaptation scolaire plus générale, dont l’abandon est l’aboutissement. L’étude de Hess & Lauber (1985) est intéressante car elle porte sur un échantillon important d’élèves sur plusieurs années. Hess & Lauber ont réparti 30 000 élèves en 5 catégories en fonction de leurs compétences en lecture. Ils ont ensuite réparti l’échantillon selon qu’ils avaient ou non redoublé. Enfin, pour chaque groupe ils ont calculé le pourcentage d’abandons.
Pourcentages d’abandons en fonction des résultats obtenus en fin de 8e dans les écoles de Chicago (Hess et Lauber 1985). Résultats exprimés en stanines[1].
[1] Catégories établies pour classer (répartir) les individus en fonction de la position qu’ils occupent au sein d’une distributionde résultats
Le pourcentage d’abandon est d’autant plus élevé que les performances en lecture sont basses. Mais à compétences égales en lecture, les élèves qui ont redoublé pendant leur carrière scolaire courent un plus grand risque de décrocher.
Les élèves très supérieurs qui ont redoublé courent autant de chance d’abandonner l’école que les élèves non-redoublants moyens. Il vaut donc mieux être considéré comme « moyen » et n’avoir pas redoublé que comme « très supérieur » et avoir redoublé.
Schultz, Toles, Rice, Brauer & Harvey (1986) confirment le résultat de Hess & Lauber (1985). Le fait d’avoir redoublé au cours des 8 premières années d’étude a une influence propre. A compétence en lecture égale, le pourcentage d’abandons scolaires est supérieur de 13 % chez les élèves ayant subi un redoublement.
Conclusion
Les élèves qui ont redoublé une fois au moins courent plus de chance de décrocher que ceux qui ont été promus. Plus tôt se fait le redoublement, plus grand est le pourcentage d’abandons scolaires.
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