1. L’évaluation

On ne peut enseigner sans évaluer. L’évaluation est au service des apprentissages. Il ne s’agit pas de comparer les élèves et encore moins de les mettre en échec.

Il ne peut y avoir que deux types d’évaluation dans une école inclusive : l’évaluation formative, qui comprend notamment l’auto-évaluation, par les élèves de leurs compétences, mais aussi par l’enseignant de ses pratiques pédagogiques, et l’évaluation certificative. En aucune manière on ne pratique l’évaluation-sanction, pas plus que l’on ne mettra de notes[1].

2. L’évaluation formative

L’évaluation formative doit fournir le meilleur compte-rendu possible des connaissances et compétences des élèves, et la description claire de ce qui est ou de ce qui n’est pas acquis, seule manière de guider la façon d’enseigner et de permettre de faire évoluer la démarche si besoin.

L’évaluation formative consiste à :

  • Enquêter sur les acquis et/ou les difficultés durant un apprentissage ;
  • Donner fréquemment des rétroactions constructives aux élèves ;
  • Ajuster, dans la mesure du possible, les stratégies d’enseignement afin d’améliorer les apprentissages des élèves.

L’évaluation formative doit devenir une « seconde nature ». Elle se pratique au quotidien et pour chaque apprentissage nouveau, quelle que soit la discipline enseignée. L’enseignant fixe des objectifs élevés pour chacun de ses élèves, et les ajuste en fonction de leurs capacités et des apprentissages qui auront été adaptés à leurs spécificités. Ce qui est acquis l’est définitivement et ne fera plus l’objet d’autres évaluations. Les élèves pour qui l’apprentissage est toujours en voie d’acquisition reçoivent l’aide nécessaire (remédiation, tutorat, temps supplémentaire, …) qui sont autant d’aménagements universels pouvant bénéficier à tous les élèves.

Si l’évaluation formative est un acte naturel qui se fait au quotidien, il est nécessaire de prendre le temps de faire régulièrement un bilan global avec chaque élève en lien avec son P.I.A. (Plan Individuel d’Apprentissage). Il y a lieu, à ces moments-là, de mettre en place des outils adaptés aux moyens de communication et de compréhension de tous les élèves (élèves malentendants, malvoyants, avec déficience intellectuelle, non verbaux, …). De même ce bilan global doit permettre à l’élève de dire en quoi il est fier et le plaisir qu’il a ressenti. Il est possible d’imaginer d’introduire une échelle du plaisir, ainsi que d’autres indicateurs positifs.

Le bilan global fait office de bulletin et est ajouté au portfolio dans lequel l’élève met tous les apprentissages dont il est fier, afin que ses parents puissent savoir très régulièrement comment évolue leur enfant sur le plan scolaire.

Par la suite, dans la classe, il est prévu un aide-mémoire symbolique qui permet à chaque élève de se souvenir des objectifs définis ensemble (par exemple, sous forme de carte mentale apposée sur le banc).

3. Curriculum « standardisé » vs curriculum adapté à l’élève

L’École inclusive s’oppose à la standardisation, c’est-à-dire qu’elle adapte les contenus ou les critères de réussite. Pour les élèves qui ne peuvent poursuivre les mêmes objectifs – et donc obtenir les mêmes diplômes – que les autres, elle adapte la tâche ou l’épreuve, modifie le programme scolaire de l’élève à besoins spécifiques afin qu’il puisse poursuivre ses apprentissages à son rythme et participer pleinement à la vie de sa classe et de l’école.

Certains cours sont inadaptés pour des élèves présentant des besoins spécifiques particuliers (par ex. une compréhension à l’audition pour un élève malentendant). Dans le cas où un élève ne pourrait pas réaliser une formation standardisée – ou pour lesquelles il perdrait son temps (un élève anglophone dans un cours d’anglais, par exemple) – pour des raisons inhérentes à sa spécificité, une exemption pourrait être accordée, en concertation avec l’élève et ses parents. Les activités pourraient, dès lors, être supprimées, adaptées ou compensées.

4. Évaluations externes et certifications

Il y a lieu de mettre en place une Certification des acquis, c’est-à-dire un passeport de compétences dans le cadre de toutes les évaluations certificatives pour tous les élèves qui ne peuvent poursuivre les mêmes objectifs terminaux que les autres.

La Certification des acquis ou Passeport de compétences doit permettre à tous les élèves ne pouvant poursuivre les mêmes objectifs terminaux que les autres de poursuivre des études valorisantes en enseignement ordinaire inclusif, adaptées aux compétences qu’ils maîtrisent et à leurs projets personnels. Cela doit également leur permettre au terme de leurs études, s’ils le souhaitent, de trouver un travail ajusté à leurs compétences.

Les évaluations certificatives externes standardisées sont incompatibles avec l’École inclusive.

C’est au Conseil de classe que revient la responsabilité d’attribuer le passeport de compétences, quel que soit le niveau atteint. 


[1]                                     www.liguedroitsenfant.be/2838/etude-les-notes-a-lecole/

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