2e partie : Quels sont les effets des LGBT-phobies sur les enfants et les jeunes ?
Qui est concerné·e par les LGBT-phobies ?
Le rapport Teychenné[1] nous éclaire sur les groupes scolaires concernés par les LGBT-phobies. Et, comme on peut s’y attendre, les jeunes LGBT ne sont pas les seules victimes de violences homophobes ou transphobes (orales, réseau-sociétales ou physiques). Le nombre de victimes dépasse largement les seul·e·s gays, lesbiennes, bisexuel·le·s et transgenres, Queers ou intersex (et +).
De nombreux·ses élèves, qui ne se sentent pas LGBTQI+[2], ne sont pas conformes aux stéréotypes de genre, de par leur façon de s’habiller, de se coiffer, de parler, leur attitude, ou par timidité, absence de relation sentimentale connue ou simplement à cause du « on-dit ». Ce sont des élèves non-conformes à une prétendue « normalité » que l’école n’a pas pris le temps de déconstruire ou, pire, a participé à son ancrage dans l’inconscient des élèves. Par exemple, par le règlement des études qui, au pire des cas, fixe la ou les coiffures acceptées, de même que les tenues vestimentaires, rejetant par-là-même les élèves dissonnant·e·s et les soumettant ainsi à la raillerie, aux moqueries et insultes, voire au coups d’autres élèves homophobes ou transphobes.
Sans oublier les élèves qui vivent dans des familles homoparentales ou ayant un·e parent homosexuel·le. Ils sont faciles à repérer par les harceleurs et harceleuses. Si on compare à la France dont la population est 6 fois plus nombreuse que la nôtre, on peut estimer à 8 à 10 000 le nombre d’enfants vivant dans une famille homoparentale[3] et à 50 000, le nombre d’enfants ayant un·e parent homosexuel·le[4].
Sur les chiffres, le rapport conclut « Si l’on additionne les jeunes LGBT, les jeunes hétérosexuels non conformes aux stéréotypes de genre, ainsi que les enfants élevés par des familles homoparentales et ceux ayant un parent homosexuel, c’est probablement plus d’un million d’élèves qui sont ou seront potentiellement concernés par les discriminations LGBT-phobes pendant leur scolarité ». Rapporté à la Belgique, cela reviendrait à 166 666 élèves concernés dans notre pays.
Le rapport Teychenné précise que « Ce sont d’abord ces jeunes « repérables », identifiés pour leur orientation sexuelle et/ou leur identité de genre réelle ou supposée, qui subissent les discriminations homophobes et le harcèlement. Tous ne sont pas homosexuels : on oublie en effet souvent que des jeunes hétérosexuels sont victimes de propos ou de harcèlement homophobes parce qu’ils ne correspondent pas aux stéréotypes de genre de leur environnement scolaire. »
Concernant les jeunes LGBTQI+, on ne connaît pas leur nombre (voir ci-après « les victimes cachées). Aucun recensement n’a jamais posé de questions relatives à l’orientation sexuelle et/ou l’identité de genre dans le but de comptabiliser les enquêtes recensent la population LGBT de manière indirecte, c’est-à-dire en interrogeant le répondant sur le sexe de son partenaire. À ce jour, seuls 15 pays de l’OCDE ont inclus une question sur l’auto-identification de l’orientation sexuelle dans au moins une de leurs enquêtes nationales représentatives menées par les offices statistiques nationaux ou d’autres institutions publiques. Dans les 14 pays de l’OCDE pour lesquels des estimations sont disponibles, les personnes LGB représentent en moyenne 2.7 % de la population adulte. En d’autres termes, dans ces 14 pays, au moins 17 millions d’adultes se définissent comme LGBT – 17 millions étant une estimation basse puisque les personnes transgenres ne sont pas comptabilisées en raison d’un manque de données, soit autant que la population totale du Chili ou des Pays-Bas.[5].
Les études ne sont pas pour autant précises. Nombre de personnes LGBTQI+ ne se revendiquent pas comme telles[6], surtout dans le cadre scolaire
L’OCDE de poursuivre : « Une analyse plus poussée des estimations de la population LGB montre une répartition quasiment égale de cette population entre homosexuels et bisexuels, sauf en Allemagne, au Chili et en Suède. La proportion d’homosexuels au sein de la population LGB varie de 44 % en France à 58 % en Norvège. Les femmes sont aussi susceptibles que les hommes de se définir comme LGB. Mais cette situation masque une hétérogénéité au sein des sous-groupes LGB : par rapport aux hommes, les femmes sont moins susceptibles de se définir comme homosexuelles, mais plus susceptibles de se définir comme bisexuelles [7]».
Que ce soit dans l’école ou dans d’autres lieux sociaux, la grande majorité des jeunes LGBT préfèrent cacher leur orientation sexuelle. Ce sont les victimes cachées car, elles souffrent en silence. C’est un réflexe d’auto-défense. En effet, elles sont régulièrement témoin des actes homophobes, lesbophobes ou transphobes qui règnent dans les cours de récréation, voire sur Internet. En cachant leur réalité, cela leur permet de ne pas être les victimes directes de ces discriminations. C’est ce que l’on appelle l’homophobie intériorisée : « Ces jeunes vivent non seulement l’expérience du rejet de la part des autres, mais aussi de l’invisibilité de leur souffrance.[8] » Il faut savoir que cette « invisibilité » a un coût psychologique très lourd pour ces jeunes. Ils et elles sont témoin au quotidien de la violence et de la discrimination homophobe subie par celles et ceux qui sont un peu « différent·e·s », supposé·e·s LGBTQI+, ou simplement qui ne plaisent pas aux harceleurs et harceleuses. Ils et elles ont intégré que cela leur serait destiné le jour où « quelqu’un·e saurait ». Elles et ils ne peuvent que cacher leur homosexualité, leur transexualité à tout le monde, à commencer par leur famille. Avec la peur au ventre car, finalement, il faut tellement peu de chose pour être considéré·e « homo ».
Le « coming out » volontaire des jeunes LGBT se situe aux environs de 20 ans dans la très grande majorité des cas. C’est un élément central dans la problématique de la lutte contre les LGBT-phobies à l’École. Le « coming out » se fait en effet d’abord auprès des amis très proches, puis de la famille (si cela est possible) et, enfin, de façon concentrique par rapport au cercle des relations affectives. Ce qui, souvent, met les familles « hors-jeu » durant la période de scolarisation secondaire des jeunes concernés, dans une proportion très importante inversement proportionnelle à l’âge du « coming out ». Il faut aussi noter le risque de rupture familiale, y compris pour les adolescent(e)s au moment du « coming out ». [9]
On ne doit donc pas s‘arrêter aux chiffres, mais viser à protéger toutes les différences, de manière proactive et pédagogique. Il est évident que les chiffres ne peuvent pas être considérés comme révélateurs d’une réalité. Celle-ci est évidemment beaucoup plus complexe que ce que ne montrent des chiffres. Ainsi, dès 1997, dans une étude[10] réalisée parmi les jeunes de 15 à 18 ans, 6,1 % déclaraient une attirance pour les personnes du même sexe. La réalité des chiffres était très probablement bien supérieure. Ces jeunes ne représentent que la pointe de l’iceberg. LA grande majorité d’entre est « invisible », ce qui explique la sous-évaluation constantes des LGBT-phobies dans la société (et donc aussi au sein des familles[11]) et à l’école.
Le rapport Teychenné estime à 6% le nombre de personnes LGBT dans la population française. C’est très certainement sous-évalué. Mais le plus raisonnable est de dire que cela n’a aucune importance ! Peu importe le nombre, nous sommes toutes et tous genré·e·s, avons toutes et toutes des préférences sexuelles qui peuvent différer entre nous. Il en est de même des élèves que vous avons en classe. L’important est bien là : permettre à chaque élève d’être éduqué·e à la lutte contre toutes les LGBT-phobies, de recevoir les informations concernant les préférences sexuelles, et de se sentir accepté·e et protégé·e au sein de son école, de sa classe, de ses pairs, par rapport à ce qu’il ou qu’elle est. Rappelons-nous que toutes les « classes » sociales et toutes les origines géographiques comportent les mêmes proportions de personnes LGBTQI+. Il faut donc travailler les déterminants sociaux, culturels et philosophiques afin que l’acceptation des différences LGBTQI+ soit effective au sein de toute la population scolaire et éducative.
Conséquences des LGBT-phobies sur les élèves
« En Belgique, une étude menée sur les jeunes lesbiennes, gays et bisexuel(le)s ayant fréquenté l’école au cours des trois dernières années a révélé que 48 % avaient subi des moqueries et avaient été tournés en dérision, que 39 % avaient été insultés, que 36 % avaient été en butte à un isolement social, et que 21 % avaient été victimes d’intimidation. Des conclusions similaires ont été rapportées en France, en Hongrie, aux Pays-Bas et en Espagne. Aux Pays-Bas, 35 % de ces élèves ont indiqué qu’ils ne se sentaient jamais ou que rarement en sécurité à l’école, contre 6 % pour l’ensemble des élèves. » [12]
Cela commence par des agressions verbales. Les manifestations d’homophobie recencées sont majoritairement verbales. Les termes « pédé » ou « enculé » ne sont souvent pas conscientisés par les jeunes et employés comme insulte courante, voir même, comme « petit mot gentil », bien que très stigmatisant. Il s’agit de la banalisation des insultes qui commence dès l’école primaire. Malheureusement, dans les écoles, les insultes homophobes sont trop courantes, et donc trop banalisées, contrairement aux insultes racistes, antisémites ou sexistes qui sont condamnées et sanctionnées par la communauté éducative. L’insulte LGBT-phobe bénéficie d’une certaine tolérance sociale en partie due à sa « désémantisation » (elle est utilisée sans réflexion sur son sens et sa portée) et à son absence d’incarnation. Dans la communauté éducative, on peut être tenté de croire que, s’il n’y a pas d’homosexuel(le) directement visé(e), l’insulte est moins grave. Malheureusement, cette désémantisation est toute relative et n’est pas perçue comme telle par les jeunes LGBT et enfants de LGBT, témoins ou victimes de ces propos[13].
C’est un phénomène culturel ignoré par la majorité des enseignant·e·s qui, de ce fait, ne réagissent guère et ne mettent rien en place pour lutter contre ce phénomène. Il n’en demeurent pas moins qu’ils sont pris en pleine figure par celles et ceux qui sont concerné·e·s, et ce, même s’ils ont toujours caché leur orientation sexuelle.
Le harcèlement, quant à lui, se passe de manière sournoise. Que ce soit dans les cours de récréation, les toilettes, les couloirs, ou devant l’établissement scolaire. Cela se produit, évidemment, loin du regard des adultes. IL s’agit d’actes répétés visant à humilier publiquement une victime. Si cela commence habituellement par un ensemble de moqueries et de bousculades, le harcèlement continue sur les réseaux sociaux qui ne sont que le prolongement de la cour de récréation. Dans le cadre de sa lutte interne contre l’homophobie, l’école doit prendre en compte ce phénomène de cyberviolence qui se passe pour moitié sur les réseaux sociaux et pour l’autre moitié dans le cadre de l’école. Les deux sont liés et doivent être combattus ensemble.
Le harcèlement n’engendre pas toujours la violence physique, mais celle-ci existe néanmoins. On estime à 5% les cas d’homophobies qui se traduisent pas des coups et blessures[14].
Un impact considérable
L’homophobie exercée par les pairs en milieu scolaire a un impact considérable sur l’estime de soi et le bien-être des jeunes d’orientation homosexuelle. Les manifestations anti-LGBT pèsent très tôt sur la construction de soi. Dès l’école primaire (et parfois dès l’école maternelle), les élèves ont intégré que nous vivons dans un contexte normatif où la « normalité » est d’être hétérosexuel : « un couple, c’est un papa et une maman et ensemble ils peuvent faire un enfant, sinon ce n’est pas possible ! ». Au moment où l’identité sexuelle et affective se construit, les adolescents LGBTQI+ se trouvent confrontés à l’homophobie sociale, ce qui a des conséquences néfastes pour leur santé mentale.
La/le jeune éprouve des difficultés à en parler. Elle/il est en souffrance, il/elle a peur d’être jugé·e et n’a d’autres choix que le mensonge ou l’isolement. Ce repli sur soi présente des risques majeurs de comportement agressifs envers eux-mêmes et de conduites à risques (alcool, drogues, rapports sexuels non protégés)[15].
Les études internationales ont démontré que l’homophobie avait également un impact important sur la scolarité des élèves LGBTQI+. Cela se traduit par des baisses de notes et donc une baisse également des résultats globaux, ce qui entraîne une démotivation scolaire et tout ce qui va avec : décrochage, absentéisme, révolte, comportements agressifs et/ou démissionnaires.
De l’isolement au suicide
Dans ce cadre normatif, il est difficile pour les jeunes de parler de leur homosexualité. Ils et elles craignent d’être jugé·e·s et stigmatisé·e·, voire rejeté·e·s. Cela les conduit naturellement vers l’isolement qui est aussi un système d’autoprotection. Cet isolement sera d’autant plus renforcé que le harcèlement sera fréquent et douloureux. Celui-ci parvient aux objectifs de ses concepteurs/trices qui sont de renvoyer à l’élève une image négative et dévalorisante de soi. Cette image culpabilisante renforce encore plus l’isolement et la peur de revivre de nouvelles agressions.
Les élèves vivent une détresse psychologique souvent insoutenable. 35 % des victimes font état de mal-être et de déprime, 32 % de repli sur soi, 21 % de révolte, 9 % d’une aggravation des conduites à risques[16]. Cet isolement dépressif peut conduire à des tentatives de suicide (malheureusement parfois réussies). Une étude montre que le taux de tentatives de suicide chez les jeunes hétérosexuels est de 5,7% par an. Ce nombre monte à 20 % chez ceux qui ont été victimes d’attaque homophobe[17].
Le constat est clair, l’homophobie est un facteur de risque du comportement suicidaire : « Les phénomènes d’exclusion, de rejet, de mépris, de stigmatisation peuvent conduire en effet à une perte d’estime de soi, à une perte de confiance dans l’avenir et dans les autres. » [18] Et de poursuivre en disant que les jeunes générations sont particulièrement touchées : « Au sein des minorités sexuelles, les jeunes semblent présenter des risques de tentatives de suicide plus élevés que les adultes : les jeunes d’aujourd’hui seraient-ils plus vulnérables que leurs aînés ? »
Des études menées en France tire un constat alarmant « Selon les
études épidémiologiques récentes, parmi les adolescents et jeunes adultes, les
populations LGBT ont 2 à 7 fois plus de risques d’effectuer une ou plusieurs
tentative(s) de suicide au cours de leur vie que les populations
hétérosexuelles. »[19].
Ces risques sont de 2 à 4 fois supérieurs pour les filles, et de 5 à 10
fois pour les garçons, ce qui représente des dizaines de suicides chaque année[20].
[1] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.
[2] Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Queer, Intersex, et plus… (certaines personnes ne se reconnaissent pas dans les 6 premiers termes. Le « + » est destiné à leur permettre de se retrouver incluses dans l’acronyme LGBTQI+).
[3] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013 : « Les enfants vivant dans des couples homosexuels : il existe très peu de données statistiques sur les couples de même sexe en France. Les chiffres varient selon les chercheurs et les études. Les dernières études datent déjà de plusieurs années et situent (a minima) entre 10 000 et 40 000 le nombre d’enfants concernés. Ces chiffres anciens sont aujourd’hui certainement à revoir à la hausse ».
[4] Selon Maks Banens, démographe, auteur avec Eric Le Penven d’une étude de l’Institut national d’études démographiques (INED) sur l’homoparentalité en France, le chiffre de 200 à 300 000 enfants ayant un parent homosexuel est tout à fait plausible. Beaucoup de ces enfants sont nés d’une précédente union hétérosexuelle. Il convient également de ne pas oublier les situations de transparentalité, moins nombreuses, mais qui existent et nécessitent d’être prises en compte.
[5] Panorama de la société 2019 : Les indicateurs sociaux de l’OCDE Chapitre 1. Le défi LGBT : Ces pays sont les suivants : Allemagne, Australie, Canada, Chili, Danemark, États-Unis, France, Irlande, Islande, Italie, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Royaume-Uni et Suède. En demandant aux individus comment ils se qualifient (réponses possibles : « hétérosexuel/le », « homosexuel/le », « bisexuel/le », « autre », « ne sait pas » et « refuse de répondre »), cette question permet de cibler les personnes qui se définissent comme lesbiennes, gays ou bisexuelles. C’est aux États-Unis que cette démarche a été la plus active, au moins 10 enquêtes nationales représentatives ayant inclus cette question.
[6] Valfort, M. (2017), « LGBTI in OECD Countries: A Review », cité dans Panorama de la société 2019 : Les Indicateurs sociaux de l’OCDE Chapitre 1. Le défi LGBT, : « Ainsi, il a été prouvé que les méthodes d’enquête qui ne donnent pas aux répondants une garantie de confidentialité suffisante, comme les enquêtes fondées sur des entretiens individuels assistés par ordinateur (CAPI) ou des entretiens téléphoniques assistés par ordinateur (CATI), aboutissent à une sous-déclaration importante de l’identité LGB.
[7] Panorama de la société 2019 : Les Indicateurs sociaux de l’OCDE Chapitre 1. Le défi LGBT, ibid.
[8] Ruiz, 1998; Dunn, 2002
[9] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.
[10] Lagrange et Lhomond, 1997, étude citée dans l’ouvrage de l’INPES : Les minorités sexuelles face au risque suicidaire
[11] Combattre l’homophobie. Pour une école ouverte à la diversité – CFWB : Dans bien des cas, le premier lieu où le jeune gay ou la jeune lesbienne fait l’expérience de l’incompréhension et parfois de la violence homophobe est sa propre famille.
[12] Booklet 8/Education Sector : Response to homophobic Bullying – UNESCO – 2012
[13] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.
[14] Enquête sur l’homophobie en milieu scolaire, SOS-Homophobie France (2009)
[15] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.
[16] SOS-Homophobie, 2009
[17] Pierre Tremblay. « Orientation sexuelle chez les jeunes présentant des problèmes suicidaires », Vis-à-vis, n° 10, vol. 2.
[18] Extrait de Les minorités sexuelles face au risque suicidaire. Acquis des sciences sociales et perspectives, INPES, collection « Santé en action », 2010
[19] François Beck, responsable du département enquêtes et analyses statistiques INPES, in Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.
[20] Rapport de Michel Teychenné, France juin 2013, ibid.