L’école passe-t-elle un pacte (d’excellence) avec le diable?

Par Pierre Bouillon

La ligue des droits de l’enfant livre sa critique de la réforme par vidéo.

Le Pacte d’excellence fait couler de l’encre. Mais pas seulement. La Ligue des droits de l’enfant (LDE) a choisi de donner son avis sur la réforme par… vidéo (sur Youtube, tapez : pacte d’excellence ligue droits enfant). Pendant 15 minutes, Jean-Pierre Coenen expose les axes du projet. C’est clair et (bon sang ne ment pas) pédagogique.
Le président de la ligue rappelle d’abord que l’idée de cette réforme, on ne la doit pas à l’ex-ministre Joëlle Milquet. Elle a été réclamée en 2014, avant scrutin, par le monde associatif, notamment par la Plate-forme contre l’échec scolaire dont la LDE est membre. Voilà rendu à Jules ce qui est à Jules. Mais ce rappel souligne surtout combien la ligue est demanderesse de réformes.

Un avis froid sur le Pacte.

Son avis sur le Pacte ? Froid. Jean-Pierre Coenen épingle quelques-uns de ses éléments. Le pacte dit rêver d’une école inclusive qui ne sépare plus les élèves selon leurs forces, leurs handicaps. Il propose ainsi de ramener 6.000 élèves du spécial vers l’ordinaire. « Et les 30.000 autres élèves du spécial ? » Donc : carte orange. Le pacte allonge le tronc commun jusqu’à la 3e secondaire. La ligue voudrait aller jusqu’à la 4e. Donc : carte orange. Le pacte veut réduire le redoublement de 50 % d’ici 2030. Pas assez ambitieux. « Le redoublement est une maltraitance. » Donc : carte rouge…
Le pacte a été rédigé par les syndicats, les pouvoirs organisateurs et les parents. Mais Coenen rappelle que le processus a été piloté par Mc Kinsey, « cette multinationale de la consultance qui roule pour le monde économique ». Aussi, le groupe de travail qui a repensé le technique/professionnel impliquait les unions patronales de Bruxelles et Wallonie. « Il ne manquait que le Voka ! »

Temps d’une bonne réforme

Conclusion : le pacte n’a pas été pensé pour l’enfant mais pour porter l’école à mieux servir l’économie. Conclusion de la conclusion : « C’est un pacte avec le Diable. » Conclusion de la conclusion de la conclusion : il faut remettre l’ouvrage sur le métier, étant dit qu’il vaut mieux prendre le temps d’une bonne réforme que d’en précipiter une mauvaise.

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