L’Institution scolaire, en Communauté française, est, on le sait, une véritable catastrophe. Nous ne répéterons jamais assez qu’elle casse chaque année cent mille élèves. L’échec scolaire n’est jamais une fatalité. C’est un choix politique des établissements scolaires, destiné essentiellement à les positionner par rapport aux établissements environnants dans le cadre d’un marché scolaire concurrentiel. Nous affirmons, sans crainte de nous tromper, que l’échec n’est jamais la faute d’un élève, mais toujours celle du système. Mettre un élève en échec, c’est lui refuser un droit élémentaire (celui de l’éducation), c’est hypothéquer son avenir et l’avenir de ses enfants, c’est le faire volontairement souffrir (les psychologues connaissent bien les dégâts qu’un échec scolaire produisent sur un être humain) ; en un mot, c’est le maltraiter. Au terme de leur scolarité – pour peu qu’ils y arrivent – c’est plus de 70 % des élèves qui connaîtront l’échec scolaire et qui en souffriront, parfois toute leur vie.

Le Décret Mission est clair. Il ordonne aux établissements scolaires subsidiés par la Communauté française – et donc à tous les enseignants – de mettre tous les élèves en situation de réussite (relire à ce propos l’article 6 du Décret). Ce Décret – donc cette Loi – qui s’applique à tous les enseignants et toutes les écoles sans la moindre distinction, n’est pas respecté par ceux-là même qui doivent éduquer les jeunes à la citoyenneté et donc, au respect des Lois. Certaines écoles se complaisent dans l’illégalité la plus totale. Comment pourrait-il en être autrement, puisque ceux-là mêmes qui ont voté de Décret Mission ne font rien pour le faire appliquer.

Notre 21e siècle n’a rien à envier au siècle précédent. Le système scolaire est toujours archaïque et maltraitant. Nos élèves ont, malheureusement, hérité de l’Ecole du 2Oe siècle avec tout ce qu’elle comporte de dysfonctionnements et de certitudes d’un autre âge. Il est plus que temps de la repenser et de la reconstruire de la cave au grenier, pour le bien de tous : élèves, parents et enseignants. Rappelons tout de même que si le système détruit des centaines de milliers d’enfants et de familles, il n’est pas plus tendre avec une partie non négligeable du corps professoral, qui est, lui aussi, en grande souffrance.

Il est temps, donc, de changer le système scolaire et de passer à une Ecole respectueuse du Droit. Cette Ecole devra permettre à TOUS les élèves d’avoir accès aux mêmes acquis, aux mêmes connaissances et à la même formation citoyenne. Cela ne sera possible que dans un système qui bannit définitivement l’échec, qui permet aux jeunes de se retrouver et de progresser ensemble dans une véritable mixité sociale et culturelle, ainsi qu’en mélangeant toutes les différences, qu’elles soient physiques ou mentales. L’Ecole du 21e siècle devra être réellement inclusive. Cette école intégrera donc toutes les différences. Seule une véritable hétérogénéité permet à tous les élèves de réussir sans passer par la case échec.

Cette Ecole est en chantier. Un peu partout, en Communauté française, des groupes de citoyens, d’enseignants, portent des projets qui visent l’Ecole sans échec. La création de 10 000 nouvelles places et, donc, de nouvelles écoles en Communauté française était, pour nous, l’occasion de lancer un nouveau projet. Il nous semble inacceptable que le Gouvernement ne conditionne pas les moyens financiers qu’il injecte dans ces nouvelles places, à un projet pédagogique fort, qui vise la réussite de tous. Aussi, et avec d’autres, nous avons décidé de montrer l’exemple.

Dans notre combat pour une Ecole de la réussite pour tous et pour l’intégration des élèves porteurs de différences, nous lançons le projet « Ecole pour tous ». En collaboration avec Bernard De Vos, Délégué général aux Droits de l’Enfant, nous avons rassemblé des spécialistes (chercheurs, enseignants, spécialistes de l’intégration scolaire, de la culture, de l’accueil en milieu ouvert, …) afin de créer l’Ecole du 21e siècle. Cette Ecole, nous vous la présentons dans le présent bulletin. Vous pourrez en suivre l’évolution dans nos prochains numéros. Elle a pour vocation de faire « boule de neige » et d’attirer d’autres opérateurs scolaires, des Pouvoirs Organisateurs, à lancer, eux aussi, des « Ecoles pour tous », sans échec, sans redoublement et en créant une véritable hétérogénéité. Vous pouvez, à votre tour, nous aider à la porter vers d’autres acteurs.

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