Si le redoublement était bien un moyen de remettre les enfants à niveau, il ne devrait pas engendrer de décrochage scolaire chez ces élèves.
Le recensement des recherches scientifiques met, malheureusement, en évidence la relation entre redoublement et décrochage scolaire. Ce constat ne date pas d’hier. Déjà en 1966, Randall (Etats-Unis) démontrait la relation entre le redoublement et l’abandon scolaire.
Pourcentage d’abandons et de diplômés dans une école publique en fonction du nombre de redoublements subis au préalable.
Parmi les élèves qui ont abandonné leurs études avant d’être diplômés, ils sont 65,9 % a avoir subi un ou plusieurs redoublements. Pour ceux qui terminent avec succès, ils ne sont que 2,9 % a avoir subi un redoublement.
Diverses études, plus récentes, arrivent à des résultats similaires. Citons :
Stroup & Robins (1972) montrent que le fait de recommencer une année de l’enseignement primaire est le prédicteur le plus important (sinon le seul) de l’abandon au niveau de l’enseignement secondaire.
Lloyd (1978) a établi une équation de régression prédisant avec une probabilité de 75 % le décrochage. L’étude doit sa notoriété au fait que les mesures ont été prises en 3e année primaire. Doubler sa 3e ou au cours des deux années précédentes est corrélé à 0,31 et à 0,27 avec le fait d’abandonner ses études avant la fin du secondaire.
Stephenson (1985) a mené une enquête longitudinale qui a démontré que le taux d’abandons au Collège est de 55 % parmi ceux qui ont redoublé, de 27 % parmi les autres.
Association of Californian Urban school District (1986) signale qu’un enfant qui redouble sa première ou sa deuxième primaire a seulement 20 % de chances d’être diplômé.
Pasco School district in Washington. 50 % des élèves qui abandonnent l’enseignement secondaire avaient doublé une année en primaire; pour plus de la moitié, il s’agissait de la première année.
Bachman, Green & wirtamen (1971). Plus de la moitié de ceux qui abandonnent l’enseignement secondaire ont redoublé une année avant la 10e année d’étude. 27 % des étudiants qui échouent dans l’enseignement supérieur sont dans cette situation. Par contre, 8 % seulement des élèves qui réussissent l’enseignement supérieur ont redoublé avant leur 10e année d’étude.
Ne peut-on démontrer, à contrario, que le redoublement n’est que l’indice le plus manifeste d’une inadaptation scolaire plus générale, dont l’abandon est l’aboutissement. L’étude de Hess & Lauber (1985) est intéressante car elle porte sur un échantillon important d’élèves sur plusieurs années. Hess & Lauber ont réparti 30 000 élèves en 5 catégories en fonction de leurs compétences en lecture. Ils ont ensuite réparti l’échantillon selon qu’ils avaient ou non redoublé. Enfin, pour chaque groupe ils ont calculé le pourcentage d’abandons.
Pourcentages d’abandons en fonction des résultats obtenus en fin de 8e dans les écoles de Chicago (Hess et Lauber 1985). Résultats exprimés en stanines[1].
[1] Catégories établies pour classer (répartir) les individus en fonction de la position qu’ils occupent au sein d’une distributionde résultats
Le pourcentage d’abandon est d’autant plus élevé que les performances en lecture sont basses. Mais à compétences égales en lecture, les élèves qui ont redoublé pendant leur carrière scolaire courent un plus grand risque de décrocher.
Les élèves très supérieurs qui ont redoublé courent autant de chance d’abandonner l’école que les élèves non-redoublants moyens. Il vaut donc mieux être considéré comme « moyen » et n’avoir pas redoublé que comme « très supérieur » et avoir redoublé.
Schultz, Toles, Rice, Brauer & Harvey (1986) confirment le résultat de Hess & Lauber (1985). Le fait d’avoir redoublé au cours des 8 premières années d’étude a une influence propre. A compétence en lecture égale, le pourcentage d’abandons scolaires est supérieur de 13 % chez les élèves ayant subi un redoublement.
Conclusion
Les élèves qui ont redoublé une fois au moins courent plus de chance de décrocher que ceux qui ont été promus. Plus tôt se fait le redoublement, plus grand est le pourcentage d’abandons scolaires.
Bain (Suisse 1988) pensait qu’une façon de vérifier les vertus et avantages pédagogiques du redoublement serait de montrer qu’à la fin de l’année répétée, les élèves ont fortement progressé, sont à nouveau à flot et peuvent repartir d’un bon pied (…). Le bénéfice attendu du redoublement est rarement défini précisément. On s’accordera cependant à admettre que le progrès doit être substantiel pour qu’on estime que le jeu en valait la chandelle.
A Genève les notes varient entre 0 et 6 ; la barre du suffisant est à 2,5. Bain fixe la limite du satisfaisant à 4. C’est aussi la note minimale pour passer en 7e dans la section supérieure.
Evolution des redoublants de 6e de 1981 à 1982. Elèves insuffisants dans la branche
Le redoublement accompagné de remédiations individualisées est-il efficace ?
1. Holmes (1990)
On remarquera dans le tableau 4 que les résultats d’ensemble obtenus par Holmes (1990) sont légèrement moins défavorables que ceux qu’il avait obtenus en 1984 avec Mattews (tableau 3). L’explication en est intéressante. Parmi les 19 études réalisées entre 1984 (portant sur 44 études) et 1990 (portant sur 63 études), neuf produisent des effets positifs, soit la moitié. Dans ces neuf cas, la répétition de l’année échouée a été combinée avec un programme de remédiation individualisée.
Comparaison des études de Holmes et Mattews (1984) et Holmes (1990) en matière de performances académiques.
Holmes s’est attaché à procéder à 2 types de comparaisons :
Type 1 : Il a comparé l’évolution d’élèves redoublants et celle d’élèves « faibles » promus sans qu’aucune intervention particulière ne soit affectée auprès des uns et des autres.
Type 2 : Il a comparé l’évolution d’élèves « faibles » qui redoublent et bénéficient de la remédiation immédiate individuelle, à ceux d’élèves qui, présentant le même degré de « faiblesse initiale », ont été promus et ne bénéficient d’aucune assistance individuelle.
Etudes comparant l’effet du redoublement entre les études de type 1 et celles de type 2.
Dans les études de type 1, on remarque que les effets sont plus négatifs. Le redoublement sans remédiation individualisée immédiate est contreproductif. Il ne sert absolument à rien sur le plan pédagogique !
Par contre, les études de type 2 montrent que la remédiation individualisée immédiate est profitable aux élèves redoublants, ce qui est rassurant.
Puisque ces résultats laissent présumer l’efficacité de l’assistance individualisée immédiate et que, d’autre part, les méta-analyses (tableaux 3 et 4) incitent à privilégier la promotion des élèves au détriment du redoublement, il semble logique de concevoir une approche pédagogique qui tire parti de ces informations.
On peut imaginer qu’un test pronostique soit proposé aux élèves au milieu de l’année, et ceci afin de repérer les élèves « à risques ». Ces élèves bénéficieraient d’un programme d’aide spécialisé pendant la seconde partie de l’année. En fin d’année, tous seraient promus, quels que soient leurs résultats aux bilans de fin d’année. En seconde année, ces élèves en difficulté bénéficieraient d’une assistance comparable à celle que reçoivent les redoublants.
2. Leinhardt (1980)
Leinhardt (1980) a fait ce double raisonnement et a comparé l’évolution en lecture d’élèves redoublants bénéficiant d’une assistance individualisée avec celle d’élèves que l’on promeut tout en leur assurant le même accompagnement individualisé.
Etudes de Leinherdt (1980)
Les résultats sont probants : les progrès des élèves promus mais bénéficiant d’un encadrement individualisé sont largement supérieurs à ceux des élèves qui doublent et bénéficient de cette même attention individualisée.
Conclusion
Apporter la remédiation individuelle immédiate[1] à un élève faible redoublant est positif mais l’est nettement moins que si on lui apporte la même remédiation individuelle immédiate après l’avoir promus.
La promotion des élèves jugés « faibles » leur est profitable dans tous les cas mais l’est plus encore accompagnée de remédiation individuelle immédiate
[1] La seule remédiation vraiment efficace est celle qui se fait immédiatement, durant le cours même. Il peut s’agir de l’aide individualisée de l’enseignant (qui reste le premier remédiateur) ou de pairs (tutorat), voire d’un enseignant remédiateur qui seconde le titulaire du cours durant celui-ci, lorsque c’est nécessaire.
En C.F., de plus en plus d’enfants commencent l’école primaire avec une année de retard, après avoir redoublé leur troisième maternelle. La croyance étant que passer une année de plus en préscolaire n’est pas à proprement parler un redoublement, mais permet une année de préparation supplémentaire à des enfants manquant de maturité qui permettrait d’éviter d’éventuels échecs ultérieurement.
Diverses études (Bell, 1972 ; Mattews, 1977 ; Raygor, 1972, Talmadge, 1981, Gelder, 1984 ; Holmes, 1990 ; Shepard, 1990 ; …) ont été menées sur le sujet. Les conclusions sont édifiantes : quelle que soit la catégorie d’élèves (jugés mûrs, à maturité douteuse, immatures), le fait d’avoir vu son entrée à l’école primaire retardée d’un an constitue un handicap ; leur pourcentage d’échecs sont toujours supérieurs à ceux enregistrés du côté des élèves admis à l’âge légal. C’est surtout pour les élèves immatures que le préjudice est sévère : plus de 80% d’entre eux connaissent l’échec alors qu’ils sont moins de 30% lorsqu’ils ont eu la chance d’entrer en première année à l’âge légal.
Réussite et échec au terme de la 9e année de fréquentation scolaire selon que les élèves ont redoublé ou non leur troisième maternelle, selon deux études menées en Allemagne (Münchener et Kern).
Tous les constats vont dans le même sens : retarder d’un an l’entrée en première primaire est défavorable à tous les enfants mais l’est d’autant plus que les élèves sont jugés immatures (28 % d’échec sans redoublement en troisième maternelle, contre 83 à 87 % d’échec après un redoublement en troisième maternelle).
Depuis le début du XXe siècle, les psychopédagogues et les sociologues étudient les raisons de l’échec scolaire et les conséquences du redoublement. De nombreuses études scientifiques ont été menées à travers le monde, principalement – mais non seulement – dans les pays anglo-saxon. Ces études réfutent toutes les hypothèses qu’il est possible de formuler quant à d’éventuels effets positifs[1].
On peut donc se demander pourquoi, cent ans après les résultats des premières recherches, les enseignants continuent à tenir autant à une pratique pédagogique qui ne sert à rien, qui est contre-productive et génère chez les jeunes qui le subissent une telle souffrance.
Nous pouvons nous interroger sur l’efficacité de la formation initiale mais également sur la pression exercée par les pouvoirs organisateurs, les directions et certaines familles pour que les enseignants maintiennent, par la pratique systématique de la mise en échec des élèves, le niveau ( ?) de l’école.
Nous postulons que si les enseignants, qui sont dans leur immense majorité de vrais citoyens soucieux du bien être de leurs élèves, continuent à pratiquer le redoublement, c’est parce qu’ils n’en connaissent ni l’inutilité, ni les conséquences dramatiques qu’il peut avoir sur le plan psychologique auprès des élèves et de leurs familles. Ils n’ont probablement pas été mis face aux résultats de ces centaines d’études qui, toutes, démontrent que le redoublement est absolument néfaste sur les apprentissages et le vécu des élèves.
Aussi avons-nous repris ci-dessous les résultats de nombreuses recherches sur les effets du redoublement, recensées par le chercheur belge en sciences de l’éducation Marcel Crahay, et parues dans son livre Peut-on lutter contre l’échec scolaire ? (Pour plus d’informations, lire son livre). Celles-ci sont, sans doute, les plus accessibles à un public non familiarisé avec ce type de recherche.
1. SEIBEL (France 1984)
L’étude de Seibel indique clairement que le redoublement ne favorise pas l’évolution pédagogique des élèves. Elle a ceci d’intéressant, qu’elle a comporté le suivi de 1 100 élèves aux épreuves standardisées de français et de mathématique entre juin (CP – 1ère année primaire) et décembre 1983 (CE1 – 2e année primaire)[2].
Parmi les élèves qui ont été promus en 2e année, Seibel identifie plusieurs catégories d’élèves. Ceux qui ont connu l’échec une année auparavant et viennent de réussir en juin sont désignés par l’expression « redoublants anciens ». Parmi ceux qui ont réussi en juin, Seibel distingue encore 3 autres catégories d’élèves : les « forts », les « moyens » et les « faibles », en fonction des résultats du test de juin. L’appellation « redoublants nouveaux » concerne donc les élèves qui ont raté le test de juin et se retrouvent à nouveau dans la même classe.
Résultats aux tests de français entre juin et décembre
Résultats aux tests de mathématique entre juin et décembre
Plusieurs constats s’imposent :
En juin, les non-redoublants « faibles » et les redoublants nouveaux diffèrent peu (2,9 points en français et 3,3 points en mathématique). Mais quatre mois plus tard, aux tests de décembre, les écarts entre ces groupes se sont fortement creusés (16,3 points en français et 11,7 points en mathématique). La promotion (et donc, le non-redoublement) a été favorable aux élèves « faibles », au contraire des élèves ayant redoublé pour qui le redoublement ne profite pas suffisamment.
La progression des non-redoublants « faibles » entre juin et décembre est spectaculaire (+ 17,5 points en français et + 11,7 points en mathématique).
On constate que les redoublants anciens qui, aux tests de juin, obtiennent des scores comparables aux non-redoublants moyens, progressent moins que ceux-ci en décembre (respectivement + 1,8 et + 5,6 en français, et + 8,0 et + 4,1 en mathématique). Siebel conclu qu’on peut y voir un effet à moyen terme du redoublement consenti l’année auparavant.
Ainsi qu’on le voit dans cette étude, le redoublement n’a pas suffisamment profité aux élèves ayant subi un redoublement qui n’obtiennent pas la moyenne en français et à peine en mathématique, contrairement aux élèves qui, tout aussi « faibles », été promus dans la classe supérieure qui obtiennent la moyenne en f rançais et progressent plus encore en mathématique. Le non-redoublement leur a permis de progresser réellement, contrairement à ceux qui ont redoublé.
2. GRISAY (France 1992)
L’étude de Grisay a été menée dans 100 collèges de France et a été constituée de 5 137 élèves entrés en 6e année (1ère secondaire) et qui ont passé les épreuves standardisées de français et de mathématique à la rentrée 90-91. Ils ont été à nouveau testés deux ans plus tard (1992) alors que la majorité d’entre eux se trouvaient en classe de cinquième (2e secondaire). 264 élèves s’étaient vu refuser l’entrée en cinquième. Ces redoublants se trouvaient encore en sixième au moment du post-test. Ils constituent le groupe-cible de l’analyse dont il est question ici.
La corrélation entre la variable redoublement et le critère (les résultats du post-test) est négative (- 0,23). Il en va de même pour le coefficient de régression de cette même variable sur le critère, obtenu sous contrôle des variables de pré-test (- 0,207). Cela signifie qu’à résultats égal aux épreuves de français et de mathématique à leur entrée en 6e, les élèves redoublants obtiennent deux ans plus tard un score de post-test inférieur de plus de deux dixièmes d’écart-type par comparaison avec leurs condisciples non-redoublants.
Cette étude réfute l’hypothèse selon laquelle le redoublement agit comme une remédiation permettant aux élèves de récupérer leurs lacunes et de repartir dans le cursus scolaire avec de meilleurs atouts. Le caractère nocif du redoublement est établi !
3. Holmes et Mattews (Etats-Unis 1984)
Holmes et Mattews ont examiné quarante-quatre recherches portant sur les effets du redoublement. Toutes présentaient suffisamment de garanties quant à la rigueur méthodologique de l’investigation. Le tableau ci-dessous indique la variable-critère considérée, le nombre d’études à partir desquelles l’ampleur de l’effet a été calculée, et l’ampleur de l’effet.
Ampleur de l’effet du redoublement (en fraction d’écart-type) sur une série de variables-critères (adapté de Holmes et Mattews)
Tous les effets sont négatifs, que le critère d’évaluation soit cognitif ou affectif. Le redoublement est préjudiciable aux élèves qui en font l’objet. L’amplitude de l’effet est proche de – 0,50. Ceci signifie que les élèves redoublants ont, au terme de l’année redoublée, des performances sensiblement moins bonnes que des élèves qui, au départ, avaient le même niveau de compétence, mais ont été promus. Par ailleurs, Holmes et Mattews montrent que ces effets négatifs se retrouvent quelle que soit l’année redoublée.
4. Holmes (Etats-Unis 1990)
En 1990, Holmes a mené une étude reprenant 63 recherches dont 44 faisaient partie de sa recherche précédente avec Mattews (1984). Les résultats, ci-dessous, démontrent que tous les effets sont négatifs, à l’exception de l’image de soi (l’effet d’amplitude est négligeable ; les effets inférieurs à 0,15 sont à considérer comme peu ou non significatifs. En outre, une composante psychologique est plus appréhendable par des tests que les acquis cognitifs). On soulignera l’influence négative de cette mesure « pédagogique » sur les gains de connaissance des élèves.
Ampleur de l’effet du redoublement (en fraction d’écart type) sur une série de variables-critères (adapté de Holmes, 1990)
Ampleur de l’effet du redoublement (en fraction de l’écart-type) mesurée par des tests de connaissance en fonction du niveau d’étude auquel survient le redoublement (adapté de Holmes, 1990)
On notera que toutes les valeurs sont négatives. C’est lorsque le redoublement intervient au milieu de la scolarité primaire que les effets sont le moins négatifs (- 0,10 en deuxième primaire et – 0,15 en troisième primaire).
Contrairement à une opinion largement répandue, le redoublement en troisième maternelle n’a aucun effet préventif ou correcteur. Nous verrons plus loin qu’il est, comme tous les redoublements, totalement inutile.
Enfin, le redoublement a des effets plus préjudiciables encore lorsqu’il intervient en fin de scolarité primaire (- 0,38).
5. Holmes (Etats-Unis 1990)
Le principe du redoublement, pour nombre d’enseignants, consiste à sacrifier une année pour permettre à des enfants de repartir sur de meilleures bases et atteindre – avec une année de retard, certes – des niveaux ce compétences auxquels ils auraient pu prétendre s’ils n’avaient pas redoublé.
Si cela devait s’avérer exact, on constaterait que les élèves ayant redoublés auraient de meilleurs résultats que leurs condisciples aussi « faibles » mais qui, eux, ont été promus, et ce à un même niveau scolaire.
Dans quelques-unes des études recensées par Holmes (1990), les élèves redoublants et leurs condisciples « faibles » n’ayant pas redoublés ont été suivis pendant plusieurs années. Ceci permet de se faire une idée de l’effet à moyen terme du redoublement.
Holmes a procédé à deux types de comparaisons :
Dans un premier cas, il a comparé les élèves « faibles » qui ont redoublé, avec leurs condisciples aussi « faibles » qui n’ont pas redoublé. Ces derniers ont bénéficié des enseignements d’une année complémentaires alors que les premiers recommençaient leur année. Il s’agit d’une comparaison à âge constant.
Dans un second cas, il a comparé les élèves « faibles » redoublants et « faibles » non-redoublants au terme de la même année scolaire, en sachant que les premiers ont eu un an de plus par rapport aux seconds. Il s’agit d’une comparaison à degré scolaire constant.
Supposons un groupe d’élèves qui est entré en première année primaire en 2004. En fin d’année, une partie d’entre eux a redoublé et une autre partie a été promue. Imaginons que la suite du parcours se réalise sans embûches. Cela conduira à la situation suivante :
Les élèves ont été testés à la fin de chaque année. Voici les résultats obtenus selon les types de comparaison :
Effet à moyen et à long terme du redoublement (mesuré en fraction d’écart type). Résultats des comparaisons à âge constant (adapté de Holmes 1990)
Effet à moyen et à long terme du redoublement (mesuré en fraction d’écart type). Résultats des comparaisons à degré scolaire constant (adapté de Holmes 1990)
Ce double constat est éclairant. Lorsqu’on compare le niveau cognitif atteint par les redoublants et les non-redoublants à même degré scolaire, les performances des uns et des autres sont équivalentes. Et cela reste vrai que les comparaisons soient établies un an après le redoublement ou plus de trois ans après.
Il importe, toutefois, de souligner que les redoublants ont pris une année de plus pour aboutir au même résultat que leurs condisciples qui, tout aussi « faibles » qu’eux, ont eu la chance de tomber sur des enseignants qui les ont promus.
En revanche, lorsqu’on examine la comparaison à âges constants, on observe un retard qui va en s’accroissant avec les années des élèves qui ont redoublé par rapport à ceux qui ont été promus.
Bref, une année redoublée est bien une année perdue puisqu’elle conduit les élèves faibles au niveau qu’ils atteindraient une année plus tôt qu’ils avaient pu poursuivre leur scolarité avec les condisciples de leur âge.
Conclusion
Toutes les études démontrent que le redoublement est inefficace. Au mieux permet-il aux élèves d’évoluer comme ils auraient évolués sans redoubler, mais avec une année de plus. Peut-on, dès lors accepter, que l’Ecole contraignent les enfants à perdre une année de leur vie, et ce pour rien ?
Nous pensons que faire perdre inutilement une ou plusieurs années de vie à un élève est de la maltraitance.
Le Ministre-Président, Monsieur Rudy Demotte, pose enfin la question du redoublement, de son efficacité et de son coût. C’est une démarche que nous soutenons pleinement.
Nous rappelons que l’Education est un Droit de tous les enfants. La Convention internationale donne aux Etats – et donc à leurs systèmes scolaires – une obligation de réussite. Pratiquer le redoublement est, dès lors, un déni de droits ainsi que de la maltraitance institutionnelle.
De nombreuses études nationales et internationales ont démontré définitivement l’inefficacité du redoublement. Non seulement il n’a aucun effet correcteur, mais il est contreproductif. Il est, en outre, précurseur d’autres redoublements, d’orientations précoces et est l’élément déclencheur du décrochage scolaire.
Les seuls effets positifs du redoublement ne sont que pour l’institution scolaire. En effet, il satisfait à des fonctions essentielles que sont la gestion de l’hétérogénéité et le tri des élèves au sein des établissements, permet à l’école de se positionner stratégiquement par rapport aux établissements environnant et aux enseignants de réguler la discipline au sein de la classe.
Les études ainsi que les pratiques pédagogiques mises en place dans les systèmes scolaires efficaces ont montré que seules la remédiation immédiate et la pratique de l’évaluation formative permettaient de lutter contre cette « coutume » antisociale et inhumaine.
L’Ecole en CF utilise l’évaluation dans le seul but de mettre les élèves en concurrence et de pratiquer la sélection. Nous proposons, qu’elle change de paradigme et, plutôt que de pratiquer l’échec, vise la réussite de tous. La pédagogie de maîtrise, par exemple, permet à des enseignants peu formés en pédagogies actives, de mettre en place des pratiques qui visent la réussite du plus grand nombre.
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