Nov 11, 2019 | Ecole - Education - Inclusion
De nombreuses écoles n’utilisent pas les notes. 
Des enseignants-citoyens, au sein de leur classe, et des écoles-citoyennes ont arrêté les notes depuis parfois des années. Les choses ne se sont pas faites du jour au lendemain. Il faut y aller progressivement, sauf si c’est un choix d’équipe pédagogique très volontariste, mais même dans ce cas, réflexion vaut mieux que précipitation. 
L’important
est de permettre à tous les élèves de s’inscrire dans leurs apprentissages afin
d’y trouver du sens et surtout du plaisir. La compétition est un mauvais choix,
il faut donc les former à la coopération. La pédagogie du même nom est validée
depuis des décennies, initialement dans les pays anglo-saxons, mais elle trouve
de plus en plus sa place dans nos systèmes éducatifs. Pour changer l’école, il
est impératif de changer de méthode d’enseignement et de faire de la pédagogie[1]. 
En pédagogie coopérative, on utilise généralement un système d’évaluation simple : Parfaitement acquis (vert), correctement acquis (orange), en voie d’acquisition (rouge). Les deux premiers degrés pouvant être fusionnés. Une fois qu’un savoir est acquis, peu importe si c’est avec brio ou si cela été acquis en suant toutes les gouttes de son corps. L’important étant le fait que l’apprentissage soit intégré, point !
Evaluer prend
du temps. Ce n’est pas souligner quelques fautes et inscrire une note peu
réfléchie à la va-vite. Evaluer c’est chercher à comprendre le cheminement de
chaque élève, voir où il « accroche » afin de lui expliquer comment
éviter les écueils et progresser. C’est aussi réfléchir à la remédiation
immédiate que l’on va mettre en place avec lui, avec son aide et celle des
autres, dans un tutorat qui fera progresser tout le monde : tutoré et
tuteur. 
Evaluer c’est aussi faire des bulletins autrement. Des bulletins sans points, mais qui reprennent l’état des lieux : chaque apprentissage avec son évaluation, le tout, accompagné de commentaires les plus pointus possibles. Chaque élève est évalué dans chacune des disciplines. Un instituteur rédigera entre 8 et 20 lignes pour chaque banche. Un professeur en fera autant pour chaque élève dans la ou les disciplines qu’il enseigne. Par exemple, un instituteur évaluera le comportement dans les apprentissages, les apprentissages en mathématique, en français, en éveil, dans les apprentissages coopératifs et au niveau du développement personnel. Il laissera les cours philosophiques, la seconde langue et l’éducation physique aux professeurs spécialisés. A raison de 5 à 15 lignes par discipline, il rédigera, entre 1500 et 2000 lignes pour ses 25 élèves, lors des « grands » bulletins. Moitié moins pour les bulletins intermédiaires. Cela représente une cinquantaine de pages, soit 2 par élève. 
Mais c’est important. Mieux que les points, ces évaluations permettront aux élèves (et à leurs parents) de savoir où ils en sont par rapport à chaque apprentissage et ce qu’il y a lieu de mettre en place en termes de remédiation immédiate (en classe), par la suite. Dans ce système d’évaluation, il n’y a plus de « mauvais » élèves. Par définition, tout le monde est « bon », mais tout le monde n’a pas nécessairement facile à apprendre. Ensemble, et avec l’aide de tous, « on » va y arriver.
Concernant les
diverses approches pédagogiques, il est difficile d’être exhaustif, tant les
évaluations se font de manières différentes selon les écoles, même parmi celles
adhérant à un même courant pédagogique. Voici quelques exemples de ce qui se
fait dans certaines de ces écoles :
- Pédagogie Freinet
 
Dans les
écoles à pédagogie Freinet, l’objectif
n’est pas la performance de l’élève mais plutôt son épanouissement. Ce dernier
apprend à avoir confiance en lui et à être en pleine possession de ses
qualités.
Les élèves
reçoivent des brevets de compétences et des ceintures de comportement. Les
brevets jalonnent la scolarité de l’enfant. L’évaluation devient ainsi
naturelle et s’inscrit dans un travail coopératif. En pédagogie Freinet,
l’évaluation revêt trois aspects importants[2] :
- l’évaluation de
l’enfant par lui-même ou autoévaluation ;
 
- l’évaluation de
l’enfant par le groupe ;
 
- l’évaluation de
l’enfant par le maître. 
 
Les bulletins
se terminent toujours par la rubrique « Conseils pour progresser ».
Dans les
écoles Decroly, pour motiver les
élèves, les professeurs comptent sur le plaisir de progresser, de comprendre,
de faire soi-même, d’être dans « l’élan ». « On travaille pour
avoir de bonnes appréciations, pour ne pas être à la ramasse ». Et s’il n’y
a pas cet « élan » ? Qu’à cela ne tienne, les adultes patientent.
« Tu as décidé de ne rien faire, c’est ton problème, mais ne distrais pas
les autres ». 
Les mots
remplacent les notes. Ils sont bienveillants, par principe. L’école Decroly
pratique depuis 60 ans une forme d’évaluation par compétences. Les
appréciations des professeurs sur les bulletins sont de vrais romans
feuilletons[3].
Dans les
écoles Montessori, l’évaluation a
lieu au fur et à mesure du déroulement des ateliers. L’enseignant prend le
temps d’observer chacun de manière individuelle …la régularité sur l’année de
ces ateliers permet aux élèves de prendre le temps de faire leurs
apprentissages et aux enseignants de se poser pour observer chacun d’eux.
Dans les
petites classes, l’évaluation est davantage gérée par l’adulte même s’il invite
progressivement l’enfant à identifier et verbaliser les critères de réussite et
à avoir ainsi un regard sur ses apprentissages. Le cahier de réussite permet à
l’enfant de prendre conscience de ses apprentissages.
En moyenne
section, l’élève est de plus en plus associé à l’évaluation grâce aux tableaux
d’autoévaluation ; en fin d’année il évalue « seul » ses compétences
concernant les ateliers Montessori.
En grande
section, l’élève s’autoévalue, il perçoit les étapes successives à dépasser
pour atteindre un objectif final. Il se met en projet.
Le cahier
individuel de suivi permet au maître de suivre les activités menées par l’élève
qui coche les activités qu’il réalise. Il permet à l’élève de se repérer.
[1] A contrario de ce qui se fait « traditionnellement » dans nos
écoles, c’est-à-dire de l’A-pédagogie (avec alpha privatif) : de
l’enseignement frontal, de la compétition et de la sélection. Bref, du cassage
d’élèves. 
[2] Pour l’évaluation en pédagogie Freinet, lire le Nouvel Educateur n° 189 – Evaluer, s’évaluer en pédagogie Freinet consultable sur https://www.icem-pedagogie-freinet.org/le-nouvel-educateur-189
[3] https://www.nouvelobs.com/education/20141210.OBS7432/decroly-l-ecole-qui-a-renonce-aux-notes-il-y-a-60-ans.html
				
					
			
					
											
								
							
					
															
					
					Oct 9, 2019 | Ecole - Education - Inclusion
L’éducabilité est d’abord le
principe « logique » de toute activité éducative: si l’on ne postule
pas que les êtres que l’on veut éduquer sont éducables, il vaut mieux changer
de métier.
Philippe Meirieu[1]
Introduction
Aujourd’hui
encore, beaucoup d’enseignants mais aussi de parents, pensent que certains de
nos élèves, de nos enfants, sont doués pour l’étude et d’autres pas. Il y
aurait des « intellectuels » et des « manuels », ou encore des artistes
disposants, dès la naissance, des aptitudes correspondantes. Cette conception
archaïque a, depuis longtemps, été battue en brèche. 
A l’aube de
l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’Ecole en Communauté française de
Belgique[1],
qui va voir l’instauration d’un tronc commun de 3 à 15 ans avec une visée plus
inclusive, il nous paraît intéressant de réfléchir à tout ce qui fonde
réellement le concept d’inclusion. Le « postulat  d’éducabilité »,
comme l’a appelée Philippe Meirieu, est indubitablement un concept fondateur de
l’idée même d’inclusion. Si l’on en est encore à penser que certains élèves,
parce qu’ils proviennent de milieux aisés sont doués pour l’étude, tandis que
d’autres, parce qu’ils viennent de milieux populaires seraient plutôt
« doués de la main » et ne pourraient accéder à des études
intellectuelles, l’école inclusive ne verra jamais le jour. Outre le fait que
cette idée est fausse, ses conséquences sont lourdes pour les élèves provenant
des familles les moins favorisées. 
Au contraire,
tous les élèves étant doués pour l’étude, il est important que chaque
enseignant s’en convainque et adhère pleinement à ce postulat. Oui, tous[2]
les élèves peuvent acquérir tous les savoirs tels que décrits dans les
programmes de l’enseignement obligatoire général de transition. Le défi se
trouve dans la manière de les leur transmettre. La charge de l’apprentissage,
de la transmission à tous de tous les savoirs revient donc à l’enseignant.
L’échec d’un seul élève est l’échec de l’enseignant ou, le cas échéant, du
système scolaire mis en place dans l’école ou les écoles par lesquelles l’élève
est précédemment passé. 
Tel est le
postulat d’éducabilité. Mais voyons cela plus en détails…
Rôle de l’Ecole
Il est important
de se mettre préalablement d’accord sur le rôle de l’Ecole. Notre position, comme
tous les mouvements citoyens et progressistes, est clairement égalitariste.
L’Ecole ne peut en aucune manière favoriser ou défavoriser un enfant sous
prétexte qu’il est né dans une famille populaire ou une famille bourgeoise. Il
est, par ailleurs, très choquant, de voir des princes inscrits dans des écoles
privées[3],
loin de la société des êtres « humains[4] »
qu’ils devront peut-être, un jour, représenter dans des instances
internationales, en vertu de leur… naissance. 
S’il y a bien
une pierre angulaire dans notre société occidentale, un élément fondamental qui
la tient debout et qui se doit de veiller à traiter toutes les citoyennes, tous
les citoyens de manière équitable, c’est l’Ecole. Celle-ci a mission de
corriger les inégalités de naissance autant que faire se peut et transmettre
équitablement à chacune et chacun le bagage de connaissances nécessaires pour
appréhender le monde et pouvoir le transformer vers plus de justice. 
Un peu d’histoire
pour comprendre
Mais, est-ce
vraiment pour cela qu’a été bâti le système scolaire ? Si on remonte le
temps, on verra que si jusque durant l’ancien régime[5],
les enfants de milieux populaires n’allaient pas à l’école, ils étaient loin
d’être ignorants. Ils devaient apprendre un savoir-faire de grande qualité.
N’étant pas mécanisés, les métiers de la terre et de ses ressources,
nécessitaient la capacité d’utiliser et d’entretenir de nombreux outils et
d’utiliser des techniques sophistiquées. A la campagne, la formation se faisait
en famille, les métiers s’apprenaient de père en fils, de mère en fille. Plus
rarement, un enfant était placé comme apprenti chez un artisan.
A la ville, la
formation des enfants se faisait essentiellement par l’apprentissage. Il
arrivait que le maître exige que son apprenti sache compter, lire et écrire et
donc qu’il ait été à l’école. Mais cela ne concernait que les métiers les plus
nobles comme l’imprimerie ou l’orfèvrerie[6].
Le plus souvent, c’était le maître qui apprenait les rudiments du calcul, de la
lecture et de l’écriture à ses apprentis.
Le capitalisme
industriel va bouleverser à la fois la nature du travail et la formation des
travailleurs. Les nouveaux outils de production, les « machines »,
vont remplacer le travail complexe de l’artisan par des tâches simples et
répétitives. Cela va engendrer une déqualification des travailleurs enchaînés à
leur nouvel outil de production. En aliénant les travailleurs et leur faisant
perdre leurs repères traditionnels qu’étaient leurs lieux d’éducation et de
socialisation, la révolution industrielle a provoqué un abrutissement des
masses populaires, les entraînant dans le « vice », l’alcoolisme, la
violence, la criminalité et la prostitution.
Afin de sauver
« sa » société et « ses » intérêts, la bourgeoisie du XIXe
siècle imagina de solutionner le problème en éduquant les enfants des masses
populaires, considérant que «L’éducation est la meilleure branche de la police
sociale[7]».
Il fallait donc
éduquer les enfants des classes populaires pour les socialiser, pour former des
ouvriers compétents et dociles. L’objectif était donc loin de vouloir en faire
des citoyens réflexifs. Dans cette école, on n’apprenait que la morale et la
religion, le calcul (dont le système des poids et mesures), la lecture et
l’écriture. «Lire, écrire, compter, voilà ce qu’il faut apprendre», déclarait
Adolphe Thiers, «quant au reste, cela est superflu. Il faut bien se garder
surtout d’aborder à l’école les doctrines sociales, qui doivent être imposées
aux masses[8].
» 
A la fin du XIXe
siècle, la montée du socialisme donna des sueurs froides à une bourgeoisie qui
craignit pour ses privilèges. La classe ouvrière était nombreuse et
s’organisait de mieux en mieux. Depuis septembre 1864, il existe une
Internationale ouvrière et la période insurrectionnelle qu’a constituée la
« Commune de Paris [9]»
a constitué un coup de tonnerre, démontrant ainsi la capacité des masses
populaires à se révolter et à porter des revendications démocratiques[10].
Jules Ferry fonda alors l’école républicaine pour « maintenir une certaine
morale d’État, certaines doctrines d’État qui importent à sa conservation »[11].
L’école devait donc enseigner « l’instruction civique » et l’amour de
la patrie. L’histoire et la géographie entraient au programme des études.
L’école devenait ainsi un appareil idéologique d’Etat[12].
Après la guerre
14-18, l’industrialisation croissante réclama des travailleurs qualifiés. Il
s’agissait que ceux-ci sachent utiliser des machines plus complexes et des
instruments de mesure précis, qu’ils sachent lire des plans et appliquer des
modes d’emploi compliqués. L’école intégra alors les formations
professionnalisantes (techniques et professionnelles) et pratiqua la sélection des
élèves sur base méritocratique (ou plus généralement sur base des origines
sociales) : les enfants des familles bourgeoises étaient dirigés vers une
section « moderne » qui les préparait à devenir des dirigeants ou des
fonctionnaires, quant aux autres, ils étaient orientés vers les formations de
travailleurs qualifiés.  
Après la seconde
guerre mondiale, le succès économique des 30 glorieuses imposa à l’école
d’élever la formation des travailleurs. L’enseignement général, jusque-là
réservé aux enfants de l’ « élite »  ouvrit ses portes aux filles et aux fils du
peuple. On parla de « démocratisation de l’enseignement ». Malgré le
discours qui se voulait progressiste, la sélection ne cessa jamais. Elle ne se
fit plus en primaire, mais durant le cursus de l’enseignement secondaire. C’est
toujours l’école libérale, l’école bourgeoise d’aujourd’hui qui protège les
intérêts des familles nanties et forme (mais pas trop) les enfants des classes
populaires afin de maintenir l’esclavage moderne au profit des premiers.. 
Quelles missions
pour l’école du XXIe siècle ?
Contrairement à
ce qu’entonnent les chantres de l’école néolibérale, l’Ecole obligatoire n’a
plus pour vocation de former à un métier. Elle ne peut pas être utilitariste,
former les nouveaux esclaves du XXIe siècle provenant des milieux défavorisés
pour continuer à servir les nouveaux maîtres nés, quant à eux, dans les draps
de soie des quartiers bourgeois. En cela les enseignements techniques
professionnalisants sont une hérésie. L’Ecole est là pour former des citoyens
et leur apprendre à savoir créer les outils de la citoyenneté dont ils auront
besoin une fois adultes. Elle a aussi pour mission de former les jeunes à
« apprendre à apprendre ». A 18 ans, une fois le Certificat
d’Enseignement Secondaire Supérieur acquis, les étudiantes et les étudiants de
secondaire devront avoir acquis des savoirs qui leur permettront de poursuivre
les études de leur choix. 
L’Ecole doit
viser à faire acquérir à chaque élève, l’acquisition transversale d’une
citoyenneté critique, responsable, active et solidaire[13].
Une vision de l’Ecole adéquationniste n’a plus sa place au XXIe siècle, n’en
déplaise aux conservateurs de droite. Les missions fondamentales de l’Ecole doivent
aujourd‘hui être  profondément
progressistes[14] !
Dès lors,
l’école se trouve devant une contradiction : on lui demande de faire
réussir tous les élèves et d’un autre côté, d’empêcher une grande partie de
ceux-ci de faire des études supérieures. Si tout le monde allait à
l’université, cela poserait de sacrés problèmes. Qui ramasserait les poubelles[15] ?
L’Ecole fait croire qu’elle est un système égalitaire, alors qu’elle doit
veiller à ce qu’il reste un pourcentage important de pauvres dans la société,
pour assurer aux enfants de riches de pouvoir, plus tard, continuer à bénéficier
d’une main d’œuvre à très bon compte. Tout enseignant doté d’Humanité a le
devoir de faire basculer cette fatalité. 
Si nous voulons
que le système scolaire devienne égalitaire, cela ne peut se faire sans que
nous ne voulions aussi que la société, elle-même, devienne égalitaire. Pour la
rendre égalitaire, le plus simple est de commencer par l’Ecole, ou du moins par
les écoles citoyennes, celles qui refusent l’injustice et les inégalités. Et il
y en a. Elles sont, pour la plupart, à pédagogie active. La mission que se sont
assignées ces écoles, c’est de « faire
mentir toutes les formes de fatalités ; c’est de faire mentir toutes les
formes de reproduction ; c’est de faire mentir toutes les formes de
déterminismes. C’est de postuler que tout le monde, même celui qui a été
identifié comme le plus handicapé ou le plus en difficulté peut s’en sortir,
peut apprendre, peut grandir.[16] »
Aucune
enseignante, aucun enseignant n’est astreint à devoir respecter cette règle qui
consiste à sélectionner les plus fragiles pour en faire les futurs esclaves des
autres. Nombre d’entre eux s’y refusent et parient sur l’éducabilité de tous
leurs élèves. Dès lors, chacune de ces enseignantes, chacun de ces enseignants s’engage
moralement à faire réussir[17]
tous les élèves qui lui sont confiés. 
Le rôle de l’école et donc la mission de ces enseignants est de rendre
accessible à chacun le bagage de connaissances et de compétences nécessaires
pour appréhender le monde et pour participer activement à sa transformation
vers plus de justice. Il faut apprendre aux élèves à construire
des outils. Les outils qui leur permettront de rendre notre société plus juste,
plus équitable pour les plus fragiles ; une société inclusive dans
laquelle chacune et chacun aura sa place. 
Cela commence, forcément, par une adhésion totale et inconditionnelle au « Postulat d’éducabilité ». 
Le concept de l’éducabilité
cognitive
L’idée qu’on n’a
jamais fini de faire des apprentissages et que tout être humain, quel que
soient ses capacités intellectuelles, peut augmenter sa capacité d’actions sur
son environnement a vu le jour après la Révolution française (Jean Itard  1774-1838 et Victor, l’enfant sauvage de
l’Aveyron[18]).
Chaque être humain est éducable et peut apprendre et renforcer ses
connaissances tout au long de son existence. Seulement, on ne forme pas un être
humain comme on fabrique un objet. Les apprentissages cognitifs, affectifs,
sociaux et comportementaux ne fonctionnent pas de manière séparées, mais sont
interdépendants. Rousseau  employait le
terme de « perfectibilité », « il y a une autre qualité spécifique qui les (l’homme
et l’animal) distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation,
c’est la faculté de se perfectionner. »
Piaget[19],
dans sa théorie du constructivisme, a démontré que le jeune enfant vient au
monde avec quelques outils intellectuels rudimentaires qu’il va enrichir en
s’adaptant au monde et en essayant de le comprendre. Il va devoir reconstruire
les lentes conquêtes intellectuelles de l’Humanité. C’est grâce à l’aide de ses
parents mais également de ses enseignants et de ses pairs qu’il va réinventer
le concept de nombre, explorer le langage pour découvrir que celui-ci est
composé de mots distincts, redécouvrir les notions de surface, de volume et
ainsi de suite. Grâce à Jean Piaget, on est aujourd’hui convaincu que tout
s’apprend ou mieux, que tout se construit.
Le postulat
d’éducabilité, c’est quoi ?
Il s’agit d’un
néologisme utilisé en pédagogie au XXème siècle. Les éducateurs adeptes de
l’éducabilité cognitive sont attachés aux capacités qu’ont chaque être humain
d’apprendre à apprendre, bref ce qu’on appelle la métacognition. 
La «
métacognition » est malheureusement trop peu connu dans le monde de
l’éducation. Ce terme veut dire la « cognition[20]
sur la cognition ». Autrement dit, la métacognition consiste à avoir une
activité mentale sur ses propres processus mentaux, c’est-à-dire « penser sur
ses propres pensées ». En somme, la métacognition permet à l’élève de réfléchir
sur la manière dont il apprend, sur le cheminement parcouru afin de découvrir
ses erreurs et de les surmonter. Il s’agit donc pour lui de pouvoir prendre du
recul sur ses processus d’apprentissage et de se poser les bonnes questions
afin de progresser.  
Emettre un
postulat, c’est émettre une proposition qui ne peut être démontrée, mais qui
est nécessaire pour établir une démonstration. Autrement dit, l’enseignant qui
postule sur l’éducabilité de tous ses élèves est foncièrement convaincu que
toutes et tous peuvent apprendre tous les savoirs qu’il doit leur transmettre.
De manière différente, sans doute, mais suffisante pour que ces apprentissages
leur servent de base à l’acquisition d’autres matières ou savoir-faire, par la
suite. Il ne peut pas le démontrer (et cela lui importe peu) car sa volonté est
d’amener tous ses élèves à une acquisition de qualité de tous ces savoirs.  
L’éducabilité
constitue LE postulat de base de l’éducation : « Il s’agit là d’une postulation
fondatrice de la possibilité même d’éduquer, et cela simplement d’abord du
point de vue logique. Sans cette postulation, l’entreprise serait totalement
dérisoire, complètement vaine et, plus radicalement, impossible[21]. »
L’éducabilité
est un pari, celui de renverser les vieilles croyances élitistes dans la
fatalité sociale ou génétique. Un postulat n’est pas nécessairement la vérité.
Croire que tout le monde peut apprendre, en fait, personne ne sait si c’est
scientifiquement vrai. Mais personne non plus ne sait si c’est scientifiquement
faux. Ce que personne n’a le droit de le postuler. 
Nous avons, au
contraire le devoir de postuler que tous les enfants – et tous les adultes –
peuvent apprendre les savoirs que nous enseignons, et que nous devons tout
mettre en place pour que ce soit vrai. « On doit faire comme si, en
faisant le pari qu’ils peuvent quand même y arriver. Pourquoi ? Parce qu’on ne
sait jamais à quoi attribuer un échec et avoir la certitude que cet échec est
imputable exclusivement au déficit d’une personne et non pas aux conditions
éducatives de l’accompagnement qui lui a été proposé[22] ».
Parier que tous
les élèves sont capables d’apprendre est simplement une posture juste. Il est
donc nécessaire d’y croire et d’y croire fermement. C’est à ce pari que l’on
reconnaît l’enseignant doté d’humanité. Il est d’ailleurs impossible
d’enseigner si l’on n’est pas persuadé de son bien-fondé. Au mieux sera-t-on un
petit donneur de leçons ; au pire un salaud qui prend plaisir à briser un élève
et à casser son avenir. 
L’idée que tous
les élèves sont capables d’apprendre est une idée juste qui fait progresser la
société et les pratiques pédagogiques mises en place dans les écoles. Nous
devons avoir confiance dans les capacités cognitives de tous nos élèves.
Educabilité et
principe de non-réciprocité
L’éducation est
tout le contraire du dressage. Nous ne sommes pas là pour former des êtres
humains mais pour leur donner les outils qui leur permettront de se former
eux-mêmes. A partir du moment où nous sommes conscients que tous les élèves
peuvent apprendre, notre mission est de les accompagner sans vouloir les
formater et en les laissant progressivement construire leur individualité. 
Nous ne pouvons
pas apprendre à leur place. Nous devons, au contraire créer des situations, des
dispositifs  qui vont leur permettre de
s’engager pleinement dans leurs apprentissages. Nous devons leur apprendre à
faire et, surtout, nous ne devons rien faire que l’autre ne puisse faire.  
Nous devons tout
faire pour que tous nos élèves réussissent, sans exception. Les dispositifs que
nous mettons en place veillent précisément à ce qu’ils soient acteurs de leurs
apprentissages : pédagogie active[23]
dans l’école ou dans la classe, tutorat, dispositifs spécifiques pour les
élèves ayant des troubles spécifiques des apprentissages, droit à l’erreur,
aménagements raisonnables mis à la disposition de tous, conseil de coopération,
évaluations exclusivement formatives, …
Ce que nous
mettons en place ne demande pas de remerciements. Nous faisons simplement notre
travail, rien de plus. Mais aussi et surtout rien de moins. Tout est
co-construit avec les élèves qui doivent en être partie prenante. Mais si nous
mettons en place un espace favorable d’apprentissages, espace exigeant car nous
voulons qu’ils acquièrent les savoirs au mieux de leurs possibilités, rien ne
nous garantit que nous y arriverons. 
Comme nous le
rappelle Philippe Meirieu, nous devons « Admettre que le principe d’éducabilité soit constamment mis en échec
sans, pour autant, y renoncer. Assumer la négativité de l’éducabilité, sans,
pour autant, basculer dans le dépit et la suffisance, sans sombrer dans le
fatalisme. Le principe d’éducabilité et son corollaire, le principe de
non-réciprocité, sont donc au coeur de la dynamique pédagogique, ils en
constitue, en quelque sorte, le pari fondateur… Choix éthique et politique à
la fois, ils sont, en réalité, la véritable « pierre de touche » de
bien des débats qui auraient intérêt, pour la clarté de la discussion actuelle,
à faire ressortir systématiquement cette dimension des choses. [24]»
L’éducabilité,
si elle est postulée de façon universelle et inconditionnelle, ne présuppose ni
n’attend de résultat ni de progrès obligatoire ; elle repose au contraire, pour
pouvoir s’exercer, sur un renoncement vis-à-vis de l’attente personnelle démesurée
de la réussite de l’autre, donc sur un certain décentrement de l’éducateur par
rapport à son ego[25].
Le concept
d’éducabilité et la recherche
De nombreux
auteurs ont fait avancer nos connaissances pédagogiques depuis le début des
années 1960[26]. Loin
être exhaustifs, en voici quelques-uns qui ont marqué les recherches en
sciences de l’éducation, en lien avec le concept d’éducabilité. 
Jean Piaget et le
constructivisme
Le
constructivisme est une théorie de l’apprentissage fondée sur l’idée que la
connaissance est élaborée par l’apprenant sur la base d’une activité mentale.
Cette théorie repose sur l’hypothèse selon laquelle, en réfléchissant sur nos
expériences, nous nous construisons et construisons notre propre vision du
monde dans lequel nous vivons.
Jean Piaget a
décrit le développement de l’intelligence chez les enfants comme un succession
de « stades »  (allant des
actions pratiques aux représentations abstraites). Il y a quatre
« stades » et chacun doit être acquis pour pouvoir accéder au
suivant. Les quatre stades du développement cognitif, 
que tous les
individus accomplissent dans le même ordre sont : stade sensorimoteur (de la
naissance à 2 ans), stade préopératoire (2 à 7 ans), stade des opérations
concrètes (7 à 11 ans) et stade des opérations formelles (11 à 14 ans). 
Selon Piaget,
l’intelligence se construit ! Les connaissances des enfants ne sont pas
une simple copie de la réalité externe ; au contraire, les enfants construisent
eux-mêmes leurs connaissances en agissant sur des objets physiques, sociaux et
conceptuels[27].
Selon le
constructivisme, les connaissances acquises par un enfant ne sont pas une
simple « copie » de la réalité. Au contraire, ces connaissances ont demandé à
l’enfant de reconstruire celles-ci afin de les appréhender. Les enfants doivent
reconstruire les idées, les concepts ou encore les théories qui paraissent
évidentes aux adultes. Piaget nous a aidé à nous convaincre que tout s’apprend
ou mieux, que tout se construit.
Tous les élèves
sont-ils fait pour les études ?
Caroll et Bloom[28]
ont prouvé qu’il était faux de penser que certains individus sont faits pour
les études et d’autres pas. Ils ont démontré que ce qui différenciait
principalement les enfants étaient, non leurs compétences intellectuelles, mais
leur vitesse d’apprentissage. Certains acquièrent des compétences en peu de
temps, alors que d’autres ont besoin de plus de temps pour arriver au même
résultat. En résumé, la qualité de l’apprentissage n’a aucun rapport avec le
temps mis pour y arriver. Pourtant, nous continuons de demander à tous nos
élèves d’acquérir la même compétence au même moment. 
On peut donc
affirmer aujourd’hui que TOUS nos élèves, sans exception aucune – sauf s’ils
sont atteints d’un grave handicap intellectuel, sont doués pour l’étude. Nous
avons donc le devoir de leur donner leur chance, en leur permettant d’acquérir
les compétences à leur rythme propre, sans en laisser en chemin et encore moins
en les orientant précocement vers des filières dites « de relégation ».
Pour démontrer
que tous les élèves étaient capables de réussir, les pédagogues collaborant
avec Bloom ont mené une expérience intéressante. Ils ont constitué 3 groupes
d’étudiants hétérogènes équivalents qui reproduisaient chacun la trop célèbre
courbe de GAUSS, fort prisée dans certaines écoles élitistes, composés à savoir
d’un petit nombre d’élèves « forts », d’une grosse majorité d’élèves dits «
moyens » et de quelques élèves prétendument « faibles ». 
Le premier
groupe a reçu un apprentissage « classique » tel celui que l’on connaît dans la
majorité de nos classes. Le second groupe a également reçu un apprentissage
collectif mais, à la différence du premier groupe, les matières à assimiler
étaient divisées en unités d’apprentissage et, à la fin de chaque unité, les
élèves étaient soumis à un test formatif qui permettait à ceux qui n’avaient
pas compris de bénéficier d’une remédiation immédiate. C’est ce que l’on
appelle la Pédagogie de Maîtrise.
Enfin, les
élèves du troisième groupe ont chacun bénéficié d’un précepteur choisi pour ses
compétences et capable d’ajuster directement sa façon d’enseigner en fonction
de la compréhension de l’élève. Les trois groupes ont ensuite été soumis au
même test final, destiné à évaluer leurs apprentissages respectifs. 
On a pu constater
dans le premier groupe que les élèves ont progressé de manières différentes et
les résultats reproduisaient la courbe de gaussienne initiale. Exactement comme
dans la majorité de nos classes, avec un lot d’échecs inévitables dans ce type
d’enseignement particulièrement inéquitable.
Dans le second
groupe, la courbe épousait la forme d’un J. La majorité des enfants était
proche du maximum. Le troisième groupe obtenait, évidemment, les meilleurs
résultats. Ceux-ci épousaient la forme d’un J au point que les prétendus « plus
faibles » obtenaient des résultats équivalents à ceux des « plus forts » du
premier groupe. Il serait, évidemment, utopique de rêver généraliser ce système
à notre enseignement. Non seulement il serait hors de prix mais nous ne pourrions
– malheureusement – trouver suffisamment de précepteurs de qualité pour
entourer tous nos élèves. L’intérêt de ce troisième groupe réside ailleurs : il
a permis de démontrer scientifiquement l’éducabilité de TOUS les élèves, même
de ceux qui étaient considérés comme les plus « limités ». Un élève « faible »
– nous dirons « plus lent » – qui bénéficie de conditions d’enseignement
optimales peut arriver au même niveau que les élèves les plus rapides, placés
dans des conditions normales d’enseignement.
Enfin, la
Pédagogie de Maîtrise a démontré ici toute son efficacité. Appliquée au sein de
nos classes, de la première maternelle à la rhétorique (et pourquoi pas au
supérieur et à l’université ? – les processus d’apprentissage étant les mêmes),
elle bénéficierait à tous, principalement à ceux qui ont besoin de plus de
temps qui progresseraient beaucoup, mais également et c’est important, aux plus
rapides dont les résultats étaient supérieurs à ceux des « plus rapides » du
premier groupe.
Lev Vygotski[29] et la
zone proximale de développement
Lev Vygotsky
s’est intéressé à la manière dont l’enfant apprend. Il s’opposait à deux courants
théoriques de son époque. D’une part le béhaviorisme[30],
alors que selon lui, tout apprentissage implique «un véritable et complexe acte
de la pensée». Et d’autre part, la conception de Jean Piaget pour qui on ne
peut enseigner quelque chose à un enfant que s’il a atteint le stade requis
pour cet apprentissage. Or, Vygotski a constaté que de nombreux élèves
acquièrent très bien les disciplines scolaires, tant en mathématique, qu’en
lecture et écriture ou en sciences naturelles, alors qu’ils n’ont pas encore le
stade défini par Piaget. Si Piaget considère que le développement doit toujours
précéder l’apprentissage, Vygotski affirme de son côté que
« l’apprentissage devance toujours le développement. » 
Vygotsky va
alors émettre la théorie de la « zone proximale[31]
de développement ». Admettons, écrit-il, que nous ayons déterminé chez
deux enfants un âge mental équivalant à huit ans. Avec l’aide d’un adulte, l’un
résout des problèmes correspondant à l’âge de 12 ans, tandis que l’autre ne
peut résoudre que des problèmes correspondant à l’âge de 9 ans. C’est
précisément cette différence qui définit la zone prochaine de développement. Elle
est de 4 pour le premier enfant et de 1 pour le second. Ainsi, la zone
prochaine de développement d’un élève est pour Vygotski « l’élément le plus
déterminant pour l’apprentissage et le développement ». Car « ce que l’enfant
sait faire aujourd’hui en collaboration, il saura le faire tout seul demain »[32].
En somme, la
zone proximale de développement se situe entre la zone d’autonomie (je peux le
faire seul) et la zone de rupture (je suis incapable de le faire sans aide). La
zone proximale de développement est définie comme la zone où l’élève, avec
l’aide de ressources extérieures, est capable d’exécuter une tâche. L’élève
considère le défi comme réaliste et la tâche à réaliser devient mobilisatrice. 
L’enseignant
doit donc veiller à proposer des situations d’apprentissage qui évitent soit de
se retrouver en zone de rupture (trop difficile), soir en zone d’autonomie
(trop facile). Il lui faudra différencier les contenus, les structures et
proposer des situations d’apprentissage diversifiées visant la zone proximale
de développement de chaque élève. 
Respecter la
zone proximale de développement des élèves est donc fondamental pour permettre
à chacun de progresser et donc, d’être capable d’apprendre. Cela nécessite,
évidemment, de pratiquer une pédagogie différenciée, et de mettre en place des
pratiques pédagogiques telles que, par exemple, celles décrites plus haut dans
le texte. 
Conclusion
Le chemin vers
l’école inclusive implique avant tout de croire en les capacités de tous ses
élèves. Il n’en est aucun qui ne soit capable d’apprendre et ce, même les plus
fragiles (enfants de milieux défavorisés, enfants malades, enfants avec un
‘dys’ ou encore enfants ayant une déficience intellectuelle).
C’est donc bien à
nous, enseignants, à tout mettre en œuvre pour leur permettre d’apprendre et
d’apprendre avec les autres. Pas nécessairement au même rythme, mais bien avec
la même qualité d’apprentissage. Bloom l’a démontré, ce qui différencie les
élèves, ce n’est pas leurs capacités d’apprendre, mais leur vitesse
d’apprentissage. 
Piaget éclaire le
chemin de l’éducabilité : Les enfants doivent reconstruire les idées, les
concepts ou encore les théories qui paraissent évidentes aux adultes. Piaget
nous a aidé à nous convaincre que tout s’apprend ou mieux, que tout se
construit. Bloom, a démontré à son tour, grâce à la pédagogie de maîtrise, que
ce qui différenciait principalement les enfants étaient, non leurs compétences
intellectuelles, mais leur vitesse d’apprentissage. Tous peuvent donc bien
apprendre et apprendre les mêmes choses, mais à des vitesses différentes. 
Enfin, Vygotski
nous montre le chemin pour y arriver. C’est en respectant la « zone
proximale de développement » de chaque enfant, qu’un enseignant adhérant
au postulat d’éducabilité, parviendra à les faire acquérir les savoirs qu’il
doit leur transmettre. 
C’est aussi parce
que nous postulons que tous les enfants peuvent apprendre, que nous pourrons
accueillir tous les élèves, même ceux que la vie a privé d’une partie de leurs
capacités intellectuelles. Car une école n’est inclusive que si elle accueille tout
le monde et que tout le monde apprend ensemble, au-delà de ses
différences.    
[1] Communauté française de Belgique est l’appellation constitutionnelle
de la « Fédération Wallonie-Bruxelles » qui regroupe les francophones
vivant à Bruxelles et en Wallonie.
[2] Ceci concerne les élèves ‘ordinaires’, c’est-à-dire n’ayant aucune
déficience intellectuelle. Pour ces derniers, le Postulat d’éducabilité reste
de mise : ils sont tous capables d’apprendre, mais sans doute pas autant
que les autres. Pour ces enfants, les objectifs seront modifiés et adaptés à
leurs compétences au travers d’un Plan Individuel d’Apprentissage et le but ne
sera plus nécessairement d’arriver à une certification. L’importance sera mise
sur l’apprendre ensemble (enfants ‘ordinaires’ ET enfants ‘avec
une déficience intellectuelle’).
[3] https://soirmag.lesoir.be/244435/article/2019-08-28/le-prince-gabriel-change-decole
[4] = dotés d’humanité.
[5] Régime
politique de l’histoire de France qui prévalait durant les deux siècles
antérieurs à la Révolution française
[6]  Nico Hirtt. L’Ecole et le
Capital: deux cents ans de bouleversements et de contradictions. L’école démocratique,
Aped, 2013.
[7] Wade, John. History of the Middle and Working Classes. Wilson, 1835
[8] Terral, Hervé. Les Savoirs Du Maître. Editions L’Harmattan, 1998, cité
par Hirtt, ibid.
[9] Du 18 mars 1871 au 28 mai 1871
[10] En 1864, des ouvriers publient le manifeste des Soixante, qui réclame la liberté du travail, l’accès au crédit et la solidarité. La loi sur la liberté de la presse de 1868 a permis l’émergence publique de revendications économiques anticapitalistes (« nationalisation » des banques, des assurances, des mines, des chemins de fer…). Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Commune_de_Paris_(1871)
[11] Cité par Edwy Pénel dans Le Monde du 14 septembre 1980, lui-même cité
par Hirtt, Les trois axes de la marchandisation scolaire, 2001
[12] Un appareil idéologique d’État apparait comme une superstructure, une formation que l’on pourrait qualifier de « psycho-sociale » du fait qu’elle a pour but d’inculquer des « façons de voir », d’évaluer les choses, évènements et relations des classes sociales entre elles (institution scolaire, religion, famille, syndicats, sport, mass media, etc.). Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Appareil_id%C3%A9ologique_d%27%C3%89tat
[13] Philippe Meirieu, https://www.youtube.com/watch?v=ugocCSf74r4
[14] Le progressisme est une tendance politique favorable aux réformes
sociales et économiques, en opposition au conservatisme. En tant que
philosophie, le progressisme se fonde sur le progrès social et l’idée que les
avancées en matière de science, technologie, développement économique et
l’organisation sociale sont vitaux à l’amélioration de la condition humaine
(Wikipedia).
[15] La solution est
simple : il suffit de supprimer les poubelles en créant une société zéro
déchets. Des mouvements citoyens s’y emploient déjà. Mais il resterait le
problème de tous ces boulots de « pauvres » : facteur, ouvrier,
agent de quartier, chauffeur, machiniste, … I 
[16] Meirieu Philippe 2104, https://www.youtube.com/watch?v=ugocCSf74r4
[17] Quand je parle de
« faire réussir », je ne parle pas de « donner des
points », mais de transmettre tous les savoirs, toutes les connaissances
de « base » à tou.te.s les élèves. Et cette « base » doit
être la plus élevée possible. Nous devons avoir des exigences élevées pour tout
ce que nous transmettons aux élèves. Notons que pour les enfants ayant une
déficience intellectuelle et qui seraient présents dans nos classes (où c’est
pleinement leur place), les connaissances de bases seront les plus élevées
possible, mais en fonction de leurs capacités d’apprentissage. Pour ces
élèves-là, la certification n’est pas toujours une priorité. Mais, si nous y
arrivons, alors tant mieux. 
[18] Victor était un enfant trouvé dans les bois près de Rodez (France). Il
était nu, vivait comme un animal en mangeant des baies sauvages. Itard a décidé
de l’éduquer, alors que tout le monde pensait que Victor était débile de
nature. Itard va postuler que ce n’est pas le cas et va passer plusieurs années
de sa vie à tenter d’éduquer Victor. Victor ne parlera jamais mais va
progresser considérablement, se socialiser et même entrer en communication avec
les autres alors que cela lui était radicalement impossible. Jean Itar a
démontré qu’un enfant considéré comme débile, sans éducation, peut apprendre,
progresser et se socialiser. Pour comprendre cette belle aventure, on peut
aussi voir ou revoir le film de François Truffaut « L’enfant
sauvage ».
[19] Jean William Fritz Piaget, 1896-1980 à Genève, biologiste, psychologue,
logicien et épistémologue suisse connu pour ses travaux en psychologie du
développement et en épistémologie.
[20] Cognition : Ensemble des structures et activités psychologiques
dont la fonction est la connaissance, par opposition aux domaines de
l’affectivité. Larousse 2019
[21] Philippe MEIRIEU., Le choix d’éduquer : éthique et pédagogie. Paris :
E.S.F., 1991, p. 25.
[22] Philippe Meirieu, 2008, Le pari de l’éducabilité
[23] Le terme « pédagogie active » est un pléonasme. La pédagogie
inactive n’existe pas. Cependant, le terme « pédagogie » est galvaudé
dans les écoles méritocratiques qui prétendant en faire, alors qu’elles sont
essentiellement dans le frontal et donc la mise en compétition qui, plutôt que
de faire apprendre les élèves ensemble, les met en concurrence. Voilà pourquoi,
on en est à devoir toujours préciser « pédagogie…. active », chaque
fois que l’on parle, simplement, de pédagogie. 
[24] https://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/educabilite.htm
[25] Tommy Terraz et Amandine Denimal, « Construire la relation éducative :
postulat d’éducabilité, bienveillance et altruisme », Questions Vives [En
ligne], N° 29 | 2018, http://journals.openedition.org/questionsvives/3409
[26] Crahay Marcel 1997
« Une école de qualité pour tous », Bruxelles, Labor.
[27] De Ribaupierre, A. et L. Rieben (1996), « Piaget’s Theory of Human
Development », E. De Corte et F.E. Weinert (éd.), International Encyclopaedia
of Developmental and Instructional Psychology, Elsevier Science, Oxford, RU,
pp. 97-101.
[28] Marcel Crahay, 1997, Une école de qualité pour tous, Bruxelles, Labor.
[29] Lev Vygotski (1896-1934) est un pédagogue psychologue biélorusse puis
soviétique, connu pour ses recherches en psychologie du développement et sa
théorie historico-culturelle du psychisme.
[30] Le béhaviorisme, behaviorisme ou comportementalisme est un paradigme
de la psychologie scientifique selon lequel le comportement observable est
essentiellement conditionné par des réflexes conditionnés.
[31] Ou « zone de proche développement »
[32] Jacques Lecomte, 1998, Lev Vygotski (1896-1934). Pensée et langage,
Sciences Humaines Mars 1998
[1] https://www.meirieu.com/DICTIONNAIRE/educabilite.htm