Le pourcentage de personnes âgées de 18 à 24 ans qui n’ont pas de diplôme du secondaire supérieur et qui ne suivent plus aucune forme d’enseignement ou formation. Ils sont 14,8% à Bruxelles, 6,8% en Région flamande, 10,3% en Région wallonne. Ils sont en moyenne 8,8% au niveau belge [1].

Un adolescent sur dix est en décrochage scolaire en Belgique dont 14,4% à Bruxelles. Cette problématique retient de plus en plus l’attention des pouvoirs publics. A cet effet, l’axe 4 du Pacte pour un enseignement d’excellence prévoit de lutter activement contre « l’échec scolaire, le décrochage et le redoublement »  en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les exclus du système scolaire ont de plus grandes chances de devenir des exclus de la société. Lutter contre le phénomène devient donc urgent et nécessaire tant ses conséquences sont négatives pour l’individu et la société : les charges sociales, la délinquance, les difficultés d’insertion socio-professionnelle, les problèmes de santé, la faible estime de soi, la dépression et autre maux qu’il entraine provoquent des coûts sociaux et économiques importants.

Les exclus du système scolaire ont de plus grandes chances de devenir des exclus de la société. Lutter contre le phénomène devient donc urgent et nécessaire tant ses conséquences sont négatives pour l’individu et la société : les charges sociales, la délinquance, les difficultés d’insertion socio-professionnelle, les problèmes de santé, la faible estime de soi, la dépression et autre maux qu’il entraine provoquent des coûts sociaux et économiques importants.

Mais avant tout, le décrochage scolaire touche profondément et avant tout l’individu. L’enfant, l’ado victime tend à s’intérioriser et vit un profond sentiment de mal-être, de détresse qu’il va subir tant qu’il n’en sort pas.

Mais d’abord, qu’est-ce que le décrochage scolaire ?

Certains parlent de décrochage pour parler d’élèves qui ne s’investissent plus dans leur travail scolaire. Mais la définition la plus communément admise du décrochage scolaire est celle qui désigne des enfants, des ados, des jeunes en âge d’obligation scolaire, qui ont abandonné l’école et qui ne suivent aucun autre type d’enseignement ou de formation. On estime qu’un élève est considéré en décrochage quand il dépasse les 20 demi-jours d’absence non justifiés. Le taux de sorties prématurées des 3èmes, 4èmes et 5èmes années secondaires est de 6,3 % en 2016-2017 en Région de Bruxelles-Capitale[1]. Il constitue le taux le plus élevé en Fédération Wallonie-Bruxelles.

Quel est leur profil?

Il existe une multitude de profils différents. D’abord, les garçons sont plus touchés que les filles, les jeunes d’origine sociale précarisée ainsi que les jeunes d’origine étrangère dont la probabilité de décrochage et d’abandon scolaire est cinq fois plus élevée.

De nombreux facteurs comme la relation avec les professeurs, les autres élèves, la pédagogie, la situation familiale ont tendance à provoquer un fort impact sur l’ado et sa scolarité.

Justement quelles en sont les causes?

 C’est d’abord notre système scolaire qui en est la cause. Un système particulièrement et profondément injuste qui se caractérise par la séparation des élèves en fonction de leur profil socio-économique et/ou socio-cognitif, par son système d’évaluation, ses redoublements, la relégation vers l’enseignement qualifiant ou l’orientation vers l’enseignement spécialisé. Il contribue grandement à accroître à moyen et à long terme les risques de décrochage scolaire.

 À 16 ans, 7 % des élèves qui appartiennent à l’indice socio-économique le plus faible sont orientés vers le spécialisé contre seulement 2 % des élèves de 16 ans faisant partie de la population plus favorisée.

On constate pourtant que certains enfants scolarisés dans le spécialisé ne souffrent d’aucun trouble d’apprentissage ou d’un handicap avéré ; le seul «handicap» de ces enfants est leur milieu social. Ils se retrouvent alors orientés vers le spécialisé et quasi-définitivement condamné comme élève à y rester parce qu’on estime chez eux une certaine forme de « démission ». Par conséquent, les enseignements spécialisés de type 8 et 1 deviennent les instruments de relégation pour les jeunes en obligation scolaire.

Cette problématique de décrochage relève d’une série d’autres facteurs déterminants et multiples tel que le degré d’implication des parents dans la scolarité de leurs enfants, leur rapport au savoir, leur relation avec l’école et les enseignants, leur niveau d’études, de connaissances de la langue parlée à l’école, de moyens de subsistance ainsi que leur propre intégration socioprofessionnelle.

Les causes peuvent aussi et tout simplement être dues à un retard trop important dans une ou des matières, à un manque de confiance en soi, à des problèmes relationnels, d’apprentissage, à un encadrement insuffisant. L’ado a un besoin énorme d’appartenance à un groupe, besoin d’être reconnu par ses pairs pour se sentir exister et confirmé dans son statut. S’il est laissé de côté, il perd à ses propres yeux toute légitimité et estime de soi.

Quelles sont les conséquences ?

D’abord, le décrochage sur l’ado se manifeste par l’ennui, un comportement contestataire et rebelle, par une intériorisation et une passivité totale pour les cours, par l’absentéisme, de l’irritabilité, des phobies, par un état dépressif, …

L’ado qui ne se préoccupe plus de l’école, perturbe bien souvent le bon déroulement de la classe parce qu’il est lui-même perturbé et subit généralement un état de mal-être profond. Ayant décroché, il change fréquemment d’options, voire d’école.10,2 % des élèves ayant changé d’établissement scolaire dans le 1er degré en secondaire redoublent, contre 6,2 % qui sont restés dans le même établissement[1]. Les enseignants et la direction proposent alors rapidement des filières moins valorisées. Il est reconnu que l’enseignement à horaire réduit est une sorte de filet de repêchage pour l’ado suivant un enseignement à temps plein et ne possédant pas de diplôme ou d’attestation. Dans ce système, on retrouve hélas beaucoup d’ados à problèmes.

Il existe de nombreuses autres conséquences du décrochage scolaire, tel que l’alcoolémie, la toxicomanie, la délinquance et bien d’autres situations tout aussi graves. Fréquemment, l’ado en décrochage entretient un lien familial faible. De ce fait, il se réfugie alors auprès d’amis ayant le même vécu. Et s’il ne rencontre personne avec le même parcours que lui, il tombe en dépression et s’isole.

Une dernière conséquence à évoquer et qui est de taille, c’est sa vulnérabilité sur le marché de l’emploi. Un ado ayant connu un décrochage précoce dans l’enseignement se voit contraint de trouver un emploi. S’il en trouve, c’est généralement un travail précaire dans lequel il stagnera toute sa vie au même niveau de qualification parce que son employeur investira peu dans sa formation, et sa situation restera bien souvent incertaine.

Que faire et ne pas faire en tant que parent face à un ado en décrochage scolaire ?

Une chose à éviter et qui est pourtant assez courante, c’est de comparer l’ado en décrochage avec ses frères et sœurs. Cette comparaison ne l’aidera pas à se motiver. Bien au contraire, il en sera encore plus frustré.

Lui supprimer des loisirs utiles tels que le sport ou des activités artistiques par exemple n’est pas la solution. Bien au contraire, ce sera une source supplémentaire de frustration et de déception pour lui. A défaut de trouver la motivation pour l’école, il trouve au moins une source de motivation dans d’autres activités qu’il aime! En revanche, on pourra supprimer les écrans tels que les jeux vidéo qui ne sont pas utiles pour son développement.

Ne faut-il pas mieux privilégier une enquête approfondie pour comprendre les causes réelles du décrochage que mettre tout sur le compte de la paresse ? Peut-être vit-il mal une déception sentimentale, réagit-il à un conflit dans le couple et il est inquiet à l’idée que ses parents vont se séparer ; peut-être que quelque chose se passe à l’école, que quelqu’un l’importune, qu’il est en conflit avec un professeur et qu’il est même en train de traverser une phase de dépression ?

Dans une telle situation, adopter en tant que parent une attitude d’écoute et de dialogue, même si parfois c’est très difficile, est sans doute l’approche la plus constructive. Il vaut mieux chercher à limiter « la casse » car son problème peut encore s’accentuer, si ce n’est déjà pas le cas, par des troubles du sommeil par exemple, par la rumination mentale, par des problèmes de fatigue chronique, par l’épuisement.

Dans l’imaginaire collectif, le décrochage est souvent associé aux cancres de la classe ; pourtant il concerne des élèves au parcours fluide et même brillant mais qui tout à coup de mettent à angoisser et à paniquer. On parle alors de burn-out scolaire.

L’hyperparentalité est source de grand stress aussi pour les ados qui s’investissent alors de trop, terrifiés à l’idée de rater et de décevoir. Pour la majorité des parents, l’école a toujours été un ascenseur social ; or, c’est loin d’être le cas : 80 % de leurs enfants auront des postes inférieurs à ceux qu’ils occupent eux-mêmes.

 Et pourtant, la pression exercée sur l’ado est énorme et génère une anxiété profonde. Dans ce contexte, certains parents ont tendance à diagnostiquer et à voir un décrochage de manière précoce, suite à des résultats en baisse. Et ils vont jusqu’à en convaincre leur enfant.

Qu’un ado se désintéresse pour une matière est tout à fait normal ! Il faut donc cesser de viser l’hyperperformance. Le soumettre à un niveau d’exigence extrême exerce une pression qui l’empêche d’apprendre. Il est tout aussi erroné de lui faire croire qu’une fois devenu adulte, la réussite à l’école est synonyme de bonheur. On ne cesse de lui rabâcher que sa réussite scolaire va lui ouvrir toutes les portes, mais en réalité avec un tel discours, on l’enferme dans une spirale infernale.

Si cette réussite est essentielle, il ne faut pas exclure le reste. Un ado qui réussit, c’est celui qui est capable d’utiliser ses échecs comme une rampe pour progresser, et non celui qui performe d’office.

Pour bien cerner le problème si votre ado est vraiment victime de décrochage scolaire, il vaut mieux privilégier la rencontre avec l’équipe pédagogique, les professeurs, le directeur de l’école pour essayer de comprendre ce qui se passe, pour avoir leur avis et ainsi pouvoir mener une action commune et collective.

C’est important aussi de veiller à l’autonomiser. En tant que parent, vous êtes la seule personne qui se préoccupe de lui et de sa scolarité ; peut-être de trop ! Il se peut alors qu’il cherche de son côté à « décoller » de vous et du même coup de l’école. Dans ce cas, ne vaudrait-il pas mieux fixer avec lui un objectif atteignable pour chaque matière, sur deux mois plutôt que sur un mois par exemple ?

Mais surtout, il s’agit de donner du sens à l’école. Peut-être que jusque-là, il allait à l’école pour vous faire plaisir, pour vous rendre heureux en tant que parent. Maintenant il a grandi, il y a des remaniements intérieurs, et la motivation, il la cherche. Il ne veut plus travailler pour vous faire plaisir et ne sait plus pourquoi étudier. Il vaut mieux alors lui parler comme à un grand, de l’avenir, du métier qu’il veut faire, pourquoi on va à l’école ; bref  de trouver un sens à sa scolarité.

 Il ne faut pas hésiter à changer de regard sur lui et à ne plus le considérer comme un enfant. C’est peut-être le moment et l’occasion de changer sa chambre, de lui proposer des activités nouvelles et de marquer ainsi le coup en opérant un véritable changement dans le regard que vous portez sur lui.

Comment aider concrètement son enfant à accrocher scolairement et à reprendre goût à l’école?

Si en tant que parent vous souhaitez augmenter les chances d’aider votre ado à sortir d’un décrochage scolaire, il existe des pistes de solutions concrètes pouvant contribuer à l’aider.

D’abord et comme évoqué plus haut, pourquoi ne pas commencer à changer son espace de travail, à installer un lieu agréable et calme pour que votre ado ait un espace destiné à l’étude et à la réalisation de ses devoirs ? Cette initiative nécessite un minimum de ressources financières et de débrouillardise pour préparer cet espace.

Ne serait-il pas temps de vous impliquer autant dans l’écoute que dans l’accompagnement de ses études et devoirs, indépendamment de la capacité de suivre les matières apprises par votre enfant ?

 Bien sûr que cela demande de pouvoir dégager du temps pour lui mais c’est important qu’il voie son parent s’intéresser à ce qu’il apprend à l’école. Cette attitude suscite implicitement son intérêt pour ses cours.

Et si en tant que parent ou couple de parents vous n’avez pas le « bagage » nécessaire pour comprendre ou même pour partager l’expérience scolaire avec votre ado, pourquoi ne pas penser à vous tourner alors vers un autre membre ou ami de la famille ou encore vers les parents d’un ami de votre enfant, qui eux, ont ce bagage. Cette personne pourra éventuellement apporter son soutien de manière ponctuelle ou régulière car il aura peut-être plus le temps, l’espace et les connaissances nécessaires pour mieux le faire. Il s’agit non pas de vous remplacer en tant que parent mais de permettre à votre ado de vivre d’autres expériences et ainsi se confronter à d’autres rapports au monde et à la scolarité.

 Il ne faut pas non plus négliger l’aide que peut lui apporter un camarade de classe. Plus un ado partage et vit des expériences différentes plus il a de chance de pouvoir rattacher ce qu’il apprend à l’école avec ce qu’il a déjà vécu. Ces expériences permettront de renforcer potentiellement son accrochage scolaire.

Justement, un des facteurs les plus déterminants dans l’accrochage scolaire, est le rapport ludique au savoir que communiquent les parents à leur enfant. En effet, un parent qui réussit à communiquer le plaisir d’apprendre, le fait qu’on peut s’amuser en apprenant, augmente les chances d’éveiller l’intérêt de l’ado pour ce qu’il apprend à l’école. Des moments réguliers dédiés spécialement à ce partage de savoir de manière ludique est l’une des pistes pour renforcer l’accrochage scolaire de votre enfant.

Si vous vous sentez capable, pourquoi ne pas envisager alors, une fois par semaine par exemple, avec votre ado et toute la famille, de dédier du temps à jouer, à organiser des championnats du savoir, des expériences scientifiques faites à domicile, des batailles de culture générale, etc. Les possibilités de ces jeux cognitifs sont nombreuses

Quels sont les moyens et les dispositifs existants en faveur de l’accrochage scolaire ?

Le Pacte d’excellence qui va progressivement être mis en œuvre cette année va tenter de parer aux problèmes existants dans notre système scolaire en centrant l’enseignement sur l’humain. Cette réforme va mettre les écoles en Fédération Wallonie-Bruxelles en chantier jusqu’en 2030 et devrait en principe aboutir à un enseignement de meilleure qualité, plus moderne, tout en privilégiant une approche personnalisée sur les acteurs de l’enseignement en général, et sur les élèves en particulier. Le pacte prévoit de lutter activement, entre autres, contre le redoublement et le décrochage scolaire.

Depuis de nombreuses années, il existe des dispositifs internes d’accrochage scolaire tel que le D(I)AS au sein des établissements scolaires bruxellois, qui qui prennent diverses formes dont des cours de remédiations, donnés le plus souvent le mercredi après- midi, parfois après les cours ou sur les temps de midi le reste de la semaine ou la participation à d’activités citoyennes, culturelles, créatives et qui proposent parfois aussi aux élèves concernés d’être extraits de leur classe durant plusieurs jours/semaines et d’être pris en charge au sein de l’école par des membres de l’équipe éducative. Ils permettent aussi de favoriser et de collaborer à l’accrochage scolaire des élèves, par la lutte contre l’absentéisme, la violence et les incivilités.

Ces dispositifs apportent un réel travail de prévention. Leur objectif est aussi de créer une dynamique autour de l’école en rassemblant les divers acteurs sociaux et scolaires pour agir efficacement ensemble contre le décrochage scolaire.

Il existe aussi le service de médiation scolaire en Région bruxelloise qui met à disposition des écoles une cinquantaine de médiateurs scolaires avec pour objectif de prévenir la violence et le décrochage scolaires dans les établissements d’enseignement secondaire. Ce sont généralement les premiers interlocuteurs vers lesquels on peut se tourner.


A Bruxelles, les médiateurs sont présents dans les établissements tout au long de l’année ; et bien qu’ils soient présents dans l’école même, ils ne font pas partie du personnel de l’école et ne dépendent donc pas de la direction.

Le Centre PMS ou Psycho Medico Social ou le CPMS est à la disposition des élèves et de leurs parents, dès l’entrée dans l’enseignement maternel et jusqu’à la fin de l’enseignement secondaire. C’est un lieu d’accueil, d’écoute et de dialogue où l’élève et/ou la famille peuvent aborder les questions qui les préoccupent en matière de scolarité, d’éducation, de vie familiale et sociale, de santé, d’orientation scolaire, professionnelle, etc.

Le Centre PMS est composé de psychologues (conseillers et assistants psychopédagogiques), d’assistants sociaux (auxiliaires sociaux) et d’infirmiers (auxiliaires paramédicaux) qui travaillent en équipe. Un médecin est également attaché à chaque Centre PMS.

On peut donc les contacter à tout moment.

Chaque commune dispose d’un service scolaire communal qui vise l’intégration sociale des jeunes en favorisant l’accrochage scolaire.

Ces services sont des relais qu’on peut contacter en cas de difficultés en lien avec la scolarité. Ce sont des lieux d’accueil, d’écoute et d’accompagnement.
On peut contacter aussi bien le service scolaire communal de sa propre commune que de celle dans laquelle l’ado est scolarisé.

Les services d’accrochage scolaire ou S.A.S (S.S.A.S. dans l’enseignement spécialisé) qui sont des services permettant d’accueillir et d’aider temporairement des élèves mineurs rencontrant des difficultés scolaires.

Cette aide concerne par exemple des élèves exclus d’une école et ne pouvant être réinscrits dans un autre établissement scolaire ou encore ceux qui sont inscrits dans un établissement mais qui sont en situation de crise, qui ne fréquentent pas l’école sans pour autant en avoir été exclus.

Ils apportent une aide sociale, éducative et pédagogique par l’accueil en journée et, le cas échéant, une aide et un accompagnement dans le milieu familial.

Concrètement, l’objectif de ces services est que l’enfant ou l’ado puisse être réintégré dans les meilleurs délais et dans les meilleures conditions possibles, dans une structure scolaire ou une structure de formation agréée dans le cadre de l’obligation scolaire.

Le tissu associatif

Si certains parents offrent des cours particuliers à leurs enfants, bien d’autres ne le peuvent pas, surtout en faveur de ceux qui, pourtant, ont le plus grand besoin. Hélas, loin d’assurer la réussite de tous, l’école produit massivement de l’échec et même du décrochage scolaire et tout spécialement dans les milieux défavorisés qui n’ont ni les compétences ni les codes nécessaires pour y faire face.

Fort heureusement, il existe d’autres solutions beaucoup moins onéreuses pour tenter de pallier à ce problème. Il y a les associations, notamment les AMO (Aide en Milieu Ouvert) qui sont un serviced’accueil, d’écoute, d’information, de soutien et d’accompagnement aux jeunes et les EDD (écoles de devoirs) plus connues par le grand public et qui visent l’épanouissement global de l’enfant et du jeune jusqu’à ses 26 ans, en plus du soutien scolaire. Elles mènent des projets qui contribuent à faire des enfants, ados et jeunes adultes accueillis de futurs citoyens actifs, réactifs et responsables, capables de poser un regard critique sur le monde et d’en comprendre le fonctionnement.

Malheureusement, le secteur des EDD manque cruellement de moyens : manque de places, de subsides, d’animateurs formés, alors qu’elles jouent un rôle de cohésion sociale fondamental. Les EDD permettent à leur jeune public de garder le contact avec le milieu scolaire, de les accompagner dans leur processus éducatif à travers leçons et devoirs, mais aussi, de manière plus globale, de redonner du sens à leur parcours scolaire, de les réconcilier avec l’école, voire même avec leur avenir scolaire.

Enfin, il existe également un certain nombre d’écoles d’enseignement spécialisé de type 5, organisées ou subventionnées par la Fédération Wallonie-Bruxelles, qui accueillent des élèves à l’arrêt sur le plan scolaire et qui proposent un suivi psychopédagogique qui vise à remobiliser le désir d’apprendre et à renouer avec ses pairs dans un cadre sécurisant en :

•  prenant en considération l’arrêt du jeune et en accueillant cet arrêt ;

•  proposant un temps et un espace pour découvrir de nouvelles manières d’apprendre ;

•  visant à faire émerger un projet pédagogique et à le rendre possible.

Cf : www.enseignement.be – circulaire 6853 du 05 19 2018

Conclusion

C’est d’abord aux pouvoirs publics de saisir et de remédier à la problématique du décrochage scolaire en s’y attaquant de manière multilatérale et en dégageant les moyens nécessaires. Des moyens certainement très importants pour permettre de repenser et de reconstruire un système éducatif défaillant en Fédération Wallonie-Bruxelles : il est actuellement source d’élitisme, d’un déficit de mixité et d’égalités sociales qui aboutit à plus d’exclusion scolaire et sociale, à des compétitions entre élèves et entre écoles. Cette refonte ne peut aboutir que par une réforme de la formation et par la revalorisation du métier d’enseignant, en prônant la culture de la bienveillance et de la coopération et en renforçant l’ouverture et l’inclusion à l’école.

Le Pacte d’excellence a été justement réfléchi et réalisé dans l’objectif d’apporter ces réformes nécessaires et indispensables au système scolaire actuel. On peut espérer que ces améliorations qui vont bientôt être entreprises pendant une durée de neuf ans ne seront pas vaines, qu’un réel travail en profondeur sera réalisé. Il ne faudrait pas juste modifier le cadre, mais surtout revaloriser l’enseignement en mettant réellement l’accent sur la dimension humaine à tous les niveaux (élèves, enseignants, parents, éducateurs, etc.).

Une autre piste d’action pourrait aussi se situer au niveau de la communication et du rapprochement entre toute la communauté scolaire, en privilégiant le partenariat entre les familles, l’école et sans oublier le monde associatif (AMO, Maisons de Jeunes, EDD). La clé étant d’être complémentaires, chacun avec sa spécificité pour viser ensemble l’épanouissement global des enfants et ados.

Mais avant tout, il est essentiel que nos enfants et ados grandissent dans un environnement familial positif. La famille joue un rôle très important car ce sont les valeurs et les modèles qu’elle véhicule qui contribuent au développement de ses enfants. La participation des familles à leur vie scolaire est en outre essentielle pour les aider à mieux comprendre l’implication qu’ils devraient avoir vis-à-vis de leur travail scolaire. Une participation qui privilégie l‘écoute, suscite l’estime de soi, stimule la motivation et la concentration, permet de créer un état d’esprit et des habitudes de travail sains. Parallèlement, leur fournir un endroit calme et approprié pour réaliser leur travail scolaire à des moments réguliers les sécurise et les mets dans une dynamique de confiance.

Une telle implication des parents permet d’agir dès les premiers signes d’échecs scolaires ; elle permet en même temps de prévenir et de les prémunir du décrochage scolaire.


[1] http://accrochagescolaire.brussels/le-ba-ba-de-laccrochage/indicateurs

[2] Les indicateurs de l’enseignement 2018, page 37.



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