Communiqué de presse 10 septembre 2005

Nous tenons, d’abord, à rappeler que l’adoption est un droit de l’enfant. Il importe donc, dans le débat actuel, de savoir essentiellement s’il est de l’intérêt des enfants d’être adoptés par des couples homosexuels ou non.

Rappelons d’abord, qu’en matière d’adoption comme dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale (art 21 de la CIDE). L’intérêt de l’enfant, tel qu’il a été traduit dans le droit de la Famille se juge au cas par cas. Il n’y a donc pas UN intérêt supérieur pour l’ensemble des enfants abandonnés ou orphelins mais chaque enfant, de par le monde, a un intérêt supérieur spécifique qui dépend de multiples paramètres.

Dans le cas d’espèce où l’adoption est l’intérêt supérieur d’un enfant, pourrait-il l’être par un couple homosexuel ? Les études disponibles vont dans le même sens et montrent que les enfants vivant au sein de couples homosexuels sont parfaitement équilibrés, tant sur le plan affectif que psychosocial. Ils sont, par ailleurs, mieux dans leur peau, que des enfant issus de familles monoparentales et/ou séparées. Il n’y a donc pas de raisons objectives d’en écarter la possibilité.

En outre, il y a dans le monde plus d’enfants en situation d’abandon et de détresse que de couples hétérosexuels en demande d’adoption. Augmenter la possibilité pour ces enfants d’être adoptés par une famille qui les aimera est de leur intérêt.

Enfin, rappelons, par ailleurs que les célibataires peuvent adopter, ce qui permet, de facto, à des homosexuels de devenir parents et ce, tout à fait légalement. Il y a donc déjà, aujourd’hui en Belgique, des enfants qui ont, de fait, deux mamans ou deux papas (dont un seulement est le parent légal). Permettre à ces couples d’adopter leur propre enfant est l’intérêt supérieur de ces enfants-là. Reconnaître légalement leur famille, c’est aussi les reconnaître, dans tout ce qui les compose, et leur donner la possibilité de s’assumer face aux regards des autres.

Pour ces raisons, la Ligue des Droits de l’Enfant est favorable à l’adoption d’enfants par des couples homosexuels.

Manifester contre l’adoption par des couples homosexuels
c’est manifester contre le droit à l’adoption.

La manifestation  » nationale  » de ce samedi  » contre l’adoption par les homosexuels  » nie le droit qu’a tout enfant d’être adopté.

L’adoption n’est pas un droit de l’adulte. C’est un droit de l’enfant. Manifester contre l’adoption par des couples homosexuels, c’est le remettre en cause.

Il y a plus de 143 millions d’orphelins dans le monde pour moins de 35 000 adoptions internationales par an. Ces enfants n’ont souvent que le vol avec toutes ses conséquences, la prostitution ou l’exploitation par un travail inhumain pour survivre. C’est parce que tout enfant a droit à une famille, que la CIDE leur reconnaît le droit à être adoptés. Cependant, la CIDE a la sagesse de ne pas préciser par quel modèle de famille.

La famille a évolué

Par rapport à la première moitié du XXe siècle, la famille a évolué. Elle a pris de multiples formes et de multiples couleurs. La cohabitation légale talonne le mariage et bien souvent la famille nucléaire a explosé en une pluralité de modèles familiaux : familles recomposées, monoparentales, cohabitations partielles… Et puis aussi, parfois, il arrive que des enfants aient un papa et … un papa, une maman et une maman. Leur famille est ainsi faite et nous avons le devoir, non seulement de la respecter, mais également de la reconnaître !

Le droit à l’adoption est un droit inaliénable

Tout enfant a le droit à l’adoption . Lorsque l’intérêt supérieur de l’enfant est d’être adopté, ce droit ne peut être remis en cause sous prétexte qu’il serait élevé par un couple de personnes homosexuelles.
Qui osera dire à un enfant :  » Il est préférable pour toi que tu continues à te prostituer, à te droguer, à être sous-alimenté, non éduqué, malade, …, plutôt que d’être aimé par un couple homosexuel  » ? Ce serait inique !!! Sans aller aussi loin, la vie sans amour dans un orphelinat ou dans la rue, vaut-elle mieux que l’amour de deux parents, parce qu’homosexuels ? Nous affirmons que non !!! Pourtant, c’est ce message que lance aujourd’hui cette manifestation sous prétexte de défense de la famille  » traditionnelle  » !

Combat pour la famille ou combat homophobe ?

Ce n’est pas défendre les enfants que de refuser leur adoption sous prétexte que la famille adoptive a une constitution différente. Défendre la famille aujourd’hui c’est défendre toutes les familles, quelles que soient leurs formes, parce qu’il n’y a plus un modèle de famille unique et parce qu’elles sont réalité ! C’est donc aussi défendre le droit d’être adopté et aimé, même par un couple homosexuel ! Bien qu’elle s’en défende, cette manifestation nous semble plus animée par des sentiments d’homophobie que par la défense des droits de l’enfant dont elle prend, de fait, le contre-pied.

Des milliers d’enfants vivent, en tout ou en partie, au sein de familles homosexuelles. Cette manifestation leur porte inévitablement préjudice de par la diabolisation de leur mode de vie familial. Ils ont le droit absolu de vivre et de grandir sereinement au sein d’une société tolérante et intégratrice.

Tout enfant a besoin d’énormément d’amour. Le recevoir de deux papas ou de deux mamans ne l’empêchera nullement d’évoluer aussi harmonieusement qu’au sein d’un couple hétérosexuel. Tout le reste relève du fantasme.

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