Communiqué de presse 16 septembre 2009

Chaque année, l’Ecole gaspille 335 millions d’euros[1] en pure perte.

En période de crise, cet argent doit bénéficier à toute la Communauté.

 L’Ecole a les moyens de soutenir, à elle seule, tout l’effort demandé par le Fédéral à la C.F. C’est une chance qu’on ne peut laisser passer !

Les pistes d’économies lancées récemment par Marie-Dominique Simonet, ministre de l’enseignement obligatoire ont mobilisé les syndicats enseignants qui appellent à un arrêt de travail ce jeudi 17 septembre 2009. Il y a longtemps qu’une rentrée scolaire n’a pas été aussi mouvementée. L’Ecole n’en avait certainement pas besoin.

Chaque département de la C.F devra mettre la main à la poche et participer à l’effort commun qu’impose la crise actuelle. Le système éducatif à lui seul mobilise 65 % des moyens de la C.F. dont 335 millions en pure perte. Nous pensons qu’en période de récession, le gaspillage doit être évité. Il est temps aujourd’hui de mettre les mains dans le cambouis. C’est l’occasion que nous attendions depuis des lustres de rendre enfin l’Ecole performante et équitable !

Les pistes envisagées sont mauvaises.

Nous serions favorables à l’augmentation à la prestation maximale de chaque enseignant dans le secondaire si cette mesure visait à augmenter la remédiation immédiate pour tous les élèves. Nous craignons, au contraire, que cette piste ne vise qu’à faire des économies en touchant à l’emploi.

Nous sommes opposés à toute mesure qui vise à augmenter les prestations des enseignants pour faire des économies sur l’emploi. En effet, ce sont les jeunes enseignants qui seraient les premiers touchés (4 enseignants sur 9 déjà arrêtent leur carrière avant la 5e année de métier). Cette mesure, en outre, risque de démotiver les enseignants les plus chevronnés, d’augmenter le taux d’absentéisme et est contraire à l’intérêt des élèves.

Nous sommes toujours interpellés par le fait que les enseignants ayant les conditions de travail les plus difficiles et nécessitant le plus de compétences pédagogiques (instituteurs maternels et primaires) aient les prestations les plus lourdes et les salaires les plus légers. Il nous paraîtrait équitable d’harmoniser les prestations, tous niveaux confondus.

L’Ecole jette l’argent par les fenêtres !

L’Ecole coûte cher pour un résultat catastrophique. Le surcoût théorique du redoublement (un minimum de 335 millions/an) équivaut à lui seul à l’effort que devra fournir la C.F. vis-à-vis du fédéral en 2015 (progressivement, de 51 millions en 2009 jusqu’à 334 millions en 2015). Une politique volontariste de suppression du redoublement, étalée sur 5 ans, permettrait à la C.F. d’équilibrer son budget.

La crise ? Une chance pour l’Ecole !

Il y a deux manières d’aborder la crise. Soit en s’effondrant (pertes d’emploi, mesures budgétaires agressives, …), soit en rebondissant. Nous pensons que cette crise peut être une chance incroyable pour l’Ecole. En supprimant progressivement le redoublement et en augmentant la remédiation immédiate, principalement dans le secondaire, l’Ecole peut répondre enfin au défi de la réussite pour tous.

La recherche a démontré depuis des décennies que le redoublement :

  1. ne servait à rien (il n’a pas d’effet correctif) ;
  2. était contre-productif (il amène d’autres redoublements et favorise l’abandon scolaire) ;
  3. induisait chez l’enfant et dans leurs familles des souffrances profondes.

La pratique du redoublement est une vraie maltraitance, inacceptable au XXIe siècle. Il est urgent que l’Ecole en sorte ! Profitons de cette crise pour créer un système scolaire équitable.

On sait aussi que tout non-redoublement accompagné d’aide complémentaire (remédiation immédiate et continuée) permet à l’enfant de progresser réellement, alors qu’un redoublement a l’effet inverse. Il est donc fondamental que l’Ecole en C.F. arrête ces pratiques archaïques et respecte enfin tous les enfants.

Moins d’argent et plus d’équité pour tous.

Nous invitons le gouvernement de la CF et la Ministre en charge de l’enseignement obligatoire à orienter leurs mesures d’économies vers la lutte contre le redoublement et le décrochage scolaire. Il y a près de 350 millions d’euros à récupérer. Cela va, non seulement, dans le sens du respect des droits de tous les élèves, mais cette mesure bénéficiera à tous les autres secteurs (aide à la jeunesse, culture, santé,…) qui auront moins d’effort (voire plus aucun) à fournir.

En 2006/2007, la souffrance des élèves et des familles a coûté 348 millions d’euros à la Communauté française. 13 millions de plus qu’annoncés. Ce n’est plus tolérable ! La crise que nous traversons est une occasion unique de réaliser enfin le défi d’amener TOUS les élèves à s’approprier des savoirs et à acquérir des compétences qui leur assureront des chances égales d’émancipation sociale.

* Par la pratique de l’échec scolaire, l’école broie annuellement 100 000 jeunes. En effet, chaque année 60 000 jeunes redoublent, 18 000 abandonnent l’école avant la fin des secondaires, 17 000 sont orientés vers des filières dont ils ne veulent pas et 1400 sont exclus.

[1] Le SOIR 29/01/2008 Le redoublement scolaire coûte cher

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