La Une des médias à la suite de la déclaration de politique communautaire (DPC) titraient à l’unanimité « Abrogation du décret inscription ! » Sensation et, frisson garantis à la lecture de la DPC qui nous annonce l’abrogation des articles du décret « missions » organisant les inscriptions en première secondaire simultanément remplacés par d’autres mesures. Comme si par magie, tout à coup, facilement, des nouvelles mesures tiendront compte des réalités par bassins et poursuivront bien l’objectif de mixité sociale.

Revoir la régulation des inscriptions, c’est assurément un chantier nécessaire pour avancer vers plus de mixité mais attention à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain !

La régulation des inscriptions a été mise en place afin de répondre, entre autres, à un véritable défi : diminuer les inégalités sociales dans l’enseignement en FWB. Nous sommes en effet, hélas, champions toutes catégories dans ce domaine. C’est bien chez nous que les écarts de performance entre les jeunes des classes populaires et ceux des milieux socialement favorisés sont les plus grands de toute l’Europe, tant en terme de redoublement que de réorientations non souhaitées ou encore de niveaux mesurés lors de tests internationaux comme le célèbre PISA. La Flandre et la France nous disputent néanmoins le leadership …).

Or, des études ont pu démontrer que la ségrégation sociale des établissements et l’inéquité d’un système éducatif vont de pair. D’où l’importance de favoriser la mixité sociale. C’est un des objectifs que dit vouloir atteindre le décret inscriptions. Est-il atteint ? Les données dont on dispose indiquent que si amélioration il y a, elle est de très faible amplitude et certainement insuffisante pour rencontrer l’objectif de mixité annoncé. Ce n’est pas étonnant quand on sait que le décret n’agit que sur l’inscription, qui n’est qu’un des mécanismes du marché scolaire, lui-même source de ségrégation. Néanmoins, c’est toujours ça de pris !

Par ailleurs, les nouvelles dispositions ne répondront pas à la problématique récurrente du manque de places à Bruxelles et, bientôt ailleurs. La solution est bien sûr dans la création de nouvelles places. Les nouvelles mesures ne résoudront pas non plus le fait qu’une école très désirée pour sa réputation, son projet, son profil ne puisse pas satisfaire le nombre de demandes par rapport aux places disponibles.

Car si une école est trop demandée, il faut bien d’une manière ou d’une autre départager les candidats. C’est ce que fait le décret sur base de critères objectifs. Sans doute trop compliqués. Peut-être pas assez judicieux. Mais en tout cas pas aléatoires Que se passait-il auparavant ? La connaissance du système de certains parents les poussait à réserver des places jusqu’à trois ans à l’avance. Quand ce n’était pas du copinage pur et simple avec certaines directions ou encore une sélection par ces mêmes directions sur des critères peu avouables comme, par exemple, la méritocratie. En quoi ce système était-il meilleur ? Certes, les « victimes » n’étaient pas forcément les mêmes car seules les classes les plus favorisées avaient une connaissance suffisante du système pour en sortir à leur avantage. Maintenant c’est autre chose. Quoi qu’il en soit, il restait toujours des jeunes qui n’avaient pas leur premier choix. Réintroduire des critères de sélection serait pour nous inacceptable !

Ce chantier de la régulation doit se mener avec sérénité et sans précipitation au regard des objectifs du système éducatif qui est, entre autres, de donner à chaque élève des chances égales d’émancipation. La réflexion devrait aussi tenir compte des réformes en cours et plus particulièrement de l’instauration d’un tronc commun jusqu’à 15 ans. Ne faudrait-il pas, pour être cohérent, réguler dès l’entame de ce tronc commun ? Ne faudrait-il privilégier la création d’écoles de tronc commun ? Ne faudrait-il pas encourager la création d’écoles sur des frontières sociales ?

Pour nous, afin d’avancer sur ce chantier pour plus de mixité sociale dans nos écoles, il faut s’attaquer à tous les mécanismes de sélections des publics : inscriptions, exclusions, réorientations, etc.

Pour la Plate-forme de lutte contre l’échec scolaire :
Véronique De Thier, FAPEO

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