L’ennemi est bête : il croit que c’est nous l’ennemi, alors que c’est lui. Pierre Desproges

En France, 30 % des personnes interrogées approuvent les idées du Front National sur les valeurs traditionnelles : la famille, le travail, la religion. La population vivant en Communauté française n’est pas différente de celle de la France, ni de la Flandre où le Vlaams Blok a atteint 24% en juin dernier ? Quel serait l’avenir de nos enfants si, un jour et par trahison du jeu démocratique, un parti liberticide arrivait au pouvoir ?

Le 13 juin dernier, près de 300 000 personnes ont voté pour l’ED (extrême droite) en Communauté française, soit 10 % des électeurs à Bruxelles et 8,2 % en Wallonie. En Flandre, ils ont été plus de 980 000 à voter pour la haine. C’est un phénomène auquel nous devons nous intéresser car il est en progression constante. Un monde sans démocratie serait un véritable enfer pour nous adultes. Il le serait plus encore pour les enfants.
Les toutes-boîtes qui tiennent lieu de  » programmes  » à l’ED ne révèlent jamais le fond de leur pensée. Ce serait électoralement suicidaire. Dès lors, pour connaître leur vrai programme, il y a lieu de se référer aux textes internes des partis, aux périodiques destinés aux membres, aux réunions de ces partis où les mandataires ne mâchent plus leurs mots et ne cachent plus leur jeu. On réalise ainsi quelle est leur véritable conception de la société. Mais s’il fallait nous ôter un doute, Gerolf Annemans (Vlaams Blok) s’en charge volontiers : Un peuple peut supporter pendant cent ans une dictature et en ressortir intact alors que vingt années de démagogie le pourrissent très facilement jusqu’au cœur de l’âme.

 

Le travail rend libre

 

Un Etat fasciste est inconcevable sans qu’une main d’œuvre docile et abondante fasse tourner les entreprises de la bourgeoisie ultra-libérale pour qui elle roule. La mondialisation n’a rien inventé. Elle a remis au goût du jour les programmes économiques fascistes du siècle passé que n’ont jamais fait évoluer leurs héritiers, en vrais artistes du ‘copier-coller’. L’extrême droite roule clairement pour la bourgeoisie et résolument contre les travailleurs. Aussi veulent-ils former nos enfants à devenir, un jour, les esclaves modernes de leur idéologie totalitaire.

 

Les valeurs traditionnelles et le sort des filles.

 

Voyons de plus près ces vraies valeurs familiales que revendique l’ED. Par cette expression qui ne représente absolument rien, elle se donne une image de défenseur des familles. Image trompeuse, car cette famille nouvelle n’aura qu’une seule raison d’être : procréer ! Fournir, au régime fasciste, une main d’œuvre abondante et docile pour faire tourner l’économie et rendre, de cette manière, les travailleurs immigrés inutiles. Il n’y sera plus question de sentiments mais d’efficacité : la cellule familiale n’est pas au service de sentiments instables qu’éprouvent certaines personnes qui ne songent qu’à elles-mêmes. La famille, c’est vivre avec une perspective d’avenir, en veillant à fonder une famille nombreuse.
Piétinant allègrement de leurs bottes cloutées les acquis des combats féministes, les nouveaux maîtres réintégreront de force les femmes à leurs foyers. Elles devront y accomplir docilement leur vocation spécifique de mère, c’est-à-dire garantir la survie et l’autonomie de la Communauté du peuple elle-même en fournissant la main d’œuvre de la Communauté nationale. La tendance devra évoluer de plus en plus vers une correspondance à un certain type de femmes qui est l’animal domestique qui n’a de cesse d’allaiter les enfants, de repasser, de nettoyer, de cuisiner, de brosser, de raconter des histoires et de satisfaire les besoins de son tyran et de ses enfants. L’ED refuse de perdre son temps  » à tergiverser sur ces droits fictifs revendiqués par les femmes et qui servent uniquement à conférer une certaine notoriété à quelques ambitieuses (…) La grande majorité des femmes sont destinées à enfanter, elles doivent prendre conscience qu’elles portent la responsabilité de l’avenir de leur peuple(…). Voici enfin comment leurs magazines en parlent : Il y a 20 ans, nous avons émancipé les nègres, il y a 10 ans, c’était au tour des jeunes. Certains signes avant-coureurs (voir les articles dans certains magazines et des films du genre La planète des singes) nous avertissent que, d’ici 10 ans, nous aurons émancipé les singes. Entre les deux, après les nègres et juste avant les singes, nous émanciperons la femme.
Choisir d’avoir des enfants et les élever dans le cocon familial doit être prioritaire par rapport à l’insertion de la femme dans le circuit productif du marché du travail. Les femmes seront les premières personnes à licencier. Les jeunes filles n’iront plus à l’école que le temps nécessaire à les préparer à leur service maternel : les jeunes filles étudient trop longtemps, ce qui retarde la constitution de la famille et en modifie la dimension. Plus une fille se marie tard, moins elle peut avoir d’enfants. Puisque, de toute façon, les femmes ne pourront plus travailler, de longues études seront inutiles.
Enfin, et c’est sans doute le plus important, elles auront à préserver la pureté de la  » race « . La sexualité féminine sera donc sévèrement contrôlée : toute relation sentimentale avec un étranger sera punissable ; la contraception, tout comme la liberté sexuelle, strictement interdites ; l’homosexualité et l’avortement, réprimés ; et la loi sur le divorce sera abrogée. Bref, une ‘talibanisation’ de notre société !

 

L’enseignement

 

Il faut mettre fin à l’information mensongère des élèves. Ainsi l’école redevenue traditionnelle, ne laissera plus la place aux pédagogies modernes et encore moins à un enseignement multiculturel. Une seule règle de base : la discipline ! Les enfants seront encadrés par un corps spécialisé d’éducateurs chargés de l’ordre, de la discipline et de la formation aux valeurs occidentales traditionnelles qui seront, eux-mêmes, épaulés par des policiers spécialisés pour assurer la sécurité interne (donc, la discipline).
Les valeurs de cet enseignement seront l’ordre, la hiérarchie et les valeurs traditionnelles. Toute participation des étudiants sera interdite : La participation des écoliers et des étudiants représente un facteur subversif rencontré plus d’une fois dans l’enseignement et qui a renforcé la crise du pouvoir et a même compromis l’avenir de la jeunesse. Les matières seront revues en profondeur et épurées. Obligation de suivre des stages d’éducation civique fasciste, les cours d’histoire nieront l’holocauste et réhabiliteront le nazisme.
Les élèves devront dénoncer leurs enseignants ‘progressistes’. En juin 2004, le Vlaams Blok Jongeren a ouvert une ligne téléphonique destinée à dénoncer les enseignants qui transmettent à leurs élèves le goût de la démocratie et le rejet du populisme ou du totalitarisme. Les enfants considérés comme difficiles et les réfractaires seront internés dans des écoles spécialisées. A quoi ressembleront-elles ? On n’ose l’imaginer !
La culture sera bannie, étant une tromperie et une tentative d’endoctrinement des élèves d’une manière grossière et un aperçu de la duperie populaire. L’enfant ne pourra être éduqué à la tolérance et à la citoyenneté mais seulement au repli sur soi, à l’égoïsme, et surtout à l’obéissance aveugle.
L’apartheid sera une réalité. Un réseau d’enseignement séparé pour les immigrés devra préparer ces enfants étrangers … au retour et à la réintégration à leurs pays d’origine. Quand aux enfants d’origine juive, Bert Eriksson (VB) a été clair dans ses sous-entendus en déclarant qu’Adolf Hitler n’avait commis qu’une seule faute, perdre la guerre.

 

Appels au viol de mineures

 

Les idéaux totalitaires et hégémoniques véhiculés pas ces partis attirent à eux nombre d’individus dangereux et violents, voire pervers. La fameuse ‘bande du milliardaire’ qui contrôlait un des plus grands réseaux de traite de femmes d’Europe était gérée par des membres des partis d’ED belge.
De même, en 1991, un tract fasciste incitait à  » agresser, violer et mutiler les jeunes filles … de 12 à 30 ans qui sont des putains… « . L’appel au viol et à la mutilation d’enfants est une ignominie. Il s’agissait ici de jeunes filles musulmanes ! Ces pratiques ne sont pas rares sous ces régimes. L’Etat fasciste chilien a enlevé des enfants pour les offrir en cadeau à ses cadres. Et rappelez-vous plus récemment les actes odieux commis sur de jeunes, voire très jeunes filles tout ce qu’il y a de plus européennes, par les fascistes serbes. C’était hier !

 

Et les autres droits ?

 

En résumé, reprenons quelques-uns des droits de l’enfant, indiscutables dans une société démocratique, et voyons ce qu’il en adviendrait sous un régime qui considère que les sacro-saints droits de l’Homme sont aujourd’hui responsables du pourrissement moral de la société.

 

  • Droit à la non-discrimination : refusé !
  • Protection de l’intérêt supérieur de l’enfant : à oublier !
  • Droit à une nationalité : selon la descendance sanguine !
  • Droit de l’enfant à faire valoir son opinion : exclu !
  • Libertés d’expression, de pensée, de conscience et de religion : refusées !
  • Liberté d’association : autorisée mais… il n’y aura plus d’associations démocratiques !
  • Protection de la vie privée : déniée !
  • Responsabilité des parents : uniquement dans le cadre d’une vraie éducation fasciste !
  • Enfants handicapés : plus aucune protection et encore moins d’intégration !
  • Droits à la santé et à un niveau de vie suffisant: réservés aux familles fascistes bourgeoises.
  • Droit à la vie culturelle et artistique : toute culture sera bannie de la société.
  • Protection contre la torture et la privation de liberté : aucune garantie.

 

Dire c’est inquiétant ne suffit plus ! Pour nos enfants et pour leur avenir, il est plus qu’urgent que tous les citoyens – donc vous aussi – agissent concrètement contre l’idéologie mensongère de l’ED. De même, le monde politique doit reconnaître sa responsabilité dans la montée de l’ED, revenir à plus de citoyenneté et agir réellement sur les causes responsables des inégalités sociales. Il n’est pas trop tard, mais il est moins cinq !

 

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