Les études le démontrent, le niveau de diplôme de la mère est un des meilleurs prédicteurs de la réussite des enfants[1]. En effet, ce sont essentiellement les mamans[2] qui investissent le plus dans l’accompagnement du travail scolaire à la maison et ce, quel que soit le milieu social. Au passage, cela déconstruit la doxa des parents démissionnaires, chère à de nombreux professionnels peu avertis et qui se dédouanent de leurs responsabilités en invoquant cet argument erroné.

Nombreuses sont les familles qui s’impliquent fortement dans les devoirs de leurs enfants. Même dans les milieux populaires. Comme les autres familles, celles-ci souhaitent avoir le contrôle sur le parcours scolaire de leur enfant. La réussite scolaire est devenue importante pour s’insérer socialement et professionnellement[3]. Cependant, au vu de la diversité des familles, la mobilisation peut être très inégale, selon le milieu social : plus de 90 % des parents bacheliers aident leurs enfants, tandis qu’ils ne sont que 65 % chez les non bacheliers[4]. Dans les familles aisées, une partie de la vie familiale est tournée vers la scolarité et s’organise par rapport à elle, même en surinvestissant parfois l’enfant avec des activités périphériques à l’école. Cela ne veut pas dire que les familles d’autres milieux démissionnent puisque, quel que soit le milieu social, le suivi scolaire est fort.

La sous-traitance du travail scolaire a des limites. Les élèves qui fréquentent les mêmes écoles n’ont pas tous les mêmes accès et les mêmes opportunités[5]. Toutes les familles n’ont pas les outils pour aider leur enfant. Soit à cause de leur faible niveau scolaire qui les empêche de comprendre les tâches demandées, soit parce que les savoirs et compétences enseignés à l’école ont fortement évolué depuis leur propre scolarité. Les parents ayant fait peu d’études sont de plus en plus rapidement confrontés à l’impuissance. Ils ne comprennent plus ce qu’attend le professeur. Ils se contentent donc faire le travail au mieux, selon leurs valeurs : un travail propre et une leçon apprise par cœur, sans que celle-ci ne soit nécessairement comprise. Parfois même, le devoir est détourné au profit de nouveaux objectifs qui semblent plus importants à leurs yeux, comme savoir lire un texte avec expression, alors que celui-ci devrait être compris, ou encore inculquer une autre méthode de résolution d’exercices, telle celle qu’ils ont apprise durant leur scolarité.

De nombreux parents disent ne pas comprendre les devoirs de leur enfant, même s’ils passent malgré tout plus de deux heures par semaine à tenter de les aider. 54% des parents interrogés sont en difficulté. Les sujets des devoirs ne leur sont pas familiers, devenant source d’embarras, de frustration et d’une fort sentiment d’incompétence[6].

A suivre… Les devoirs, sources de tensions familiales



[1] Séverine Kakpo – Les devoirs à la maison, mobilisation et désorientation des familles populaires – PUF 2012

[2] La mère interviendrait dans 69% des cas (Ufapec, 2000).

[3] Voir aussi Thibert, 2013, 2014

[4] Géry C., 2004, Les représentations des enseignants de l’élémentaire par rapport au travail scolaire à la maison, Mémoire de Maîtrise, Sc. de l’éducation, dir. M. Derycke, Univ. Jean Monnet, St-Etienne

[5] Hancock J., avril 2001, “Homework : a literature review”, Center for Research and Evaluation

[6] Etude de la BBC (publiée en mai 2000 dans Independant)

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