Bain (Suisse 1988) pensait qu’une façon de vérifier les vertus et avantages pédagogiques du redoublement serait de montrer qu’à la fin de l’année répétée, les élèves ont fortement progressé, sont à nouveau à flot et peuvent repartir d’un bon pied (…). Le bénéfice attendu du redoublement est rarement défini précisément. On s’accordera cependant à admettre que le progrès doit être substantiel pour qu’on estime que le jeu en valait la chandelle.

A Genève les notes varient entre 0 et 6 ; la barre du suffisant est à 2,5. Bain fixe la limite du satisfaisant à 4. C’est aussi la note minimale pour passer en 7e dans la section supérieure.

Evolution des redoublants de 6e de 1981 à 1982. Elèves insuffisants dans la branche

Le redoublement accompagné de remédiations individualisées est-il efficace ?

1. Holmes (1990)

On remarquera dans le tableau 4 que les résultats d’ensemble obtenus par Holmes (1990) sont légèrement moins défavorables que ceux qu’il avait obtenus en 1984 avec Mattews (tableau 3). L’explication en est intéressante. Parmi les 19 études réalisées entre 1984 (portant sur 44 études) et 1990 (portant sur 63 études), neuf produisent des effets positifs, soit la moitié. Dans ces neuf cas, la répétition de l’année échouée a été combinée avec un programme de remédiation individualisée.

Comparaison des études de Holmes et Mattews (1984) et Holmes (1990) en matière de performances académiques.

Holmes s’est attaché à procéder à 2 types de comparaisons :

Type 1 : Il a comparé l’évolution d’élèves redoublants et celle d’élèves « faibles » promus sans qu’aucune intervention particulière ne soit affectée auprès des uns et des autres.

Type 2 : Il a comparé l’évolution d’élèves « faibles » qui redoublent et bénéficient de la remédiation immédiate individuelle, à ceux d’élèves qui, présentant le même degré de « faiblesse initiale », ont été promus et ne bénéficient d’aucune assistance individuelle.

Etudes comparant l’effet du redoublement entre les études de type 1 et celles de type 2.

Dans les études de type 1, on remarque que les effets sont plus négatifs. Le redoublement sans remédiation individualisée immédiate est contreproductif. Il ne sert absolument à rien sur le plan pédagogique !

Par contre, les études de type 2 montrent que la remédiation individualisée immédiate est profitable aux élèves redoublants, ce qui est rassurant.

Puisque ces résultats laissent présumer l’efficacité de l’assistance individualisée immédiate et que, d’autre part, les méta-analyses (tableaux 3 et 4) incitent à privilégier la promotion des élèves au détriment du redoublement, il semble logique de concevoir une approche pédagogique qui tire parti de ces informations.

On peut imaginer qu’un test pronostique soit proposé aux élèves au milieu de l’année, et ceci afin de repérer les élèves « à risques ». Ces élèves bénéficieraient d’un programme d’aide spécialisé pendant la seconde partie de l’année. En fin d’année, tous seraient promus, quels que soient leurs résultats aux bilans de fin d’année. En seconde année, ces élèves en difficulté bénéficieraient d’une assistance comparable à celle que reçoivent les redoublants.

2. Leinhardt (1980)

Leinhardt (1980) a fait ce double raisonnement et a comparé l’évolution en lecture d’élèves redoublants bénéficiant d’une assistance individualisée avec celle d’élèves que l’on promeut tout en leur assurant le même accompagnement individualisé.

Etudes de Leinherdt (1980)

Les résultats sont probants : les progrès des élèves promus mais bénéficiant d’un encadrement individualisé sont largement supérieurs à ceux des élèves qui doublent et bénéficient de cette même attention individualisée.

Conclusion

Apporter la remédiation individuelle immédiate[1] à un élève faible redoublant est positif mais l’est nettement moins que si on lui apporte la même remédiation individuelle immédiate après l’avoir promus.  

La promotion des élèves jugés « faibles » leur est profitable dans tous les cas mais l’est plus encore accompagnée de remédiation individuelle immédiate

[1] La seule remédiation vraiment efficace est celle qui se fait immédiatement, durant le cours même. Il peut s’agir de l’aide individualisée de l’enseignant (qui reste le premier remédiateur) ou de pairs (tutorat), voire d’un enseignant remédiateur qui seconde le titulaire du cours durant celui-ci, lorsque c’est nécessaire.

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