8 mai 2019

Lire ici l’analyse de la première table ronde de ce colloque

Introduction

L’objectif de notre colloque était de porter une réflexion sur le « Comment accueillir à l’école toutes les différences liées au genre » ? A termes, nous souhaitons que les écoles soient labellisées « Ecoles Pour Tou.te.s ». Nous avons lancé une invitation à chaque école bruxelloise, de la maternelle à la fin du secondaire. Nous devons constater qu’il est plus que difficile de conscientiser les gens et les mobiliser pour réfléchir ensemble à toutes les problématiques qui tournent autour de la thématique de la transidentité et de l’homosexualité.

Notre colloque avait pour objectif d’apaiser les craintes que pourraient avoir certaines écoles, certain·e·s intervenant·e·s, sur la définition d’une école pour tou.te.s et de répondre à leurs questions.

Durant le colloque nous avons organisé 2 tables rondes : La 1ère  table ronde (qui est abordé aujourd’hui) était composée de jeunes et de familles qui ont témoigné de leur vécu ou de celui de leurs enfants à l’école. Un débat a ensuite eu lieu avec la salle.  

La seconde table ronde faisait intervenir des professionnel·le·s. qui ont abordé la question des moyens et de tout ce qui devrait être mis en place dans les écoles pour accueillir des enfants LGBTQI. Une fois encore, le public a pu débattre avec le panel d’intervenant·e·s. Cette table-ronde vous sera présentée fin décembre.

Questions posées lors de la 2e table ronde qui fait intervenir des professionnels.

Première Question : Quel est ou quels sont les projets au sein de votre établissement en faveur des personnes LGBTQI+, dans votre PO ou dans votre entité et en faveur duquel ou desquels vous êtes intervenus ?

Et ensuite, quelles sont les forces et les faiblesses du dispositif que vous avez mises en place ?

La première intervenante est enseignante depuis 5 ans et travaille aussi pour le Groupe d’intervention scolaire en Wallonie qui invite une personne gay et une personne lesbienne à aller témoigner de leur vécu dans les écoles. Elle a travaillé dans de nombreuses écoles où rien n’avait été mis en place concernant l’accueil des personnes LGBTQI+. Cette intervenante a rencontré de nombreux obstacles qui empêchent l’intégration de ces élèves au sein de leurs écoles.

Le seconde intervenant est directeur de l’école primaire libre non confessionnelle Singelijn à Woluwe-Saint-Lambert. Une école qui tend à être une école inclusive. Il y a une cinquantaine d’élèves en situation de handicap dans cette école qui a aussi accueilli un enfant transgenre en 3ème maternelle, il y a 3 ans. « Les 625 élèves sont tous différents et doivent tous apprendre, tous grandir et progresser le mieux possible, sans se poser la question si l’élève est dyslexique, transgenre ou homosexuel », nous dit ce directeur. « On doit accueillir tous les élèves sans distinction », ajoute-t-il.

Le troisième intervenant est enseignant depuis 25 ans à l’école La Sagesse, à Ganshoren. Jusqu’à il y a peu, il n’était pas dans un projet particulier. Lors d’un cours sur la discrimination du genre humain, il a entendu quelques propos homophobes qui l’avaient heurté. Il a alors décidé de parler de cette thématique avec ses élèves. Dans l’école, il est occupé à réfléchir sur la création de salons de discussions avec des thèmes qui se porteront notamment sur l’homosexualité. Il a remarqué que cette dernière est difficilement acceptée dans certaines cultures. Raison pour laquelle il estime avoir besoin de développer un gros travail d’ouverture à la différence chez de nombreux élèves. 

Le quatrième intervenant est bénévole dans l’enseignement secondaire. Son travail consiste à intervenir pour parler de l’homosexualité, de la bisexualité avec les élèves. Il est aussi bénévole aux CHEFF.

Deuxième question : Comment fédérer une équipe au sein de l’école autour d’un projet qui parle d’identité de genres ou d’orientation sexuelle alors qu’on a tendance à appeler la RainbowHouse ou d’autres associations quad on a à faire à un élève homosexuel ou transgenre?

Il s’agit d’abord de privilégier l’écoute, répond l’intervenant bénévole. C’est important d’oser ensuite briser le silence face aux autres élèves en disant tout haut ce que les gens pensent tout bas. C’est une question, une thématique qui doit faire partie d’un cours de citoyenneté.   

Le directeur de l’école Singelijn répond que la différence fait peur aux parents mais pas du tout aux enfants. Si, en plus, les enseignants sont bienveillants, les enfants continuent à vivre leurs différences tout à fait normalement.

Il y a eu des parents dans son établissement qui sont partis et ont changé d’école parce qu’ils ne voulaient pas que leur enfants soit dans la même classe qu’un enfant trisomique par exemple. A l’opposé, d’autres parents viennent inscrire leur enfant dans cet établissement pour lui faire vivre une vraie citoyenneté respectueuse de toutes les différences, l’ouvrir à la différence. Bref, pour qu’un jour, il soit un vrai citoyen.

Concrètement, les enfants dans son école, par exemple ceux en situation de handicap, sont accueillis normalement, c’est-à-dire sans devoir faire des réunions entre enseignants et/ou direction pour aborder la question de leur accueil. Au Canada, au Québec, l’accueil de ces enfants ne se pose pas. Ils n’ont par ailleurs pas d’enseignement spécialisé.

Questions, réactions et témoignages de la part du public

Un participant pose la question suivante :

« Parmi les autres professeurs qui ne se sentent pas concernés ou méconnaissent cette question, avez-vous l’impression qu’on n’apprend pas à ces professeurs à se positionner sur le sujet lors de leur formation ? »

Un intervenant enseignant répond en disant que pour lui c’est un non-sens que de demander à un enseignant de se positionner sur cette question. Le rôle de chaque enseignant est d’accueillir tous les enfants sans distinction aucune. On peut par contre travailler sur la communication et sur les valeurs, celles qui sont d’ordre personnel et celles qui portent sur les valeurs de l’école tel que le respect de la différence.

Un autre intervenant, lui aussi enseignant, pointe l’hypocrisie de certains collègues qui se montrent très ouverts et bienveillants face à des personnes LGBTQI+. Par contre, quand on entend leurs propos dans la salle des professeurs, ils tiennent un tout autre discours, complètement homophobe et transphobe.

A la question de l’animateur, qui a demandé si les directeurs se sont déjà trouvés démunis face aux remarques, aux commentaires de leurs professeur, le directeur d’école répond que cela n’est pas arrivé dans sa vie de responsable mais que parfois il est amené lui ou ses collègues à recadrer un enseignant face à certaines remarques assez limites.

Une échevine de l’enseignement présente dans le public et qui a travaillé pendant une dizaine d’années dans le secteur du planning familial avant d’être échevine estime que les échevins et les collèges ont un rôle important pour insuffler des valeurs à inscrire dans les projets d’établissement. Cette échevine est toute aussi intéressée à travailler sur les projets d’établissements qu’à intégrer la charte d’une école pour tou.te.s dans ces établissements. Elle ajoute que les quatre écoles communales sous sa responsabilité ont pu bénéficier de la formation EVRAS.

L’intervenant enseignant souligne l’importance du dialogue et des discussions avec les jeunes. Discuter avec les jeunes via des salons de discussions, de thèmes tels que l’homosexualité et la transidentité permet de faire tomber des tabous et d’encourager leur ouverture d’esprit.

Ces salons de discussions se passent en deux temps : dans un premier temps, on parle du vécu et on laisse exprimer des témoignages. Dans un deuxième temps, on donne des références, des liens à ces jeunes pour aller s’informer sur le sujet discuté. 

On peut aussi maintenant trouver de plus en plus de livres dans les bibliothèques par exemple, qui traitent du sujet de l’homosexualité et de la transidentité pour les enfants à partir de l’âge de trois ans.

Quelqu’un dans le public demande aux intervenants si c’est le rôle de l’école de parler justement d’homosexualité et de transidentité.

Une enseignante estime que c’est vraiment le rôle de l’école de traiter ces sujets parce que l’une des missions de l’école est de promouvoir le vivre ensemble.

Toutefois et même si l’école est dans son rôle, on trouve encore de nombreuses barrières face à ce sujet dans la plupart des écoles et qui peuvent provenir de sources différentes, du côté des enseignants, de la direction ou des parents.

Xavier Wyns (LDE) rappelle à tout le monde qu’il y a un cadre qui existe, un décret, notamment la circulaire EVRAS. Avec ce cadre, on peut encourager les directions d’écoles en leur disant qu’elles vont dans la bonne direction justement et qu’ils ont les bons outils via les associations et tout ce qui est proposé par la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Les écoles supérieures telles que Francisco Ferrer, de Fré, l’IFC et d’autres écoles supérieures prévoient des formations sur le genre, sur les préjugés, les stéréotypes et sur les orientations sexuelles et de genres.

En conclusion, une intervenante estime qu’on devrait plus parler de l’EVRAS dans les écoles.

Un autre assure qu’il continuera à se battre encore plus pour une éducation basée sur plus de respect, de responsabilité et d’ouverture chez ses élèves.

Le directeur de l’école Singelijn espère quant à lui que de plus en plus d’écoles, de directions se mettront à s’ouvrir à la différence.

Conclusion

Une école ne peut être inclusive si elle n’intègre pas la dimension LGBTQI+, avec tous ses aspects. Chaque école est concernée. Chaque classe également, à raison de 2 enfants, en moyenne. La création d’Ecoles pour Tou·te·s doit être encouragée et les intervenants présents sont volontaires pour soutenir la Ligue des Droits de l’Enfant dans ce projet.  

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