Le « drame » de l’avortement ?
Et si l’Eglise catholique commençait par balayer devant sa porte ?

Dans son homélie de ce premier dimanche d’avril 2105, l’Archevêque de Malines-Bruxelles s’est trompé de cible en dénonçant le « drame » de l’avortement. S’il pensait défendre les enfants, c’est raté !

Prétendre défendre les droits des enfants, sans défendre d’abord celui des femmes, est un attrape-nigaud, une confusion dont l’Eglise est coutumière. Défendre la vie, défendre les enfants, c’est d’abord défendre le droit des femmes et des filles et donc aussi leur droit de décider quand elles veulent avoir un enfant et avec qui. Défendre le droit des enfants, ce n’est pas condamner les femmes à devoir avorter dans la clandestinité avec tous les risques que cela comporte.

Si nous devons encore nous battre, aujourd’hui, pour viser à plus d’égalité entre femmes et hommes et donc, plus d’égalités entre petites filles et petits garçons, c’est principalement dû à la « politique » de l’Eglise catholique romaine qui, depuis près de 2000 ans a cantonné les femmes dans un rôle de reproductrice et de mères de familles, ne disposant pas de la pleine propriété de leur corps qui appartenait soit à leur mari, soit à Dieu – donc à l’Eglise (par ex., les religieuses). En Belgique, il a fallu attendre 1990 ans pour que les femmes puissent – enfin – décider légalement de ce qu’elles font de leurs ventres.

Les femmes et les filles sont encore trop souvent victimes de discriminations et d’agressions physiques et sexuelles, tant au sein de la société qu’au sein des familles. Le « devoir conjugal » – notion de droit canonique qui voyait dans la « copula carnalis » un fait et un effet du mariage, reste ancrée dans trop de mentalités. L’Eglise a d’énormes responsabilités dans la discrimination dont les femmes et les filles ont été et sont encore victimes aujourd‘hui.

Enfin, le « discours » de défense des enfants sonne faux. En effet, l’Eglise de Belgique méprise à la fois les droits des femmes mais aussi les droits des enfants qu’elle prétend défendre. Nous ne retiendrons, pour exemple, que la politique de ses « bonnes » écoles « Saint Elitiste » qui sélectionnent et orientent les enfants en fonction de leur origine sociale. Dans ce massacre des innocents, les écoles catholiques « huppées » sont à pointe de la discrimination et montrent le chemin, très loin de la parole de l’Evangile…

Nous invitons donc l’Archevêque de Malines-Bruxelles, tant qu’il est aux affaires de sa petite entreprise – ce qui ne lui laisse que peu de temps – de reconnaître enfin les grandes responsabilités de l’Eglise catholique face aux injustices dont sont victimes les femmes et les enfants aujourd’hui encore, et à faire son mea culpa. Ce serait un signe de réconciliation avec toute la société.

Bruxelles, le mardi 7 avril 2015

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