Ecole inclusive et fréquentation scolaire

Ecole inclusive et fréquentation scolaire

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Programme du colloque

08h00 : Accueil

9h00 : Présentation de la journée

Jean-Pierre Coenen, Président de la Ligue des Droits de l’Enfant

9h15 : Introduction – En quoi le cadre de l’obligation scolaire est-il trop contraignant pour certains élèves ?

Thérèse Lucas, Psychologue et formatrice, et Yves Robaye, Psychopédagogue

9h30 : Rappel du cadre légal

Abdel Kassid, Assistant social au Service Droit des Jeunes de Bruxelles

09h50 : Les rôle des facilitateurs « aide à la jeunesse-enseignement »

Pascal Rigot, Facilitateur Aide à la Jeunesse-enseignement

10h05 Témoignages

1. Une professionnelle de l’Ecole :

Pauline Van Lierop ou Maïté Singelyn, éducatrices à l’Institut Saint-Luc secondaire de Liège?

2. Un parent :

Virginie Schwanen, maman d’enfants à besoins spécifiques

10h45 : Les équipes mobiles de la FWB

Laurence Gobeaux et Hermine Bokhorst, membres de deux équipes mobiles

11h05 : Pause

11h35 Le certificat médical

Sensibilisation des médecins généralistes à la problématique de la fréquentation scolaire et du certificat médical :  projet mené par les plateformes de concertation de Liège Verviers Huy-Waremme et R.E.A.L.I .S.M. réseau santé mentale de Liège .

Viviane Jacquet, ancienne médiatrice scolaire, membre de la Plateforme de Liège

11h50 : Débat

Questions – réponses entre la salle et les intervenant.e.s du matin,

Animation Thérèse Lucas

12h30 : Dîner

13h30 : Donnons la parole à des Associations ou structures (écoles) qui tentent de refaire le lien avec l’école

L’objectif n’est pas de dire que les pédagogies sont mauvaises, mais simplement qu’elles ne sont pas adaptées aux spécificités de ces enfants-là. On ne peut pas tout traiter, mais il y a cette dimension pédagogico-sociale, il y a une dimension architecturale et il y a des projets d’écoles où on essaie de faire des choses mieux qu’avant. Nous présenterons des projets de centres d’accrochage et d’écoles maternelles, primaires et/ou secondaires, qui nous présenteront leurs projets et nous feront, en autres, part de leurs constats concernant les effets sur ces jeunes, de la législation sur l’obligation scolaire.

13h35 : SAS de Bruxelles, PARENTHESE

Maurice Cornil, directeur

Parmi les dispositifs de lutte contre le décrochage et la violence en milieu scolaire, la FWB a institué les S.A.S. (services d’accrochage scolaire). Ceux-ci accueillent et aident temporairement des élèves mineurs, exclus d’une établissement d’enseignement, ou qui sont en situation de d’absentéisme ou de décrochage, ou encore qui ne sont inscrit dans aucun établissement, ni instruits çà domicile.

13h55 : LA PETITE ECOLE

Julie Dock-Gadisseur et Marie Pierrard

La Petite École, un dispositif de RED laboratoire pédagogique, est une petite structure de préscolarisation pour enfants primo-arrivants de 5 ans à 15 ans. Les enfants qui y passent ont un parcours de vie particulièrement chaotique ainsi qu’une scolarité inexistante ou hors-normes. Ce dispositif leur offre un temps pour se poser, s’apaiser, se familiariser avec le système scolaire et ses nombreux codes avant de rejoindre la « grande école ». La Petite École ne cherche pas à se substituer à l’École mais bien à la rendre possible.

14h15 : L’ECOLE ESCALE (Type 5)

Charles Thibaut

Il existe en FWB des structures scolaires d’aide à la socialisation (SSAS) ou à la resocialisation. L’objectif de ces structures est d’accompagner le jeune dans une reconstruction de sa personne préalablement à toute approche des matières scolaires. L’approche thérapeutique y est donc essentielle et prime dans un premier temps sur les apprentissages scolaires. Ces semi dispositifs… de secours visent à réintégrer les élèves dans leurs écoles.

14h35 : l’ECOLE LEOPOLD MOTTET (T5) (sass),

Geneviève Schouteden

L’école Léopold Mottet, subventionnée par la Communauté française et organisée par la Ville de Liège, est implantée dans plusieurs centres hospitaliers et centres de jour. Elle prend en charge les enfants de 2,5 ans à 21 ans inscrits dans une école. Elle organise donc les niveaux maternel, primaire et secondaire. La prise en charge des élèves malades peut se faire à l’hôpital (hospitalisation ou hôpital de jour), à la maison (convalescence) et/ou au siège de l’école (SSAS – Structure Scolaire Aide à la Socialisation).

14h55 : ClassContact

Marie-France Deligne

Lorsqu’un enfant manque l’école pendant une longue période pour cause de maladie ou d’accident grave, toute sa vie sociale et sa scolarité s’en trouvent perturbés. Une pathologie lourde (cancer, handicap, maladie de longue durée, accident…) qui perturbe le quotidien d’un enfant ou d’un jeune est éprouvante pour lui et sa famille. Qui plus est lorsque cela dure ou que cela devient régulier. À cette réalité, s’ajoutent l’isolement et les absences scolaires, voire une véritable déscolarisation. ClassContact aide les enfants malades déscolarisés à continuer leur scolarité le plus normalement possible en favorisant le contact quotidien avec leur classe.

15h15 : Synthèse sur l’ensemble de la journée :

Yves Robaey

15h35 : Mot de la fin :

Jean-Pierre Coenen

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Ecole inclusive et fréquentation scolaire

Colloque : Ecole inclusive et fréquentation scolaire

Un colloque soutenu et organisé avec l’aide de la Cocof

Comment lutter contre le décrochage ?

Les écoles qui visent à être inclusives veulent accueillir tous les élèves. Malheureusement certains jeunes ont des besoins tels que leurs écoles sont mises en difficulté. Ils seraient plus de 23 000 (chiffres de février 2023), C’est 35,5 % de plus qu’en 2022 et 90,5% de plus qu’en 2019.

Selon la Ligue de l’Enseignement, « le décrochage scolaire touche tous les âges, même si l’enseignement secondaire reste le plus impacté avec une hausse de 33,5% depuis décembre 2021. En décembre 2022, on comptait 1.855 élèves absent·es en 3e maternelle, 6.217 (dont 661 dans l’enseignement spécialisé) en primaire et 12.616 (1.691 dans le spécialisé) en secondaire.« 

Les droits à l’instruction et à l’inclusion sont des droits fondamentaux

Si l’instruction scolaire est un droit fondamental, inscrit dans la Constitution, l’inclusion scolaire l’est tout autant (cfr article 22 ter[1] de la Constitution). Or, de nombreux élèves ne peuvent rentrer dans les cases de notre système scolaire car celui-ci est trop rigide. Ils se retrouvent en situation de handicap pour toutes une série de raisons : absentéisme, maladies de longue durée ou chroniques, phobies scolaires, difficultés socioéconomiques, détresse psychologique, troubles mentaux, handicap.s, méconnaissance de la langue et de la culture de l’école, enfants de personnes en recherche d’asile, MENAs, élèves LGBTQIA+, …

La législation relative à l’obligation scolaire a pour objectif de préserver le droit à l’instruction[2].

Cependant, elle trop cadrante :

  • A partir de 9 demi-jours d’absence injustifiée, la direction de l’école avertit la Direction générale de l’enseignement obligatoire et convoque les parents. Tout demi-jour supplémentaire est signalé à la fin de chaque mois à la DGEO qui prévient la médiation scolaire.
  • A partir du 2e degré du secondaire, tout élève, qui cumule plus de 20 demi-jours d’absence injustifiée au cours de la même année scolaire, devient élève libre, encourt le risque de ne pas pouvoir présenter ses examens et ne pas être délibéré en fin d’année. Il risque donc de rater son année.
  • Dans l’enseignement secondaire, les présences sont relevées à chaque heure de cours. Toute absence non justifiée à une période entière de cours est considérée comme une demi-journée d’absence injustifiée.

Le système implique de telles contrainte qu’il génère de l’exclusion.

Les écoles sont démunies pour ré-inclure ces élèves dans notre système scolaire. Le certificat médical permet de justifier les absences mais peut devenir un écran. Il entretient le décrochage et entrave la recherche d’une solution intermédiaire, comme la possibilité d’être en situation de handicap à temps partiel, tout en restant scolarisé !

Des dispositifs se sont créés : les SAS, l’école à l’hôpital, l’enseignement à domicile, l’enseignement à distance tel que classcontact.

Ces dispositifs présentent également – mais à leur corps défendant – des effets pervers. Ils sont peu connus, ne sont pas toujours utilisés à bon escient et devraient être cadrés de manière plus explicite par une réglementation rassurante sans être trop contraignante. La recherche d’un point d’équilibre est difficile et peine à être étudié par notre système d’enseignement.

D’autres dispositifs sont créés. Les secteurs de l’aide à la jeunesse et de l’enseignement ont mis en place des dispositifs de concertation indispensables (décret intersectoriel de 2013). Des campagnes de sensibilisation sur le ‘bon usage’ du certificat médical s’organisent pour les médecins généralistes, dans le cadre des réseaux de santé mentale, etc…

Objectifs du colloque

Proposer un changement de la législation sur l’obligation scolaire, afin que celle-ci permette enfin l’inclusion de TOUS les élèves, notamment de ceux qui, aujourd’hui, ne répondent pas au Décret sur l’obligation scolaire, pour les raisons citées ci-dessus.

Pour cela, nous cherchons à mettre en avant :

  1. une population d’élèves exclue par la Loi de l’école et pour lesquels les Décrets ne leur apportent rien (aménagements raisonnables, …) car ils ont déjà perdu le contact avec l’école et pour lesquels celle-ci n’a pas d’outils pour les aider.
    • La raison pour laquelle ils ont perdu le contact est le caractère trop rigide de la législation sur l’obligation scolaire. En quoi est-elle nécessaire et en quoi ce levier d’accrochages scolaire devient un levier d’exclusion par rapport à une certaine population et comment peut-on moduler cette législation de manière raisonnée (pour qu’elle ne devienne pas la porte ouverte au décrochage scolaire).
  2. les ressources existantes (réglementation et dispositifs… par exemple les SAS, l’enseignement à domicile et les SSAS dans le spécialisé – structures scolaires d’aide à la socialisation).
    • Ces ressources sont insuffisantes pour certains élèves car ils sortent du cadre classique pour tout un tas de raisons. Il faut donc créer un dispositif spécifique pour eux

Renseignements pratiques

Quand ?

Le lundi 20 novembre 2023

Où ?

Campus du Ceria – Av. Emile Gryson 1, 1070 Anderlecht, bâtiment 4C, locaux 606 et 607

Inscriptions AU PLUS TARD POUR LE 15 novembre 2023

Envoyer un mail à l’adresse suivante (remplacer le ‘at’ par @, sans espaces) :

formations ‘at’ liguedroitsenfant.be

Pour toute question complémentaire : téléphoner au 0477 545 907 (de 9h30 à 18h)

Participation aux frais :

30 €/personne

22 € pour les étudiant.e.s, pour les institutions de la Cocof et les parents d’enfants à besoins spécifiques

Pause, repas et documents compris

A verser sur le compte BE76 9795 8553 0195 de la Ligue des Droits de l’Enfant

avec la mention « colloque 20 novembre 2023 + Nom.s et prénom.s du/des participant.e.s »

La/les inscriptions seront confirmées par mail une fois la participation aux frais perçue.

Les institutions peuvent nous demander une facture et payer après le colloque

Attention : le nombre de places est limité.


[1] Article 22 ter de la Constitution belge : Chaque personne en situation de handicap a le droit à une pleine inclusion dans la société, y compris le droit à des aménagements raisonnables »

[2] Actuellement, l’obligation scolaire est régie par la loi du 29 juin 1983 (avec des modifications en vigueur publiées jusqu’au 27-05-2022 inclus). Cette loi est appuyée par le Décret du 3 mai 2019 portant les livres 1er et 2 du Code de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire, et mettant en place le tronc commun (articles 1.7.1-1. à 1.7.1-36.).

Le déconventionnement massif des logopèdes n’est pas un acte dirigé contre les patients, mais contre l’INAMI.

Le déconventionnement massif des logopèdes n’est pas un acte dirigé contre les patients, mais contre l’INAMI.

En mai 2022 une nouvelle Convention INAMI 2022-2023 a été approuvée. Cette convention fixe, entre autres, les tarifs officiels des prestations logopédiques. Les mutuelles remboursent sur base de ces tarifs. Une augmentation des honoraires de plus ou moins 5 Euros pour une séance de logopédie de minimum 30 minutes avait été négociée au sein de l’INAMI (L’Institut national d’assurance maladie-invalidité, qui est l’Assurance soins de santé et indemnités) avec l’ensemble des différents partenaires en commission de convention. Cependant, cette hausse des tarifs n’a pas été reprise dans la convention 2022-23 (Message de l’UPLF à ses membres du 5.8.2022[1]). De plus, la nouvelle convention prévoit une indexation non proportionnelle à l’inflation. En conséquence, les associations professionnelles des logopèdes n’ont pu se décider à la signer, et la signature a été soumise aux logopèdes individuellement. Seulement 40% d’eux ont accepté la nouvelle convention, alors qu’auparavant 99% des logopèdes étaient conventionnés.

Les logopèdes qui suivent la convention acceptent un tarif de 29,28 Euros la séance de 30 minutes. La quote-part du patient est de 5,50 Euros. Les 23,78 Euros restants sont remboursés par l’assurance soins de santé obligatoire (tableau tarifs UPLF 2023[2]). Les logopèdes qui ne sont pas conventionnés sont libres à fixer leurs propres tarifs et peuvent facturer un supplément à la charge du patient.

Par conséquence, le cout de la logopédie a augmenté pour de nombreuses familles. C’est problématique à une époque où le budget familial est souvent serré en raison de l’augmentation massive du coût de la vie. Les familles précarisées en sont particulièrement touchées (même si les patients à bas revenus bénéficiaires de l’intervention majorée ne sont pas concernés par l‘augmentation des coûts de la logopédie). De nombreux parents risquent de ne plus consulter de logopèdes avec leurs enfants par manque des moyens (Le Floch, 2023[3]). Cela pose encore plus de problème dans les endroits où certaines logopèdes indépendantes facturent des suppléments disproportionnés.

Tout en comprenant la situation souvent très difficile des familles concernées, il faut aussi voir ce qui est difficile du côté des logopèdes. Il est bien sûr dans l’intérêt de tous les enfants que les logopèdes se portent bien et qu’ils puissent exercer leur profession dans des conditions dignes. Sans leur engagement professionnel, les troubles du langage, de la parole, de la communication, de l’alimentation, du calcul, de l’écriture et de la lecture, de nombreux enfants ne seraient pas traités, avec les conséquences dramatiques que cela impliquerait pour leur participation à la vie dans notre société, pour leur parcours scolaire et pour les possibilités de formation et d’exercice d’une profession plus tard dans leurs vies.

Il y a de plus en plus de logopèdes indépendantes qui rencontrent des difficultés financières. « On constate que nombre de logopèdes arrêtent leur pratique professionnelle, ne parvenant plus à en vivre. Par conséquent, les patients ne trouvent plus forcément de prestataires de soins pour leur traitement » (A. Duval, représentante de l’UPLF, dans un article dans La Libre en mai 2022[4]).

Cependant, le problème va bien au-delà de la « simple » question du niveau des tarifs pour les séances de thérapie individuelles. Il y a de nombreux soins pratiqués par les logopèdes justifiés dans la littérature scientifique, qui jusqu’à présent ne sont pas remboursés par les mutuelles. La nomenclature (= liste de tous les actes remboursés en logopédie) a été établie à la fin des années 1990. Depuis, elle n’a plus été revue. Toute une série de pathologies ne se retrouvent pas dedans, et les frais de traitement ne sont donc pas pris en charge par les mutuelles. Il s’agit par exemple des troubles du langage chez des personnes ayant de l’autisme, des troubles du langage chez des personnes ayant un QI inférieur à 86, des troubles de communication chez des enfants avec des handicaps lourds, des troubles en lien avec une démence ou encore des troubles alimentaires pédiatriques (Duval, 2022[5]). Les logopèdes demandent depuis des années que la nomenclature soit enfin révisée et que les frais de traitement de ces troubles soient également pris en charge par les mutuelles. Elles veulent mettre de la pression au politique pour faire bouger aussi ceci en refusant de se conventionner.

Le non-remboursement des frais logopédiques pour le traitement des troubles qui ne sont pas listés dans la nomenclature pose souvent de gros problèmes aux familles concernées. Elles doivent assumer l’ensemble des coûts (et non seulement le quote-part du patient), ce qui représente rapidement plusieurs centaines d’euros par mois.  Cependant, les problèmes ne concernent pas seulement les familles, qui doivent payer le traitement de leur poche. Lorsqu’un-e logopède traite un patient hors convention, cela signifie aussi qu’elle/il subit des inconvénients majeurs : Si elle/il prend en charge un enfant hors convention, cela ne sera pas non plus pris en compte pour son statut social INAMI, elle ne profitera donc pas d’un avantage social en vue de la constitution contractuelle d’une rente, d’une pension ou d’un capital en cas d’invalidité, de retraite et/ou de décès. Il en résulte chez beaucoup de logopèdes un manque de motivation de prendre en charge ces patients et de se former pour pouvoir leur proposer un suivi logopédique optimal. Il est donc encore plus difficile de trouver une logopède indépendante qui travaille avec des enfants ayant par exemple de l’autisme, une déficience intellectuelle ou des troubles de l’alimentation, et qui dispose de la formation nécessaire.

Les logopèdes investissent beaucoup au niveau du temps et de l’argent dans la préparation individuelle des séances de thérapie, dans les déplacements lors des visites à domicile ainsi que dans la formation continue. Tout cela n’est pas couvert par les tarifs fixés par l’INAMI. De plus, les associations professionnelles demandent depuis longtemps des simplifications administratives afin de pouvoir exercer leur profession dans des conditions dignes.

En se déconventionnant, les logopèdes s’opposent donc d’une part à trop d’insécurité financière et d’administration, et à un dénigrement de leur profession. De plus, elles montrent dans quelle mesure des groupes entiers de patients sont discriminés n’ayant pas accès à la thérapie dont ils ont besoin, en demandant une nomenclature révisée (UPLF 2022). La résistance n’est donc de loin pas seulement dans l’intérêt des logopèdes eux-mêmes, mais aussi dans celui de tous les patients touchés par des troubles de langage, de communication, d’alimentation etc. Une grande partie de ces patients sont effectivement des enfants. Il faut apporter des corrections importantes à un système de santé qui n’a pas été revu depuis trop longtemps et qui ne répond pas aux besoins de tous les citoyens.  L’association professionnelle des orthophonistes francophone UPLF n’apprécie pas qu’en fin de compte, tant qu’il n’y a pas de nouvelle convention acceptable que les logopèdes sont prêts à signer, ce soient les patients qui doivent supporter le coût des tarifs plus élevés. Ils espèrent, par leur déconventionnement massif, exercer une pression suffisante sur le monde politique pour que de nouvelles négociations soient entamées et que les améliorations souhaitées puissent être obtenues dans l’intérêt de tous (article dans la Libre du 2.5.2022).


[1] Message de l’UPLF à ses membres (5.8.2022) : Près de 60 % des logopèdes ont refusé d’adhérer à la nouvelle convention 2022-2023. https://www.uplf.be/pres-de-60-des-logopedes-ont-refuse-dadherer-a-la-nouvelle-convention-2022-2023/

[2] UPLF (2023) : Tableau de simulation des tarifs https://www.conventionlogopede.be/

[3] Le Floch, M. (24.3.2023) : Déconventionnement des logopèdes : Quels impacts sur les familles peu aisées ? https://pro.guidesocial.be/articles/actualites/article/deconventionnement-des-logopedes-quels-impacts-sur-les-familles-peu-aisees

[4] Article dans La Libre (2.5.2022) : Les logopèdes manifesteront jeudi pour réclamer la revalorisation de leurs honoraires. https://www.lalibre.be/belgique/societe/2022/05/02/les-logopedes-manifesteront-jeudi-pour-reclamer-la-revalorisation-de-leurs-honoraires-L4JJKVBSLRBNNOF2EBSC2FJ5GY/

[5] Duval, A. (2022) : Déconventionnement massif des logopèdes : La révolution des fourmis en marche. https://pro.guidesocial.be/articles/carte-blanche/article/deconventionnement-massif-des-logopedes-la-revolution-des-fourmis-est-en-marche

Le décrochage scolaire : Etat des lieux en Fédération Wallonie-Bruxelles :

Le décrochage scolaire : Etat des lieux en Fédération Wallonie-Bruxelles :

En Belgique, un élève en décrochage scolaire est un élève en âge d’obligation scolaire et qui pourtant n’est, ni inscrit dans un établissement scolaire, ni inscrit pour des cours par correspondance.  Un jeune est aussi considéré en décrochage s’il présente plus de 20 demi-journées d’absences non-justifiées.

Qui sont ces jeunes à risque?

D’après Catherine Blaya, une pédagogue française, Il n’existe pas qu’un seul profil de décrocheur.

En effet, celle-ci a tenté de relevé quatre “profil” de jeunes à risque de décrochage scolaire1.

  • Le premier groupe concerne des élèves aux comportements appelés “contestataires” et qui donc tendance à montrer leur mécontentement de façon voyante.
  • Le deuxième groupe sont des élèves qui ne trouvent aucun intérêt à suivre une scolarité et adoptent donc une attitude passive.
  • Le troisième groupe sont des élèves dont les problèmes familiaux prennent le dessus sur le quotidien du jeune et provoque un impact négatif sur ses résultats scolaires.
  • Le quatrième et dernier groupe, sont des élèves en états dépressifs. Par conséquence, ceux-ci ont du mal à se concentrer.

Malgré la volonté de vouloir énumérer les différents portraits de jeunes en décrochage scolaire, il existe une multitude de profil différents. Cette variété fait qu’un “groupe homogène”2 n’existe pas. Divers facteurs comme la relation avec le corps enseignant, la pédagogie, l’ambiance scolaire, la relation avec la famille, influencent fortement le jeune.

Quelles en sont les causes?

Les facteurs qui influencent le jeune sont multiples. Si nous voulons trouver une définition complète à ce phénomène complexe, il est :

“multidimensionnel et multifactoriel résultant d’une combinaison de facteurs interagissant les uns avec les autreset ou chacun des acteurs de la vie du jeune a une part de responsabilité.

Il est notamment important de noter qu’un facteur a lui tout seul ne peux expliquer le décrochage scolaire du jeune et en être la seule cause.  C’est un phénomène à analyser de façon systémique, c’est à dire qu’il faut tenir compte du réseau entier de l’élève et non pas se focaliser sur une seule cause.

Citons quelques facteurs qui peuvent expliquer le décrochage scolaire

  • Les facteurs individuels

Ce phénomène peut être lié à des facteurs propres à l’élève comme une inadaptation au système scolaire traditionnel ou encore, à la question du genre (on remarque que les garçons sont le plus touchés), à un comportement inadapté, violent, à un état dépressif, une démotivation, à des difficultés d’apprentissage, à un haut potentiel, etc.

  • Les facteurs familiaux

La famille a un rôle important dans la réussite scolaire de l’enfant. En effet, si le jeune ne se sent pas épaulé ou soutenu dans son parcours, cela aura un impact sur sa motivation ou son intérêt à suivre une scolarité et donc, sur sa réussite.

Les relations conflictuelles peuvent également être un facteur considèrent du décrochage scolaire.

De plus, Il est important de souligner que tous les jeunes ne sont pas égaux face à l’institution scolaire. Les enfants issus de famille ayant une situation socioéconomique familiale difficile, sont plus susceptible de décrocher que les autres.

  • Les facteurs scolaires

Ce facteur est prédominant parmi les causes énumérées ci-dessus. Le fonctionnement général du système scolaire est souvent problématique pour ces jeunes qui ont du mal à trouver leur place. Le climat qui règne dans l’établissement scolaire, l’implication et le soutien des professeurs dans les apprentissages, l’étiquetage, la clarté (ou non) du règlement d’ordre intérieur de l’école, l’orientation, etc. sont “un tout” qui fait que l’élève peut se retrouver en décrochage.

Catherine Blaya et al., met l’accent sur deux points importants qui sont pour eux, centraux:

  1. L’étiquetage :

Soit on rentre dans la colonne « bon élève », soit on rentre dans la colonne « mauvais élève ». De façon implicite, quand un jeune est face à une difficulté, celui-ci va intérioriser son sentiment d’échec. L’institution aura tendance à « naturaliser » la situation et pire, à le maintenir dans cette croyance. Conséquence, l’élève pensera de lui qu’il n’est pas fait pour apprendre car le système scolaire le rejette.

Les jeunes devront faire face au redoublement mais aussi à la relégation et à la ségrégation. Ce sentiment d’échec à répétition et cette impression de ne pas « être à sa place », aura tendance à les regrouper dans « une sous-culture d’opposition au système et à l’image qu’il leur renvoie, dans un processus réactionnel à la stigmatisation ou à l’exclusion qu’ils subissent ».

  • Le climat scolaire :

Le climat d’une classe, la motivation ainsi que la pédagogie apportée par le professeur sont des facteurs primordiaux dans la réussite scolaire de l’élève.

Si les relations entre les différents acteurs (professeur-élèves, élèves-élèves) intra-muros sont mauvaises, il est clair que le jeune aura tendance à décrocher. Sans oublier la problématique du harcèlement scolaire qui n’est pas à exclure et qui doit être pris en charge en amont afin d’éviter le repli de soi, le décrochage, voir même le suicide.

La question de l’orientation choisie ou subie est aussi une véritable problématique. C’est dans les filières professionnelles que l’on retrouve un taux de décrochage élevé. D’après l’étude PISA de 2009, les élèves issus d’une famille pauvre seraient plus sujets au décrochage.

La culture de l’école est aussi à prendre en compte. Bien souvent, des élèves ne comprennent pas ce qu’on leur demande et se sentent donc exclus du système scolaire.

  • L’absentéisme et l’ennui

L’absentéisme est à la fois une cause et une conséquence de ce phénomène sociétal. Ainsi, l’élève qui adopte une « stratégie d’évitement » et obtient des absences à répétitions sera à terme, déscolarisé.

Le jeune se sent donc “inadapté” dans son milieu scolaire. Un sentiment qu’il traînera derrière lui une fois qu’il entrera dans le marché du travail.

En ce qui concerne l’ennui, celui-ci n’augmente pas le phénomène de décrochage scolaire mais il doit être considéré comme “symptomatique” d’un dysfonctionnement institutionnel et social.

  • L’intériorisation

Cette problématique est décelable chez des jeunes en difficulté scolaire. Bien souvent, ils ont intériorisés l’échec comme une « normalité par conflit de loyauté » envers les parents (papa, maman qui ont arrêté prématurément leur scolarité) ou parce qu’ils sont harcelés et cela va parfois même jusqu’à la phobie scolaire. Ou encore, parce que l’enseignement traditionnel n’est pas adapté à leurs besoins. Tout ceci conduit à une sorte de fatalité dont ils pensent ne pas y échapper. Ce qui les plongent plus facilement dans le décrochage scolaire.

Quelles sont les pistes de solutions ?

L’accrochage : “Mieux vaut prévenir que guérir”.

Et pour cause, le décrochage scolaire n’est pas un phénomène qui opère du jour au lendemain mais bien une situation que l’on peut prendre en main, voire éradiquer en amont si les moyens mis en place sont présent.

Et c’est l’école qui y joue un rôle essentiel!

  • Nous devons penser à “un changement de culture de l’école”, revoir le fonctionnement scolaire et renverser la tendance.
  • La formation des enseignants face à ce fléau est aussi un point important dont il faut remédier absolument. Trop peu de futurs enseignants sont en manque d’informations sur la gestion de situations de décrochage scolaire et se sentent donc impuissant.
  • Un “climat scolaire positif” semble avoir toute son importance pour répondre aux besoins de l’élève. Adopter un comportement bienveillant, empathique et à l’écoute peut apporter à l’élève un soutien tout au long de son parcours et ainsi, le faire progresser.
  • Un travail de réseau entre les écoles, les intervenants sociaux et les familles est nécessaire pour que les mesures d’interventions soient efficaces. Adopter une intervention plus individualisé, s’assurer que le jeune ait trouvé sa place au sein de sa classe (et donc, dans la société) et refuser les étiquettes qu’on pourrait lui coller, peut anticiper la situation de décrochage.

Dans le cas de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’accrochage scolaire est pris en charge par différents organismes comme :

  • Les Centres Psycho Médicao Sociaux (CPMS);
  • Le service de la médiation scolaire bruxellois et wallon;
  • Les éducateurs de quartiers ainsi que les Maisons de Jeunes (MJ);
  • Des contrats de préventions sont financer par les 19 communes de façon individuelle pour la mise en place d’écoles de devoirs, par exemple.

Le raccrochage : Une utopie?

C’est plus difficile, mais pas impossible! Il existe différentes mesures dites de « réparation ou de compensation » dans l’enseignement comme par exemple, la formation qualifiante (filières techniques, professionnelle et en alternance qui semblent bien fonctionner pour certains jeunes mais qui souffre de visibilité). Elle se fait donc soit par la formation qualifiante, soit par les études.

  • Via la formation qualifiante :

Par ce biais, le jeune peut se former à un métier bien spécifique ou entrer directement dans le monde du travail. Cependant, sans diplôme, il risque d’avoir des difficultés à trouver un travail sans pénibilité et précarité.

Il existe des « médiateurs emploi » qui ont pour mission de rencontrer les jeunes en conflit avec l’école et les informer sur le système du marché du travail et les familiariser avec celui-ci.

Ensuite, les Missions Locales, Bruxelles-Formation et le Forem proposent des formations professionnelles. Et pour finir, le système de la formation par alternance qui réoriente le jeune dans l’enseignement technique ou professionnel.

Le service citoyen peut aussi être efficace pour ces jeunes en rupture scolaire car il vise le “développement personnel” et responsabilise le jeune en tant que citoyen actif et critique dans la société par une réinsertion aux études ou formation professionnelle.

  • Via la réinsertion aux études :

Il existe les services d’accrochage scolaires (S.A.S) et sont au nombre de 12 en Wallonie et à Bruxelles. Ceux-ci accueillent les jeunes qui sont en décrochage scolaire de façon provisoire, avec comme objectif de les réinsérer dans le milieu scolaire le plus rapidement possible. Le but est que le jeune se rende compte de ses compétences et qu’il puisse reprendre confiance en lui.

Des dispositifs d’accrochages scolaires (DAS) sont également mis en place pour apporter un réel travail de prévention. Le but est de créer une “dynamique autour de l’école” en rassemblant les divers acteurs sociaux et scolaire autour de la table pour agir ensemble sur la question de façon la plus efficace possible.

Les « alliances éducatives » sont sans nulles doutes la bonne marche à suivre pour aider les élèves en décrochage scolaire. Penser à réorganiser le système est loin d’être impossible mais prendra du temps. POUR LA SOLIDARITE-PLS[1] propose de renforcer l’alternance, une voie développée au Québec et en Allemagne. Le jeune est confronté au monde du travail, parallèlement à deux jours de cours généraux en centre de formation.


[1] https://www.pourlasolidarite.eu/fr

De l’importance de lutter contre les stéréotypes de genres

De l’importance de lutter contre les stéréotypes de genres

Editorial rédigé pour la revue Bajeinfo

La Belgique est le second pays d’Europe à défendre le mieux les droits des personnes LGBT et l’un des 14 pays dans le monde qui assurent une protection juridique complète aux femmes . Nous pourrions être tentés de nous dire que tout va bien et que l’égalité entre êtres humains est une réalité chez nous.

Malheureusement, les lois les mieux faites ne peuvent empêcher la violence imbécile, qu’elle soit verbale, physique ou psychologique.

Si Unia ne constate pas d’augmentation du nombre de signalements liés à l’orientation sexuelle, ceux-ci sont devenus largement plus violents. Sur 54 dossiers d’actes de haine contre les personnes LGBT clôturés en 2022, près de la moitié (44%) concernaient de la violence physique . Selon Patrick Charlier, co-directeur d’Unia , « Il y a une sorte de réaction plus viscérale qu’intellectuelle lorsque les personnes sont confrontées à l’homosexualité : lorsque des hommes se donnent la main, des femmes s’embrassent… Les agresseurs se sentent insécurisés parce que cela perturbe les représentations genrées que l’on a acquis globalement dans la société et ils réagissent par la violence parce qu’ils ne le supportent pas. ».

La violence faite aux femmes est trop peu prise en compte. Rien qu’en 2022, 24 féminicides ont été recensés chez nous. C’est un chiffre a minima. A côté de ces meurtres, combien de scènes de violences les femmes doivent-elles subir ? Chaque année, plus de 45 000 dossiers de violences faites aux femmes sont enregistrés par les parquets. En 2010, l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes estimait qu’une femme sur sept avait été confrontée à au moins un acte de violence commis par son (ex-) partenaire au cours des 12 mois précédents . Une femme sur cinq a déjà subi un viol. Chez les jeunes, cela monte même à une personne sur quatre. En outre, 23% des femmes ont subi des relations sexuelles forcées par leur partenaire et 48% des victimes d’agression sexuelle l’ont été pour la première fois avant leurs 19 ans .

Un homme sur deux estime qu’une victime peut être en partie responsable de son agression. Près de 20% des jeunes pensent qu’ils ne peuvent pas être accusé de viol au sein du couple. Un jeune sur trois estime que si une personne ne dit pas explicitement «non», cela ne peut pas être un viol . Nous devons constater que notre société a loupé l’essentiel : l’éducation au respect de toutes les différences de genres.

Ces violences concernent aussi les hommes. L’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes estimait en 2017 que si 33,7% des femmes ont subi des violences conjugales, il en allait de même pour 14,9% des hommes .

L’éducation à la lutte contre les stéréotypes de genres doit se faire au quotidien. Ce ne sont pas quatre périodes d’Evras sur la scolarité qui vont changer les choses. L’éducation au respect de toutes les différences est un sujet transversal. Elle doit être inclue dans tous les cours.

L’Institut de Physique anglais (IoP) a publié en 2015 un rapport sur le sexisme et les stéréotypes sexuels à l’école. Le constat était que « l’utilisation d’un langage sexiste et misogyne est monnaie courante dans les écoles ». Si l’ensemble du personnel des écoles secondaires ont déclaré entendre ce genre de langage quasiment tous les jours, ce problème était souvent rejeté comme un « badinage inoffensif » et peu pris en compte. L’Ecole doit donc remettre en cause ses pratiques.

Les écoles sont mixtes et doivent apprendre aux filles et aux garçons à vivre ensemble, dès le début de l’enseignement maternel et tout au long de la scolarité. Les écoles accueillent également des jeunes qui se vivent différent.e.s parce que le genre qui leur a été assigné à la naissance ne correspond pas à ce qu’ielles sont profondément, ou parce qu’ielles aiment différemment que ce que les représentations genrées ont « codifié ». Les écoles doivent donc devenir pleinement « Pour Tou.te.s » , afin de montrer l’exemple.

Ce combat doit également être porté par l’ensemble de l’associatif, de l’extrascolaire, des académies, des maisons de quartiers, des lieux d’accueil, etc. Nous avons toutes et tous la mission d’éduquer. Les articles 28 et 29 de CIDE , imposent, non seulement le droit à aller à l’école, mais surtout le Droit à l’éducation. Tous les lieux où passent des enfants ont l’obligation d’éduquer au vivre ensemble .

Si nous voulons voir disparaître à terme les violences sexistes, homophobes ou transphobes, c’est toute la société qui doit éduquer les enfants, dès leur plus jeune âge.

Jean-Pierre Coenen
Président de la Ligue des Droits de l’Enfant

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