Encore aujourd’hui, il est des esprits chagrins pour mélanger Droits et devoirs des enfants. Il est évident, que l’agenda caché de ceux-ci est de minimiser ces Droits pour que les enfants en soient privés et restent des citoyens de second zone, loin derrière ces adultes bien pensants.

Les droits de l’enfant c’est très bien mais où sont ses devoirs ?

La Convention des Droits de l’Enfant date de 1989 et, pourtant, elle est encore loin d’être entrée dans nos mentalités. Donner des droits aux enfants, quelle ineptie !

Cette réflexion nous la rencontrons constamment à la Ligue des Droits de l’Enfant, dans notre action quotidienne. Déjà, en 1991, alors que la Belgique venait à peine de ratifier la Convention et que nous allions dans les écoles au devant des enseignants pour les inviter à faire connaître la CIDE auprès des premiers concernés, nous nous entendions souvent répondre « Les droits de l’enfant c’est très bien, mais qu’on leur apprenne d’abord leurs devoirs ». Aujourd’hui encore, dans certains milieux mal informés, on continue à penser de la sorte. En 2007, un Groupe de prétendus experts chargé du pilotage de la Coordination de l’aide aux victimes de maltraitance se positionnait (LE SOIR du lundi 19 novembre 2007) pour l’ajout d’un 55e article à la CIDE qui préciserait que l’enfant a droit d’avoir des devoirs. Et bien, posons donc la question avec eux : « Pourquoi seulement des droits et pas des devoirs ? »

L’enfant a mis très longtemps à avoir des droits. Alors que les monstruosités de la Guerre 40-45 engendraient, par réaction, une Déclaration universelle des droits de l’Homme, il fallut attendre 41 ans de plus pour que des droits spécifiques soient enfin attribués à l’enfant. Celui-ci, en effet, a besoin de droits complémentaires que l’adulte n’a pas : le droit à l’éducation, à l’adoption, à vivre avec ses parents, à ne pas être enrôlé dans une armée et nous en passons.

Bien sûr le texte actuel est loin d’être parfait. Il s’agit d’un consensus qui a été durement négocié entre Etats. C’est dans le cadre de la Commission des droits de l’homme de l’ONU qu’elle a été rédigée. Depuis lors, les droits de l’enfant sont intégrés dans le domaine des droits de l’homme.

Puisque les droits de l’enfant sont une composante des droits de l’homme, ils ne peuvent pas exprimer de devoirs ou d’obligations. Exprimer des devoirs n’a aucun sens dans un texte qui consiste essentiellement en une série d’obligations imposées à chaque Etat, vis-à-vis de chaque enfant, soit directement, soit par le biais des parents.
Si les devoirs ne sont pas énumérés dans la Convention, la raison en est toute simple : les devoirs sont la conséquence de l’exercice des droits. Dès que vous voulez exercer un droit, vous vous devez de le respecter – et de le faire respecter. Votre droit à la parole ne sera réellement un droit que si vous respectez le droit à la parole des autres. Pour paraphraser Voltaire : « Je peux n’être pas d’accord avec vous mais je dois me battre jusqu’à la mort pour que vous puissiez vous exprimer ».

En outre, un droit n’est gagé par aucun devoir : vous n’avez pas à nous remercier si nous respectons votre liberté d’expression. Pourquoi attendre alors d’un enfant ce que l’on n’attend pas d’un adulte ? Personne ne crie au scandale quand on parle des Droits de l’homme, sans évoquer ses devoirs – pourtant bien plus nombreux. Pourquoi alors continuer à demander qu’un enfant remplisse d’abord des devoirs ! Pour avoir droit à un nom et une nationalité, pour ne pas être abusé, pour pouvoir être adopté ? C’est RI-DI-CULE et contraire aux Droits de l’Enfant !!! Ceux qui prétendent cela ne connaissent aux Droits fondamentaux en général et aux Droits de l’enfant, en particulier !

Fort heureusement, il n’est jamais question de remettre ces droits fondamentaux en cause, ni de les associer à des devoirs préalables. Ce que certains adultes reprochent à la CIDE c’est que les enfants ont des droits, alors qu’ils ont l’impression que les leurs sont bafoués. La fessée est interdite, les enfants ont acquis le droit d’expression, d’association, d’être entendus ET que leur avis est à prendre en cause. C’est, pour beaucoup, un sacrilège ! D’où le sentiment d’avoir prétendument affaire à des enfants rois. Les droits de l’enfant remettent en cause un système de relation adulte-enfant établi par des siècles de relation de stricte autorité. Combien de générations seront-elles nécessaires pour changer radicalement les mentalités.

Le droit à avoir des droits est pourtant contenu dans la Convention, principalement dans son article 29 qui traite de l’éducation et qui précise qu’il faut inculquer à l’enfant le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales (…), le respect de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, (…) et des civilisations différentes de la sienne, le préparer à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples et groupes ethniques, nationaux et religieux, et avec les personnes d’origine autochtone ; enfin, il faut inculquer à l’enfant le respect du milieu naturel.

En imposant le droit à l’éducation, la CIDE fixe par là même les devoirs de l’Enfant. L’enfant a donc le droit d’avoir des devoirs, c’est bien inscrit dans le texte. Aussi il est utile de rappeler que ce texte est contraignant tant pour l’Etat qui remplit sa mission via l’Ecole, que pour les parents. A chacun d’assumer son rôle, dans le respect des droits des enfants, pour former des citoyens respectueux des droits et des libertés. Autrement, ce serait un déni de droits !

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